walk through the fire
@Asher Thornhill - crédit/azianxpersuasionwrites

9 mai 2024

Plusieurs options se sont offertes à Izan lorsqu’il a découvert que son ex petit-ami avait adopté le chat qu’ils prévoyaient, il n’y a pas si longtemps, de recueillir ensemble, et dans le panel de toutes les émotions disponibles dans son cerveau, ce n’est pas bien surprenant de constater qu’il a fait le choix tout à fait irréfléchi de la colère, qui a filé dans ses veines comme un mauvais poison distillant un parfum de révolte. Il a balancé son téléphone de l’autre côté du canapé sitôt que la photo est apparue dans son feed, lui produisant une bouffée de nervosité qui avait obscurci jusqu’à sa vision pendant quelques secondes ’’Tocard.’’ qu’il a marmonné entre ses dents serrées, ravalant difficilement sa salive en fixant un point invisible devant lui, ses paumes appliquées contre ses joues en ne sachant pas très bien si ce sont ses doigts ou la peau de son visage qui subit un tremblement de coeur. C’est risible, dans le fond, le pianiste le sait pertinemment mais ça l’énerve au point qu’il est incapable de se concentrer sur autre chose pour le reste de la matinée : dans son esprit corrompu par la rancoeur et la culpabilité, l’anglais n’avait tout simplement pas le droit, sans reconnaître que son autorité n’a d’emprise que sur sa propre personne et que les autres ne sont pas obligés de jouer selon ses lois, surtout quand il est lui-même coupable d’un crime dont il se sait indéfendable. Il aurait pu - cela aurait été plus simple pour tout le monde - l’ignorer, balayer purement et simplement cette information troublante sans la laisser prendre des proportions aussi gargantuesques, ou même s’attendrir du fait que, même séparé de lui, le guitariste a souhaité conserver ce pan de leur histoire auprès de lui mais, c’est encore et toujours la colère qui ressort victorieuse des noeuds émotionnels qu’il se fait : parce que la colère est titanesque chez lui, qu’il n’est pas un homme mais un volcan fait de chair et que sous sa peau bouillonne de la lave en fusion qu’il s’efforce quotidiennement d’endiguer avec des barrages pour ne pas brûler tout ceux qui l’entourent mais, lorsque la porte de l’appartement de l’anglais s’ouvre sur le visage de son ancien amant, il ne retient pas l’éruption et balance un ’’Mon chat.’’ sec et expéditif, qui se passe des banalités dont, pour l’instant, l’impoli se fout royalement. Ou du moins, c’est l’idée qu’il aime brandir autant pour son interlocuteur que pour lui-même ; parce qu’il ne peut décemment pas admettre que son coeur se froisse des sentiments qu’il porte encore mais qu’il aimerait piétiner, puisque l’homme qui lui provoque (encore) cet émoi amoureux est le même qui l’a profondément blessé, et la fusion des deux émotions aux pôles contradictoires lui provoque une tiédeur douloureuse, dont il tente de rédimer les élans sur sa figure même si on sent très clairement que même lui n’est plus tellement sûr de vouloir s’attarder sur le palier, même s’il préfère se faire arracher les dents avec une pince rouillée plutôt que de l’avouer. ’’T’aurais pu changer son nom, au moins.’’ au moins qui est tout aussi hasardeux que le reste, puisqu’il est toujours debout devant la porte entrouverte à éviter soigneusement du regard l’homme qu’il aime encore et toujours, et qu’il s’efforce de détester malgré la culpabilité peu glorieuse qui commence à lui murmurer qu’il est sacrément tordu de débarquer à l’improviste pour réclamer un chat qui n’est pas le sien - heureusement qu’il est doué pour ignorer cette petite voix ’’Je veux le récupérer.’’ qui est bien moins une demande qu’une exigence sans négociation envisageable, et qui lui donne suffisamment de contenance pour qu’il daigne enfin poser les yeux sur celui qui ne quitte point ses pensées, et dont l’empreinte ne s’efface(ra) pas en son coeur. Jamais.

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@Asher Thornhill - crédit/azianxpersuasionwrites

9 mai 2024

« pardon? » comme Izan espère ne pas avoir à répéter ce qu’il vient de dire, puisque lui-même n’est plus très sûr de la légitimité de sa requête, il se contente d’un regard hésitant qui se pare d’une froideur factice pour appuyer l’assurance qu’il lui faut maintenir pour ne pas perdre la face, tout en essayant déjà de trouver une parade suffisante à sa survie dans ce milieu qui lui est émotionnellement hostile. Car maintenant qu’il a fait tout ce chemin et qu’il a déjà toqué à la porte de son ex sans discernement, autant aller jusqu’au bout de la connerie qu’il est en train de faire « Eclipse, ça a toujours été son nom et tu le sais très bien. » le pianiste le sait très bien, oui, mais ça ne l’empêche pas de froncer ses sourcils en relevant l’une de ses mains dans un geste qui accompagne sa réponse, prononcée sur le même ton que la précédente ’’Il me semble que celui qui voulait l’adopter, à la base, c’est moi.’’ et s’il arque un sourcil, c’est seulement pour appuyer le fait qu’il dit la stricte vérité, même si ladite vérité lui donne l’impression d’être un enfant qui fait un caprice pour obtenir un jouet dont il ne voulait plus, et qui le désire de nouveau maintenant qu’il est agité par les mains d’autrui « Non. » le refus catégorique tend ses épaules en même temps qu’il prend une fine inspiration nasale pour tenter de retrouver un peu de calme, même si c’est un état qui lui échappe peu à peu dans ces circonstances, puisqu’il a l’impression que mille abeilles ont envahi l’intérieur de son coeur pour le picorer avec gourmandise ; revoir Ash après leur séparation n’était peut-être pas l’idée du siècle mais, comme toujours, il a été aveuglé par sa colère et a oublié de réfléchir. « il est la seule chose qui me permet de continuer de respirer et de ne pas devenir fou alors je le garde. » comme il se retient de rectifier que ce qui lui permet de respirer ce sont ses poumons et non le chat, puisqu’il se doute que ce n’est pas le moment d’être le petit con qu’il sait très bien être, Izan détourne le regard en même temps qu’il congédie aussi bien sa mauvaise foi que ses mauvaises paroles, ne sachant pas très bien qui il blesserait le plus dans cette histoire de toute façon « tu me manques Izan. » le murmure lui fait l’effet d’une douche glacée alors que, curieusement, l’aveu inattendu lui est presque douloureux ; il avait bien entendu espéré que le manque soit réciproque, mais il n’avait pas anticipé que l’anglais le formulerait aussi naturellement. Ses yeux trouvant tout à coup que le sol mérite une examination prolongée, il mordille le coin de sa lèvre inférieure en laissant ce corps qu’il aime tant s’éloigner, ne trouvant pas l’abnégation nécessaire pour le rattraper, ni la force essentielle pour reconnaître que Ash lui manque aussi ; le pianiste craint de voir le mur de sa défense s’effondrer s’il commence à le morceler d’aveux de faiblesse.

Face à la porte entrouverte, le musicien hésite un instant à faire demi-tour pour retourner chez lui, sans prolonger davantage l’instant qui est pour le moins déconcertant ; ce ne sont pas des retrouvailles mais pas non plus des règlements de compte, puisque même Izan n’est même pas sûr de savoir exactement ce qu’il est venu chercher ici - ce qui complique radicalement les choses, dans les faits. Est-ce qu’il a vraiment envie de voir le chat qui a motivé sa descente colérique jusqu’ici ? Il n’est pas certain que ce soit une bonne idée mais, il se sent tellement idiot sur le palier qu’il finit par faire un premier pas dans l’appartement, s’apprêtant à le prévenir qu’il lui laisse mais, la pochette de son album attire son attention et il se met à la fixer durant de longues secondes sans pouvoir l’éviter. Évidemment. Il n’est pas naïf au point de croire que l’existence de cette déclaration amoureuse en musique aurait pu échapper bien longtemps à celui qui lui a inspiré chaque morceau, mais force est d’admettre qu’il aurait préféré ne pas découvrir son album sur la table, puisqu’il a doublement l’impression d’être un idiot, maintenant ’’J’te le laisse, ouais.’’ qu’il prononce d’un ton détaché mais d’une voix tremblante, qui trahit les émotions qui se battent pour gagner la souveraineté sur son visage ; paraissant hésitant, il apporte sa main à son front pour repousser brièvement ses boucles brunes, avant de s’engager sur le terrain de l’aveu maladroit et spontané, pour lequel il aurait dû réfléchir avant de libérer ses paroles qu’il regrette presque instantanément ’’Avant de partir, il y a quelque chose que je dois te dire.’’ pourquoi éprouve-t-il le besoin soudain de le mettre au parfum de la bêtise commise avec Helen ? Ce n’est nullement l’engagement d’une honnêteté transparente puisque, dans les faits, ils étaient séparés et il ne lui doit rien, Izan, mais il est déjà trop enrôlé dans sa révélation pour effectuer une manoeuvre de repli, et peut-être que, dans un versant moins avouable, il a l’impression de tenir sa revanche par ce biais. ’’J’ai couché avec Helen. Le soir de notre rupture.’’ il se rend compte, en le prononçant, que c’est la chose la moins délicate qu’il ait dit et il est un peu le spécialiste en la matière ; mais existe-t-il une façon plus noble d’avouer une telle chose ? Semblant toujours hésitant, il égare ses yeux à gauche et à droite avant de finalement remonter ses billes mordorés sur le visage de son interlocuteur, point fier de son erreur mais déterminé à l’assumer, puisqu'il se doute que la colère de Ash va tout à coup trouver un écho en la sienne. La trahison est consommée des deux côtés, à présent. Tu vois, moi aussi j’peux te blesser.

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@Asher Thornhill - crédit/azianxpersuasionwrites

9 mai 2024

Izan est presque sûr qu’il n’a pas traversé la ville, à l’origine, pour cracher des mots aussi perfides au visage de son ex petit-ami. Presque. Parce que l’instant qui suit la révélation qu’il vient de formuler, il y a comme un flottement agréable qui traverse le paysage de ses émotions chaotiques et emmêlées, comme s’il venait d’abattre l’ultime carte pour remporter la partie alors que la défaite le guettait. Impossible, pour un mauvais perdant tel que lui, d’admettre qu’il a été trahi et manipulé pendant des mois sans montrer le moindre signe de rébellion, n’ayant pas suffisamment d’indulgence pour épargner celui qui doit se prendre la nouvelle avec la force d’un semi-remorque lui fonçant dessus au beau milieu de la nuit. Mais il ne s’agit pas d’un jeu et, à l’évidence, personne ne ressort véritablement vainqueur de cet échange, si bien que l’idée de revanche est rapidement consumée par la culpabilité qui pointe le bout de son nez sitôt qu’il voit l’expression se flétrir sur le visage de l’homme qu’il aime, mais qu’il malmène par une méchanceté dont il se sait être l’hôte lorsqu’il est lui-même blessé, car sa meilleure défense reste l’attaque.

« tu dis ça juste pour me faire du mal ou quoi?  » prétendre l’inverse serait mentir, même si cela ne met pas en avant un pan glorieux de sa personnalité, si bien qu’il garde le silence en le laissant seul décisionnaire de la réponse qui ne vient pas, puisqu’il ne sait pas s’il doit enfoncer le clou ou s’abstenir d’ouvrir la bouche une nouvelle fois « tu…? je pensais qu’il n’y avait rien entre vous. » il lit la souffrance et la colère mélangées sur le visage de son ancien amant, et il devine, avec une netteté parfaite, à quel point les sentiments douloureux le frappent de l’intérieur. Il le sait puisqu’il s’est retrouvé, presque à la même place, dans ce même appartement, quelques jours plus tôt, à vivre la même désillusion via une trahison similaire. Il n’en est pas fier, Izan, mais pas besoin de nier qu’il a pas l’impression d’une forme de réparation dans cette justice cruelle : tu m’as fait du mal, je t’en fais aussi. « ça fait longtemps qu’il y a quelque chose entre vous? » il est tenté, un court instant, de lui laisser croire qu’il y a bien quelque chose entre lui et sa meilleure amie mais, force est de constater qu’il est moins mauvais qu’il le pensait, puisque lui asséner un tel mensonge ne trouve aucun judicieux dans son coeur qui, peut-être, cherche enfin à l’épargner ’’Il n’y a rien entre elle et moi, c’était une erreur. Elle était tout aussi mal que moi, les choses ont dérapé parce qu’on était tristes et en colère. Mais la tromperie émotionnelle c’est ton domaine, j’te le laisse ne t’inquiète pas.’’ - « Si c’est par vengeance, je ne t’ai jamais menti. Avec Nate, il ne s’est jamais rien passé. On a jamais couché ensemble ni même embrassé et ce, même avant qu’on se connaisse tous les deux. » il l’entend mais les mots ne ricochent pas avec vérité, mais il essaye, de toutes ses forces, d’occulter la méfiance installée dans son coeur qui se refuse à le croire ; son menton de gauche à droite se secoue lentement tandis qu’il baisse les yeux pendant quelques secondes, juste avant qu’il avoue un ’’Je n’arrive pas à te croire.’’ qui est prononcé, cette fois, sans froideur et sans artifice de distance, puisqu’il s’agit d’un simple aveu de désespoir : il aimerait croire en sa bonne parole, mais la confiance brisée l’empêche de lui accorder la moindre sincérité « tu me détestes à ce point? »  autant que je t’aime les bras croisés contre son torse pour contenir le flot d’émotions qui commencent à s’accumuler derrière la rive de sa peau, il lève un regard attristé sur l’homme dont il ne parvient pas à se défaire, mais dont il ne peut supporter la proximité, en ayant l’impression que la sensation est tout à fait réciproque ; vient-il d’enterrer définitivement leur histoire avec cet aveu, qui ne relève rien d’autre que l’acte de deux personnes envahies par le chagrin et la colère ? Porter seul cette responsabilité lui semble injuste, mais ce n’est pas la première fois qu’il a le mauvais rôle, n’est-ce pas. ’’N’essaie pas de te faire passer pour la pauvre petite victime éplorée. Moi, au moins, j’ai pas attendu sept mois pour te dire la vérité. Tu veux me faire passer pour le méchant de l’histoire ? Soit. Mais toi et moi on sait très bien qu’il ne se serait rien passé entre elle et moi si t’avais pas menti durant tout ce temps.’’ c’est tout aussi injuste de remettre la faute de sa propre connerie sur le dos de Ash, mais dans son esprit, les deux évènements sont liés par un fil invisible : jamais, ô grand jamais, il n’aurait été dans les bras d’Helen si son homme ne lui avait pas fait cette putain de révélation à la con. « Je te souhaite une belle vie avec elle. Vraiment, vous êtes beaux ensemble! » il hausse ses sourcils en retenant un rire mauvais, aussi amer que la situation qu’ils vivent actuellement ’’Je viens de te dire qu’il n’y avait rien entre Helen et moi, mais, ouais, on va dire ça. J’dois te souhaiter la même chose, du coup ?’’ un petit silence douloureux qui ricoche avant que l’ironique ’’Belle vie à tous les deux.’’ se fasse entendre, et qu’il lui lance un dernier regard emplit de reproches silencieux avant de quitter son appartement, avec la douloureuse sensation que c'est la dernière fois qu'il voit l'homme qu'il aime, et qu'il aimera toujours.