Jesse avait pris le temps et fourni l’effort de bien s’apprêter pour la soirée. Ce soir, il allait à un date. Finalement, il n’y avait peut-être pas que des sales types sur les applications de rencontre. En tout cas, Axel avait l’air d’être un homme des plus décents. Brisbuddies lui réussissait jusqu’à présent. Cette application avait la particularité de proposer des dates insolites. Jesse avait entendu des anecdotes folles de date comme un lancer de hache ou un cours de peinture de nus – avec modèle vivant sans doute. Avec Axel, ils s’en sortaient plutôt bien avec une sortie au planétarium. C’était original, intéressant, et Jesse y voyait un bon potentiel romantique.
En se préparant pour le rendez-vous, il avait bien veillé à avoir un manscaping soigné, et une tenue qu’il trouvait le mettait suffisamment en valeur, sans trop en faire. Dans la doute, il avait envoyé une photo à sa meilleure amie pour validation. Quand il eut l’impression d’être fin prêt, il quitta son appartement pour se mettre en route vers le lieu de rendez-vous. Avant de se rendre au planétarium, le plan était de manger quelques sushis. Axel lui avait envoyé l’adresse d’un bon restaurant.

Jesse, fidèle à lui-même, n’arriva pas tout à fait à l’heure convenue. Il était un peu en retard, mais ça demeurait raisonnable. Il faisait beaucoup d’efforts ces dernières semaines pour être plus ponctuel. Axel l’attendait déjà devant le restaurant. Il fallut quelques secondes à Jesse pour reconnaître son match dont il n’avait rien vu de plus que quelques photos. Mais ça avait l’air d’être bel et bien lui. Il s’approcha de lui alors pour le saluer.
Oh zut, qu’était-il sensé faire ? Lui donner l’accolade ? Lui taper la bise à la française ? Juste faire un coucou de la main ? Dans le doute, toujours sourire, quitte à avoir l’air un peu bêbête.
« Bonsoir, » le salua-t-il donc avec un grand sourire quand il arriva face à lui.
Petitt moment de silence, Jesse passa une main dans ses cheveux en observant Axel. C’était un joli garçon.
« Là, normalement, je crois que c’est le moment où l’on se regarde bêtement sans rien dire. »
C’était une chose que personne ne nous apprenait : quoi dire lors des premières minutes d’un premier (et éventuellement dernier) date. Ça manquait cruellement au curriculum scolaire australien.

Globalement, à quoi est-ce que je m'étais attendu en m'inscrivant sur un site de rencontres ? À rien probablement. En plus, personne ne m'y avait forcé pour le coup. J'avais pas eu un flingue sur la tempe, ni un couteau sous la gorge. Mais, force était de constater que j'avais eu un match et il s'était avéré plus que positif, en la personne de Jesse. Jesse, il avait l'air grave cool. Super sympa et hyper intéressant. C'était du moins, ce qui avait transparu à travers les quelques lignes qu'on avait échangé.
Et, ça me donnait envie de le connaître.

Même si, j'étais plus coutumier de dater des filles que des gars en soirée. Surtout quand pour la suite des réjouissances, on se retrouverait à contempler les étoiles au Planétarium de Brisbane. Là aussi, j'en avais emmené des filles à celui de Londres, mais ici ... pour une première avec un jeune homme, c'était ma foi assez cocasse. Pas que je m'en plaigne, non. J'avais limite envie que ça arrive vite, surtout qu'en plus on passait par la case sushis et ça, ça me plaisait plus que de raison.

Optant pour un style décontracté mais néanmoins apprêté : à savoir une chemise à carreaux d'un camaïeu vert, un jean et mes converses noires. Le tout rehaussés par mon blouson en jean où se terraient mon briquet et mon paquet de cigarettes. Certes, j'allais pas l'enfumer le pauvre pendant qu'on se parlerait mais ... je conservais non loin de moi, ma dose de nicotine. Que je venais de me griller alors que je me rendais au restaurant en premier lieu. Pas certain qu'il soit déjà là, par ailleurs. Dans un sens, ça m'arrangeait. Comme ça, je pouvais prendre mon temps pour fumer avant qu'il débarque.

Quelques minutes de retard, mais rien d'alarmant. Alors que je voyais dans mon champ de vision, celui que j'avais pu entrapercevoir sur les quelques clichés de l'application.
Jesse, donc.
Avec un sourire, je me laissais approcher. Une main dans la poche de mon jean, l'autre se mettant à saluer le jeune homme qui était légèrement plus petit que ma personne. Cependant pour être honnête, c'est pas sa taille de Hobbit que me frappa en premier lieu, -j'y suis pour rien ; c'était comme ça qu'il s'était défini dans notre échange hein-, mais son espèce d'aura bienveillante.

... et aussi le fait, qu'on était deux à paraître bien cons, à pas savoir se saluer. Nice. On adore ça.

- Bonsoir. Un glissement de plus vers le malaise. Alors que moi, je tranchais pour deux, en lui offrant une accolade sincère mais fugace. ... ça, ça nous a évités de se regarder comme deux abrutis pendant une bonne dizaine de secondes. Un sourire en coin, parce qu'il était mignon, le jeune homme. Du moins, il me semblait avenant. Tant et si bien, que j'ouvrais la porte du restaurant de sushis, en le laissant passer en premier.

Toujours avec ce même sourire en coin et avec mes iris noirs qui se mirent à pétiller de malice :

- J'espère, que tu sais manger avec des baguettes. Était-ce un petit défi ? Probablement. Alors, que je venais m'installer à une table, proche d'une fenêtre. ... en tout cas, le date au Planétarium, il est cool. Mais, je me voyais mal lancer des haches. Mais ç'aurait été si drôle. J'aurais été peut-être un danger public ? Comme mon interlocuteur ? On le saura jamais, malheureusement.

Jesse se trouvait agréablement surpris de l’aspect pas si gênant que ça de leur salutation. Ils auraient pu se dire bonjour et laisser planer un long silence après. Ce ne fut pas le cas. A eux deux, ils parvinrent à faire passer ce moment sans embarras, le ponctuant d’auto-dérision. Cette introduction permettait à Jesse de jauger son date. Il lui trouvait une bonne énergie, celle d’une personne avec il aurait envie de passer du temps. Il avait l’air de savoir rire de lui et d’une situation embarrassante. Et il était un joli garçon, ce qui était toujours un plus.
Comme un gentleman, Axel lui ouvrit la porte pour lui permettre d’entrer dans le restaurant, avec un sourire sur ses lèvres. Jesse entra en le remerciant. Ils se dirigèrent vers une table dont l’emplacement leur semblait sympathique.
« Bien sûr que je sais manger avec des baguettes. Pour qui me prends-tu ? »
Pour chaque bouchée, combien de fois faisait-il tomber le sushi ? Trop de fois pour dire qu’il maîtrisait parfaitement les baguettes, sans aucun doute. Il avait la technique, il lui fallait juste la perfectionner. Ils s’installèrent à table.
« Je ne savais même pas que c’était vraiment un truc le lancer de hache par ici. Je le voyais plutôt du côté des bûcherons canadiens. » s’étonnait Jesse en réponse d’Axel. « Je trouve le concept super cool, ça change des dates un peu basiques autour d’un café. »
Jesse était d’un naturel très curieux et un peu aventureux. Il aimait explorer de nouveaux endroits, ou tester de nouvelles activités quand il en avait l’occasion.
« Sinon, toi. Oui, je vais directement mettre les pieds dans le plat. Qu’est-ce qui t’a poussé à t’inscrire sur Brisbuddies ? Sur l’appli, tu étais un ornithorynque, c’est vague. » lui demanda-t-il en entrant dans le vif du sujet, posant sur son interlocuteur un regard intéressé avec un léger sourire.
Jesse commençait déjà à malmener son set de table en en cornant les bords. Si on lui avait donné un crayon, il aurait probablement été fortement tenté de dessiner dessus juste pour occuper ses mains. Il essayait de ne pas le montrer, mais rencontrer de nouvelles personnes le rendait assez nerveux et le faisait s’agiter.

Passé outre les salutations ô combien gênantes de ce genre d'évènements, -c'était comme les au-revoirs ou les adieux ; j'en étais pas friand-, force était de constater que Jesse, (mon date donc) était agréablement sympathique et pourvu d'une aura plus que bienveillante. Y'avait quelque chose qui émanait de lui et qui me plaisait au possible, sans que je ne puisse réellement me l'expliquer. Ou peut-être que si, en définitive ?
Parce que le courant était bien passé par textos, et que je voulais que ça se reproduise ?

De ça, j'étais sûr et certain de pas être le seul à le vouloir. Parce que je voulais pas d'un fiasco et ça serait immanquablement con. Y'avait moyen qu'on passe un bon moment, surtout en entamant notre rendez-vous, par un restaurant de sushis. Un des mets, de la nourriture nippone que j'adorais tout particulièrement, mais étant à moitié doué quand il s'agissait de me saisir d'un morceau de poisson cru avec du riz collant, avec l'un des ustensiles désignés pour le faire.
Jusqu'à présent, je m'étais toujours demmerdé.

Mais ça, ç'allait peut-être se modifier si je me retrouvais face à quelqu'un que je connaissais pas vraiment.
C'était même sûr et certain.

- Je sais pas. Peut-être un novice en la matière ? Oooooh, comme j'aimais taquiner autrui. Parce que c'était une forme de seconde nature et que c'était plaisant. Et que, généralement, je m'en privais jamais. ... ah mais, pour le lancer de haches, je suis totalement d'accord avec toi. Je voyais juste ça chez les canadiens et pas chez les australiens. Je savais pas que c'était une coutume instaurée ici, quoi.

C'était peut-être pour l'originalité du date, mais putain ... c'était weird.
Je préférais largement et de loin même, le fait de me rendre au Planétarium prochainement avec mon interlocuteur, sous couvert de lui présenter la voûte céleste dans son ensemble. Ou du moins, tenter de le faire.
En parlant de mon vis-à-vis, ce dernier, il perd pas une seule seconde pour entrer dans le vif du sujet. On a pas encore commencé à grignoter que me voilà déjà à devoir répondre avec honnêteté.

Oupsie.

- Hum. Commencais-je doucement tout en déglutissant, espérant juste qu'il était venu ici pour passer un bon moment ... parce que rencontrer l'amour ... avec moi, c'était mal barré. ... l'ornithorynque, c'est bien l'animal le plus pété de la faune. Et, c'était aussi pour signaler que je souhaitais rencontrer ce qui pouvait se foutre sur ma route. Un silence avant de le fixer de mon regard sombre et de constater qu'il était de ce fait, assez mal à l'aise. Pour en venir à malmener ainsi son set de table. ... toi, c'est pour autre chose. N'est-ce pas ?

Et parce que je voulais qu'il apprécie ce date plutôt qu'il ne le subisse, je lui souriais tendrement. Geste, dont je n'étais certes pas coutumier mais qui pouvait survenir, parfois. Comme ici, notamment.

- On va passer un bon moment. Déstresse. Un silence, assorti d'un sourire. ... je sais que c'est jamais facile de rencontrer d'autres personnes. Mais là, c'est l'occasion. Et, jusqu'à présent ... j'ai jamais mangé personne. Y'a pas de soucis à se faire pour ça. J'eus un petit rire, qui je l'espérais, détendrait un tant soit peu Jesse.

« Ne me sous-estime pas, ce seront les trente-septième sushis de l’année 2024 ! Je te laisse imaginer à l’échelle de ma vie entière. »
Qui n’avait jamais mangé ses sushis avec les doigts à l’abri des regards indiscrets ? Même en public, pour certains.
« J’ai mis le kangourou, alors… Je cherche l’amour. » Il prit conscience qu’il donnait l’impression que l’enjeu de ce date était bien plus grand que prévu. « Je suis pas fermé non plus. Si tu me dis que tu cherches autre chose, je ne vais pas me barrer. Disons que trouver un copain sérieux, c’est un objectif… » il dessina un grand cercle du bout des doigts dans l’air, faute de mot. « Un objectif d’ensemble dans ma vie actuellement. »
Ce qu’il disait ne sonnait pas très compréhensible à ses oreilles.
« Ce que je veux dire, c’est que je ne suis pas en train de me faire des films sur un futur avec toi. Je comptais pas te demander combien d’enfant tu veux plus tard, ou si tu serais prêt à rencontrer ma mère (tu ne l’aurais pas été de toute manière…). »
Jesse essayait dorénavant de surtout garder les pieds sur terre. Il savait qu’il avait tendance à beaucoup s’emporter quand il avait un faible pour un garçon.
Il laissa tranquille son set de table, ne voulant pas trop montrer de signes de nervosité, bien que c’en n’était pas un dans ce cas . C’était juste ses mains qui avaient la bougeotte, n’y faites pas attention. Axel se montrait très attentionné envers lui, essayant de le rassurer sur le bon déroulement de ce rendez-vous.
« Je trouve ça suspect que tu aies à le préciser, que tu n’as jamais mangé personne. » sourit Jesse.
Un serveur se présenta à leur table pour leur donner la carte et demander ce qu’ils allaient boire. Jesse commanda un jus de fruits. Le serveur repartit quand il eut les commandes des deux clients.
« J’ai envie d’être transparent avec toi. J’ai beaucoup aimé échanger avec toi en message et voilà. »

- Aaaaah, mais pour une fois ... j'ai rien dit à ce sujet hein. Je suis même silencieux, ce qui est un fait extrêmement rare pour être souligné. J'aurais pu très bien être pétri de sarcasme, parce que j'étais bon dans le domaine. Et que ça me collait généralement bien à la peau. Mais, la compagnie de Jesse, elle, elle ne le méritait pas mon ton empli d'impertinence et de moquerie.

... parce qu'il était somme toute assez touchant, avec sa volonté de trouver l'amour. Même si moi, je trouvais ce sentiment totalement claqué au sol. Je comprenais pas comment il pouvait être encore présent après tant d'années, malgré toutes les merdes qu'on se prenait toutes et tous, en plein dans la gueule ?! Mais, force était de constater que mon interlocuteur y croyait et que je pouvais certes, pas l'en blâmer.
C'était mi-gnon ?! Au moins, il était à noter qu'il le faisait pour deux, hein.

Fronçant lentement mes sourcils, j'écoutais la suite de ses aveux. Ces mêmes aveux, qui me firent avoir un sourire en coin, mais étrangement, aucune gêne.
C'était cash pistache dans la démarche, sans déconner. Et, j'aimais ce genre de personnes qui pouvaient l'être. Parce que ça servait à rien de tourner autour du pot, même si, avouons-le, je savais pas quoi répondre à tout ça.

- Okay. Sifflais-je comme préambule à la suite. ... pour l'instant et pour être honnête, je cherche pas l'amour à proprement parler. Parce que déjà d'une, j'y croyais pas et que de deux, c'était toujours le merdier. Mais ça, j'allais pas vraiment le lui préciser, hein. Un objectif, carrément ?

Wow. Je m'étais clairement pas attendu à autant de franchise émanant de ce date, en l'espace de quelques minutes. Et, à la suite de ses propos, j'eus un rire franc. Concernant une rencontre potentielle avec sa génitrice. Le peu de personnes qui avait rencontré la mienne, pouvait se targuer de s'en être sorti indemne.
Elle était pas violente comme moi, elle l'avait jamais été, mais elle savait généralement cibler les personnes. Et ce, sans se tromper. Ça, c'était plus que flippant.

- Elle est comment ta mère ? Par curiosité. Et aussi, peut-être, pour parvenir à le détendre, parce qu'il semblait extrêmement tendu au vu de ce rencard. Moi, c'était pas mon but. Loin de là, même. ... écoute, on sait jamais, hein ! C'est toujours mieux de préciser. Non ? J'eus un petit rire, avant d'acquiescer à ses dires, avec ma tête brune et bouclée. Aloooors, pour être honnête, j'ai adoré échanger avec toi par messages. Parce que sincèrement, j'ai pas l'habitude de le faire avec quelqu'un qui m'est inconnu.

C'était la vérité.

- Mais ... de ce que j'ai pu en percevoir, t'es quelqu'un de solaire et d'attachant. Qui mérite qu'on s'intéresse à lui. Vraiment. Ouh là, j'avais dépassé mon quota de belles palabres, en l'espace de quelques seconde. Mais, je me disais qu'il se devait de les entendre. Ça serait pas du luxe, de toute façon.

Axel lui avouait ne pas particulièrement chercher l’amour, ce qui ne rebutait pas Jesse. Peut-être qu’il se laissait juste porter par le vent. C’était bien ce que lui avait fait pendant des années, en pensant que tout son futur allait se construire naturellement. Ce ne fut pas le cas.
« Oui, un objectif. » confirma-t-il avec aplomb. « Je sais que ça paraît naïf. Ça l'est peut-être. J’essaie quand même de rester un peu lucide, ce que je n’ai pas souvent été. »
Espérer un futur à base de mariage et d’enfant avec certains types d’hommes, on était assez loin de la lucidité. Jesse s’était convaincu qu’il lui fallait un homme solide sur bien des aspects pour prétendre à cette vie. Parce que contrairement à un couple hétéro, ils allaient devoir se justifier et prouver des choses pour accéder à la parentalité.
Axel l’interrogeait sur sa mère. Il devait l’avoir intrigué par sa petite remarque. Mme Costello était une sacrée femme.
« Ma mère… » Il cherchait par où commencer, et comment l’exprimer. « Je l’adore, ma mère. Elle est géniale, elle m’a toujours accepté tel que j’étais, été là pour moi, défendu bec et ongle. » Mais il y avait un “mais”, de toute évidence. « Mais elle n’est pas facile à vivre au quotidien quoi. C’est une femme très exigeante, affreusement pragmatique… impliquée. Elle est à l’origine de la plupart des gros moments de honte de ma vie. »
Il en riait là maintenant. Sur le coup, il avait envie de mourir.

Le moment était venu pour eux d’être encore plus transparent que la transparence dont ils avaient fait déjà preuve depuis le début de ce date. En tout cas, Jesse espérait qu’Axel était sincère en lui disant ces jolies choses. Il le croyait. Axel faisait partie de ces personnes que qu’on ne soupçonnait pas de mentir. Jesse sentait tout de même le rouge lui monter aux joues. Il n’eut pas le loisir de répondre tout de suite car on vint leur servir les boissons qu’ils avaient commandées. Le serveur s’en alla sur les remerciements des deux clients.
« Je crois que t’es le meilleur rendez-vous que j’ai eu depuis des semaines. On n’en est pas au bout, mais je peux d’ors et déjà le dire. »
Il ne précisait pas que la barre ne montait pas extrêmement haut non plus.
« Même si on ne cherche pas nécessairement les mêmes choses, on passe un agréable moment je pense. T'as l'air d'être un gars franchement bien. »