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@emery dawson

lieu: west end.
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Son père l’avait appelé un peu plus tôt dans la semaine; il s’était bien sur excusé plus d’une fois de la déranger, qu’elle devait être extrêmement occupée et Millie avait du lui rappeler qu’elle n’avait plus de travail pour combler la longueur de ses journées et dont qu’il ne saurait réellement la déranger. Parfois, souvent même, elle s’en faisait pour son père car ses réactions et ses actions n’étaient pas toujours très cohérentes et que sa mémoire lui faisait défaut sur certains points; ensuite elle se rappelait à quel point il se devait d’être en permanence sous anti-dépresseurs qui devaient lui ronger une partie de ses facultés, et qu’il tentait de concentrer ces dernières pour continuer d’exercer son métier de professeur aussi bien que possible. C’était d’ailleurs à cause de ce dernier qu’il l’appelait: il se devait de partir une semaine pour des conférences sur Melbourne et ne pourrait pas être présent pour le déménagement de Gemma. Elle, c’était la voisine de la maison d’en face, celle qui avait vu les enfants Butcher naitre et grandir - disparaitre aussi, malheureusement, sous différences circonstances de cette maison qui manquait cruellement de vie désormais. Alors, il demandait à sa fille s’il était possible qu’elle soit elle présente pour donner un coup de main, surtout que selon ses dires ça devrait être pour trois ou quatre bricoles.

Lorsque Millie poussa la porte d’entrée de la maison ce jour là et que la première chose sur laquelle son regard se posa fut l’absence de vide dans la maison, elle comprit qu’elle s’était faite avoir et que son père avait tort en lui disant que ce n’était pas grand chose comme coup de main à donner: elle y serait encore le soir même si ce n’était pendant une partie de la nuit, à cette allure là et s’il y avait aussi peu d’agitation autour des mille et unes bricoles présentes dans la maison. « Il y a quelqu’un ? » A sa suite, elle repoussa la porte d’entrée, les bras chargée d’une grande boite où elle avait empilé les muffins qu’elle s’était appliquée à préparer la veille au soir. Rapidement, entrant jusque dans le salon, son regard tomba sur une jeune femme présente au milieu de la pièce. « Salut. » Le regard de Millie continua d’arpenter un instant la pièce, avant de se reposer sur la blonde devant elle. « Salut. » Elle se demandait même si elle était au bon endroit. « Pitié, dis moi que la cavalerie arrive et qu’en fait on sera genre quinze pour tout empaqueter. » Le sourire qu’elle étira doucement était autant amusé que crispé, d’une manière un peu étrange. « T’es la première personne que je croise sur le chemin, donc j’ai peur de répondre que non ? » Elle déposa son sac à main sur l’une des chaises, avant d’ouvrir la boite qu’elle tenait toujours dans ses mains. « Mais si t’as l’air autant désespérée de me voir arriver, je vais supposer qu’on est pas le nombre qu’on nous a promis d’être… ce qui veut dire qu’on aura plus de muffins pour nous ? » Elle avança la boite à sa hauteur pour qu’elle puisse en prendre un, histoire de commencer du bon pied. « Gemma n’est pas là ? » La principale intéressée par ce déménagement, puisque sa maison qui était aujourd’hui à mettre en cartons.

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Elle aurait bien voulu arriver et lui apporter des bonnes nouvelles, et toute une équipe surtout pour leur donner un coup de main malheureusement la seule chose que Millie avait avec elle c’était une boite de muffins qu’elle avait confectionné afin de ravir les papilles des personnes présentes… qui était donc une autre jeune femme et elle, apparemment, alors que son regard naviguait à travers la pièce et tentait d’apercevoir d’autres silhouettes. « Ils ont dû savoir que c’était un traquenard. Ça fait de moi une mauvaise personne si je suis dépitée de pas avoir eu le mémo ? » Elle eut un petit rire et un petit sourire qui allait de paire avec, alors qu’elle secouait quelque peu sa tête de droite à gauche en refermant la boite après que l’autre jeune femme se soit servie. « Disons que niveau travail d’équipe, je pense qu’on a connu mieux, donc c’est compréhensible. » S’ils s’étaient tous présentés comme prévu, cela aurait été réglé en - presque - deux temps, trois mouvements; là avec leurs quatre bras frêles, elles en auraient pour environ une éternité. « Tu sauves la journée. » Elle parlait du muffin; elle haussa les épaules. « Je me doutais qu’on en aurait besoin. » 

Bien sur, l’une des premières questions de Millie par la suite fut de s’interroger sur la présence de la propriétaire des lieux, cette dernière semblant briller par son absence. Ce qui était plutôt étrange, sur le papier, puisque c’était elle qui avait besoin d’un coup de mains. « Elle a fui quand je suis arrivée. Pile avant que je découvre le pot aux roses. Je pense que c’était intentionnel parce que maintenant, je culpabiliserais de partir sans aider. » La petite grimace qui s’en vint de paire avec les paroles tira, bien sur, un petit sourire à Millie. Elle imaginait parfaitement la scène, et pouvait donc sans trop de risque se permettre de dire que: « Ca sent effectivement le plan bien huilé. » Ce qui ne les arrangeait pas elles, puisque cela voulait dire que même la principale responsable de toutes ces affaires à ranger n’était pas présente. « Et elle saura te faire culpabiliser, crois moi. » Millie avait passé assez de temps ici en étant plus jeune pour savoir que c’était le cas - d’une manière ou d’une autre, jamais de façon méchante mais plutôt avec cette manière que les personnes âgées avaient d’user de leur grand âge, justement, pour faire plier la jeunesse à leurs demandes.

« Cet appartement… est de pire en pire au fur et à mesure que tu regardes. Je pense que la palme revient aux animaux empaillés mais j’ai pas regardé les autres pièces. J’ai peur d’ouvrir les armoires. » - « Alors n’ouvre pas celle du bureau, parce-que ça te fera peur c’est sur. » Elle plissa le bout de son nez. « Collection de poupées miniatures, c’est pire que les animaux empaillés, crois moi. » Millie avait ouvert cette armoire là une fois lorsqu’elle était petite et l’avait regretté amèrement tous les jours par la suite. « Tu penses… qu’on a droit à une marge de casse ? Ou de disparition d’objets ? Elle se souviendrait pas de tout non ? » Leurs regards se croisèrent, elles se mirent à rire en même temps. « Ok, maintenant je suis une mauvaise personne. » - « Mais non, mais non. » Posant la boite de muffins dans la cuisine - sur le peu de surface où il avait de la place - et son sac à mains à côté dans la foulée, Millie revint dans le salon où son regard balaya la pièce. « Y’a plus de chances pour qu’elle oublie les objets qu’elle voit pas tous les jours, je me dis, si jamais. » Bien sur qu’elle serait sa complice dans cette aventure; elle était là maintenant et rejoignait la jeune femme en sachant pertinemment qu’elle culpabiliserait si elle partait maintenant sans aider. « Donc si on doit casser quelque-chose… Peut-être les objets dans les autres pièces ? » Avec un petit sourire en coin.

« Moi c’est Millie au fait. » Ce serait quand même plus simple. « Tu connais Gemma comment ? » Alors qu’elle se mettait à arpenter le salon, et à commencer à mettre dans des mêmes carrés invisibles sur le sol les objets qui semblaient appartenir à la même famille pour qu’elles puissent mettre en carton plus facilement par la suite, avant que tout ne soit couvert de papier journal et qu’elles ne puissent plus rien différencier.

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« On peut plus compter sur personne. » Elle se permit un petit rire. « Il faut croire que non effectivement. » Ou alors les autres avaient surtout eu plus de flair qu’elles deux réunies. « Elle avait l’air si mignonne au premier abord. » Pinçant ses lèvres, elle opina avec vivacité du chef tant ces paroles là étaient on ne pouvait davantage vraies: Gemma avait l’air mignonne de prime abord parce-qu’elle n’était pas foncièrement mauvaise - c’était seulement une vieille dame qui apprenait à s’adapter pour ne pas être de trop mise de côté par le monde qui avançait plus vite qu’elle désormais. Et si cela devait passer par minauder et un brin manipuler pour arriver à obtenir ce dont elle avait besoin, c’était ce qu’elle faisait effectivement.

Concernant la maison et son contenu qui était surprenant, disons, Millie n’avait en revanche pas d’explications à donner. « En fait, c’est pas l’appartement d’une petite dame mais le set de tournage d’un film d’horreur ? » En recouvrant ses lèvres du revers de sa main, elle eut un véritable rire spontané. « Vu sous cet angle… » Effectivement qu’elle pouvait réussir à se projeter davantage sur le lieu de tournage d’un tel film plutôt que dans la demeure d’une vieille dame si elle en décidait ainsi. Elle n’avait jamais vu les choses de cette manière là de son côté, mais elle était aussi davantage habituée à ce qui pouvait se trouver entre ces quatre murs. « Bien vu. On doit juste garder sa déco intacte. Ce ne serait évidemment pas une volonté destructrice paresseuse mais bien un accident. » - « Personne pourrait contre-dire notre version des faits, puisque personne est venu aujourd’hui. » Là était leur seul avantage - et il fallait bien en trouver un. « Emery. » Elle opina quelque peu du chef, accusant réception de l’information. « Je la connais pas, j’ai entendu parler de son détresse par une fréquentation et j’ai voulu regagner un peu de karma positif il faut croire. Et toi ? » Un peu contre elle, elle eut un petit sourire et rebroussa le bout de son nez à cette information. « Donc je suis la seule de nous deux à être venue ici en connaissance de cause, alors. » Parce-que si Emery avait simplement voulu redonner un coup de peinture neuve à son karma, Millie elle savait parfaitement ce que contenait cette maison avant d’y mettre les pieds - et même si initialement c’était son père qui s’était porté volontaire mais n’avait pu se rendre disponible pour donner un coup de main, ce n’était qu’à un demi-traquenard pour elle à ses yeux. « Mon père habite la maison d’en face, de l’autre côté de la rue. C’est là que j’ai grandi. » Et autres événements moins glorieux mais qui ne seraient pas avancés ici. « Ca m’arrivait assez souvent de venir chez Gemma lorsque mes parents étaient pas rentrés du travail et qu’on avait besoin d’être surveillées, en étant enfants. » Sa soeur était souvent avec elle dans le coin, si bien qu’elle s’était amusée plus d’une fois à deux de la collection de poupées de la vieille dame qui n’en était pas tant une finalement à l’époque.

« Bon. Empilons. » Elles avaient du travail sur la planche. « H… c’est le carton aux Horreurs. F pour Fragile, histoire de prouver notre bonne foi. N pour Normal. Le carton qui sera sans doute léger. V pour vaisselle. Pas de vannes ici. Hésite pas à en rajouter ! » Faisant une petite moue, elle récupère le marqueur des mains de la jeune femme pour faire un nouveau carton: « D pour Donations. Elle va râler, mais ça sera une bonne idée. » Et au pire, si Gemma se montrait pince et ne voulait pas donner ses objets, Millie savait qu’une brocante ou apparentée était prévue en ville d’ici à quelques semaines: elle pourrait saisir l’excuse pour aller récolter quelques fonds des affaires de la vieille dame. « Je vais commencer par le buffet. Je te conseillerais de mettre de la musique parce que sinon tu vas m’entendre chanter, et je pense que je serais vraiment dévastée si tu pars en courant. » Reposant le carton et le marqueur, elle eut un petit rire. « Promis je partirai pas en courant. Mais je suis pas contre un peu de musique. » Se dirigeant vers le coin salon, elle alluma le meuble à musique et mis à tourner l’un des vieux vinyles de Gemma; de la musique qui commençait à dater désormais mais qui ferait parfaitement l’affaire pour laisser une jolie ambiance de fond. « Hésite pas à aller changer si y’a des choses qui te tentent plus que d’autres dans la collection. » Du doigt, elle indiqua la grande bibliothèque qui se tenait non loin dans le salon. « Je m’attaque à cette partie là en attendant. »

« Mais quand même… tu penses que tu connaîtrais des gros bras qui auraient pitié de nous ? » Elles s’étaient attelées chacune de leur côté pendant plusieurs dizaines de minutes lorsque la voix d’Emery se fit de nouveau entendre. Posant dans le carton devant elle les quelques bibelots qu’elle avait retiré de la bibliothèques - une partie était allée dans H et l’autre dans F, malheureusement et à contre coeur -, elle fit quelques pas pour regarder le carton de la jeune femme et plisser le nez de nouveau. « Non, malheureusement. » Elle les aurait déjà sollicité sinon. « J’ai vraiment envie de faire les cartons et de faire comprendre à Gemma que c’est pas possible de les porter sans demander à des professionnels… mais j’ai peur qu’elle appelle les pompiers pour les faire travailler à notre place en faisant ça. » Et elle visualisait très bien Gemma assise dans son canapé à leur certifier que c’était là une urgence et dans leur champ de compétences. « T’aurais pas quelqu’un sous le coude qu’on pourrait aller démarcher avec la boite à muffins ? »

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« Et si on fichait tout en l’air en prétendant que c’est un cambriolage, que l’intrusion s’est passée quand on est sorties pour, je sais pas, aller prendre du café ? » Bien sur qu’elle eut un petit rire amusé à ce commentaire là; elle ne pouvait nier que sa compagne du jour avait de la suite dans les idées et qu’elle ne manquait pas d’imagination lorsque cela concernait les solutions qui pourraient leur permettre de s’extirper d’ici. Cependant, même si elles trouvaient les meilleures du monde, Millie ne saurait se ranger à l’idée tant elle ne voulait pas se défiler alors qu’elle avait promis à son père qu’elle donnerait un coup de main à sa place à leur vieille voisine. « Ok, non. Dommage. » Elle fronça le bout de son nez; oh, elle ne pourrait lui en vouloir si de son côté elle décidait d’abandonner en cours de route. « Tu dois être une sorte de sainte, ou quelque chose du genre. » Avec un petit rire, elle secoua quelque peu sa tête de droite à gauche. « Pas du tout. » Elle tentait simplement de rendre une pareille qui avait été donnée gentiment quelques années plus tôt - deux décennies presque. « Si tu ne me dis pas que c’était une horrible baby-sitter, je vais vraiment culpabiliser de tout ce que j’ai pu dire. » - « Donc si je te dis qu’elle nous faisait tout le temps un super bon cake au citron, ça aide pas c’est ça ? » Gemma était peut-être aujourd’hui une vieille dame qui profitait de sa condition, mais elle avait été fut une période quelqu’un bien plus ouverte et sur qui il était possible de compter.

« Ouh, on a de la prise d’initiatives ! » - « Autant en profiter pour faire une bonne action. » Même si la majorité des possessions ici n’étaient plus de première jeunesse, cela pouvait toujours faire le bonheur de certains.

« Non, tu peux laisser. C’est… étrangement chouette. Ça donne vraiment l’impression qu’on est dans un autre temps. » Au moins, cela leur permettait effectivement d’avoir un fond musical accordé à l’ambiance de la journée. A cette approbation là, Millie étira un petit sourire satisfait.

« Je serais pas contre voir des pompiers débarquer. » Elle eut un petit rire. « Je râlerai pas non plus… mais si on peut ne pas les déranger pour ça. » Parce-que même si ce serait extrêmement plaisant si étaient envoyés ceux avec les muscles les plus adaptés pour cette mission, ils avaient surement d’autres chats à fouetter.

« Oh ok, ça c’est glauque. » Depuis l’autre côté de la pièce, relevant son regard dans la direction de la jeune femme, Millie fronça quelque peu les sourcils. Etant donné que le terme glauque pouvait aller pour bien des objets dans cette maison, elle ne savait pas d’avance de quoi elle parlait - mais lorsqu’elle la vit se retourner avec une urne dans les mains, effectivement elle comprit de quoi elle parlait. Et cela fut d’autant plus probant lorsque cette dernière lui échappa des mains alors qu’elle trébuchait sur un coin surement d’un tapis ou autre - ce n’était franchement plus l’élément le plus important ici - et que le contenu de l’urne de resta pas à sa place. Effectivement, c’était glauque. « Merde. Merde. Oh bordel. » Surtout que dans la chute, les cendres s’étaient répandues en poussière épaisse autour d’Emery; même depuis l’autre côté de la pièce, Millie se mit à ventiler d’une main l’air devant elle - surement plus par précaution qu’autre chose, comme par réflexe, alors que ses yeux étaient quelque peu écarquillés à regarder la scène. « Mon Dieu. » Qu’elle échappa malgré elle. « On fait quoi maintenant ? J’ai les cendres d’une personne morte sur moi. » Et apparement la réalisation fut assez pressante puisque l’instant d’après, Emery vomissait ses tripes dans le premier récipient qu’elle trouva - heureusement que ce ne fut pas l’urne initiale, d’ailleurs, ça n’aurait pas arrangé les choses. « J'ai envie de dire que Max est libre, comme ça, maintenant. » Elle grimaçait clairement à la vision d’horreur qu’offrait le salon.

S’éloignant dans la cuisine un instant, elle revint avec un chiffon humilié et propre - contrairement à bien des choses dans ce salon - pour le tendre à la jeune femme pour qu’elle puisse se le passer sur le visage, alors qu’elle couvrait le sien avec son col, la fumée était imposante dans la pièce. « On sort prendre l’air déjà ? » Ouvrir la fenêtre n’arrangerait rien pour ce qui aurait du rester dans l’urne, mais au moins elles pourraient respirer à peu près correctement. L’air frappant leur visage, elle inspira longuement avant de tousser quelque peu davantage par réflexe qu’autre chose. Elles n’étaient pas sorties de l’auberge, encore moins maintenant. « Tu t’es pas fait mal au moins en te prenant le tapis ? » Et sans transition: « Peut-être que t’avais raison tout à l’heure en disant qu’on aurait du partir en courant. » Et bien sur que le rire qui se fit entendre côté Butcher ensuite fut la faute au stress et à l’étrangeté de toute cette situation.