9 mai 2024 - sprill hill - au restaurant
VALENTINE, MY DECLINE IS SO MUCH BETTER WITH YOU
crédit gifs(fallenfeatures) + @Winston Ackerman

Après des semaines et des semaines à faire du forcing, Tinder était installé sur son smartphone, avec l'aide de sa meilleure amie Sloane. Pour autant, une fois son profil créé, la chirurgienne ne s'était pas lancée aussitôt dans cette aventure. Au départ, elle avait même été ennuyée par la tonne de notifications qu'elle recevait. A force de lire "Vous avez matché avec...", la jeune femme s'était presque résolue à la désinstaller sans même y jeter un œil. Mais le tournant assez dramatique de sa vie changea la donne. Après avoir découvert l'infidélité de Sam, Helen avait eu la merveilleuse idée de se laisser aller dans les bras de son meilleur ami qui, aujourd'hui, s'était éloigné d'elle pour partir en tournée en Europe. Certes, la brune souhaitait elle aussi un peu de temps et d'espace pour réfléchir à tête reposée à propos de cette bêtise, mais un sentiment d'abandon l'envahissait un peu. Elle n'irait peut-être pas jusqu'à dire que Sam et Izan étaient les responsables et qu'ils l'avaient poussé à ouvrir ses notifications mais... presque. C'est ainsi qu'elle fit la charmante rencontre de Win. Pour être honnête, il s'agissait d'un des profils swipé par sa meilleure amie, mais Helen n'en regrettait rien. Bien qu'elle ne se soit pas amusée à détailler sa photo de profil, la jeune femme s'était retrouvée face à un homme drôle et intriguant. C'était avec une certaine impatience qu'elle attendait la réponse à ses messages. Ses débuts en matière de drague avaient probablement été bancals, mais Win avait su la mettre à l'aise, si bien qu'elle s'était elle-même surprise. L'inévitable arriva, après plusieurs allusions à une rencontre : ils s'étaient donnés rendez-vous dans un restaurant italien. Le jour J, l'appréhension se mêlait à l'excitation. Helen s'apprêtait à endosser le rôle que Sam tenait depuis elle ne savait combien de semaines, celui de la personne qui s'apprête à tromper et rompre les liens sacrés du mariage. Même si elle n'avançait pas qu'il se passerait quoique ce soit de physique aujourd'hui, la jeune femme avait pris le soin de retirer son alliance. Cette étape fut très simple, tandis que celle du choix de robe l'était moins. Si les choses n'étaient pas tendues entre Izan et elle, la chirurgienne aurait probablement envoyé une photo des deux robes sur lesquelles elle hésitait... Ce fut alors comme une grande fille qu'elle jeta toute seule son dévolu sur une petite robe rouge à fleurs. Puis, comme promis, la chirurgienne sortit son chapeau violet porté durant un des derniers Halloween, quand elle s'était déguisée en Nico Robin. Elle s'apprêta ; coiffure, maquillage, tout en restant naturel. Et elle sortit de chez elle, prête à endosser le rôle d'Emma, 30 ans, chercheuse d'or. Si les choses prenaient une bonne tournure, évidemment que la chirurgienne prévoyait de raconter toute la vérité à ce fameux Win.
Lorsqu'elle arriva devant le restaurant choisi par les soins de l'homme qu'elle allait rencontré pour la première, Helen ne se sentit même pas ridicule avec son chapeau violet, qui n'allait pas du tout avec le reste de sa tenue. Au moins, elle savait que ce détail attirerait toute l'attention du mystérieux prétendant lorsqu'elle s'apprêtait à rencontrer dans le restaurant. Elle se signala auprès d'un serveur qui l'accompagna jusqu'à la table visiblement déjà occupé par Win, ce qui lui donna des frissons un peu partout sur le corps. Sauf que, plus Helen s'avançait, et plus ces frissons d'excitation se transformèrent en frissons d'horreur. Plus elle réduisait la distance, et plus elle le reconnaissait. Ce Win, c'était Winston, l'interne qu'elle avait faite renvoyer. La surprise, voire même le choc, put aisément se lire sur son visage, si bien qu'elle ne fut pas la première à prendre la parole. « Sérieusement? » Evidemment qu'il l'avait reconnu lui aussi. Le serveur les laissa en toute tranquillité, s'imaginant que la jeune femme s'installerait face à l'homme seule. Sauf qu'il ne lui était pas envisageable de s'asseoir à ses côtés maintenant. Elle le détailla rapidement du regard, s'apercevant qu'il portait le pantalon dont il défendait précieusement l'apparence après lui avoir envoyé une photo portée. « Emma, hm? » Son regard était glacial, un peu du même acabit que durant leur dernière rencontre à l'hôpital, trois ans plus tôt. « Tu ne m'as pas demandé si c'était mon vrai prénom. » Lâcha-t-elle, comme si cela excusait son mensonge, et comme si cela allait pardonner son agissement devant la direction de l'hôpital. La déception s'immisçait en elle, tous ses messages reçus, ses sourires face à son humour, cette complicité qui s'était doucement installée entre eux... finalement, ce n'était que du vent ? « Joli chapeau. » Aussitôt, la chirurgienne le retira de sa tête pour le garder à la main. A aucun moment, Helen ne s'était imaginée se retrouver dans une telle situation. « Joli pantalon. » S'il s'attendait à ce qu'elle ne réplique pas, c'était raté. Il devait bien se rappeler qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire... même si, aujourd'hui, elle se sentait moins venimeuse qu'autrefois. Peut-être grâce au recul de s'être dit qu'elle avait commis l'erreur de ne pas essayer d'entendre sa version des faits, malgré son geste impardonnable envers la profession de chirurgien. « Ecoute, ça se sent à des kilomètres qu'on est tous les deux déçus. » Reprit-elle calmement, en essayant d'apaiser un peu la noirceur de son regard et la sécheresse de ses paroles. « Agissons comme des adultes, on ne va pas faire une scène en public dans ce restaurant. » Elle ne lui proposait pas non plus de se foutre sur la tronche à l'extérieur, loin de là. La haine qui habitait autrefois son cœur s'était dissipé, et ce même s'il lui avait fait très peur en la menaçant physiquement. « Est-ce que je peux quand même m'asseoir ? J'aimerais pouvoir m'excuser auprès de toi. » Accepterait-il que la Helen en elle lui parle, sachant qu'elle n'était pas très différente de la Emma, finalement ?

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Helen regretta presque un instant de ne pas avoir scruté davantage le profil et les photos de l'inconnu qui s'avérait en fait être Winston. Elle se souvenait de sa photo de profil, assis et torse nu, avec un large sourire, et rien ne l'avait laissé croire qu'il s'agissait de l'interne qu'elle avait fait renvoyer quelques années plus tôt. La situation était improbable, quand même. Quel pourcentage de chance -ou de malchance, pour que ça leur tombe dessus ainsi ? Il fallait être honnête, les deux acolytes semblaient profondément déçus par la situation, puisqu'ils s'étaient vraiment bien entendus par message. Au fond, Helen n'avait pas joué de jeu, elle était restée naturelle, tout en omettant parfois quelques détails de sa vie. Mais Winston avait conversé avec la vraie elle, et non pas une fausse personne. « Ouais, j’te l’avais dit qu’il était sympa. » Avait-il lui aussi le souvenir de ses taquineries vis-à-vis du pantalon ? Helen se souvenait avoir ri en voyant sa photo qui, avec le recul, cachait aussi parfaitement son identité. Pourtant, la chirurgienne était persuadée de l'avoir reconnu si ses photos n'avaient pas masqué tous ses traits, c'était certain. « Je sais pas si c’est de la déception ou si c’est hilarant. » La brune ne trouvait pas la situation drôle, au contraire. S'ils avaient été un jour de très bons amis d'enfance se retrouvant via l'application, là, on aurait pu dire que c'était hilarant. Ici, c'était clairement de la déception, que Winston ne se voile pas la face. Malgré cet état d'esprit, Helen n'avait pas envie d'envenimer les choses, donc elle restait relativement calme. Pourtant, si la situation s'était produite trois ans plus tôt, elle n'aurait pas été si paisible. « Hm. On verra. Tu ne m’as sérieusement pas reconnu? » La jeune femme hocha négativement de la tête, avec un regard qui se voulait sincère. « C'est ma meilleure amie qui a swipé ton profil. Après je ne me suis pas amusée à décortiquer toutes tes photos. » Répondit-elle, très honnêtement, avant de lui retourner la question : « Et toi ? C'est aussi ton meilleur pote qui a swipé mon profil, c'est ça ? » Parce que le cas contraire, il serait plus responsable qu'elle... même si, au fond, on s'en fichait de savoir qui l'était plus que l'autre, non ? Helen voulait apaiser la tension palpable qui était apparu en l'espace de quelques secondes seulement, mais aussi parce qu'elle savait qu'elle avait des choses à lui dire. Ce rendez-vous semblait être le bon moment ? Winston sembla approuver sa requête, ce qui l'incita à s'asseoir en face de lui. Elle déposa son chapeau sur le haut du dossier, puis elle s'accouda à la table. « T’excuser de quoi? De m’avoir fait renvoyer? Ou d’avoir fait un faux compte? » Outch, les choses ne s'annonçaient pas si simples que ça. Et à juste titre, en fait. Winston avait toutes les raisons de la détester, au fond d'elle, Helen respectait ça. Mais ça ne l'empêcherait pas d'essayer. « Les deux, même si je n'ai pas joué de jeu sous le nom d'Emma. » Commença-t-elle, avant de reprendre avant qu'il ne l'interromps : « Mais surtout pour t'avoir fait renvoyer, oui, et t'avoir traité de camé, alors que je ne t'ai jamais laissé une chance de t'expliquer. » Sa conversation avec Lincoln l'avait faite beaucoup réfléchir sur le sujet, et par la suite, elle n'avait jamais eu l'occasion de lui reparler, alors c'était passé aux oubliettes dans sa tête, elle l'admettait honnêtement. « Et j’peux savoir pourquoi maintenant? » « Parce que l'occasion se présente. Ose dire honnêtement que dans d'autres circonstances, tu n'aurais pas accepté de m'écouter ? » Le dire serait de la mauvaise foi, tout comme elle en avait fait preuve précédemment. « Comment vont tes pneus? » Cette petite provocation déclencha un tsunami en elle, en se remémorant tous ces moments délicats où elle s'était retrouvée face à sa voiture dans l'incapacité de rouler ou simplement détériorée. Son petit jeu lui avait coûté très cher financièrement, et jamais elle n'avait fait le lien entre son renvoi et ça... tout devenait plus clair, finalement. « Evidemment que c'était toi... mon banquier ne te remercie pas. » Lâcha-t-elle, encore une fois calmement, même si au fond d'elle, Helen n'aurait pas dit non à l'étriper un peu par vengeance. Elle prenait sur elle, pour maintenir l'apaisement. De toute façon, l'occasion de le torturer malgré l'intimité de leur table tombait à l'eau puisque le serveur faisait son grand retour à leurs côtés, pour leur demander ce qu'ils souhaitaient boire. « Un whisky. » « Un spritz. » Helen fixa Winston, avec un sourire en coin, puis elle attendit que le serveur ne reparte pour ajouter : « Je croyais que Win aimait les cocktails italiens ? » Elle haussa un sourcil, qui voulait dire 'mensonge ?', puis la chirurgienne s'adossa finalement complètement à la chaise. « Finalement, je trouve la situation plutôt cocasse, tu as raison. »

9 mai 2024 - sprill hill - au restaurant
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Les pensées de la chirurgienne maudissaient presque le doigt trop vif de sa meilleure amie swipant des comptes pour lesquels elle n'avait pas vraiment été emballé ou  des comptes qu'elle choisissait elle seule. Sur le moment, la situation prêtait à rire... mais aujourd'hui, ni Helen, ni Winston n'avait visiblement envie de s'amuser de ces retrouvailles improvisées et inattendues. « C’est ton compte ou celui de ta meilleure amie? » « C'est le mien. » Si la chirurgienne acceptait de se montrer honnête quant au pourquoi du match entre eux, elle s'arrêterait là. Loin d'elle l'idée de lui faire part de sa situation de couple bancale, et de sa meilleure amie qui la forçait presque à installer Tinder pour qu'elle rapprenne à draguer, ainsi qu'à plaire. Ce serait, évidemment, se mettre une épine dans le pied. L'ex-interne utiliserait probablement ces informations à mauvais escient, donc la brune allait soigneusement éviter. « J’ai pas besoin que quelqu’un le fasse pour moi. » Son ton rempli de reproches ne l'impressionnait pas, Helen était suffisamment grande pour prendre des décisions toute seule, même s'il insinuait le contraire. Malgré l'implication de Sloane dans la situation, Helen avait été la seule décisionnaire de répondre ou non à tous ces matchs qui avaient fait vibrer son smartphone ces dernières semaines. « Mais c’est à peine si on voit ta tête sur ta photo de profil. Et tant mieux. » Ses remarques piquantes ne l'atteignaient pas non plus, elle sentait qu'il parlait sous le coup de la colère et de la déception. « Ca reste quand même une photo de moi, tout n'était pas faux. » Précisa-t-elle. Au fond, il n'y avait pas mort d'hommes pour avoir menti sur son prénom et son âge. Dans la conversation, la jeune femme lui avait indiqué travailler dans le médical, alors qu'il calme ses ardeurs à crier haut et fort au mensonge. « Mais non, une Emma de trente ans, chercheuse d’or, j’ai pas fait le lien, non. » La jeune femme soupira, avant de pleurer presque aussitôt : « Arrête de chouiner, j'ai compris que tu préfères Emma à Helen, trente quatre ans, chirurgienne orthopédiste. » Et mariée, techniquement, mais elle tairait cette précision.

Des excuses, elle tenait à lui en faire, même trois ans après leur altercation. Les jours suivant son entretien avec Lincoln, la jeune femme s'était interrogée sur la vie personnelle de Winston. Ce dernier, contrairement aux autres internes, ne s'étendait presque jamais sur cette dernière, et elle se rendit alors compte qu'elle ne connaissait strictement rien de lui. « C’est facile hein, trois ans après? » Au fond, il avait raison. La situation avait été vécue plus facilement par la chirurgienne qui n'avait connu aucune conséquence face au vol de médicaments et de falsification d'ordonnances, malgré que l'interne soit sous sa supervision. Il n'y avait eu aucune retombé pour elle, alors que lui avait sûrement connu l'enfer... « Mais ravi que tu te rendes compte de tes erreurs. » Evidemment, cela ne signifiait pas qu'il acceptait ses excuses, mais sûrement qu'il les entendait, déjà ? C'était un bon début, après tout. Néanmoins, elle partait du principe que, dans d'autres circonstances, Winston ne l'aurait pas écouté. Aujourd'hui, c'était l'occasion pour elle de s'excuser platement, dans un lieu public où elle ne risquait normalement rien. « Certainement pas. Je vois pas pourquoi je t’aurai écouté soulager ta conscience. Enfin. Tu joues la facilité, comme toujours. Alors ça y est t’as soulagé ta conscience? Tu te sens moins responsable? Parce que pourtant ça n’a rien changé. » Contrairement à ce qu'il était en train de penser, pas du tout. « Tu as raison, m'excuser trois ans plus tard, c'est facile et ça ne change rien aujourd'hui. » Autant le brosser un peu dans le sens du poil avant de dire quelque chose qui fâche un peu : « J'ai été bête de ne pas te demander des explications, j'ai été bête d'aller voir la direction aussitôt. » Etait-il satisfait d'entendre tout cela ? Est-ce que lui aussi, sa conscience était soulagée en l'entendant admettre ce qu'il lui reprochait depuis toutes ces années ? « Tu ne t'es pas montré très malin non plus et, crois-moi, tu aurais pu risquer bien plus gros qu'un renvoi si l'hôpital avait décidé de te poursuivre en justice. » Amende, prison, voilà les mots qui étaient ressortis de sa conversation avec Lincoln. Alors qu'il arrête de rejeter toute la faute sur elle, la responsabilité lui incombait aussi et les conséquences auraient pu être bien pire qu'un simple renvoi. Par ailleurs, la jeune femme aurait pu également être dans son droit de porter plainte contre lui pour l'avoir menacer et plaquer au sol sous un élan de colère. Pareillement, si la chirurgienne avait eu les preuves nécessaires pour avancer que les pneus crevés, les rayures sur les portières et autres délits dans ce genre étaient de son fait, sa peine aurait pu être plus lourde encore. Elle le laissait penser ce qu'il voulait, avec son air satisfait. Mais son comportement n'était pas des plus irréprochables non plus. « J’ai besoin de quelque chose d’un peu plus fort, là, tout de suite. » Du moment que, malgré l'alcool qu'il comptait ingurgiter, Winston ne se montre pas de nouveau violent à son égard, il pouvait boire ce qu'il souhaitait. De toute façon, la chirurgienne n'était pas certaine que leur entrevue dure aussi longtemps que ce que Emma et Win escomptaient avant de se rencontrer. Au fond, Helen n'était pas pressée de quitter ni cette chaise, ni ce restaurant. D'abord déçue, elle se retrouvait finalement amusée par cette situation entre les deux anciens collègues. Peut-être pouvait-elle prendre le risque de rester encore un peu, pour voir où la conversation les mènerait ? « J’ai toujours raison. » La jeune femme esquissa un sourire, avant de porter son spritz à ses lèvres. Elle se sentait désormais d'humeur joueuse, prête à utiliser leur conversation Tinderesque pour ne pas mettre un terme à la discussion. « Je dois ajouter ça à la liste de qualités que tu m'as déjà énumérée ? » Elle s'adossa pleinement à sa chaise puis elle reposa son verre de Spritz sur la table, sans en lâcher le pied. « A moins qu'on mette ça dans la case 'défauts' ? Avoue que ça ne doit être simple à vivre d'avoir toujours raison sur tout. » Son ton n'était pas désagréable, bien au contraire. Il était taquin, et joueur, tout comme elle l'avait montré dans ses messages Tinder.