Comme Jamie l'avait prévu, mes collègues furent réellement heureux de me revoir. Ils m'ont fait un accueille des plus chaleureux. Comme si … comme s'ils savaient que je revenais aujourd'hui. Sans doute est-ce Jamie qui a vendu la mèche. Mais je ne peux pas lui en vouloir, tant l'émotion fût grande lorsque je suis entré dans la salle et que j'ai vu tout le monde debout là, à crier 'bienvenue'. Dans un premier temps, je n'ai pas su où me placer et je crois bien que je suis devenu extrêmement rouge. Mais je me suis assez rapidement reprit et j'ai saluer tout le monde. J'ai pris tout le monde dans mes bras, un par un, je les ais remercier individuellement. Nous avons longtemps discuter et, encore une fois les pouvoirs de Jamie ne lui ont pas fait défaut : mes collègues ont insisté pour m'inviter au restaurant ce soir.

Et en arrivant sur place, j'ai remarqué qu'ils avaient déjà tout prévu. Ils ont réservé une grande table, où tout le monde à put prendre place. J'avoue avoir été un instant déçu que Jamie n'ait pas put se joindre à nous mais bon, nous lui avons promis de nous amuser malgré tout. Et effectivement, nous nous sommes très bien amusé. C'est fou comment j'ai l'impression de ne jamais être parti. Aucun de mes collègues m'a demandé des explications, chacun a accepté mon silence car ils ont bien compris que les raisons de mon absence n'étaient pas des plus joyeuses. Nous avons bien mangé et je n'ai pas eu à payer un seul centime. Pas même pour les boissons.

Vers 22h, il a été décidé d'un commun accord, que nous n'allons pas finir la soirée seul chez nous. Alors, avec quelques irréductibles, je suis aller au Canvas. Nous sommes genre 5 à nous être posé un peu à l'écart, essayant d'éviter le trop plein de bruit. Moi, je suis assit sur le banc à côté de Terrence Sheppard, le journaliste d'ABC qui présente le JT le soir. Je n'ai encore jamais l'occasion de lui parler sauf durant les pauses. C'est pour ça que je ne peux pas vraiment me faire une idée sur sa personne. D'autant que je ne lui ai pas adressé la parole de la soirée. Autant en profiter, non ?

Tandis que les autres discute entre eux, je me tourne vers le jeune homme et lui souris  «Terrence, c'est ça, hein ? » lui demandais-je, juste pour engager la conversation  « C'est bien toi qui présente le JT le soir, non ? Désolé, avec toute les têtes qu'ont à pas l'habitude de voir ...» je rigole doucement et prends une gorgé de ma bière.

Terrence était le genre de personnes qui étaient à l'aise dans ses pompes et surtout dans son boulot. Il adorait son boulot, il passait les trois quarts de ses journées dans les studios et il les connaissait comme sa poche. C'était sa seconde maison en réalité et à dire vrai, la première. Donc oui, on pouvait dire que Terry était accro à son travail mais ... il se réveillait encore en se disant qu'il était particulièrement chanceux. Dans son cercle d'amis, il connaissait peu de gens qui était capable de dire qu'il faisait le job de leurs rêves. Terrence, si. Et fort heureusement, il ne prenait pas la grosse tête. Ça aurait été facile, voir son nom en grosse lettre partout, sa tête à la télévision et parfois dans les journaux, il aurait pu prendre la grosse tête très facilement mais bon... comme il l'avait dit à Hassan il y a quelques jours, il avait atteint son objectif principal et il pouvait en quelques sortes respirer un grand coup et prendre du recul sur sa vie. Terry n'avait plus vingt ans et il était temps de découvrir ce qu'il voulait de nouveau dans sa vie, malheureusement... le blond n'avait pas encore la réponse à cette question. Ce qu'il savait en revanche, c'était qu'il se sentait très bien chez ABC. Et quand on lui avait proposé de participer à la fête de retour d'un des membres de l'équipe, il avait tout de suite dit oui. C'était ce qu'il appréciait avant tout dans les locaux de la chaine, cette atmosphère de travail plutot décontractée. Ils étaient tous des professionnels... des professionnels qui savaient très bien faire la fête et ils le prouvaient ce soir. Terrence en était à son troisième verre de la soirée lorsqu'il se fit aborder par l'invité d'honneur Nathan.  "Je t'en prie, appelle moi Terry comme tout le monde, il n'y a que mes parents qui m'appellent Terrence et oui c'est bien moi, tu es Nathan pas vrai ? J'espère que la soirée t'a plu, j'ai été prévenu à la dernière minute donc ... " Terry haussa les épaules avant de vider son verre. S'il avait bien tout compris, Nathan avait eu des problèmes de santé, ce qui expliquait son départ soudain, il n'avait pas posé de questions trop précises, n'ayant pas envie d'empiéter sur la vie privée du jeune homme. "J'espère que tout va bien et puis hein, tu sais déjà qu'on est là en cas de problèmes." Terry fit un geste de la main pour mentionner les quelques personnes encore présente. "Et puis on peut toujours parler autour d'un verre ou deux, ou moins... Il ne faut pas oublier qu'on doit retourner bosser demain." Et, se retint d'ajouter Terry, ce n'était jamais beau de passer à l'antenne devant des millions de personnes avec une gueule de bois.

Il s'agit, effectivement de Terrence Shepperd. Celui qui s'est assit à côté de moi est le journaliste qui présente le JT le soir. J'ai déjà eu l'occasion de le voir souvent à l’œuvre et je suis régulièrement dans la production, ne serait-ce que pour voir comment se déroule toute l'action derrière la caméra. Et je dois avouer que les performance de Terry m'étonneront toujours. Je n'ai, malheureusement, encore jamais eu l'occasion de lui parler … ou n'ais-je jamais oser aller vers lui ? Peut-être pensais-je qu'il soit intouchable. Enfin, il faut croire que non, car quand je lui pose quelques questions c'est avec un sourire des plus adorables qu'il me répond.

Il précise tout d'abord que je devrais plutôt l’appeler Terry car seul ses parents l'appellent Terrence. Je lui offre un petit sourire gêné en signe d'excuse avant d'hocher la tête lorsqu'il souhaite la confirmation de mon identité. Je souris un peu plus sereinement en l'écoutant me dire qu'il a été prévenu à la dernière minute de cette soirée.  « Non mais tu ne dois sûrement pas être le seul, tu sais » souriais-je  « De tous ces gens ici présent je parie que seul lui a été prévenu avant aujourd'hui » je désigne l'homme assit au bout de la table avant d'hausser les épaules et reprendre une gorgé de ma bière.

Il reprends ensuite, disant espérer que je vais bien et que de toute manière ils -mes collègues- sont tous là pour moi en cas de problème. Je lui souris gentiment et hoche la tête  «Ouais, j'avais remarqué ça  » avouais-je haussant les épaules  « ça fait extrêmement plaisir, tu ne peux pas savoir comment » je regarde la petite assemblé avant de reporter mon attention sur Terry lorsqu'il me dit que, même si on peut bien parler autour d'un verre ou deux, il ne faut pas oublier qu'on doit travailler demain.  «Parle pour toi, moi je ne travail pas demain » m'exclamais-je avant de rigoler doucement  « Enfin, ce n'est pas pour autant que ma journée sera de tout repos étant donné que demain je passe vraiment toute la journée en rééducation » je me passe une main sur le visage, me sentant déjà maintenant fatigué rien qu'en y pensant  «ça va être presque aussi fatiguant qu'une journée de travail, sinon plus  » je regarde Terry puis sourit  « Enfin, fatiguant dans un autre sens du terme»

Nathan ne le savait pas, mais en réalité, Terry n’était pas un grand fan des surprises, il faisait très bien semblant mais en réalité, il détestait. Sa soeur jumelle disait que c’était principalement parce qu’il était un control freak et Terry roulait des yeux à chaque fois qu’il entendait ces mots-là. Oui bon, peut-être qu’il aimait être en contrôle, était-ce une si mauvaise chose que cela ? C’était peut-être pour ça qu’il faisait un bon journaliste, ça exigeait d’avoir une certaine maitrise de tout et de … tout contrôler quelque part. Pourtant, Terry avait appris à relâcher un peu de leste depuis qu’il avait le poste qu’il tant convoité. D’où sa présence à la soirée de ce soir, c’était la preuve que oui, même lui pouvait se reposer de temps en temps et laisser les autres gérer. Peut-être qu’il avait appris ça à force de côtoyer les producteurs de la chaines qui au final, avaient le dernier mot sur absolument tous les aspects de son travail. Forcément, Terry s’était beaucoup remis en question depuis. Il eut un rire léger alors que Nathan lui disait qu’il n’allait pas bosser demain, il pourrait avoir une pensée pour ses collègues qui devaient tous assurer et être parfait avec une gueule de bois. Chose que Terry faisait très bien du temps de l’université mais étrangement, avec l’âge, cela passait de moins en moins, étrangement. « Promis je penserai à toi quand je serais en train de me faire maquiller… si si… » plaisanta Terry. Une partie de son métier dont il ne raffolait pas forcément et non, il ne faisait pas parti de ces machos qui pensaient que le maquillage devaient être exclusivement réservé aux femmes. Oh que non, c’était juste que toute sa vie, Terrence s’était vu dire qu’il était beau et même pas mal, donc oui, naïvement, à force, il avait fini par le croire. Le blond avait dû descendre de son nuage quand il avait vu arriver sa collègue de travail avec ses pinceaux très sophistiqués et ses brosses à cheveux. Terry savait que le dernier « problème » des producteurs étaient la barbe de trois jours qu’il affichait parfois à la télévision mais c’était une close non négociable pour Terry. Il aimait sa barbe de trois jours, alors il la gardait le plus souvent possible. Cependant tout cela paraissait complètement futile à coté de ce que Nathan allait faire demain. Terry ne put s’empêcher de le gratifier d’une légère tape sur l’épaule. « Prends le temps qu’il faut pour te reposer. » Il était sincère, il ne savait pas vraiment ce qui était arrivé mais… le principal était de prendre les choses comme elle venait et surtout de se ménager, surtout. « Si ce n’est pas trop indiscret… est-ce que je peux te demander ce qui t’es arrivé ou … Peut-être que tu n’as pas vraiment envie d’en parler, je comprends dans tous les cas, ce n’est pas forcément une chose facile. » Terry s’était maudit aussitôt qu’il avait prononcé ces mots et qu’il avait posé la question, peut-être que c’était du domaine du privé et que Nathan ne voulait absolument pas en parlé. « Ou alors je peux te raconter la plupart des news de demain, ouais l’avantage d’être présentateur c’est qu’on peut souvent prédire le futur. » ajouta aussitôt le journaliste, tentant de faire de l’humour car après tout cette soirée en l’honneur de Nathan se devait d’être joyeuse.

Je ne suis pas fan des surprises, car bien souvent ces surprises n'aboutissent à rien. Certes, quand je marchait encore je n'avais rien contre les truc prévu à la dernière minutes, mais ça a changé depuis que je suis en fauteuil roulant. Souvent les organisateurs de ce genre de surprise n'y pensent plus et on se retrouvent bien démunie lorsqu'on ne peut pas accéder à un endroit à cause de moi. Mes collègues, par contre, ont, semble-t-il, tout parfaitement bien prévu. Tout m'est accessible et ça fait du bien de pouvoir se déplacer sans problème. Actuellement,je parle avec Terrence, le présentateur du JT d'ABC. Celui-ci me dit que demain il travail du coup la soirée ne devrait pas trop s'attarder. Je lui dit que moi je ne travail pas mais qu'au contraire je passe ma journée en rééducation ce qui n'est pas non plus de tout repos.

Terry me répond qu'il pensera à moi pendant qu'il se fera maquiller ce que tu me fais bien rigoler.  «Je suis sûr que tu seras sexy avec du phare à paupière bleu et du rouge à lèvre rose» me moquais-je gentiment. Je sais bien qu'on ne leur met que du fond de teint et rien d'autre. Du moins aux hommes en tout cas. Mais peu importe. Après une légère tape sur mon épaule pour m'encourager, il me pose une question dont je commence à avoir l'habitude : ce qui m'est arrivé. Mais,au lieu de resté sur cette demande, il précise directement que je peux très bien ne rien dire. Il semble réellement désolé d'avoir laisser libre court à sa curiosité. Tout en prenant une gorgé de ma bière je fais un signe de la main pour lui signifier que ce n'est rien.

 «Je veux bien connaître les news mais je peux aussi très bien t'expliquer ce qui m'est arrivé  » haussais-je les épaules. Ça ne me dérange vraiment pas, je dois dire.  « Il y a deux ans un incendie s'est déclaré dans la maison familiale à Cambridge. Mon père est mort étouffé par la fumée, et mon chien est mort, consumé par les flammes, en me sauvant » je tente de gardé une mine neutre alors qu'en moi je suis tout sauf calme. Ce genre de souvenirs ne sont vraiment pas marrant, bien au courant.  « Pour ma part, j'ai été sauvé par les flammes juste parce que le sol s'est ouvert sous mes pieds, j'ai fait une chute de 5m et je me suis littéralement éclaté le dos sur le sol en bas » j'hausse les épaules  « fracture du poignet gauche, de la cheville gauche, des troisièmes à cinquièmes côtes, bassin en vrac et … ouais. Fracture de la 3e et 4e lombaires avec dislocation de la 2e qui a, en partie, sectionnée ma moelle épinière » je soupire légèrement  «Pendant ans je n'ai plus marché. La première année était la plus horrible, autant au niveau des douleurs qu'au niveau mental. J'ai passé 2 mois dans le coma puis 1 moi et 3 semaines alité à cause de la fracture au niveau du bassin. Je n'avais plus aucune sensation à partir de la taille et pourtant les douleurs étaient bien réelles et juste horribles  » je frissonne légèrement rien qu'à l'évocation de cette pire année de ma vie  « Avec ça on ajoute la dépression de ne plus pouvoir marcher et … BREF» je dis ce bref sur un ton plus fort  «Maintenant je remarche et c'est ce qui importe. voilà » je souris légèrement.

Nathan semblait détendu et Terry avait beaucoup de mal à concevoir qu'il lui était effectivement arrivé quelque chose. Mais malheureusement, depuis qu'il exerçait ce métier, il avait appris que c'était les personnes qui avaient le plus souffert qui savaient le mieux cacher leur peine. C'était un fait établi depuis très longtemps, trop longtemps selon le brun et il reposa son verre face au récit de Nathan, étonné et ... sous le choc dans un sens. Il ne s'attendait pas à ce que le brun se confie comme ça mais il semblait aller mieux maintenant et c'était le principal pas vrai ? Terry lui ne pouvait pas s'imaginer traverser les mêmes épreuves, rien que de perdre son père... Son père était celui qui l'avait poussé à toujours courir après ses rêves et il savait qu'il était devenu journaliste parce que son père lui avait appris à persévérer et pas autre chose. Le perdre aurait complètement anéanti Terry et ne plus pouvoir marcher. Il posa une main sur l'épaule de Nathan, compatissant, pour montrer son soutien et il hocha la tête à la fin de son discours.  "Wow en effet, ça fait beaucoup...." murmura Terry ne sachant pas quoi dire d'autre. Il ne voulait pas s'excuser ou avoir un regard de pitié pour Nathan, encore une fois, l'expérience lui avait appris que les gens détestaient cela, tout le monde souhaitait continuer à vivre son petit bout de chemin et survivre jour après jour. Nathan aurait pu passer devant la caméra lui-même et partager son histoire et son récit mais Terry se dit qu'il en avait suffisamment bavé donc... Autant se focaliser sur son retour.  

"C'est important de se concentrer sur quelque chose de positif et oui, marcher semble tellement facile et naturel, ça a du être une expérience très bizarre." commenta Terry qui avait beaucoup de mal à imaginer la chose en fait.  "Mais on ne va pas déprimer, tu souris c'est le plus important, on va commander quelque chose à boire. Et j'insiste, c'est ma tournée cette fois-ci!" Et, se retint d'ajouter Terry, ça ne sera pas la dernière de la soirée, mais il ne le fit pas. Il demanda aux autres personnes à leur table si elles voulaient quelque chose mais les conversations allaient bon train. Ça serait juste Nathan et Terry cette fois-ci. Le blond héla un serveur qui arriva rapidement à leur hauteur avec deux verres déjà plein, visiblement la soirée battait son plein dans le club et le personnel était plus que prêt. "Tenez pour vous et votre petit-ami compliment de la maison." Le serveur leur adressa un clin d'oeil en posant leur verre devant et Terry perdit quelque peu son sourire. Ce n'était pas la première fois qu'on lui servait ce genre de discours. "Ce... ce n'est pas mon petit-ami." dit le journaliste, pour corriger le serveur. Mais l'employé eut un rire qui signifiait mais bien sur avant de s'éloigner, laissant un Terry confus et passablement énervé. Terry baissait les yeux vers son verre, réfléchissant à toute vitesse, il n'était pas gay, il ne comprenait pas pourquoi on l'associait toujours à ça, okay, il avait eu une ou deux aventures avec des hommes mais ça ne voulait pas forcément dire que lui était gay, pas vrai ? Le sujet était sensible pour Terry qui avait du mal à accepter cette part de lui, à dire vrai, il n'en parlait jamais et il attrapa rapidement son verre en déclarant "Quel idiot ce serveur, vraiment." espérant réussir à détendre l'atmosphère.

Bizarrement, je n'ai aucun mal à me confier au journaliste. Terry est quelqu'un d'agréable et même si on ne s'est pas encore beaucoup parler -nous n'avons pas les même horraires- au bureau, nous en profitons maintenant. Evidement, la discussion tourne autour de moi et c'est normal. En tant que journaliste, Terry est d'un naturel curieux, je ne suis en veux pas. D'ailleurs, vous connaissez cette sensation qu'on à quand on se dit que se confier à quelqu'un pourrait nous aider ? C'est ce qui se passe par ma tête en ce moment même. Alors je me lance. Sans plus attendre, je parle ouvertement à Terrance de ce qui s'est réellement passé. Ou du moins lui racontais-je les quelques souvenirs que je garde encore ou ce que je sais de ce qu'on m'a raconté. Au final je n'ai, moi-même, que très peu de souvenir concernant les évènements. Mais peu importe. Terry est limite choqué que je lui parle de cette manière, aussi ouvertement. Tout ce qu'il sait me répondre c'est un 'wow en effet ça fait beaucoup' qui me fait doucement sourire. Il n'a absolument pas tort sur ce coup là. Je fini ma bière et hoche ensuite vivement la tête lorsqu'il me dit qu'il faut de toute manière se concentrer sur ce qui est positif.

 « Je suis totalement d'accord » avouais-je en souriant  «Faut toujours trouver le positif même dans les moments négatifs. » j'hausse les épaules  «...ce qui est malheureusement bien plus difficile à dire qu'a faire, on est d'accord, hein ? » souriais-je avant de repousser mon verre. J'accepte sans hésiter la proposition de mon ami pour payer la prochaine tournée.

Il commande deux bières et nous reprenon notre discussion jusqu'à ce le serveur ne revienne. Il me désigne comme étant le 'petit copain' de Terry et je rougis en baissant le regard sur ma bière, mal à l'aise. Terry réagis assez violement, traitant le serveur d'idiot. C'est sûr qu'il n'a pas à dire ça, ça peut être très mal vu, mais de là a être un 'idiot' ? Je lève mon regard sur mon ami de soirée.  « Ce n'est pas grave » disais-je doucement  « Tu sais que tu es hétéro, c'est la seule chose qu'il importe, non ? Laisse le parler et ignore le, on ne peut pas faire plus. Y a toujours des gens qui se croient tout permis » je prends une gorgé de ma bière  «Et puis y a pas de mal à être gay, non ? » demandais-je ensuite en tournant mon regard vers le jeune homme. Sa réaction me semble quand même un peu bizarre.

Soudainement et malgré la meilleure volonté de Terry, l'atmosphère avait tout simplement changé. Peut-être qu'il avait trop bu ou c'était ce serveur qui était définitivement idiot mais la posture du blond n'était pas du tout la même. Le jeune homme qui était détendu et qui buvait juste un verre avec ses collègues sans se soucier de rien et les bras ballants avait soudainement disparu, comme ça, d'un simple claquement de doigts pour laisser place à un Terry beaucoup plus anxieux et soudainement plus conscience du regard des autres sur lui et Nathan. Est-ce qu'il y avait toujours eu autant de monde dans ce bar ? Oui, probablement, il n'avait juste pas fait attention, ses collègues qui discutaient et riaient et ne semblaient pas avoir remarqué que quelque chose avait changé mais Terry lui pouvait le sentir. Il but une longue gorgée de sa bière, son regard retombant enfin sur Nathan qui lui disait que ce n'était pas grave. Que Terry était hétéro. Terrence roula un peu des yeux à ces mots-là, il aurait tellement voulu que sa vie soit aussi simple que ce que Nathan décrivait, ça ne l'était pas, ça ne l'était jamais. Quand il s'agissait de définir sa sexualité, Terry était dans la catégorie complètement perdu. "Oui je suppose que ce n'est pas grave..." marmonna le journaliste, essayant de parler avec une voix qui se voulait assurée. Assurée et non en train de traduire son propre débat intérieur.

Terrence ne savait pas vraiment ce qu'il était, il n'avait jamais su, tout ce qu'il savait c'était que parfois, quand il avait des coups d'un soir, il se réveillait dans le lit d'une femme et d'autres fois dans le lit d'un homme. Ça n'avait rien d'inhabituel mais ce qui suivait n'était pas pareil, avec une femme il faisait un minimum d'effort pour avoir un nom, un numéro de téléphone, quelque chose de tangible. Mais pas avec un homme, un homme c'était tout de suite son regard qui partait dans l'autre direction et il cherchait ses vêtements pour partir. Pas avec un homme, avec un homme ce n'était tout simplement pas possible.  "Enfin je préfère être tout de suite clair quand on me fait ce genre de remarque, quand je suis dans un bar ou quand je vais acheter des fringues." dit Terry un peu plus fermement, arrivant tout seul à la conclusion, et encore une fois, que sa vie se finirait avec une femme. Donc il n'avait pas vraiment le temps pour ce genre de bêtises.  "Ce genre de clichés ça m'énerve vraiment." Chose qui était complètement avérée, Terry était un homme qui prenait soin de lui, il nettoyait son appartement, il avait des costumes sur mesures et il s'y connaissait un peu en mode. Mais c'était juste parce qu'il aimait savoir d'où venait les vêtements qu'il portait, parce qu'il était curieux sur tout, pas parce qu'il était... gay. Non, Terry n'arrivait même pas à le penser, c'était tout simplement hors de question pour lui.  "Surtout que je n'ai pas vraiment envie d'être associé avec ces gens-là." lâcha t-il enfin, prétendant être complètement en accord avec ce qu'il disait, chose qu'il faisait de plus en plus souvent ces temps-ci.