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@Russell Sutton + Autumn Galloway
lieu: ferme de lamas, event brisbuddies

Tu ne sais pas trop pourquoi tu avais décidé d’installer l’application BrisBuddies. Une de tes collègues t’en avait parler vaguement, elle t’avait mentionné les rencontres proposées souvent loufoques et tu t’étais dit « pourquoi pas. » Pas parce que tu cherchais à rencontrer un homme particulièrement, oh ça non. Ta relation avec Joaquin en était encore qu’à ses débuts et même si les embûches semblaient déjà pointer le bout de leur nez, tu tenais au pompier, tes sentiments grandissants un peu plus avec chaque nouvelle journée passée à ses côtés. Alors non, tu ne voyais pas ton planning de la journée comme étant quelque chose que l’on pouvait te reprocher, voyant plutôt là l’opportunité de rencontrer quelqu’un de nouveau. Tu réalisais que ton cercle d’amis se faisaient de plus en plus petit, ton envie de sortir et de fréquenter les endroits où tu avais l’habitude de rencontrer des gens n’étant plus vraiment dans tes priorités depuis que tu te sentais plus ou moins posée. Ce n’était pas pour autant que tu n’avais pas envie d’épandre tes connaissances, de sortir un peu plus de ta zone de confort, mais d’une manière que tu espérais un peu impulsive et imprévisible. Tu n’étais pas certaine de comprendre comment l’application en était venue à te matcher avec un homme de presque vingt ans ton aîné, sans doute un coquin clin d’œil du destin qui voulait te rappeler qu’il n’était pas le premier homme plus âgé dans ton existence, mais encore une fois, tu ne voyais là aucun problème. Après tout, ce n’est pas comme si tu avais prévu de rencontrer l’homme dans un restaurant cinq étoiles avec une intention bien précise derrière la tête. Non, tout ce que tu cherchais à faire, c’est rencontrer quelqu’un de nouveau, découvrir cette fameuse ferme de lamas et espérer passer un bon moment en bonne compagnie. Tu avais visité de nombreux endroits à Brisbane depuis que tu étais déménagée dans cette ville, mais c’était bien la première fois que tu entendais parler de cette ferme et tu devais admettre être curieuse de te retrouver face à face avec des lamas. Tu es la première à te rendre sur les lieux, la ferme se situant à quelques kilomètres en dehors de la ville. La journée est douce, le soleil déjà bien haut dans le ciel et ton attention est porté sur l’entrée de la ferme, tentant de voir à quelques mètres de là si tu peux déjà apercevoir l’attraction du jour, avant que les bruits de pas ne te sortent de tes rêveries. Tu te tournes en direction du nouvel arrivant, souris à celui que tu devines être Russell. Tu le reconnais de sa photo de profil, mais de l’avoir devant toi, tu dois admettre qu’il te semble familier d’une manière que tu ne t’expliques pas. « Hey. Contente que tu aies pu venir. » que tu lui laisses savoir aussitôt que tu es assez proche de lui pour qu’il t’entende, ne sachant pas trop si tu es censée le saluer d’une poignée de main, d’une embrassade ou d’un simple mouvement de la main. Tu te décides sur cette dernière option, ton regard curieusement posé sur lui, persuadée de le connaître tout en sachant que tu ne lui as jamais parlé auparavant.

Bien que sa vie était mouvementée et qu’il était sans cesse en activité, Russell se sentait parfois seul. Il avait bien évidemment Tony, son chat, ou plutôt le meilleur chat que la Terre ait jamais porté, un meilleur ami formidable et Faith qui était désormais un pilier dans sa vie. Il avait aussi des collègues avec qui il s’entendait bien et les cercles de parole aux alcooliques anonymes où il trouvait un soutien indéfectible, mais il manquait quelque chose au quadragénaire. Russell était un homme sociable qui avait toujours à coeur de rencontrer de nouvelles personnes, d’élargir ses cercles pour enfin sortir de la solitude dans laquelle l’addiction l’avait plongé des années durant. Le pompier n’allant plus dans des bars ou des lieux festifs en général, il visualiser mal la manière dont il pourrait faire de nouvelles rencontres qui ne soient pas dans le cadre du travail ou de sa guérison. C’est au détour d’une publicité sur facebook qu’il eut l’éclair de génie. La publicité pour l’application Brisbuddies fut comme un signe du destin -ou plutôt de l’algorithme-, il l’installa aussitôt. Après de longues minutes à remplir son profil et à essayer de comprendre le fonctionnement des symboles pour liker sans malentendus il se lança. Il swipa -terme qu’il apprit par la même occasion- pendant près de vingt minutes avant de tomber sur un profil qui lui tapa dans l'œil. Celui d’une jeune femme qui était souriante et qui avait l’air fort sympathique. Il lika, ce qui créa instantanément un match. “Oh ? Déjà!” S’était-il exprimé dans son salon, faisant sursauter Tony qui dormait, la tête posée sur sa cuisse. “Désolé petit gars, allez rendors toi, Papa est désolé.” Il se mit à le caresser, ce qui fit ronronner le matou. Quand l’application proposa une activité dans une ferme de lamas, Russell dû se retenir de rire, c’était si improbable. Il avait fait énormément de choses dans sa vie, mais se retrouver au milieu de lamas n’en faisait définitivement pas partie. Après une rapide discussion avec l’inconnue, une date fut choisie pour la visite de la ferme.

***

Une semaine plus tard, Russell gara donc son Harley sur le parking de la ferme aux lamas. Alors qu’il enlevait et rangeait son matériel de protection, il aperçut au loin une jeune femme. Elle était blonde et avait l’air d’attendre quelqu’un. Russell était convaincu qu’il s’agissait d’elle même s’il était encore trop loin pour pouvoir distinguer son visage. Une fois délesté de son équipement de moto il se dirigea vers elle, souriant bien qu’ébloui par le soleil. « Hey. Contente que tu aies pu venir. » Elle le salue d’un mouvement de la main, ce à quoi il répond avant de lui répondre. “Salut ! Content que tu sois là aussi.” N’étant franchement pas habitué aux rencontres en ligne, le pompier ne savait pas comment se comporter pour ne pas paraître étrange, ou pire entreprenant ce qui n’était absolument pas dans ses intentions. Elle était bien trop jeune pour ça et puis il avait téléchargé l’application pour se faire des amis, rien de plus. “Bon je t’avoue que j’ai été assez surpris quand l’application a proposé cette activité.” Un café ou une balade aux parcs auraient été plus classiques. Russell était cependant un aventurier toujours à la recherche de nouvelles choses, l’originalité n’était donc pas un problème. “J’y aurais jamais pensé mais je me dis que ça peut être drôle.” En évitant si possible un incident de crachat quelconque. “Tu as déjà été dans un endroit comme ça toi ?”

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Tu n’avais pas réellement d’attentes en ce qui concernait ton après-midi passait avec des lamas auprès d’un inconnu. De toutes les combinaisons de choses possibles à faire, tu n’aurais certainement jamais gagé sur celle-là, mais c’est ce que la vie avait mis sur ton chemin alors tu avais décidé de suivre le courant sans trop te poser de questions. L’arrivée de Russell sur sa moto te rappelle une fois encore que tu ne sais pas grand-chose sur lui, parce que tu ne l’aurais certainement pas imaginé arriver de cette façon. Il s’approche de toi et tout de suite, tu es accablée de cette impression de déjà-vu qui ne te lâche pas, quand bien même tu es incapable de replacer dans quel contexte tu aurais pu le rencontrer par le passé. « Salut! Content que tu sois là aussi. » Tu ne sais pas quoi dire ou comment agir, alors tu tentes de ton mieux d’être la plus naturelle possible. Ce n’est pas comme si cela était une date Tinder – un domaine dans lequel tu avais un peu plus d’expérience comparativement à peu importe ce que ce moment était. « Bon je t’avoue que j’ai été assez surpris quand l’application a proposé cette activité. » Tu échappes un rire. Tu peux en dire tout autant. Tu aurais pensé à aller au zoo bien avant de songer qu’il puisse y avoir une ferme de lamas quelque part à Brisbane. « Ah bon, tu ne passes pas ton temps libre à chercher les activités les plus inusitées de la ville? » que tu lui lances à la blague. Faut dire que de ton côté, ton temps libre dernièrement est surtout passé auprès d’un pompier malade, et tu ne vois pas les choses changer de sitôt. Si ce n'est le statut de malade de Joaquin : ça, tu espères qu’il en sera débarrassé plus tôt que tard. « J’y aurais jamais pensé mais je me dis que ça peut être drôle. Tu as déjà été dans un endroit comme ça? » Tu secoues la tête à la négative, étant complètement novice en la matière de lamas autant que Russell semblait l’être. « Non pas du tout, mais je me dis que si ça se passe bien aujourd’hui, ça pourrait être le genre d’activité que je propose pour ma classe de 7e année. » Plutôt que la traditionnelle sortie au zoo, ça pourrait être intéressant d’offrir ce changement, même si franchement, ce genre de sorties fini souvent par être bien peu souvent éducative pour les jeunes et plutôt une chance pour travailler leurs social skills. Et c’est sans doute ce que tu étais en train de faire toi aussi, dans un sens. « Tu as rencontré beaucoup de monde sur cette application? » que tu lui demandes, curieuse alors que vous vous dirigez ensemble vers l’entrée de la ferme.

« Ah bon, tu ne passes pas ton temps libre à chercher les activités les plus inusitées de la ville? » Elle se mit à rire et Russell en fit de même. “Non mais je devrais le faire plus souvent je pense.” Russell avait toujours eu un esprit aventurier et la routine n’avait jamais été quelque chose qui lui plaisait. C’était d’ailleurs en partie pour ça qu’il s’épanouissait autant chez les pompiers : aucune journée ne se ressemblait et durant toute sa carrière il avait eu des motifs d’interventions divers et variés. « Non pas du tout, mais je me dis que si ça se passe bien aujourd’hui, ça pourrait être le genre d’activité que je propose pour ma classe de 7e année. » Le pompier eut un sourire attendri en apprenant qu’Autumn était professeur. “Je suis sûr que ça leur plairait oui. Tu ne dois pas t’ennuyer au quotidien avec des petits comme ça.” De par leur profession et leur âge ils étaient diamétralement différents mais Russell avait le sentiment qu’ils allaient bien s’entendre. Il ne put s’empêcher d’avoir un léger pincement au coeur en pensant que les élèves d’Autumn avaient l’âge de Samuel, son fils cadet qu’il n’avait pas vu depuis plus de huit ans. «Tu as rencontré beaucoup de monde sur cette application? » Russell n’était absolument pas familier de l’univers des sites de rencontre et plus généralement des réseaux sociaux. Il n’était inscrit que sur facebook où il postait extrêmement rarement. Ses amis sur la plateforme étaient essentiellement des membres de la caserne où des diverses associations dont il faisait partie. C’était un moyen pour lui d’avoir des nouvelles d’eux et d’avoir quelques actualités et puis c’est tout, il n’avait pas besoin de plus. Brisbuddies était donc complètement nouveau pour lui mais pour l’instant il appréciait son expérience. “Non tu es la première.” Il lui confia avec un sourire alors qu’ils approchaient de l’entrée de la ferme. “Je suis pas trop réseaux sociaux en général.” Il haussa les épaules avant d’ajouter. “Mais il y a des jeunes à la caserne qui m’en ont parlé et qui m’ont dit que c’était une application sympa. Alors je me suis lancé.” Il la regarda avec un petit sourire. “Et toi ?” Autumn était plus jeune que lui, ce qui lui faisait penser qu’elle n’était pas à son coup d’essai avec les réseaux sociaux ou les applications de rencontre.

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lieu: ferme de lamas, event brisbuddies

« Non, mais je devrais le faire plus souvent je pense. »
« Je me demande bien ce qu’on pourrait trouver sur Google en tapant Brisbane, activité inusité dans la barre de recherche. »

Tu penses à voix haute, te demandant si c’est là justement que les créateurs de l’application BrisBuddies ont trouvé leurs idées d’activités à proposer. Tu es surtout curieuse de savoir quel genre d’autres activités ils proposent, mais tu n’as pas vraiment matché avec qui que ce soit d’autre depuis Russell. « Je suis sûr que ça leur plairait oui. Tu ne dois pas t’ennuyer au quotidien avec des petits comme ça. » Tu échappes un nouveau rire. S’il y a bien une chose que ton quotidien en tant qu’enseignante n’est pas, c’est ennuyant et prévisible. Ça ne fait pas longtemps que tu pratiques, mais tu te plais de plus en plus dans ce rôle, et tu es heureuse d’enfin avoir trouvé un travail, une place dans ce monde dans laquelle tu arrives à t’épanouir, non pas que tu allais offrir à Russell tout ton historique scolaire ici aujourd’hui. « Non, mais c’est ce que j’aime. Y’a rien comme de savoir exactement ce que des jeunes de 12 ans pensent à tout moment de la journée. » Tu aimais la sincérité qui existait encore chez de si jeunes adolescents, même si parfois, ça pouvait faire mal à entendre. Au moins, ils ne machaient jamais leurs mots et c’était bien plus que beaucoup d’adultes. « Non, tu es la première. Je suis pas trop réseaux sociaux en général. » Tu hoches doucement la tête, comprenant que ce n’était pas quelque chose qui pouvait plaire à tous. Peut-être même que c’était un stéréotype de ta part, mais tu imaginais qu’à son âge, puisqu’il n’avait pas grandi avec les réseaux sociaux, ce n’est peut-être pas quelque chose qu’il avait voulu essayer par le passé. « Mais il y a des jeunes à la caserne qui m’en ont parlé et qui m’ont dit que c’était une application sympa. Alors je me suis lancé. » « Ah oui, tu m’avais dit que tu étais pompier. » Tu tentais de te souvenir des quelques messages que vous aviez échangé avant de convenir de l’heure de votre rendez-vous, mais de toute évidence ce détail semblait t’avoir échappé sur le moment. Et tu eus l’impression qu’un éclair de génie venait d’apparaître dans ton esprit. C’était peut-être bien pour ça que Russell te semblait si familier! « Ça va peut-être te sembler étrange comme question, mais est-ce que tu travailles à la caserne de Spring Hill? » Vous veniez à peine de passer l’entrée de la ferme lorsque tu t’arrêtas devant lui, l’observant de la tête aux pieds alors que tu fouillais dans tes souvenirs pour la moindre trace de son existence dans tes souvenirs. « Je connais quelqu’un qui y travaille, et je suis certaine de t’avoir déjà vu quelque part, ou d’avoir entendu ton prénom… » Mais tu préférais encore qu’il te réponde avant de t’avancer trop longuement, ne voulant pas exposer ta relation avec Joaquin avec quelqu’un qui pourrait ne pas être au courant. Après tout, le chilien t’avait bien fait comprendre qu’il ne se sentait pas complètement prêt à afficher votre relation au monde entier, et tu ne voulais pas agir contre sa volonté.

« Je me demande bien ce qu’on pourrait trouver sur Google en tapant Brisbane, activité inusité dans la barre de recherche. » Russell eut un petit sourire face à l’interrogation d’Autumn. Les réponses à sa question devaient être diverses et variées, la ferme aux lamas n’étaient peut-être même pas l’activité la plus excentrique à laquelle on pouvait s’attendre. “Il faudra chercher à l’occasion.” Le pompier se nota dans un coin de la tête de faire cette recherche plus tard afin de lui donner des idées  pour de futurs rendez-vous Brisbuddies mais surtout pour proposer à Faith hune activité originale. Il eut envie de rire en essayant d’imaginer si Faith aurait aimé aller saluer des lamas. La réponse était sûrement oui, c’était une femme pétillante et comme lui à la recherche d’originalité et d’aventure. « Non, mais c’est ce que j’aime. Y’a rien comme de savoir exactement ce que des jeunes de 12 ans pensent à tout moment de la journée. » Il hoche la tête, essayant difficilement de se rappeler ce qui devait se tramer dans sa tête quand il avait douze ans. La réponse était vraisemblablement peu réjouissante : l’enfance et l’adolescence de Russell s’était faite dans la douleur. Vivre avec son père avait été un calvaire : Bill Sutton était un alcoolique, un homme violent envers son fils qui était un véritable souffre douleur. A douze ans, Russell devait ainsi être en train de compter les jours restants pour sa majorité ou à prier que son père décède pour enfin en être débarrassé. Autumn lui demande par la suite si le quadragénaire a déjà rencontré d’autres personnes via l’application Brisbuddies. « Ah oui, tu m’avais dit que tu étais pompier. » Russell l’avait mentionné sur son profil et ils avaient rapidement discuté de leurs carrières respectives. « Ça va peut-être te sembler étrange comme question, mais est-ce que tu travailles à la caserne de Spring Hill? » Leurs pas les menèrent rapidement à l’intérieur de la ferme. Des bruits d’animaux se faisaient entendre au loin alors que la jeune femme marqua un arrêt avant de l’observer de la tête aux pieds. Russell haussa un sourcil, plutôt intrigué par le comportement d’Autumn qui le regardait comme s’il avait un bout de salade coincé dans les dents. " Je connais quelqu’un qui y travaille, et je suis certaine de t’avoir déjà vu quelque part, ou d’avoir entendu ton prénom… »  Russell avait beau la dévisager à son tour il n’arrivait pas à se souvenir de son visage, il était certain de ne l’avoir jamais vue. “Je travaille là-bas depuis…” Il marqua un temps d’arrêt pour essayer de réfléchir aux nombres d’années qu’il avait passé là-bas. “Trente-cinq ans. Je fais partie des murs ou des antiquités sur les étagères à force je pense.” Il venait de prendre au passage un coup de vieux assez déplaisant. “Donc si tu connais quelqu’un qui travaille là-bas, surtout si c’est une jeune recrue tu as peut-être entendu parler de moi, j’enseigne beaucoup.” Et c’était un rôle qui lui plaisait énormément, il aimait transmettre et former les futurs atouts de la caserne. Le pompier faisait marcher ses méninges pour essayer de savoir si quelqu’un à la caserne lui avait parlé d’une Autumn, il arriverait ainsi peut-être à faire le lien seul. Il se souvenait bien d’une Autumn dont son ami lui avait parlé et qui à y réfléchir ressemblait fortement à la blonde mais le doute subsistait. “Attends, tu parles de Joaquin ?”

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Est-ce que le hasard pouvait se jouer de toi à ce point-là? Quand tu avais matché avec Russell au début, tu avais trouvé ça comique de te retrouver à faire la conversation à un homme dans la même tranche d’âge que Joaquin, surtout que votre relation avait élevé d’un cran dernièrement. Tu n’avais pas fait le lien au départ lorsqu’il t’avait écrit qu’il travaillait comme pompier, et c’est seulement maintenant qu’il te le mentionnait de nouveau que tu semblais être en mesure de voir l’image complète du casse-tête dans ta tête. Ton pressentiment en était un bon, tu en étais presque certaine et si tu poses la question pour clarifier les choses auprès de l’homme, tu es presque certaine de connaître sa réponse. « Je travaille là-bas depuis… Trente-cinq ans. Je fais partie des murs ou des antiquités sur les étagères à force je pense. » Tu ris doucement à sa blague, désormais persuadée qu’il est impossible que les deux hommes ne se connaissent pas, mais aussi convaincue que Russell doit être celui dont Joaquin t’a parlé, celui dont il est si près. « Tu sais que tu veux être pompier depuis toujours du coup? » D’un autre côté, tu ne peux t’empêcher d’être impressionnée par ce commitement qui s’étire sur plusieurs dizaines d’années, cette certitude de se trouver la où il doit être dans la vie depuis si jeune, alors que toi, tu te cherches encore une journée sur deux, même si tu penses enfin avoir trouver ta place en enseignement. « Donc si tu connais quelqu’un qui travaille là-bas, surtout si c’est une jeune recrue tu as peut-être entendu parler de moi, j’enseigne beaucoup. » « Ah non, la personne que je connais qui y travaille n’est pas une jeune recrue… » que tu précises, légèrement agacée par ce fait que Russell confirme exactement les craintes de Joaquin sans même le savoir, en assumant tout bonnement que tu ne pourrais pas être liée à un homme plus vieux. « Attends, tu parles de Joaquin? » Tout de suite, ton agacement est remplacé par une vague de surprise, quelque chose de plus doux, toi qui ne peux qu’espérer maintenant que le Bates ait parlé non seulement de toi, mais de votre relation aussi. « Il t’a parlé de moi? » que tu ne peux évidemment pas t’empêcher de demander, un sourire s’étirant sur tes lèvres. « J’arrive pas à croire que j’ai pas fait le lien plus tôt. Il ne doit pas y avoir beaucoup de Russell qui sont pompiers à Brisbane. » Et tout ce temps tu te demandais pourquoi il te semblait si familier, la réponse était si évidente que tu étais complètement passée à côté. « Il m’a beaucoup parlé de toi. Que du bien. » que tu précises avec un léger rire. Tu secoues la tête, n’arrivant pas à croire que de toutes les personnes sur qui tu aurais pu tomber sur cette application de rencontre, tu te retrouves en face à face avec l’un des plus proches amis de l’homme que tu fréquentes depuis peu. « C’est quand même très drôle que notre première rencontre se fasse sur une application, considérant qui on a en commun. »

« Tu sais que tu veux être pompier depuis toujours du coup? » Russell hocha la tête. Rejoindre les pompiers était une réelle vocation qui l’animait depuis qu’il avait 16 ans. Les raisons qui l’avaient poussé à s’engager dans cette voie professionnelle étaient néanmoins funestes. Sa mère était décédée dans un accident de voiture une nuit d’hiver alors qu’il était tout juste adolescent. La voiture avait dérapé sur une plaque de verglas pour finir par s’encastrer dans un mur. Les pompiers étaient intervenus tout de suite mais elle était morte de ses blessures quelques heures après l’accident, un drame qui l’avait marqué au fer rouge. Depuis il s’était mis en tête de devenir pompier pour aider son prochain, de donner chaque jour de sa vie pour porter secours comme ceux qui avaient tout mis en œuvre pour donner une chance à sa mère à l’époque. Il n’y avait rien de plus gratifiant pour lui que de savoir qu’il avait participé à sauver une vie. “J’ai commencé quand j’avais 16 ans, c’est une vocation depuis toujours oui.” Il lui répondit avec un sourire rempli de nostalgie. “Et toi ? Tu as toujours voulu être prof ?” Etre professeur était aussi un métier passion, une vocation pour beaucoup, c’était sûrement le cas d’Autumn. La discussion dévia par la suite sur la personne qu’Autumn connaissait à la caserne. « Ah non, la personne que je connais qui y travaille n’est pas une jeune recrue… » Le quadragénaire fronça légèrement les sourcils, faisant travailler ses méninges pour savoir de qui elle pouvait bien parler avant d’avoir l’illumination : c’était de Joaquin qu’elle parlait. Il aurait dû faire le lien bien plus tôt, il lui avait beaucoup parlé d’elle et il avait même entrevu une photo d’elle une fois. La probabilité que son date Brisbuddies soit la Autumn de Joaquin était cependant si faible qu’il n’avait même pas envisagé cette option. « Il t’a parlé de moi? » Il ne put retenir un petit rire. Bien sûr que Joaquin lui avait parlé d’elle et plus d’une fois. Autumn par ci, Autumn par là. Il était complètement fou d’elle, c’était évident. “Il m’a beaucoup parlé de toi.” C’était bien la première fois que Russell voyait son ami amoureux. « J’arrive pas à croire que j’ai pas fait le lien plus tôt. Il ne doit pas y avoir beaucoup de Russell qui sont pompiers à Brisbane. » Il hocha la tête, effectivement, la liste ne devait pas être très longue. “Je suis le seul de notre caserne en tout cas.” A la caserne on l’appelait rarement Russell, il était bien plus habitué à entendre son patronyme et il était lui aussi habitué à appeler les recrues par leur nom de famille. « Il m’a beaucoup parlé de toi. Que du bien. » Russell n’en doutait pas mais l’entendre le fit sourire et lui réchauffa le cœur. “C’est quelqu’un de bien, vraiment.” Ils continuaient d’avancer dans la ferme bien que la coïncidence qui venait de se produire attirait davantage l’attention et l’intérêt de Russell que les lamas. « C’est quand même très drôle que notre première rencontre se fasse sur une application, considérant qui on a en commun. » Joaquin n’avait pas encore osé lui présenter Autumn, Russell savait que cela était dû à leur écart d’âge. Un écart qui n’était pas un problème pour Russell tant que tout était clair entre eux et qu’elle était bien attentionnée envers son meilleur ami. “Quand il va savoir qu’on s’est rencontrés avec un hasard pareil je pense que ça le fera bien rire.” Et Russell savait pertinemment que Quino allait le questionner pour savoir ce qu’il pensait d’elle. Il ne la connaissait que depuis quelques minutes mais à première vue elle lui paraissait sympathique. “Il faudra qu’on se revoit tous les trois autour d’un bon repas pour rattraper ça en tout cas.”

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« J’ai commencé quand j’avais 16 ans, c’est une vocation depuis toujours oui. »
« Et ça te plait toujours autant qu’au premier jour? »

Peut-être bien que c’est ce qui te fait le plus peur, avec cette idée de vocation. Que malgré l’amour que tu portes pour l’enseignement aujourd’hui, le fait que tu y sois retournée après de nombreuses années à errer, à te chercher sans jamais te trouver. Mais si quelqu’un comme Russell peut être pompier depuis la grande majorité de sa vie et toujours y trouver la passion qui l’a forcé dans ce domaine à peine à l’adolescence, alors peut-être bien qu’il y a des chances pour toi. Peut-être que tu n’es pas une cause aussi perdue que tu ne te le fais croire depuis trop longtemps déjà. « Et toi? Tu as toujours voulu être prof? » Tu fais signe que non de la tête, même si la vraie réponse à cette question est bien plus complexe, trop complexe pour que tu ne t’y attardes en longueur avec lui. « J’avais aucune idée de ce que je voulais faire à 16 ans. J’étais pas plus certaine à 20 ou 25. » que tu lui avoues avec un rire. « Mais j’ai toujours eu un intérêt pour l’enseignement, aider les autres. Je suis toujours pas certaine d’avoir la discipline nécessaire, mais mes élèves s’en sortent pas trop mal. » Tu faisais mieux que pas trop mal, mais tu n’osais pas encore véritablement l’admettre à haute voix, l’impression toujours si forte de n’être rien de plus qu’un imposteur pour ce métier dans lequel tu t’épanouis pourtant.

La conversation dévie rapidement et tu mets finalement le doigt sur pourquoi Russell te semblait si familier depuis son arrivée. La connexion semble se faire aussi vite de son côté et le rire qui s’échappe des lèvres du brun te confirme ce que tu espérais : tu ne lui es pas complètement inconnue ce qui veut dire que Joaquin lui a parlé de toi, et tu l’espères, du rôle que tu joues dans sa vie et de l’affection qu’il te porte. « Il m’a beaucoup parlé de toi. » « Tu vas me mettre la pression. » que tu commentes avec un rire, même si tu ne peux empêcher de sentir le rouge te monter aux joues, telle une adolescente qui reçoit la confirmation que son crush pense à elle aussi. « Je suis le seul de notre caserne en tout cas. » Tu aurais dû faire le lien bien avant, mais tu es simplement contente de l’avoir fait avant la fin de votre date, sinon la question aurait certainement hanté tes pensées jusqu’à ce que la réponse ne t’apparaisse à un moment ou un autre. « C’est quelqu’un de bien, vraiment. » Ce n’est certainement pas toi qu’il fallait convaincre de ce fait. « Je sais, oui. Je suis chanceuse de l’avoir dans ma vie. » Une chance que tu n’étais pas tous les jours certaine de mériter, surtout lorsque tu repensais aux circonstances entourant votre rencontre. Tu étais curieuse de savoir si c’était quelque chose que Joaquin avait partagé avec Russell, mais tu préférais ne rien dire, de peur qu’il ne sache pas. Tu aimais mieux croire que parmi les premières choses que l’entourage de Joaquin apprenait à ton sujet, ton état de santé mentale précoce il y a dix-huit mois n’était pas en haut de la liste. « Quand il va savoir qu’on s’est rencontrés avec un hasard pareil je pense que ça le fera bien rire. » « Je pense aussi. » que tu commentes, avant d’ajouter dans un vent de panique « Je cherchais pas à rencontrer comme ça sur l’application. J’veux dire, Joaquin me rend heureuse. » Tu t’enfarges sur tes mots, tu parles trop vite, tu cherches dans le regard du pompier qu’il comprend ce que tu tentes de lui dire. « Désolée, j’voulais juste que ce soit clair, j’veux pas que tu penses que j’pourrais lui jouer dans le dos comme ça. » Plus tu parles, plus tu as l’impression de rendre la situation pire qu’elle ne l’était réellement à la base, alors tu te tais, te mordilles légèrement les lèvres avant de tourner ton attention sur les lamas, sans vraiment voir les bêtes qui vous entourent, ni être intéressée ou capable de comprendre ce qu’on te dit à leurs sujets. « Il faudra qu’on se revoit tous les trois autour d’un bon repas pour rattraper ça en tout cas. » « J’aimerai beaucoup, oui. » que tu confirmes. « Vous vous connaissez depuis longtemps? »

« Et ça te plait toujours autant qu’au premier jour? » Il hocha la tête en réaction à sa question. Russell aimait toujours autant son métier même si l’accident de travail qu’il avait eu il y a presque dix ans avait bousculé et en partie détruit sa vie. Son rôle de pompier avait évolué avec cet accident puisqu’il n’intervenait plus sur le théâtre d’incendies mais il aimait toujours pouvoir former des jeunes, aider à la planification des interventions ou intervenir sur certains accidents. Le quotidien type chez les pompiers n’existait pas, aucune journée n’est semblable à la prochaine et Russell en était convaincu, c’est quelque chose qu’il appréciait beaucoup dans son métier. “Toujours autant. Chez nous la routine ça n’existe pas, j’ai jamais passé deux journées identiques, on s’ennuie jamais.” Quand Russell lui retourna la question sur la vocation du métier de professeur, la blonde se mit à secouer la tête, visiblement pas dans ce cas-là. « J’avais aucune idée de ce que je voulais faire à 16 ans. J’étais pas plus certaine à 20 ou 25. Mais j’ai toujours eu un intérêt pour l’enseignement, aider les autres. Je suis toujours pas certaine d’avoir la discipline nécessaire, mais mes élèves s’en sortent pas trop mal. » Il hocha la tête, il y avait malgré tout une vocation : celle de s’engager pour les autres et même si leur quotidien professionnel était radicalement différent, ils avaient ça en commun. Russell avait donné sa carrière pour les autres, il avait sacrifié sa santé et sa famille. Il ne comptait plus le nombre de matchs de rugby d’Angus ratés ou de réveillons qu’il avait passés à la carrière avec Joaquin. Un don de soi et des sacrifices qu’il regrettait parfois en voyant à quel point ils avaient brisé sa famille. “La discipline ça vient petit à petit. Je pense que si tu arrives à être juste avec eux, qu’ils sentent que tu as vraiment envie de les aider et que tu es là pour eux, alors ils te respecteront naturellement.” Le respect était la base de tout et c’est sur ce principe que Russell fonctionnait avec les jeunes recrues qu’il formait à la caserne.

« Tu vas me mettre la pression. » Elle se mit à rire nerveusement et Russell mentirait s’il disait ne pas être amusé par cette situation et la réaction d’Autumn. Il tenait toutefois à la rassurer. “Mais non il ne faut pas.” Il restait protecteur envers Joaquin, son frère de cœur mais Autumn avait l’air d’être une fille plutôt sympathique alors il lui donnait une chance. « Je sais, oui. Je suis chanceuse de l’avoir dans ma vie. » Russell afficha un petit sourire, lui aussi convaincu qu’il était chanceux d’avoir Joaquin dans sa vie, il était très certainement le frère qu’il n’avait jamais eu. Russell ne répondit pas autrement qu’avec ce sourire et préféra plaisanter sur le fait que le hasard de leur rencontre allait faire rire Joaquin. « Je pense aussi. » Et sans que Russell ne comprenne pourquoi, le ton de la voix d’Autumn changea. « Je cherchais pas à rencontrer comme ça sur l’application. J’veux dire, Joaquin me rend heureuse. » L’idée ne lui avait pas traversé l’esprit, lui-même s’étant inscrit pour trouver des amis et faire rire les petits jeunes de la caserne, rien de plus. « Désolée, j’voulais juste que ce soit clair, j’veux pas que tu penses que j’pourrais lui jouer dans le dos comme ça. »  Il agite légèrement ses mains pour l’arrêter dans son élan. “Ah non mais je ne cherche pas de rencontres dans ce genre là non plus.” Si Russell avait matché avec Autumn dans l’intention qu’il se passe quelque chose entre eux, la situation aurait été affreusement gênante : elle était extrêmement jeune et puis il y avait Faith donc la question ne se posait même pas. “J’ai une copine, je cherchais pas de relation non plus, je te rassure.” Il n’y avait aucune ambigüité et il était important de le rappeler. « J’aimerai beaucoup, oui. » L’idée n’avait donc plus qu’à être lancée pour qu’ils se rencontrent ensemble dans de meilleures conditions. « Vous vous connaissez depuis longtemps? » Russell laissa échapper un petit rire. “Oh oui.” Il avait passé plus d’années avec Joaquin en tant qu’ami qu’en ne le connaissant pas. “On se connaît depuis 35 ans, on a commencé à la caserne en même temps.”

you better keep your cool or this situation will unravelama
@Russell Sutton + Autumn Galloway
lieu: ferme de lamas, event brisbuddies

« Toujours autant. Chez nous la routine ça n’existe pas, j’ai jamais passé deux journées identiques, on s’ennuie jamais. » Tu n’avais pas de mal à imaginer l’homme dans ces fonctions, inspiré et passionné par un métier qui ne pouvait pas être pratiqué par beaucoup dû à sa demande physique intense et le poids psychologique qui y était inévitablement rattaché. C’était la même force de détermination que tu retrouvais chez Joaquin, quelque chose qui t’avait charmé chez lui depuis le premier jour. Tu ne pouvais imaginer comment ça devait être difficile pour le Bates d’avoir dû prendre un pas de recul dans son travail à la suite de l’annonce de son cancer. Maintenant que tu savais pour l’amitié entre les deux pompiers, tu espérais simplement que Russell était présent pour aider Joaquin à vivre cette transition complexe. « La discipline ça vient petit à petit. Je pense que si tu arrives à être juste avec eux, qu’ils sentent que tu as vraiment envie de les aider et que tu es là pour eux, alors ils te respecteront naturellement. » Tu hoches doucement la tête, empochant le conseil, essayant de te convaincre qu’avec un peu de temps et de pratique, les choses te viendraient plus naturellement et que tu aurais enfin la certitude absolue, comme Russell, d’être dans le bon métier, de faire la bonne chose, autant pour toi que pour les nombreux élèves qui allaient croiser ta route. « Je doute pas que tu manques pas de discipline, dans un métier comme le tien, c’est un essentiel. » Et dieu sait que tu n’aurais jamais eu ce qu’il fallait pour faire un tel boulot et que tu avais une admiration infini pour tous les gens qui travaillaient en tant que premier répondant, que ce soit les pompiers ou les ambulanciers, et même tout ceux qui sont en ligne de front pour le bien-être et la santé des résidents de la ville.

« Mais non il ne faut pas. » que te rassure Russell quant à la pression que tu te mets déjà toute seule face à l’idée de finalement rencontrer le meilleur ami de ton amoureux, sans la présence de ce dernier. Et puis évidemment que ton cerveau ne s’arrête pas là, tu te fais des peurs quant à tes intentions qui puissent mal paraître pour ce rendez-vous qui n’en est pas vraiment un, pas quand tu es parfaitement heureuse avec Joaquin malgré les quelques embûches qui rendent votre relation potentiellement incompatible aux yeux de certain, mais tellement évidente aux vôtres. « Ah non mais je ne cherche pas de rencontres dans ce genre là non plus. » « Tu me rassures. » que tu lui avoues alors que tu échappes un long soupir. « J’ai une copine, je cherchais pas de relation non plus, je t’assure. » « Oh c’est vrai? Ça fait longtemps? » que tu le questionnes, naturellement curieuse. Autant tu souhaitais en apprendre davantage sur Russell, autant tu ne pouvais t’empêcher d’aussi vouloir le questionner sur son amitié avec Joaquin, sur comment l’homme que tu fréquentais était dans ces jeunes années. « Oh oui. On se connaît depuis 35 ans, on a commencé à la caserne en même temps. » C’était étrange de penser qu’ils puissent se connaître depuis un nombre d’années plus élevé encore que ton âge, mais tu te consoles en te disant qu’au moins, ils étaient tous les deux très jeune quand ils ont commencé à la caserne. « Wow, vous avez vraiment été amis pour toutes les grosses étapes de vos vies. » que tu assumes, sans trop de subtilité, ne pouvant t’empêcher de te demander quelles grosses étapes tu as bien pu manquer dans la vie du Bates. « Vous avez fait les 400 coups ensemble j’imagine? »

« Je doute pas que tu manques pas de discipline, dans un métier comme le tien, c’est un essentiel. »  Il hocha la tête, la discipline était un pilier de l’action des pompiers. Sans discipline personnelle mais aussi au sein du groupe, la situation pouvait rapidement devenir dangereuse avec des conséquences graves. La discussion dériva progressivement de leur carrière professionnelle respective à Quino. Quino qu’ils avaient tous les deux en commun sans s’en être rendu compte plus tôt. Russell était attentif au comportement d’Autumn pour protéger son ami mais il n’avait pas l’intention d’être sur son dos pour autant et il chercha à la rassurer pour enlever toute pression chez elle. Autumn eut par la suite à cœur de préciser qu’elle n’était pas inscrite sur l’application Brisbuddies pour faire des rencontres amoureuses. « Tu me rassures. » Russell lui confia en retour que son coeur à lui était pris aussi. Elle soupira, visiblement soulagée de la réponse du pompier. « Oh c’est vrai? Ça fait longtemps? » Il eut un petit rire gêné, il avait l’impression d’avoir à nouveau seize ans. “Une semaine ? Disons que c’est tout frais.” Une semaine et demie pour être exact. L’officialisation de leur relation avait pris son temps, dans les faits cela faisait plusieurs mois que sa relation avec Faith avait évolué au point d’être plus que de l’amitié, ils n’avaient simplement pas passé le cap d’avouer leurs sentiments plus tôt. C’était désormais un soulagement pour lui de pouvoir la prendre dans ses bras et l’embrasser, il en avait rêvé pendant bien trop longtemps. « Wow, vous avez vraiment été amis pour toutes les grosses étapes de vos vies. » Il hocha la tête. Quino avait été présent quand il a obtenu son permis de conduire, quand il a rencontré Beth, son premier amour ou encore à la maternité pour la naissance de ses fils. “Complètement, on a grandi ensemble je dirais même. C’est le frère que j’ai jamais eu” Et c’était une chance inouïe d’avoir auprès de soi pendant 35 ans une personne aussi formidable, il le mesurait chaque jour. Quino était d’ailleurs une personne à part entière de la famille Sutton : il avait été son témoin de mariage, il était le parrain d’Angus. Et il allait de soi qu’à chaque repas de famille chez eux, Quino était invité, la question ne se posait même pas. « Vous avez fait les 400 coups ensemble j’imagine? » Russell se mit à rire alors que les souvenirs remontaient. “Oh oui, je peux te dire que quand on est entrés chez les pompiers on en a fait des choses, le capitaine était désespéré, il nous appelait Tic et Tac.” Le regard du quadragénaire était concentré sur Autumn et non sur les lamas qui les entouraient. “Quino a l’air d’être calme mais je peux te dire que c’était pas le dernier pour faire des conneries, j’en ai fait des tours de terrain et des pompes à cause de lui.” Des punitions toujours faites avec le sourire et qui ne les empêchaient pas de rire et de recommencer à la caserne.

you better keep your cool or this situation will unravelama
@Russell Sutton + Autumn Galloway
lieu: ferme de lamas, event brisbuddies

« Une semaine? Disons que c’est tout frais. »
« Ah oui, vraiment tout frais. Mais je te souhaite que ça marche. »

Et tu étais sincère. Tu ne connaissais pas (encore) grand-chose sur Russell, mais tu lui souhaitais d’être heureux dans cette nouvelle relation. Tu ne savais sur lui que les bribes d’informations qu’il t’avait partagées jusqu’à maintenant, en plus de l’estime que lui portais ton amoureux, mais tu n’avais pas besoin de plus d’informations pour déjà l’apprécier et lui souhaiter beaucoup de bonheur. « Complètement, on a grandi ensemble je dirais même. C’est le frère que j’ai jamais eu. » Tu étais envieuse de ça, de ce genre de relation qui avait survécu à toutes les étapes de la vie, qui avait vu des décennies passer sans que jamais les choses ne se ternissent entre eux. Tu ne connaissais pas tous les détails et tu n’étais pas non plus assez naïve pour croire qu’ils n’avaient pas eu leurs lots d’épreuves et de moments difficiles dans leurs trente années d’amitié. « Oh oui, je peux te dire que quand on est entrés chez les pompiers on en a fait des choses, le capitaine était désespéré, il nous appelait Tic et Tac. » Tu échappes un rire. Tu tentes de visualiser de quoi ça pouvait avoir l’air, deux jeunes adultes qui se découvrent au sein d’un métier difficile, mais dans lequel ils se sont donnés corps et âmes sans aucun doute, à leur manière. « Quino a l’air d’être calme mais je peux te dire que c’était pas le dernier pour faire des conneries, j’en ai fait des tours de terrain et de pompes à cause de lui. » « Et quelque chose me dit que la pareille était tout aussi fréquente. » Tu n’as pas de mal à les imaginer toujours vouloir prendre revanche l’un sur l’autre, à créer des vagues à la caserne quand ils pouvaient se le permettre, sans jamais que cela n’enlève à leur capacité de bien faire leur travail. « Merci d’avoir partagé ça avec moi. Et de me donner une chance. Je l’apprécie grandement. » Tu es consciente que tu n’es sûrement pas l’image même de la femme qu’il imaginait pour son ami, mais le fait qu’il n’ait porté aucun commentaire ou jugement sur ton âge te rassure plus que tu ne saches l’exprimer.