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do it with a broken heart

@helen stenfield & nina

lieu: brisbane river, spring hill

Au départ, elle ne voulait tout simplement pas en parler. C’était aussi simple que cela. Ne rien dire, à personne. Jouer à l’autruche pour se laisser le temps d’encaisser, pour prétendre que cela ne pouvait être réel. Puis les jours ont commencé à filer et Nina s’est plongée corps et âme dans son travail au point d’en venir à omettre le monde extérieur. Il n’existait plus que les heures de gardes et ses petits patients. Au diable, les relations qu’elle avait pour habitude d’entretenir avec attention. Elle répondait à ses messages, parfois, mais elle restait évasive, usait sans fin de l’excuse de son travail prenant. Cela avait fonctionné, un temps, auprès de ceux qui ne connaissait rien de la réalité de l’hôpital. Nina avait conscience à quel point Helen avait su faire preuve de patience envers elle. Des semaines de silence, des regards évités dans les couloirs et des déjeuners commun jamais honoré. Elle avait laissé le temps filer pour ne pas se retrouver face à son amie, pour ne pas avoir à lui dire qu’à deux, elles pourraient former une drôle d’association. Celle de deux femmes trompées par leur mari respectif. Elle n’avait aucun désir à rejoindre ce genre d’alliance, mais si le temps avait filé, il n’avait en rien modifier la réalité des choses. Elle n’était pas fière de cela, mais Nina s’était d’abord laissé abattre par la nouvelle. Complètement. Elle avait rencontré des émotions qui lui étaient étrangères et qui en étaient venues à dérégler sa personnalité. Il lui avait fallu du temps, qu’elle avait refusé de s’accorder dans un premier temps. Aujourd’hui, tout se voulait différent. Nina avait retrouvé son souffle, elle abordait les choses autrement. Il était hors de question qu’elle se laisse définir par les erreurs de Ruben. Il allait payer pour ce qu’il lui a fait, mais sa colère ne devait régir sa vie. Sa vie ne tournait pas uniquement autour de son mari, elle avait une carrière à faire grandir et des amis qui attendaient son retour.

Comme toujours, parce qu’il y avait bien des habitudes qui ne pouvaient changer, Nina était en retard. Quelques minutes seulement, mais assez pour qu’elle aperçoive Helen déjà assise sur le banc qu’elles avaient désigner comme étant le leur à l’époque de leurs études. « J’ai pris ton préféré avec ton lait bizarre et le sirop au caramel. » Elle tendit le gobelet encore chaud à Helen avant de prendre place à ses côtés. Sa manière à elle de s’excuser pour son retard, mais surtout pour son silence des dernières semaines. « A quel point tu me détestes ? » Autant prendre la température avant de se lancer dans une conversation qui allait remuer énormément de choses pour elle comme pour son amie.

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15 juin 2021 – brisbane river
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Malgré sa découverte de la tromperie de Sam qui datait de plus d'un mois, le quotidien de la jeune femme n'avait pas changé. Helen continuait à vivre dans le mensonge auprès de son époux, à qui elle n'avait encore jamais avoué connaître toute la vérité. Sa présence à la maison était juste considérablement réduite, prétextant auprès de Sam le besoin d'Izan d'être à ses côtés depuis sa rupture avec Asher... en vérité, Helen n'avait presque plus de nouvelles de son meilleur ami, pour une raison qu'elle ne connaissait que trop bien. Izan était partie en tournée, avant même qu'ils ne trouvent le temps de discuter... Troublée, la jeune femme avait eu besoin de s'éloigner, bien que cela fasse mal. Sa tournée tombait plutôt à pic au final, car le temps de la réflexion leur était nécessaire à tous les deux. Mais pour le coup, la jeune femme s'était elle aussi transformée en menteuse professionnelle auprès de l'homme qu'elle avait épousé sept ans plus tôt. Des bêtises, elle en faisait depuis le début du mois de mai, sauf qu'elle les assumait pleinement de son côté. Helen s'octroyait cette liberté dont elle questionnait la nécessité depuis tellement d'années, comme pour se venger de cette homme qui lui avait brisé le cœur à cause d'une autre femme. Pour le moment, Helen n'était pas certaine d'être prête à connaître toutes les circonstances qu'englobaient cet adultère de la part de son mari, alors elle feignait toujours ne rien savoir. Et elle le faisait à la perfection. Heureusement, Sloane était présente ; à ses côtés pour supporter la douleur de ce gros bordel dans sa vie. Sauf qu'Helen ne pouvait pas en dire de même de Nina, qui était aux abonnées absentes depuis des semaines. Malgré ses SMS, toutes ses tentatives pour lui parler au travail, son amie réussissait à l'éviter comme la peste. Une raison de plus pour la blesser, dans un moment où Helen ressentait ce vive besoin d'être entourée pour ne pas s'enterrer six pieds sous terre. Après un dernier sms de menace avant de contacter Ruben, l'époux de Nina, avec qui elle entretenait des rapports... pas très positifs, disons, son amie lui avait finalement répondu. Inquiète, Helen s'attendait à ce qu'elle lui en dise plus par message sur la raison de son absence, sauf que la chirurgienne en pédiatrie avait insisté pour qu'elles parlent de vive-voix. C'était pour cette raison qu'Helen se trouvait assise sur le banc qui avait connu bons nombres de leurs péripéties et discussions depuis leurs études, à l'attendre. Étant donné qu'une force extérieure, complètement indépendamment de sa volonté, semblait avoir tenu à ce qu'elle n'ait que des amis qui arrivent toujours en retard, Helen avait eu la lumineuse idée de venir avec un livre. Même si elle relisait au moins 5 fois chaque phrase par manque de concentration -ses pensées fuzzaient toujours dans les sens depuis des semaines maintenant, elle donnait l'illusion aux passants de ne pas être en train de poireauter bêtement. Lorsqu'elle aperçut le bas de la silhouette de son amie, qui lui tendit un gobelet dans sa direction, Helen ne prit même pas la peine de lever la tête, pour lui montrer qu'elle n'oubliait pas sa colère, malgré qu'elle ait enfin daigné lui proposer de se retrouver. « J’ai pris ton préféré avec ton lait bizarre et le sirop au caramel. » La chirurgienne s'empara du dit-gobelet, toujours sans un seul regard à son encontre. « A quel point tu me détestes ? » Helen inspira longuement, faisant mine de réfléchir à sa question dont elle connaissait déjà la réponse. « Un peu moins depuis que tu as daigné donner un signe de vie. » lâcha-t-elle, avant de finalement refermer brusquement son livre pour enfin la fixer d'un regard qui se voulait dur. Au fond, elle ne la détestait pas, et elle sentait que son silence cachait quelque chose de grave, la chirurgienne n'était pas dupe. Elle connaissait suffisamment Nina pour comprendre qu'il s'était passé un truc... la brune n'allait donc pas remuer inutilement le couteau dans la plaie, alors qu'elle était finalement vraiment rassurée de l'avoir enfin face à elle. Au fond, c'était tout ce qui comptait. « Mon lait bizarre, ça s'appelle du lait d'amande... il me semble qu'en tant que chirurgienne tu connais du jargon plus compliqué que le mot 'amande', Nina. » Un sourire finit par se dessiner sur ses lèvres, ce qui signifiait que le moment fâchée prenait déjà fin. Helen s'empara délicatement de la main de son amie qui tenait précédemment le gobelet, puis lui souffla avec sincérité : « Je suis contente de te voir, tu m'as fait peur... » Ses billes foncées l'observaient, lui intimement silencieusement de lui expliquer ce qu'il s'était passé, sans qu'elle ait besoin de poser cette question peut-être douloureuse.

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Il n’était pas nécessaire de connaître Helen depuis des années pour comprendre ce qui pouvait se dérouler dans son esprit à cet instant. Même à distance, Nina avait su interpréter le froncement de ses sourcils. Elle fixait le livre entre ses mains comme s’il l’avait personnellement offensé et elle aurait pu en rire si cette frustration n’était pas avant tout dirigée auprès d’elle. Le café n’était qu’un signe de paix, la volonté de démarrer la conversation en douceur, pour ne rien brusquer. Elle savait que la brune se posait des questions, qu’elle n’avait pas apprécié son silence et, dans le fond, Nina avait conscience d’avoir poussé les limites d’une manière déraisonnable. Il était temps de sortir des tranchées qu’elle avait soigneusement creusées autour d’elle. Il était temps d’affronter le monde extérieur, l’opinion des autres et probablement le soutien de ses plus proches amis. Elle n’avait pas l’intention de raconter les infidélités de Ruben à tout son entourage. Les personnes au courant se comptaient sur les doigts d’une seule main et ce n’était pas près de changer. Helen ne serait que la troisième, la dernière, celle qui ne trahira jamais sa confession, elle en était certaine. Malgré sa mauvaise humeur et son air renfrogné. « Un peu moins depuis que tu as daigné donner un signe de vie. » Elle lui adressa un maigre sourire alors que son amie gardait son regard rivé sur son gobelet. Elle l’avait mérité après tout.

Et si elle n’aurait pas tenu plusieurs minutes avec ce jeu d’ignorance, elle ne s’était pas réellement préparée à croiser le regard empli de questions d’Helen. Préférant s’asseoir pour éviter ce jeu de face à face, Nina soupira quelque peu. Elle s’était jouée toutes les versions possibles de la conversation qui allait suivre, mais rien ne paraissait pleinement réel et les mots lui manquaient pour décrire tout ce qu’elle avait vécu ces dernières semaines. Alors, elle jouait à la montre, avec des bêtises et des mondanités. « Mon lait bizarre, ça s'appelle du lait d'amande... il me semble qu'en tant que chirurgienne, tu connais du jargon plus compliqué que le mot 'amande', Nina. » Elle haussa les épaules, se retenant de lui rappeler pour la énième fois que le lait d’amande avait un goût franchement bizarre, selon elle. « Je connais l’hypogammaglobulinémie, c’est vachement plus compliqué, non ? » Elle avait envie de rire un peu, elle aurait aimé que la conversation reste aussi légère. Mais elle n’eut aucunement besoin de tourner la tête vers Helen pour sentir le regard inquiet de son ami sur son profil. Elle avait l’impression que la boule au fond de sa gorge allait de nouveau grossir pour l’empêcher de s’exprimer, alors qu’elle s’était promis de ne pas trouver d’excuse. Elle pouvait parler à Helen, elle allait comprendre. Mieux que personne.

« Je suis contente de te voir, tu m'as fait peur... » - « C’était pas mon intention. » Qu’elle s’empressa de souligner. Assise aux côtés de la chirurgienne, elle se rapprocha le plus possible, au point de pouvoir venir poser sa tête sur l’épaule de la jeune femme. Nina avait besoin de la proximité et surtout de coincer leurs regards respectifs sur l’horizon. Une inspiration, une hésitation et sa main vint trouver celle libre d’Helen pour la serrer entre ses doigts. « Ruben me trompe. » Et dire ces quelques mots à voix haute résonnait toujours autant avec une sensation d’échec qu’elle aimerait pouvoir ôter de son épiderme à la javel. « Depuis deux ans. » Et une fois encore, sa voix résonnait avec une colère qu’elle avait tant de mal à identifier. Une émotion profonde qui résonnait en elle à mesure que la nouvelle s’était installée dans son esprit. Ce connard avait osé.  

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15 juin 2021 – brisbane river
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L'absence de Nina avait été pesante dans le quotidien de la chirurgienne, qui avait vécu des moments pas faciles ces dernières semaines... le plus gros chamboulement étant l'infidélité de Sam, ainsi que son éloignement avec Izan. Ce dernier était partie en tournée en Europe pour faire la promotion de son dernier album, sauf qu'il n'avait pas jugé bon de la prévenir. La chirurgienne avait appris la nouvelle en se rendant sur Instagram, ce qui l'avait encore davantage bouleversé. Quant à Sam, la jeune femme essayait de le voir le moins possible, car elle ne se sentait toujours pas prête à affronter la vérité. Pourtant, la brune savait que ce n'était pas sain de repousser cette échéance... « Je connais l’hypogammaglobulinémie, c’est vachement plus compliqué, non ? » Dans un autre contexte, Helen se serait probablement mise à rire. Sauf qu'elle souhaitait avant tout lui faire part de sa colère face à son absence, à son manque de réponse, qui n'avait fait qu'alimenter encore un peu plus son mal-être. Sans Winston, la chirurgienne aurait probablement pété les plombs depuis longtemps. Malgré tout, Helen savait qu'elle pardonnerait rapidement le comportement de son amie. Nina n'était pas du genre à disparaître de sa vie du jour au lendemain sans raison, elle ne l'avait encore jamais fait en plus de dix ans d'amitié. Quelque chose la tracassait, c'était certain. Fallait-il encore qu'elle accepte de s'ouvrir à elle... « C’était pas mon intention. » Helen ne repoussa pas son amie lorsqu'elle se rapprocha pour poser sa tête contre son épaule, ni lorsqu'elle s'empara délicatement de sa main. Bien au contraire, son premier réflexe fut de serrer ses doigts en retour. « Ruben me trompe. » Le cœur de la jeune femme manqua un battement, la privant d'air l'espace de quelques millièmes de secondes. Que se passait-il sur cette fichue Terre pour que leurs époux respectifs aient cette même idée saugrenue d'aller voir ailleurs ? Tout à coup, la chirurgienne comprit mieux la disparition de son amie, même si elle n'admettait pas qu'elle ait pris la bonne décision. « Depuis deux ans. » « C'est pas vrai ? » Fut sa réaction première en cherchant le regard de son amie, parce qu'elle n'arrivait juste pas à concevoir qu'une telle chose arrive aussi à Nina. Ses mots résonnaient en elle, puisque la chirurgienne avait vécu la même situation quelques semaines plus tôt... Autant ses proches n'avaient pas été étonné que Sam ait pu fourrer son asticot ailleurs au vu de leurs problèmes de couple depuis des années déjà... Mais, Ruben et Nina ? « Quel connard. » Lâcha-t-elle, alors qu'elle serrait toujours la main de la blonde à ses côtés. Ruben et Helen, ça n'avait jamais été une très grande histoire d'amour, Nina le savait. Alors elle ne devait pas être très étonnée de l'entendre l'insulter très ouvertement. « Désolée mais... quel râclure. J'ai envie de l'insulter de tous les noms d'oiseaux possibles. » Sauf qu'elle ne s'octroierait pas ce droit... à moins que Nina l'autorise à le faire, auquel cas elle n'hésiterait pas une seule seconde à lui montrer comme son répertoire pouvait parfois être très fleuri. « Tu veux m'expliquer ce qu'il s'est passé ? » La chirurgienne était bien placée pour savoir qu'énoncer un tel récit n'était pas sans conséquence... lorsqu'elle avait elle-même raconté ce qu'elle avait vu à Izan, le cœur de la brune s'était brisé une seconde fois. Si Nina refusait de lui expliquer, Helen ne s'en formaliserait pas... à la place, elles pouvaient aussi raconter des horreurs sur les infidèles qui leur servaient de mari. C'était très bien aussi.

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Il était plus facile de s’asseoir aux côtés d’Helen, de fixer l’horizon, plutôt que de laisser son regard se perdre dans celui de son amie. Elle savait que la chirurgienne ne serait retenue dans sa réaction, elle se doutait que rien ne serait joué en douceur. Elles avaient ce point commun de ne jamais mâcher leurs mots. Elle aurait aimé que les points en commun s’en tiennent à quelques traits de caractère, mais la vie avait décidé de lui jouer une blague beaucoup moins douce. Helen allait comprendre, elle en était certaine, mais prononcer ces quelques mots devenait de plus en plus complexe. Nina refusait l’idée même que son histoire avec Ruben ne se résume qu’à cette anecdote qui paraissait en sonner la fin. Il l’avait trompé. Le constat se voulait aussi simple que cela, mais plus les jours défilaient, moins Nina avait la moindre idée de ce qu’il allait advenir de leur couple. Elle refusait qu’il la touche et en même temps ne supportait plus vraiment l’idée que l’on puisse les penser séparés. Ce n’est pas ainsi qu’elle avait imaginé son avenir, pas comme cela que les choses devaient se dérouler. « C’est pas vrai ? » Elle eut envie de rire, mais préféra se taire, laissant comprendre à Helen qu’elle n’avait aucunement envie de blaguer à ce sujet. Personne ne voulait le croire, et pourtant tout le monde paraissait se résigner à ne jamais trop protéger Ruben. Comme si tout son entourage avait un doute, comme Diego l’avait souligné bien avant tout le monde, mais que personne n’avait osé lui dire quoi que ce soit. « Quel connard. » L’insulte était devenue familière, elle aussi. Ruben était pire que cela. Il était devenu ce mec incroyablement lâche qui se cachait derrière des excuses pathétiques tout en prenant soin de constamment protéger l’identité de sa maîtresse. Il n’était plus vraiment l’homme qu’elle admirait, mais plutôt un menteur qui s’acharnait à vouloir réparer ce qu’il avait lui-même brisé. « Désolée mais... quel râclure. J'ai envie de l'insulter de tous les noms d'oiseaux possibles. » - « Je suis à court de nouveautés, si jamais t’en as des plus exotiques que la normale. » Elle ne l’insultait que dans ses pensées, mais tout y était passé. Elle s’était épuisée à le haïr et désormais, elle savait qu’elle allait s’épuiser à vouloir obtenir des réponses. Il allait continuer à lui mentir ou à jouer la carte du silence. Comme si Nina allait pouvoir se contenter de si peu, comme s’il allait pouvoir tout réparer avec quelques sourires et des mots attendris. Quel abruti. « Tu veux m'expliquer ce qu'il s'est passé ? » Une nouvelle fois, Nina eut envie de rire. « C’est tellement pathétique. » Autant que pouvait désormais l’être Ruben à ses yeux. « Il m’a emmené dans un hôtel pour un petit weekend en dehors de la ville, on était censé fêter nos sept ans de relation. » Tout était parti en fumée dans cet ascenseur de malheur. « Il avait simplement oublié qu’il avait déjà emmené sa pute avant moi. » Elle n’oubliera jamais le regard que lui avait lancé la réceptionniste ce jour-là. Nina ne s’était jamais sentie aussi humiliée de toute sa vie. On l’avait prise pour la maîtresse, celle qu’il fallait cacher, alors qu’elle était l’officielle. Nerveusement, elle se mit à jouer avec son alliance qu’elle se refuse de retirer. « Je suis persuadée que c’est quelqu’un de l’hôpital Helen. » Et si Ruben refusait de lui dire quoi que ce soit, Nina allait chercher par elle-même. Est-ce que son amie allait lui proposer son aide ?

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@Nina Sterling 15 juin 2021 – brisbane river
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Les paroles de Nina résonnaient tellement en son amie, qui en venait à se demander ce qui pouvait bien se passer dans la tête des hommes pour qu'ils accourent tous pour goûter aux plaisirs de la chair avec une autre femme que celle qu'ils avaient épousé, peu importe les circonstances du mariage dans lesquels ils avaient le sentiment de se trouver piégés, ou non d'ailleurs. Si Helen n'avait pas encore entendu les excuses de Sam vis-à-vis de son infidélité à lui, elle se doutait que ça avait à voir avec le fait qu'elle n'était plus vraiment elle-même depuis plusieurs années déjà, embrouillée par les envies de maman et papa plutôt que par les siennes. A ses yeux, cela ne suffisait pas à justifier un tel acte de trahison avec leur mariage et les promesses faites devant leur famille respective... Aucune raison valable n'existait lorsqu'il s'agissait de coucher avec une autre femme, pas même l'amour qu'on puisse ressentir pour sa maîtresse. C'était sa plus grande appréhension, aujourd'hui... Que Sam lui annonce avoir des sentiments pour l'enseignante avec qui il couchait depuis elle ne savait combien de temps exactement, puisqu'elle n'était pas encore prête à l'affronter. Mais Ruben, lui, trompait donc sa meilleure amie depuis maintenant deux ans ? Quelle ordure, vraiment... N'étaient-ils justement pas mariés depuis tout ce temps ? C'était vraiment un beau salop, et ça, Helen ne se gênait pas pour le faire savoir à son amie qui, elle l'espérait, n'en pensait pas moins de lui, même si elle portait toujours son alliance autour du doigt. « Je suis à court de nouveautés, si jamais t’en as des plus exotiques que la normale. » « Je me suis créée tout un répertoire à sortir à Sam, le jour où j'aurai le courage de l'affronter. » Si Nina l'autorisait à poursuivre les insultes, c'était plutôt bon signe. Cela voulait dire qu'elle ne lui pardonnait pas... l'inverse était inenvisageable aux yeux d'Helen, même si finalement elle était plutôt mal placée pour juger quoique ce soit puisqu'elle-même vivait encore dans le terrible mensonge de son époux. « C’est tellement pathétique. Il m’a emmené dans un hôtel pour un petit weekend en dehors de la ville, on était censé fêter nos sept ans de relation.  Il avait simplement oublié qu’il avait déjà emmené sa pute avant moi. » « Mais quelle ordure. » Choquée par le manque de jugeotte de la part de son collègue neurochirurgien, Helen se passa la main sur le visage avec la profonde envie de lui refaire le portrait. Comment osait-il faire une chose pareille, c'était immonde ? « A quel moment il s'est dit que ça passerait inaperçu ? » Comment pouvait-il faire cette erreur de débutant, surtout après deux ans ? D'un côté, Helen était bien contente que ce nigaud l'avait faite, auquel cas Nina ne saurait toujours pas qu'elle était, elle aussi, une femme trahie par l'homme qui possédait son cœur depuis tant d'années. « Ne me dis pas qu'il a nié au départ, quand même ? Il a avoué aussitôt ? » Helen avait ce pressentiment que, non, Ruben n'avait pas avoué aussitôt. Elle finissait par plutôt bien cerner le personnage qu'il était, et elle l'imaginait parfaitement prendre Nina de haut et essayer de lui faire croire qu'elle était en train de débloquer. « Je suis persuadée que c’est quelqu’un de l’hôpital Helen. » Nouvelle surprise, nouveau choc. Helen vivait l'annonce comme s'il s'agissait de sa propre situation, tant elle était elle-même touchée par le sujet ces derniers temps... C'était terrible d'avoir ce point commun là avec Nina, c'était bien la dernière chose qu'elle lui souhaitait. « Je sais quels sentiments ça donne d'être trompée, tu te sens trahie, bafouée, humiliée... mais tu crois que Ruben aurait aussi peu de considération pour toi en te trompant avec une collègue ? » Elle ne remettait pas véritablement la parole de Nina en doute, au fond la chirurgienne ne voulait pas croire, pour le bien être de son amie, que Ruben ait été capable de faire ça... batifoler avec une personne de l'hôpital, cela voulait potentiellement dire que d'autres personnes connaissaient ce secret, et que Nina se rendait au travail sous des regards moqueurs, irrespectueux, et témoins d'une trahison sans égale ? Mais bon, en y réfléchissant bien, était-ce vraiment étonnant de la part de Ruben qui n'hésitait pas à marcher sur les pieds de quiconque se trouvait sur son chemin, si cela le nuisait ? Depuis le début de sa relation avec Nina, les relations avec Ruben avaient toujours été un peu tendues... mais si elle l'avait toléré suite à l'amour profond de Nina et lui, Helen avait toujours continué à ne pas le porter dans son cœur à elle. Alors elle l'a croyait, même ça lui paraissait tellement logique maintenant qu'elle le disait à voix haute. « Ok, c'est de Ruben dont on parle. » Se reprit-elle finalement, en soupirant longuement pour se laisser le temps de passer en revue toutes les têtes féminines de l'hôpital qu'elle aurait eu l'occasion de voir un peu trop proche du neurochirurgien. « J'admets que je n'ai moi-même rien remarqué de suspect, faut dire qu'on bosse pas tous les jours ensemble... » Dit-elle avant de réaliser soudainement : « Tu as déjà une idée de qui ça peut-être, n'est-ce pas? » Si elle lui faisait part de ses doutes, c'était pour une raison, non ? Elle savait peut-être déjà de qui il s'agissait, alors Helen se sentit obligée d'ajouter pour l'inciter à lui dévoiler son identité : « Je vais lui faire la tête au carré, crois-moi. Avant ou après avoir castré Ruben, mhm, j'hésite, j'avoue. » Gare à tes fesses Ruben, la chirurgienne comptait bien lui faire passer le pire quart d'heure qu'elle puisse jamais lui faire connaître en tant que meilleure amie de la femme qu'il a osé humilier et tromper.

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« Je me suis créée tout un répertoire à sortir à Sam, le jour où j'aurai le courage de l'affronter. » Elle eut un rire amusé malgré la situation. Donner des noms d’oiseaux, se lâcher sur les insultes, c’est choisir la voie de la facilité, mais cela reste un exutoire comme un autre, pas vrai ? Ce n’est pas vraiment la direction qu’elle souhaite prendre, encore moins en public. Mais pour amuser Helen, elle hausse des épaules. « Envoie-les moi par messages dès que t’as une nouvelle idée. » Est-ce qu’elles arriveront à s’entraider au travers de cela ? Nina se moque un peu plus des états d’âmes d’Helen désormais, elle n’a toujours pas initié la moindre conversation avec celui qui est toujours son mari. Nina n’a pas l’intention de suivre son chemin, la confrontation avec Ruben sera complexe, mais elle ne compte pas jouer l’autruche éternellement. Il lui doit des réponses et Nina ne lâchera pas l’affaire. Puis n’est-ce pas Ruben qui ne cesse de lui demander une conversation ? Elle décidera simplement du moment. « À quel moment il s'est dit que ça passerait inaperçu ? » L’envie de rire s’en est allée. « Soi-disant qu’ils ont changé sa réservation et qu’il n’a pas fait attention. » C’est l’excuse bidon qu’il lui a servie. Il cherchait encore à sauver les meubles, maladroitement et sans honte. « Ne me dis pas qu'il a nié au départ, quand même ? Il a avoué aussitôt ? » Qu’Helen ne projette pas les problèmes de son couple sur le leur. Tout se voulait différent, qu’elle l’accepte ou non. « Il n’a pas eu le temps de nier, il a été pris la main dans le sac. » Nina n’a peut-être rien vu pendant deux ans, mais elle n’est pas une idiote de première. Dès l’instant où la réceptionniste lui a jeté un regard noir après s’être emmêlé les pinceaux, elle avait compris. Il était déjà venu, avec une autre femme, et la confusion a démarré ainsi.

Et au milieu de tout cela, Nina a eu le temps de réfléchir. Elle a tout ressassé, chaque évènement des dernières années, dans le moindre détail. Petit à petit, son esprit a commencé à se convaincre d’un point bien précis. « Je sais quels sentiments ça donne d'être trompée, tu te sens trahie, bafouée, humiliée... Mais tu crois que Ruben aurait aussi peu de considération pour toi en te trompant avec une collègue ? » - « Il est assez con pour m’emmener dans le même hôtel. » Il pouvait être assez con pour ne pas avoir la moindre considération pour elle. Elle voudrait se tromper, mais son instinct lui hurle qu’elle est sur la bonne voie, que quelque chose se trame dans les couloirs de l’hôpital. « J'admets que je n'ai moi-même rien remarqué de suspect, faut dire qu'on bosse pas tous les jours ensemble... » Elle ne lui en demandait pas tant. Nina a simplement voulu partager son intuition, rien de plus. « Tu as déjà une idée de qui ça peut-être, n'est-ce pas? » Elle commence à froncer des sourcils, perturbée par cette façon qu’Helen a de vouloir lui mettre des mots dans la bouche. Est-ce qu’elle projette encore, car elle n'a pas été capable de voir que son mari se tapait une prof du même établissement ? « J’ai simplement une intuition. » Elle allait suivre ce chemin-là, même si cela prendra du temps. Après tout, il paraît que la vengeance est un plat qui se mange froid. « Je vais lui faire la tête au carré, crois-moi. Avant ou après avoir castré Ruben, mhm, j'hésite, j'avoue. » Si jusqu’à présent Nina est restée relativement calme, cette fois-ci, elle se redresse pour faire face à Helen, plongeant son regard dans le sien. « Tu ne feras rien du tout ! » Son ton se veut plus froid que l’ordinaire, mais elle n’a jamais été aussi sérieuse. « Je n’ai pas besoin que l’on vienne se mêler de ma vie privée, et encore moins que l’on règle des comptes à ma place. » Elle a toujours été comme cela, Nina, prête à affronter ses combats sans l’aide de personne. « Je suis sérieuse, Helen, pas d’enquête dans les couloirs et encore moins de discussion avec Ruben. » Elle refuse que sa vie conjugale se retrouve étalée dans les couloirs de l’hôpital. « Compris ? »

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@Nina Sterling 15 juin 2021 – brisbane river
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« Soi-disant qu’ils ont changé sa réservation et qu’il n’a pas fait attention. » Si Ruben était plus malin que ça, il aurait fait attention. Comment pouvait-il être capable de garder un secret pendant deux ans et faire une bêtise pareille ? Ne pas faire attention ? Quelle excuse bidon il ne lui avait pas sorti là, vraiment. La chirurgienne devinait l'expression sur le visage de son collègue neurochirurgien, et elle l'imaginait sans mal essayer de prétendre qu'il s'agissait d'une erreur, et vouloir nier son infidélité. Parce que c'était ainsi qu'étaient tous les hommes, n'est-ce pas ? Sam y compris ? Helen ne savait pas si son époux avouerait rapidement son crime, mais l'idée même qu'il pourrait être capable de la prendre pour une idée en lui faisant croire qu'elle racontait n'importe quoi la mettait déjà hors d'elle. « Il n’a pas eu le temps de nier, il a été pris la main dans le sac. » « J'ai tellement de mal à croire que ça t'arrive à toi aussi... » Un soupir empli de tristesse s'échappa de ses lèvres, le cœur serré face à la souffrance que Nina devait inévitablement ressentir. La jeune femme était entourée d'infidèles, entre Ruben son mari, et Sam, son meilleur ami... qu'avait-elle fait pour mériter d'être entourée de personnes avec si peu de valeurs, et de respect pour les autres ? Ajouté à cela, son amie semblait persuadée que la femme qui partageait les draps de Ruben depuis deux ans travaillait, comme elles, à l'hôpital. « Il est assez con pour m’emmener dans le même hôtel. » Une fois de plus, Nina avait raison. Ruben était vraiment le pire des enfoirés, puisque d'autres personnes qu'elle étaient peut-être au courant de cette relation extra-conjugale, et que Nina subissait secrètement l'humiliation au regard de leurs collègues... Helen n'avait jamais remarqué quoique ce soit, même par hasard, venant de la part de son collègue neurochirurgien durait ces deux dernières années. Des occasions, il aurait pu y en avoir, mais la brune était incapable de donner raison à son amie car elle ne possédait aucune preuve à lui mettre sous la dent pour que cette idée soit vérifiée. « J’ai simplement une intuition. » « Quelque chose dans ce qu'il a dit ? » Sinon pourquoi était-elle aussi persuadée que cela ? Cette intuition venait bien d'un détail, d'un mot, d'un geste que Ruben avait eu, non ? En tout cas, Helen était remontée envers Ruben, à qui elle ne souhaitait pas de se retrouver en face à face. Elle voulait lui hurler tout un tas d'insultes, pour lui faire regretter cet acte de trahison envers les promesses faites à sa meilleure amie. Malheureusement, cette dernière ne semblait pas du même avis qu'elle, puisqu'elle se redressa pour la dissuader de faire quoique ce soit envers son mari. « Tu ne feras rien du tout ! Je n’ai pas besoin que l’on vienne se mêler de ma vie privée, et encore moins que l’on règle des comptes à ma place. » Elle entendait ses arguments, et Helen n'avait pas pour ambition de régler les comptes à sa place, comme elle le disait si bien, mais plutôt de lui montrer son soutien. « Je suis sérieuse, Helen, pas d’enquête dans les couloirs et encore moins de discussion avec Ruben. Compris ? » Peut-être qu'Helen projetait un peu trop sa propre vie dans celle de Nina... elle n'avait pas encore eu le courage d'affronter Sam, alors c'était peut-être un peu ironique de sa part de vouloir aller chercher des noises à Ruben... peut-être, oui. « Je ne peux pas te garantir que je ne lui lancerai pas quelques regards noirs si je le croise au détour d'un couloir de l'hôpital... » Marmonna-t-elle, en penchant légèrement la tête sur le côté pour manifester la déception qui s'emparait d'elle à l'idée qu'elle lui refuse d'aller hurler sur Ruben. « Et ce sera compliqué pour moi de ne pas l'insulter s'il daigne venir me parler d'un dossier, ou si je me retrouve dans le même bloc que lui, Nina. Ce connard fait du mal à l'une de mes meilleures amies, il mérite qu'on lui pourrisse la vie. » Au fond, elle ne cherchait pas à se mêler de sa vie privée... elle voulait juste l'aider à traverser cette terrible épreuve de la vie, d'une quelque manière qui soit. « Si je peux faire quoique ce soit pour t'aider à surmonter ça, je suis là pour toi, tu le sais ? » Elle ne voulait pas s'attirer les foudres de son amie en ne respectant pas son souhait, néanmoins Helen avait à cœur d'être disponible pour Nina.

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En réalité, elle trouve cela pathétique de se contenter d’insulter leur mari. Ce n’est pas ce qu’elle souhaite, pas comme cela qu’elle imagine son avenir. Nina ne se compte pas suivre l’exemple d’Helen qui se complait dans l’échec de son union, il en est hors de question. Pour l’instant, elle s’autorise à tout sentir, à laisser ses sentiments prendre le dessus, mais bientôt, quand elle aura enfin discuté de tout avec Ruben, elle prendra une décision. Lui imposer des règles pour la suite ou se préparer à signer les papiers du divorce. « J'ai tellement de mal à croire que ça t'arrive à toi aussi... » Dans son imaginaire, jamais elle n’aurait voulu partager un tel point commun avec son ami. N’est-ce pas les couples faibles, un peu branquignoles qui se doivent de traverser ce genre d’épreuve. Ce n’aurait jamais dû être Nina et Ruben. Ce n’est pas une narration envisageable, et pourtant… La voilà à partager ses déboires avec la chirurgienne en prétendant ne pas être affecté par tout ce qui se déroule autour d’elle. Nina s’entête à garder la tête haute, à tracer des hypothèses qui ne font guère de sens, mais qui l’aide à conserver un objectif. Si Ruben cherche à se taire sur l’identité de la demoiselle, elle compte bien le découvrir par elle-même. Quoi qu’il en coûte. « Quelque chose dans ce qu'il a dit ? » Elle secoue la tête. « Non, c’est juste… Vraiment, juste un pressentiment. » Ruben passe le plus clair de son temps à l’hôpital, ce n'est pas un mensonge. Il n’aurait pas le temps de rencontrer quelqu’un en dehors et ce n’est pas de son genre que de s’inscrire sur un site de rencontre pour aller tirer son coup. Non. Il cherche à protéger quelqu’un et cela veut dire que découvrir l’identité de la jeune femme pourrait plus nuire à sa carrière qu’à ce qu’il reste de leur couple. Mais Nina préfère taire ce pan de sa réflexion ? Helen ne saurait tirer la langue. Elle est d’ailleurs en train de lui prouver avec ses grands gestes et ces mots qu’elle est à la recherche d’une vengeance qui n’est pas la sienne.

« Je ne peux pas te garantir que je ne lui lancerai pas quelques regards noirs si je le croise au détour d'un couloir de l'hôpital... » C’est bien tout ce qu’elle sait faire, lancer des regards noirs à tous ceux qui l’approchent d’un peu trop près. Même à son idiot de mari. « Ça va te creuser des rides. » Elle s’abstient d’en dire plus, de lui dévoiler le fond de sa pensée. Elle ne prendra pas parti, elle l’a dit. Même si cela devient compliqué, d’un côté comme de l’autre, il faut bien l’avouer. « Et ce sera compliqué pour moi de ne pas l'insulter s'il daigne venir me parler d'un dossier, ou si je me retrouve dans le même bloc que lui, Nina. Ce connard fait du mal à l'une de mes meilleures amies, il mérite qu'on lui pourrisse la vie. » Est-ce qu’elle cherche à jouer avec sa patience ? Nina se redresse et c’est elle qui adresse un regard noir à celle qui prétend être sa meilleure amie, mais n’écoute rien de ces demandes. « Y’a quoi de pas clair dans : tu ne feras rien du tout ? » Elle va s’emporter, elle le sait. Parce que sa colère n’a pas su se diffuser sur Ruben, parce que ça fait trop et qu’à un moment donné, Nina va imploser. « Si tu veux te défouler, fais-le sur le tien de mari, okay ? » Il serait grand temps qu’ils se parlent tous les deux. « Je crois que t’as assez à gérer avec lui sans avoir le besoin de te mêler de mon couple. » Son ton se veut plus froid que l’ordinaire, mais Nina connait assez Helen pour savoir que cette dernière serait capable de commentaires qu’on ne peut plus déplacer. « Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider à surmonter ça, je suis là pour toi, tu le sais ? » - « Je suis pas une petite femme fragile. » Nina ne veut pas que l’on s’occupe d’elle comme si elle allait se briser d’une minute à l’autre. « Je veux pas que tu me traite différemment et encore moins que tu me regarde comme t’es en train de le faire. » Avec un regard empli de pitié qui lui donne envie de gerber. « On vaut mieux que ça Helen. » Mieux que les tromperies de leur mari respectif, mieux que s’apitoyer sur leur sort. « Tu crois pas ? » Est-ce qu’elle allait commencer à se rebeller elle aussi ? À réellement exprimer ce qu’elle ressent depuis des mois au lieu de jouer les mijaurées ?

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@Nina Sterling 15 juin 2021 – brisbane river
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« Non, c’est juste… Vraiment, juste un pressentiment. » Nina connaissait suffisamment Ruben pour être en mesure de légitimer ce pressentiment ou non. La chirurgienne restait d'ailleurs très mystérieuse quant à ce sujet, comme si elle souhaitait garder cette information pour elle afin de confirmer sa véracité avant de la partager. Helen ne la questionnerait donc pas à ce sujet, respectant l'envie de sa meilleure amie de gérer les choses elle-même. Elle lui partageait certes l'aveu de l'infidélité de Ruben pour justifier la raison pour laquelle Nina était aux abonnées absentes depuis plusieurs semaines dans la vie de la brune, et non pas pour qu'Helen tente de résoudre ses soucis à sa place, c'était compréhensible. Les deux femmes partageaient la même trahison commise par leur mari, et Nina n'avait pas chargé à interférer dans celle de Sam, alors qu'il était pourtant son meilleur ami avant de devenir sa meilleure amie à elle également... Situation complexe pour la chirurgienne, qui la gérait à la perfection. Comme Helen n'avait pas encore eu le courage d'affronter l'enseignant, elle se sentait presque plus motivée à l'idée d'aider Nina que de résoudre ses propres problèmes... bizarrement, elle trouvait cela plus facile que de prendre le risque de tout perdre de sa vie auprès de Sam, en lui révélant qu'elle savait pour Liliana et lui. « Y’a quoi de pas clair dans : tu ne feras rien du tout ? » Nina perdait patience, et Helen le ressentit lorsqu'elle se redressa pour lui faire face, usant de ce ton froid qui donnait la chair de poule. Les deux femmes avaient beau être cash l'une avec l'autre, Helen avait plus de mal à l'être maintenant qu'elle savait que Nina vivait la même trahison qu'elle... mais il était pourtant clair qu'elles ne partageaient pas les mêmes sentiments, et que Nina s'apitoyait beaucoup moins sur son sort que ce que faisait la brune. « Si tu veux te défouler, fais-le sur le tien de mari, okay ? Je crois que t’as assez à gérer avec lui sans avoir le besoin de te mêler de mon couple. » C'était mérité, amplement. Nina savait comment lui remettre les idées en place, et elle ne lui en voudrait jamais pour le faire de manière un peu abrupte, sachant qu'elle avait entièrement raison sur ce point. « Oui, excuse-moi. J'aimerais avoir la même assurance que toi aujourd'hui pour l'affronter aussi. » Admit-elle, alors qu'elle faisait ensuite savoir à son amie qu'elle était présente pour elle, et qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider du mieux qu'elle pouvait. « Je suis pas une petite femme fragile. » Ce n'était absolument pas ce qu'elle pensait, loin de là. Nina ne ressemblait en rien à une petite femme fragile. « Ce n'est pas ce que j'ai dis, et encore moins ce que je pense. » « Je veux pas que tu me traites différemment et encore moins que tu me regardes comme t’es en train de le faire. » Helen détourna le regard, pour que ses yeux arrêtent de s'adresser à elle d'une manière qui, visiblement, ne l'enchantait pas. Elle ne voulait pas la faire sortir davantage de ses gongs, alors une petite pause dans l'observation de son amie semblait être le bon moment. « On vaut mieux que ça Helen. Tu crois pas ? » Les paroles de son amie résonnèrent en elle. Même si elle s'apitoyait sur son sort et qu'elle se complaisait à prétendre aux yeux de tous que tout allait bien entre Sam et elle, encore aujourd'hui, Helen n'était pas restée sans bouger non plus... A son tour, elle faisait ce que Sam lui avait fait. « Bien sûr que je mérite mieux qu'un mari qui me ment et me trompe, je n'ai pas attendu que tu daignes répondre à mes messages pour m'en rendre compte et me bouger. » A son tour, elle paraissait un peu sèche, mais parce qu'avec l'absence d'Izan, celle de Nina, et sa découverte pour Sam, l'équilibre dans sa vie avait été plutôt précaire, au point de céder à la tentation de Tinder installé par Sloane sur son téléphone pour essayer de se sortir de sa dépression passagère. Résultat, un homme lui maintenait la tête hors de l'eau. « je voulais juste que tu saches que, tu pourras toujours compter sur moi, c'est tout. Comme on a toujours pu être présente l'une pour l'autre en cas de coup dur. » Le ton de sa voix est moins revêche, plus apaisé, pour lui faire comprendre que compter sur son amie, ce n'est pas être une petite chose fragile.

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Cette conversation n’avait pour but que de rassurer Helen qui commençait à mépriser son silence. Nina venait avec une excellente raison et l’espoir vain que tout ne soit pas décortiqué dans le moindre détail. Bien entendu, Helen trouvait une opportunité dans tout cela. La possibilité de pouvoir se concentrer sur les problèmes des autres plutôt que de faire face à sa propre situation conjugale. Nina aurait dû s’y attendre, elle n’est pas spécialement étonnée et pourtant, c’est la colère qui prime. Elle n’a jamais eu besoin de qui que ce soit pour se défendre dans sa vie et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer. Alors Nina rétorque avec hargne, sans utiliser de pincettes. A quoi bon ? Helen l’a toujours connu comme cela. « Oui, excuse-moi. J'aimerais avoir la même assurance que toi aujourd'hui pour l'affronter aussi. » Elle n’a aucune assurance, si ce n’est de ne pas laisser Ruben gagner. Elle a assez pleuré, il n’est plus question de cela désormais. « Ce n’est pas vraiment une question d’assurance, tu sais. » Elle lui adresse un sourire malgré tout, parce qu’elle sait désormais, ce qu’Helen a traversé. Elle aurait aimé ne jamais le découvrir aussi intimement, mais c’est un fait. Leur histoire reste diamétralement opposée, tout du moins, et si depuis le départ Nina tente de n’exprimer aucune opinion sur la vie privée de ses amis, peut-être que ses limites commencent à être atteintes. « Ce n'est pas ce que j'ai dit, et encore moins ce que je pense. » Elle estime malgré tout que Nina a besoin d’être sauvée, telle une demoiselle en détresse. Une petite chose fragile qui se doit d’être cajolée pour ne pas éclater en mille morceaux. Tout ce qu’elle déteste en somme, et il est bien de Nina que de le souligner. 

« Bien sûr que je mérite mieux qu'un mari qui me ment et me trompe, je n'ai pas attendu que tu daignes répondre à mes messages pour m'en rendre compte et me bouger. » Elle a presque envie de sourire face à la réaction de son amie. À deux doigts de s’extasier sur sa rébellion, parce qu’il était temps qu’Helen dise quelque chose. Enfin. « Et tu crois qu’il ne mérite pas mieux que ton silence et ton plan de vengeance ? » Nina n’est pas au courant de tout, mais elle a des yeux et des oreilles également. Tout s’apparente à croire qu’Helen est déjà en train d’entretenir une relation ailleurs, devenant alors l’égal de Sam et de Ruben, en quelque sorte. Avant qu’Helen n’ait le temps de répliquer, Nina lève les mains en signe d’apaisement. « J’ai promis que je ne donnerais pas mon avis sur votre situation, on va en rester là. » Il est plus sage pour tout le monde que la conversation ne découle pas dans ce sens-là, mais si Helen est d’humeur à argumenter, ce n’est pas Nina qui va l’en priver. Bien au contraire. « Je voulais juste que tu saches que, tu pourras toujours compter sur moi, c'est tout. Comme on a toujours pu être présente l'une pour l'autre en cas de coup dur. » Elle devrait la remercier, mais Nina a toujours eu du mal à s’épauler sur les autres. Trop têtue pour réclamer de l’aide, trop fière pour admettre de ne pas pouvoir s’en sortir seule. « Je sais. » qu’elle marmonne malgré tout avant de se cacher derrière son gobelet de café. Quelques minutes s’écoulent dans le silence avant que Nina n’annonce une autre nouvelle qu’elle gardait pour elle jusqu’à présent. « J’ai signé pour le bénévolat en Éthiopie en juillet. » Elle hésite encore, mais une part d’elle sait que c’est le bon choix. « Je pars avec Diego pendant un mois. » Comme ça, Helen ne pourra pas lui reprocher de ne rien savoir.

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« Ce n’est pas vraiment une question d’assurance, tu sais. » A ses yeux, ça l'était. Ou peut-être bien du courage ? Oui, peut-être était-ce plutôt cela ; ne pas avoir peur d'affronter Ruben et de lui faire regretter ses agissements, alors qu'elle-même se réduisait encore au silence face à l'humiliation que lui faisait connaître Sam en continuant à fréquenter Liliana et en rentrant le soir à la maison comme si de rien n'était. Helen aimerait avoir le courage et l'assurance de l'affronter à son tour, de lui cracher au visage qu'elle était au courant de la situation, lui hurler qu'elle le haïssait, qu'elle ne voulait plus jamais le revoir, qu'il la dégoutait. Mais à côté de cela, le confort de leur vie... ces sept années passées ensemble, prêtes à s'envoler. Helen n'était pas encore prête, et elle ne savait pas quand elle arriverait à l'être. C'était une situation tellement difficile pour elle, parler à Sam allait rendre la situation encore plus réelle, plus concrète et pour le moment elle arrivait seulement à débuter une histoire avec un autre homme, comme lui l'avait fait avec une autre femme. En cela, Sam et Helen partageaient à nouveau un point commun... « Et tu crois qu’il ne mérite pas mieux que ton silence et ton plan de vengeance ? » Nina s'en doutait, n'est-ce pas ? N'était-ce pas évident, de toute façon, après ce qu'elle venait de lui dire ? Sa meilleure amie ne prenait pas partie dans ses problèmes de couple avec Sam, puisque ce dernier était son meilleur ami avant qu'elles ne se rapprochent à leur tour. Mais, elle lui posait la question, alors peut-être voulait-elle en savoir finalement davantage sur le sujet ? Helen ouvrit alors la bouche, prête à lui fournir une réponse honnête, sauf que Nina reprit presque instantanément la parole : « J’ai promis que je ne donnerais pas mon avis sur votre situation, on va en rester là. » La chirurgienne soupira légèrement, plutôt ennuyée par le fait qu'elle se ravisait. Même si Nina restait ferme sur ses positions et qu'elle tenait vraiment à ne rien savoir pour ne pas basculer davantage vers l'un des deux camps, Helen aurait aimé pouvoir lui partager tout ce qu'elle avait sur le cœur face à cet homme qu'elle connaissait depuis plus longtemps qu'elle encore. « Il me trompe depuis deux ans et tu estimes qu'il "mérite" quelque chose venant de moi ? Hé ho, Nina ? Tu crois que Ruben mérite quoique ce soit venant de toi, maintenant ? » Rétorqua-t-elle, un peu piquée à vif par le manque d'implication dans ce qu'elle traversait, par respect pour son amitié avec Sam. « Écoute, même si c'est ton meilleur ami, j'aimerais que tu me rassures un peu plus sur le fait que tu lui as hurlé dessus, toi aussi ? » Elle roula des yeux, un peu agacée par la tournure de cette conversation. Nina avait la tête sacrément dure, parfois même un peu trop. « J’ai signé pour le bénévolat en Éthiopie en juillet. Je pars avec Diego pendant un mois. » Pourquoi est-ce que la nouvelle ne l'étonnait pas plus que ça ? Après la découverte de l'infidélité de Sam, Helen avait eu envie de partir loin de ce quotidien douloureux. Elle entendait parfaitement les raisons de son départ. « Ta décision est déjà prise, te retenir ne servirait à rien, je le sais. » Sourit-elle, un peu plus apaisée par cette direction là de la conversation. « J'ai aucune raison de te retenir tu me diras, et je trouve que c'est une super idée, perso. Mais... pourquoi, avec Diego ? » La question était parfaitement légitime, puisque Nina avait pris la peine de le préciser, c'était donc qu'il méritait d'être mentionné pour une raison, peut-être ? D'un autre côté, Helen était rassurée que sa meilleure amie ne parte pas seule à l'autre bout du globe, au moins.

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Dès l’instant où Sam avait décidé de poser un genou à terre, Nina s’est jurée de ne jamais intervenir dans leur histoire de couple. Il est son ami depuis plus longtemps, certes, mais cela ne lui accorde aucun statut privilégié. Elle a eu bien du mal à ne pas s’infiltrer au milieu de leur querelle dès que l’adultère de Sam a été dévoilé, parce qu’elle tient à ses amis. Malgré la froideur qui la dépeint, Nina reste attachée aux histoires de valeurs. Elle ne se définit pas comme une romantique, elle ne croit pas au coup de foudre, mais une part d’elle estime que quelque part dans ce monde, certaines personnes sont faites pour se rencontrer. Elle pensait que Ruben était sa personne, comme Sam pouvait être celle d’Helen. Aujourd’hui, tout lui prouve à croire qu’elle n’a été qu’une petite fille naïve et c’est une narrative qu’elle ne peut accepter sans sourciller. Alors Nina rétorque, elle montre les crocs et donne son avis sur une situation qui la dépasse. Elle ne sait pas ce qui a bien pu traverser l’esprit de Sam tout comme elle n’a aucune conscience des problèmes que ses amis pouvaient traverser, mais sous ses yeux se déroule un scénario qui lui déplaît fortement. « Il me trompe depuis deux ans et tu estimes qu'il "mérite" quelque chose venant de moi ? Hé ho, Nina ? Tu crois que Ruben mérite quoi que ce soit venant de toi, maintenant ? » Dans d’autres circonstances, elle aurait laissé un sourire étirer ses lèvres. Elle aime lorsque Helen se rebelle enfin, quand elle lui tient tête et qu’elle cherche à mordre plus fort qu’elle. C’est une dynamique qui a toujours fonctionné entre elles, qu’importe le sujet. Même lorsqu’il s’agit de parler de leurs maris respectifs et de leurs erreurs. « Il mérite ma colère, ça c’est certain. » Une colère qu’elle ne sait encore diriger, quelque chose qui est en train de l’avaler, mais dont elle n’a pas dompté tous les rouages. Nina se veut plus maligne que son amie, en tout cas, pour ne pas tomber dans les clichés qui dépassent l’entendement. « Sans parler de mérite, qu’est-ce que tu penses qui ressortira de tout ça, si tu t’entêtes à faire exactement ce qu’on leur reproche ? » Elle ne lui a rien dit, Helen, mais sa réaction parle d’elle-même. « Sois plus maligne que ça. » Bien sûr que Nina souhaite se venger, mais pas de cette manière. Non. Elle visera plus haut, en temps et en heure. « Écoute, même si c'est ton meilleur ami, j'aimerais que tu me rassures un peu plus sur le fait que tu lui as hurlé dessus, toi aussi ? » Cette fois, elle lève les yeux au ciel, un brin exaspéré, désormais. « Je t’ai pas attendu pour remarquer que sa nouvelle amante s’appelle Jack Daniels. » Helen ferait mieux de ne pas creuser autour de ce sujet. Sam ne s’est pas mis à boire sans raison et Nina la tiendra responsable s’il le faut. « Tu sais autant que moi que ce n’est pas de lui d’agir ainsi. » Son ton se veut froid et un brin menaçant. Qu’Helen ne s’amuse pas à tirer sur un homme déjà à terre, Nina n’hésitera pas un instant à choisir un camp. « Parlez-vous. » Ruben avait peut-être raison sur ce point uniquement. Ils doivent se parler pour mieux tout affronter.

Parfois le silence se veut salvateur dans ce genre de discussion et Nina pensait l’achever avec une nouvelle qui amènerait une conversation bien plus légère, c’était sans compter sur les sous-entendus d’Helen. « Ta décision est déjà prise, te retenir ne servirait à rien, je le sais. J'ai aucune raison de te retenir, tu me diras, et je trouve que c'est une super idée, perso. Mais... Pourquoi, avec Diego ? » Est-ce qu’elle cherche à lui faire avouer quelque chose là où il n’y avait strictement rien ? Est-ce qu’Helen souhaite se soulager de ses propres actions ? « Je t’arrête de suite, c’est simplement parce que c’est lui qui m’en a parlé en s’inscrivant et parce qu’il est mon ami. » Rien de plus. Juste un ami en qui elle a parfaitement confiance, quelqu’un auprès de qui elle se voit évoluer pendant un mois sans avoir à constamment se justifier sur ses émotions fluctuantes. « Et je n’ai pas besoin de ton avis sur Diego. » Avec tout son culot, Ruben s’est déjà bien chargé de ce point-là.

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Malgré l'attachement certain que pouvait avoir Nina à l'égard de Sam, la chirurgienne espérait que sa meilleure amie ne lui ait pas donné raison. Elle imaginait mal la blonde le faire, mais ses propos n'enchantaient guère Helen qui se rebiffait légèrement face à ses insinuations. Elle estimait que son époux ne méritait absolument rien de sa part, ne serait-ce que de la colère et un peu de souffrance aussi en retour, même si elle n'avait pas encore pris son courage à deux mains pour l'affronter. « Il mérite ma colère, ça c’est certain. » Quand même, avait-elle envie de souffler à voix haute, mais elle se ravisa. « Sans parler de mérite, qu’est-ce que tu penses qui ressortira de tout ça, si tu t’entêtes à faire exactement ce qu’on leur reproche ? Sois plus maligne que ça. »  En fréquentant un autre homme que Sam alors qu'il ne se gênait pas pour se réfugier dans les bras d'une autre femme, Helen n'avait pas le sentiment de manquer d'intelligence ou de ne pas être une personne futée, comme le sous-entendait son amie, alors cela la piqua un peu au vif, si bien qu'elle l'attaqua un peu par la suite en rétorquant qu'elle espérait qu'elle ait crié sur son meilleur ami pour l'erreur commise. Car c'était bien beau de la réprimander sur son comportement à elle, mais qu'en était-il de son comportement à lui ? « Parlez-vous. » « Je vais essayer de le faire... bientôt. »  Il le faudrait bien un jour, malheureusement. Elle n'avait pas hâte, et ça se ressentait dans le ton de sa voix, mais Helen allait devoir confronter son mari un jour ou l'autre. En tout cas, la chirurgienne était ravie que son amie oriente la conversation vers un autre sujet. A ses yeux, le départ de Nina n'était pas une mauvaise nouvelle, Helen se posait simplement la question de "Pourquoi Diego ?" et pas quelqu'un d'autre. La chirurgienne était rassurée qu'elle ne parte pas seule en Afrique... après ce qui était en train de se passer dans sa vie, il valait mieux en effet qu'elle soit accompagnée. La présence masculine était d'ailleurs un plus à ses yeux, plutôt que féminine. « Je t’arrête de suite, c’est simplement parce que c’est lui qui m’en a parlé en s’inscrivant et parce qu’il est mon ami. Et je n’ai pas besoin de ton avis sur Diego. » « Tout doux ma belle, je ne sous-entends rien du tout par rapport à Diego. Il t'en a parlé, vous vous êtes inscrits en même temps, ok d'accord, c'est tout ce que je voulais savoir. Ne sors pas les griffes si vite. » La tension semblait visiblement apprécier la compagnie des deux femmes, qui peinaient à retrouver une atmosphère plus paisible. Pourtant, Helen ne voulait pas que Nina croit qu'elle imaginait quoique ce soit de plus qu'amical avec Diego. « Pour tout te dire, je suis contente que tu ne partes pas seule, et que ce soit lui qui t'accompagne, même si je ne le connais que de loin. » La chirurgienne n'était pas nécessairement proche de Diego, pour autant elle était à même de savoir qu'il s'assurerait que tout se passe bien pour sa meilleure amie durant ce bénévolat. « Tu te sens comment face à ce départ ? » Elle ne prétendait pas qu'elle fuyait ses problèmes, loin de là. La jeune femme était persuadée que cela lui ferait du bien et que ça l'aiderait à prendre du recul sur la situation, tout en s'occupant l'esprit. Ici, Nina était très certainement amenée à réfléchir continuellement à l'infidélité de Ruben, car tout de son quotidien devait lui rappeler la vie aux côtés de son mari. Helen en savait quelque chose.

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Elle a conscience que la conversation se veut paradoxale. Deux amies qui vivent l’exacte même situation et pourtant qui ont des réactions diamétralement différentes. Elle ne veut pas juger les émotions d’Helen ou sa manière de gérer les choses, ce serait entièrement déplacé. Mais Nina n’a jamais eu la langue dans sa poche, c’est plus fort qu’elle, les remarques fusent. C’est sa manière à elle de se secouer également. Rien ne se résoudra dans le silence et les reproches. Et quand bien même elle serait la première à critiquer les couples qui se sentent obligés de passer par la médiation conjugale, elle ne peut s’empêcher de penser que la communication reste nécessaire. Qu’importe la situation. Même s’il s’agit uniquement de se cracher des horreurs au visage pour se sentir un peu plus léger par la suite. « Je vais essayer de le faire... bientôt. » - « Même pour lui dire que c’est le dernier des connards. » Qu’elle souffle un brin amusée malgré tout. « Un ça libère, deux, ce sera jamais faux. » Elle hausse les épaules. Ce ne sera pas fait de gaieté de cœur, ça ne suit absolument pas la logique des choses, mais c’est une manière de faire avancer la conversation malgré tout.

« Tout doux ma belle, je ne sous-entends rien du tout par rapport à Diego. Il t'en a parlé, vous vous êtes inscrits en même temps, ok d'accord, c'est tout ce que je voulais savoir. Ne sors pas les griffes si vite. » Elle a réagi au quart de tour, bien trop habituée par les remarques de Ruben. Dans un regard, elle s’excuse. « Ruben fait constamment des remarques à son sujet. » Comme s’il en avait le droit. L’hôpital qui se fout de la charité et bien plus encore. « Pour tout te dire, je suis contente que tu ne partes pas seule, et que ce soit lui qui t'accompagne, même si je ne le connais que de loin. » Elle lui adresse un léger sourire malgré tout. « C’est quelqu’un de bien et il a besoin de partir, lui aussi. » Et surtout, elle a bien l’intention de se servir de ce voyage pour rappeler à Diego pourquoi il avait choisi cette profession plutôt qu’une autre. Ils bénéficieront tous les deux de ce voyage un peu inopiné. « Tu te sens comment face à ce départ ? » - « Bien. » C’est vraiment la première affirmation qui lui vient. « Je crois que j’ai besoin de m’éloigner un peu. » Pour faire le point, pour souffler un peu et se recentrer sur ce qu’elle fera par la suite. Pour ne pas s’enfoncer inutilement dans un désir de vengeance. « Je te tiendrais au courant. » Qu’elle promet à mi-mot. Il ne sera pas simple de communiquer, mais elle essayera de faire des efforts malgré tout. « Si tu parles à Sam. » Qu’elle ajoute comme une condition qu’elle veut presque comme non négociable. Elles ne se laisseront pas abattre par la condition que leur mari respectif leur impose, qu’importe le temps dont elles ont besoin pour agir par la suite.