got my past frozen behind glass
@Micah Tomlinson + Penny Stringer
lieu: Fondation Tomlinson, Toowong.

Le calme qui règne à la fondation est la bienvenue après la tornade que consiste la routine du matin chez les Stringer-Jensen. Les couleurs calment qui ornent les murs t’offrent un répit des murs de ta résidence sur lesquelles des traces de mains enfantines semblent toujours faire une apparence, qu’importe le temps que tu passes à tout nettoyer sur ton passage. Les cris et les larmes sont remplacés par une musique d’ambiance qui apaise tes sens généralement trop convoités. Ici, personne ne demande tes bras. Ici, personne ne répète le mot maman à répétition au point que ce dernier semble perdre tout son sens, mais surtout tout son charme. Ce n'est pas que tu ne te plais pas dans ton rôle de mère, bien au contraire. Jamais tu n’aurais cru possible de ressentir tout cet amour, d’avoir cette conviction qu’il n’y a rien au monde que tu ne ferais pas pour les quatre petits humains que tu considères tien en tout sens, qu’importe ce qui est rapporté sur le certificat de naissance de Jude. Mais autant tu peux aimer ton quotidien auprès des tiens, après plus de deux ans à jouer la mère au foyer, tu dois admettre que ce rôle ne te colle pas à la peau aussi bien que tu l’aurais espéré. À défaut de te trouver un nouveau rôle devant la caméra, quelque chose qui prendrait trop de temps, qui te demanderait sans doute de partir loin de ta famille pendant des jours, des semaines potentiellement – un sacrifice que tu n’es pas prête à faire tout de suite – c’est au sein de la Fondation Tomlinson que tu te crées un rôle depuis un moment. Un rôle dans lequel tu te sens bien, un rôle que tu aimerais voir devenir plus important, plus prenant, dans une capacité que tu te sens capable d’offrir en concordance avec ton rôle de maman. Jamais tu n’aurais cru que travailler aux côtés de Micah à nouveau serait quelque chose qui t’apporte un brin de paix dans un monde devenu chaotique, encore moins dans des capacités qui sont si loin de celles dans lesquelles vous vous êtes rencontrés, il y a une vie et demie de ça il te semble, et pourtant, tu te sentais accomplie et utile au sein du bénévolat que tu offrais pour la Fondation. Tes pas te guident naturellement au travers des corridors de l’établissement, et tu offres un large sourire à la secrétaire de Micah, qui te répond tout aussi chaudement avant de te confirmer que oui, Mr. Tomlinson est bel et bien dans son bureau. Le titre si formel te fait légèrement rire, si loin du Micah d’à peine vingt ans que tu as connu il y a plus d’une décennie de ça maintenant. Tu annonces ta présence de quelques coups contre la porte, avant d’ouvrir cette dernière et t’inviter dans la pièce. « Hey. Je te dérange pas, j’espère. » Ce n’est pas comme si tu lui donnais réellement le choix, venant déjà t’asseoir sur la chaise devant lui, un sourire innocent sur tes lèvres.

On avait beau le taquiner sur le temps considérable qu'il passait dans les locaux de la Fondation, Micah trouvait au contraire qu'il n'en consacrait jamais trop. Depuis qu'il s'était mis en retrait de la vie médiatique, il avait pris goût à cette normalité inédite, et retrouvé le sens de la famille dans ce cercle qui ne cessait de s'agrandir. Toowong n'était pas un si mauvais quartier dans lequel poser ses valises après tout. Plus d'une fois à son arrivée matinale Sana, sa secrétaire, l'avait surpris encore endormi sur le canapé du bureau, devinant qu'il y avait passé la nuit. Elle était d'une bienveillance et d'une compréhension extrême, au-delà de tout ce dont Micah avait fait l'expérience grâce au pouvoir que l'argent exerçait sur le degré de politesse des gens. En plus de 30 ans, l'acteur ne pouvait pas se vanter d'avoir croisé beaucoup de personnes qui étaient naturellement attentionnées, sans rien attendre d'autre de sa part qu'un sourire, ou la satisfaction de le savoir reconnaissant. La grand-mère de Sana avait récemment été emportée par la maladie, après l'avoir torturée pendant près de 12 ans. Jusqu'au bout Sana avait fait preuve du courage qui faisait défaut à Micah, ne manquant sous aucun prétexte une seule journée de visite. Comme elle, la plupart des gens qui foulaient le sol de la Fondation, qui lui dédiaient temps et énergie, avaient un rapport douloureux avec la maladie. Il n'y avait d'ailleurs pas vraiment d'autre moyen de la considérer aux yeux de Micah. Elle lui avait peut-être donné l'impulsion de se rapprocher de l'homme qu'il voulait être, mais c'était une maigre consolation pour avoir fait de lui un étranger dans le regard inexpressif de son père. Une fois par semaine, la Fondation accueillait les animaux de ses membres. Chiens et chats se côtoyaient à tous les étages, si bien qu'il avait fallu élire une mascotte : le jack russell du 3e étage, qui se baladait docilement d'un bureau à l'autre, avait fait l'unanimité auprès de tout le monde, y compris Micah, que le manque de temps et la raison l'empêchaient d'adopter à son tour. Il avait néanmoins pu soulager Gary, son assistant, de la corvée de trouver un gardien pour son chat le temps des vacances que Micah lui avait accordées. Quelques années plus tôt, il aurait été incapable d'imaginer son quotidien sans le soutien de Gary, qui connaissaient désormais ses besoins et ses rituels comme sa poche. Micah tirait presque une certaine fierté à s'occuper de lui, à instaurer ses propres habitudes, à devoir réfléchir à ses envies du moment sans personne pour les anticiper à sa place. Ce n'était pas si épuisant quand on apprenait à se connaître et à s'écouter un minimum. A force de découcher, Micah avait fait installer un dressing dans son bureau. C'était drôle, mais il trouvait cet endroit bien moins impersonnel que tous les appartements, lofts et autres villas pour lesquels il avait délégué ce travail de réflexion aux décorateurs d'intérieur les plus réputés de la région. La Fondation s'était transformée en véritable foyer. Il s'y sentait à sa place. Installé sur le canapé, une tasse de café aimablement servie par Sana entre les mains, Micah triait des dossiers de demandes d'aide de placement. Si ça ne tenait qu'à lui, tous seraient traités avec la même importance, mais ils avaient tout de même la tâche ingrate de devoir hiérarchiser. Emotionnellement, c'était toujours assez éprouvant, aussi fut-il reconnaissant d'entendre frapper à la porte et de voir Penny s'inviter dans son bureau.  Tu sais bien que tu me déranges jamais. » répondit-il sans la moindre hésitation. Malgré leurs emplois du temps difficilement compatibles, Penny et lui n'avaient jamais cessé d'exister dans leurs vies respectives. Ils reprenaient même l'habitude de se croiser régulièrement depuis que Penny offrait elle aussi son temps à la Fondation. Coïncidence ou destin, il fallait croire que leurs chemins et leurs ambitions finissaient toujours par se croiser à un moment ou un autre. Penny avait seulement fait ce choix plus tôt de se retirer des plateaux pour se consacrer à ses enfants. Un choix que Micah avait respecté à l'époque sans véritablement le comprendre, mais qui prenait tout son sens aujourd'hui, à l'heure où il s'épanouissait lui-même dans cette famille recomposée.  Je t'offre quelque chose à boire ? Ou je crois même que Sana a apporté le petit déjeuner. Elle fait souvent ça quand elle me voit veiller tard le soir. » proposa-t-il en jetant un œil à travers les lames verticales des stores qui l'isolaient parfois dans son bureau.  La rumeur court qu'elle aurait le béguin pour moi. C'est faux n'est-ce pas ? Dis-moi que c'est faux et qu'il existe des gens qui sont juste foncièrement gentils. »

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@Micah Tomlinson + Penny Stringer
lieu: Fondation Tomlinson, Toowong.

« Tu sais bien que tu me déranges jamais. » Tu lui réponds d’un sourire. On t’aurait dit il y a quelques années que vous en seriez là aujourd’hui, Micah et toi, assis dans son bureau, au milieu de sa fondation, votre relation cordiale, voire amicale, tu n’es pas certaine que tu y aurais cru. Après son départ pour Los Angeles, tu avais eu le cœur brisé. Tu ne pensais pas que tu pourrais lui pardonner son choix un jour, celui de partir, de te laisser derrière, même s’il te l’avait proposé de partir avec lui. C’est une version de ta vie que tu n’arrives tout simplement pu à t’imaginer, celle où ta carrière d’actrice est ta priorité complète, cette version où Micah se perd sûrement un peu plus dans la célébrité, où votre couple aurait constamment été mis à l’épreuve entre ta jalousie et ton insécurité et le besoin constant du Tomlinson d’être au centre de l’attention. Tu n’es plus la même, et il a changé, lui aussi et sans doute que c’est pour cela que vous avez été en mesure de vous retrouver, de mieux vous comprendre aussi, de retrouver cette complicité sans toutes les problématiques qui vous ont pourri en tant que couple, mais qui persiste au sein d’une amitié. « Je t’offre quelque chose à boire? Ou je crois même que Sana a apporté le petit déjeuner. Elle fait souvent ça quand elle me voit veiller tard le soir. » Tu hoches la tête à la positive, ton estomac se faisant entendre, rappelant que tu n’avais pas pris le temps de t’arrêter pour te nourrir ce matin entre deux couches, deux biberons et trop de petites personnes à vêtir. « Je dis pas non à un café et à un petit truc à me mettre sous la dent. La seule chose que j’ai eu le temps d’avaler ce matin avant de partir, c’est le restant des toasts de Maia. » que tu avoues avec un rire, légèrement défaitiste quant au fait que tu étais amplement capable de nourrir toute ta petite tribu à temps, mais quand il était l’heure de prendre soin de toi, il était facile – sûrement un peu trop, même – de t’oublier complètement. « T’as encore passé la nuit ici? » Tu n’étais pas sans savoir que Micah se donnait entièrement à la fondation, bien plus encore dans les derniers mois, après les scandales qui avaient entouré son nom dans le monde du cinéma. Loin était le garçon qui passait ses journées sur les plateaux de tournage et ses nuits à faire la fête ici et là, laissant place à un homme dont les priorités avaient complètement changé. « La rumeur court qu’elle aurait le béguin pour moi. Dis-moi que c’est faux et qu’il existe des gens qui sont juste foncièrement gentils. » Tu tournes la tête, juste assez pour voir la secrétaire de Micah au travers de la vitre qui sépare l’entrée du bureau du Tomlinson. Tu n’es pas vraiment surprise de voir le regard de Sama porté en votre direction, avant qu’elle ne relève la tête et se plonge dans ses papiers lorsqu’elle te surprend la regarder, ce qui ne manque pas de t’arracher un petit rire. « Oh non crois-moi, il existe des gens qui sont gentils sans aucune attente, mais j’ai vu la manière dont Sama te regarde et je m’excuse de te dire que je crois que cette rumeur en particulier a un fond de vérité. » Et tu ne disais pas ça simplement parce que tu avais surprise la secrétaire le regarder aujourd’hui. Non, tu avais remarqué son intérêt pour son patron à plusieurs reprises maintenant, et si tu étais totalement honnête avec toi-même, tu te reconnaissais presque, dans la manière qu’elle avait de pâmer pour l’acteur. Non pas que tu allais partager ce petit fait avec Micah, des plans pour gonfler son égo et que tu ne finisses jamais d’en entendre parler. « J’en conclus que ton cœur n’est toujours pas à prendre? » que tu lui demandes sans la moindre subtilité, ta propre façon de venir aux nouvelles directement à la source, ne cherchant plus à croire quoique ce soit en ce qui concerne les rumeurs propagées sur la vie amoureuse de Micah Tomlinson.

Chaque fois que Penny entrait dans une pièce, Micah était propulsé dix ans plus tôt, lorsque tout était encore simple, lorsque son père était encore un véritable acteur de sa vie. Pendant longtemps Micah avait cru que Joel ne faisait que son travail, mais ceux et celles qui lui avaient succédé, malgré leurs qualités indéniables, avaient achevé de lui prouver qu'il remplissait davantage son devoir de père que ses missions d'agent. A l'époque, Micah n'avait à se soucier de rien, si bien qu'avec le recul, une partie de lui culpabilisait d'avoir peut-être précipité la progression de la maladie en l'obligeant à s'inquiéter pour deux. Aujourd'hui, la Fondation avait remplacé cette assurance avec laquelle il avait toujours vécu d'être compris et soutenu, et il honorait à son tour la reconnaissance qu'il devait à son père, ainsi qu'à toutes les personnes qui en avaient besoin. Penny représenterait à jamais cette nostalgie à ses yeux, raison pour laquelle sa présence était précieuse en dépit de tous les drames qu'ils avaient dû endurer. Pour Micah, l'avoir dans sa vie n'avait rien de surprenant. C'était inéluctable. Et même s'il ne l'avait jamais croisé, il ne pourrait jamais assez remercier Isaac d'être deux fois l'homme qu'était Midas en ne condamnant pas cette amitié dont Micah avait besoin pour exister. Lorsque Penny accepta volontiers le petit-déjeuner, il l'invita à passer dans la salle de réunion où ils avaient l'habitude de se réunir pour préparer les temps forts de la journée, offrant au passage un sourire gracieux à Sana qui demeura immobile derrière son comptoir. Elle n'était pas sans ignorer l'histoire que partageaient Micah et Penny, comme à peu près la moitié du pays. Le couple qu'ils formaient à l'écran n'avait jamais cessé d'exister, leur permettant de vivre confortablement des royalties qui tombaient chaque année pour les rediffusions. L'argent n'avait jamais été le nerf de la guerre pour Micah, qui se réjouissait davantage de la gloire et de la renommée. Du moins jusqu'à ce qu'il touche le graal du bout des doigts, cet Oscar dont il doutait de pouvoir goûter à nouveau l'éventualité. « Comment ça encore, on t'a dit que j'avais passé d'autres nuits ici ? » demanda-t-il pour changer de sujet, comme si l'enjeu n'était pas de savoir si ce qu'on disait était avéré. « J'avais pas la force de rentrer à Bayside, et en plus Paul est en vacances. Retourner à la villa pour manger des nouilles dans une boite en carton, ça vend pas trop de rêve. » s'était-il défendu, certain que Penny ne l'accuserait pas de se négliger alors que c'était devenu un réflexe maternel pour elle. Les restes de toast qu'elle avait ingurgité pouvaient en attester. Il attrapa la cafetière au centre de la table de conférence pour en servir une tasse à Penny, avant de lui laisser la liberté de sélectionner ce qui lui faisait plaisir dans l'assiette. « Oh non Penny tu peux pas me dire ça. Je vais forcément la décevoir et elle va finir par me détester ou partir. Ou les deux. » s'exclama-t-il, sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais lui accorder davantage que la politesse à laquelle elle avait droit de fait. La façon dont Penny s'empara du sujet de sa vie sentimentale lui arracha un rire. Jo, Penny, elles faisaient toutes ça. Tout ce cirque pour se rassurer de le savoir en couple et donc plus un ennemi aux yeux de leurs partenaires respectifs, ni une potentielle rechute dans un moment de faiblesse. « Franchement j'en sais rien, tu veux bien me reposer la question dans un mois ou deux ? » ironisa-t-il, même si son incertitude était à peine exagérée. Il avait passé de bons moments avec Lena, mais à quel moment pouvaient-ils se permettre de se considérer comme un couple ? Et surtout, pouvaient-ils le faire si cela demeurait dans l'intimité de son domicile ? « C'est trop compliqué, comme d'habitude, t'as même pas envie de savoir. » éluda-t-il, car la vérité était qu'il n'y avait pas grand-chose à dire. « Dis-moi plutôt, tu as envie de participer à la réunion de ce matin ? »

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@Micah Tomlinson + Penny Stringer
lieu: Fondation Tomlinson, Toowong.

« Comment ça encore, on t’a dit que j’avais passé d’autres nuits ici? » Tu ne sais pas si tu t’es mise les pieds dans les plats en faisant ce commentaire, surtout que tu n’en penses pas grand-chose si ce n’est que tu comprends parfaitement le besoin de Micah de faire tout ce qu’il peut pour les familles et les patients qui usent des services de la fondation, à défaut de pouvoir sauver son père des terribles effets de sa maladie. « Ça a peut-être été glissé comme ça, au courant d’une conversation… » que tu laisses entendre, espérant qu’il ne voit pas cela comme une invasion de sa vie privée. « J’avais pas la force de rentrer à Bayside, et en plus Paul est en vacances. Retourner à la villa pour manger des nouilles dans une boîte en carton, ça vend pas trop de rêve. » S’il y avait bien une chose que ta maison n’était plus depuis longtemps, c’est vide et silencieuse, mais tu te souvenais parfaitement du temps où tu vivais toi aussi dans une villa trop grande et bien trop vide pour une seule et unique personne. « C’était pas un reproche hein. Je peux comprendre que ça puisse être plus simple de rester ici et de t’occuper l’esprit. » Tu avais le problème inverse désormais, à chercher chaque minute de paix et de silence disponible, mais comme tout, trop pouvait être aussi pire que pas assez, et tu réalisais maintenant plus que jamais à quel point vos vies avaient prises des tangentes complètement différentes. « Sinon, la route entre ici et Bayside se fait bien normalement? On pense à s’acheter une nouvelle maison au bord de l’eau, Isaac et moi. » Quelque chose dont tu rêvais depuis la naissance de Maia, toi qui avais eu la chance de grandir avec la plage à seulement quelques pas de la maison de tes parents, tu ne voulais rien de plus que de pouvoir offrir la même chose à tes enfants. C’était un projet dont vous discutiez depuis longtemps avec Isaac, mais enfin, il semblait être sur le point de se réaliser.

Le café est salvateur, mais pas autant que les viennoiseries à ta disposition qui te rappellent que tu as encore l’estomac vide. « Oh non Penny tu peux pas me dire ça. Je vais forcément la décevoir et elle va finir par me détester ou partir. Ou les deux. » Tu lui offres une légère grimace de compassion. Ce n’était jamais une situation simple, même si tu doutais fortement que la secrétaire de Micah ne lui fasse des misères pour un crush non-réciproque. « Tant que tu restes professionnel avec elle, je pense pas qu’elle va se faire des idées. » Tu ne doutais pas que malgré les attentions allant au-delà de ses responsabilités professionnelles, elle savait pour qui elle travaillait et quel genre d’homme se trouvait devant elle. Ou du moins, tu l’espérais grandement. Micah n’était pas, ou plutôt n’était plus, ce coureur de jupons qui faisait constamment la manchette avec une fille différente à son bras, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait flouer les lignes dûment nécessaires avec la jeune femme. Mais évidemment, tu sautes sur la porte que t’ouvre le Tomlinson pour t’enquérir de ses amours – des vrais, non pas des potentielles fabulations de sa secrétaire – ce qui ne manque pas d’arracher un rire à l’acteur. « Franchement j’en sais rien, tu veux bien me reposer la question dans un mois ou deux? » « À ce point-là, hein? » Clairement, Micah n’avait pas de bonnes nouvelles à te partager à ce sujet-là, et sans doute que tu ferais mieux de ne pas mettre ton nez dans ses affaires. Ça ne te regarde pas, mais si tu demandes, c’est que tu veux sincèrement savoir, pas seulement pour jouer à la fouine curieuse. « C’est trop compliqué, comme d’habitude, t’as même pas envie de savoir. » « Est-ce que je dois m’inquiéter? » C’est la seule chose que tu lui demandes. Ça peut paraître étrange comme question, mais tu étais d’autant plus sur tes gardes avec les gens qui te tenaient à cœur depuis que tu avais manqué bien trop de signes sur la santé mentale de ton amoureux. Tu ne voulais plus être cette fille qui passe à côté de signes évidents, et entre cet aveu mi-dit de solitude et sa vie personnelle compliquée, tu voulais être certaine de lui rappeler qu’il n’était pas seul, jamais. Qu’il avait une amie derrière lui, une main vers qui se tendre si jamais il en avait besoin.

« Dis-moi plutôt, tu as envie de participer à la réunion de ce matin? » Un sourire s’affiche sur ton visage parce que c’est un peu de ça que tu voulais lui parler, justement. « J’ai eu une idée, quelque chose que je voulais discuter avec toi avant la réunion justement. » Une idée qui te tenait à cœur et que tu espérais pouvoir implanter au sein de la fondation Tomlinson. « J’ai lu beaucoup sur les bienfaits des interactions entre les tout-petits et les aînés, particulièrement ceux qui sont malades et j’ai pensé qu’on pourrait peut-être créer des ateliers où des groupes de crèche se rendent dans des résidences pour personnes âgées qui sont associées avec la Fondation? Créer de beaux moments intergénérationnels. » Ton explication sort en un seul souffle, comme si tu craignais d’avance faire face à un refus de la part de ton ami. Tu lui offres un sourire incertain, tes mains pianotant nerveusement contre la table de conférence. « Qu’est-ce que tu en penses? »

Le risque d'être jugé pour son engagement excessif, par Penny comme par n'importe qui entre ces murs, était faible, voire inexistant. Micah avait bien moins honte qu'on découvre ses nuits blanches ou écourtées par les employés de ménage qui investissaient les locaux aux aurores, et ne lui accordaient pas le moindre traitement de faveur, que ce qu'elles racontaient de sa vie sociale ces derniers temps. Depuis le scandale qui avait terni sa réputation, l'acteur se faisait encore plus discret en public, se contentant des soirées qu'il organisait chez lui ou des invitations qu'on lui envoyait pour des événements privés, durant lesquels les photographes étaient triés sur le volet. Lena également avait insisté pour le voir en cachette, bien qu'elle avait prétendu le faire pour les mêmes raisons évidentes que lui. « Je sais, je l'ai pas mal pris. J'ai juste pas envie qu'on se mette à raconter des trucs sur moi dans les couloirs, ou pire dans les magazines. J'ai pas eu la meilleure expérience avec la délation récemment. » dit-il en référence à cette assistante de ABC qui avait vendu son témoignage contre de l'argent. Avec un peu moins de cupidité, ou plus d'intelligence, elle aurait pu s'en sortir avec un plus gros pactole sans écorner la réputation de Micah à un moment charnière de sa carrière. L'acteur aurait de fait été prêt à payer bien plus cher qu'un pauvre torchon pour enterrer cette histoire de violence envers Midas. Cela n'aurait pas racheté son amitié avec Jo, elle aurait même certainement été deux fois plus agacée de constater jusqu'où son égoïsme pouvait l'emmener, mais il aurait peut-être eu une trajectoire de vie différente. Avec du recul, Micah regrettait encore moins cette mésaventure, même s'il ne l'affirmerait jamais avec autant d'impertinence, car elle lui avait permis de rebattre les priorités dans sa vie. Il ne s'était jamais senti aussi accompli que depuis que la Fondation prenait son essor. « Disons qu'à l'heure où je rentre en général, c'est plutôt fluide sur les routes. Pour aller chercher les enfants à l'école en revanche, je pense que c'est une autre paire de manches... mais il y a tellement d'avantages, ce serait parfait pour vous. » répondit-il, sachant aussi tout l'attachement de Penny pour l'océan.

Rester professionnel était un concept bien étranger pour Micah, qui avait plus souvent dû faire preuve de charme que d'autorité pour se frayer un chemin jusqu'au générique de ses films. C'était peut-être précisément ce qui posait problème dans la façon dont il se comportait avec tout le monde, et en particulier les femmes. « C'est bien le problème Penny, je reste professionnel mais tu me connais, parfois je peux envoyer des signaux sans le faire exprès. Je vais pas la traiter différemment sous prétexte qu'elle pourrait croire que je la drague. Si ? » demanda-t-il, s'en remettant totalement au jugement moins formaté de Penny, qui s'était éloigné depuis quelque temps des codes du cinéma. Le sien n'était pas adapté à la vie ordinaire, et ses attentions considérées parfois excessives par les gens de son milieu se révélaient plus extraordinaires encore dans le cadre d'un travail de bureau auquel rien ni personne ne l'avait préparé. L'insistance de Penny à propos de sa vie amoureuse l'effraya sur une potentielle fuite d'informations. Lena et lui n'auraient pas pu être plus discrets, mais pourquoi Penny se montrerait-elle subitement si curieuse si elle n'avait pas une moindre idée de ce qui se tramait dans son intimité ? « Pas du tout. Enfin si, tu peux considérer que ma vie sentimentale est une catastrophe, mais ça change pas de d'habitude. Avec un peu de chance cette fois tu seras au courant avant les magazines, s'il se passe quoique ce soit d'intéressant. » dit-il, comme une promesse qu'il lui faisait, et surtout le témoin qu'il avait changé et qu'il s'appliquait à faire les choses correctement désormais. « On raconte aussi des choses sur ma vie amoureuse, c'est ça ? » demanda-t-il malgré tout, espérant être rassuré par l'ignorance de Penny plutôt que ce que son apparente inquiétude racontait de leur amitié.

En proposant à Penny de se joindre à la réunion, Micah était loin de se douter qu'elle ferait montre d'un tel enthousiasme. Elle avait bien déployé de plus en plus d'engagement ces derniers mois, mais toujours dans la réserve de ce qu'elle pensait valoir maintenant qu'elle était une maman à plein temps. Micah adorait la voir soudainement si confiante et affranchie de ce rôle qu'elle endossait à merveille par ailleurs. Lui continuait de la considérer comme une femme influente avant tout. « C'est une idée géniale Penny. Ça rentre tout à fait dans le périmètre de nos actions et on devrait pas avoir trop de problèmes à trouver des crèches partenaires. Pourquoi pas même à plus long terme construire des structures spécialisées pour rapprocher les crèches et les personne âgées. » continua-t-il, les idées se bousculant déjà dans son esprit. « Tu serais prête pour pitcher l'idée à la réunion de ce matin ? Ou plus tard dans la semaine ? » Au sein de la Fondation, contrairement aux choix qu'il faisait lorsque les scripts été déposés sur son bureau, Micah n'était pas le seul à décider. Il avait délégué ce pouvoir à d'autres en ne gardant que le statut de fondateur, même s'il faisait bien plus que superviser et récolter les lauriers du haut de sa tour d'ivoire. « Tu pourrais te rapprocher de Tim pour les partenariats et il faudrait aussi prévoir de nouvelles formations pour les bénévoles. C'est un gros chantier, mais il est à toi si tu veux. » lui offrit-il avec un sourire enthousiaste.

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@Micah Tomlinson + Penny Stringer
lieu: Fondation Tomlinson, Toowong.

« Je sais, je l’ai pas mal pris. J’ai juste pas envie qu’on se mette à raconter des trucs sur moi dans les couloirs, ou pire dans les magazines. J’ai pas eu la meilleure expérience avec la délation récemment. » Tu hoches doucement la tête, comprenant parfaitement les craintes dont te faisait part le Tomlinson. Ton but n’était pas de lui donner l’impression qu’on discutait son cas au travers des corridors de la Fondation, bien au contraire. Ni que tu étais en train de le juger pour quoique ce soit. Micah avait bien assez de jugements auxquels il devait faire face dans son quotidien sans que tu n’en ajoutes une couche, même involontairement. « Je pense pas me tromper en disant que les gens qui donnent leur temps ici ne le font pas dans l’espoir de découvrir un potin à ton sujet. » Ce n’est pas une promesse que tu pouvais lui faire, tu étais loin de connaître tous les employés et les bénévoles de la place même si tu te faisais de plus en plus familière avec une bonne majorité, mais tu avais un bon feeling et tu connaissais Micah assez pour savoir qu’il n’ouvrait pas ses portes à n’importe qui. « Disons qu’à l’heure où je rentre en général, c’est plutôt fluide sur les routes. Pour aller chercher les enfants à l’école en revanche, je pense que c’est une autre paire de manches… mais il y a tellement d’avantages, ce serait parfait pour vous. » C’est vrai que dans tous les cas, ton horaire et celui de Micah ne se ressemblaient pas le moindrement, mais ça te faisait plaisir d’entendre qu’en dehors de ce détail et du potentiel pépin du trafic sur les heures de pointe, le Tomlinson pensait aussi que ton plan de déménager ta famille à Bayside en était un qui faisait du sens. « Ça fait longtemps que je rêve d’avoir ma propre maison sur le bord de l’eau. » Mais ça, tu ne lui apprends pas. Le simple fait de pouvoir enfin toucher ce rêve du bout des doigts ne cessait pas de te faire sourire.

« C’est bien le problème Penny, je reste professionnel mais tu me connais, parfois je peux envoyer des signaux sans le faire exprès. Je vais pas la traiter différemment sous prétexte qu’elle pourrait croire que je la drague. Si? » Tu secoues la tête. « Non, le but c’est justement de continuer à la traiter exactement comme tu le fais. Sans plus ni moins, exactement de la même façon que tu traites tous les autres employés et bénévoles de la place. Si elle te fait des avances, tu t’assures de mettre des limites claires, comme ça, rien ne peut se retourner contre toi. » Tu l’avais vu agir avec son assistante, son comportement n’était pas déplacé, et jamais il n’avait agit d’une manière qui pourrait donner à la jeune femme la moindre idée, du moins, jamais pendant que tu avais été témoin de leurs échanges. « T’es plus l’emmerdeur qui faisait du charme à tout ce qui bouge pour gonfler son égo. » que tu ajoutes sur un ton plein de taquinerie, bien qu’il y ait un fond de vérité sur ce que tu venais de dire. Oui, Micah avait déjà été cet homme qui flirt avec tout ce qui bouge, qui use de ses charmes pour obtenir ce qu’il veut, mais l’homme que tu avais devant toi avait grandement changé, et ça, personne ne pouvait le nier, ni même le lui enlever. « Laisse pas tes doutes et de mauvaises langues te faire oublier qui tu es vraiment. » Des rumeurs, des ragots, des potins, il y en aurait toujours, autant sur toi que sur Micah, qu’importe toutes les bonnes actions que vous pouviez faire derrière les rideaux. Mais l’opinion public ne se formait que sur une partie si infime de qui il était, tu ne voulais pas qu’il l’oubli. Et si tu posais tant de questions, c’est que tu voulais être certaine de ne pas passer à côté de quelque chose. « Pas du tout. Enfin si, tu peux considérer que ma vie sentimentale est une catastrophe, mais ça change pas de d’habitude. Avec un peu de chance cette fois tu seras au courant avant les magazines, s’il se passe quoique ce soit d’intéressant. » Tu échappes un autre rire qui se mélange inévitablement à un soupir. La presse people était le ban de ton existence, probablement celle de Micah aussi, et il y avait longtemps que tu avais cessé de prendre tout ce qui se trouvait dans les magazines comme étant une source d’informations moindrement fiable. « On raconte aussi des choses sur ma vie amoureuse, c’est ça? » « Non, non, pas du tout. » Toi qui voulais simplement venir aux nouvelles, tu avais l’impression de le stresser plus qu’autre chose. « Je veux juste que tu saches que tu peux compter sur moi, si t’as besoin de quelque chose. Ou juste de parler. » Tu échappes un nouveau soupir, une main nerveuse venant machinalement gratter ton front. « J’me sens un peu déconnectée de tout et de tout le monde depuis que je suis maman, et je sais pas… Je sais même pas comment expliquer. » Tu étais consciente que tu ne faisais pas beaucoup de sens présentement, mais tu pris une longue inspiration avant de finalement lever les yeux vers l’acteur. « Isaac sort d’une mauvaise période, et j’ai rien vu pendant un moment et je veux pas… Je veux pas être ce genre de personne là. » Qui ne voit rien, trop absorbé dans son quotidien pour voir ce qui pend juste en-dessous de ton nez.

Une chose pour laquelle tu te sens de moins en moins déconnectée toutefois, c’est ton implication au sein de la fondation Tomlinson, et les idées qui te viennent en tête pour en faire plus. Tu es nerveuse d’en parler à Micah, mais tu sais que ton idée est bien fondée, tu as déjà des ressources que tu pourrais utiliser si c’est quelque chose qui l’intéresse et qu’il t’offre de prendre part à la réunion de ce matin te laisse entendre qu’il accorde de la valeur à ton implication. C’est d’autant plus rassurant lorsqu’un sourire vient habiter le visage de l’acteur une fois que tu lui as déballé ton plan. « C’est une idée géniale Penny. Ça rentre tout à fait dans le périmètre de nos actions et on devrait pas avoir trop de problèmes à trouver des crèches partenaires. Pourquoi pas même à plus long terme construire des structures spécialisées pour rapprocher les crèches et les personnes âgées. » « Oui! » que tu t’exclames aussitôt, des plans se formant aussitôt dans ta tête. « Ça pourrait être un partenariat en continue, et au lieu d’être seulement une fois par semaine, ça pourrait être des visites quotidiennes, ou à tous les deux jours. Sans avoir à gérer des transports constamment, ça pourrait être beaucoup plus simple. » Et puis la construction de crèches ou de résidences pour personnes âgées étaient quelque chose qui ramènerait beaucoup à la ville, dans un cas comme dans l’autre. Tu étais consciente que tout ça relevait de projets d’envergure qui mettrait sans aucun doute plusieurs mois, voire plusieurs années avant de se réaliser pleinement, mais il y avait tellement de potentiel que tu ne pouvais t’empêcher d’être électrifier par ce renouveau d’énergie et d’ambition qui coulaient dans tes veines. « Tu serais prête pour pitcher l’idée à la réunion de ce matin? Ou plus tard cette semaine? » Tu continues d’hocher la tête avec enthousiasme, avant de réaliser qu’il te faudrait sans aucun doute utiliser tes mots pour répondre à sa question. « Plus tard cette semaine, le temps que je cogite le tout, mais je veux bien assister ce matin si ça te dérange pas, pour voir comment se déroule tout le reste. » Mieux tu serais préparée, mieux tu pourrais vendre l’idée au reste des membres ayant un pouvoir décisionnel au sein de la fondation. « Tu pourrais te rapprocher de Tim pour les partenariats et il faudrait aussi prévoir de nouvelles formations pour les bénévoles. C’est un gros chantier, mais il est à toi si tu veux. » « Vraiment? » que tu lui demandes, incrédule mais ô tellement fière de la confiance qu’il semble être prêt à t’accorder. « Tu peux compter sur moi. » Tu avais besoin de ce nouveau défi, et tu n’avais pas l’intention de le décevoir.

Encore un an plus tôt, Micah se serait bien peu embarrassé de savoir si son comportement était approprié, ou ce que pouvait bien en penser l'opinion publique. Sa réputation sulfureuse était sa marque de fabrique, et l'intérêt prononcé des médias pour ses moindres faits et gestes une ficelle qu'il avait appris à manier avec talent. Ses antécédents lui avaient d'ailleurs joué des tours lorsqu'il avait fallu se défaire de son image capricieuse, tantôt prodige à l'écran que désinvolte dans les coulisses, pour incarner au mieux la gravité de la cause qu'il avait décidé de défendre. Depuis les débuts de la Fondation, Micah était devenu un homme nouveau, porté par des ambitions plus simples, plus nobles, qui ne nécessitaient plus de se hisser au-dessus des autres pour parvenir à les accomplir. Penny, qui avait connu l'homme prêt à déployer des stratégies moins respectables pour parvenir à ses fins, était aux premières loges de cette transformation. Face à elle, Micah s'était toujours montré plus vulnérable, quoique toujours confiant, ce qu'il ne faisait plus semblant d'être aujourd'hui, pour des enjeux qui, contrairement à l'obtention d'un rôle, le dépassaient totalement. Il se contentait d'hocher la tête, un sourire incertain étirant la commissure de ses lèvres, pour montrer qu'il essayait de croire que le monde qu'il avait toujours connu n'était qu'une illusion bercée par le pouvoir et l'argent, et qu'il existait au-delà une réalité plus authentique, plus tangible, dans laquelle les gens n'avaient pas pour intérêt de le fustiger aux yeux de la presse. Entre ces murs, malgré les héritages d'une hiérarchie indispensable, ils avançaient tous pour un même objectif. En renonçant à soi au profit des autres, la compétition perdait de son sens. Et pour une fois dans sa vie, Micah se sentait délesté du poids de la performance, que la validation de son père avait rendu plus lourd et plus impérieux encore.

« Je sais, d'ailleurs ça m'étonne que tu te décides après moi à emménager sur la côte. Je connais quelqu'un qui travaille dans l'immobilier de luxe, si tu as besoin de contacts. » dit-il en référence à Tanya, qui lui avait déniché ce bien non sans se faire quelques cheveux blancs au passage. Micah était de fait plus exigeant comme client que comme amant. Penny avait le don de lire dans son jeu, c'était d'ailleurs ce qui l'avait dérangée le plus au moment de vivre une relation sincère, puisque l'acteur avait toujours eu a cœur de jouer un personnage en dehors de leur intimité. La conviction avec laquelle elle semblait néanmoins le connaître, lorsque lui doutait encore manifestement de son identité, le troublait autant qu'elle le rassurait, lui arrachant un rire flatté. « Tu voudrais pas faire un portrait de moi dans un magazine, je crois que ça pourrait grandement simplifier mes affaires. » rétorqua-t-il avec le même ton taquin, laissant planer un fond de vérité. Personne n'avait jamais pris la peine de le dépeindre différemment de l'image qu'il renvoyait au monde. Pourtant, plus le temps passait, et plus Micah avait l'impression de ne plus se reconnaître non plus dans cette caricature démodée du jeune acteur qu'il était autrefois. La Fondation était sa chance de prouver qu'il savait être sérieux, sensible et aussi faillible qu'il s'était montré dans ses multiples relations. Penny se le rappelait chaque fois qu'il ouvrait la bouche, obligée d'apaiser le feu de ses doutes comme s'il comprenait tout de travers, ou qu'il n'avait définitivement pas appris à baisser sa garde. Hollywood l'avait conditionné à rester constamment attentif, à ne se fier à personne et surtout à faire attention à ses fréquentations. Ce qui ne l'avait pas empêché de manquer à chacune de ces obligations, et de faire confiance aux mauvaises personnes. Lui-même n'avait pas hésité à jeter son cousin en pâture aux journalistes pour ses propres intérêts. « Je sais pas Penny, parfois c'est moi qui me sens déconnecté de tout. J'ai pas appris à avoir les bons réflexes avec les gens, à être spontané en toutes circonstances, à ne pas chercher des opportunités partout. Entre nous, tu es bien plus proche de la réalité que moi. » dit-il avec toutefois la motivation de changer ses vieux réflexes, de côtoyer la norme pour une fois. « Si t'as rien vu pour Isaac, c'est aussi parce que tu avais énormément de choses à penser. T'es pas ce genre de personne-là Penny, t'as toujours été bien plus clairvoyante que moi, et c'est pour ça que tu vis la vie que tu mènes maintenant. Une vie authentique. » la rassura-t-il en posant une main bienveillante sur son épaule.

Au contact des responsabilités, celles qu'elle choisissait et non qui lui échoyaient dans son rôle de mère, le visage de Penny se ravivait. Son regard brillait d'une lueur nouvelle, et son nez se plissait d'enthousiasme. Micah acquiesçait en silence, trouvant l'idée d'autant plus intéressante qu'elle en soulevait des tas d'autres. Penny accepta de soumettre son plan à la fin de la semaine, de quoi ravir Micah qui préférait ne pas s'accaparer les louanges comme il l'aurait certainement fait auparavant, dans un autre contexte. Lorsqu'une première silhouette se dessina dans l'encadrement de la porte, signe que la journée démarrait, Micah entreprit de sceller leur marché d'une poignée de main symbolique. Pour sûr, Penny et lui allaient se croiser de plus en plus régulièrement dans l'enceinte de la Fondation, et la perspective était loin de lui déplaire.

got my past frozen behind glass
@Micah Tomlinson + Penny Stringer
lieu: Fondation Tomlinson, Toowong.

« Je sais, d’ailleurs ça m’étonne que tu te décides après moi à emménager sur la côte. Je connais quelqu’un qui travaille dans l’immobilier de luxe, si tu as besoin de contacts. » Tu hoches la tête, appréciant l’aide de ton ami. « On a déjà une maison en vue, mais je veux bien le contact, si jamais la vente ne se passe pas comme on veut. » Tu es confiante, mais comme le monde de l’immobilier pouvait parfois être incertain, avoir un plan B ne pouvait pas faire de tort. « Ça fait longtemps que j’y pense, mais quand j’ai rencontré Isaac, il avait déjà sa maison et je savais qu’il y tenait. Puis c’est là que Maia est née, ça va faire bizarre de laisser tout ça derrière. » Mais malgré les souvenirs et l’attachement émotif que vous pouviez avoir pour la demeure à Toowong, il était plus qu’évident que la maison n’était plus assez grande pour accommoder tous les besoins de votre famille.

Ça te fait presque drôle, à te retrouver à rassurer Micah sur son caractère (bien que tu ne puisses t’empêcher de lui offrir quelques taquineries au passage) alors que tu as été la première à le maudire des années durant. Ça te semble être dans une autre vie, votre histoire et même si tu sais qu’il continue de se débattre avec les impressions des paparazzis qui s’entêtent à le dépeindre d’une manière qu’il n’est plus, tu sais qu’il a changé, vieilli et ça te fait plaisir d’être dans sa vie pour pouvoir l’apercevoir. « Tu voudrais pas faire un portrait de moi dans un magazine, je crois que ça pourrait grandement simplifier mes affaires. » « Et compliquer les miennes. » que tu réponds avec un rire. « Des plans pour que les rumeurs sur nous deux repartent de plus belle. Suffit que je te fasse un compliment pour que tout le monde s’imagine qu’on vit une grande histoire d’amour, même si je suis heureuse en ménage. » Pour les fans, c’était toujours bien plus intéressant de s’imaginer que deux stars étaient ensemble que de visualiser que tu puisses être heureuse avec un simple homme sans histoire, qui préférait vivre sa vie loin des caméras et des médias. Si les histoires de Micah continuent d’être plus compliquées que les tiennes, tu tiens tout de même à te rassurer qu’il tienne le coup, et que si jamais ce n’est pas le cas, il peut compter sur toi pour être présente pour lui. La dernière chose que tu veux, c’est de passer à côté de quelque chose de gros, comme tu avais pu le faire avec ton amoureux. « Je sais pas Penny, parfois c’est moi qui me sens déconnecté de tout. J’ai pas appris à avoir les bons réflexes avec les gens, à être spontané en toutes circonstances, à ne pas chercher des opportunités partout. Entre nous, tu es bien plus proche de la réalité que moi. » « Tu ne te donnes pas assez de crédit, Micah. » Tu pouvais entendre combien il était dur avec lui-même, mais n’était-ce pas ton cas aussi? « Si t’as rien vu pour Isaac, c’est aussi parce que tu avais énormément de choses à penser. T’es pas ce genre de personne-là Penny, t’as toujours été bien plus clairvoyante que moi, et c’est pour ça que tu vis la vie que tu mènes maintenant. Une vie authentique. » La main de Micah se pose sur ton épaule, et tu viens y joindre la tienne par-dessus. Ça te rassure de l’avoir, de l’entendre, même si tu es loin d’être entièrement d’accord avec sa conclusion. Ça te rassure toutefois, d’entendre quelqu’un te dire que tu n’es pas complètement à blâmer d’avoir manqué les signes de la dépression profonde de ton amoureux. Au moins, tu avais été là pour l’aider et l’épauler. Au moins, tu avais su lui apporter aide et soutien quand il en avait eu besoin et aujourd’hui, il allait mieux. C’est sur ça que tu devais te concentrer désormais.

Ça te permettait en échange de pouvoir te concentrer sur tes propres projets, comme cette idée que tu venais de proposer à ton ami qui semblait tout autant emballé que toi. Ça te faisait du bien, d’avoir la confiance de Micah et la chance de t’investir dans quelque chose qui te rappelait ta valeur en dehors de ton rôle de mère. Quelques détails seraient encore à mettre en place avant que tu ne puisses présenter pleinement le projet aux différentes personnes en charge de prendre les décisions au sein de la Fondation. Quand les premiers membres commencèrent à se présenter pour la réunion de ce matin, tu serras les mains nécessaires, un large sourire sur tes lèvres, un renouveau de confiance te portant pour le reste de cette journée qui venait signer pour toi un nouveau départ.