Médiathèque de Brisbane. w/  @Olive Sterling

Norah a toujours eu une appétence pour les arts, et ce depuis qu’elle était enfant. Issue d’une famille aisée, elle avait eu la chance de pouvoir profiter d’un large panel culturel, touchant un peu à toutes les branches artistiques. Parmi ces dernières, quelques unes avaient su attiser l’attention de la petite Sawyer. Haute comme trois pommes, elle tirait sur la robe de sa mère pour qu’elle lui installe son kit de peinture sur la table de salle à manger. Si ses premières œuvres étaient approximatives et très figuratives, plus le temps passait et plus elle se débrouillait avec un pinceau. Plus tard, elle se découvrait une passion pour les arts de l’écran dans leur ensemble, entre autres le cinéma et les séries. Fascinée par toutes les manières de capturer un moment marquant, qu’elles soient statiques comme pour la peinture ou dynamiques avec les vidéos, Norah se demandait où étaient les limites. Cependant, malgré un certain potentiel et une curiosité débordante, elle sentait que, dans sa famille, l’art n’était qu’un passe-temps, au mieux un loisir et pas du tout une chose sur laquelle il fallait se concentrer trop longtemps. Toute son énergie devait être dirigée vers ses études et plus tard sur sa carrière, pour réussir sa vie. Alors, se sentant réprimée, la jeune Norah suivait la direction de ses géniteurs et reléguait la peinture et ses autres passions au second plan. Jusqu’à sa majorité et le moment où elle quitta le foyer familial pour entrer à l’université. Loin de l’influence parentale, elle retrouvait son goût de l’art et repratiquait dans son temps libre. Elle acheta un chevalet, commanda des toiles de temps à autre et se lança dans le podcast et même sur YouTube. Tout cela sans en parler véritablement à ses amis ni à sa famille et continuant à suivre la route tracée par cette dernière.

S’il y a bien quelque chose qui l’a suivie de sa jeunesse jusqu’à maintenant, c’est bien les livres. C’était une des seules occupations qu’elle pouvait avoir sans recevoir de remarques, la lecture étant nécessaire dans ses études. Les livres restaient un moyen pour Norah de s’évader et justement s’informer sur des domaines qu’elle apprécie et qu’elle aimerait connaître un peu plus. Si elle commence à être habituée à lire les codes et autres référentiels juridiques de par ses études, elle diversifie petit à petit ses lectures grâce à son abonnement à la médiathèque de Brisbane. C’est son rendez-vous du samedi avant de faire quelques courses au magasin, elle se laisse un moment pour errer dans les rayons de la bibliothèque et prendre un livre qui aura réussi à piquer sa curiosité. Elle se laisse facilement tenter par l’aile des ouvrages artistiques, même si elle ne dit jamais non à un polar ou même un thriller. Norah se baladait au milieu des rangés de livres, les regardait avec des yeux émerveillés. Elle retrouvait cette sensation d’antan, quand elle avait découvert pour la première fois le pinceau. Elle se sentit presque automatiquement attirée par les livres de peinture, estomaquée par la quantité d’ouvrages dédiés à cette thématique. En même temps, il y avait tellement de styles et de techniques différentes. Elle vient poser ses doigts sur la tranche d’un livre nommé « L’aquarelle pas à pas », peinant à l’extirper des autres livres qui l’encadrent. Agacée, elle force un peu plus pour finalement l’attraper, faisant trembler l’étagère sur laquelle il se trouvait. Aussitôt, un bruit sourd se fait entendre, venant de l’autre côté du meuble. Contournant la bibliothèque, elle aperçoit un livre aux pieds d’une femme. Elle comprit de suite que c’est elle qui a fait chuté le livre il y a quelques secondes. « Vraiment désolée, tout va bien ? », dit-elle, espérant qu’aucun dégât n’ait été fait.

Strategy sets the scene for the tale
 @Norah Sawyer  ☆ crédit/ sidearthgifs

Peu à peu Olive Sterling reprend goût à ces petites choses qui font du quotidien un plaisir. Pendant quelques années, elle avait eu l'impression de perdre toute appétence pour les activités extérieures. Préférant ainsi le confort de son foyer que la foule extérieure. Refusant même parfois de sortir le nez dehors de la journée par peur d'affronter le monde. Avec le temps et la solitude, Olive n'était devenue que le reflet d'une loque humaine incapable de faire quoi que ce soit que de broyer du noir. Mais peu à peu et à force d'un bon coup de pied aux fesses, Olive avait repris la volonté nécessaire à ne plus se laisser abattre. A faire de sa faiblesse, une vraie force, mais surtout à retrouver un semblant de normalité en osant accepter l'extérieur. C'était pour l'une de ses nombreuses raisons que la jeune Sterling était en route pour la librairie de Logan City. C'était un après-midi agréable qui promettait de l'être aussi pour la jeune femme. Le coeur battant la chamade, Olive traversa les rues paisibles à la recherche de son point d’atterrissage. Ce n'était pas encore évident d'être totalement à l'aise avec ce qui l'entoure, mais Olive avait au moins l'espoir de pouvoir s'en sortir sans trop de mal. Cela n'avait pas toujours été elle de toute évidence, pendant longtemps, elle avait trouvé du réconfort dans un environnement extérieur, passant même des journées entières à potasser ses cours de médecine sous l'ombre d'un arbre. Sans trop savoir ce qui avait chamboulé cette envie de voir le monde, Olive avait été découragé par le simple fait de répondre aux questions des autres, parce qu'au fond, elle-même n'avait pas toujours les réponses adéquats. Pire encore, elle passait bien trop de temps à mentir et à définir une vie qui n'était et qui ne deviendrait jamais la sienne, et tout cela, elle en avait assez. Alors oui, il avait été plus facile de se cacher.

La librairie lui offrait la cachette nécessaire pour être avec du monde tout en restant dans son coin, dans un silence rassurant. Cet endroit avait le don d'être apaisant pour elle, ce qui était clairement un plus dans ces temps troubles. Si cela ne lui faisait pas tant peur, Olive pourrait passer des heures et des heures à parcourir les étales à la recherche du roman qui pourrait faire chavirer son cœur.  Tentant tant bien que mal de ne pas longer les murs pour se faire discrète, Olive Sterling se dirigea vers sa partie favorite de la librairie, parcourant les étalages emplis d'amour et d'aventure à la recherche de la perle rare qui occuperait ses pensées pendant un petit temps. La lecture, c'était un moyen simple et concret d'évasion. Un moyen de voir le monde différemment avec sa seule imagination. Voilà un monde qui lui convenait parfaitement, où elle pouvait être qui elle voulait sans rendre de compte à personne, et surtout pas à papa et maman. C'était parfait et même idéale. Olive continuait de passer d'étales en étales, ne sachant trop sur quoi elle jetterait son dévolu. Cela viendrait, elle savait qu'à un moment ou un autre ce serait le bon. C'est un peu comme découvrir son âme-sœur finalement, mais à travers les mots. Passant son doigt sur la tranche de chaque ouvrage. Avec un temps de retard, elle entend le bruit sourd d'un livre qui tombe à terre, n'ayant pas réaliser qu'il venait de l'autre coté de sa propre rangée, trop fascinée parce qu'elle cherchait. L'Australienne tend la main pour ramasser l'ouvrage avant qu'une voix ne surgisse dans son dos la faisant sursauter. « Vraiment désolée, tout va bien ? » La jeune femme observe le livre, puis la nouvelle venue. « Plus de peur, que de mal. » Le livre n'avait aucune égratignure et elle non-plus. « Merci de vous inquiétez, et pardon pour le dérangement, j'ai du faire un faux-mouvement sans m'en rendre compte. » Ou peut-être qu'elle n'y était pour rien, à vrai dire, elle n'avait pas fait attention et étant de nature maladroite, cela était sûrement une mauvaise volonté de sa part. Au moins, personne n'était blessée.

Médiathèque de Brisbane. w/  @Olive Sterling

Norah craignait être l’origine d’un accident, en l’occurrence un accident dont l’arme du crime n’était autre qu’un simple livre. Une destinée tragique vraiment triste quand on y pense, presque ridicule. Il arrivait qu’elle se pose ce genre de questions. Est-ce que des gens sont déjà morts n ayant fait telle ou telle chose. Elle se souvenait d’une après-midi de vacances où toute sa fratrie était réunie autour d’une table pour jouer à un jeu. Un jeu sordide où chacun leur tour, il devait donner une cause de mort complètement stupide. S’il y avait des jeux beaucoup plus instructifs et passionnants que celui-ci, il aurait au moins eu le bénéfice de tous les occuper et de les faire passer un bon moment. Ce type de moment familial qui se faisait de plus en plus rare. Ce souvenir la traversa presque automatiquement lorsqu’elle entendit le livre tomber au sol. Peut-être que c’était elle, autour de la table, qui avait énoncé cette situation. Peut-être que c’est grâce à celle-ci qu’elle avait gagné la partie, d’où le fait qu’elle s’en souvienne si bien.

Ses pensées étaient tout aussi agitées que son corps, dirigée vers la source du bruit de l’autre côté de la rangée de livres où elle avait fait sa trouvaille. Dans un premier temps, elle fut soulagée de ne pas voir une personne – ou même plusieurs – à terre ou blessée. Elle ne vit qu’une jeune femme, toujours debout, quasi impassible vis-à-vis de ce qui venait de se passer. C’est plutôt l’étudiante en droit qui venait la déranger puisque sa prochaine interlocutrice sursauta lorsqu’elle vint lui demander comme elle allait. « Désolée de vous avoir fait peur, aussi. » Norah paraissait affolée, enchainait les maladresses. « Plus de peur, que de mal. » Si Norah semblait soulagée dans un premier temps, elle réitéra, par précaution. « Vous êtes sûre ? » Norah avait conscience qu’il y avait des blessures qu’on ne pouvait voir à l’œil nu. Peut-être que le livre lui était tombé sur la tête et qu’elle n’était plus lucide ? Ou peut-être qu’elle lisait beaucoup trop d’histoires farfelues sur les réseaux sociaux, ce qui est sûrement la plus probable des raisons. « Merci de vous inquiétez, et pardon pour le dérangement, j'ai du faire un faux-mouvement sans m'en rendre compte. » Elle sourit, soulagée de tomber sur une personne aimable et pas une qui aurait pu mal réagir. Malgré tout, elle lui répondit, sachant pertinemment que tout cela était arrivé par sa faute. « Oh non, c’est moi. Je voulais prendre un livre de l’autre côté et il était coincé entre deux autres. J’ai dû forcer un peu trop fort et ça a fait tomber ce livre de votre côté à vous. » Elle serra l’ouvrage sur les aquarelles dans ses bras, un peu gênée maintenant qu’elle exposait la vérité sur l’événement. Pourtant, elle évita les blancs, pour éviter le malaise général. « Pour me faire pardonner, je pourrais peut-être vous aider ou vous conseiller ? Je ne travaille pas ici mais j’ai l’habitude de venir, du coup je connais plutôt bien la boutique ! Vous cherchez un livre ou un genre en particulier ? » Si elle était assez maladroite, Norah avait le dialogue facile avec autrui et avait une réelle faculté à retomber sur ses pattes. Des qualités qui parviennent à compenser ce défaut.

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 @Norah Sawyer  ☆ crédit/ sidearthgifs

Ce n'était pas grand chose, du moins pas le genre de truc où il fallait en faire tout un plat et insulter la terre entière juste pour une histoire d'incompréhension. Olive, elle n'était de toute manière pas de la catégorie des personnes qui pouvaient s’énerver en un rien de temps. Elle était même de ceux qui s'excusent à la place de ceux qui ont commis la faute. De toute manière ce qui est fait et fait, alors il n'était pas question qu'elle en discute pendant des heures. Pire, qu'elle s'acharne sur quelqu'un dont ce n'était pas la faute directement. Olive elle prenait les choses avec legerté, peut-être trop parfois mais après tout, ce n'était que son propre problème rien de plus. « Désolée de vous avoir fait peur, aussi. » Cela l'avait surprise surtout de voir débarquer cette jeune femme du rayon d'à côté pour s'excuser. « Oh, je ne m'attendais juste pas à voir débarquer quelqu'un. » Olive émit un petit rire en songeant à sa réaction quand la jeune femme s'était plantée devant elle. Rien de bien surprenant finalement quand on connaissait l'Australienne. Du genre à sursauter pour une mouche. Sauf que ce n'était en rien un problème et qu'elle passerait facilement à autre chose. « Vous êtes sûre ? » Olive hocha vivement la tête de haut en bas. « Absolument certaine même, ne vous en faites pas, vraiment. » Il n'y avait pas de raison de s'en faire, heureusement, elle n'avait pas pris le livre sur la tête. C'était une bonne raison pour ne pas s'en faire davantage. Et puis Olive, elle pensait vraiment être la cause de cet accident, elle n'aurait pas pu mettre en doute les mots de la jeune venue. « Oh non, c’est moi. Je voulais prendre un livre de l’autre côté et il était coincé entre deux autres. J’ai dû forcer un peu trop fort et ça a fait tomber ce livre de votre côté à vous. » Une action qui aurait très bien pu arriver à Olive. « Un certain coup du destin alors. » Elle avait balbutier cette dernière phrase un peu dans sa barbe, parce que finalement, cette action était assez drôle. Assez pour lui faire prendre conscience que ce n'était vraiment rien et que le livre avait souffert plus que quiconque de cette chute. Sans ça, elle n'aurait eu comme seule compagnie que le silence de la bibliothèque, ce qui n'était pas mal non plus. « Pour me faire pardonner, je pourrais peut-être vous aider ou vous conseiller ? Je ne travaille pas ici mais j’ai l’habitude de venir, du coup je connais plutôt bien la boutique ! Vous cherchez un livre ou un genre en particulier ? » Olive hésita un moment surprise par cette demande. Elle coinça une mèche de cheveu rebelle derrière son oreille avant d’élucider la question. Olive, elle connaissait cet endroit comme sa poche, mais elle admettait que de nouvelles suggestions n'étaient jamais de trop quand elle ne pouvait plus avoir d'idée sur quoi lire. « Et bien, j'admets ne pas avoir spécifiquement d'aide pour une visite guidée étant une vieille habituée, mais je suis ouverte à une proposition de lecture. » Après tout sa passion pour les livres avait le don d'être précieux. Du moins pour elle, il n'était donc pas envisageable de renoncer à discuter livre, cela même si c'était avec une étrangère. Olive, ce n'était pas la personne la plus à l'aise avec les autres, sauf quand on abordait la lecture. Étrangement, à ce moment là, elle pouvait s'ouvrir complétement. La brune se racla la gorge. « Je suis Olive au fait. » Elle sourit tendrement à sa rencontre. Elle ne voulait pas être trop curieuse, alors elle laissa le choix à la nouvelle venue de se présenter ou non. Le reste suivrait à un moment ou un autre.

Médiathèque de Brisbane. w/  @Olive Sterling

Norah avait la fâcheuse tendance à se trouver dans des situations embarrassantes, qu’elle sn soit la cause ou non. Il est clair que lorsqu’elle était fautive, le malaise était encore plus perceptible. De manière générale, Norah était précautionneuse, évitait le plus possible les environnements où un accident pouvait très vite arriver car, en sachant de vécu, cela risquait d’être immémorable mais pour de mauvaises raisons. Elle se souvenait toujours de ce moment, il y a cinq ans, où elle se promenait dans les rues de Sydney avec des amis et il avait suffi d’une silhouette dans la ciel, un oiseau traversant la ville et déféquant sur sa route. Forcément, il fallait que le projectile tombe directement dans les cheveux de l’étudiante en droit. Sinon, c’était pas drôle. La malchance ou juste un aimant à catastrophe, ce n’était qu’un exemple parmi les nombreuses fois où elle avait connu cette sensation de malaise. Ici, c’était différent. Il n'était pas question d’un oiseau, ni d’un endroit où les regards pouvaient être rapidement tournés vers elle. Un accident de bibliothèque qui, même si elle en était l’initiatrice, n’était pas intrinsèquement de sa faute. Heureusement, plus de peur que de mal puisqu’il n’y a eu aucun blessé. « C’est vrai que c’est plutôt calme à ce moment, d’habitude. » Toujours un peu gênée par ce qui venait de se passer, elle ne disait rien de faux pour autant. La Sawyer était très routinière, avait tendance à se rendre à la bibliothèque sur le même créneau. Peut-être que le fait qu’il y ait peu de monde jouait là-dessus. S’assurant que son interlocutrice allait bien, elle semblait de plus en plus soulagée. « Ouf. Envoyer quelqu’un aux urgences – pour un livre qui plus est – ne faisait vraiment pas partie de ma to-do list de l’année. » Osant même l’humour, elle redevenait fidèle à elle-même, souriante et sociable.

« Oh ? Vous venez fréquemment ici ? » Curieuse lorsque la femme devant elle se présentait comme une vieille habituée, sa proposition avait beaucoup moins de valeur qu’elle l’aurait imaginée. Tout de même, son interlocutrice ne refusait pas sa recommandation. « Je ne suis pas une spécialiste de tous les genres mais je peux au moins vous conseiller sur mes favoris : les polars, la SF et les pièces de théâtre ! » Des choix à son image et qui montraient ses goûts différents mais complémentaires. Se dirigeant vers les rayons qu’elle venait de citer, elle en profitait pour se présenter convenablement après qu’Olive l’ait fait. « Norah. Enchantée. » Elle se balada entre les étagères et attrapa deux livres. Par chance les romans policiers et les œuvres de science-fiction étaient à côté. « Si comme moi vous aimez les histoires de meurtre et les énigmes, je vous conseille Midsummer mysteries d’Agatha Christie, qui fait partie d’une série de quatre livres où chacun couvre une saison de l’année. » Tendant le premier livre à son interlocutrice, elle présenta de suite le second. « Pour la science-fiction, La Cinquième Vague. Une adaptation est sortie en film il n’y a pas très longtemps mais les livres sont nettement meilleurs. » Elle fit un aller-retour, passant dans le rayon de la dramaturgie avant de revenir avec un troisième ouvrage. « Et enfin, Derrière l’horizon d’Eugène O’Neill. Cette pièce a été récompensée, à juste titre. » Elle prit une pause avant de reprendre. « Je ne sais pas s’ils peuvent vous intéresser ? A moins que vous préfèreriez d’autres genres ? » Si tel était le cas, Norah serait ravie d’en apprendre plus. Naturellement curieuse peut-être qu’elle se déciderait à tenter de nouvelles choses.

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 @Norah Sawyer  ☆ crédit/ sidearthgifs

 « C’est vrai que c’est plutôt calme à ce moment, d’habitude. » Olive ne pouvait que croire la demoiselle à ses côtés. Cela faisait maintenant trop longtemps qu'elle n'avait pas mis les pieds dans son endroit pourtant favoris. La bibliothèque était son temple, du moins, fut un temps. « Et c'est tout ce qui fait son charme. »  Elle adorait le calme et la sérénité de cet endroit. Même si oui, il faudrait vraiment qu'elle reprenne ses vieilles habitudes, c'est-à-dire revenir régulièrement dans cet espace qui a longtemps été sa safe place.  « Ouf. Envoyer quelqu’un aux urgences – pour un livre qui plus est – ne faisait vraiment pas partie de ma to-do list de l’année. »  La brune émit un petit rire en attendant la réponse de son interlocutrice. Effectivement, cette option ne l'aurait pas vraiment arrangé non-plus. « Heureusement, tout va bien. » Le livre ne l'avait même pas effleuré, ce qui était finalement une bonne chose. Déjà parce qu'il n'était pas question qu'elle remette les pieds à l'hôpital, et parce que ça aurait fait une histoire horrible à raconter aux autres. Tout allait bien et c'était la seule chose à retenir. « Oh ? Vous venez fréquemment ici ? » La brune grimaça à la question de la jeune femme. « C'était le cas oui. » Olive préféra jouer la carte la sincérité. Après tout, elle n'avait rien à cacher de particulier et dire que oui serait vite difficile à prouver. « Mais plus vraiment maintenant. » Et elle espérait que cela change. Elle espérait pouvoir retrouver la passion de la lecture pour reprendre le chemin de la bibliothèque quand son cœur lui disait. Pour l'instant, elle devait d'abord apprendre à sortir tout court de chez-elle. « Je ne suis pas une spécialiste de tous les genres mais je peux au moins vous conseiller sur mes favoris : les polars, la SF et les pièces de théâtre ! » Un large sourire se dessina sur le visage d'Olive lorsque la brune lui décrit ses genres préférés. Des œuvres qui pouvaient totalement être au goût d'Olive à n'en pas douter. « Et bien, j'suis totalement preneuse de l'un ou l'autre. J'dois dire que c'est absolument mes préférences. » Un goût pour tout ce qui n'était pas dans les basiques finalement. « Même si mon cœur peut totalement être renversé par un doux roman d'amour. » Certainement très cliché, mais totalement réaliste. Et puis, Olive avait facilement larme à l’œil, alors avec une histoire d'amour, elle pouvait vite créer un torrent. Olive emboita le pas de la demoiselle pour se diriger vers le bon rayon. « Norah. Enchantée. » Enfin elle pouvait mettre un prénom sur le doux visage devant elle, parfait. Elle la remercia d'un hochement de tête pour sa brève présentation. « Si comme moi vous aimez les histoires de meurtre et les énigmes, je vous conseille Midsummer mysteries d’Agatha Christie, qui fait partie d’une série de quatre livres où chacun couvre une saison de l’année. » Olive attrapa l'ouvrage entre ses mains, curieuse de ce qui allait suivre. En tout cas, elle en avait l'eau à la bouche. « Pour la science-fiction, La Cinquième Vague. Une adaptation est sortie en film il n’y a pas très longtemps mais les livres sont nettement meilleurs. » Elle se souvenait vaguement d'en avoir entendu parler, mais elle n'avait encore jamais eu l'occasion de pouvoir découvrir les bouquins. C'était donc l'occasion parfaite. Olive suivait la brune à travers les rayons, commençant à accumuler les livres dans ses bras. Décidément, elle aurait de quoi faire pour les prochains jours. « Et enfin, Derrière l’horizon d’Eugène O’Neill. Cette pièce a été récompensée, à juste titre. » - « Oh celui-ci je connais. Ce n'est pas ma préférée, mais j'ai adoré suivre l'histoire des deux frères. » Une pièce qu'elle avait dû lire lors de sa première année de médecine et qui avait laissé un goût plaisant à sa lecture. Même si oui, ce n'était clairement pas sa préférée. « Je ne sais pas s’ils peuvent vous intéresser ? A moins que vous préfèreriez d’autres genres ? » Olive émit un rire léger face à l'inquiétude de Norah. « Ne vous en faites pas, c'est absolument parfait. Et j'ai largement de quoi faire. » Elle lui sourit tendrement pour appuyer ses propos. « Mais à l'occasion, je serai ravie que vous puissiez me présenter d'autres œuvres. Et éventuellement, que nous puissions échanger sur ces merveilles. » Olive marqua une pause pour se gratter la gorge, espérant ne pas s'imposer de trop non-plus. Sa curiosité et son envie avaient dépassés ses propres mots, se rendant compte qu'elle allait peut-être trop vite en besogne. « Enfin, si vous êtes d'accord bien sur. »

Médiathèque de Brisbane. w/  @Olive Sterling

Jamais Norah aurait pensé faire une rencontre à la bibliothèque, encore moins dans ces circonstances. Mais avec du recul et après s’être assurée qu’Olive allait bien, la situation l’amusait beaucoup. « C’est justement pour ça que je viens à cette heure-ci ! » Les allées calmes voire vides lui offraient une expérience beaucoup plus profitable, parce qu’il n’y avait aucune nuisance si ce n’était son éternelle indécision. « Oh ! Et comment va le livre d’ailleurs ? J’espère que la chute ne l’a pas trop abîmé. » Personnifiant presque l’ouvrage, c’était à chacun de faire attention aux livres que proposait la bibliothèque, par respect pour ceux qui y travaillaient mais aussi pour les prochains lecteurs intéressés par ces derniers. Elle finit par apprendre que son interlocutrice connaissait déjà les lieux et elle ne put empêcher son âme curieuse de s’exprimer, surtout après sa proposition de lui faire visiter ses rayonnages favoris et lui recommander certaines lectures. « Est-ce qu’il y a des coins que vous aimez plus que d’autres ? » Elle apprendrait quelques instants plus tard qu’Olive appréciait les mêmes genres littéraires qu’elle, les livres romantiques en plus. « Pour le coup, je n’ai jamais donné de chance aux romans d’amour. Il faudrait peut-être. » Norah avait l’habitude de s’évader au travers des livres à dénouements multiples, car elle demeurait happée par les actions de chacun des personnages et leurs efforts pour se sortir de situations difficiles. Mais peut-être qu’elle devrait s’ouvrir à d’autres choses et le genre qu’évoquait son interlocutrice pourrait la sortir de sa zone de confort. Et si, en plus, il pourrait lui donner des solutions à sa situation amoureuse chaotique, elle serait définitivement preneuse.

« Je ne remplacerai pas les recommandations avisées d’un bibliothécaire, cela dit. Je ne suis à Brisbane que depuis quelques années, il y a encore de nombreuses choses qui me sont secrètes encore et tant mieux ! » Fouineuse et adoratrice de défis, Norah découvrait de nouvelles collections à chaque fois qu’elle y allait, de quoi satisfaire sa curiosité grandissante. Déambulant au milieu des étagères pour apporter trois livres qu’elle appréciait, elle se découvrait un certain plaisir à les présenter. Peut-être aurait-elle adoré travailler dans un tel lieu, dans d’autres circonstances. « Oh ? Quelle est votre pièce préférée de O’Neill ? Si ce n’est pas indiscret. » Un sourire alors qu’elle s’apprêterait sûrement à en découvrir davantage sur les œuvres du dramaturge, elle fut surprise par la proposition d’Olive, agréablement. Non pas peu fière d’elle que ses romans de cœur ait suscité l’intérêt d’une inconnue, discuter de livres lui paraissait être une bonne idée, surtout en compagnie d’une personne qui avait sensiblement les mêmes goûts littéraires qu’elle. « Ça me ferait très plaisir, même si je ne lis plus autant qu’avant. » Cela faisait quelques temps maintenant que Norah n’avait pas enchainé les lectures, à moins que les codes et autres textes juridiques comptent. Très occupée par ses études de droit, elle avait ralenti le rythme, un énième sacrifice pour l’avenir. Ainsi avait-elle peur de vite faire le tour et qu’elle n’ait plus rien à partager. « J’ai cru voir des dépliants sur un club de lecture à la bibliothèque avec des sessions libres. Est-ce que ça vous intéresserait ? » Une solution convenable pour Norah qui pourrait y participer de temps en temps, lorsque son planning lui permettrait mais aussi un moyen de créer un cadre pour de futures rencontres avec Olive. « J’avoue avoir pensé à le rejoindre, sans jamais sauter le pas. Surtout parce que je ne connaissais personne. » Un paradoxe pour une extravertie comme elle. C’est juste qu’elle était assez pudique sur ses passions, tout simplement.

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 @Norah Sawyer  ☆ crédit/ sidearthgifs

C'était agréable, il fallait bien le reconnaître tout de même. Olive n'était pas très à l'aise avec les autres personnes, elle avait plus tendance à raser les murs qu'autre chose la plupart du temps. Alors cette rencontre était réellement étonnante, et plutôt agréable. Cette fois étrangement, elle n'avait pas envie de fuir à l'autre bout de la ville pour éviter d'avoir une conversation avec quelqu'un. Devenait-elle différente avec le temps ? Commençait-elle à redevenir la jeune femme d'autrefois ? Cela était encore un mystère qui peut-être un jour aurait une réponse précise, pour l'instant en tout cas, elle souhaitait se concentrer sur le présent, sur ce qui était une réalité. « C’est justement pour ça que je viens à cette heure-ci ! » Olive ne pouvait que le comprendre parfaitement. La bibliothèque, c'était un bonheur sans nom quand on était une fan du silence et de la solitude. « Oh ! Et comment va le livre d’ailleurs ? J’espère que la chute ne l’a pas trop abîmé. » La brune scruta les différents angles du livre encore dans ses mains, vérifiant que rien ne lui était arrivé. « En tout cas, pas de séquelle visible. » Elle se mit à rire. Avec quelqu'un d'autre, cette conversation aurait sûrement été complètement loufoque.  « Est-ce qu’il y a des coins que vous aimez plus que d’autres ? » Olive hocha lentement la tête de haut en bas avant de confirmer ses rayons favoris. Du moins ceux qui avaient jusqu'à aujourd'hui un impact important pour la demoiselle. « Pour le coup, je n’ai jamais donné de chance aux romans d’amour. Il faudrait peut-être. » Olive aurait presque pu s'offusquer, mais elle savait que chacun avait également son genre et qu'il était parfois plus difficile d'accrocher à un genre ou un autre. « Parce que tu n'as jamais eu l'occasion de trouver LE roman ? » Parce que si tel était le cas, Olive accepterait la mission de lui faire découvrir ce genre avec le plus grand plaisir du monde. Elle s'en donnerait même à coeur joie. « Tu as juste à me donner ton aval, et on fonce vers l'amour pure et sincère. » Un nouveau rire à cette idée avant de se recentrer sur l'échange avec la brune. « Je ne remplacerai pas les recommandations avisées d’un bibliothécaire, cela dit. Je ne suis à Brisbane que depuis quelques années, il y a encore de nombreuses choses qui me sont secrètes encore et tant mieux ! » - « Bien sûr, mais il est aussi très intéressant d'avoir l'avis de quelqu'un d'autre. » Il était même important d'avoir l'avis de tout le monde. C'est pour cela qu'Olive aimait particulièrement échanger avec les autres. « Oh, vous avez encore beaucoup de choses à découvrir alors ? Depuis combien de temps êtes-vous ici ? » Olive espérait ne pas paraitre trop oppressante ou intrusive avec ses questions. A vrai dire, elle était surtout curieuse de pouvoir en apprendre davantage sur la jeune femme. Peut-être que finalement, Olive aurait l'impression que les relations amicales étaient ainsi faciles à mettre en route. Qu'il suffirait de quelques points communs et d'un joli sourire pour ne pas faire fuir la passionnée de littérature. Quelqu'un dans qui elle pourrait facilement se reconnaître pour une fois, et ne pas passer pour la barbante de l'histoire lui plaisait plutôt bien. « Oh ? Quelle est votre pièce préférée de O’Neill ? Si ce n’est pas indiscret. » Olive était heureuse de pouvoir aborder cet aspect de sa passion, surtout avec une nouvelle personne, et qui en plus était réellement intéressée par la réponse. « Mh, de toute évidence, je pense à "Une lune pour les déshérités" » Un choix particulier certes, mais qui à une certaine époque avait particulièrement touché la jeune femme. « Ça me ferait très plaisir, même si je ne lis plus autant qu’avant. » Cela, Olive pouvait parfaitement le comprendre. Ce n'était pas toujours évident de trouver du temps dans cette vie de dingue pour quelques lignes à lire. « Je ne vous force pas la main bien sur. » Olive haussa légèrement les épaules. Son but n'étant pas de devenir un fardeau alors que tout venait à peine de commencer dans cet échange. « J’ai cru voir des dépliants sur un club de lecture à la bibliothèque avec des sessions libres. Est-ce que ça vous intéresserait ? » L'idée fit pétiller quelques instants les yeux d'Olive qui n'avait pas du tout aperçu cette possibilité. C'était sincèrement un très bon choix, et cela permettrait à Olive de sortir de chez-elle tout simplement pour retrouver goût au partage. Un bon compromis. « Je trouve que c'est une bonne idée. De cette façon, pas de pression. » Et la brune n'était pas obligée de se retrouver seule avec les questions sans fin d'Olive sur une lecture particulière. C'était un bon compromis oui vraiment. « J’avoue avoir pensé à le rejoindre, sans jamais sauter le pas. Surtout parce que je ne connaissais personne. » Olive ne pouvait que facilement comprendre cela. « Et bien, si vous acceptez d'être mon binôme, je me ferai une joie d'être le vôtre en échange pour débuter. » Ainsi, elles pouvaient se serrer les coudes pour les premières séances. « Et puis, ça nous permettra d'échanger nos avis avec d'autres passionnés. Que vous ne soyez pas ainsi dans l'obligation de lire des romans à l'eau de rose. » Elle marqua une pause avant de rajouter. « Même s'ils sont passionnants. » Un rire léger. Voilà qu'Olive se projeter dans de nouveaux plans. C'était insensé et sûrement dingue, mais cela lui faisait le plus grand bien. « Vous, mh, vous voulez bien qu'on échange nos numéros ? J'me dis que ce serait plus facile pour notre prochain échange, enfin pour le début au club de lecture bien sûr. » Elle n'oserait importuner Norah pour aucune autre raison, même si à cet instant elle avait déjà l'impression de trop en faire. C'était tout nouveau après tout, et peut-être qu'au fond, la jeune femme voulait juste mettre rapidement un terme à tout cela. Olive pinça ses lèvres, croisant les doigts pour ne pas se faire rejeter trop douloureusement.