’’Qu’est-ce que t’as l’air con avec ce truc.’’ avoir failli crever dans un incendie ne lui octroie visiblement pas la compassion de Lynda, qui lui lance un regard en berne de l’autre côté de la banquette arrière, pendant que le paysage de la ville défile à la fenêtre. ’’J’ai pas trop le choix, sinon ça saigne.’’ qu’il rétorque en relevant sa main pour venir frotter le pansement rêche et blanc qui occupe toute sa tempe et qui s’étire sur le côté de son crâne, en effectuant une grimace dû à la douleur provoquée par son propre geste, néanmoins rapidement défait dans son élan par les doigts de la brune qui, à la manière d’une mère envers son enfant, tape son poignet pour qu’il cesse immédiatement. ’’Bon, tu sais ce que tu dois faire ?’’ Demande-t-elle en repliant une pile de feuilles sur ses genoux croisés, le bout de son talon aiguille accolé contre le fauteuil conducteur. Il sait déjà ce qu’on attend de lui, oui, et autant dire que toute cette mascarade l’emmerde par avance ; non pas parce qu’il doit accorder du temps à des enfants dans le besoin mais plutôt parce qu’on lui impose de le faire. La charité trempée dans le simulacre ne l’intéresse guère mais, comme son Label tend à penser que cela pourrait redorer son image, il n’a pas vraiment d’autres choix que de s’y plier, le pianiste. Lorsque la voiture de leur chauffeur s’immobilise enfin, il racle discrètement sa gorge en redressant les pans de sa veste sombre, se risquant à une oeillade vers l’extérieur pour se rendre compte du nombre de journalistes présents à l’évènement, ce qui ne l’encourage guère à quitter le refuge de son assise. C’est donc Lynda qui, soupirant par avance, s’extirpe de la voiture en claquant la portière derrière elle, attirant ainsi les regards sur sa personne pendant qu’il abandonne l’idée de prendre la fuite ; il a comme l’impression que ce serait contreproductif. ’’Allons-y…’’ s’encourage-t-il lui-même en sortant à son tour de la voiture, affichant presque aussitôt la mine diplomatique du sourire confiant et serein ; pourquoi en serait-il autrement ? Pendant qu’il prend une fine inspiration nasale pour se donner l’ébauche d’un courage qui tend à le fuir tant il est épuisé, Izan passe la pointe de sa langue sur ses lèvres en essayant de penser à ses futures retrouvailles avec Asher, puisqu’il doit retrouver son bel anglais le soir même. C’est avec cette douce pensée à l’esprit qu’il s’avance vers l’entrée, sans se douter de l’identité de l’homme qui doit l’accueillir… Assurément, le destin a décidé d’être malicieux, aujourd’hui.

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Passant devant la haie de journalistes qui, appareils en mains, immortalisent l’entrée du pianiste mondialement connu dans l’établissement, Izan les salue d’un sourire qui apparaît, devant l’objectif, aussi quiet que possible. Et pourquoi en serait-il autrement ? Perchée sur des talons qui la maintiennent à une hauteur moindre par rapport à lui, Lynda tient son bras en ne leur accordant qu’un bref regard dédaigneux à travers ses lunettes de soleil, regard méprisant qui se prolonge quand on leur annonce, penaud, que les enfants ne sont pas là. ’’Et il va jouer pour qui ? Les murs ?’’ elle retire ses lunettes de soleil d’un geste sec, appliquant l’une des branches contre sa bouche en fusillant du regard l’homme qui, gêné de cette situation pour le moins ridicule, peine à expliquer ce malentendu entre les équipes ‘’C’est une erreur de planning…’’ - ’’T’as pas des bonbons ?’’ plongeant sa main libre dans sa besace, elle en sort un paquet de sucreries acidulées et fourre le sachet entre les mains du musicien sans lui accorder un regard, puisqu’elle est braquée sur celui qu’elle tient responsable de cette aberration ’’Vous êtes cons au point de ne pas savoir quand les enfants de votre association sont dans vos locaux ? Je vous rappelle que c’est vous qui avez fait la proposition de date. On fait quoi, maintenant ? Il est où l’abruti qui vous sert de président ?’’ il ne sait pas vraiment, l’homme qui hausse ses sourcils en même temps que ses épaules, semblant chercher ses mots pendant qu’elle lui rappelle combien ils sont tous des incapables qui ont été bercés trop près du mur, quand une nouvelle voix se fait entendre dans leurs dos. « mais c’est pas vrai c’est une blague ? » Lynda se retourne avec l’expression de « qu’est-ce qu’il veut encore celui-là » quand Izan, à ses côtés, continue de mâcher ses bonbons en arquant l’un de ses sourcils sous la surprise, partageant visiblement la même question que son assistante. « j’ai pas le temps … si tu viens pour me donner une leçon de moral j’ai eu ma dose et puis tu n’es certainement pas sans savoir que ta chère amie est au courant de tout donc me fait pas chier Izan j’ai autre chose a faire ok ? ….  » s’il est resté plutôt inexpressif durant la première partie de son élocution, le pianiste se tend lorsque la mention de Helen est faite, puisque son interlocuteur l’évoque avec une nervosité palpable et Izan sent que Sam est sur une pente glissante ; assurément, si l’époux infidèle manque de respect à la femme la plus importante de sa vie, nul doute que l’australien saura lui remettre les idées en place pour que sa langue ne fourche plus. Mais il s’éloigne plutôt, Sam, et Lynda bascule son menton sur le côté pour le toiser avec un air qui exige des explications mais, plutôt que de lui fournir le moindre début de réponse, Izan lui rend son paquet de bonbons avant d’emboiter le pas au Stenfield, le suivant jusqu’à son bureau sans réellement prévoir ce qu’il va dire ou faire : comme à son habitude, il n’est pas formé par le moule de la bienveillance et de la tempérance, aussi, c’est en aboyant un ’’Ta gueule.’’ qu’il pénètre dans la pièce, faisant claquer la porte après son passage tout en sachant pertinemment que Sam n’a rien dit : c’est par anticipation, il n'a pas intérêt à l’ouvrir, celui-là ’’Tu vas m’écouter très attentivement parce que ça m’énerverait de devoir me répéter’’ parce que, visiblement, il ne l’est pas encore, énervé ’’Pour l’instant, j’en ai rien à foutre de savoir avec qui tu couches, je m’en balance de tes états d’âmes et j’vais te dire autre chose, les journalistes en bas n'en ont rien à carrer non plus.’’ plantant ses iris mordorés dans les siens, de son regard austère qui ne laisse que peu de place au marchandage, il se rapproche du bureau en laissant bien entendre que sa patience est proche du néant, et que Sam n’a pas vraiment intérêt à le pousser dans ses retranchements ’’Tu me fous déjà dans la merde avec tes conneries alors tu vas te conduire comme un adulte, tu vas venir avec moi, tu vas me serrer la main avec un grand sourire devant tous les cons qui attendent en bas, tu vas dire à quel point t’es touché du piano qui coute une blinde et que je t’offre, et on va en rester là. Tu penses que t’es capable de le faire ou t’as besoin que je t’aide à retrouver tes couilles ?’’ question purement réthorique, mais il incline quand même son menton sur le côté en haussant ses sourcils, le questionnant plus pour la forme que pour le fond, mais lui laissant quelques secondes pour réaliser à quel point il agit comme un gosse émotionnellement immature ’’Crois-moi que tu vas descendre ces putains d’escaliers de gré ou de force, mais la deuxième option sera beaucoup moins agréable pour toi.’’ il ne dévoile pas vraiment la meilleure partie de sa personnalité, Izan, et il le sait, mais il n’a pas l’intention de regarder sa carrière partir en éclats, et encore moins être davantage entachée par un homme infidèle qui se pense être la victime de l’histoire. Et s’il a besoin que quelqu’un lui dise, Izan le fera avec grand plaisir.

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« Mais je vous en pris installez vous » les bras croisés contre sa poitrine dissimulée sous un chemisier blanc, Lynda prend une fine inspiration nasale qui signe son refus puisque, dans les faits actuels, elle serait plutôt partisane du départ : non seulement il n’y a pas les enfants pour être l’auditoire prévu mais, en plus, elle a comme l’impression que le pianiste pourrait faire passer le président de l’association par la fenêtre - non pas qu’elle s’inquiète pour lui mais avec autant de journalistes dans les parages, ça l’arrange pas des masses pour redorer le blason du musicien ’’désolé je n’ai qu’un seul mug …..’’ - ’’Tu peux t’le mettre où j’pense ton mug’’ qu’il laisse filer en se tournant vers Lynda lorsque celle-ci pose une main qui se veut apaisante sur son bras, mais le fait que Sam ait la capacité de concentration d’un enfant de trois ans qui vient de découvrir un jeu qui s’anime ne l’aide pas à garder le peu de patience qu’il a. Et même lorsqu’il sort son agenda de son tiroir, aucun des deux ne semble perdre de la contenance puisque, sortant son téléphone en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Lynda scroll dans ses mails jusqu’à trouver celui qu’elle souhaite : se rapprochant alors du bureau en brandissant son écran allumé, elle lui flanque sous le nez le fait que l’erreur vient de leur association incapable d’assumer un rendez-vous aussi important que celui-ci. ’’Bah ouais, vous êtes un peu cons ici, non ?’’ elle n’essayait pas de le calmer il y a deux secondes ? ’’Vous savez lire, rassurez-moi ? Sinon, je vais vous aider. Là, il y a le nom de votre association, ça veut dire que l’émail vient de vous et, dans le corps du message, vous confirmez notre venue pour aujourd’hui.’’ une fois qu’il a pu prendre connaissance du message en question, elle s’éloigne en faisant claquer ses talons sur le parquet, retournant auprès du musicien en achevant un ’’J’en ai rien à foutre de qui est responsable de cette connerie, mais remettre la faute sur nous alors que l’erreur vient de vous, c’est vraiment mesquin.’’ elle croise ses bras contre sa poitrine en semblant effeuiller les diverses options qui s’offrent à eux : il va falloir trouver une parade pour les journalistes mais, dans son esprit, le mieux serait de quitter les locaux sans attendre, puisqu’on se fout clairement de leurs gueules - outre les preuves, penser qu’une équipe d’un Label comme le leur ne travaille pas avec suffisamment de sérieux pour se tromper de rendez-vous est une aberration ridicule, et elle n’a même pas envie de se justifier auprès de celui qui est de pure mauvaise foi. Izan, en revanche, n’a aucune envie de concéder cette défaite puisque si l’époux infidèle se targue de jouer les insolents, il est bien mauvais dans ce rôle, ressemblant davantage à un adolescent en pleine crise, les boutons d’acné en moins (quoique) « Tes parents ne t’on jamais appris que ce n’est pas en menaçant les gens que l’on obtient ce que l’on souhaite ? » il hausse ses épaules avec un petit sourire mais, la preuve qu'il obtient ce qu'il veut : « Patiente quelque minute, un groupe de jeune devrait plus tarder a revenir de leur sortie, il sera possible a leur arrivé de faire les guignoles face au caméra par contre je n’ai rien besoin venant de toi …. » il ne relève pas la façon dont il vient de les qualifier, Lynda et lui, parce qu’il n’a rien à lui prouver, mais une précision lui semble importante et c’est les bras croisés, en effectuant un pas en sa direction, qu’il lui répond ’’C’est pas pour toi mais pour les gosses, t’es vraiment trop con ma parole. Ton berceau a pris feu et ils ont éteint l’incendie à coups de pelles, c’est ça ?’’ c’est la seule explication possible pour justifier que Sam soit autant à côté de la plaque, de son propre avis. Et puisqu’il remarque que le café à l’air brûlant, si bien que l’ex de sa meilleure amie hésite à y tromper ses lèvres, il ne résiste pas à l’envie de lui flanquer un léger coup au niveau du coude pour que le mug se renverse sur le bas de son visage ainsi que sur son thorax, imprégnant son t-shirt avec le liquide brûlant. ’’Oh zut, j’ai vraiment pas fait exprès.’’ ne cherchant même pas à faire semblant, il joue l’élan de la maladresse avec trop peu de volonté pour qu’elle paraisse crédible, si bien que lorsqu’on l’invite à quitter le bureau pour rencontrer les enfants qui arrivent, il lui lance un sourire effronté en haussant même ses sourcils pour les faire danser sur son front. Définitivement, se dit-il, Helen ne perd pas grand-chose si elle décide de divorcer.

Heureusement, Izan oublie rapidement la contrariété liée à l’idiot qui baigne dans son café à l’étage au-dessus, puisque la joie des enfants, en découvrant l’instrument qui trônera pour les longues prochaines années dans la pièce où il a été installé, est une effusion de bonheur suffisante pour écraser tout le reste. Assis sur le banc qui accompagne le piano, il fait valser ses doigts avec agilité et souplesse, faisant résonner une mélodie harmonieuse qui captive les bambins rassemblés autour de lui, sous l’oeil attendri des journalistes - qu’il a presque oublié aussi. ’’Okay, alors… Des volontaires pour essayer ?’’ évidemment ils le sont tous, et ils se pressent si fort autour du clavier que certaines touchent s’enclenchent sous leurs mouvements, laissant échapper un petit rire au pianiste qui, forcé de céder du terrain, prend le temps d’expliciter aussi clairement que possible comment fonctionne l’instrument à cordes frappées, le clavier, la pédale et la posture à adopter pour les mains. Dans ce partage pour le moins innocent et simple, quelque chose de curieux se produit puisque, en refermant le clavier, il a l’impression d’avoir retrouvé la sensation qu’il éprouvait quand il était plus jeune, quand le piano le faisait encore vibrer et qu’il prenait un plaisir ingénu à en jouer. Alors que la salle se vide peu à peu sous le rire des enfants qui s’éloignent, et des journalistes qui viennent brièvement à sa rencontre pour le saluer et lui serrer la main, il lance un regard attendri en direction de son instrument, ses deux mains posées sur le meuble de bois noir. Il sait qu’il ne se voit pas faire autre chose de sa vie, mais il réalise également qu’il voudrait, lui aussi, avoir des enfants pour leur transmettre sa passion du piano. ’’On y va ?’’ demande Lynda en remontant l’anse de son sac sur son épaule, restant dans l’encadrement de la porte en attendant qu’il la rejoigne. De toute façon, ils n’ont plus aucune raison de s’attarder ici.

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Evidemment que l’erreur vient d’eux, mais la reconnaissance de leur faute ne provoque aucun état de satisfaction aux visages du musicien et de son assistante, puisque dans les faits, ils ont tous deux l’impression de s’être déplacés pour rien, sans compter qu’ils songent déjà à la façon de réparer et justifier cette bévue auprès des journalistes sans aggraver leur cas mais, fort heureusement, la mention des enfants qui ne vont pas tarder à arriver allège considérablement l’effusion nerveuse provoquée par le malentendu. Rien de suffisant, néanmoins, pour éviter que le pianiste s’accorde le droit de bafouer la chemise de l’époux infidèle en reversant (in)volontairement le café de ce dernier sur celle-ci, sans chercher à dissimuler sa responsabilité puisque, le sourire victorieux qu’il arbore est lui-même un aveu de culpabilité. S’il veut jouer à « qui de nous deux est le plus con », Sam va vite se rendre compte qu’il est tombé sur un maître en la matière.

Mais il oublie rapidement les premières minutes de son arrivée sur les lieux de l’association, au profit du plaisir innocent lié au partage avec les enfants, qui sont plus demandeurs qu’il ne l’aurait cru, d’ailleurs. D’ordinaire, on considère le piano comme un instrument exigeant et compliqué, dépassé et démodé, si bien qu’on le délaisse pour d’autres plus abordables mais, en voyant cet attroupement curieux autour de lui, il ne peut s’empêcher de se dire que la relève est assurée, et qu’il y a un peu contribué. S’apprêtant à repartir, puisque la salle s’est vidée des rires joyeux des enfants et que Lynda l’interpelle, il se lève en gardant les vestiges d’un sourire doucereux aux lèvres, son coeur de musicien ravivé par ces éclats suaves et enjoués qu’il va garder avec lui pour un long moment, puisqu’ils ont peut-être réussi à lui redonner le goût de son instrument. « Je vous présente Sarah, jeune fan de piano et d’Izan ici présent !  ...Elle a une demande a vous faire » si Lynda, dans le dos de Sam, jette un coup d’œil à sa montre en estimant leur futur temps de retard, le pianiste esquisse un sourire attendrit en baissant les yeux vers la silhouette de la petite fille, ayant déjà la certitude qu’il ne pourra rien lui refuser ’’Bonjour, j’adore ce que tu fais et je voudrais savoir si tu vas pouvoir revenir un jour pour me donner des conseils car moi aussi je joue du piano mais pas aussi bien que toi…’’ il voit très bien, Izan, le regard de Lynda qui lui hurle « jamais de la vie » mais, préférant ignorer la brune qui s’impatiente du départ, il darde la pointe de sa langue derrière ses dents du haut avant de s’agenouiller face à la petite fille, afin d’être à sa hauteur, en affichant de nouveau un sourire tendre ’’Bien sûr, je vais revenir.’’ quand ? Il l’ignore parce qu’il n’est pas vraiment décisionnaire de son emploi du temps mais, même s’il doit prendre sur son temps libre, il viendra pour elle ’’Mais tu sais, c’est normal de se tromper… C’est comme ça qu’on apprend. Tout le monde fait des erreurs.’’ qu’il prononce en levant un regard inconscient vers Sam, comme s’il cherchait à lui faire entendre un message sous-entendu, qui ne doit pas être très difficile à comprendre ’’Tu me montreras comment tu joues, la prochaine fois ? J’ai hâte de t’entendre.’’ prenant appui sur ses genoux pour se redresser, il adresse un dernier sourire à la jeune demoiselle avant qu’elle ne s’éloigne, se tournant ensuite vers Lynda pour lui dire, d’un ton sans inflexion ’’Tu nous laisses deux minutes ?’’ ce n’est pas vraiment une question et Lynda le sait, si bien qu’elle pousse un grognement agacé avant de tourner les talons pour laisser les deux hommes ensemble.

Faisant quelques pas dans la pièce en croisant ses bras contre son torse, chaque main sur un biceps opposé, il mordille d’abord le coin de sa lèvre en ne sachant pas tellement comment commencer cette conversation, même s’il voit la détresse sur les traits de Sam. Mais c’est délicat parce qu’ils n’ont jamais été proches, les deux, se montrant tout au plus courtois par amour pour Helen, mais maintenant qu’elle n’est plus là pour être le symbole de la tempérance est deux, difficile de savoir ce qu’il doit dire ’’T’as une mine affreuse.’’ qui est prononcé sans agressivité aucune, presque, comme une façon de dédramatiser leur précédente altercation. Prenant une fine inspiration, il soupire en posant les yeux sur son interlocuteur. ’’Je suis désolé pour toi et Helen. Vraiment.’’ il ne cherche pas à l’accabler ou à se moquer, puisque lui-même sait qu’il est coupable du même crime mais, contrairement aux Stenfield, Ash lui a pardonné. Ou du moins, il essaye. ’’Ça va peut-être s’arranger…’’ qu’il dit en essayant d’être optimiste, sans trop y croire non plus, il faut bien l’avouer. Mais il ne va pas enfoncer un homme déjà à bout, et Sam donne l’impression d’être sur le point de s’effondrer.

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« ne tarde pas trop s’il te plais » ne comprenant pas vraiment l’empressement de son interlocuteur, Izan maintient son sourire jovial malgré la perplexité liée à leur échange, si bien qu’il fronce brièvement ses sourcils comme pour questionner Sam du regard, en se retenant de dire ça va il n’y a pas mort d’homme dans une volonté naïve de dédramatiser une situation qu’il croit exagérée « J’espère que tu vas tenir ta promesse mec car Sarah est gravement malade et s’est jours son compté malheureusement » bah heureusement qu’il a fermé sa gueule, du coup ’’Hein ?’’ papillonnant longuement de ses longs cils, il regarde à gauche et à droite comme si la réponse à toutes ces questions se trouvait quelque part entre le mur défraichi et les marches d’escalier, puisqu’il croyait que l’association accueillait des enfants défavorisés — ou alors il a très mal écouté le discours de Lynda ’’Tu sais comment annoncer les trucs, toi…’’ qu’il marmonne en enlaçant son corps avec ses propres bras, ayant du mal à déglutir tant le poids de la tristesse lui tombe sur les épaules sans prévenir ; difficile, après cette révélation, de reprendre le fil de la conversation comme si de rien n’était, si bien qu’il reste muet pendant quelques secondes, faisant les cent pas dans la pièce sans même s’en apercevoir. La cruauté de toute cette issue défavorable explique peut-être la mine affreuse de Sam, ceci dit. « tu trouves ??? je me suis dis la même chose ce matin quand j’ai vu la gueule dans le miroir » Izan l’observe froisser son visage comme s’il était possible de raviver une meilleure mine, sans réelle intention de l’épargner puisqu’il lui répond un simple ’’On sera au moins d’accord sur ce point.’’ qui s’achève par un sourire aussi bref que fin, puisqu’il ne compte pas non plus se forcer, même s’il n’est pas suffisamment égoïste pour ignorer le malheur de celui qui lui fait face. Et le fait d’avoir eu cette incartade avec Helen ne l’empêche pas d’être sincèrement désolé pour leur séparation, puisqu’il songe que ce n’est pas de sa responsabilité ; pour ainsi dire, il aurait très précisément la même attitude s’il ne s’était rien passé entre eux. L’art et la matière de mettre sous le tapis ce qui le dérange, en somme. « et moi donc …. j’ai ce que je mérite voila tout…. J’avais tout pour être heureux et j’ai préféré écouter mon instrument que de réfléchir au conséquence ,,, A oui et effectivement on fait tous des erreurs plus ou moins grave mais voila celle ci est lourde de conséquence. » il marque un petit temps de pause, Izan, tâchant de réprimer une grimace puisque entendre le mot « instrument » dans ce contexte, le perturbe au plus haut point ; il a envie de lui dire de ne pas manquer de respect à son piano mais c’est un combat qu’il abandonne rapidement. ’’Tu devais bien t’y attendre, non ?’’ c’est même pas un reproche : il pose réellement la question en glissant ses deux mains dans les poches de son pantalon. ’’Je veux dire… C’était violent, pour elle, de vous découvrir comme ça.’’ tellement violent que… non, il ne va pas achever cette pensée « tu connais aussi bien Helen que moi Izan … tu sais bien qu’elle ne reviendra pas inutile d’essayer de me remonter le moral avec des phrases toute faite la vérité est que je suis un abruti fini j’ai eu aucun respect envers ma femme et aujourd’hui j’ai ce que je mérite voila tout. » comme il est absolument déplorable quand il s’agit de consoler quelqu’un, tout ce qu’il trouve à dire est : ’’Deuxième point sur lequel nous sommes d’accord.’’ décrochant néanmoins son épaule du mur, il vient prendre place sur la même marche que Sam, en mordillant l’intérieur de sa joue comme s’il hésitant à poursuivre cette discussion ; ils n’ont jamais été particulièrement proches, les deux. « Je m’excuse pour tout a l’heure j’ai été odieux et ça ce n’est pas moi » haussant légèrement ses épaules comme pour balayer cet incident qu’il juge sans gravité, Izan reprend la parole : ’’Écoute, on n’a jamais été potes, toi et moi, et j’compte pas te demander pourquoi t’as toujours donné l’impression de vouloir me foutre une balle mais,’’ dans les faits, si, ça l’intéresse, mais ce n’est probablement pas le moment ’’Elle est sous le coup de la colère, là. Faut attendre qu’elle redescende un peu, et là tu pourras lui parler, t’expliquer… Et tenter d’apaiser les choses. Faut juste être patient.’’ il fait de son mieux pour être utile face au chagrin de Sam, même si ça lui coûte de reconnaître que : ‘’Elle serait beaucoup moins en colère si elle ne t’aimait pas autant, tu sais.’’ il en sait quelque chose, malheureusement.

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« En gros elle a attrapé la leptospirose il y a de ça plusieurs mois mais personne s’en ai occupé. » s’il ne s’émeut pas tout de suite c’est parce qu’il est trop occupé à se demander ce que c’est « Ses parents son shootés du matin au soir et la gamine passait ses journées et ses nuits dans la rue. Une femme nous l’a ramené …. je me rappelle encore comme ci c’était hier … Elle était fiévreuse, crachait du sang …. bref la maladie avait déjà attaqué ses poumons créant des hémorragies ainsi que son foie, aujourd’hui plus ses deux organes ne fonctionne plus correctement …. sans donneur la petite ne s’en sortira pas ! » » normalement, dans une discussion, il est le plus dramatique des deux ; autant dire qu’il ne sait pas vraiment comment réagir face à l’annonce de la mort imminente d’une gamine qu’il vient de rencontrer, et qu’il ne sait même pas s’il peut aider d’une façon ou d’une autre, ce qui ne l’empêche pas de demander, avec une voix voilée de tristesse : ’’Qu’est-ce qu’on peut faire ?’’ même s’il imagine que la réponse sera « pas grand chose », il ne peut s’empêcher d’espérer qu’il y a encore un moyen de sauver la petite fille qui donne l’impression de déborder de vie.

Mais le moins que l’on puisse dire est que Sam ne se cherche pas d’excuses et ne se dérobe pas à la culpabilité qui est la sienne, et cela force la sympathie de celui qui mordille le coin de sa lèvre inférieure en se demandant si l’époux infidèle est au courant que sa femme l’a été également, et qu’il est très bien placé pour savoir quand et où. De toute évidence, Helen n’a pas considéré opportun d’en informer son époux, et si Izan est tenté d’en formuler l’aveu, il se retient au dernier moment en songeant que ce n’est pas vraiment à lui de faire cette révélation. Pourtant, ce n’est pas comme s’il avait quelque chose à perdre, Izan, puisque Sam a toujours donné l’impression de l’avoir en horreur, sans qu’il ne sache pourquoi.  « Pas au point de vouloir te mettre une balle mais j’ai toujours eu l’impression qu’il y avait plus que de l’amitié entre elle et toi …. j’étais jaloux voila tout il n’y a pas d’autre explication Izan ! » si l’on omet l’incartade dont ils se sont rendus coupable tous les deux, l’idée paraît ahurissante. Dire qu’Izan n’a jamais remarqué que la brune était une belle femme serait mentir, mais leur amitié lui a toujours été trop précieuse pour qu’il l’envisage autrement ; si le chagrin et le désespoir ne s’étaient pas mêlés à la fragilité de leurs émotions, jamais ils n’auraient laissé les choses dégénérer ainsi. Mais il laisse courir l’idée puisque, fort heureusement, Sam parle au passé : de toute évidence, il a compris que le pianiste n’était en rien une menace pour son mariage. «  Lui parler pour lui dire quoi ? …. ça sert plus a rien elle reviendra jamais ...  » - ’’Faut pas dire ça.’’ parce que lui aussi a clamé haut et fort auprès de Jayden qu’il ne se remettrait jamais avec Asher, mais l’amour est parfois (heureusement) plus fort que la rancoeur. ’’Après, cette pause ne peut pas vous faire de mal… Vous en avez besoin tous les deux, peut-être ? Ce n’est pas anodin de tromper la personne avec qui on est, c’est qu’il y avait un problème entre vous.’’ mais il ne lui apprend rien, Izan, puisque leur couple était sur la pente descendante depuis bien longtemps, et qu’il était presque inévitable qu’il explose. Assis sur les marches avec Sam, il tourne son menton sur le côté pour contempler l’image qu’il lui soumet, et qui lui arrache un petit sourire d’attendrissement, bien qu’il soit heurté par la tristesse. « On venait de passer une journée incroyable … Nous étions si complice … fou amoureux … comment en sommes nous arrivé la ???!!! » est-ce qu’il attend une réelle réponse, Sam ? Parce qu’Izan n’en a pas. Mais il presse ses lèvres l’une contre l’autre en prenant une fine inspiration, cherchant quoi dire pour ne pas l’enfoncer sans lui donner de faux espoirs. ’’Vous vous êtes éloignés, peut-être. Sûrement, même. Mais j’crois qu’il est toujours possible de sauver une relation, il faut apprendre à s’écouter et se pardonner.’’ chose dont lui-même n’est que difficilement capable mais il apprend : s’il réussi, Helen le pourra certainement aussi. ’’Elle t’aime, vraiment. Je suis sûr qu’elle reviendra. Faut que tu te battes pour elle, pour vous.’’

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Le cas de la petite fille malade est d’une tristesse certes affligeante, mais le sujet qui suit n’est guère plus joyeux ; la tristesse de Sam fait peine à voir, même si l’on ne peut censément pas oublier sa part de responsabilité dans toute cette tragédie, un désastre amoureux dont il sait être l’auteur. En partie, du moins. Puisque si Izan a révélé sans attendre son incartade avec Helen, cette dernière s’est bien gardée d’en faire de même avec son cher époux ; elle conserve le beau rôle, la chirurgienne. Celui de la victime trompée, bafouée, dont le mariage a été défait par l’infidélité de son époux. Mais ce n’est sûrement pas au pianiste de défaire le masque honnête de celle qui s’est rendue coupable du même crime, puisqu’il pourrait aisément être condamné pour complicité ; sauf que, lui, il a reconnu ses méfaits. Comment Sam va-t-il vivre cette révélation ? S’il l’apprend, un jour, ce sera peut-être la fin actée de leur mariage, et il ne peut s’empêcher de culpabiliser un peu à cette idée. «  surement … je sais pas Izan ! » pressant ses lèvres l’une contre l’autre, il hausse légèrement ses épaules en posant un regard curieusement bienveillant sur l’homme éploré, puisque malgré ses fautes, son malheur n’est en rien réjouissant. « Elle me pardonnera jamais et je la comprends. » toutes les tentatives de l’artiste sont vaines, puisque Sam ne semble pas avoir grands espoirs de sauver son union avec Helen ; un pessimisme qu’il a lui-même porté, sauf qu’il n’était pas celui qui était en tort - du moins, c’est ce qu’il aime croire. Lui, au moins, il a eu la décence de rompre avec Asher avant de le « tromper ». « elle te l’a dit ? » qu’il demande avec, dans la voix, la lueur d’espoir liée à l’envie d’entendre que sa femme nourrit toujours des sentiments amoureux pour lui ; mais Izan n’est pas en mesure de lui apporter la réponse tant espérée et, venant frotter sa tempe en signe d’inconfort, il mordille le coin de sa lèvre avant de dire, presque penaud : ’’Non, je ne parle pas trop à Helen, ces temps-ci.’’ l’on pourrait aisément prétendre qu’il est trop occupé avec la promotion de son album pour converser avec sa meilleure amie mais, en réalité, leur éloignement est effectif depuis cette fameuse nuit de mai. ’’Mais je le sais, Sam. Elle n’a pas besoin de le dire…’’ c’est le moment où, faisant d’abord entendre ses talons sur le carrelage, Lynda revient en leur direction avec le regard braqué sur son musicien, qu’elle assaille d’un ’’On va être en retard. Accélère sinon j’te ramène moi-même dans la voiture.’’ et sans une oeillade pour le président de l’association, la brune revient sur ses pas en accolant son téléphone contre son oreille, permettant tout juste au musicien de déposer une main amicale sur l’épaule de Sam, lui disant ’’J’espère que ça va aller. On se revoit bientôt pour Sarah, promis, dis-lui que je vais revenir le plus rapidement possible.’’ un dernier regard, un dernier roulement de lèvres et, il s’éloigne déjà pour poursuivre sa route, en ne pouvant s’empêcher de se demander comment se porte Helen, et s’il lui manque autant qu’elle lui manque.

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