(c) jofridapettersen & ungiffed

ends with meetings in parking lots

@liliana glover & atlas

lieu: event, brisbuddies

Il était nerveux. Ce n’était pas dans ses habitudes, pas un sentiment qu’il savait maîtriser, lui qui avait toujours su faire preuve d’un sang-froid sans égal. Tout avait tellement changé dans sa vie qu’une simple sortie était sur le point de lui provoquer une angoisse encore inconnue auparavant. Il avait fait attention à son apparence, il s’était rasé, laissant tout de même une barbe de quelques jours parsemée sa mâchoire, il avait laissé Ginny lui couper les cheveux, pour avoir une coupe à peu près potable, et puis il l’avait laissé s’amuser à lui sélectionner une tenue. Ce n’était rien fou, un jean propre et une chemise ouverte sur un tee-shirt blanc. Décontracté sans pour autant être négligé. À mille lieux des uniformes qu’il avait pour habitude de porter. De toute manière, ce n’était pas un date. Ou tout du moins, Atlas n’avait pas cette idée en tête. Il s’était inscrit à cette drôle d’application pour sortir un peu de chez lui. Sa sœur avait particulièrement insisté pour qu’il le fasse, en tout cas, et comme il ne savait pas lui dire non. C’était l’occasion de sortir un peu des sentiers battus, puis Mia lui avait rappelé qu’oublier Mathilda ne lui ferait pas de mal. Il avait préféré ne pas répondre, ne pas nourrir ce débat qui n’avait plus de fin. Il pouvait bien passer une soirée en bonne compagnie sans que cela ne mène quelque part en particulier. Ce n’était qu’une soirée au mini golf, il n’allait pas en faire tout un plat.

Il ne savait pratiquement rien de Liliana, il n’avait pas voulu faire s’éterniser la conversation électronique, préférant garder des sujets de conversation pour leur soirée. Elle lui avait mentionné l’école et il se demandait si elle était encore aux études. Elle était plus jeune que lui, bien plus jeune, mais tout de même. C’est toutes ces petites choses qui le rendaient nerveux. Il n’avait pas fait cela depuis si longtemps. Est-ce qu’elle allait s’attendre à plus ? Est-ce que c’était devenu un truc de vouloir fréquenter des hommes plus vieux ? Il n’était clairement plus au goût du jour et la demoiselle le lui avait déjà fait remarquer lorsqu’il avait admis ne pas connaître le film dont elle avait parlé. 

À force de ruminer, il avait réussi à se tromper de route et c’est avec deux petites minutes de retard qu’il envoie un message à Liliana pour lui faire savoir qu’il se trouvait devant son immeuble. Il avait trouvé une place de parking et sorti de sa voiture pour l’attendre sur le trottoir. Il aurait peut-être pu amener des fleurs ? Non, ce n’était pas un date. Il était en train de s’angoisser lorsque la jeune femme émergea du hall. « Liliana ? » Il lui adressa un sourire lorsqu’elle releva la tête vers lui. Elle était jeune, plus jeune qu’il ne l’avait imaginé, mais elle était jolie. « Atlas. Ravi de te rencontrer. » Il se redressa un peu avant de lui tendre la main assez maladroitement. Il n’avait pas fait cela depuis si longtemps.  

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Il passa une main dans ses cheveux pour la troisième fois, ou la centième : il n’avait pas fait le compte. Il se trouvait idiot d’être à ce point stressé pour quelque chose d’aussi futile qu’une soirée. Mais c’était bien loin de ses habitudes des derniers temps. Il avait plutôt appris à ne faire plus qu’un avec son canapé en s’abrutissant devant des programmes télévisions plus idiots les uns que les autres. Depuis quand est-ce qu’il n’avait pas passé une soirée à l’extérieur ? Pire encore, depuis quand n’avait-il pas fait l’effort de rencontrer quelqu’un ? Qu’importe l’étiquette accolée à ce rendez-vous, c’était l’occasion de sortir de l’état dans lequel il s’était enfermé ces derniers mois. Ce n’était pas simple. Il avait voulu annuler à plusieurs reprises depuis la veille, mais Ginny ne lui avait pas réellement laissé le choix. Peut-être qu’elle avait raison dans le fond. C’est ce qu’il pensa alors que Liliana apparu à ses côtés. Elle paraissait enjouée et déterminée à passer une bonne soirée, et peut-être que ça allait bien se passer. « Oui, c’est moi. Atlas, c’est ça ? » Il hocha la tête avec un sourire. « Je suis ravie de te rencontrer, moi aussi. » Elle paraissait douce et bienveillante, quelque chose qu’il avait toujours trouvé attirant. « On y va ? » Et tel le gentleman qu’il a toujours été, il lui ouvrit la porte passager dans sa voiture. 

Les premiers échanges furent maladroits et pour combler le silence, il lui donna l’autorisation de jouer avec la radio. Il le regretta presque lorsqu’elle se mit à lui faire un véritable exposé sur des groupes de musique coréens. Il ne connaissait rien de tout cela et subitement, il avait un peu l’impression d’emmener sa petite sœur à une activité. Après tout, Liliana avait l’âge de Mia. Mais au moins, elle écoutait encore son opinion. Il avait pu placer ses vieux groupes préférés et elle avait même cherché sa chanson préférée pour l’écouter. C’était étrange, mais ce n’était pas l’enfer. 

Le mini-golf se voulait plus moderne que ce qu’il avait imaginé. Chaque parcours était décoré d’un thème particulier et le tout se voulait accompagner de musique récente. Il y avait quelques couples par-ci, par-là, mais l’endroit n’était pas plein. C’était le genre d’ambiance qu’il appréciait, pas trop de bruit et surtout pas trop de monde. « C’est trop bien ! On dirait presque un décor de film ! » - « C’est vrai que c’est sympa, je m’attendais à un vieux truc délabré. » Au final, il avait bien fait de suivre les conseils de l’application. Il se dirigea vers l’accueil pour payer leur entrée. « Je te laisse choisir la couleur de ton club. » Un petit instinct lui souffla qu’elle allait sûrement choisir le plus rose de tous. « Est-ce que tu veux boire un verre ou on démarre direct ? » Ils allaient sûrement rire des incapacités de l’un et de l’autre, mais Atlas était prêt à faire cet effort le temps d’une soirée. Sortir de sa bulle et accepter que la vie pouvait continuer, même lorsqu’il avait perdu beaucoup de choses dans son quotidien.

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Il n’avait aucune idée de ce que la soirée allait bien pouvoir donner, mais il acceptait de se laisser porter par l’instant. Ce n’était pas vraiment son genre que de lâcher prise, mais il se devait de faire un effort. Après tout, Ginny lui avait dit, on n’attendait rien de lui, pas d’attache, pas la moindre prise de décision, il devait juste profiter d’une soirée en compagnie d’une inconnue. Bon. Ce dernier point le rendait plus nerveux que d’habitude, mais c’était déjà un bon point d’être sorti de chez lui. « Je pense que tu savais déjà lequel j’allais probablement choisir ! » Il eut un sourire amusé. Au moins, elle ne se cachait pas de ses préférences et elle ne lui servait pas des discours préconstruits statuant que le rose n’était pas une couleur exclusivement réservée au sexe féminin. De son côté, il se contenta d’attraper le premier qui correspondait à sa taille, réfléchissant déjà à la possibilité de pouvoir s’en servir comme d’une béquille si rester debout devenait un peu trop contraignant. « On commence directement ! Mais n’oublie pas, ce n’est pas de ma faute si je suis trop mauvaise ! » Il eut un nouveau regard amusé vers la jeune femme. « Promis, je ne ferais aucun commentaire désobligeant. » Ils étaient venus pour s’amuser, pas pour se qualifier pour les prochains Jeux Olympiques.

« Regarde, ce gorille ! Il me fait penser à King Kong ! En moins flippant, peut-être… Oh, et ce poisson rouge, sur le mur ! On dirait Némo ! J’adoooore ! » Il n’était pas habitué à un tel enthousiasme, mais il ne put s’empêcher d’être amusé par ses réactions. Elle lui rappelait clairement sa petite sœur et il n’arrivait toujours pas à savoir si cela était positif ou non. « Allez, ça doit être dans mes cordes, ça ! » Elle venait de se positionner sur le premier parcours et il vint s’accouder au mur qui se trouvait juste à côté, ressentant déjà une certaine douleur dans sa cuisse. « Bon, si j’y arrive, en vrai, je serai la première surprise ! » - « Ferme pas les yeux surtout. » Il s’amusait de la situation alors qu’elle se mettait en position, comme si elle jouait sa vie. Et en un simple coup, elle réussit à faire passer la balle dans le premier trou. « Yes ! Parfait ! » - « Est-ce que tu m’aurais menti ? » Parce qu’elle venait d’exécuter un coup parfait, loin de la catastrophe qu’elle lui avait dépeinte par messages. « J’ai la pression maintenant. » Et ce fut son tour de se placer pour tenter son coup. 

Et bien entendu, que son coup fut une véritable catastrophe. Au point de littéralement faire sortir la balle du petit terrain. « Du coup, tu donnes des leçons ? » Qu’il plaisanta en relevant ses yeux bleus vers la jeune femme.

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Il ne pensait pas qu’un tel coup rater déclencherait les éclats de rire de la jeune femme, mais il trouve cela amusant à son tour, ses lèvres s’étirant dans un simple sourire. « Vous m’avez l’air d’un adversaire redoutable, Monsieur. » Il hausse les épaules, pas franchement convaincu. Normalement, ne parle-t-on pas de chance du débutant ? Il faut croire que ce n’est pas pour lui, mais que cela avait au moins eu la décence de toucher la jeune femme. Avec sa personnalité débordante, elle contraste complètement avec le militaire. Lui qui déteste attirer l’attention et préfère encore observer sans un mot se retrouve obligé de répondre aux sollicitations de la blonde. Il s’en amuse malgré tout, c’est ce qu’on lui a demandé, pas vrai ? « Moi, donner des leçons ? » Il hoche la tête attendant qu’elle prenne le rôle à cœur. « Peut-être bien que je pourrais, mais je devrais probablement commencer par te faire signer un contrat, tu sais, pour m’assurer de ton engagement à devenir un vrai pro ! » Il ne peut s’empêcher de rire face à ses perspectives d’avenir. « Tu places un peu trop de confiance en moi. » Il n’a clairement pas l’intention de devenir un pro, et ce n’est pas comme si sa condition physique lui permettait une telle folie. « Tu n’as qu’à essayer encore une fois ? » Il récupère la balle qu’elle était allée chercher au-delà du terrain et se place à nouveau pour une nouvelle tentative alors que Liliana semble particulièrement investie dans sa potentielle réussite. « Et cette fois, imagine que t’es dans un vrai tournoi, avec des milliers de fans qui te regardent ! Allez Atlas, Allez Atlas ! » Il la laisse s’emballer alors que ce n’est clairement pas le genre de chose qui pourrait fonctionner pour lui. « Tu l’imagines, cette pression qui fait battre ton cœur de plus en plus fort ? » - « Sans vouloir te vexer, c’est pas ce qui fonctionnerait avec moi. » Atlas préfère passer inaperçu, ne pas être remarqué, rester dans son coin. Il imagine bien autre chose pour se concentrer, retrouve ses instincts de militaire les plus primaires. « Mais j’ai une bonne capacité de concentration normalement. » Il savait faire, avant. Rester dans un coin sans bouger, analyser les environs, le terrain et ensuite prendre une décision. Il attend le bon moment, prend le bon souffle et cette fois ne manque pas son coup.

Et l’enthousiasme de la jeune femme le gagne peu à peu alors qu’ils avancent au fil du parcours. « Peut-être que je devrais véritablement songer à une carrière de coach de mini-golf ? Nouvelle vocation débloquée ! Je plaisante, t’en fais pas, c’était juste un coup de chance. La prochaine fois, ça sera sûrement un désastre complet. » Il éclate de rire alors qu’elle vient tout de même de réussir son coup en simplement deux essais. « Je trouve que tu te débrouilles bien. » Il lui sourit à nouveau alors que c’est à son tour de tirer. Ce n’est pas si terrible que cela, au final. L’activité ne sera pas sa favorite, mais la compagnie se veut plutôt sympathique, peut-être qu’au final il sait encore y faire. 

Tout semble plus simple une fois que la glace se brise un peu. Elle est parfaitement exubérante là où Atlas préfère être silencieux, mais il ne va pas lui faire payer son humeur de vieux râleur, alors il cherche à suivre le rythme. « Alors, dis-moi, Captain America…  Qu’est-ce qui t’a amené à t’inscrire sur cette application ? » Il rit un peu au surnom. « Le gamin que j’étais aurait adoré se faire appeler comme ça. » Celui qui était un fan inconsidérable des comics et qui passait tout son argent de poche chez Comics Etc. « Sinon… Disons qu’il fallait que je sorte un peu de chez moi. » C’est la version simplifiée, celle qu’il peut offrir à une inconnue. « J’ai arrêté les missions et il est temps que je rencontre de nouvelles têtes dans le coin. » Il lui accorde un sourire un peu timide, préférant rapidement changer le sujet. « Et toi alors ? » Qu’elle parle d’elle, il sera bien mieux gérer ce genre de conversation.