11 mai 2024 - bayside - chez Sloane
in the middle of the night
crédit gifs(fallenfeatures) + @Sloane Jarecki

La nuit plongeait Brisbane dans une noirceur aussi intense que celle qui habitait son cœur et ses pensées depuis des jours. La vie de la chirurgienne venait de prendre un sacré tournant, sans qu'elle n'y soit pleinement préparée. Il y avait d'abord eu la découverte de l'infidélité de Sam, alors qu'elle s'apprêtait à lui faire la surprise de l'emmener au restaurant, histoire de faire un premier pas vers un renouveau pour son couple. Pas de bol, la brune était tombée sur son époux en train d'embrasser une autre. Ajouté à cela, l'immensurable erreur commise avec Izan deux jours plus tard, Helen perdait les deux hommes en qui elle avait le plus confiance dans sa vie. Oui car, même si la chirurgienne habitait toujours sous le même toit que Sam depuis cette terrible révélation, et même si Izan et elle ne s'étaient encore pas parlés depuis le soir de leur bêtise, Helen considérait ne plus pouvoir compter ni sur l'un, ni sur l'autre. Evidemment qu'elle ne comptait plus sur son époux après une telle trahison. Pour Izan, la situation était un peu différente... la chirurgienne avait été profondément blessée par la disparition du pianiste de son propre appartement + le vieux pouce de merde qu'il lui avait envoyé en guise de réponse à son SMS + apprendre que son meilleur ami était parti en tournée dans toute l'Europe sur Instagram. Cela faisait beaucoup, non ? Même si la jeune femme pouvait se montrer compréhensive quant à la gêne qu'occasionnait leur partie de jambes en l'air dans leur relation, elle digérait mal le fait que ce soit silence radio entre eux. Dans un excès de colère et de frustration, Helen s'était mise à Tinder. Sans scrupule aucun, d'ailleurs. Elle y avait fait la rencontre de Win, avec qui elle prenait grand plaisir à parler... et ce fut d'ailleurs une bouffée d'air frais dans son quotidien bien morose. Au final, la chirurgienne s'était lancée pleinement dans leur discussion, oubliant le reste... jusqu'à ce qu'elle se décide enfin à envoyer un message à Sloane, pour lui demander quand elle pouvait passer pour lui raconter tout ce qui lui arrivait de terrible dans sa vie actuellement. Parce qu'en plus de tout ça, Helen s'était retrouvée finalement face à son ex-interne au restaurant après avoir accepté de rencontrer l'inconnu avec lequel elle appréciait énormément discuter. Ca faisait VRAIMENT beaucoup, non ? Arrivée devant la porte de l'appartement de sa meilleure amie, Helen adressa un sourire à cette dernière puis lâcha cette bombe qu'elle n'avait encore jamais prononcé à voix-haute, à qui que ce soit : « J'ai couché avec Izan. » Entrée magistrale, Helen se glissa à l'intérieur de l'appartement de Sloane en laissant son amie digérer à son tour la nouvelle. « T'as pas une bouteille de vin déjà ouverte ? Qu'on trinque au fait, qu'en plus de ça, je suis cocue. » Une belle soirée en perspective, non ? Sloane en avait des choses à rattraper sur le désastre qu'était devenu la vie de la chirurgienne.

Elle avait prévu le coup et demandé à Arsinoé de lui laisser quelques heures pour la soirée – ce qui n'avait pas été difficile du tout, en fait, puisque celle-ci passait de moins en moins de nuits chez elle et de plus en plus chez quelqu'un d’autre. Même sa perruche avait quitté le domicile, et Sloane s'était notée de lui demander si elle avait trouvé un logement ou quelqu’un de plus ou moins cher pour lui ouvrir ses portes. Pour l’heure, ça l’arrangeait : Helen avait bien noté de vouloir la paix, pour ce soir, et Sloane avait pris toutes les précautions nécessaires à assurer leur tranquillité, soit pas mal d’alcool, pas d’enfants dans les pattes, et surtout pas d’adulte toute nue autour.
Du reste, elle était dans le noir : depuis l’inscription d’Helen sur Tinder, elles n’avaient pas particulièrement communiqué des avancées, sinon qu’elle avait matché avec un mec sympa et que Sloane l’avait découragée de le rencontrer. De fait, ses débuts sur un nouveau plateau avec 1) un enfant et, pire, 2) Scarlett l’avaient légèrement coupée de sa vie sociale, laquelle s’était plus ou moins résumée à une sex party avortée et à une sortie surf avec sa collègue qui avait terminé de la plonger dans une espèce de confusion fébrile. Helen était donc restée une présence floue dans son quotidien, jusqu’à la soirée qu’elles avaient prévue ce soir, et pour le coup, Sloane comptait bien poser toutes les questions nécessaires à rattraper ce qu’elle avait manqué.
Bien sûr, en arrivant, Helen le fait d’elle-même. « J'ai couché avec Izan. » Sous la surprise, Sloane avait lâché la poignée de la porte de manière à ce que celle-ci s’ouvre en grand et laisse passer son amie. Elle tient bien cinq secondes à regarder dans le vide avant de faire volte-face, où Helen lui balance un second scoop de manière inopinée, qui lui fait franchement hausser les sourcils. « Bordel de merde », lâche-t-elle, parce que c’est l'une des quelques situations qui n’appellent à aucun autre commentaire que ça. Elle a la présence d’esprit de refermer la porte derrière elles et de la verrouiller, franchissant à grands pas la distance qui la sépare de sa cuisine. « J’ai un Bordeaux. Et sinon un bourbon. » Peut-être qu’un verre de rouge ne suffirait pas à absorber toutes les infos : question de réalisme. « Je ne te cache pas qu’un récapitulatif ne serait pas de trop », lance la psy en sortant les verres. Sans vouloir s’inquiéter tout de suite, ça faisait quand même pas mal à digérer.

@Helen Stenfield

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@Sloane Jarecki 11 mai 2024 - bayside, chez Sloane
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Autant dire qu'Helen ne perdait pas de temps en avouant d'emblée les soucis personnels qui régissaient sa vie en ce moment lorsque Sloane lui ouvrit la porte. Elle devina bien la surprise, peut-être même le choc sur le visage de sa meilleure amie avant qu'elle ne s'octroie la permission de franchir le seuil de sa porte pour pénétrer dans son appartement qu'elle connaissait par-cœur. Son 'bordel de merde' était la preuve qu'elle ressentait certainement une grande dose de pitié pour elle, puisqu'elle enchaînait les crasses, qu'on se le dise. Un mari et un meilleur ami de perdu, ça faisait mal au cœur, quand même. « J’ai un Bordeaux. Et sinon un bourbon. » « Le bourbon.» Helen pointa du doigt dans le vide pour désigner la deuxième option, estimant que quelque chose de plus fort qu'un simple vin lui permettrait de mieux encaisser la douleur qui l'envahirait en racontant le récit de ses dernières aventures rocambolesques. Installée sur l'une des chaises hautes qui donnait sur la cuisine, Helen observa son amie sortir les verres qui contiendraient bientôt de quoi lui donner du courage, peut-être même jusqu'à lui permettre d'oublier le merdier dans sa vie actuelle. « Je ne te cache pas qu’un récapitulatif ne serait pas de trop » Les coudes posés sur le plan de travail, la chirurgienne plongea son visage dans ses mains puis les remonta jusqu'au haut de sa tête, pour terminer leur course jusque dans sa nuque qu'elle maintint plusieurs secondes en se mordillant l'intérieur de la joue. « J'ai besoin d'un petit verre d'abord. » Bien heureusement, Sloane était déjà en train de lui en servir un de son fameux bourbon, qu'elle descendit presque d'une traite. Le liquide lui brûla le gosier, et elle se sentit presque désolée de ne pas chercher à savourer la boisson qu'elle lui offrait généreusement, mais elle avait la tête à autre chose ; notamment, à comment elle allait débuter ses explications tant attendues par la psychologue. Après un 'ah' à la fois discret et bruyant, à cause de la brûlure qui retombait dans son estomac, la chirurgienne se lança finalement : « Tu veux que je commence par quoi ? Izan, ou Sam ? » Elle-même ne savait pas vraiment quel sujet était le moins pire à aborder en premier, ce qui la fit soupirer puis se servir un nouveau verre pour s'octroyer encore un peu de courage. « Je vais commencer par mon connard de mari, ça expliquera pourquoi Izan m'a faite grimper au rideau. » Elle eut un sourire amusé, bien que trop nerveux pour faire véritablement croire qu'elle se trouvait drôle à cet instant. Helen prit une profonde inspiration, s'apprêtant à vivre pour la seconde fois le souvenir douloureux de son homme prit en plein flagrant délit d'infidélité. « J'ai voulu faire une surprise à Sam, dans le but de faire un effort entre nous et en me rendant à l'école pour aller le chercher, je l'ai vu en train d'embrasser sa pétasse de collègue. » C'était à peine si elle prenait le temps de respirer, comme si parler plus vite ferait passer plus vite la douleur dans son cœur. Malheureusement, c'était un échec total, elle sentait son palpitant se serrer à nouveau très douloureusement dans sa poitrine. Ni même la vulgarité de ses propos pour désigner Liliana ne fonctionnait pour alléger sa peine. « Je suis partie, j'ai pas su les affronter, je ne savais pas quoi dire... je me suis réfugiée à l'hôpital, puis je suis allée voir Izan dès que j'ai pu. » Un troisième verre lui fit tourner la tête, cela faisait beaucoup d'alcool pour son petit gabarit et, détail important, sans manger quoi que ce soit pour éponger. « On a un peu trop bu, je l'ai embrassé, enfin je crois me souvenir que c'est moi qui l'ait fait la première... mais il m'a pas repoussé, il était aussi saoul que moi. C'est lui qui m'a retiré mon tee-shirt en premier... BREF, tu m'as comprise ? » La dernière chose qu'elle souhaitait, encore, c'était de se rejouer ce film aussi douloureux de son meilleur ami et elle en train de coucher ensemble, même si sur le moment, Helen avait connu un plaisir jusque là oublié... Ses doigts s'emparèrent à nouveau de son verre, prête à se servir à nouveau, jusqu'à ce qu'elle réalise ce qu'elle était en train de faire. « Et merde, je recommence à noyer ma peine avec une bouteille, j'ai pas retenu la leçon faut croire. » Souffla-t-elle, emportée par son propre monologue qu'elle conclut par un : « Sur une échelle de 1 à 10, ma vie est merdique comment tu crois ? » Regard désespéré, un peu plus et elle se remettait à pleurer.

Ce sera le bourbon, alors ; Sloane n'est pas sûre qu'un alcool plus fort aide à anesthésier ni le choc, ni la douleur, mais il n'y a jamais trop de réconfort à trouver dans les détails. Elle leur sort deux verres, quelques glaçons au besoin, et verse à chacune une bonne rasade. Helen finit la sienne d'une traite et, pour faire bonne mesure, Sloane suit le mouvement – elle boit très peu, rarement d'une telle manière, mais accompagner sa meilleure amie de la façon qu’elle pense la plus apte ne sera pas de trop. Celle-ci lui demande par quel sujet commencer, entre son batifolage impromptu avec Izan et la tromperie de son mari, et Sloane prend la question rhétorique pour ce qu’elle est : Helen décidera ce qu’elle juge mieux de mentionner en premier. Alors celle-ci lui narre les évènements : Sam qu’elle surprend avec une collègue à lui – « mais quel connard », ponctue-t-elle, sans un mot en revanche pour la fameuse pétasse en question –, elle qui se noie dans le travail pour éviter d’y penser, puis qui passe chez Izan. C’est là que les interrogations commencent : autant l’infidélité de Sam ne la surprend pas outre mesure (et elle explique bien des choses, à ses yeux), autant qu’Helen couche avec son meilleur ami lui laisse davantage de questions que de réponses. Est-ce qu'il n'avait pas quelqu'un, lui ? Sloane ne connaît le jeune homme que de loin, via Helen principalement – et aux dernières nouvelles, il était en couple. « J’ai saisi l'idée, oui », grimace-t-elle en miroir lorsque la brune lui parle de sa nuit avec Izan. C’est une grimace de compassion, de compréhension que ce n'est pas aussi simple qu'un coup d'un soir sans conséquences. Ça l'est rarement, en réalité, pour la plupart des gens ; moins encore quand ça agit comme une disruption dans une amitié aussi vieille que celle des deux protagonistes.
Elle ne dit rien, le temps qu’Helen finisse de vider son sac, et elle signe la fin de sa tirade avec un mouvement en direction de son verre – vide, évidemment. Elle sourit en la resservant, d’un quart de verre cette fois, pour limiter la casse potentielle : « Savoure, en plus, il vaut environ 1500AUD. Un client me l’a offert. » Et autant dire que la bouteille vit son baptême ce soir : Sloane boit rarement seule, et elle n’a pas suffisamment vu Arsinoé pour l’ouvrir avec elle. Elle se resserre à son tour, d’à peu près autant ; le liquide lui réchauffe déjà la gorge jusqu'aux entrailles et elle sent qu’en prendre trop serait pousser le vice. « 1 à 10 ? Un bon 12 s’en rapproche, je dirais. » C’est même un euphémisme : la vie d’Helen a été renversée d'une manière qu’elle ne peut imaginer. Le seul équivalent auquel se raccrocher, c’est quand Natalia lui a annoncé être tombée amoureuse de quelqu'un d’autre et même là, ç’avait été trop respectueux pour lui en vouloir. Quoique, en rétrospective, c'était aussi sûrement ce qui l’avait rendue le plus en colère. « Vous avez parlé, depuis ? » demande-t-elle sans cibler, d’abord. Puis : « Avec Izan, déjà. De tout ça. Il en a pensé quoi, lui ? Tu penses que ça va changer quelque chose à votre relation ? » Est-ce qu'elle le souhaite, même, ou est-ce le pire scénario possible ? « Et Sam, vous vous êtes expliqués ? » Le ton est un peu plus nerveux, cette fois-ci : Helen la connaît assez pour savoir qu'il signifie qu'au moindre signe de sa part, Sloane n'aurait aucun souci à aller lui expliquer les choses pour elle.

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@Sloane Jarecki 11 mai 2024 - bayside, chez Sloane
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A mesure qu'elle racontait les derniers événements qui venaient troubler sa vie habituellement calme et plate, Helen se demandait comment elle avait pu en arriver là... autant, avec Sam, la jeune femme arrivait plus ou moins à comprendre ce qu'il s'était passé, même si elle ne l'acceptait pas. Et avec Izan ? Quelle mouche les avait piqué, vraiment ? Coucher ensemble, après des années d'amitié, quelle connerie. La chirurgienne regrettait tellement qu'il se soit passé quelque chose entre eux, même si des années auparavant c'était presque un rêve au fond d'elle à cause des sentiments qu'elle avait un jour pu avoir pour le pianiste. Mais aujourd'hui, c'était regrets sur regrets, vraiment. Helen aurait aimé pouvoir remonter le temps, pour revenir quelques années plus tôt et faire en sorte que les choses ne dérapent pas à ce point dans sa vie. La chirurgienne vidait son sac, dans un monologue qui lui donnait soif, à moins que ce soit l'alcool dans son gosier qui appelait les verres suivants, pour espérer pouvoir oublier toutes ces bêtises. Quel merdier, quel bordel... qu'avait-elle fait pour mériter tout ça ? Le karma, dirait par exemple Olive Sterling. Et bien, le karma, elle voulait l'envoyer gentiment valser, parce que cette situation lui était déjà insupportable... et se vider une bouteille de bourbon à 1500AUD à presque elle toute seule, ce n'était pas une charmante idée non plus, même s'il fallait avouer qu'il avait du caractère pour ce prix là. « 1 à 10 ? Un bon 12 s’en rapproche, je dirais. » La chirurgienne se prit son visage entre ses mains pour la seconde fois, en soupirant bruyamment et longuement. Sloane n'était pas du genre à mâcher ses mots, et tant mieux, ça allait probablement l'aider à surmonter un peu mieux la situation si on ne prenait pas de pincettes avec elle ?  « Vous avez parlé, depuis ? Avec Izan, déjà. De tout ça. Il en a pensé quoi, lui ? Tu penses que ça va changer quelque chose à votre relation ? » La brune écarta les doigts sans retirer ses mains de devant ses yeux pour pouvoir observer sa meilleure amie. Rien que de repenser au pouce envoyé dans son dernier message et au post Instagram qui lui annonçait son départ en Europe, Helen avait de nouveau envie de fondre en larmes, si bien qu'elle s'empara de son téléphone pour lui mettre sa conversation SMS entre Izan et elle sous les yeux, pour s'éviter la voix chevrotante qui lui explique que non, ils n'ont pas parlé de tout ça parce qu'Izan s'est montré lâche en lui envoyant un simple pouce. « ça te donne un aperçu d'où on en est... je pense que ça veut clairement dire que ça va changer quelque chose à notre amitié, oui. Il n'était pas là quand je me suis réveillée le lendemain, dans son propre appart', son pouce sous-entend carrément un "j'ai pas envie de te répondre" et il est parti en Europe sans me prévenir, c'est Instagram qui l'a fait à sa place. » La jeune femme se massait les tempes, pour tenter de s'apaiser seule en prononçant ses paroles plutôt difficiles à encaisser, en réalité. Perdre l'amitié d'Izan, c'était admettre que son monde s'écroulerait à jamais.  « Et Sam, vous vous êtes expliqués ? » Un nouveau très long soupir s'échappa de ses lèvres. Rien que d'entendre son prénom, Helen voulait se servir un nouveau verre.. mais elle allait se calmer, bien que la perspective d'oublier ses soucis pour une soirée était plus alléchante que vivre une deuxième fois la souffrance de cette découverte. « Non, il ne sait pas encore que je les ai surpris... je sais pas comment aborder le sujet sans me mettre en colère... » Inévitablement, une larme se mit à couler très lentement le long de sa joue, mais Helen se mordilla l'intérieur de la joue pour que d'autres ne suivent pas le même chemin. « Je sais que c'était pas tout rose entre nous, au fond je crois que je ne suis même pas surprise... je suis tellement déçue de lui. » Déçue, en colère, dévastée, il y en avait des qualificatifs pour décrire ce qu'elle ressentait actuellement. « Après je vaux peut-être pas mieux que lui avec cette histoire de Tinder, j'étais prête à le tromper tu me diras... mais je sais pas, j'ai reçu un coup de massue sur la tête-là, je suis perdue. » Sans Sam, sans Izan, Helen perdait bons nombres de ses repères... à l'heure actuelle, se relever d'une telle trahison de la part de deux personnes importantes dans sa vie lui paraissait impossible.

Entre deux tornades et des aveux qu’elle n’est pas sûre que par quel bout prendre, Sloane tente de faire structurer les événements à Helen : il y en a trop, en trop peu de temps, et elle se doute que c’est davantage l’avalanche d’informations et le choc émotionnel qui lui foutent le vertige plutôt que la boisson qui commence à lui réchauffer les entrailles. Alors elle absorbe les infos : de l’adultère de la part de Sam (franchement le moins choquant de l’histoire), avec une collègue, découverte qui l’avait conduite directement dans les bras d’Izan, qui était aux dernières nouvelles toujours en couple (est-on à ça près ?), et surtout son meilleur ami depuis l’enfance. Sloane a la diffuse sensation qu’expliquer un peu plus le sujet le rend encore plus épineux, plutôt que de le simplifier. Preuve en est quand Helen lui tend son portable et que ses sourcils se froncent, instantanément : un pouce en l’air pour toute réponse d’Izan le lendemain de leur nuit ensemble. « Classe », commente-t-elle avec une moue. Plus que du dédain, c’est de l’incompréhension : elle a beau ne le connaître qu’à travers sa meilleure amie, elle n’aurait pas pensé Izan capable d’abandonner celle-ci au moment où elle exprimait avoir le plus besoin de soutien. « Il y a quand même moins loin que l’Europe pour prendre ses distances… » elle marmonne, maintenant passablement agacée.

Enchaîner sur Sam n’est de fait peut-être pas la meilleure des idées, mais autant arracher le pansement et ressentir toute la colère d’un coup, histoire de laisser la place à des émotions plus douces plus tard dans la soirée. « Non, il ne sait pas encore que je les ai surpris... je sais pas comment aborder le sujet sans me mettre en colère... » Pour toute l’exaspération maintenant, en tout cas, c’est réussi. « Tu as le droit de te mettre en colère, tu sais. Tu as été trahie par la personne qui partage ta vie depuis sept ans. » Elle prend soin d’énoncer les mots lentement, comme pour les ancrer un peu plus : ce n’est pas une mince affaire, et ce n’est jamais juste une coucherie, même quand c’est manifestement le cas – c’est toujours révélateur de plus, de plus compliqué, de beaucoup plus émotionnel. Elle avait été la première à en faire l’expérience, et malgré le temps passé depuis leur séparation, elle mentirait en disant qu’elle en était tout à fait remise ; et pourtant, Natalia avait eu le respect de la prévenir et d'être transparente à toute étape. Helen fait remarquer qu’elle aurait dû s’en douter et qu’elle n'était pas réellement surprise, et Sloane comprend : c’est différent de s'en douter et d'être mise devant le fait accompli. Et revient l’épisode Tinder : force est de constater que ce n'est pas tellement mieux, sur le plan de la transparence comme celui de la fidélité. « C'est peut-être assez révélateur de votre ressenti respectif vis-à-vis de la relation, non ? » conjecture-t-elle. « Je veux dire, c’est pas rien, de vous tourner tous les deux vers d’autres personnes plutôt que l’un l’autre. » C’est souvent une fin pour beaucoup. Maintenant, ça restait deux stades distincts : l’une parlait à des gens, l’autre avait une liaison ; la finalité restait cependant la même.

« Tu sais où tu en es, toi, émotionnellement ? » Avec Izan, avec Sam, avec Tinder et tout ce qui pouvait s’y passer. « Si tu écoutes ton instinct, et pas la voix qui te dit que te mettre en colère, c’est pas convenable… » Et Sloane sait très bien que si Helen lui demandait d'aller foutre le feu à une baraque le soir-même, elle le ferait sans hésiter. Elle propose, pourtant, à défaut de savoir faire mieux quand tout est encore trop à vif pour tendre à être réellement démêlé. Elle est curieuse, pourtant, de comment les derniers événements se matérialisent pour sa meilleure amie : ce que ça révèle en elle pour Izan, si elle pense à des sentiments parasites dont elle ne soupçonnait pas l'existence ou si ce n'est qu'un égarement, une recherche de réconfort un peu désespérée. Est-ce que voir Sam avec une autre a confirmé un désamour, ou a ravivé la peur de le perdre ?

@Helen Stenfield

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@Sloane Jarecki 11 mai 2024 - bayside, chez Sloane
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Le message d'Izan et son post Instagram n'étaient vieux que de plusieurs jours, et pourtant y penser de nouveau enfonçait un peu plus le couteau dans la plaie qui ne s'était pas encore refermée. Le ferait-elle ? Arriverait-elle à guérir de ce qu'elle considérait un peu comme une trahison de la part de son meilleur ami ? « Classe. Il y a quand même moins loin que l’Europe pour prendre ses distances…» Helen poussa un long soupir en guise d'approbation. La chirurgienne lui en voulait terriblement de ne pas avoir daigné la prévenir de son départ, surtout avec ce qu'elle traversait sentimentalement parlant, avec Sam. Outre leur dérapage, Helen avait cruellement besoin de soutien après la découverte de l'infidélité de son époux... et lui, il fuyait, aussi simplement. Ca lui faisait très mal au cœur, vraiment. « J'ai cru comprendre qu'il faisait une tournée pour son nouvel album... mais quand même. » ça ne justifiait pas qu'il ne lui ai rien dit du tout, oh non.

Heureusement, Sloane répondrait présente pour la soutenir, la chirurgienne n'en avait aucun doute. Rien que de lui proposer un whisky de qualité pour bercer cette soirée qui s'annonçait dépressive lui prouvait bien qu'elle serait d'un soutien sans faille. Même si la psychologue abordait le sujet qui fâchait grandement : celui de Sam. « Tu as le droit de te mettre en colère, tu sais. Tu as été trahie par la personne qui partage ta vie depuis sept ans. » Lui rappeler ce nombre d'années passées aux côtés de son époux lui fit l'effet d'une nouvelle douche froide. Comment avait-il pu agir de la sorte, après sept ans de relation ? ça faisait quand même un sacré paquet de temps, sept ans, dans une vie. Pourquoi leur faire perdre tout ce temps ? Parce qu'à ses yeux, après une telle trahison, Helen ne pouvait parler que de temps perdu... comment vouloir continuer à faire sa vie avec lui après ça ? ça lui paraissait inconcevable. Helen n'était absolument pas prête à lui pardonner, même si elle ne connaissait pas encore tous les détails de cette infidélité, ainsi que sa durée. Mais le fait même d'embrasser une autre femme lui suffisait pour vouloir tirer un trait définitivement sur cet homme censé l'aimer dans la santé comme la maladie, dans les bons comme les mauvais moments. « C'est peut-être assez révélateur de votre ressenti respectif vis-à-vis de la relation, non ? » Sam était fort quand même, puisqu'il arrivait à la faire culpabiliser d'avoir ouvert Tinder, après qu'elle ait découvert sa trahison. Pourtant, les paroles de Sloane réveillèrent en effet quelque chose en elle : leur relation était déjà certainement vouée à l'échec depuis longtemps, sans qu'ils ne veuillent tous les deux affronter la vérité en face. « Je veux dire, c’est pas rien, de vous tourner tous les deux vers d’autres personnes plutôt que l’un l’autre. » Réaliser cela accentuait cette sensation de se prendre un coup de massue, même s'il fallait admettre qu'il y avait un certain soulagement en mettant des mots sur ces maux. Sam et elle n'étaient finalement peut-être pas faits pour finir leur vie ensemble, sinon pourquoi chercheraient-ils des plans B à leur amour mutuellement ? Sam semblait l'avoir déjà trouvé, même si Helen ne savait toujours pas depuis combien de temps. Et voilà qu'elle faisait pareil, en discutant avec d'autres hommes sur une application de rencontre. « Tu sais où tu en es, toi, émotionnellement ? Si tu écoutes ton instinct, et pas la voix qui te dit que te mettre en colère, c’est pas convenable… » Depuis de très longues années, ses parents lui avaient appris à respecter les codes, à ne pas dépasser du cadre, alors voilà qu'ils continuaient de la manipuler en l'empêchant de se mettre en colère à cause d'une telle humiliation. Soupirant très longuement, une petite larme naquit au coin de son œil gauche, qu'elle balaya (trop) rapidement. Helen savait qu'elle pouvait craquer face à sa meilleure amie, et qu'elle ne jugerait rien de ce qu'elle dirait, ni ferait. Mais pleurer était un acte de faiblesse, comme lui avait si bien répété son père, alors le faire n'était pas chose aisée pour la chirurgienne. « Pour être tout à fait honnête, je crois que j'ai davantage peur de perdre Izan que de perdre Sam que j'ai perdu depuis déjà longtemps... » C'était la vérité simple et pure. La chirurgienne craignait beaucoup plus de perdre Izan après cette bêtise que Sam, avec lequel elle s'éloignait un peu plus chaque jour depuis des années, pendant qu'elle s'accrochait de jour en jour à cette amitié forte qu'elle entretenait avec le pianiste. « Je crois que je suis capable d'imaginer une vie sans Sam, mais pas une vie sans Izan. » Izan était un sujet sensible, trop sensible, si bien que les perles d'eau finirent par briser la barrière de marbre sur son cœur, pour finir s'écraser contre ses joues. « Ce n'est plus de l'amour, je crois... » Qu'elle chouinait, laissant largement sous-entendre qu'il y en avait eu un jour. « Parler à d'autres mecs en attendant me fait du bien, ça m'occupe l'esprit... et j'y ai rencontré un gars vraiment très chouette, sauf qu'il s'agit d'un ancien interne que j'ai fais renvoyer. Je crois que je suis maudite, Sloane. » Un rire se mêla à sa crise de larmes, car le constat était quand même réaliste : sa vie sentimentale devenait un vrai champ de mines. A chaque pas, elle prenait le risque de la rendre encore plus chaotique.