Everybody needs somebody. w/  @Axel Hartmann

Il y avait ces jours où les rencontres étaient plus faciles à faire que d’autres, que ce soit en termes de quantité ou de qualité. Du fait de sa nature sociable, Norah profitait de ces phases pour se laisser surprendre. Ce fut notamment le cas d’Axel, le vendeur de la boutique de comics avec qui – bien qu’ils s’étaient déjà repérés – elle avait passé une après-midi quasi entière à parler bande dessinée, parsemée de moments où ils jouaient ou se cherchaient. Le feeling s’était installé si bien qu’ils continuèrent à prolonger leur échange après que l’un et l’autre s’étaient enregistrés leur numéro de téléphone respectif. C’était un premier bon signe mais le second l’était davantage puisqu’ils s’envoyèrent des messages jusqu’au bout de la nuit. Norah avait littéralement pu tout faire en parallèle : réviser, manger, préparer son repas du lendemain et lire les fameux comics devant The Office. Si de base on pouvait croire que son téléphone était une extension de son corps, il l’était sans aucun doute ce soir-là, les notifications apparaissant régulièrement sur l’écran. Tout ceci s’était fait naturellement et à aucun moment elle ne paraissait agacée, bien au contraire. Pour la Sawyer, il était indéniable qu’il y avait quelque chose, sinon cela ne se serait pas passé de la sorte. Pour autant, elle était lucide. Peut-être que tout ceci était lié à l’euphorie de leur rencontre, à cette plaisante parenthèse qui rythmait ce qui devait être un simple passage à la boutique de comics, à contrepied de toutes les autres fois où leurs regards s’étaient seulement croisés, comme si le destin les avait fait attendre volontairement. Il leur avait laissé le temps jusqu’à ce moment initiateur devant le commerce et qui les mena là où ils en étaient aujourd’hui. A l’image du reste de leur conversation, ils avaient convenu d’un rendez-vous – cette fois-ci chez elle – pour que l’étudiante en droit visionne enfin les œuvres cinématographiques de l’univers Star Wars. Si elle était placée sous le signe de la découverte, cette soirée serait également l’occasion de confirmer leurs intuitions. Le reste était entre leurs mains.

Quelques jours séparaient leurs deux entrevues et pour le coup, Norah y avait pensé assez souvent durant cette période. Au réveil suivant leur rencontre, quand elle discutait de son organisation de la semaine avec ses camarades de droit et surtout le jour même. Après une journée banale à l’université composée de cours en amphithéâtre et de rendu de dossiers, elle rentrait chez elle en fin d’après-midi, dans un savant mélange d’excitation et d’appréhension. Par chance, ces deux réactions étaient productives et sans trop attendre, elle alla sous la douche et se prépara pour la soirée. Elle vêtit un short en jean et un t-shirt blanc, suffisamment confortable surtout qu’elle invitait chez elle. La Sawyer se coiffa d’un chignon, le temps qu’elle fasse rapidement le ménage dans son appartement. Un coup d’œil régulier vers son téléphone au cas où il arriverait, elle finit toute la préparation un peu en avance, se récompensant avec un verre de son soda préféré. Tout ceci lui avait permis de décompresser quelque peu, de prendre du recul et ses marques de frustration laissaient place à un sourire grandissant.

Elle regardait des vidéos sur son téléphone lorsque sa sonnerie retentit, tentative du prénommé Axel. Norah le plaça à son oreille pour répondre, son sourire aux lèvres. « Allô ? » Ils s’échangèrent sûrement les premières familiarités avant que la brune ne lui donne la démarche à suivre pour entrer. Non pas que son immeuble était une forteresse mais plutôt parce que l’ouverture de la porte demandait soit d’avoir les clés, soit une synchronisation minutieuse. « Je compte jusqu’à trois, j’appuie sur le bouton de l’interphone et toi tu tires. 1, 2, 3. » Il était possible qu’ils aient eu à refaire une seconde fois ce protocole pour que le garçon ouvre finalement la porte, non pas pour un souci de timing mais bien parce que la locataire en avait fait un gag. Tantôt appuyant trop tôt, tantôt n’appuyant pas du tout, elle se couvrait la bouche lorsqu’elle voyait la détresse de ses invités à travers l’interphone. Une vraie gamine. Une fois l’étape de la porte d’entrée franchie, elle lui indiqua le cinquième étage et la porte au fond du couloir où elle l’attendait déjà. Contente de le revoir, l’étudiante en droit ne put masquer son sourire. « Salut, bienvenue chez moi ! » Ouvrant grand la porte derrière elle, Norah invitait le garçon à entrer d’un geste de la main. En espérant qu’il ne serait pas déçu.

Everybody needs somebody. w/  @Norah Sawyer

Le fait d'avoir pu enfin adresser la parole à la brune, -qui s’appelait de ce fait Norah- et de plus l'observer en chien de faïence, ç'avait tout son intérêt. Parce qu'à chaque fois, on avait manqué de se parler. La faute au mauvais timing dont on avait pu faire preuve et qui aurait été dommage de concrétiser. Sauf qu'en l'occurrence, j'avais eu un coup dans le nez, j'avais été soigné par la même jeune femme et encore dans la même journée, on était restés à se parler jusqu'à pas d'heure. Du moins, jusqu'à ce que vienne l'heure de fermer une boutique pratiquement déserte.
Ç'avait eu un certain charme, je devais l'avouer.

Après, je savais pas si elle avait eu le temps de réviser Star Wars. Ou du moins, son univers étendu tout en y jetant un œil. Moi, je l'avais certainement fait et je comptais bien être intransigeant si la jolie brune commettait quelques impairs. Note que j'étais presque sûr voir certain, qu'elle n'aimerait pas ne pas avoir le dernier mot. Et, dans un cas comme dans l'autre : on était un tant soit peu pareils. Et, c'était peut-être cette constatation et cet état de fait qui me plaisaient un peu chez la jeune femme. Ça, et le fait qu'elle avait somme toute assez de répartie pour me satisfaire.
Parce que c'était putain d'emmerdant, une interlocutrice qui n'en avait pas.

M'observant dans la glace de la salle de bain attenante à la chambre que j'occupais chez mon cousin, j'étais ma foi, encore en plein dilemme. Ne sachant pas quoi mettre. Parce que c'était certainement pas un rencard et encore moins une sortie à l'extérieur. Mais, je me devais d'être un minimum apprêté tout en oubliant sciemment les capotes. Merci le cousin, pour ce conseil avisé, hein.
Optant pour un hoodie sombre, un jean et des converses tout aussi noires, je récupérais mon blouson en jean présent au porte-manteau de l'appart' de mon chirurgien de cousin. Non sans oublier mon sac à dos noir, où j'avais fourré à l'intérieur toute la série des films de la franchise que j'allais pas tarder à revoir avec la brune ainsi qu'un disque dur externe. Au cas où, elle aurait pas le matériel adéquat.

Glissant mon sac sur le siège passager de ma mini rouge vintage, je décidais de faire le trajet avec son aide. Même si, foncièrement, il serait pas des masses long. Me garant sur une place non loin de l'habitation de ma future hôtesse, je m'empressais rapidement de m'en griller une. Laissant le poison se diffuser dans mes poumons pour le recracher ensuite vers le ciel. Arrivant presque à la fin du bâton de nicotine, je décidais de faire signe à Norah que j'étais dans les parages, gardant ma clope fichée entre mes lèvres et mon téléphone contre mon oreille.

- Yo. Écoutant en ricanant, ses explications. Fallait être neurochirurgien pour comprendre le casse-tête de là, où elle habitait la demoiselle ? Il semblerait. Parce qu'au deuxième essai, je pénétrais enfin dans sa forteresse quasi imprenable, parvenant jusqu'à elle avec les indications qu'elle m'avait soufflé.

Wow. Là, par contre j'étais face à un cas de conscience.
Je la saluais comment moi ? Une poignée de main ? Un check, comme je le ferais à un pote ? Poing contre poing, pour se saluer ? Ou une bise ? Pinçant les lèvres, je pénétrais alors dans son antre. Conservant un sourire en coin et optant alors, pour un frôlement d'épaules.

- C'est sympa, chez toi. C'était ... classe. Pour quelqu'un qui vivait seul, au moins. ... j'ai un folder avec les burgers dans mon sac. C'est un gars qui a fait sa pub à la boutique. On pourra commander quand t'auras faim si tu veux. Et sinon ... J'ouvrais mon sac à dos, pour lui montrer les jaquettes de films. La raison de ma présence en ce lieu, en gros.

Everybody needs somebody. w/  @Axel Hartmann

L’appartement de Norah était somme toute plutôt spacieux. La porte d’entrée donnait accès à un petit couloir où se trouvaient ses chaussures, ses manteaux et autres accessoires, mais également un espace dédié à ses invités pour qu’ils puissent se décharger de leurs affaires. Cela menait à la pièce principale avec d’un côté la cuisine ouverte et aménagée, de l’autre le salon avec sa télé, ses consoles et énormément d’objets soigneusement entreposés qui faisaient référence à ses passions. Une grande bibliothèque habillait un pan de mur où étaient rangés tous les ouvrages juridiques dont elle avait besoin mais également ses comics et ses romans favoris. Endroit où elle passait la plupart de son temps libre lorsqu’elle n’était pas dehors, la Sawyer avait peaufiné la décoration de sorte qu’elle soit épurée mais cosy : beaucoup de meubles en bois, de pastel et juste ce qu’il fallait en végétaux. Un baie vitrée offrait la luminosité parfaite et permettait de se rendre sur le balcon. Enfin, un second couloir menait à deux portes, celle de la salle de bain et de sa chambre. C’était le nid qu’elle chérissait depuis bientôt quatre ans, qu’elle avait négocié sans trop de peine avec ses parents. A vrai dire, ils n’avaient qu’un seul critère, il fallait qu’elle soit au centre-ville, le reste était uniquement ses préférences personnelles. A son plus grand bonheur.

Malgré l’entrée de l’immeuble plutôt capricieuse, son invité parvint à la rejoindre. Un grand sourire alors qu’elle le laissait découvrir son antre, Norah paraissait satisfaite que l’intérieur plaisait à Axel. « C’est gentil. Tu peux poser tes affaires dans le placard si tu veux. » Un coup d’œil dirigé sur la tenue du garçon puis sur la rangée de chaussures juste à côté dudit placard, elle commenta de nouveau. « Tu feras juste gaffe à prendre les bonnes chaussures en repartant. » Pouffant un rire, elle avait littéralement les mêmes que son interlocuteur, pas à la même pointure certes. Après, les Converse noires étaient tout à fait communes mais cela valait le coup d’être souligné.

Scrutant le contenu du sac que lui montrait Axel, une marque d’étonnement était perceptible sur son visage. Comptant rapidement le nombre de jaquettes, il devait y en avoir une dizaine. « Attend, y’en a autant ?? » Et sans s’en rendre compte, à cet instant, la Sawyer venait de lui prouver que ses connaissances sur l’univers Star Wars étaient limitées et surtout, qu’elle n’avait pas révisé. Car connaitre le nombre de films d’une saga, c’était quand même la base. Quelques pas avant de se glisser derrière le comptoir de la cuisine, elle reprit. « Heureusement que j’ai quelques encas ! » Elle se baissa pour soulever deux gros sceaux de popcorn, avant de les poser sur l’ilot central. Fidèle à la tradition du popcorn devant les films, ils auraient sûrement de quoi faire avec deux kilos de ce snack emblématique. « Par contre c’est du sucré, le salé c’est ignoble et c’est pas la peine de me convaincre du contraire, je suis fermée au débat. » Sourire amusée, elle préférait prévenir plutôt qu’il le découvre à sa première poignée. « Oh. Tu veux quelque chose à boire ? » Elle lui ouvrit le réfrigérateur pour qu’il puisse faire son choix, aussi bien rangé que le reste de l’appartement. Un peu trop maniaque, la fille. Surtout qu’une odeur de propre émanait de toute la pièce… « J’ai pas hyper faim et toi ? Après peut-être qu’il y a une heure limite pour passer commande ? » L’étudiante avait presque oublié cette histoire de burger dont ils avaient discuté et y repenser lui faisait tellement plaisir, témoin de l’effet pervers de la malbouffe. « Tu vas bien, depuis nos derniers messages ? » Son regard espiègle qui se plongea dans celui du garçon, elle n’avait pas eu de nouvelles depuis le jour de leur véritable rencontre. En tout cas, elle espérait que cela soit le cas.

Everybody needs somebody. w/  @Norah Sawyer

Pour être honnête, je m'attendais pas à un intérieur de la sorte, pour celle qui était mon hôtesse. Ou plutôt, j'avais fait aucune projection concernant son foyer et là où elle pouvait habiter. Y'avait somme toute assez d'espace et c'était aménagé comme il le fallait. J'y voyais là, des réminiscences avec ma mère. Parce que tout comme mon père, elle avait toujours été une grande fanatique de déco', adorant apporter une touche de goût dans chaque pièce de cette maison designée par un illustre architecte londonien.
Ouais, ma daronne avait toujours apprécié les statues clinquantes, les machins hors de prix qui trônaient dans la bibliothèque du salon d'hiver ou sur la table du salon.

... le genre de trucs bien chers, qu'il m'avait fallu toujours regarder avec les yeux mais jamais toucher.
Or, ça ... c'était mal me connaître hein. Même si, j'avais eu personne à balancer quand il s'était agi de briser le vase en question. Ça m'avait valu des leçons de morale à la pelle, qui avouons-le, avaient pas des masses fonctionné.
Cependant, ici, je faisais attention où je mettais les pieds. Et ce, même si c'était impeccablement rangé. Me pliant aux directives de la brune quand il s'agissait de mettre où il le fallait mes différentes affaires, afin de démarrer cette soirée.

- Ça va, on devrait pas faire la même pointure. Que je sifflais en ricanant, tout en constatant qu'on avait les mêmes goûts en matière de godasses. ... en même temps, qui aime pas les Converse, hein ? C'était rhétorique comme question, ça.

Alors que la jolie brune venait de m'en poser une belle, en voyant la quantité astronomique de films Star Wars, que je venais de sortir avec aisance de mon sac à dos. Évidemment, que je comptais les plus importants ! Y'en avait, même pas en rêve, je les citais. Même si je les avais déjà regardés, c'était pas ma came. Genre les dérivés. Ceux qui n'avaient rien à faire dans l'univers pourtant étendu de Georges Lucas.
Le mec, c'était un dieu. Comme pouvait l'être Spielberg ou Cameron. Ou encore Scott et les Wachowski.

- Tu crois qu'une œuvre autant magistrale, ça s'arrêterait à seulement trois films ? Je pouffais de rire, là. ... que nenni, ma bonne dame ! Mais la prochaine fois, je prendrais Retour vers le Futur ou Matrix. Sans m'en rendre compte, j'avais mentionné qu'il y aurait une deuxième soirée de ce genre.

Ah.
Baaaah pas sûr que j'y revienne vu l'en-cas principal de proposé.
Haussant un sourcil, je matais d'un œil sombre, les deux énormes seaux de pop corn sucré, posés sur l'îlot central. Avec un rire, j'attendais que mon interlocutrice en vienne à finir son petit laïus pour y rajouter mon grain de sel. Surtout que pour elle, le débat était plus que clôturé. Alors que non. Ça m'était tellement impensable. Puis sérieux, je devais défendre le pop corn salé qui comptait à la fois bien peu d'appelés et bien peu d'élus.
Alors que putain de merde, c'était bien meilleur qu'un putain de truc qui collait aux doigts, quoi.

- Je jure que par le salé. Commençais-je avec un sourire en coin, mon regard noir qui brillait de malice. ... j'aime pas le sucré. Mais, je crois que si tu en venais à tester du salé avec une montagne de beurre fondu dessus, je crois que t'aimerais. Je frôlais son épaule, alors que, toujours provoquant, j'en venais à scruter l'intérieur du contenant où se trouvait un bien désagréable contenu. ... je crois que tu vas devoir t'enfiler ça, toute seule. Et, en ce qui me concerne ... je prendrais ta part de burger.

Un éclat de rire, avant de poursuivre, avec toujours autant d'impertinence :

- T'auras pas méga faim mais moi, clairement que ouais. Et, y'a une heure limite, ouais. Lorsqu'elle m'avait demandé à boire, j'avais opté pour une bière, que je bus à même le goulot de la bouteille, tout en observant la jeune femme présente à mes côtés.

Qui était hyper jolie, en plus de me dévisager sans s'en priver. Je mettrais ça sur le compte de ces nouvelles, qu'elle était en train de me demander.

- Je vais très bien. J'ai su conseiller avec brio les clientes et clients qui ont passé la porte de la boutique. Une gorgée. Une pause. ... et toi ? Comment ça va ? Avant une interrogation bien peu subtile mais qui avait tout de même sa légitimité : ... on risque pas d'être dérangés par un petit copain jaloux qui débarquerait après ses heures de cours ?

L'air de rien. Ni vu ni connu.

Everybody needs somebody. w/  @Axel Hartmann

Ouvrir les portes de son cocon n’était pas rare pour Norah, trait qu’elle partageait sans aucun doute avec sa mère – impératrice de l’organisation d’événement et de la réception. Ce qui l’était en revanche, était de le faire pour des personnes qu’elle connaissait peu. Elle ne connaissait son invité que depuis une semaine et pourtant, il se trouvait bien à ranger ses affaires dans les placards de la Sawyer. Ce fait était en lui-même non équivoque sur ce qu’elle pensait de son interlocuteur. « Tu serais surpris. » Elle en connaissait, pourtant, des personnes qui n’affectionnaient pas ce type de chaussures. Pour certaines, c’était la matière qui dérangeait. Pour d’autres, l’odeur après une journée avec. Norah avait toujours apprécié leur esthétique et surtout leur confort et elle semblait ravie de voir que le garçon était du même avis qu’elle. « Je ne te dirais pas que dans une de ses armoires se trouve ma collection de chaussures et qu’il y en a d’autres qui attendent juste d’être portées. » C’était un de ses problèmes, elle achetait ‘au cas où’ et il fallait dire que les chaussures étaient un peu son point faible, terminant avec une montagne de boîtes alors qu’elle portait quasiment tout le temps la même paire. Un rire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle observait le garçon, oubliant même de lui présenter les lieux. « Comme tu peux l’imaginer, à gauche la cuisine, à droite le salon et le balcon. Le couloir au fond, porte à gauche la salle de bain, à droite ma chambre. Je te la fais pas visiter, on est pas encore assez proches pour ça. » Un sourire et son regard espiègle se réveillait, comme s’ils n’avaient jamais terminé leur jeu. Exprimait-elle en revanche l’envie qu’ils le soient, c’était à discuter.

« Peut-être que ça aurait été la meilleure trilogie de l’histoire si ça avait été le cas, on sait pas ! » Elle ria en retour, lui indiquant la meuble télé s’il voulait poser les jaquettes quelque part. « Et pas les deux ? Tu sais déjà que tu vas pas tenir ce soir avec tous ces Star Wars donc tu revois déjà ton nombre de films à la baisse pour les prochaines fois ? » Le ton joueur dans sa voix, elle le mettait ouvertement au défi justement pour provoquer cette seconde soirée visionnage qu’il venait tout juste d’évoquer. Surtout qu’elle adorerait revoir Retour vers le futur et surtout Matrix qui aura à jamais marqué la science-fiction. « Star Wars, maintenant Retour vers le futur et Matrix, quelle culture, je suis impressionnée. » Il lui en fallait peu. En même temps, elle n’avait pas l’habitude de côtoyer des personnes ayant le même attrait qu’elle pour ce genre cinématographique. Elle lui indiqua sa Playstation car « Maintenant les lecteurs n’existent plus. » et les consoles étaient tellement performantes qu’elles surpassaient les meilleurs ordinateurs du marché.

« Pardon ? » Elle crut mal entendre lorsqu’Axel lui avouait sa préférence pour le pop-corn salé mais il avait l’air réellement convaincu. L’incompréhension se lisait sur le visage de l’étudiante en droit, si bien qu’il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir répondre. « Que t’aimes pas le sucré, c’est une chose mais comment tu peux aimer un truc qui n’a pas de goût ? » Car le pop-corn salé était tout simplement fade, proche du polystyrène dont il partageait déjà la texture. Un sourire amusé, elle attendait avec impatience sa réaction alors qu’elle paraissait intriguée par sa proposition. « Du beurre ? En plus du sel tu rajoutes du gras ? Après je veux bien tenter l’expérience. » Son regard espiègle plongea dans les prunelles sombres de son interlocuteur, glissant quelques mots avant de se diriger vers le salon avec ses deux sceaux de pop-corn. « Tu n’auras qu’à me faire goûter ça la prochaine fois, alors. » Elle installa les bols de snack sur toute la table basse, quand il ajouta par rapport aux burgers. « Quoi ? Mais c’est pas juste ! T’avais promis de me payer burger… » Une moue fausse déçue avant de le rejoindre autour de l’ilot central, à quelques centimètres du garçon. Une proximité évidente, elle se servit un verre de soda avant de répondre. « On a qu’à commander maintenant alors. » Un sourire alors qu’elle scrutait le flyer qu’il avait soigneusement amené et qu’elle faisait son choix, elle prendrait certainement le même qu’Axel.

« Ravie que tu fasses ton travail quand tu n’es pas en train de m’envoyer des messages. » Taquine, ce n’était pourtant pas pour lui déplaire étant donné qu’elle lui répondait rapidement. Quand il lui retourna la question, elle fit semblant de réfléchir. « Moi ? Ça va puisque demain j’ai pas cours ! » Le bonheur de n’importe quel étudiant qui lui mettait des paillettes dans les yeux. Ces journées se ressemblaient beaucoup ces derniers temps, avec des allers-retours entre l’université et les révisions à l’appartement. Alors, ce type d’événement qui cassait sa routine lui procurait le plus grand bien. « D’ailleurs, t’avais vraiment pas à poser un jour. » Mais elle était contente qu’il l’avait fait. Surtout qu’il n’aurait sûrement été aussi opérationnel que d’habitude au travail avec la nuit de sommeil qu’il aurait sauté ici. L’audace du garçon intensifia son sourire, tellement sa question était directe. Surtout qu’elle se demandait pourquoi il la lui posait. « Non, aucun risque. Et toi, personne qui va attendre que tu rentres ? » Elle se permettait la réciproque, au moins ils partiraient sur une base honnête.

Everybody needs somebody. w/  @Norah Sawyer

- Surpris de- ... que des gens aiment pas les Converse ?! Ça me semblait totalement aberrant cette histoire. C'était comme dire qu'on aimait pas les Doc, ça, je pouvais pas le concevoir non plus, ce faisant. Mais qu'en plus, mon hôtesse en vienne à rajouter une couche sur le fait qu'elle avait plein de godasses planquées dans un placard, et qu'elle les porterait ja-mais ... on était clairement d'accord qu'on partait sur un gros cliché, là. Non ? ... c'est bien les nanas, ça. D'avoir une pièce limite pour des chaussures qu'elles admirent mais qu'elles ont limite peur d'abîmer. Un silence. ... j'avais une- ... 'Ex'. Chanel -cent pour cent cliché de la gosse de riche, bien entendu - tout comme c'est prouvé que ce genre de demoiselles aiment à côtoyer les vilains garçons-. Qui avait un endroit entier pour exposer ses achats, pourvus de talons ou pas. Et moi, c'était pas vraiment ça qui m'intéressait mais passons.

Donc :

- J'avais une pote qui jurait que par ses marques hors de prix. Alors, je suis limite étonné que de voir que vous êtes toutes les mêmes. Étais-je un tantinet vexant ? Non. Simplement réaliste. Mais, j'offrais un sourire à la jeune femme à la suite de mes dires, pour tenter de les adoucir. Un peu. Mais, je me laissais faire faire la visite, hochant la tête à chaque fois qu'elle me désignait un espace, la jolie brune. Avant d'exploser d'un rire franc à ses dernières palabres. Bah tiens.. ... moi je vois surtout que si tu le mentionnes, c'est que t'y penses. Avec un sourire pour le moins mutin, je lui octroyais un petit clin d’œil. Parce qu'elle était sensiblement joueuse.

... et moi aussi, de toute façon. Surtout quand ça touchait aux petits détails de ces quelques films que j'avais apporté. Et dont j'avais pas lésiné sur la quantité. Puis, Star Wars en comptait pas mal, parce que c'était un chef d’œuvre de toute façon. Y'avait pas à chier. Sauf pour certains que je nommerais pas mais c'était tout comme, hein.
Par contre, elle avait bien saisi la petite allusion, qu'il y aurait une potentielle prochaine fois en ma compagnie ... et ç'avait pas eu l'air de l'offusquer. Ni de la déranger.
Bon, baaaah ... j'avais plus qu'à rajouter ça dans mon agenda que je tenais difficilement à jour. Aha.

- Ça reste des classiques, mais content que t'apprécies les titres. Avant d'hocher de nouveau ma tête, quant au fait qu'une console dernier cri remplaçait aisément un lecteur. Et pour la suite des évènements ? Je m'esclaffais comme un beau diable, conscient que mes dires n'étaient pas ceux escomptés. Bien au contraire. Déso pas déso, si je jurais pas par le pop corn sucré. Je détestais ça, c'était affreux. Hein ? Ose me redire que ça a pas de goût quand t'auras mis en plus du sel, une bonne traînée de beurre fondu. Un silence. ... du sel et du gras, rien de meilleur. Et ouais, je te ferais goûter. Tu peux pas passer à côté de ça !

Par contre ... elle pouvait s'asseoir dessus, concernant son burger. Parce que si elle s'empiffrait des deux seaux de pop corn sucré, -quelle hérésie franchement-, baaaah elle aura plus vraiment faim pour les burgers énormes que je vais commander. Ou alors, c'est le genre de fille, qui cache un appétit d'ogre ? Pas impossible, ça. Y'en a bien plus qu'on croit, j'ai l'impression. Et au vu de sa petite moue adorable, elle était frustrée. Dommage.

- Ouais. Et, je tiens mes promesses, en plus. Soufflais-je dans un rire, avant de prendre mon téléphone et de passer commande. Maintenant. ... par contre ... je te préviens de suite ... il se peut que je finisse ton burger. Ils sont énormes. Finalement, c'était peut-être moi, l'appétit d'ogre ? POS-SIBLE.

Certainement.

- Je crois que Georges m'aurait certainement viré, si je le faisais pas consciencieusement. Messages ou pas, hein. C'était la vérité, ça. Parce que mon très cher patron, il s’embarrassait généralement pas des gens qui vivaient pas de cette passion qui lui avait fait construire Comics Etc. Il les fuyait, comme la Peste ces gens-là. ... une grasse mat' en devenir, donc ? Si t'as pas cours. Un sourire en coin, alors que je prenais plus facilement mes aises, étant donné que Norah était accueillante et emplie de tendresse. Du moins, j'en avais l'impression.

Vu sa petite question, à laquelle je m'empressais de répondre par un geste de la main qui signifiait que c'était vraiment pas grand chose. Loin de là, même.

- T'en fais pas, j'avais des récup' à prendre. C'était l'occasion. Avant de cette fois-ci, entrer dans une sphère bien plus intimiste et c'était moi, qui avais commencé. Comme toujours. ... alooooors moi, j'ai quelqu'un. Qui a dit, que je pouvais pas la taquiner ? Personne. Alors, je laissais planer quelques secondes pour digérer cette information primordiale, avant de lui sourire. De mon petit sourire en coin. C'est mon cousin. Ça serait bien glauque s'il se passait un truc avec lui. Et pour clarifier, parce qu'on savait jamais, après tout : ... grosso merdo, j'ai personne. Juste Loan, un cousin. Qui bosse à l'hôpital.

... et qui rentrait parfois à des heures indues le bougre. Mais ça, y'avait pas moyen de le préciser.
Ça servait strictement à rien.

Everybody needs somebody. w/  @Axel Hartmann

Un sourire taquin mais non sans chargé de vérité, elle en connaissait plus d’un qui n’aimaient pas les fameuses chaussures montantes à l’étoile caractéristique. Ce n’était clairement pas le cas de Norah, au vu du nombre de paires qu’elle avait chez elle. « Oui oui. Soit c’est parce qu’elles sont trop populaires et pas assez originales, soit c’est parce qu’elles font puer des pieds… Y a même des hate accounts sur les réseaux, je te jure. » La suite, pourtant, vint atténuer son sourire au profit d’une moue choquée alors qu’Axel mettait toutes les filles dans le même panier. « J’en connais un qui va vite repartir si ça continue… » Un soupire qui s’accompagnait d’un sourire en coin, elle blaguait, elle ne le mettrait pas dehors pour si peu. Mais ce n’était pas quelque chose qu’elle serait incapable de faire, bien au contraire. Après tout, c’était la maîtresse des lieux, la seule décisionnaire et inquisitrice. « Si je récapitule, pour toi on est ‘toutes les mêmes’ parce qu’on aime les vêtements de marque ? C’est très réducteur, presque sexiste mais j’ose espérer que ce n’est qu’une maladresse de ta part. Sinon… » Son ton avait des similarités avec ceux des avocats de séries, percutant et dans le jugement. Le fond lui avait un caractère personnel, de quoi donner à son interlocuteur un avant-goût de son répondant et de sa personnalité flamboyante. Et si elle jouait avec les limites de l’humour, elle ne cachait pas sa pointe d’amertume. « C’est pas prêt d’arriver. T’es très très trèèèèès loin d’avoir l’honneur de visiter mon sanctuaire. » Sur la route du salon, elle se tourna pour tirer la langue au garçon. Il était évident qu’elle jouerait de ce rapport de force. Il était dans son élément à elle, avant tout.

Les barrières fixées, Norah se laissait emporter par la conversation et elle ne pouvait cacher son excitation à l’idée de découvrir la saga légendaire de la guerre des étoiles. « Apprécier, ça reste à voir. Ça se trouve je vais pas aimer. », dit-elle en prenant une moue affolée. Après tout, ce n’est pas parce qu’il s’agissait de classiques qu’elle devait forcément aimer les regarder. Mais il est vrai qu’au vu de ses goûts marqués pour ce genre cinématographique, il était très probable que ces films lui plaisent. Affolement qu’elle montra de nouveau lorsqu’Axel lui expliqua sa recette de pop-corn salé au beurre qui, de prime abord, ne l’inspirait rien de bon. « Ne me tente pas trop Axel. » Ses prunelles joueuses qui se plongèrent dans celles de son interlocuteur, elle serait capable de lui assurer qu’elle n’aimait pas ça pour voir sa réaction, quand même c’était un mensonge. « T’as l’air tellement convaincu, je suis obligée de te faire confiance… » Un faux agacement dans sa parole, elle retrouvait son côte espiègle en réponse à celui du garçon. Elle ne pouvait nier que cela lui plaisait, peut-être un peu trop même. Un sourire satisfait lorsqu’il passa commande pour les burgers, elle ne se voyait pas manger que du pop-corn. A ne pas s’y méprendre, il s’agissait certainement de son encas favoris mais c’était uniquement cela, un encas. Il lui fallait quelque chose de consistant, surtout avec la soirée qui s’annonçait. « C’est bien parce que c’est toi. » Son épaule frôla celle d’Axel, c’était un maigre prix à payer de partager la fin de son futur burger avec son invité. Surtout que c’était lui qui commandait.

« Je lui aurais fait les yeux doux pour qu’il te réembauche si c’était le cas. » Monsieur Georges avait l’air de l’apprécier – sûrement parce que Norah devait être une cliente fidèle de la boutique – et c’était réciproque. Il était un grand passionné et il était dévoué à sa boutique, forcément elle ne pouvait qu’éprouver de la sympathie pour lui. « Pas sûr. Ça serait prendre le risque de me dérégler et de pas me réveiller à l’heure après-demain. Surtout qu’en fonction des films, je pourrais littéralement passer ma nuit à theorycraft des choses au lieu de dormir. » Elle souffla un rire, elle lui avoua qu’elle pouvait être un peu trop cérébrale vis-à-vis des films qu’elle visionnait. C’était plus fort qu’elle, une habitude qu’elle gardait depuis qu’elle avait l’âge de regarder des films. Et elle pouvait le faire pour n’importe quel type de films, du film d’action au dessin animé. La conversation se voulait plus intimiste lorsqu’ils se livraient sur leur situation et lorsqu’il était question de celle d’Axel, les réactions de Norah faisaient les montagnes russes. D’abord il annonça qu’il avait quelqu’un, son visage et surtout son regard changeaient du tout au tout, verrouillée et dans l’incompréhension. Puis le soulagement quand il parlait en réalité de son cousin. « T’es con. » Un sourire se dressa de nouveau, reprenant. « Tu m’en avais parlé de ton cousin. Vous devez être proches. » Elle guida son interlocuteur jusqu’au canapé, attrapant quelques bols sur sa route. La Sawyer n’allait quand même pas affamer son hôte, surtout que le temps que la commande arrive était incertain.