can a heart be broken twice ?

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Ugo ☆   @Valentina De Luca  

Gallerie of broken hearts
Il frappe à la porte de son bureau et quand il l’entend dire pouvoir ouvrir la porte, il laisse passer d’abord sa tête puis son corps avec un sourire idiot aux lèvres. Elle semble surprise de le voir et elle a toutes les raisons du monde de l’être. Ils ne sont plus mariés. Ils sont divorcés. Ils ne se voient plus pour les pauses déjeuners et ce depuis des années. Il ouvre davantage la porte et entre dans son bureau. « Prends tes affaires, je te paie le déjeuner », dit-il en tapant dans ses mains pour lui faire comprendre que c’est bel et bien le moment de s’autoriser une pause. Il veut prendre soin d’elle. Il doit prendre soin d’elle. C’est son rôle même si les vœux prononcés lors de son mariage sont caducs depuis le divorce.

Têtu, il ne lui laisse pas le choix. Et c’est une fois dehors qu’il tourne finalement la tête vers elle pour prendre la direction du centre-ville. A pieds. Le temps est frais mais rien de révoltant même pour ces deux sangs-chauds. Marchant l’un à côté de l’autre, la scène est presque surréaliste. « Dis moi que j’ai bien fait de venir te sortir de ton bureau … que sinon tu y serais restée toute la journée sans voir le moindre rayon de soleil.  » Il a un petit sourire en coin car c’est sa manière à lui de lui faire comprendre que même s’il n’est pas tout le temps, il est là pour elle. Il le sera toujours. Et alors qu’il la regarde, il aperçoit une affiche et lui donne un petit coup du plat de la main sur l’avant-bras pour désigner d’un geste de la main l’affiche qui mentionne « gallery of broken hearts ». « C’est quoi ce truc ? », qu’il demande à lui-même et aussi un peu à Valentina. Apparemment il y a pas mal de monde qui s’y rend … à ce musée des cœurs brisés. Il n’a pas entendu parler de cet événement. Son fils ne lui en pas parlé non plus. Étrange. Apparemment, ça attire pas mal de monde et certains ont même l’air de trainer derrière eux un sacré paquet de lest … ils entrent le cœur lourd et semblent en sortir le cœur léger.

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts Quand Ugo frappe à mon bureau, mon regard est perdu sur l’écran de mon ordinateur. J’ai des tonnes de mails à lire. Quand j’étais sortie de l’hopital, le médecin m’avait prescrit un arrêt de travail d’une semaine et j’avais été incapable de rester plus de 10 minutes sur un écran pendant ma convalescence. Résultat des courses : j’avais un boulot monstre à abattre. Je lève les yeux de mon écran et un petit sourire apparaît sur mes lèvres quand j’aperçois mon ex-mari. Je ne devrais pas être si heureuse de le voir débarquer … Même avant notre divorce, ça faisait des années qu’il ne m’avait pas fait la surprise de venir me chercher ainsi. « Prends tes affaires, je te paie le déjeuner » - « Si c’est toi qui invite, je peux pas refuser. » plaisantais-je. Je prends ma veste que j’enfile ainsi que mon sac à main et mon portable.

Je fais signe à ma secrétaire que je reviens dans une heure et nous pouvons sortir. L’air est frais et je me félicite d’avoir pris un truc chaud. On est en Australie mais le vent du mois de Juillet est toujours très frais. Malgré toutes ces années passées ici, je ne m’y fais toujours pas. « Et c’est en quel honneur cette invitation ? » le questionnais-je alors que nous nous mettons en marche, mes talons aiguilles tapant contre le pavé. « Pas que je m’en plaigne hein ! » crus-je bon de préciser parce que je ne voulais pas que ce soit mal interprété. J’étais contente de le voir et surprise bien sûr. « Dis moi que j’ai bien fait de venir te sortir de ton bureau … que sinon tu y serais restée toute la journée sans voir le moindre rayon de soleil. » Je penche la tête sur le côté, ne pouvant pas cacher ma petite moue coupable. « T’as bien fait. Je croule sous le boulot et comme c’est toi qui a les enfants cette semaine, j’allais en profiter pour rentrer tard du boulot. » C’était pas très malin compte tenu des derniers évènements mais je ne voyais pas comment je pourrais rattraper mon retard sinon. J’affiche un sourire en coin, « Tu devrais pas autant t’inquiéter pour moi. » Ce n’était plus son rôle, j’avais perdu ce privilège – celui de l’avoir comme « superman personnel » - depuis un moment mais j’appréciais qu’il veuille prendre soin de moi.

Je tourne la tête pour regarder l’affiche qui était derrière moi et qui semblait l’intriguer. « C’est quoi ce truc ? » - « Aucune idée. » répondis-je. Le musée des cœurs brisés. Bah dis-donc, il nous correspondait bien celui-là de musée. « Tu veux qu’on aille prendre un bagel dans le restaurant d’en face et après on va voir ce que c’est ce truc ? ça m’intrigue, ça a l’air de ramener du monde. » lui proposais-je.

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Ugo ☆   @Valentina De Luca  

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« Et c’est en quel honneur cette invitation ? Pas que je m’en plaigne hein ! » Ugo hausse les épaules et lève les sourcils avec un léger sourire amusé. « Depuis quand il me faut une excuse ? », qu’il demande sans perdre son sourire parce que c’est vrai, depuis quand a-t-il besoin d’une excuse pour inviter son ex-femme à déjeuner ? La vraie raison est qu’il s’inquiète, tout comme les enfants d’ailleurs. Alors, c’est un moyen pour lui de jeter un coup d’œil et s’assurer qu’elle va bien. « T’as bien fait. Je croule sous le boulot et comme c’est toi qui a les enfants cette semaine, j’allais en profiter pour rentrer tard du boulot. » « C’est ce que je me disais --- une idée de génie ! » « Tu devrais pas autant t’inquiéter pour moi. » Et, il répond du tac au tac : « compliqué de faire autrement, Val. » Compliqué oui car il avait en effet également les enfants sur le dos et qu’il se souvenait un peu trop bien du regard des deux monstres quand il avait précisé que « maman est à l’hôpital, elle va bien, elle doit juste se reposer ». Il avait vu et lu la panique.

« Aucune idée. Tu veux qu’on aille prendre un bagel dans le restaurant d’en face et après on va voir ce que c’est ce truc ? ça m’intrigue, ça a l’air de ramener du monde. » « On fait comme ça --- ce serait con de louper le dernier truc à la mode! », il laisse échapper un éclat de rire parce que son côté has been était souvent soulevé par son aîné. Ils traversent finalement la rue et se retrouvent dans ce petit local où ils peuvent se prendre un bagel. En tant que gentleman, il paie comme convenu et quand il se retrouve face à elle, il se rend compte qu’ils n’ont toujours pas parlé de cette fausse couche. « Et sinon --- comment ça va ? comment tu vas ? » Il cherche son regard. Un sourire timide. Elle comprendra de quoi il parle exactement.

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts J’avais une petite idée sur la véritable origine de cette invitation, « Depuis quand il me faut une excuse ? » mais j’apprécie sa façon de tourner les choses. J’étais, cependant, consciente que mes enfants s’inquiétaient pour moi. La première nuit où je suis rentrée de l’hopital, les enfants ont insisté pour dormir chez moi plutôt que chez leur père. Oui même mon ado rebelle qui devenait un homme avait tenu à dormir à la maison. Ils étaient restés tous les deux à regarder un film avec moi, Bobby avait beaucoup jeté de coups d’œil dans ma direction et Maya s’était blottie contre moi toute la soirée. Je suis certaine qu’ils auraient dormi au salon toute la nuit si je ne les avais pas réveillé pour qu’ils aillent se coucher. Plus tard pendant la nuit, alors que j’avais éteint depuis une petite dizaine de minutes, Maya était venue me rejoindre, enroulant son bras autour de ma taille et j’avais par m’endormir en écoutant sa respiration près de mon oreille. Le lendemain, elle avait prétexté un cauchemar dans la nuit pour être venue me rejoindre.

Ugo aussi s’inquiétait même si je pensais avoir perdu le droit d’être un sujet d’inquiétude pour lui. « compliqué de faire autrement, Val. » Je tourne immédiatement mon visage vers lui, grimaçant légèrement. « Les enfants ont parlé avec toi ? Bobby me dit rien, il a pas voulu reparler de ce qui s’est passé et je … ça m’inquiète. Est-ce qu’il en a parlé avec toi ? » le questionnais-je, « Je veux pas lui forcer la main, l’obliger à me parler à moi mais c’est important qu’il puisse en parler … » j’aurais préféré que ce soit avec moi mais s’il n’y arrivait pas, je n’allais pas forcer les choses. « Et Maya … elle finit toujours par venir dormir avec moi au milieu de la nuit… » ça n’avait pas lieu d’être mais je me le reprochais d’inquiéter autant mes enfants.

Sur le chemin, nous finissons par tomber sur une affiche qui intrigue Ugo autant que moi au final et nous convenons d’aller chercher un bagel avant d’aller découvrir ce truc. « On fait comme ça --- ce serait con de louper le dernier truc à la mode! » Je lève un sourcil avant de laisser échapper un éclat de rire, complice. Notre fils nous le disait si souvent qu’on était plus dans le coup. Un privilège de parents ça. « Je te suis. » Nous traversons et, comme promis, il me laissa choisir mon bagel et me le paya. Mon bagel au saumon en fait, je croque dedans et j’ai presque l’impression qu’il hésite à me demander quelque chose. « Et sinon --- comment ça va ? comment tu vas ? » Je déglutis difficilement. Il allait bien falloir qu’on parle de ça. J’essaie de lui adresser un sourire rassurant. « ça va. Les médecins ont dit que je n’aurais pas de séquelles physiques. » Comme si, tout à coup, ça avait de l’importance que mon utérus soit intact. Ce n’est pas comme si je projetais de faire un bébé de toute façon. « Je pensais pas que j’aurais pu tomber enceinte … » comprendre, à mon âge. ça faisait même deux ans – depuis le divorce … tiens coïncidence… ou pas ! – que je n’avais plus de contraception, persuadée que je n’en aurais plus jamais l’utilité. Baissant le regard quelques secondes pour observer mes pieds – regarder partout sauf vers lui – je finis par me gratter l’arrière du crâne. « C’est bête … ça m’a fait quelque chose, j’ai été … triste. Ça m’a fait penser qu’il y a quelques années, j’aurais aimé en avoir un troisième. » Peut-être pas si idiot que ça. Ça me ramenait à ce désir de maternité qui n’avait pas été exaucé, ça m’avait ramené des années en arrière … Je ne me souviens même pas si on avait parlé avec Ugo d’un troisième enfant à l’époque. « Je sais même pas pourquoi je te parle de ça … désolée.» me confondais-je en excuses. Dans tous les cas, je m’étais sentie bizarre.

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« Les enfants ont parlé avec toi ? Bobby me dit rien, il a pas voulu reparler de ce qui s’est passé et je … ça m’inquiète. Est-ce qu’il en a parlé avec toi ? » « On en a un peu parlé, oui. » « Je veux pas lui forcer la main, l’obliger à me parler à moi mais c’est important qu’il puisse en parler …» « Il viendra t’en parler une fois qu’il sera rassuré ou alors il n’en parlera plus car il verra que tu vas mieux. C’est juste un gamin un peu inquiet pour sa mère. » «Et Maya … elle finit toujours par venir dormir avec moi au milieu de la nuit… ? » Il lui sourit. « Donne leur encore quelques jours, voire quelques semaines et ils redeviendront les monstres qu’ils sont … crois-moi. » Il se veut rassurant.

Prenant place face à son ex-femme, il déjeune là où ils avaient eu habitude se retrouver … il y a une éternité. Et, finalement, c’est dans ce lieu public qu’il balance la question la plus intime qui soit : comment ça va ? « Ça va. Les médecins ont dit que je n’aurais pas de séquelles physiques. » C’est une bonne nouvelle, non ? Il acquiesce. « Je pensais pas que j’aurais pu tomber enceinte …» Sept ans les séparaient. Sept années. Et en la regardant, il se demandait où étaient ces sept années. À ses yeux, elle était la même que celle qu’il avait rencontré des années auparavant. « C’est bête … ça m’a fait quelque chose, j’ai été … triste. Ça m’a fait penser qu’il y a quelques années, j’aurais aimé en avoir un troisième. » Il relève la tête vers elle, cesse de mâcher quelques secondes, pour la fixer. Elle aurait aimé avoir un troisième enfant. D’où venait cette information ? Pourquoi n’était-il pas au courant ? « Je sais même pas pourquoi je te parle de ça … désolée. » « Je ne savais pas --- pour ce troisième enfant, que tu y avais pensé, que tu aurais aimé --- je savais pas. » Il essaie de s’en souvenir mais non rien ne lui revient en mémoire concernant un troisième enfant. Est-ce qu’il aurait aimé en avoir un troisième ? aucune idée. Les enfants étaient désormais grands. Il en était satisfait. Il aurait aimé, lui, profiter de cet après. Pouvoir laisser Roberto s’occuper de sa sœur et partir en vacances avec sa femme …. Il secoue la tête. « C’est moi qui suis désolée, Val. »

« Et pour être honnête … ça m’a fait quelque chose à moi aussi. »

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts Les enfants ont parlé avec leur père. Ça me soulage qu’ils aient cette échappatoire et je ne peux m’empêcher de sourire. Il me tarde qu’ils redeviennent ces deux monstres. La dernière chose que je veux c’est qu’ils s’inquiètent pour moi. Ce n’est pas leur job, c’est le mien. J’ignore si, comme le dit Ugo, Bobby viendra me parler mais je sais qu’il en aura parlé à son père. Et c’est le plus important.

Les habitudes ont la vie dure, nous nous retrouvons à déjeuner sur ce banc que nous avons maintes fois utilisé par le passé. Il finit par me demander comment je vais. Evidemment qu’il allait falloir que je finisse par en parler. Je lui confirmais que physiquement je n’aurais pas de séquelles. Psychologiquement, c’était plus délicat. Ça avait remué beaucoup de choses. Pas que j’aurais voulu un autre enfant maintenant parce que c’était simplement de la folie maintenant que Bobby et Maya étaient grands, s’embarquer une nouvelle fois dans les couches et les nuits sans sommeil. Non, bien sûr que c’était pas envisageable du tout, seulement ça avait remué des choses. La corde sensible. Cette envie que j’avais eu d’avoir un troisième enfant. J’y avais pensé à l’époque et je ne me souviens même pas si j’en avais parlé à Ugo. Ce dernier me confirme que non. « Je ne savais pas --- pour ce troisième enfant, que tu y avais pensé, que tu aurais aimé --- je savais pas. » Je lui jettes un rapide coup d’œil puis je baisse la tête tout aussi rapidement avant d’afficher un sourire triste. « Quand Maya a eu 3-4 ans, oui j’y ai pensé mais je pense pas t’en avoir parlé. C’était une idée comme ça … 4 ans d’écart, c’était bien … Bobby et Maya s’entendaient bien alors j’y avais pensé mais la vie a fait qu’on a eu d’autres priorités : le travail et nos enfants nous comblaient déjà de bonheur alors j’ai fini par abandonner l’idée j’imagine. » Et puis, nous avons fini par nous éloigner, je l’ai trompé … C’était pas notre destin d’avoir ce troisième enfant, voilà tout. « C’est moi qui suis désolée, Val. » Je lève la tête puis hausse les épaules, « Ne le sois, c’est pas ta faute. » Ni la mienne en fin de compte. Mes enfants sont tout pour moi, j’ai adoré pouponner mais je suis aussi contente de passer à l’étape supérieure, de les voir grandir – même si c’est trop rapide – et devenir de belles personnes. L’italien n’est pas responsable de mon absence de communication ni même de cette fausse couche. Physiologiquement c’est plus possible et bordel ça fait mal, mais j’ai pas le choix ! « Et pour être honnête … ça m’a fait quelque chose à moi aussi. » Oh ! ça, en revanche, je ne m’y attendais pas. « Ah oui ? » demandais-je, désireuse d’en savoir plus sur le fond de sa pensée.

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Gallerie of broken hearts
« Quand Maya a eu 3-4 ans, oui j’y ai pensé mais je pense pas t’en avoir parlé. C’était une idée comme ça … 4 ans d’écart, c’était bien … Bobby et Maya s’entendaient bien alors j’y avais pensé mais la vie a fait qu’on a eu d’autres priorités : le travail et nos enfants nous comblaient déjà de bonheur alors j’ai fini par abandonner l’idée j’imagine. » Je l’écoute et l’évocation de ses souvenirs m’emmène directement à cette époque, l’époque où nous étions une famille, une vrai famille, celle des comédies romantiques clichés. Je nous revois, à quatre. Nous étions heureux et un troisième enfant n’aurait pas fait tache au paysage, pas le moins du monde. Créer une équipe de football ne m’aurait pas dérangé mais je ne pensais pas une seule seconde à l’époque qu’un troisième enfant, une nouvelle grossesse puisse être au goût du jour. Parler aurait été la clef et cette clef, il semblerait que nous l’avions déjà perdu. J’acquiesce silencieusement à son « j’imagine ». Nous ne manquions de rien. Nous étions complets. Je détourne le regard pour fixer un point vide devant moi. L’étions-nous vraiment ou est-ce la preuve que nous étions déjà en train de nous éloigner l’un de l’autre ?

Désolé, je le suis.
Désolé de ne pas avoir vu, ne pas avoir demandé.
Désolé de cette perte. Désolé qu’elle ait à traverser ça.
Désolé, je le suis pour tout.

« Ne le sois, c’est pas ta faute. » Vraiment ? La faute à personne, peut-être mais je n’ai rien fait pour que ça aille mieux, que les choses s’arrangent. Et, je finis par lui avouer. A moi aussi, ça a fait bizarre. L’annonce d’une potentielle grossesse. L’idée qu’elle puisse être enceinte, que l’on puisse construire quelque chose, que l’on puisse créer la vie, nous deux, encore. « Ah oui ? » « Oui », finis-je par dire en essuyant mes mains après avoir fini ce déjeuner. Je m’adosse un peu plus contre le banc, cale mes coudes sur le dossier de part et d’autre de moi, prétendant être à mon aise pour ce genre de confidences. « Certain que ça m’a surpris, pas vraiment le genre de nouvelle que l’on attend quand on se rend à l’hôpital pour s’assurer que son ex-femme n’est pas en train d’avoir une crise cardiaque », je lui dis ça avec un sourire parce que l’évocation de crise cardiaque avait été l’interprétation panique de l’aîné et qu’un ex-mari n’aurait sans doute pas couru comme je l’avais fait, « ça m’a fait bizarre, ouais. Je ne sais pas si j’étais triste ou en colère mais ça m’a fait quelque chose. » J’hausse les épaules et tourne la tête pour l’observer. « L’idée qu’on puisse peut-être encore fait quelque chose de bien », je ris, « on peut dire ce qu’on veut, on a crée des petites merveilles … elles sont parfois chiantes mais ça reste des merveilles. » Je lui offre un sourire rassurant et sans me déplacer, mon bras se rapproche d’elle pour que mes doigts caressent simplement son bras. Un geste banal, anodin. Juste quelques secondes.

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts Pourquoi est-ce que j’en parle avec Ugo maintenant ? Cette fausse couche surprise avait remué tant de choses en moi … en nous en fin de compte. C’était la surprise totale. Je ne suis pas stupide, je sais ce qui se passe quand deux personnes font l’amour mais franchement, tomber enceinte maintenant ?? La dernière chose que je souhaitais, c’était remuer le couteau dans la plaie, hors c’est exactement ce que je faisais. Ce troisième bébé que j’avais désiré, plus que ce que je voulais bien admettre, Ugo n’aurait pas dû le savoir. C’était de l’histoire ancienne, pas un truc que tu évoques avec ton ex-mari. Ex-mari qui n’est, d’ailleurs, pas sensé accourir à l’hôpital quand tu fais un malaise. Peu importe que les médecins suspectent une crise cardiaque ou pas. Un ex-mari ne s’inquiète plus pour son ex-femme, mais nous ne faisons rien de logique tous les deux.

« Certain que ça m’a surpris, pas vraiment le genre de nouvelle que l’on attend quand on se rend à l’hôpital pour s’assurer que son ex-femme n’est pas en train d’avoir une crise cardiaque » Un petit sourire en coin se dessine au coin de mes lèvres avant de grimacer : « J’ai vraiment fait peur à Bobby… » Je m’en étais déjà rendue compte mais qu’Ugo parle de crise cardiaque, c’était sûrement les mots de notre fils qui avait dû avoir la peur de sa vie. « ça m’a fait bizarre, ouais. Je ne sais pas si j’étais triste ou en colère mais ça m’a fait quelque chose. » j’acquiesce et l’écoute attentivement, comprenant qu’il ne sache pas trop identifier les émotions qu’il a pu ressentir. Moi aussi j’étais sonnée pendant plusieurs jours. Et j’avais beaucoup pleuré tant à cause de la tristesse d’avoir perdu Carmine, la panique que j’avais ressenti lorsque je n’arrivais plus à respirer correctement qu’à cause de la perte de ce bébé dotn j’ignorais complètement l’existence. J’avais ressenti un mélange d’émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres. « Je comprends. » …que ce soit compliqué pour toi. « L’idée qu’on puisse peut-être encore fait quelque chose de bien » Je lève un sourcil comme pour confirmer ses dires. « on peut dire ce qu’on veut, on a crée des petites merveilles … elles sont parfois chiantes mais ça reste des merveilles. » Et je ris en même temps que lui, remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. « En tout objectivité, »  pas du tout ! « Nos enfants sont parfaits. Et ils sont devenus parfois chiants parce que c’est des ados et que le travail d’un ado, c’est de rendre ses parents cinglés, mais sinon ils sont parfaits. » Je suis le cliché de la mama latine, je le sais ! « Mais attention à pas trop le dire, sinon ils vont l’utiliser contre nous. » Un nouveau rire tandis que mon regard se focalise sur son sourire rassurant puis sur ses doigts qui me caresse doucement le bras. C’est subtil, ça ne dure pas plus de quelques secondes mais ça suffit à me faire frissonner. Je pourrais mettre ça sur le compte de la légère brise qui souffle mais Ugo ne serait pas dupe. « Merci… »  lui dis-je simplement. D’avoir été là pour moi, d’avoir accouru, de m’avoir consolé, de m’avoir pris dans tes bras au moment où j’en avais besoin… Un je t’aime au bord des lèvres que je me retiens d’exprimer. A la place, je tourne la tête vers la foule qui s’agglutinait vers la galerie des cœurs brisés. « On va le visiter ce machin des cœurs brisés ? » proposais-je. Surtout ne pas tourner la tête pour éviter de céder à la tentation de lui voler un baiser, là en pleine rue où n’importe qui pourrait nous voir.

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Ugo ☆   @Valentina De Luca  

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« En tout objectivité, nos enfants sont parfaits. Et ils sont devenus parfois chiants parce que c’est des ados et que le travail d’un ado, c’est de rendre ses parents cinglés, mais sinon ils sont parfaits. » Je ne peux qu’acquiescer à cette remarque. On nous en avait parlé quand on s’était plaint des nuits blanches, puis des crises dentaires, des premières maladies … l’adolescence allait nous achever et ils y arrivent pas mal, les deux. Les voir grandir, devenir des mini-adultes, s’épanouir, c’est une expérience à part entière … une expérience que j’aurais aimé pouvoir partager avec Valentina, au lieu d’échanger autour d’un bagel. Les choses auraient dû se passer autrement. On aurait dû mieux faire. J’aurais dû mieux faire. « Mais attention à pas trop le dire, sinon ils vont l’utiliser contre nous. » Mon rire rejoint le sien et je claque des doigts pour lui faire comprendre qu’elle met le doigt sur une vérité.

Son « merci… » flotte quelques instants dans l’air. Je n’y réponds pas. Je ne réagis pas. Mais, je l’apprécie à sa juste valeur.

« On va le visiter ce machin des cœurs brisés ? » Je tourne la tête dans la direction de ce « machin des cœurs brisés » et acquiesce d’un signe de tête. Mes mains se posent sur mes propres cuisses pour me lever d’un bond, lui faisant comprendre que nous pouvions nous mettre en marche. Aucune idée de ce que nous allons y découvrir mais ça nous occuperait pendant la pause déjeuner et nous permettra d’avoir une anecdote à raconter si jamais les collègues nous demandaient ce que nous avions faits. C’est donc l’un à côté de l’autre que nous nous frayons un chemin parmi les autres cœurs brisés. Mon regard se perd sur les traits parfois apaisés, parfois tirés de ceux qui entrent et sortent. Ok, apparemment, c’est du sérieux cette histoire. Je prends le bras de Valentina pour qu’elle reste à côté de moi et qu’elle puisse m’accompagner dans la découverte de ces divers objets qui semblent représenter des histoires d’amour, des anecdotes … bonnes ou mauvaises, des symboles d’une fin en tout cas. « OK --- c’est du sérieux, y’a pas mal de monde qui prend ça au sérieux … », je désigne d’un signe de tête une personne qui pleure à chaudes larmes. Trop selon moi. Je n’ai jamais compris pourquoi la pudeur était si compliquée dès qu’il s’agissait de sentiments amoureux. Mon regard se pose sur les traits de Valentina, et je vois un voile de tristesse traverser son regard. Aussitôt la paume de ma main se pose dans son dos. Un geste rassurant. « Tout va bien ? »

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts Nos enfants devenaient grands et ça serait mentir que de dire que je n’avais dans l’idée d’en discuter avec Ugo autour d’un bagel acheté au coin de la rue. J’appréciais son geste et le fait qu’il se soucie de moi mais … j’avais imaginé autre chose. Avant le divorce, j’avais imaginé des week-ends en amoureux, Bobby qui serait en mesure de garder sa sœur quelques heures, des après-midi spa rien que tous les deux … J’aimais mes enfants, je donnerais ma vie pour eux et sans la moindre hésitation, mais de les voir grandir, m’avait donné envie de redécouvrir mon (ex !! – oupsi) mari et nos envies communes. Dans l’idéal, je ne me serais pas imaginée divorcer de l’homme de ma vie mais plutôt continuer ma vie avec lui, nous redécouvrir corps et âmes, profiter de nouveaux restaurants et parfois les confier à mes parents pour s’échapper pendant quelques jours ; voire les laisser à sa mère à lui pour nous échapper quelques jours en Italie, ce pays qu’il m’avait appris à aimer. Et à la place, que faisons-nous ? On se retrouve dans un vide-grenier de cœurs brisés ? Est-ce que c’était le karma qui se payait notre tête ? Parce que ce putain de Karma s’était suffisamment payé ma tête ces derniers temps non ? Sérieusement ? Visiter le vide-grenier des cœurs brisés avec mon ex-mari que j’aimais toujours ??!!

Et Ugo semblait s’en être rendu compte que ça n’allait pas. « Tout va bien ? Sa main chaude se posa dans mon dos, et je reçus comme une décharge électrique qui me tira de mes sombres pensées. « … Je crois. » hésitais-je, tout en regardant autour de nous. Ce n’était pas mon genre d’étaler mes sentiments devant du monde, alors ce qui se passait sous mes yeux me dépassait un peu. J’étais une femme pragmatique, je ne gardais pas de vieux souvenirs par peur de regretter de ne plus l’avoir. Si je voulais me débarasser de quelque chose, je le faisais après y avoir réfléchi. Je ne regrettais jamais ce que je décidais. presque. Je regrettais amèrement d’avoir accepté de divorcer, d’avoir brisé le cœur du seul homme qui a jamais compté … C’est pourquoi, il fallait que je sois honnête avec lui. « Ugo… » Sans oser lever les yeux vers lui, je regarde la foule se masser autour des stands. Je ferme les yeux quelques secondes, inspire longuement et déglutis avec difficultés.  « Carmine … il n’était pas qu’un ami. » je conclu. Oh il méritait que je le dise que c’était mon amant, mais encore fallait-il que cette boule que j’avais au fond de la gorge et qui m’empêchait de parler, s’évapore.

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Ugo ☆   @Valentina De Luca  

Gallerie of broken hearts
Je n’ai pas l’arrogance de penser pouvoir lire sur ses traits quand elle ne va pas bien, quand elle s’inquiète, quand ses pensées la tourment … comment pourrais-je avoir cette arrogance alors que je n’ai pas été conscient de son mal-être, ni même conscient de son adultère ? Aveugle, j’avais été aveugle et voilà que j’essaie de me rattraper du mieux que je peux en devenant attentif au moindre froncement de sourcils, au moindre frisson ou plissement de nez. « … Je crois. » La réponse est claire, elle ne va pas bien… Après tout, comment pourrait-elle aller bien après ce qu’elle traverse ? N’est-ce pas avoir un manque de tact certain que de le lui demander ? Je ne la quitte pas du regard tout comme ma main ne se détache pas de son dos … Bien au contraire. Ma main réchauffe et caresse avec tendresse son dos alors que je me demande si c’est cet endroit qui remue le couteau dans la plaie, dans notre plaie … « Ugo…. », je fronce les sourcils en la voyant se transformer. Elle n’ose même pas me regarder, son regard s’ancre dans le sol comme si elle essayait d’y trouver une issue de secours. Quelque chose ne va pas du tout et le fait qu’elle commence par un Ugo … ça n’annonce absolument rien de bon. A mon tour d’avoir la gorge serrée, d’avoir le sentiment d’être suspendu au-dessus du vil, retenu par un minuscule fil qu’elle s’apprête à couper… pourvu que la chute ne soit pas fatale. « Carmine… il n’était pas qu’un ami. » Mes sourcils se froncent. Je me fige, surpris de voir ce prénom surgir de nulle part. Ma main a cessé ses mouvements dans son dos. Je digère. J’analyse. J’interprète. Il n’était pas qu’un ami. Il était un collègue … il était un … ? Mes sourcils se froncent davantage et ma main se détache subitement de son dos comme si je viens de toucher une plaque de cuisson brûlante. Un geste de recul. Un pas de recul. Je cherche son regard pour essayer de m’assurer comprendre ce qu’elle est en train de me dire, de me confier à demi-mots. « No », un souffle. Je ne veux pas le croire, je ne peux pas le croire. Les scènes du passé me reviennent. Carmine. Cette élégance. Cet accent. Ce type avait passé bien trop de temps avec elle. Je lui avais même serré la main à un défilé … est-ce que déjà à cette époque ? La nausée. J’ai envie de vomir tout comme j’ai envie de hurler. Ne pas connaître l’identité de cet homme avait été une torture à laquelle je m’étais habitué … connaître son identité et la voir le pleurer. « Tu es en train de me dire que c’est ce type qui était … », ton amant, mais je ne peux pas le prononcer, je serre les dents, « et tu le pleures comme … », une veuve éplorée ? La jalousie se propage dans mes veines, dans chaque parcelle de mon corps. La jalousie me diabolise. La jalousie ne rend pas beau. La jalousie, ça vous ronge de l’intérieur. « Et moi comme un con, je te réconforte alors que tu pleures le type qui … » couchait avec toi pendant que je m’occupais des enfants. Je serre les dents. Mes paroles ne sont que murmures.

Le musée des cœurs brisés.
Il porte bien son nom cet endroit.

« Pourquoi tu me dis ça ? Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Tu crois quoi, Val ? Que je vais te prendre dans mes bras et te dire que je suis désolée que ton amant est mort ? » Oh, ma bonne conscience me souffle au creux de l’oreille combien je suis affreux … mais la jalousie, les amis, la jalousie a pris le contrôle.

Can a heart be broken twice ?
@Ugo De Luca ☆ Valentina
Event Brisbane Together

Gallery Of Broken Hearts Qu’est-ce que je croyais ? Qu’il comprendrait ? S’il y a bien un défaut que nous avions en commun avec Ugo, c’était notre jalousie. Les latins avaient le sang chaud, ce n’était pas qu’un cliché. Lui comme moi, pouvons nous montrer incisif, voire cruels quand ça nous touchait. Sa main si réconfortante quitte précipitamment mon dos et, c’est idiot, mais je ressens ce vide au plus profond de mon être. « Tu es en train de me dire que c’est ce type qui était … » Je ferme les yeux quelques secondes, mon cœur est prêt à exploser, ma gorge est serrée et l’étau qui me comprimait la poitrine est revenu. « mon amant. » complétais-je. Je ne le disais pas pour enfoncer le couteau dans la plaie, par pur sadisme, je le disais parce que c’était nécessaire de dire la vérité toute nue et bien moche. Je ne pouvais pas espérer améliorer mes relations avec lui si je ne me montrais pas honnête. Totalement honnête.

« et tu le pleures comme … » - « Comme je pleure un ami qui a été là pour moi ! » répondis-je au tac-o-ta parce que je crois que je ne voulais pas entendre ce qu’il avait en tête. « Et moi comme un con, je te réconforte alors que tu pleures le type qui … » Je tourne enfin la tête vers lui et plante mon regard dans le sien. « Bien sûr que non, t’es pas un con … » soufflais-je. Mon premier réflexe aurait été de lui prendre la main mais je sais aussi les limites à ne pas franchir. Il serre les dents, il contient sa colère et moi j’encaisse, j’essaie de garder mon calme. « Pourquoi tu me dis ça ? Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Tu crois quoi, Val ? Que je vais te prendre dans mes bras et te dire que je suis désolée que ton amant est mort ? »

Cette fois, je l’entraine un peu à l’écart de la foule, prés d’un emplacement qui n’est pas utilisé. « Pourquoi maintenant ? Parce que j’arrivais pas à parler à l’hopital, voilà pourquoi. » Je cherche son regard, peine perdue je le sens tellement en colère que je ne sais même pas s’il est en mesure de m’écouter. « J’ai pas pleuré mon amant, j’ai pleuré un ami. Un ami qui a été assassiné Ugo ! On a retrouvé son corps dans la Tamise, il a été enlevé, voilà pourquoi j’ai pleuré ! » Et ça n’était déjà pas une explication suffisante ? « Je veux pas de ta pitié ou de ta compréhension, j’essaie juste d’être … honnête avec toi ! Quoi que t’en penses, Carmine était un ami. Un ami sur lequel je pouvais compter … » Sur lequel je pouvais compter … mon dieu, je ne pouvais pas utiliser une plus mauvaise tournure de phrase. J’espérais juste que l’italien n’allait pas rebondir dessus.

« On a arrêté de se voir comme ça à partir du moment où tu as décidé qu’on allait divorcer. » finis-je par dire. L’aveux qu’une fois qu’il avait découvert ce que je faisais et qu’il ne se batte pas pour me récupérer, cette relation extra-conjugale n’avait plus lieu d’être. Parce que c’était de ça qu’il s’agissait : qu’il le remarque, qu’il me remarque vraiment et qu’il redevienne mon mari, celui dont j’étais tombée amoureuse au premier regard. C’était ça entre nous, une évidence au premier regard, une attraction immédiate. « Et il n’y a eu personne d’autres. » Au cas où il se poserait la question. C’était pathétique. J’aurais pu en profiter – comme lui l’avait fait tiens tiens la jalousie …. - et pourtant, j’en avais pas été capable. Mon corps, mon âme n’en voulait pas.

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Ugo ☆   @Valentina De Luca    

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A l’écart, elle pense sans doute pouvoir parler, expliquer, justifier … me convaincre que tout ça n’est pas si terrible, que sans doute je surréagis et que finalement, il y a un type mort dans l’équation. Je me moque royalement de l’endroit où nous nous trouvons comme des potentiels regards curieux. Je tiens à préciser que c’est un putain de musées pour cœurs brisés alors si on avait besoin d’intimité, elle aurait dû me balancer ce détail ailleurs. Nous sommes exactement à la bonne place pour parler à cœur ouvert. « Pourquoi maintenant ? Parce que j’arrivais pas à parler à l’hôpital, voilà pourquoi. » Une part de moi veut la comprendre. Oh oui, une part de moi veut être l’ex-mari compréhensif, celui qui cherche toujours une explication valable au moindre faux-pas. Mais l’autre part de moi est plus bruyante, plus forte. Elle fait plus de bruit et me souffle au creux de l’oreille de ne pas l’écouter, de ne surtout pas la regarder car … tout le monde sait comment je réagirais si jamais mon regard venait à croiser le sien. « J’ai pas pleuré mon amant, j’ai pleuré un ami. Un ami qui a été assassiné Ugo ! On a retrouvé son corps dans la Tamise, il a été enlevé, voilà pourquoi j’ai pleuré ! » Est-ce que je suis un monstre si je précise que je ne ressens rien … ? rien du tout. Pas de peine. Pas de compassion. Pas d’empathie. Pas de pitié. Ce type est à mes yeux un rien. Sa mort, son enlèvement, un non-événement. Stoïque, je pose finalement mon regard sur Valentina, levant un sourcil comme si ces paroles ne signifient rien. « Je veux pas de ta pitié ou de ta compréhension, j’essaie juste d’être … honnête avec toi ! Quoi que t’en penses, Carmine était un ami. Un ami sur lequel je pouvais compter … » Mon regard s’écarquille. Je me fige et bien trop sensible, je prends ça pour une insulte, un reproche, une foutue comparaison avec ma propre personne. Elle pouvait compter sur lui. Pas sur moi. Pas sur son mari. Mais sur lui. « On a arrêté de se voir comme ça à partir du moment où tu as décidé qu’on allait divorcer. Et il n’y a eu personne d’autres. »

« Oh donc je suis la raison de l’arrêt de cette romance ? C’était bien moins excitant une fois que c’était autorisé et que ce n’était plus fait derrière mon dos ? » Je ferme les yeux et réplique aussitôt avant qu’elle ne réponde quoique ce soit : « tu sais quoi, oublie --- oublie ce que je viens de dire. » Un soupir. « Je ne veux pas et ne vais pas te consoler. Je ne vais pas sécher tes larmes ou essayer d’apaiser ta peine, Val. Je peux pas et je ne veux pas. » Je glisse les mains dans mes poches, m’empêchant le moindre geste potentiellement tendre … « T’es ici au bon endroit --- pour faire ton deuil --- », que je lance en bon enfoiré d’ex-mari jaloux.

« Je vais retourner bosser --- » Abruti fini !

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@Ugo De Luca ☆ Valentina
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Gallery Of Broken Hearts Vous savez ce qui est pire que l’égo surdimensionné du mâle italien ? La latina blessée. Elle, elle se dit qu’elle n’a plus rien à perdre. Dès l’instant où je commence à me justifier, je sens qu’il n’est pas attentif, qu’il s’en fout complètement de ce que je peux raconter. Et ça m’agace, ça me met même en colère qu’il puisse cracher à ce point sur la mort d’un être humain. Tout comme une très infime partie de moi comprenait qu’il soit en colère, qu’il puisse même être jaloux que je pleure celui qui a participé à ruiner notre mariage. Parce qu’avec lui ou sans lui, notre mariage se brisait. Ça aurait peut-être pris de temps mais il aurait fini par exploser parce qu’on s’était trop éloigné, parce que je l’aurais pas supporté de le savoir si près physiquement mais si loin en même temps. Carmine a été l’accélérateur de cette explosion, le carburant qui a mis le feu, notre éloignement avec Ugo a fait exploser le tout. Pourtant, une fois le poteau rose découvert, nous avons immédiatement mis fin à notre relation. D’un commun accord, sans cris, sans pleurs, sans regrets … Carmine avait compris qu’il n’était qu’un pansement tout comme j’avais compris que j’avais été le sien parce qu’il avait été quitté du jour au lendemain par son ex-fiancée. Nous nous étions soutenus tout simplement et il m’avait regardé quand je me sentais transparente et inutile.

« Oh donc je suis la raison de l’arrêt de cette romance ? C’était bien moins excitant une fois que c’était autorisé et que ce n’était plus fait derrière mon dos ? » Je lui lance un regard noir. Je n’essaie pas de me défendre, il me condamne déjà. IL est complètement aveuglé et je ne peux pas lutter contre ça. « tu sais quoi, oublie --- oublie ce que je viens de dire. » Je déglutis avec difficulté. J’étais épuisée mentalement par ces derniers jours, « Je ne veux pas et ne vais pas te consoler. Je ne vais pas sécher tes larmes ou essayer d’apaiser ta peine, Val. Je peux pas et je ne veux pas. » L’envie de lui asséner qu’étant donné qu’il ne veut plus rien de moi depuis des années, ça ne changerait pas grand-chose, est forte mais j’essaie de me retenir avant de dire des choses que je risque de regretter. Je suis fatiguée, moi non plus, je n’ai plus envie de l’écouter. Mon corps le montre bien. Sans m’en rendre compte, je recule d’un pas, sa proximité m’est trop douloureuse. « T’es ici au bon endroit --- pour faire ton deuil --- » Le coup de trop. La remarque acerbe de trop. Je sens mon sang littéralement bouillir et je n’ai qu’une envie c’est le gifler. Pourtant, je ne suis pas violente mais il le mériterait là. « Je vais retourner bosser --- » - « Te donnes pas cette peine. » lui dis-je d’une voix froide. « C’est moi qui m’en vais d’ici. J’ai rien à déposer ici, moi. J’irais à l’enterrement de mon ami, parce que c’était mon AMI. »  réitérais-je même si je savais que ça ne servait à rien de le répéter. « Contrairement à toi, je me suis pas mariée à Vegas avec la personne sur laquelle je fantasme depuis mon adolescence. »  Il croyait être le seul en colère ? Je l’étais aussi. J’étais folle de rage contre lui, désabusée aussi … Des limites avaient été franchies aujourd’hui, et j’étais certaine d’être incapable de revenir en arrière. Mon regard se plongea dans le sien. J’essayais vraiment de retenir cette colère en moi, cette tristesse aussi mais j’étais aussi consciente d’avoir les yeux brillants de larmes. Des larmes qui ne couleraient pas en sa présence, je me le jurais. « Je m’en mords les doigts d’avoir cru qu’on aurait droit à notre seconde chance. » Et c’est sans lui laisser l’occasion de dire quoi que ce soit d’autre que je le contournais pour sortir d’ici, essuyant avec rage la seule larme qui coulerait de ma joue aujourd’hui.

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Ugo ☆   @Valentina De Luca    

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« Te donnes pas cette peine. C’est moi qui m’en vais d’ici. J’ai rien à déposer ici, moi. J’irais à l’enterrement de mon ami, parce que c’était mon AMI. » J’agite la main, qu’elle fasse ce qu’elle veut … « Contrairement à toi, je me suis pas mariée à Vegas avec la personne sur laquelle je fantasme depuis mon adolescence. » Je marmonne quelque chose en italien, agacé. « Oh ne reviens pas avec ce foutu mariage à Vegas, --- j’étais divorcé, j’étais bourré et j’avais le droit de me marier à Sav en me comportant comme un gamin … quand tu étais avec ton ami, Val, c’était un peu différent. » Je prononce ces paroles et me rend compte que le simple fait d’avoir un visage sur cet amant inconnu ravive les plaies. Je l’imagine maintenant. Je les imagine s’échanger quelques mots quand nous nous sommes croisés. Je deviens paranoïaque et c’est cette jalousie qui me bouffe de l’intérieur. « Je m’en mords les doigts d’avoir cru qu’on aurait droit à notre seconde chance. » Et, j’ignore son regard mouillé … bien trop aveuglé par ma colère.

Elle disparaît et aux oubliettes les confidences du déjeuner.

Je me retrouve seul comme un con dans ce musée des cœurs brisés, le cœur lourd. Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je décide de faire quelques pas dans cet endroit … peut-être que marcher m’aidera à me détendre … tu parles ! erreur fatale. Cet endroit est parsemé de souvenirs … des souvenirs qui ne m’appartiennent pas et pourtant les souvenirs des autres me rappellent nos souvenirs … des vacances, des dîners, des éclats de rire, une naissance, un mariage, un ticket de concert … Valentina a toujours fait partie de ma vie. Elle fera toujours partie de ma vie ; j’en ai besoin autant que j’en ai envie et pourtant je suis incapable de lui courir après …

Ego surdimensionné blessé, je suis en train de panser mes plaies au lieu de panser les siennes … Les mains dans les poches, j’en sers le ticket de caisse de ce déjeuner … ce qui avait été une étreinte avec nos habitudes passées devenait désormais le déjeuner passé ensemble avant que je ne piétine son cœur. un abruti. Je suis le roi des abrutis.

FIN