Kate entra dans l’immense salle de bal du grand hôtel. Vêtue d’une longue robe noire élégante qui mettait en valeur ses courbes, elle dégageait assurance, sophistication et sensualité. Les chandeliers au plafond illuminaient la pièce, projetant des éclats de lumière sur les invités parés de leurs plus beaux atours. C'était une soirée mondaine au profit de plusieurs associations caritatives, dont l’Association Beauregard, mais c’était aussi une soirée pour explorer de nouvelles connexions.

Au détour d'une conversation avec un philanthrope influent, Kate vit Scarlett du coin de l’oeil. Le temps sembla s'arrêter. Comme d’habitude, Scarlett dominait la place avec sa chevelure flamboyante et sa prestance naturelle. Comme d’habitude, Kate était obnubilée par sa présence. Elle savait qu’elle était son talon d’Achille, sa faiblesse, mais elle ne pouvait s’empêcher de succomber à la tentation. La raison la quittait lorsqu’il était question de Scarlett.  

On lui parlait, mais elle était ailleurs. Elle revoyait leurs discussions enflammées, des discussions qui mêlaient passion et divergence, ainsi que leurs moments plus tendres. Tout au long de la soirée, Kate jeta plusieurs coups d'œil en direction de Scarlett, guettant le moment idéal pour aller vers elle. Il fallait qu’elle trouve un prétexte pour lui parler sans paraître désespérée et une manière de l’aborder sans trop attirer l’attention.

Une opportunité se présenta finalement en milieu de soirée. Scarlett s'était éloignée seule de sa table, possiblement à la recherche d’un verre de champagne, et Kate en profita pour venir vers elle. « Bonsoir, Scarlett », dit-elle sur un ton confiant malgré les battements frénétiques de son coeur. Un sourire qui cachait bien le fait que son coeur battait la chamade. « Je suis contente de te voir ici, car j’ai une demande à te faire », dit-elle. Elle ne l’avait pas revue depuis un moment, ce qui l’avait aidée à passer à autre chose, mais le fait de la revoir aujourd’hui la replongea dans leur histoire. Et elle prenait toujours de mauvaises décisions lorsqu’elle replongeait dans leur histoire. « J’aurais une demande professionnelle à te faire, si tu as un moment pour discuter », finit-elle par dire après une pause marquée.

@Scarlett Bridgers

A l’instant où leurs regards se croisent, Scarlett sait d’avance que Kate viendra lui parler. C’est une supposition facile, bourrée de preuves, d’autres soirées où elles se sont croisées, ou ne serait-ce que toutes les fois où Kate est revenue vers elle, alors que leur relation touchait à la fin. Scarlett avouerait facilement qu’elle a laissé trainer en longueur la situation, à l’époque qui commence déjà à remonter, probablement parce qu’elles partageaient de bons moments. Mais invériablement, Kate a voulu plus, Scarlett voulait moins. C’est souvent comme ça, Scarlett a l’habitude, elle sait couper le cordon sans trop de difficulté. Elle continue son chemin sans se retourner, peu incline aux regrets relationnels ni à la clémence ; elle considère avoir été réglo sur ses attentes et son fonctionnement, comme d’habitude.

Elle laisse ses yeux traîner sur Katherine, néanmoins, pour le plaisir d’observer son visage, son corps, parce qu’elle est toujours aussi charismatique et belle, et qu’un passif glissant n’ôte rien à cela. Elles se font un signe de la tête, pour acter qu’elles se sont remarquées, et Scarlett est retourne à sa soirée. Il y a du beau monde ce soir, des gens qu’elle connait et d’autres qu’elle voudrait qu’on lui présente, et son esprit de businesswoman est concentrée, tournée vers toutes les opportunités qu’elle pourrait saisir, son cerveau calculant tout autour d’elle, analysant conversations et gestes, sourires et regards entendus. Il y a notamment des investisseurs qui l’intéressent, et elle est lancée dans son numéro de charme. Elle sait que parfois, sa réputation la précède, les gens savent qu’elle est une excellente professionnelle mais qu’elle n’est pas la plus tendre, et elle oscille entre montrer patte blanche et être ferme, donnant toujours le change quoi qu’il arrive.

Après une discussion particulièrement intéressante et quelques contacts échangées, Scarlett s’écarte un instant, mais elle est bien vite rejointe. « Bonsoir, Scarlett », commence Kate avec un sourire. « Bonsoir, Kate », elle répond du tac au tac, sourire mutin. « Jolie robe », elle commente, sans pouvoir s’en empêcher - elle a toujours trop aimé flirter, même lorsqu’elle n’a aucune attention derrière. « Je suis contente de te voir ici, car j’ai une demande à te faire. » Scarlett lève un sourcil, curieuse. « J’aurais une demande professionnelle à te faire, si tu as un moment pour discuter. » C’est assez pour attirer sa curiosité, et Scarlet plisse les yeux. « Me voilà intriguée », elle avoue, penchant la tête. « Allons chercher un verre, discutons », elle propose d’un ton qui n’offre pas d’options - c’est bien son genre, donner des ordres. Elles se dirigent vers l’open bar, et Scarlett commande un tonic, fidèle à elle-même, elle qui n’a jamais aimé boire. Elle fait un signe de la tête à Kate pour qu’elle commande ce qu’elle désire, et lorsqu’elles ont leurs verres, elles s’éloignent légèrement pour être plus tranquille. Scarlett lève son verre pour trinquer brièvement, son regard pétillant dans celui de Kate. « Je t’écoute. »


@Katherine Beauregard

« Bonsoir, Kate ». Sa voix était toujours aussi envoûtante. « Jolie robe ». Son amour pour le flirt toujours aussi présent. Jolie robe… Elle savait déjà qu’elle allait rejouer ces mots en boucle dans sa tête pendant plusieurs semaines… Katherine savait que Scarlett avait tendance à séduire les gens sans forcément avoir d’intentions derrière la tête, mais elle s’en moquait, elle en voulait seulement davantage. Comme elle n’avait pas envie de perdre plus de dignité qu’elle en avait déjà perdue avec elle, elle se contenta néanmoins de la remercier du regard. Elle n’avait pas besoin de la complimenter pour qu’elle sache ce qu’elle pensait d’elle de toute manière. C’était écrit sur son front.

« Me voilà intriguée ». Katherine réprima sa joie et laissa transparaître qu’un bref sourire satisfait. « Allons chercher un verre, discutons ». Elle avait envie de crier victoire, mais elle se commanda de se calmer. Scarlett était intriguée, mais tout n’était pas encore joué. L’assurance imposante de la brune avait le don de lui faire perdre tous ses moyens. Il ne fallait surtout pas qu’elle lui demande quelque chose, car elle savait à quel point elle n’avait pas la force de lui résister. Allons chercher un verre ? De ce pas. Laisse-moi te briser le coeur ? Avec plaisir. Comment était-ce seulement possible qu’elle soit encore à ses crochets après tout ce temps ? C’en était ridicule ! Katherine était pourtant une femme indépendante et sûre d’elle, mais avec Scarlett, elle perdait toutes formes d’identité. Et d’intelligence.

Elles s’éloignèrent légèrement de l’agitation de la soirée, trouvant un coin tranquille pour discuter. Scarlett leva son verre pour trinquer brièvement. Son regard était curieux, intrigué. Katherine leva son verre à son tour en se réjouissant secrètement de l’intérêt qu’elle avait réussi à faire naître chez elle. Un intérêt professionnel, certes, mais un intérêt quand même. « Je t’écoute ». Katherine prit une gorgée de son verre, s’accordant un moment pour rassembler ses pensées. Pas question de se laisser déstabiliser par la beauté fatale qu’était Scarlett. Elle avait un plan et elle allait le suivre jusqu’au bout. « Merci d’avoir bien voulu prendre un moment pour me voir ». Il fallait bien commencer par les politesses professionnelles. « Tu te souviens de mes soirées de poker ? » Scarlett avait été une des premières personnes à qui Kate s’était confiée sur ses soirées de poker. Une question de circonstances, puisqu’elles se fréquentaient lorsqu’elle les avaient mises en place, mais surtout une question d’approbation. L’approbation de Scarlett. De cette femme qu’elle admirait tant. Dont elle était tant sous l’emprise. S’en doutait-elle ? Sérieusement, Kate ? Merde. « Les choses fonctionnent bien et j’ai envie d’aller plus loin. » . Elle fit une pause afin de savourer la curiosité de plus en plus grandissante dans les yeux de la belle. Pour une fois, c’était elle qui la tenait en haleine. Bon, elle exagérait, mais quand même. « Je veux rendre mes soirées officielles et encore plus prestigieuses. Attirer encore plus de riches, faire encore plus d’argent, redonner encore plus à ceux qui en ont réellement besoin. J’aimerais implanter mes soirées à l’Octopus. Ce serait plus simple pour moi, car les parties deviendraient légales et j’aurais moins de recrutement et d’organisation à faire. » Elle fit une autre pause, cette fois-ci pour mesurer la réaction de Scarlett, avant de poursuivre de nouveau. « Sauf que le casino a une certaine réputation et je n’ai pas envie que cette réputation éclabousse mon nom en m’associant à lui. » J’ai aussi envie, par la même occasion, de passer un peu plus de temps avec toi. Devait-elle devenir l’image derrière ses parties de poker privées au casino ou mettre quelqu’un d’autre en premier plan ? Ou devait-elle mettre l’accent sur le fait qu’une partie des dons seraient donnés à de bonnes causes ? Comment pouvait-elle officialiser ses soirées tout en continuant à berner les riches ?

« Merci d’avoir bien voulu prendre un moment pour me voir. » Scarlett lui offre un sourire entendu, amusée par le jeu des convenances que demande la soirée où elles sont, comme si elles n’étaient que des connaissances dans le même réseau professionnel, et pas deux femmes qui ont couché ensemble plusieurs mois durant il y a quelques années de ça. Scarlett n’a pas oublié, et vu comment Kate la regarde, cette dernière n’a pas oublié non plus. « Tu te souviens de mes soirées de poker ? » Scarlett hoche la tête, l'air de dire évidemment. Comment l'oublier, quand ces parties ont été la cause de nombreux débats et disputes, agaçant et ravissant Scarlett qui aime tant la friction, jusque dans les gens qu'elle fréquente. Elle aime les gens qui ont des opinions et des principes, même si elle se fait une joie de le critiquer par la suite. Avec Kate, ça a toujours été particulier : la jeune femme a un certain charisme, et une capacité à tenir tête, mais il est évident qu'elle cherchait l'approbation de Scarlett, à l'époque ; si cela pourrait être flatteur, Scarlett préfère les gens affirmé et solide sur leurs appuis, qui n'ont pas besoin d'être validé. Elle se demande si aujourd’hui, Kate a changé, maintenant qu’elles ne sont plus intimes. Mais quelque chose dans son attitude met la puce à l’oreille de Scarlett, qui se doute que son aura fait encore effet. « Les choses fonctionnent bien et j’ai envie d’aller plus loin. » Scarlett plisse les yeux et penche la tête, sa curiosité un peu piquée. « Toujours une Robin des Bois moderne, donc », elle relève d’un ton neutre, mais pourtant chargé de toutes les discussions qu’elles ont eu sur le sujet. Car Scarlett n’a aucun problème avec l’illégalité, son métier lui demande même de flirter avec, parfois. C’est l’idéalisme de Katherine qu’elle trouve fatiguant et, honnêtement, naïf. Surtout pour Scarlett, qui a grandi dans une vraie précarité, et qui a une opinion bien tranchée sur les riches qui essaient de se racheter une consciente - mais ça, elle ne l’a pas raconté à Kate, qui croit qu’elle vient tout simplement d’une famille de classe moyenne londonienne.

« Je veux rendre mes soirées officielles et encore plus prestigieuses. Attirer encore plus de riches, faire encore plus d’argent, redonner encore plus à ceux qui en ont réellement besoin. J’aimerais implanter mes soirées à l’Octopus. Ce serait plus simple pour moi, car les parties deviendraient légales et j’aurais moins de recrutement et d’organisation à faire. » La curiosité de Scarlett est définitivement piquée : Kate passe à la vitesse supérieure avec ses petites magouilles. « Sauf que le casino a une certaine réputation et je n’ai pas envie que cette réputation éclabousse mon nom en m’associant à lui. » C’est un effet un challenge que de s’associer avec l’Octopus, même si ça tombe bien, Scarlett aime bien les challenges. Elle hoche la tête, réfléchissant  à toute vitesse, décidée tout de même à ne pas paraître trop intéressée par toute cette histoire. « Tu t’exposes à plus de risque si cela devient légal », elle souligne tout de même. « Si un client découvre quoi que ce soit. » Car jusqu’à présent, les clients étaient eux-mêmes dans une activité illégale : difficile d’aller se plaindre à la police d’un comportement suspect quand on est soi-même à une partie de poker illégale. « Tu risques aussi de changer de cible : certains aiment l’aspect illégal, ça leur donne des frissons dans leur quotidien planplan. Mais peut-être que l’aura de l’Octopus attirera ces gens-là, d’ailleurs », elle réfléchit à haute voix, parle d’un ton ferme. « Pourquoi as-tu choisi l’Octopus si tu as peur de sa réputation ? » Elle demande, décidée à avoir toutes les cartes en main.



@Katherine Beauregard

« Toujours une Robin des Bois moderne, donc », lui dit-elle. Son ton était neutre, mais son message était loin de l’être. On la surnommait souvent ainsi, mais la brune avait été la première à le faire. Scarlett se souvenait donc de tout. Des discussions enflammées, des débats sans fin, des différences d’opinion. Des soirées à repenser le monde en confrontant leurs idéaux respectifs. De cette passion qui existait autrefois entre elles. Scarlett se souvenait donc de tout. La comparer de nouveau à Robin des Bois n’était pas seulement un compliment pour elle, il s’agissait aussi d’une preuve qu’elle ne l’avait pas oubliée. Kate regarda longuement Scar dans les yeux, un sourire à la fois amusé et séducteur sur les lèvres, avant de reprendre la parole. « Toujours », affirma-t-elle avec fierté.

La conversation devint ensuite plus sérieuse. Kate laissa de côté sa personnalité séductrice pour faire place à sa personnalité de femme d’affaires. Il y avait beaucoup en jeu ici, donc il valait mieux se concentrer. Oui, elle sollicitait Scar pour se rapprocher d’elle, mais elle la sollicitait aussi pour obtenir ses conseils. « Tu t’exposes à plus de risque si cela devient légal », débuta-t-elle. Katherine reprit une gorgée du liquide dorée qui pétillait dans son verre, comme pour se préparer à entendre la suite. Elle savait qu’elle allait avoir du mal à accepter que Scarlett critique son plan, orgueilleuse et têtue qu’elle était, mais elle savait aussi qu’elle avait besoin de son opinion pour le perfectionner. « Si un client découvre quoi que ce soit. » Elle laissa son regard se promener autour de la somptueuse pièce, observant les tenues hors de prix. Il y avait une certaine ironie dans le fait d’être tous regroupés ici pour redonner à son prochain tout en étant accoutrés ainsi. Une personne pouvait-elle être riche et avoir des valeurs de gauche ? « J’en suis consciente » , répondit-elle sur un ton sérieux tout en continuant de scruter la place. C’était toujours plus facile de détourner le regard et de jouer les durs à cuire lorsqu’une personne nous disait ce que nous ne voulions pas entendre. Kate se réconfortait néanmoins dans le fait que Scar semblait réellement s’intéresser à son plan. Elle le mettait à l’épreuve, mais elle ne l’invalidait pas pour autant. « Tu risques aussi de changer de cible : certains aiment l’aspect illégal, ça leur donne des frissons dans leur quotidien planplan. Mais peut-être que l’aura de l’Octopus attirera ces gens-là, d’ailleurs » Même si Scarlett titillait son orgueil avec ses critiques, Katherine savait qu’elle avait raison. Après tout, elle s’était posée les mêmes questions qu’elle. « Shaun et moi, mon associé, souhaitons mieux choisir nos invités pour cette raison. Nous allons procéder à une vérification plus importante du profil des joueurs potentiels avant de les inviter officiellement à nos soirées privées. Ainsi, si des joueurs découvrent le fond de nos opérations, nous allons pouvoir les faire chanter. Une telle manière de procéder va aussi nous permettre de choisir des personnes qui méritent encore plus de se faire vider les poches. » Kate avait reposé son regard sur Scar à présent. Maintenant que la glace était brisée et que le premier argument était sorti, plus rien ne lui faisait peur. Une partie d’elle espérait néanmoins que son interlocutrice allait aller dans son sens. Que le premier venu se moque de son plan ? Rien à faire. Que Scarlett ne la prenne pas au sérieux ? Plutôt mourir. « Pourquoi as-tu choisi l’Octopus si tu as peur de sa réputation ? » Un petit rire taquin s’échappa d’entre ses lèvres. « Toujours aussi perspicace. » La personnalité séductrice était de retour. Katherine avait une règle : elle pouvait entrer dans la séduction avec Scarlett, mais pas lui laisser savoir qu’elle possédait encore une partie de son coeur. « C'est un endroit très populaire que plusieurs personnes aux moyens élevés et aux activités douteuses fréquentent déjà ; ce serait encore plus facile pour nous d'y amener et d'y trouver des clients. L'ambiance et le décor sont idylliques pour nos soirées. Il est possible d'y réserver de grandes salles privées tout en profitant des autres services offerts sur place. On contrôle la concurrence du casino. » On comprenait le tableau. « Je suis décidée à m’installer à l’Octopus et confiante de pouvoir y arriver. Seulement, j’ai besoin d’aide à savoir comment gérer la sortie en public de mes soirées. Est-ce que je me cache derrière mon associé ? Est-ce que je me mets en premier plan ?  Si oui, comment expliquer que, du jour au lendemain, j’organise des soirées de poker ? À l'Octopus en plus ! En disant qu'une partie des profits iront à de bonnes causes ? » Une inquiétude par contre en lien avec cette dernière idée : trop en dire pouvait-il se retourner contre elle ?