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Levi & Jayden

15h. Levi n'avait pas vu la journée passer. Elle était loin de se terminer, mais il eu tout de même un sursaut à la lecture de l'heure. Soufflant une dernière fois sur le décor gravé qu'il venait d'effectuer sur une chaise ancienne qui lui avait été commandé, il se redressa, posa ses outils sur le plan de travail et épousseta rapidement son t-shirt plein de sciure. Il avait à peine une demi-heure pour se rendre chez un client qui l'avait contacté quelques jours plus tôt. Pas le temps pour une douche. Il crispa la mâchoire. Il avait horreur de se pointer à l'arrache chez ses clients. Il faut dire que s'il ne se montrait pas toujours très sérieux dans sa vie personnelle, il l'était bien plus dans sa vie professionnelle et mettait un point d'honneur à ce que tout soit impeccable. Il n'avait pas atteint ce niveau sans la moindre exigence.

Passant rapidement dans une espèce de dressing rapidement emménagé à l'arrière de son atelier, il retira son t-shirt qu'il balança dans une panière au pied de la porte. Enfilant un t-shirt propre et époussetant ses cheveux, il n'avait plus franchement le tem0ps de faire mieux. Il se lava rapidement les mains et revint à l'atelier pour attraper son blouson et son casque. Glissant son book et quelques nuanciers dans un sac à dos, il sorti à la hâte, refermant tout juste derrière lui.

Enfourchant la moto noire qui lui servait de moyen de transport, il démarra le moteur, recherchant rapidement l'adresse sur son téléphone avant d'enfiler ses gants. Heureusement, il n'avait pas trop loin à faire et les difficultés de la circulation ne devrai pas lui poser de souci. Il était presque 15h30 lorsqu'il entra dans la propriété de son client. Une très jolie villa dans le quartier de Bayside. Les belles demeure, il y était habitué. Ca ne l'impressionnait plus. En revanche il était toujours un peu curieux de savoir quel mobilier il trouverait à l'intérieur. Il aimait bien voir les ouvrages de ses collaborateurs. Mais ce qu'il aimait surtout, c'était que les hôtes de ces grandes maisons se montraient bien souvent très généreux. Que voulez vous? Levi avait beau aimer son métier, rien n'est gratuit. Et les soirées ne se payent pas toutes seules hein? Sans parler du fait que la pension alimentaire qu'il devait à la mère de sa fille lui coutait une blinde....

Esquissant un sourire pour lui même en arrivant, il se gara devant la villa, sans trop demander s'il en avait le droit. Levi n'était pas un homme timide. Il n'avait pas pour habitude de demander l'autorisation. Retirant son casque et ses gants, il fourra la clef dans la poche de son blouson. Vérifiant une derrière fois dans son sac à dos qu'il avait bien tout pris, il sonna à la porte. Patientant qu'on lui ouvre, il laissa son regard courir sur la bâtisse.     

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Levi & Jayden

Casque sur les oreilles, Jayden était dans un monde beaucoup mieux que sa vie réelle. Alors oui, certains diraient qu’il n’avait pas vraiment le droit de se plaindre. Et c’était plutôt vrai, une villa, un compte en banque plus que bien remplis, des fans partout sur la planète et plus encore. Mais, il y avait des choses bien plus importantes dans la vie. Des choses que Jayden n’avait pas et n’avait jamais eut. Alors, il comblait le vide de sa vie grâce aux jeux vidéos. Un monde virtuel, où il pouvait être lui-même et même fantasmer sur des personnages masculins sans que personne puisse jamais le savoir. La presque belle vie quoi. Oui, presque, parce qu'une fois l’écran éteint, le mirage disparaissait aussi sec. Et il retournait à sa solitude et son vide intérieur, ce monstre qui cherchait à l’engloutir tout entier. Il était en plein raide, quand il entendit un bruit de moteur. Et vu que le jeu se passait dans un monde féérique avec de la magie et des elfes, il était quasiment sûr que ce n’était pas dans son jeu. Il fallait qu’il aille voir… Il observa son écran et soupira. Il fit mourir son personnage et expliqua à son groupe pourquoi il devait partir avant de quitter son ordinateur. Il posa son casque sur le dossier de son fauteuil avant de quitter son bureau et de fermer la porte dans son dos. C’était la seule pièce où ses furets n’avaient pas le droit de mettre les pattes. Il n’était pas complétement fou non plus. Il adorait ses deux boules de poils, mais pas dans les câbles de son pc. Il jeta un coup d’œil à sa cour en passant devant une des fenêtres de l’étage et il fronça le nez. Qui dans son entourage avait une moto ?

Il se dépêcha de glisser dans l’escalier, tentant de mettre un peu d’ordre dans sa tenue. Un tee-shirt délavé et un peu petit looney toons et un jean tout aussi délavé. Pieds nus, il se rendit à la porte et observa l’extérieur avec l’aide de sa caméra et il lui fallut un moment avant de remettre le motard. C’était le menuisier… Il arrangea sa coiffure avant d’ouvrir la porte en grand. -”Hum… Bonjour.” Il plaça sa main sur son front pour se protéger de la lumière du soleil qui agressait ses yeux bleus. -”Monsieur Torres c’est ça ?” Il sortit entièrement dehors, le dessous de ses pieds sur les pierres rondes qui composaient son entrée. -”Vous venez pour le dressing.” Ben oui Jay, c’était un peu toi qui lui avais demandé de venir… Mais comme il avait passé de très longues heures sur son jeu, Jay avait un peu perdu la notion du temps. -”Hum.. Vous… Vous voulez un café avant que je vous montre où je voudrais mon dressing ? Désolé, j’avais un peu oublié que c’était aujourd’hui le rendez-vous… Enfin, maintenant que vous êtes là… Finissez d’entrer !” Il s’effaça pour pouvoir le laisser entrer et il referma la porte dans leur dos avant de lui toucher rapidement l’épaule pour lui faire comprendre d’avancer jusque dans la cuisine.      

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Levi & Jayden

La porte ne mit pas bien longtemps à s'ouvrir. "Monsieur Holmes" se répétait t-il dans la tête afin de ne pas commettre d'impair. Bien qu'il soit très doué pour faire semblant et montrer bonne figure, Levi avait horreur de faire des courbettes. Celui lui demandait toujours un peu de concentration. Inspirant puis expirant fortement, il se concentra sur son attitude. Professionnalisme. C'était la clef. La porte s'ouvrit alors sur un homme....Pas du tout comme aurait pu s'imaginer le jeune ébéniste. Où était le costard hors de prix qui va avec la villa? Etonnant. Balayant ses préjugés d'un revers de main, il resta néanmoins de marbre, affichant rapidement un sourire radieux et chaleureux. "Bonjour Monsieur Holmes. C'est bien ça, Monsieur Torres, mais je vous en prie, appelez moi Levi, ça fera très bien l'affaire". lança t-il sur un ton enjoué. En fait, ça l'arrangeait bien de ne pas être tombé sur un homme glacial, probable qu'il serait plus facile pour lui de se détendre. Il avait horreur des façades.

Il haussa néanmoins un sourcil à la quasi interrogation de son client. Bien sûr qu'il venait pour le dressing, pour quoi d'autre? Il esquissa un sourire, se voulant rassurant. "Ne vous en faites pas, je me vexe difficilement" Lança t-il sur le ton de la plaisanterie, entrant sur l'invitation du jeune homme qui lui disait quand même vraiment quelque chose. Il était sûr de l'avoir déjà vu quelque part. Levi ne faisait jamais de recherche sur ses clients, il n'avait pas de temps à perdre. Si bien qu'il n'avait pas encoure tout à fait réalisé chez qui il se trouvait. "Sans vouloir vous manquer de respect, je pense qu'un café vous fera autant de bien qu'à moi" Lança t-il en laissant échapper un clin d'œil. Raté pour le professionnalisme. Il s'en mordit intérieurement la lèvre. Il se fatiguait lui même.

Machinalement, il prit la direction que lui indiquait la pression sur son épaule. Défaisant son blouson dans le mouvement. Il balaya la bâtisse du regard. Une magnifique demeure à n'en pas douter. Des meubles de qualité. Parvenu dans la cuisine, il posa son casque sur un tabouret qui se trouvait là, retirant son blouson. "Je peux le mettre là?" Questionna t-il tout de même par politesse tout en montrant le dossier du tabouret. "Bon, parlez moi de vos envies!" Reprit Levi en se tournant vers le jeune homme. Après tout, il pouvait bien commencer à récupérer quelques informations autour d'un café. Postant son sac à dos sur l'ilot qui se trouvait devant lui, il sorti le book de ses réalisation ainsi qu'un nuancier. "Avez vous déjà une idée en tête ou on part de zéro?" Reprit le jeune ébéniste en tendant le book à son client "Si vous êtes en panne d'inspiration je peux vous laisser ça. Ca peut donner des idées. Par contre je ne reproduit jamais des pièces existantes, tout ce que je fais est unique, vous pourrez donc simplement vous en inspirer. Vous n'être pas obligé de me répondre tout de suite, je peux déjà juste prendre des mesures. Mais buvons déjà ce café." Acheva t-il avec un sourire.

Levi était un homme facile d'accès. Il parlait naturellement avec tout le monde. Ce qui facilitait un peu les choses, surtout lorsqu'un client ne sait pas du tout de quoi il a besoin. Cela peut sembler improbable, mais ça lui était arrivé plus d'une fois. Il ne suffisait pas de savoir créer. Il fallait aussi parfois se projeter pour comprendre l'envie des clients. Ce qui n'était pas toujours une mince affaire.        

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Levi & Jayden

-”Lévi... comme l’écrivain ? Appelez-moi Jayden… Ou Jay. Jay, c’est encore mieux.” Première question qui lui avait traversé l’esprit… Il ne fallait pas trop lui en vouloir. En cet instant, Jay savait qu’il était loin de l’image parfaite et sexy qu’il projetait dans ses films et les médias. Mais même les stars de cinéma avaient le droit de passer leurs journées dans des vêtements troués et confortables. Après tout, il avait oublié le rendez-vous et avait prévu de passer sa journée à jouer à des jeux vidéo. Tout le monde avait bien le droit à un jour de relâche, non ? Il fit entrer l’ébéniste, le suivant dans le couloir de l’entrée avant de se diriger vers la machine à café, dernier cri et véritablement salvatrice. Alors qu’elle se mettait en marche dans un bruit tonitruant, tout en libérant des effluves plus que bienvenues, Jay laissa échapper un petit rire amusé. -” Ne vous inquiétez pas, vous ne me manquez pas de respect. Je sais que j’ai l’air débraillé, mais c’est vrai que j’ai passé une mauvaise nuit et je n'ai pas encore assez de caféine dans le corps pour supporter la journée qui m'attend.”
Qu'il soit quinze heures n’avait aucune importance. Et alors ? Qui allait le critiquer ? Ses furets ? Il s’étira un peu, avant de se gratter le ventre et de réprimer un long bâillement. Il fit glisser une tasse fumante vers son invité et prit la sienne en main. Il fit un simple signe de la tête pour indiquer où poser le casque, se fichant bien de son emplacement.
-”Suivez-moi, on va parler dehors, j’ai besoin de nicotine et je ne veux pas vous empoisonner... Prenez votre carnet avec vous. Même si je vais surtout vous donner carte blanche…” Toujours pieds nus, il ouvrit la grande baie vitrée qui illuminait le salon et la cuisine, et sortit sur la terrasse. Une fois à l’air libre, il s’alluma une cigarette et se laissa tomber dans un des transats, invitant l’homme à faire de même d’un signe de la main. Il ferma les yeux quelques secondes, la lumière du soleil lui brûlant les iris, avant de reprendre la parole. -”J’aimerais quelque chose de fonctionnel, avec des rangements pratiques. J’ai beaucoup de vêtements, et parfois j'en oublie la moitié parce que je ne les ai pas sous les yeux…”
Il prit une longue gorgée de caféine, espérant qu'elle lui donnerait un coup de fouet nécessaire pour attaquer la journée. Sa vie, bien que souvent idyllique de l’extérieur, était aussi parsemée de ces petites réalités quotidiennes auxquelles même une star devait faire face. Il savait que l'ébéniste comprenait cela, et c'est peut-être pour cette raison qu'il l'appréciait déjà. La terrasse était baignée de soleil, un contraste agréable avec l'intérieur ombragé de la maison. Jay se demandait ce que l'ébéniste allait proposer. Peut-être un système modulaire pour maximiser l'espace ? Il se tourna vers lui, curieux et impatient. -” Quelles idées avez-vous en tête pour ce projet ?” demanda-t-il, les yeux pétillants d’intérêt. -”Et pendant que vous êtes là… J’ai une bibliothèque… Et j’aimerais faire une porte secrète, j’ai promis à ma nièce, mais mon niveau en bricolage s’arrête à changer une ampoule. Vous pensez que vous pourrez regarder ?”
     

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Levi & Jayden

Comme l'écrivain hein? Il esquissa un sourire. Peu de gens lui avait déjà fait cette remarque. Etrangement d'ailleurs. "C'est ça." Rétorqua t-il sobrement avant de poser son casque sur l'un des tabourets. Notant la réponse pour le moins détendue de son client il se mit à rire de bon cœur, brièvement  Avant de reprendre d'une voix claire. "Ah! Vous avez bien raison et je ne me permettrait pas de porter le moindre jugement." Assura Levi on ne peut plus sincère. Il n'était pas là pour ça. Et il est évident que chacun fait bien ce qu'il veut derrières les portes de son domicile. Son regard suivait les faits et geste de l'homme devant lui. Le bruit tonitruant de la machine à café couvrit quelques instant leur discussion. Mais le jeune ébéniste accueilli non sans gratitude la boisson sombre que lui remis son hôte. Il le gratifia alors d'un signe de tête en guise de remerciement, emportant café et documents à l'extérieur, comme l'y invitait son client.

L'extérieur de la villa était tout aussi cosy que son intérieur. De bon goût, cela était certain. Levi laissa son regard glisser sur les végétaux qui trônait ça et là en guise de décoration. il avait toujours aimé les plantes. Son regard bleuté se reporta rapidement sur l'objet de sa présence. Il n'était pas là pour admirer le paysage après tout. "Carte blanche hein? Pas de problème, je suis à l'aise aussi avec ça" Lança alors Levi quelque peut effronté. Il esquissa un nouveau sourire en posant ses documents sur une table qui se trouvait là. Glissant sa tasse à ses lèvres, il dû bien reconnaitre que la caféine lui avait manqué. Son dernier café remontait à ce matin et il était bien en dessous de sa dose habituelle. Il devait d'ailleurs reconnaitre que celui ci était excellent. Il le souligna d'ailleurs. "Parfait ce café. Vraiment." Amorça t-il avant de revenir au sujet de base: le travail.

"Je comprends bien. J'ai moi même un peu se souci. Allez savoir pourquoi, je n'ai même pas pris le temps de me faire un dressing." Lança t-il en un haussement d'épaule. S'approchant de Jayden avec son book pour lui proposer quelques exemple, il vint se poster à ses côtés, pas franchement dérangé par les effluves de tabacs, ouvrant le document. "Il y a pas mal de solution en réalité, mais elles dépendant toutes de l'espace que vous avez à y consacrer. Pour les espace plus réduits, je peux proposer des portants cylindrique pivotants, un peu comme ça". Pour illustrer son propos, il ouvrit le book à la page d'un dressing au centre duquel trônait une colonne tournante, une moitié permettait de stocker deux rangées de cintres l'une au dessus de l'autre. La seconde moitié était munie d'étagères. "Sinon, il y a le classique, mais tout aussi pratique, surtout si vous avez de l'espace." Poursuivi t-il en lui montrant un exemple de dressing plus classique, mais qu'il voyait pas mal dans une maison comme celle ci, bien qu'il n'ai pas encore vue la pièce où son client souhaitait l'installer. Sur la photo, une pièce d'environ dix mètres carrés, munie de divers placards, tiroirs, portants. La porte coulissante du rangement principal était ciselé finement de deux initiales entrelacés de végétaux. Celles des clients qui le lui avait commandé. Les bordures d'étagères étaient quand à elle incrustées de leds afin d'apporter un peu de luminosité à l'ensemble réalisé dans un bois très sombre. "D'ailleurs, est il possible de voir la pièce où vous voulez installer ce dressing? J'aurais besoin de prendre quelques mesures" Précisa Levi avant de s'éloigner de Jayden, récupérant son café dont il bu une nouvelle gorgée.

Intéressé par la dernière annonce de son hôte, il haussa un sourcil, interpellé. "Oh, mais avec plaisir" lança t-il peut-être un peu trop enjoué. On parlait d'une porte après tout. Se rendant compte qu'il sortait peut-être un peu du cadre, il s'efforça de reprendre un air bien plus neutre. plus pro. Il se racla la gorge. "Je n'ai encore jamais eu l'occasion de travailler sur un projet comme celui ça, mais si vous me faite confiance je ne vous décevrait pas". Reprit il alors en esquissant un sourire. Visiblement bien plus enjoué par le projet de la porte secrète que celui du dressing. Il était néanmoins capable des deux. Ceci étant dit, Levi n'était pas franchement un simple ébéniste. Avec le temps - et un divorce à avaler - il avait fini par élever son savoir faire au rang d'art. Et de plus en plus il tendait à accepter davantage de projets hors du commun. Par ennuis sans doute. Mais aussi pour se prouver à lui même qu'il ne perdait pas la main.

Il acheva d'avaler son café. Piqué de curiosité, réfléchissant déjà intérieurement à comment il pourrait bien faire cette porte. Il en avait presque oublié le dressing. "Je dis toujours à ma fille que le bricolage c'est d'abord une idée, comme quand on écrit une histoire. Après il faut se lancer, je suis certain que vous en seriez capable !" acheva alors Levi, plein d'entrain.     

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Levi & Jayden

Allongé dans un transat à l’extérieur, Jayden savourait le doux soleil d’hiver australien qui réchauffait sa peau d’Anglais habituée aux hivers froids et humides. Il n’avait aucune envie de bouger, épuisé tant physiquement que mentalement par les récents événements. Il se contentait donc de siroter son café, appréciant ce rare moment de calme et la présence d’un autre être humain à ses côtés. Il observait son interlocuteur à la dérobée, tout en écoutant attentivement ce qu’il disait. "Je dois dire," commença Jayden en prenant une gorgée de son café, "que vous maîtrisez parfaitement votre art. L’argent n’étant pas un problème, je suis heureux de vous laisser carte blanche pour ce projet. Je crois que cette liberté est bénéfique tant pour vous que pour moi." Jayden savait qu’il serait ainsi tranquille, libéré de l’inquiétude et des détails de cette affaire pour laquelle il n’avait malheureusement que peu de temps et d’énergie à offrir. Pour Levi, cette autonomie signifiait qu'il ne serait pas bridé dans son travail. Il n’y avait rien de pire que de ne pas se sentir libre de créer selon sa vision ou, pire encore, de devoir travailler sur quelque chose qui ne suscitait pas d'enthousiasme, voire qui le frustrait. L’acteur comprenait parfaitement ce sentiment. À ses débuts derrière les caméras, on lui avait souvent demandé de jouer d’une manière bien précise. C'était compréhensible, puisqu'il débutait, mais néanmoins frustrant, car il ne pouvait pas exprimer son talent comme il le souhaitait. Aujourd’hui, la situation était différente : il était reconnu pour son travail, ce qui lui offrait plus de latitude et de liberté dans son jeu.

Devant eux, au loin, Jayden pouvait voir la lumière du soleil se refléter sur l’océan. Il aimait bien ce genre d’ambiance. Il trouvait que c’était relaxant. Il termina sa cigarette et sourit à Levi. "De rien pour le café, cette machine est l’un de mes meilleurs achats." Et c’était bien vrai, puisqu'il devait avoir plus de café que de sang dans les veines tellement il en buvait. D’ailleurs, il avala deux grandes gorgées de son liquide salvateur avant de se lever d’un bond pour ne pas s’enliser dans cette position et perdre le peu de motivation qu’il avait pour aller à l’étage. "Pour l’espace, venez, je vais vous montrer. C’est dans ma chambre. J’avais oublié que vous veniez, mais je vais libérer de l’espace et la vider pour que vous puissiez travailler." Il lui fit signe de le suivre en rentrant de nouveau dans la villa et s'engagea dans les escaliers. Il grimpa les marches et une fois à l’étage, il passa devant deux portes avant d’entrer dans sa chambre. Et c’est là qu’il se souvint que la femme de ménage ne venait que demain, parce qu’elle avait pris sa journée. Son lit n’était pas fait et quelques vêtements traînaient. Sa table de nuit était ensevelie sous des bandes dessinées et des bouts de papier sur lesquels Jayden avait écrit des idées pour un potentiel prochain film. Heureusement, il avait l’habitude de dormir la fenêtre ouverte, donc la chambre sentait toujours le frais. Gêné, il se mordilla la lèvre et tenta de cacher un peu de son chaos organisé… Puis il ouvrit les portes de son dressing, déjà bien grand et seul endroit de la pièce qui était bien rangé. "Voilà. Prenez les mesures que vous voulez et si vous avez besoin, je peux le vider tout de suite…"
Jayden se recula pour laisser l’homme faire son travail et il s’assit sur le bord de son lit en rejetant la housse de couette pour donner l’illusion qu’il avait fait son lit. Il resta assis, laissant son regard bleu observer l’homme au travail. “Vous pensez que vous allez pouvoir faire quelque chose ? Il me faudrait un espace pour les chaussures. Enfin, si c’est possible.”

     

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Levi & Jayden

Levi avait déjà plein d'idées en tête. Pour le dressing comme pour la porte secrète. Et il peinait à rester neutre. Le problème, c'est qu'il avait tendance à beaucoup trop s'emballer lorsqu'un projet lui plaisait. Et alors, il se retrouvait capable d'en parler pendant des heures, au risque d'ennuyer très clairement son client. Il fit donc tout son possible pour s'abstenir. Esquissant un sourire à l'annonce de Jayden sur son travail. Il avait beau avoir tout a fait conscience de son talent, il était toujours agréable de se l'entendre dire non? Pour Levi, la confiance en soit et la fierté n'avait rien eu de négatif. Au contraire. A condition de ne pas se montrer condescendant avec autrui. "J'aime votre point de vue" Assura Levi en toute franchise. D'aucun aurait pu croire qu'il faisait référence au fait que l'argent n'était pas un problème. En réalité il mentionnait bien évidemment l'aspect libre, toujours bien plus inspirant pour un artisan, artiste ou non.

Les clients de ce type ne courait pas les rues à vrai dire. Et Levi comprenait très bien pourquoi, le facteur limitant étant bien souvent l'argent, ses clients le bridait très régulièrement dans un souci de maitrise budgétaire. Ce qui était en fait complètement compréhensible. Mais les gens oublis souvent que l'argent ne garantissait pas toujours les belles choses. D'ailleurs, Levi se souvenait avoir fait de nombreuses pièces accessible à l'époque. Et pour autant, très réussies.

Terminant son café, il emboita le pas du jeune homme, laissant les book sur la table de la terrasse. Le suivant jusqu'à la chambre censée accueillir le dressing, il ne pu s'empêcher de se faire de nouveau la réflexion qu'il était quasiment certain de l'avoir déjà vu quelque part, cet homme. Impossible pour autant de se souvenir où. Et Levi avait la réputation de ne jamais oublier un visage. Entrant dans la pièce, pensif, ignorant tout des quelques bribes de désordres qui pouvait y régner - parce que c'est une chambre après tout - il resta un court instant de marbre dans l'encadrement de la porte, semblant songeur. "Dites moi, sans vouloir paraitre intrusif, je suis certain de vous avoir déjà vu quelque part. Nous ne nous sommes jamais croisé?" Questionna t-il. C'était plus fort que lui hein, dès que l'atmosphère se détendait il fallait qu'il se détende aussi. En réalité, s'ils s'étaient déjà vu, peu probable que ce Monsieur Holmes l'ai oublié. Levi avait le don de prendre de la place, et puis qui oublierai un gringo avec le prénom "Vanessa" tatoué en énorme dans le cou hein? C'était en principe assez ridicule pour être remarqué. Pour gommer un peu l'aspect non professionnel de sa question, il sorti un mètre de sa poche et commença les mesure, griffonnant sur un calepin qu'il avait sorti de son autre poche.

Glissant son crayon entre ses dents le temps de mesurer une paroi, il répondit sans lever les yeux vers son client. Comme s'il n'avait jamais posée la moindre question hors sujet. "'out est 'ossible" marmonna t-il, dans une expression approximative, gêné par le crayon qu'il retira fissa de sa bouche. "Pardon. Je disais: Tout est possible, pour les chaussures je peux proposer un rangement en escalier si vous n'avez pas trop de paire. Si vous ne avez vraiment beaucoup, une étagère à casier ou un tourniquet serait plus adapté". Précisa t-il alors en se redressant, se tournant vers le jeune homme.

"En fait, vous avez déjà un bel espace. Je pense qu'il est tout a fait possible de l'adapter sans toucher à la structure de base. A moins que vous ne vouliez réellement tout changer." Appuyant son épaule contre le mur, il croisa les bras. Semblant soudainement pensif. "Pour la porte secrète, vous pensiez plus à quelque chose de rustique ou davantage moderne?" Lança alors l'ébéniste, passant du coq à l'âne sans aucune raison. Son esprit vadrouillait déjà d'un sujet à l'autre. Et ça commençait à se voir.

   

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Levi & Jayden

Dans la chambre, rempli de honte à l'idée de laisser entrevoir le chaos qu’était véritablement sa vie, Jayden se laissa tomber sur le lit. Un jour ou l’autre, les apparences finissaient toujours par s’effondrer. Et bien que l’acteur affiche un visage d’homme parfait et un intérieur en ordre - Dieu bénisse sa femme de ménage - il laissait toujours une porte entrouverte sur le chaos intérieur. Celui qui régnait dans la chambre était un indice, un rappel de la vérité enfouie en Jayden, celle qu’il cherchait à dissimuler. Celle qui criait qu’il n’allait pas bien. "Excusez-moi de paraître intrusif, mais je suis sûr de vous avoir déjà vu quelque part. Nous ne nous sommes jamais croisés ?" demanda le menuisier. C’était la fameuse question qu’on finissait toujours par lui poser. Jayden esquissa un sourire, levant ses yeux azurés vers l’homme. Il se sentait à la fois fier et mal à l’aise. Ironique pour un acteur, mais pour comprendre cela, il fallait le connaître. Il y avait deux Jayden. Celui de l’écran, celui des caméras, celui qui arborait toujours un sourire et une plaisanterie. Celui qui aurait pu séduire une porte de prison. Et puis il y avait Jayden, le vrai, celui qui était resté cet enfant apeuré, solitaire, caché sous le lit pour soigner ses blessures... Ces deux facettes étaient en constante opposition. "En chair et en os, je ne crois pas," répondit-il en frottant ses pieds nus sur le bois tiède du sol de sa chambre, le regard perdu dans le vide. "Mais je suis acteur, alors… Vous m’avez peut-être vu dans un de mes films. Ou une pub. Récemment, j'ai tourné une pub pour du parfum…" Il ne l’aimait pas, cette pub. Dedans, il incarnait tout ce qu’il n’était pas en réalité. Mais c’était ce Jayden-là que les gens voulaient voir, ce qui ne faisait que renforcer sa conviction que personne ne pourrait aimer le vrai Jayden Holmes. Personne n’aimerait le triste, le dépressif, le lâche, le solitaire Jayden Holmes. Celui qui trouvait son lit trop froid, mais qui avait trop peur de le remplir.

"Je n’aime pas trop m’en vanter… Mais dans le dressing au fond, il y a quelques affiches de mes films. Je ne sais pas quoi en faire. Vous pouvez regarder si vous voulez. Vous avez sûrement vu un de mes films." Il s’étira et laissa l’homme prendre ses mesures, faire son travail. En vérité, il ne savait pas s’il devait rester ou partir. En partant, il avait l’impression d’abandonner un invité. Un invité qu’il payait pour ses services certes, mais il ne le voyait pas ainsi. Et en restant, il avait l’impression de surveiller l’ouvrier. Jayden avait l’impression qu’il n’y avait pas de bonne solution. "Un tourniquet, ce serait l’idéal, oui. Et il me faudrait quelque chose pour mes cravates aussi…" réfléchit-il. Avait-il d’autres exigences ? Pas vraiment. À vrai dire, il voulait juste un placard plus grand, ce qui était ironique quand on connaissait sa situation. Il aurait pu en rire, mais sa situation ne le faisait vraiment pas rire. Loin de là. "Oh, tout changer… Je ne sais pas, vous savez, faites ce que vous avez envie de faire. Je n’ai pas d’autre envie à part le tourniquet et les rangements de cravates." Et il trouvait que c’était déjà pas mal de réflexion. Surtout pour une journée qu’il avait eu l’intention de passer à jouer devant son PC.

"Comme c’est dans une bibliothèque, j’aimerais que ça s’harmonise avec l’ambiance. Quelque chose de rustique… Le plus dur sera de trouver un bois qui ne dépareille pas avec l’ensemble. Et il faut que ce soit simple d’utilisation, ma nièce n’a que cinq ans, il faut qu’elle puisse l’ouvrir seule. Mais… Si vous en avez terminé ici, je peux vous montrer ! Je ne sais pas combien de temps vous allez prendre et il est probable que vous devrez revenir souvent pour vérifier… Alors si vous voulez, je peux aussi vous laisser un double de mes clés." Jayden avait tendance à faire confiance rapidement, peut-être trop rapidement. Mais jusqu’à présent, il n’en avait jamais subi de conséquences néfastes. Il s’appuya sur ses avant-bras pour se lever et se mettre sur ses pieds. "Vous voulez voir la bibliothèque ? Et après, on pourra reprendre un café si vous voulez." Il ne réalisait pas que deux expressos à moins d’une demi-heure d’intervalle pouvaient faire beaucoup. Il carburait au café. Il se dirigea vers la porte et s’engouffra dans le couloir. "Vous faites ce métier depuis longtemps ?"


     

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Levi & Jayden

L'homme qui se tenait en face de lui ne semblait pas spécialement offusqué par sa demande. Il faut dire que si Levi n'y avait pas spécialement mit les formes, il ne lui demandait pas non plus quelque chose d'indécent. Pas en chair et en os hein? Levi haussa un sourcil, voilà qui l'intriguait. La suite lui donna un peu plus de matière. Il esquissa alors un sourire. Cherchant alors dans sa tête si il le remettait ou pas. Il marqua un temps d'arrêt, durant lequel il eu probablement l'air un peu bête. "Acteur hein...? Vous n'en semblez pas spécialement fier." Remarqua alors le jeune ébéniste qui avait haussé un sourcil, remarquant le regard perdu de son interlocuteur. A cet instant, peut-être avait-il un peu oublié la raison de sa présence.

"Ah, si, je vous remet. La publicité pour le parfum Armani. Aqua Di Gio je crois? Ne m'en voulez pas, ce n'est pas celui que je porte" Ironisa Levi sur le ton de la plaisanterie. Réflexion faite, il l'avais trouvé franchement commune cette publicité. "Sans vouloir vous vexer, ce n'est pas votre meilleurs tableau" Lança t-il peut-être un peu trop franc. "Mais en même temps j'imagine que les producteurs ne vous laissent pas beaucoup le choix" Reprit Levi en un haussement d'épaule avant de bloquer intérieurement sur le fait qu'il aurait clairement mieux fait de la fermer. Encore. Il marqua d'ailleurs une pause. "Oubliez ce que je viens de dire". Termina t-il simplement, comme si c'était possible. Il était, de fait, incapable de tenir sa langue.

Il s'enfonça dans le dressing, comme pour changer de sujet, prétextant des prises de mesures qu'il avait en réalité déjà faites. Heureusement, il n'était pas payé à l'heure et n'avait donc aucun problème à être un peu plus long, sauf si son client le mettait à la porte après ces belles paroles. Les affiches. C'était en fait un très bon prétexte pour détourner le regard de celui a qui il venait de dire texto que sa pub était nulle. Arriverait il à s'en sortir par une pirouette? Il en doutait.

"Ces affiches là?" Pointa t-il du doigt, ne montrant alors aucune gène. Très fort pour la dissimuler. Il saisie une affiche qu'il déplia. "Ca ! Ca c'était un bon film ! Vraiment, vous étiez bien plus véritable là dedans !" S'exclama Levi avec autant de franchise que la critique précédente. Il haussa alors les épaules. "Mais...Je ne suis pas là pour juger votre filmographie. J'imagine que vous tirez un enseignements de chacun de vos tournages". Conclu le jeune ébéniste en replaçant l'affiche. A l'instar de son propre parcours, il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il n'aurait jamais pu faire ce que faisait cet homme. S'il n'était pas pudique, il tenait à sa tranquillité. Pas dit que ce monsieur Holmes le soit, tranquille. D'ailleurs, il n'avait pas réagit plu s que ça à l'annonce de l'identité de son client. la célébrité ne le faisait pas rêver, et il avait la fâcheuse tendance à s'adresser à tout un chacun sur un pieds d'égalité. Il appréciait néanmoins la discrétion de son client, il avait eu à faire à des célébrité très désagréables, ce qui était loin d'être son cas.

"Pas de souci pour un tourniquet, je vous fais ça. Idem pour le porte cravate. Je vous ferais un croquis dissocié avec chacun des éléments ainsi qu'un schéma d'assemblage avant la réalisation physique. Un peu comme un BAT. Vous aurez juste à me le valider avant que j'attaque le chantier. Par contre il faudra quand même un peu de temps, j'espère que vous n'êtes pas spécialement pressé, le sur mesure n'est jamais immédiat". Précisa simplement Levi histoire d'être transparent. Bien que cela tombait un peu sous le sens. Il n'était pas non plus un magasin Ikea. "Ok pour la bibliothèque, je veux bien voir pour me faire une idée. Je procèderait de la même manière, ainsi vous pourrez juger si le mécanisme vous convient. Je n'ai pas spécialement l'habitude de prendre les clefs, en réalité pour la porte c'est la pose du mécanisme qui prendra du temps, si vous n'êtes pas là, effectivement j'aurais peut-être besoin du double, mais.... " Il marqua un temps d'arrêt, un peu suspicieux. "Beaucoup d'artisan vous on demandé les clefs?" Reprit-il alors, un peu surpris de sa proposition. Habituellement il devait signer mille décharges pour obtenir un double de clefs, et jurer sur sa vie qu'il ne déroberait rien. En fait, c'était même très peu courant, la plupart des artisans préférant intervenir en présence des propriétaires, ou d'un garant, afin de n'être accusé de rien.

"Je ne dis jamais non à un café ! " lança t-il enjoué, jamais contre un peu de caféine, ce qui n'était en fait pas très bon. Il emboita le pas de son hôte, ou plutôt de son client. Son esprit avait déjà oublié le dressing, naviguant d'idée en idée pour la fameuse porte qui présentait un projet bien plus attrayant. "J'ai fais ma formation il y a 16 ans, ca ne me rajeuni pas. Mais je suis à mon compte seulement depuis l'année dernière à vrai dire." Précisa Levi, entrant dans la bibliothèque. Son regard balaya le lieu. Une pièce de très bon goût à n'en pas douter. Il cru alors apercevoir la dite porte à transformer. Il l'indiqua d'un signe de tête tout en s'en rapprochant. "C'est cette porte?" Questionna t-il en laissant glisser ses doigts dessus.

Il se tourna de nouveau vers son interlocuteur. "Elle a de la chance de vous avoir votre nièce, vous devez beaucoup l'apprécier pour transformer une partie de votre habitation pour elle". Rétorqua le jeune homme, soudain un peu plus sérieux. "Vous savez quoi? J'ai une fille de 10 ans. Et je suis certain qu'elle sera ravie de me donner des idées pour ce projet" Confia t-il, esquissant un sourire amusé, accompagné d'un clin d'oeil. Que son client adhère ou pas, le luxe, c'est aussi ça: Une âme.
   

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Levi & Jayden

Jayden n’était jamais fier de lui ou de ce qu’il faisait. Il avait cette capacité à voir le bien et l’extraordinaire partout, sauf en lui-même ou dans ses réalisations. « Je ne pense pas faire quoi que ce soit qui mérite que je sois particulièrement fier de moi. Je ne sauve pas de vies, je n’arrête pas de criminels et je ne fabrique pas des meubles qui se rapprochent d’œuvres d’art de mes mains… » dit-il avec un sourire en coin. Il ne cherchait pas à entendre des compliments sur son jeu, non, il exprimait simplement ce qu’il pensait sincèrement. Son métier lui offrait une vie plus que décente, simple et remplie de luxe, mais il n’y voyait aucun impact véritable, aucune contribution significative au monde. Son travail, sa vie lui semblaient vides de sens. Il l’avait accepté, c’était ainsi.

Sa main, posée à plat sur la couette défaite, traçait de petits cercles distraits en même temps qu’il parlait, une habitude nerveuse qui trahissait peut-être son malaise. Le chaos régnant dans sa chambre — vêtements éparpillés sur le sol, tasses de café oubliées sur la table de chevet, les draps en désordre — semblait refléter le désordre intérieur qui l’habitait. Son apparence était à l’image de la pièce, négligée. Ses cheveux en bataille, son visage marqué par la fatigue, et ses vêtements froissés dénotaient une absence totale de préoccupation pour l’image qu’il renvoyait. Jayden ne montrait pas une image reluisante de lui-même, mais au fond, il s’en fichait. Ce qui dénotait grandement de l’image de lui qu’on voyait dans les médias. Un homme toujours bien habillé, auréolé de gloire et un sourire doux toujours flottant sur son visage. Mais en réalité, il vivait dans le chaos, sans chercher à le contrôler, laissant ses pensées vagabonder librement, pas toujours pour le mieux certes, mais on n’avait pas toujours ce que l’on voulait dans la vie.

L’acteur secoua la tête ; il s’en fichait qu’on achète ou non le produit, lui, il avait déjà été payé pour le vendre après tout et il n’avait pas de pourcentage sur le nombre de ventes. Il se contenta de sourire un peu avant de se mordiller la lèvre. Les mots du jeune homme ne faisaient que le conforter dans son idée qu’il n’était pas si doué que ça dans ce qu’il faisait. « Non, vous avez le droit de penser que mon jeu est médiocre, ne vous en faites pas, vous n’êtes pas le seul dans ce cas. Et être acteur, c'est apprendre à accepter ce genre de jugement sur soi. » répondit-il en souriant un peu. Il rigola un peu à la réaction du jeune ébéniste. « Merci je suppose… Hum… Oui, apparemment, c’est ce film qui m’a permis d’acheter cette ville. Le Nom secret des nénuphars… » Il observa l’affiche que le brun dépliait dans son placard ; il ne voyait que le dos, mais il savait très bien qu’il était dessus, le regard au loin, une femme blonde dos à lui, un lac en fondu entre eux… et leurs mains enlacées dans leurs dos. « Je déteste ce film… » Le tournage avait été difficile et il n’avait pas vraiment de bons souvenirs de la promotion. Mais heureusement, les spectateurs ne semblaient pas avoir remarqué quoi que ce soit. C’était qu’il n'avait pas trop mal travaillé.

« Non, je ne suis pas pressé du tout. Travaillez à votre rythme. Il n’y a pas de contrainte de temps… » Jayden se disait parfois qu’à force d’être aussi coulant avec les autres, il aurait des ennuis, mais pour le moment, cela n’était jamais arrivé. « Encore une fois, pas de soucis, même pour la bibliothèque. Vous aurez tout le temps qu’il faudra. Hum… Non, mais je suis souvent en déplacement, alors j’avoue que je laisse souvent mes clés. Après, il y a toujours une femme de ménage ou la personne qui s’occupe de mon extérieur, donc finalement… ce n’est jamais vraiment sans surveillance. » Il savait qu’il passait pour un idiot naïf, mais ce n’était pas comme s’il pouvait changer qui il était.

Il sourit un peu en s’engouffrant dans le couloir. « Vous ne faites pas votre grand âge… En tout cas, c’est beau de voir un homme aussi passionné par ce qu’il fait. » Il opina de la tête quand le menuisier s’approcha de la porte et monta sur une des tables de la bibliothèque pour s’asseoir en l’observant travailler. « Je l’adore. Elle fait de moi ce qu’elle veut. » Il sourit tendrement. « Votre fille doit également être chanceuse de vous avoir. Il y a beaucoup de chaleur dans votre voix quand vous parlez d’elle. Comment s'appelle-t-elle ? Ma nièce n’a que 5 ans. Mais je suis certain qu’elle serait ravie qu’une autre petite fille ait participé à l’élaboration de cette pièce. »


     

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Levi & Jayden

L'amertume de Jayden n'avait pas échappé à Levi qui haussa un sourcil, quelque peu surpris par sa réponse. Il l'avait laisser terminer, sans l'interrompre. Percevant un mal-être criant alors qu'il énonçait quelques doutes quant à l'utilité de son métier. Etonnement, le jeune ébéniste comprenait le raisonnement. Mais il n'était pas d'accord pour autant. "Vous ne sauvez peut-être pas de vie, mais croyez moi, vous en illuminez plus d'une". Assura Levi avec assurance. Il n'était pas doué pour trouver les bons mots et ne l'avait jamais été. C'était d'autant plus difficile avec un parfait inconnu. Mais s'il y avait bien une chose qu'il savait faire, c'était dire ce qu'il pense. Et il le pensait sincèrement. "Vous ne fabriquez rien de palpable, mais vous créez de l'émotion, et croyez moi, ça, ça ne s'apprend pas vraiment à l'école. Vous avez réussi à me faire pleurer devant certains de vos films, et autant vous le dire, je ne pleure pas facilement ! " Rétorqua alors Levi sans aucune pudeur sur le sujet. Pudique, il ne l'avait jamais été, dans aucune sens du terme. Et si son assurance avait bien souvent le don d'agacer, parfois, elle servait à dire des vérités que d'autres auraient pu taire.

Il esquissa un sourire. Cet homme l'intriguait. Mais finalement, il était aussi à priori la démonstration du fait que la célébrité, à priori, ne fait pas tout. Levi ne ressentait pas franchement de compassion à ce moment là. Cet homme méritait autre chose qu'un sentiment aussi volage. La question était sans doute doute: quoi? Mais Levi n'était pas franchement là pour ça.

Parvenu dans la bibliothèque, il reprit. "Ce n'est pas votre jeu qui est médiocre. C'est le scénario des publicités qui est bien souvent ridicule". Admit simplement Levi tout en observant la porte qui devait faire l'objet d'une étude de sa part. "Ok pour les clefs alors, nous ferons comme bon vous semble, je m'adapte facilement". Admit Levi; C'était le cas. Il avait parfois été emmerdé par des clients un peu trop tatillon, mais il s'en était sorti à chaque fois. En même temps il n'avait jamais rien eu à se reprocher. Sa réputation ne se serait jamais construite sur fond de larcin.

Levi entrepris alors de prendre quelques mesure, semblant soudainement très concentrée. Il avait déjà quelques idées mais aurait besoin d'un temps de réflexion et de plusieurs croquis pour être en mesure de présenter un ou des projets viables avant de les présenter à son client. "Bien, dans ce cas je vous ferais parvenir les croquis dans les plus brefs délais". Il laissa alors échapper un rire bref en notant quelques mesure, entendant les propos de son client au sujet de sa nièce. "Ah, les petites têtes blondes...Toute une histoire" Admit t-il avant de se redresser, achevant les relevés de données. "Ma fille? Elle s'appelle Mia. Evidemment, elle compte beaucoup pour moi. Elle vit chez sa mère, je la verrais en Septembre, mais ne vous en faite pas, je l'aurais au téléphone avant pour lui soutirer quelques bonnes idées". Répondit alors le jeune homme en rangeant son carnet dans la poche arrière de son jean. "J'en déduit que vous n'avez pas d'enfant? C'est très généreux de votre part de vous impliquer dans la vie de votre nièce." Reprit simplement le jeune homme sur le ton de la discussion.

Il marqua un temps d'arrêt, appuyant son épaule contre le bois de la bibliothèque, faisant face à Jayden, il croisa les doigts. "Dites moi...." Il semblait hésiter. En fait, la question qu'il s'apprêtait à poser était sans doute hors cadre. Mais il brulait d'envie de la poser. Et s'il n'était là que depuis quoi...une heure et demie, son hôte devait déjà s'être rendu compte qu'il ne se taisait pas facilement. "Vous allez bien?" Questionna t-il alors, fixant sans ciller l'homme qui lui faisait face. Il était presque prêt à se faire mettre à la porte, bien qu'à peine conscient du culot de sa question. Ce n'était pas de la curiosité maladive. Il avait un pressentiment, et il n'arrivait pas à l'ignorer.

   

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Levi & Jayden

Il n'avait jamais envisagé son métier sous cet angle. Cette révélation le surprit, l'obligeant à s'arrêter un instant. Ses yeux bleus, aussi perçants que le ciel d'hiver, accrochèrent le regard de Lévi. Il le fixa longuement, en silence, un instant de flottement qu’il laissa s’étendre, ne sachant pas vraiment comment réagir. Lévi n'était pas un ami, à peine une connaissance. Ils s'étaient rencontrés aujourd'hui même, lorsque le menuisier avait franchi le seuil de sa porte. Leur conversation avait été cordiale, mais superficielle, ne s'attardant jamais sur des sujets vraiment intimes. Parce qu’on ne s’épanchait pas sur ce genre de sujets avec un inconnu. Pas que Lévi ne puisse pas devenir un ami, bien au contraire, il semblait avoir toutes les qualités pour que Jay s’attache à lui. Mais pour le moment, leur relation était celle de deux professionnels. Alors, contrairement aux compliments que lui faisait Izan, son ami de longue date, il ne pouvait pas interpréter les mots de Lévi à travers le prisme de l'amour ou de l'affection. L'acteur sentait bien que, dans ce contexte, la sincérité ne pouvait être mesurée par la profondeur des sentiments partagés. Il se demanda alors, un peu perdu, si cette distance entre eux n'était pas, au fond, un gage d'honnêteté plus brute, dépouillée des artifices de l'amitié ou de l'amour. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres roses. L’honnêteté de Lévi était rafraîchissante et elle lui faisait du bien. Jayden avait l’habitude qu’on le brosse dans le sens du poil, mais c’était rarement vraiment honnête. Il y avait bien Izan et sa famille, mais eux l’aimaient et, comme on dit, l’amour rend aveugle. Mais il n’y avait pas d’amour entre Lévi et lui, alors quelque part, ces mots lui réchauffaient un peu le cœur. Bien qu’il ne soit pas réellement du genre à nourrir son ego, il devait avouer que c’était quand même agréable.

Jayden nota mentalement de chercher le double de ses clés afin de les laisser au jeune ébéniste. Peut-être aurait-il dû se montrer un peu plus méfiant, mais il ne s'en souciait guère. C'était dans son caractère d'accorder facilement sa confiance, même si cela le mettait parfois dans des situations délicates. Un jour, il rentrerait chez lui et découvrirait avec stupeur que quelqu'un avait changé les serrures et volé son écran plat, prouvant ainsi au monde entier sa naïveté. Et puis, il n’aimerait pas devoir l’expliquer à Troy. Pourtant, cette pensée ne l’effleura que brièvement, avant qu’il ne retourne à la discussion. « Mia ? C’est un très joli prénom. » Il ne dit rien sur la visite prévue en septembre. Il ne voulait pas faire de remarque là-dessus, parce qu'il se doutait que ce devait être une situation délicate pour le père. Mais il se doutait que ce devait être difficile pour le papa de ne pas voir sa fille avant le mois prochain. « Je suis certain qu’elle aura de très bonnes idées, les enfants ne sont pas autant bloqués que nous, niveau imagination. C’est d’ailleurs dommage qu’on perde cette capacité de rêver, nous aussi. » Il sourit un peu tristement. « Non, je n’ai pas d’enfants. » Et vu comme c’était parti, il était persuadé qu’il n’en aurait jamais. Lui qui pourtant avait tant d’amour à donner à des enfants. « Mon frère m’a beaucoup aidé. Et il le fait encore. Je trouve que c’est normal que je l’aide avec sa fille. Il est plus ou moins papa célibataire, alors comme j’ai les moyens et du temps libre, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l’aider. » Et puis, il adorait sa nièce.

Laissant le silence s'étirer, Jayden garda son regard perdu dans le vide, offrant à l'ébéniste l'espace nécessaire pour travailler en toute tranquillité. Le bruissement léger des mouvements de l’autre homme emplissait la pièce, créant une atmosphère presque apaisante. Pourtant, une question l'incita à lever les yeux. Si même un inconnu pouvait percevoir son mal-être, c’était le signe qu’il avait véritablement touché le fond. Il resta un moment figé, les lèvres légèrement entrouvertes, comme s'il cherchait les mots, avant de glisser une main tremblante dans ses boucles emmêlées. Un petit sourire triste se dessina sur son visage, révélant une vulnérabilité qu’il dissimulait d’ordinaire derrière des masques de confiance. Il trouvait Lévi adorable, avec son air attentif et sincère, mais il ne pouvait pas s’ouvrir à lui. Il ne pouvait pas lui imposer le poids de ses tourments, des fardeaux qui n’étaient pas les siens à porter. « Je suis juste fatigué. Ne vous en faites pas », murmura-t-il finalement, espérant que ces quelques mots suffiraient à apaiser la curiosité du menuisier, tout en gardant ses propres démons enfouis là où ils ne pouvaient pas faire de mal. Du moins, pas aux autres.


     

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Levi & Jayden

Une chose était certaine: Levi avait hâte de se lancer dans ce projet. S'il était réputé pour travailler avec précision et passion, il ne pouvait pas se mentir. Parfois, il mettait moins de cœur à l'ouvrage. Trop lassé par une énième demande sans doute. Le résultat était toujours impeccable, cela va de soit. Mais la motivation n'était pas toujours la même. Cette fois ci, il devait bien admettre que si le projet du dressing était en soit quelque peu commun, l'histoire de la porte secrète le ferait voyager. Aussi, probable qu'il alterne les deux.

Alors qu'il réfléchissait à la manière dont il allait s'organiser, son client fit mention du fait qu'il n'avait pas d'enfant. Levi esquissa un sourire. "C'est louable de votre part en tout cas. C'est important, la famille." Fit remarquer Levi simplement. C'était pour lui comme une évidence. Même s'il n'était plus avec la mère de sa fille, elle restait une part importante de sa vie. Et si demain elle avait besoin d'un coup de main, elle savait qu'il était. Bien que compte tenu des circonstances de leur rupture, Levi doutait qu'elle le rappelle un jour pour échanger d'autres mots que les banalités inhérente au partage de la garde de Mia.

Il laissa échapper un soupir. Après sa question probablement embarrassante, il marqua un temps d'arrêt devant la réponse de Jayden. Fatigué hein? Il fit son possible pour ne pas montrer la moindre trace de suspicion. Par chance, même s'il n'arrivait pas à la cheville de l'homme qui lui faisait face, il n'en demeurait pas moins bon acteur. Il resta de marbre, adressant à son client un sourire franc. "Ah ! Si ce n'est que ça, un bon repos et c'est reparti ! " Lança Levi avec un enthousiasme simulé à merveille. Il n'en croyait pas un mot, mais ce n'était pas à lui de juger de quoi que ce soit. Il ne connaissait pas cet homme. Et cet homme demeurait un client. Reprenant sa place d'artisan, il s'étira machinalement, peut être un peu trop à l'aise. "Et bien j'ai tout ce qu'il me faut pour commencer à travailler. Je vous enverrait les premiers croquis probablement d'ici deux semaines. Le chantier commencera certainement à la fin Septembre si cela vous va." Reprit-il avant de prendre tranquillement le chemin de la cuisine où il avait laissé ses affaires.

Récupérant sac, blouson, casque et gants, il se tourna vers Jayden, lui tendant une main en guise de salutation. "Merci de votre confiance Monsieur Holmes. Je vous tiendrais informé dans les plus brefs délais". Assura Levi, franc, direct et soudainement très professionnel.


   

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