the arms of the ocean are carrying me
bayside, la mer – début juillet 2024
crédit gifs(livelovecaliforniadreams)
@Kehlani Mahiʻai

Le clapotis des vagues t'attire, malgré la nuit qui commence à tomber sur la ville de Brisbane. Le voyage jusqu'ici a été long et fatiguant, car tu manques de moyen, alors tu t'es contenté de faire du stop pour te rendre ici, avec pour seules affaires un sac à dos et ta guitare. Tu ne transportes jamais plus, de toute manière, tu n'as besoin que de ça, peu importe où le vent te mène. Pour te sentir bien, il te faut ton journal intime, ton appareil photo, ta guitare et ton médaillon, rien de plus, rien de moins. Quand Catarina t'a proposé de venir t'installer à Brisbane, tu t'es presque tout de suite projeté dans ce futur à ses côtés. Tu ne veux pas précipiter les choses entre vous, la situation est assez particulière et unique pour prendre le risque de tout gâcher. Après vingt-neuf années à airer seul, tu as trouvé l'élément qui manque à ta vie : ta sœur jumelle. Tu peines toujours à y croire, même si cela fait plusieurs jours que vous vous êtes rencontrés à Opalton... tu vas avoir besoin de temps pour vraiment te rendre compte que tu n'étais pas fou depuis toutes ces années, et que ce sentiment de chercher quelque chose sans jamais réussir à mettre des mots sur quoi était parfaitement légitime. Vagabond dans l'âme, tu veux voir ce que la vie à Brisbane va donner, pour te faire à l'idée que, peut-être, c'est cette ville qui connaîtra ton quotidien, tes habitudes, pour les prochaines années à venir. Mais tu n'y es pas. Pour le moment, tu es posé face à la mer, les pieds enfouis dans le sable. La brise de fin de journée effleure ta peau, fait virevolter tes cheveux longs détachés. L'hiver australien reste malgré tout clément sur les températures, alors tu cèdes. Tu fais tomber ton tee-shirt et tu gardes ton pantalon en toile pour aller piquer une tête, laissant ton sac à dos et ta guitare sur le sable. L'idée de voler des affaires à un parfait inconnu te paraît si insensée que tu n'es même pas effrayé que quelqu'un puisse vouloir te les dérober. Dès que l'eau fraîche entre en contact avec ta peau moite et chaude, tu pousses un bref soupir de bien-être. Cette différence de degrés te fait un bien fou, et t'invite à plonger très vite la totalité de ton corps dans la mer. Tu n'es pas forcément un professionnel de la nage, mais tu te débrouilles. En tout cas, tu ne ressens aucune peur face aux vagues qui tentent de s'écraser contre toi, alors tu t'enfonces vers les profondeurs de l'océan. Tu te sens à l'aise, tu pivotes et nages sur le dos pour observer les lueurs orangées du soleil qui se couche et qui se reflète à la fois dans le ciel et dans l'eau. Le spectacle est beau, tu le savoures... sans te rendre compte que tu t'engouffres dans un endroit de l'océan plus dangereux. Tu fermes les yeux, appréciant le bruit sourd des vagues contre tes tympans. Pour le moment, la vie à Brisbane, elle te semble paisible. Tu souris, tu écartes tes doigts pour t'emparer de ces milliers de perles d'eau qui te font flotter à la surface, tant que tu continues de gonfler tes poumons d'air. La nuit commence peu à peu à tomber, et ton corps peu à peu à s'éloigner un peu trop de la berge... mais tu te laisses doucement aller, car tu te sens terriblement rassuré en ce lieu.

the arms of the ocean are carrying me
bayside, la mer – début juillet 2024
crédit gifs(livelovecaliforniadreams)
@Kehlani Mahiʻai

Les vagues qui résonnent en toi te détendent, tu te perds presque dans le mouvement agréable de l'eau sur ton corps en flottaison. C'est quand même un luxe d'habiter dans une ville avec l'océan à proximité, le cadre de vie n'est pas tout à fait le même lorsqu'on se trouve dans les terres du Queensland. Tu sens que, ce luxe, tu vas l'apprécier, tu vas y prendre rapidement goût. Tu t'imagines presque avoir un appartement en colocation non loin de là, pour pouvoir venir te baigner tous les matins, ou peut-être plutôt tous les soirs ? Durant ta réflexion sur ce que va être ta vie ici, à Brisbane, tu ne te rends pas compte du danger qui s'apprête à te tourmenter. Des courants, des rochers, ou des vagues capricieuses, tu n'as conscience de rien de tout cela. Tu laisses cette force de la nature te guider, lui faisant entièrement confiance. Néanmoins, tu perçois une ombre s'obstruer la vue à travers tes paupières. Même si la nuit commence à tomber, cela paraît trop soudain pour que ce soit désormais la nuit complète. Tu ouvres les yeux, et tu entends aussitôt une voix t'interpeler. « hey ! Cowboy! tu sais que tu sais que tu te trouves dans un endroit vraiment dangereux. Je te connais pas, mais même si tu as une belle gueule, je n’ai pas trop envie de te faire du bouche à bouche. » Tu te redresses dans l'eau, pour jauger de l'endroit où tu te trouves. En effet, ton regard se pose sur des vagues plus fortes à plusieurs mètres de vous, alors tu attires davantage ton attention sur la jeune femme qui se trouve dans le voilier et tu te répètes intérieurement à nouveau ce qu'elle vient de te dire. La jeune femme semblait avoir un caractère bien trempé, pour s'adresser à toi comme elle le faisait. En vérité, la confusion s'emmêle plutôt dans tes pensées qu'à l'entente du compliment sur ta soi-disant 'belle-gueule'. Tu as le sentiment de l'avoir dérangé, et pour autant elle se tient devant toi, sûrement prête à t'aider. « Désolé... je viens tout juste d'arriver à Brisbane, je savais pas... » Ta dernière envie, c'est bien de trouver la mort avant même d'apprendre à mieux connaître ta sœur jumelle retrouvée. Tu as encore de nombreuses années devant toi avant de rejoindre ta mère décédée du cancer du sein quelques mois plus tôt. « Est-ce que tu peux me ramener sur la plage, s'il te plaît ? » Tu doutes qu'elle te laisse moisir ici, puisqu'elle semble avoir fait le déplacement rien que pour t'aider, mais tu n'oublies pas de te montrer poli. Tu ne connais personne ici, alors tu comptes bien faire l'effort de te lier d'amitié avec les habitants de la ville, histoire de créer plusieurs points d'encrage, plutôt que l'unique lien avec Catarina. Tu préfères ne pas précipiter les choses, ou lui montrer que tu t'attaches trop fort à elle, trop vite, alors que la situation est très troublante pour toi, comme pour elle... Elle a beau être ta sœur jumelle, vous avez tout à construire entre vous. La jeune brune accepte que tu montes, alors tu t'actives pour la rejoindre sur le voilier et tu t'assoies sur le cockpit, appréciant les perles d'eau qui glissent sur ta peau bronzée par les nombreux voyages que tu réalises sans cesse. Enfermé, tu ne l'es que très rarement, alors ton épiderme est brune à longueur d'année, en plus d'avoir un patrimoine génétique du côté de ton père qui le permet. « Merci » Souffles-tu à l'égard de la jeune femme, pour la remercier. « Désolé encore, tu t'es déplacée jusque là que pour moi, j'imagine... il est à toi, ce voilier ? » La questionnes-tu, pour espérer faire davantage passer la pilule quant à ton erreur de jugement sur le danger que pouvait représenter cet espace là de l'océan. Tu espères qu'elle ne t'en tiendra pas rigueur, et qu'elle acceptera de discuter un peu avec toi, pour faire connaissance... D'autant plus que, c'était la première fois que tu montes dans un voilier, alors ta soif d'apprendre, ta curiosité pour les nouvelles choses, te pousse à comprendre comment ce genre d'engin fonctionne. Ton regard se pose sur tous les éléments qui le compose, trahissant probablement ton admiration et ton engouement pour le bateau.

the arms of the ocean are carrying me

@Kehlani Mahiʻai  début juillet 2024 - bayside, la mer
¤¤¤
crédits gifs (livelovecaliforniadream) / code (boté du sud )

Les derniers rayons du soleil sont en train de se refléter sur la mer, vous offrant ainsi un spectacle grandiose de la nature et qui t'incite à croire, encore, que la vie à Brisbane te semble pleine d'opportunités et de surprises. Tu as pour conviction de croire que, si tu as retrouvé Catarina à ce moment-là de ta vie, c'est pour une bonne raison. Tu ne crois que trop peu au hasard, tu as plutôt tendance à tout remettre entre les mains du destin. Quelqu'un, quelque chose, te veut ici, en ce moment-même. Et ce fameux destin t'a mené jusqu'à cette jeune brune, qui a accepté de te faire monter à bord de son voilier qui te fascine énormément. « oui, il est à moi, mais je pourrai pas te ramener directement à la plage. j’ai une balade à finir et je la commençais lorsque je suis tombée sur toi. tu en as pour deux heures à être sur l’eau. Mais je te demande pas la permission, parce que je suis ta sauveuse. » Le côté très direct de la jeune voilière te fait sourire, si bien que tu lui fais part de ton intérêt à l'idée de rester deux heures sur un moyen de transport que tu ne demandes qu'à comprendre. « ça me va, il n'y a rien ou personne qui m'attend de toute façon. » A part tes affaires et ta guitare, mais tu comptes sur le respect des habitants de Brisbane, ou des touristes, pour qu'ils y restent jusqu'à ton retour sur la plage. « je t'appellerai pas « nouvel habitant confus de Brisbane » pendant tout le trajet, alors c’est quoi ton prénom? Moi, c’est Kehlani, mais appelle moi Keh.» Sa remarque fait s'élargir un peu plus le sourire déjà présent sur tes lèvres, puis tu lui réponds : « Mokare, tu peux m'appeler Mo si c'est encore trop long pour toi. » C'est indéniablement moins long que 'nouvel habitant confus de Brisbane', mais puisqu'elle semble aimer utiliser un diminutif pour se faire appeler, tu l'autorises à en faire de même pour toi. « Ravi de te rencontrer, Keh la sauveuse d'âmes perdues en mer. » Par chance, tu te rends compte qu'elle s'est adoucie, qu'elle semble moins embêtée qu'au moment où elle t'a repêché. Keh semble vouloir se rendre dans sa cabine, ce qui te laisse quelques secondes pour continuer ton observation silencieuse du voilier qui vogue sur l'eau. « BILLY !» Un instant plus tard, tu te retrouves avec une serviette sur la tête, que tu as le réflexe de retirer rapidement, car tu te questionnes sur qui est ce fameux 'Billy'. Tes mains rencontrent la boule de poils qui s'apprêtait à sauter à l'eau, ce qui t'étonne très sérieusement, et tu le maintiens à la fois avec fermeté et délicatesse contre ton torse, pour t'assurer qu'il ne t'échappe pas. « Reste-là, mon grand. » Dis-tu avec une voix posée, tandis que l'une de tes mains se risque à venir lui gratter le haut de la tête, ce qui le fait plisser les yeux. « Il n'allait quand même pas véritablement sauter, si ? » Un chat qui aime l'eau, c'est la première fois que tu en vois un... l'idée te semble si contradictoire, puisque l'idée la plus reçue de ces félins est qu'il ne supporte pas cet élément de la nature. Tout en veillant à ce que l'animal ne profite pas d'un moment d'inattention de ta part, tu préfères finalement le rendre à sa propriétaire, ce qui te permet de mieux observer la couleur de son pelage, ainsi que sa petite frimousse toute mignonne.  « Son pelage est remarquable, on croirait un vrai léopard, c'est incroyable. » D'abord le voilier, puis maintenant le chat, Keh est une personne pleine de surprise et cela t'amuse, pendant qu'au fond de toi, tu remercies déjà le destin de t'avoir mis sur le chemin de la jeune femme.

the arms of the ocean are carrying me

@Kehlani Mahiʻai  début juillet 2024 - bayside, la mer
¤¤¤
crédits gifs (livelovecaliforniadream) / code (boté du sud )

« non, Momo, ça sonne mieux.» La familiarité dont la jeune Keh fait preuve à ton égard t'amuse, alors que n'importe qui d'autre aurait pu se braquer. Tu as l'habitude que les gens t'appellent 'Mo' durant tes escapades, généralement ils sont dociles et acceptent d'utiliser ce diminutif que tu leur proposes. Si Keh préfère t'appeler 'Momo', cela te va aussi. Au contraire, tu te sens un peu plus proche de cette jeune étrangère qui t'a offert l'hospitalité sur son voilier et qui te mets de plus en plus à l'aise, malgré son air sévère durant les premières minutes de votre rencontre. « je n’ai jamais entendu ce prénom de toute ma vie. Puisque tu n’es pas originaire de Brisbane, d’où viens-tu?» « C'est marrant que tu dises cela, car je pensais la même chose pour toi.» Déclares-tu en lui rendant son sourire, pour finalement lui préciser : « Je suis Australien, je suis né près d'Opalton. Mes parents ont eu la merveilleuse idée de se mettre ensemble, et avec toutes leurs origines, ils ont eu un enfant aux traits atypiques et au prénom original. Et toi, tu viens d'où ?» Kehlani, ce n'est pas un prénom commun non plus. Ce prénom est doux, mais comme toi, c'est un prénom fort en origines. Mais d'où ? Tu espères ne pas être impoli en lui retournant la question, mais comme tu ne t'es pas senti agressé en l'entendant faire l'hypothèse que tu es étranger, tu penses avoir répondu avec suffisamment de bienveillance et de légèreté pour qu'elle se sente elle aussi à l'aise avec le sujet.
A la suite de cet échange sur vos origines, c'est un nouveau sauvetage qui a lieu à bord du voilier, et tu en es désormais l'acteur principal, puisque c'est toi qui a rattrapé le somptueux félin qui s'apprêtait visiblement à sauter par-dessus bord. Tu as d'ailleurs bien du mal à croire qu'un chat puisse être à ce point attiré par l'eau. « c’est toi le sauveur à présent. Ce chat va me faire faire une attaque!» Il y a de quoi être choqué, en effet. Cet animal était aussi original que leur prénom, tiens. « oh! dans une autre vie, il devait être une sirène. Il aime tellement l’eau qu’il vivrait dans l’océan si je lui autorisais. Mais bon, il risque de se faire bouffer alors je ne lui autorise que peu souvent. ça ne lui suffit pas de se promener en laisse toute la journée. je n’arrive pas à l’épuiser.» Tes yeux s'écarquillent, tu restes muet quelques secondes car sa réponse te prend de court. Keh est vraiment sérieuse ? « C'est la première fois que je vois un chat aimer l'eau... il est extraordinaire. » Cette différence chez ce chat te fascine, tu trouves ça incroyable qu'un félin ait cette véritable passion pour l'océan, alors qu'un félin craint habituellement cet élément de la nature. Tu adores découvrir ce genre de situation, lorsque les choses ne sont pas comme d'habitude. « c’est un bengal. Mais il est silver charcoal, parce qu’il ne pouvait pas faire comme tous les autres. Il adore les gens, mais il est comme moi, il ne fait pas confiance facilement. Je juge donc qu’il te l’a accordé.» Sa remarque te va droit au cœur, car c'est quelque chose qui te semble important, la confiance. Toi non plus, tu ne la donnes pas à n'importe qui. « Je lui retourne la faveur, Billy fait désormais partie de mon cercle d'amis de Brisbane qui était jusqu'à maintenant très proche du néant. » Tu tentes de lancer cela sur un ton amusé, mais c'est finalement la vérité. Tu n'as aucun ami ici (tu ne peux pas considérer Catarina comme une amie, puisqu'elle s'avère être ta sœur jumelle) et la brune te demande de le lui confirmer : « tu ne connais personne ici?» Tu te grattes le bas du crâne, à la frontière avec ta nuque, et tu lâches une petite grimace. Non pas que tu n'as pas envie de raconter ta vie (et si Billy à ta confiance, tu penses pouvoir l'accorder à Keh également), mais tu ne sais pas vraiment comment l'aborder, et par où commencer : « C'est un peu compliqué... » Tu te repasses ce moment où tes yeux ont croisé ceux de Catarina pour la première fois, et tu as de nouveau l'instinct d'attraper le médaillon à ton cou. Le geste te donne le courage d'essayer d'aligner correctement ton récit, pour qu'il soit compréhensible pour une personne extérieure à leur situation tout à fait exceptionnelle : « Je viens de rencontrer ma sœur jumelle. Je ne savais pas qu'elle existait, et elle ne connaissait pas non plus mon existence. Je l'ai suivi ici pour apprendre à la connaître... » C'est un bref résumé, mais tu penses qu'il est suffisamment détaillé pour que Keh comprenne la particularité de cette toute nouvelle relation avec sa sœur jusque là inconnue. « Bizarre, n'est-ce pas ? » Tu ne sais pas si c'est le meilleur mot pour qualifier ton histoire, mais elle comprend l'idée, non ?

the arms of the ocean are carrying me

@Kehlani Mahiʻai  début juillet 2024 - bayside, la mer
¤¤¤
crédits gifs (livelovecaliforniadream) / code (boté du sud )

« je ne sais pas où est Opalton, mais je regarderai sur la carte. » « Finalement pas très loin d'ici, quelques heures en voiture seulement. » Déclares-tu, en te rendant compte qu'Opalton est un coin tellement paumé qu'il risque d'y avoir peu de monde qui connaisse ce village. Tu en connais les moindres recoins puisque tu as grandi là-bas, avant de vagabonder avec tes parents un peu partout, pour qu'ils puissent toujours être en mesure d'avoir du travail et de l'argent, histoire de se nourrir et de te nourrir. « je suis née sur l’île de Maui, c’est tout près d’Honolulu à Hawaï. Mon père, ou mon géniteur devrais-je dire, est originaire d’ici à Brisbane, mais ce n’est aucunement la raison de ma venue ici… et ma mère est une native d’Hawaï qui a eu la malchance de le rencontrer. je préfère dire que ma mère m’a eu toute seule que de croire que mon connard de père nous a abandonné quand j’avais cinq ans. » Comme elle l'avait fait remarqué un peu plus tôt, Keh n'est donc pas d'ici et tu n'en es pas étonné. Les traits de son visage laissent entendre qu'elle a des origines, tout comme toi, et elle te les confirme. Elle est donc hawaïenne, très original... Tu acquiesces à son histoire de famille, elle te confie comment elle perçoit son père, et tu te rends compte que tu ne sais pas vraiment quoi dire. C'est délicat comme situation, même si la jeune femme semble ne plus en souffrir autant aujourd'hui qu'autrefois, mais qui es-tu pour l'affirmer complètement ? « Et ta mère, elle est venue à Brisbane avec toi ? Ou elle est restée à Hawaï ? » Tu préfères la questionner finalement sur sa génitrice, qui semble être son modèle, contrairement à son père. Comme elle l'évoque au présent, tu n'as pas le sentiment de faire une bourde, alors tu es plutôt confiant d'être capable de rediriger la conversation vers une note plus positive. « oui, il fait cet effet-là à beaucoup de personnes. » Le sujet de Billy, en tout cas, semble être une valeur sûre. Tu es amusé et surpris en même temps par le tempérament de l'animal, qui se passionne pour l'eau. Tu lui indiques que Billy a ta confiance, puis Keh t'interroge sur ce fameux cercle d'amis dont tu parles... ce cercle inexistant, pour le moment. Catarina est ta sœur jumelle, pas ton amie. « Bizarre? non. je pense que si tu as la chance d’avoir appris son existence, c’est tout à ton honneur de bien vouloir la connaître. » Tu en meurs d'envie, mais tu ne veux pas paraître trop intrusif dans le quotidien de ta sœur jumelle. « je suis ici à Brisbane pour ma meilleure amie. On a grandi à l’opposé de la Terre l’une de l’autre et avant mes vingt ans, je ne l’avais jamais vu en personne.  je pense qu’on met les gens sur notre chemin à un moment précis pour une bonne raison. je pense qu’il fallait que tu la rencontres maintenant. » Son sourire s'élargit et tu comprends que la meilleure amie de Keh est très importante pour elle. Leur histoire t'intrigue, si bien que tu te permets de l'interrompre rapidement pour lui poser une question qui te brûle les lèvres : « Comment vous vous êtes rencontrées si vous avez grandi si loin l'une de l'autre ? » Tu n'arrives pas à comprendre comment c'est possible. Toi et les nouvelles technologies, ça fait quarante, alors tu ne sais pas comment ça fonctionne véritablement pour rencontrer des personnes à distance. A moins que leur amitié ait été un jour basé sur un échange épistolaire ? Dans tous les cas, tu es très curieux sur la question. « tu t’es pas douté une seule seconde que tu avais une jumelle? vous êtes pas censés partager un lien spécial? » « Heu ben... » Sa question te désarçonne un peu, tu ne t'attendais pas du tout à envisager ce genre de choses. « je ne partage pas son sang, mais avec ma petite cacahuète, on est lié. si quelque chose ne va pas, j’ai l’impression de le sentir. pour l’instant, mon instinct ne m’a jamais trompé. » Tu l'écoutes, et tu essaies de transposer ce sentiment à ce que tu as pu ressentir toutes ces années. Tu ne sais pas si c'est comparable, mais tu as effectivement ressenti un vide depuis aussi longtemps que remontent tes souvenirs, ça c'est certain. « J'ai toujours eu l'impression qu'il me manquait quelque chose, mais je n'ai jamais réussi à savoir pourquoi... je pense que si je relisais mes anciens journal intime, c'est un sentiment que j'ai eu depuis très petit. » Tu réfléchis en même temps que de parler, et tu te revois effectivement en train de griffonner ce genre de choses sur les pages vierges de ton journal. « Pourtant je me suis rendu compte que je l'avais toujours avec moi, dans mon médaillon... je pensais que c'était moi sur la photo à l'intérieur, mais je crois que ma mère a finalement glissé une photo d'elle... en fait, j'en suis même persuadé. » Tu t'ouvres complètement à Keh, alors que tes doigts tiennent toujours ton médaillon, ton pouce caressant le dos du métal argenté.

the arms of the ocean are carrying me

@Kehlani Mahiʻai  début juillet 2024 - bayside, la mer
¤¤¤
crédits gifs (livelovecaliforniadream) / code (boté du sud )

La mort de ta mère ne te pousse pas à imaginer que chaque personne que tu côtoies n'a plus la chance également de pouvoir voir, parler, toucher, rire avec l'une des personnes les plus importantes d'une vie. Alors tu t'intéresses à celle de Kehlani, ne te doutant pas que tu touches du doigt un point sensible chez la jeune hawaïenne. Tu remarques son temps de réponse, et c'est là que tu as ce pressentiment de partager le point commun de la perte de votre mère.  « Son corps est resté à Maui, mais elle est toujours avec moi. » Elle te confirme ce que tu as déjà compris, tu la laisses te donner son pendentif qui cache lui aussi une photo, tout comme ton médaillon à toi. « c’est elle. elle est décédée il y a deux ans de cela. je n’ai plus personne à la maison. elle était toute ma vie et maintenant, ma maison est ici avec ma meilleure amie. » Ses paroles te font un pincement au cœur. Tu ne connais ce sentiment de perte que depuis quelques mois, mais tu peux aisément comprendre la tristesse de Kehlani. Tu regardes la photo et la ressemblance entre les deux femmes te frappent. « Vous vous ressemblez beaucoup... je suis désolé qu'elle soit partie aussi, au moins nos mamans pourront se tenir compagnie là où elles sont. » Évidemment que tes paroles ne vont pas transformer sa peine, mais tu veux rester positif. Tu ne sais pas ce qu'il y a après la mort, mais si ça peut vous faire du bien d'imaginer vos génitrices ensemble, à vous regarder vous rencontrer et faire connaissance. Kehlani reprend son pendentif et le remet autour de son cou, pendant que tu l'interroges sur sa relation avec sa meilleure amie, qu'elle décrivait comme habitant autrefois à l'autre bout de la planète. « lorsque j’avais douze ans, à l’école, on nous a obligé à avoir une correspondante et pour moi, c’était Meï. Elle est à la fois ma confidente, ma meilleure amie et mon âme sœur. ça a tout de suite collé entre nous et on a commencé à se parler au téléphone et tout. Et puis, lorsque ma mère est décédée, elle est venue me soutenir à l’enterrement. Elle a été là pour moi durant le pire moment de ma vie et maintenant, je suis là pour elle. c’est ma seule famille désormais. » Tu l'écoutes, impressionné par ce pouvoir d'échanger avec quelqu'un à l'étranger et réussir à en faire une véritable amie, un repère, un nouveau pilier dans sa vie. Il y avait des rencontres qui marquaient, ça tu en savais quelque chose. « C'est juste incroyable comme histoire. Tu as beaucoup de chance d'avoir une meilleure amie comme elle. » Et au fond, tu te dis que sa meilleure amie en a aussi de la chance d'avoir Kehlani, car malgré les apparences qu'elle se donne, l'hawaïenne semble profondément attachée à cette dite Meï. Leur relation a l'air unique et merveilleuse, tu les trouves chanceuse d'entretenir une telle relation amicale... toi, tu n'as pas de meilleur(e) ami(e). Tu vagabondes tellement, que tu n'es pas vraiment en mesure de garder des liens forts avec tout le monde. Est-ce que ce sera différent à Brisbane ? peut-être. « voilà… c’est ça! un sentiment de vide lorsqu’on est loin de l’âme à laquelle on est lié. je suis certaine que ta jumelle ressentait la même chose sans vraiment le savoir. » C'est ce que tu as cru comprendre, oui. Heureusement, aujourd'hui, vous vous êtes retrouvés et vous allez pouvoir apprendre à vous connaître. « elle est décédée elle aussi? » Tu te doutes qu'elle parle de ta mère, et tu acquiesces délicatement de la tête. Tu ne l'as pas explicitement dit tout à l'heure en parlant du médaillon qu'elle t'a donné, mais Keh semble l'avoir parfaitement compris. « Emportée par un cancer du sein, dont elle ne m'avait jamais parlé. » Tu as toujours du mal à accepter l'idée de n'avoir jamais été mis au courant de sa maladie... même si tu essaies de rester positif. « Elle est décédée en mars, c'est encore assez récent. » La plaie est encore fragile dans ton cœur, mais tu essaies de continuer à avancer. C'est d'ailleurs ce que tu as fais en te rendant à Brisbane, après avoir trouvé ta sœur. « tu as pas trop froid? » Tu n'as pas vraiment le temps de lui répondre qu'elle retourne dans la cabine pour aller te chercher une couverture, qu'elle te tend, alors que tout à l'heure elle n'a pas hésité à te jeter à la figure. Tu sens qu'elle se montre moins méfiante à ton sujet, alors tu lui adresses un large sourire en la remerciant, passant la couverture sur tes épaules pendant qu'elle semble changer la direction du voilier. « Comment tu as appris à conduire ton voilier ? ça paraît pas si simple que ça. » Le voyage continue, alors tu lances un nouveau sujet, appréciant beaucoup parler avec l'hawaïenne. Et puis, si elle peut te permettre d'acquérir des connaissances sur le sujet du voilier que tu ne connais pas du tout, tu prends également.

the arms of the ocean are carrying me

@Kehlani Mahiʻai  début juillet 2024 - bayside, la mer
¤¤¤
crédits gifs (livelovecaliforniadream) / code (boté du sud )

Tomber sur Kehlani ce soir s'avère être l'une des meilleures choses qui aurait pu t'arriver ce soir, même si le début de votre conversation transpirait le reproche de te laisser aller dans un coin dangereux de l'océan. L'hawaïenne t'a certes sauvé d'une mort certaine, mais elle te permet également de mieux te projeter dans cette vie à Brisbane, car finalement tu la trouves sympathique. Vous partagez plus de points communs qu'imaginés, alors tu espères avoir l'occasion de garder contact avec elle dans le futur. « tu crois qu’il y a quelque chose après la mort? Moi, je sens sa présence chaque jour à mes côtés. je sais au fond de moi qu’elle sera toujours avec moi. C’est pour ça que j’essaie de ne pas être trop triste. » A vrai dire, tu n'en sais vraiment rien. Tu n'es pas croyant, pour autant tu aimerais croire que ta mère se trouve dans un endroit apaisant et joyeux, pour panser la douleur qu'elle a pu ressentir avant de mourir à cause de sa maladie.  « Je ne sais pas, j'espère juste qu'elle se sent mieux là où elle est... et ta maman aussi. » Souffles-tu, partageant malgré tout ce sentiment de l'avoir à tes côtés, depuis le jour de ton départ du domicile familial et à chaque fois que tu écris dans ton journal intime. C'était une passion commune, et pendant longtemps tu as écris à ses côtés, pendant qu'elle griffonnait dans son carnet à elle. Aujourd'hui, quand tu le fais encore, tu vois ta mère à tes côtés qui te sourit et t'intime de continuer l'écriture de tes pensées.

En tout cas, toi aussi tu espères un jour pouvoir être lié d'amitié avec quelqu'un, comme Kehlani et sa meilleure amie. Ce genre de relations tu ne les connais pas, parce que tu ne restes jamais assez de temps dans une ville. Au fond, cela ne te pèse pas, tu as toujours vécu ainsi, à découvrir tous les recoins de l'Australie seul, ou parfois accompagné le temps de quelques semaines, tout au plus. C'est la vie que tu as décidé de mener, et tu ne la regrettes pas. Tu as pu voir tant de choses grâce à cette décision, tu as rencontré tant de personnes. « si tu veux, je peux te montrer, mais pas ce soir, tu vois ces nuages là-bas, une tempête est en approche. Mais t’inquiète, on sera revenu au port bien avant qu’elle ne nous tombe dessus. » Tes yeux se dirigent vers le ciel, pour analyser ces fameux nuages. Ils sont certes un peu noirs, mais rien ne te laisse présager qu'une tempête arrive, Kehlani a vraiment un don pour la ressentir. Tu acquiesces, ravi au fond de toi, qu'elle te propose de te montrer une prochaine fois, cela signifie que tu peux compter sur elle pour se revoir et partager ses connaissances. « ma mère m’a transmis sa passion pour l’eau dès mon plus jeune âge. Je passerais ma vie sur l’eau et dans l’eau si cela m’était possible. Mais il faut bien revenir sur la terre ferme à un moment ou à un autre… ça me permet de m’évader et lorsque ma vie va moins bien il n’y a que sur l’eau que je me sens un peu plus moi-même. » « Vous vous êtes bien trouvés, toi et Billy, alors. » Souris-tu, bercé par les paroles de Kehlani sur son amour pour l'eau. Tu comprends son ressenti, toi-même tu as tes petites astuces pour t'évader lorsque les choses ne vont pas forts. « je ne suis pas la personne la plus aimable au monde, mais si jamais tu as un jour envie de parler ou si tu as besoin de quelque chose, je serai là. même si j’apprécierais de ne plus être obligée de te sauver la vie. » Tu apprécies sa proposition, et tu lui adresses un sourire de remerciement alors qu'elle vient s'installer à tes côtés. « Tu veux qu'on partage la couverture ? » Lui proposes-tu, avant d'ajouter, sur un ton un peu gêné : « Il y a bien une petite chose que j'aimerais te demander... » Tu laisses planer quelques secondes le silence, pour obtenir son approbation à entendre la suite : « J'étais censé me rendre à l'appartement de ma future colocation ce soir, mais j'ai peur qu'il soit trop tard pour y aller maintenant. Tu crois que... je pourrais passer la nuit dans ton voilier ? » Tu sais que tu en demandes beaucoup, tu n'es qu'un étranger à ses yeux, Keh ne va peut-être pas accepté de laisser son voilier entre les mains d'une personne qu'elle ne connaissait pas une heure plus tôt. « Ne t'inquiète pas pour ton voilier, je ne pourrai pas te le voler puisque je ne sais pas comment ça fonctionne... enfin, dans tous les cas, je ne prévois pas de le prendre quoi... » Tu t'enfonces peut-être finalement alors que tu souhaites la rassurer, alors tu préfères désormais te taire, en attendant avec une certaine appréhension sa réponse. Sinon, tu trouveras une autre solution, tu pourrais éventuellement dormir sur la plage ?