Liliana étouffe sous la chaleur accablante du quai. Cela fait une heure, soixante minutes, une éternité sous ce soleil de plomb, qu’elle attend l’arrivée de son train. Une heure sous cette chaleur, sans aucune distraction, sans même un endroit pour s’abriter. Son téléphone est mort, vidé de sa batterie depuis une bonne demi-heure, et même le livre dans son sac ne lui semble plus aussi attrayant qu’au début. Elle soupire, une longue expiration qui laisse entrevoir son impatience grandissante. La situation commence sérieusement à la fatiguer. Il lui tarde de rejoindre son frère Noah pour ce week-end tant attendu sur la côte. Se perdre dans le bleu de l’océan, oublier un peu le quotidien, simplement profiter d’un week-end en famille… Mais non, une fois de plus, elle est coincée ici, condamnée à attendre.

Et voilà que les haut-parleurs grésillent soudain, une voix métallique s’envole de ceux-ci : « Le train pour Cleveland aura un retard supplémentaire d’une heure. Veuillez-nous en excuser. » Une vague de mécontentement traverse la petite foule de voyageurs, mais Liliana se contente de lever les yeux au ciel, un geste automatique comme si elle espérait que le destin lui envoie un signe, n’importe quoi pour égayer cette attente interminable. ‘Super, une heure de plus à cuire ici…’, elle pense. Elle balaye les environs du regard, à la recherche de quelque chose, n’importe quoi, qui pourrait la distraire. Pas de distributeur pour un soda frais, aucun banc à l’ombre… Franchement, l’organisation laisse à désirer. Un léger sentiment de panique commence à l’envahir. Comment va-t-elle passer le temps ?

C’est alors que son regard se pose sur quelqu’un d’autre, quelques mètres plus loin sur le quai. Une femme d’environ son âge, qui semble tout aussi désespérée qu’elle. Liliana l’observe un instant, détaillant ses cheveux emmêlés par le vent, la manière dont elle se mord la lèvre inférieure, comme pour contenir une frustration. Peut-être que cette inconnue se trouve dans la même situation qu’elle ? Liliana hésite une seconde, mais rapidement, elle décide de s’approcher. Après tout, leurs parents n’avaient-ils pas l’habitude de faire des rencontres de cette manière, sans écrans pour les distraire ?

Liliana réajuste son sac sur son épaule, prend une grande inspiration, et se dirige d’un pas décidé vers l’inconnue. ‘Allez, Liliana, sois sympa. Peut-être qu’elle est cool. Peut-être qu’elle aime la K-Pop ou les jeux de société. Ou mieux, peut-être qu’elle aime le Studio Ghibli ?’ Le cœur battant un peu plus vite, elle franchit les quelques pas qui la séparent de l’inconnue.

Elle s’arrête à sa hauteur, affichant un sourire aimable. – Pas facile de patienter sous ce soleil, hein ? elle lance avec une petite moue complice. La femme lève les yeux de son téléphone, visiblement surprise d’être abordée, mais son expression semble se détendre rapidement. Toi aussi tu attends le train pour la côte ? elle lance avec un sourire qu’elle espère engageant. Je commence à me dire que j’aurais dû prendre un bouquin un peu plus passionnant, ou au moins recharger mon téléphone. Elle rit doucement, espérant détendre un peu l’atmosphère.