’’Mais qu’est-ce que tu fous ?’’ est la première chose que le pianiste formule en découvrant Sam, allongé comme une baleine échouée au milieu des cadavres de bouteilles vides, dont certaines ont suffisamment dégouliné sur la moquette pour l’imprégner d’une coloration rougeâtre. Immobile, les sourcils froncés et les lèvres espacées de quelques degrés, Izan l’observe une poignée de secondes avant de secouer son menton de gauche à droite, visiblement désarçonné par le spectacle auquel il assiste, dispersé entre le grotesque et l’affligeant. S’il vit très mal sa séparation avec Asher, il se console avec l’idée qu’il gère peut-être mieux son chagrin que son hôte : il ne noie pas son chagrin dans l’alcool mais dans la musique, lui. « « youhouuuuuuu IIIIIzzzzzzzzz…….. ze suis la !!! » » finalement, le grotesque l’emporte ’’Je vois que t’es là, ouais, la question est « depuis combien de temps » ?’’ qu’il demande en se débarrassant de sa veste pour la déposer sur le canapé, avant de traverser la pièce pour ouvrir les fenêtres, sans véritablement voir que le mari de sa meilleure amie est bourré jusqu’à l’os, si bien qu’il tangue même en étant assis « PPPPPourquoiiii tu m’aaaaa miiis sur un bat ….bateau endouille ?! » oh putain c’est pas vrai ’’Pour te noyer.’’ qu’il rétorque sans encore le regarder, bien trop occupé à ramasser les bouteilles vides dans l’espoir d’assainir la pièce avant le retour d’Helen - même s’il se doute qu’elle ne va pas débarquer à l’improviste tout de suite, juste avant que la régurgitation de Sam le fasse grimacer avec dégoût, mais également soupirer d’un désespoir profond. Il était juste venu pour le chat, lui ! ’’T’es pas sérieux, Sam ?’’ qu’il demande en sachant pertinemment qu’il n’obtiendra aucune réponse probante, puisque le concerné est trop haut perché pour se rendre compte de son attitude loufoque. ’’Elle va te tuer, pour le tapis.’’ il le fait remarquer en alignant les bouteilles vides sur le meuble du salon, se rendant alors compte de la quantité assez conséquente que l’idiot a ingurgité ; est-ce sa consommation de la nuit ou de plusieurs jours ? Il espère la deuxième option. « j’ai leeeeeee mal de mer mmmmmmmon capiiiiiiiiiitaine ! » il ferme les yeux en prenant une fine inspiration, repoussant l’envie très tentante de le réveiller à coups de gifles ’’Il est où le chat, Sam ?’’ - « dodooo  ,,, a l’abordage ! » ça va être long, il le sent, long et pénible ’’Bon allez, ça suffit…’’ se rapprochant du professeur, il l’attrape sans ménagement par le col de sa chemise, l’obligeant à se redresser sur ses jambes mais sans le lâcher, puisqu’il se doute que l’ivrogne retomberait au sol comme un pantin désarticulé. ’’J’ai pas trope patience, Sam. Tu vas aller prendre une douche, ça va te rafraichir les idées.’’ du moins, il l’espère, et c’est pourquoi il commence déjà à l’entraîner de force vers la salle-de-bain, en se disant que, vraiment, sa meilleure amie a intérêt à lui offrir des tonnes de paquets de bonbons pour le service qu’il lui rend.

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« ben s’chez pas » ils sont deux officiellement deux à ne pas savoir ce qu’ils font, de quoi rassurer le pianiste qui passe une main sur son visage en regrettant déjà d’avoir accepté d’accomplir cette mission pour Helen - il l’adore mais, cela ne fait que quelques minutes qu’il est dans les parages et il est déjà tenté de se barrer sans Miketi « depuis une heure p’tete deux même ...euh nan dix ou p’tete cinquante douze,,,, je sais plus ! » impossible d’avoir une réponse concluante à une question aussi simple, alors Izan ferme les yeux pendant quelques secondes en tâchant d’invoquer la force de ses ancêtres pour qu’ils l’aident à garder son calme ; il n’a pas craqué en rompant pour la deuxième fois avec l’amour de sa vie, ce n’est pas un ivrogne complètement con et torché qui va avoir raison de sa retenue, quand même « il est quelle heure mon lapin ? » - ’’Presque midi.’’ mais comme Sam est en train de recracher son dernier repas liquide, ils feront tous les deux l’impasse sur la nourriture pour l’instant, puisque la seule priorité du pianiste est de mettre la main sur ce putain de chat afin de se barrer d’ici le plus rapidement possible — une quête qui ne forcera pas Sam à l’aider, bien entendu « il est quel couleur ? » il gonfle ses joues pour soupirer avec agacement, ayant l’impression d’essayer d’établir la communication avec une personne qui manque cruellement d’intelligence, la faute à l’alcool qui circule dans les veines de l’époux infidèle « il est la regarde endouille » les mains appliquées en poing contre ses hanches, il passe la pointe de sa langue sur ses dents du haut, sans avoir besoin de vérifier les dires de son interlocuteur : il sait très bien qu’il le prend pour un con, au pire, ou que Sam est le con de l’histoire, au mieux ’’Laisse tomber, va.’’ il va se débrouiller pour mettre le grappin sur le félin qui manque tant à Helen mais, pour ne pas avoir Sam dans les pattes, il tâche de l’embarquer jusqu’à la salle-de-bain en espérant qu’il soit suffisamment lucide pour prendre une douche tout seul ou, alors, qu’il fasse une petite sieste dans la baignoire ; malheureusement pour lui, l’alcoolisé à d’autres projets en tête. « Helen adorait quand l’invitait a …. danserrrrr » libérant sa main tout en se penchant en avant pour attraper les épaules de Sam afin de le maintenir en hauteur, tâchant lui-même de rester sur ses jambes sans se laisser entraîner par la chute ’’Putain, Sam !’’ c’est inutile de lui crier dessus, il le sait bien, mais ses nerfs sont trop à vif pour ne pas déborder de sa patience peu étoffée, ne perdant ainsi pas de temps avant de l’entraîner de force dans le couloir. « c’est bon rhooo lalala qu’est ceeeee que tuuuuu peux être relou quand tu t’yyy met » si l’accusation le laisse de marbre, le fait que son comparse lui échappe et décide de s’installer sur une chaise l'oblige à pincer l’arrêt de son nez entre son pouce et son index. Il est à deux doigts de piocher dans une bouteille, là. « la douche elle va attendre un peu … alors …. elle baise bien ? » les mots grossiers ne l’effleurent pas plus que le reste puisque, même avec cette formulation peu glorieuse, il continue de faire vagabonder ses iris de gauche à droite à la recherche du félin qui lui permettrait de sortir de cet enfer, et comme livrer cette bataille ne l'intéresse pas vraiment, il rétorque sans même regarder son interlocuteur et avec une voix détachée ’’T’es avec elle depuis sept ans, je pense que t’es le mieux placé pour répondre à cette question.’’ marquant un temps d’arrêt, il se retourne vers Sam en passant la pointe de sa langue sur sa lèvre inférieure, en se retenant de demander, encore une fois, où est le chat. Sam ne lui donnera pas une réponse utile, il le sait. ’’Je vais voir à l’étage, va prendre ta douche parce que tu pues.’’ et sans un dernier regard pour celui qui semble avoir oublié la bienséance, Izan quitte la pièce en commençant à se diriger vers les escaliers.

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’’T’es pas assez bourré, tu trouves ?’’ qu’il lui aboie presque dessus en le voyant ingurgiter le fond d’une bouteille de vodka, dont le goût âpre n’est visiblement plus à sa convenance puisque Sam s’en débarrasse sans grand égard pour la moquette souillée, en annonçant que « oaurffff c’est dégueu ce truc » qui fait grogner d’exaspération celui qui a l’impression de faire du babysitting auprès d’un enfant tyrannique totalement immature ; est-il si loin de la vérité, Izan ? Et tout comme les terribles gamins qui hurlent sitôt qu’on les conduit trop près d’une douche, Sam ne se laisse pas facilement entraîner vers la salle-de-bain, en épuisant la patience de celui qui commence à l’insulter en espagnol dans un murmure bien trop faible pour être entendu par autrui mais, au moins, ça le soulage lui. « chut mon lapin tu vas réveiller Helen... » le secouant avec plus de vigueur pour tenter de le réveiller, Izan fronce ses sourcils en rétorquant aussitôt que ’’Helen n’est pas là, no hagas tu pendejo.’’ mais c’est sans compter sur le cruel manque de discernement de Sam, puisque la sentence qui suit ne l’aide pas à se calmer davantage « t’es beauuuuuuuu quand tu t’énerve n’empèche » les yeux doux et le sourire enjôleur le laissent de marbre, si bien qu’il se contente de secouer son menton de gauche à droite en considérant le professeur avec une certaine pitié, bien que la compassion ne s’est pas totalement éteinte ; s’il ne se laissera jamais chuter à une telle faiblesse - puisqu’il n’est pas constitué pour se permettre une telle chose -, il comprend, au fond, pourquoi Sam essaye de noyer sa douleur dans l’alcool. S’il n’avait pas le piano, peut-être qu’il serait dans le même état déplorable ; encore une fois, c’est la musique qui le sauve. ’’Arrête de dire n’importe quoi… Je suis toujours beau.’’ tâchant d’être moins agressif avec celui qui souffre, le musicien l’expulse dans la salle-de-bain sans sommation, le laissant à ses capacités qu’il espère intactes, puisqu’il n’a aucunement l’intention de l’aider à prendre sa douche. Plutôt, il grimpe à l’étage afin de chercher Miketi dans toutes les pièces, finissant par lui mettre le grappin dessus dans la chambre du couple qui n’en est plus un ’’Allez viens-là, couillon va.’’ le félin ne comprend pas vraiment pourquoi on l’arrache à sa cachette mais, c’est dans les bras du pianiste qu’il redescend les escaliers, les deux étant accueillis par des éclats de voix qui signalent que l’ivrogne a fini de prendre sa douche « Il est ou ce con ? » parvenant presque devant la salle-de-bain, Izan retient sa respiration en même temps qu’un sursaut de surprise lorsqu’il découvre Sam sur le pas de la porte, dans le plus simple appareil si on omet la serviette qu’il a sur l’épaule - dommage qu’il ne l’ait pas nouée autour de la taille, du coup ’’PUTAIN SAM T’ES PAS SÉRIEUX LÀ’’ qu’il gueule en relâchant le chat, ayant besoin de l’une de ses mains pour se couvrir les yeux ’’Tu peux t’habiller ou c’est trop te demander ?’’ qui sonne davantage comme un ordre que comme une véritable requête, et c’est en suivant le chat du coin de l’oeil qu’il s’avance de quelques degrés, ne voulant pas que Miketi s’éloigne trop - il a pas envie de le chercher encore dans toute la baraque. ’’C’est bon ? Il est parti où ton chat ?’’

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« je pensais que c’était deeeee l’eau !  » roulant des yeux en soupirant d’agacement, Izan se retient de récupérer la bouteille pour lui fracasser sur le crâne, sait-on jamais que ça lui rende sa sobriété en plus de lui remettre les idées en place ; mais il se retient, le pianiste, faisant même preuve d’une étonnante patience envers celui qui en use et en abuse. Heureusement pour Sam, l’hispanique est en plein chagrin amoureux également : il est donc davantage prompt à comprendre la déchéance de celui qui s’est raccroché à la mauvaise branche pour ne pas sombrer : entre la musique et l’alcool, Izan s’estime chanceux. « c’est pas faux …. pour ça qu’helen est amoureuse de toi ! » l’abruti pas fini lui claque la porte au nez mais, hors-de-question de laisser cette idée tortueuse s’éterniser dans la tête de Sam, si bien qu’Izan rectifie, en parlant fort à travers la porte : ’’Elle n’est plus amoureuse de moi depuis des années,’’ et encore heureux ’’alors arrête avec ça !’’ si jamais il n’a pas entendu ou pas compris, le musicien se chargera de le ramener à la réalité un peu plus tard. Pour l’instant, il se lance à la conquête du fameux chat qui semble le fuir, mais qu’il piège dans la chambre en piteux état, mais il ne prend pas la peine d’ouvrir les fenêtres et de repousser les rideaux : il n’est pas venu pour faire le ménage, navré pour Helen et sa coquette maison. Bienheureux d’avoir le matou et de pouvoir filer avec - naïf qu’il est, Izan redescend les escaliers avec l’idée de décamper, ayant accompli suffisamment de bonnes actions pour les dix (quinze) prochaines années, mais c’est sans compter sur la nudité de son hôte, qui n’en semble point formalisé « oh arrète fait pas le timide !!.... ben ils sont ouuu mes vêtements ? J’ai demandé si tu pouvais me les descendre mais bon tu as sûrement rien entendu » non, en effet, il n’a rien entendu, même si là tout de suite c’est le chat qui s’est barré qui l’inquiète le plus ’’Tu ne peux pas aller chercher tes vêtements toi-m… Eh, ça va, j’te dérange pas ? Fais comme chez toi, hein.’’ qu’il dit après la fessée donnée par le crétin qui n’est même pas capable de monter deux marches « si tu veux que je me fasse beau il va falloir que tu m’aide ! » - ’’J’fais pas de miracle, désolé.’’ qu’il rétorque sans réfléchir, tout en recommençant à chercher ce crétin de Miketi, sans que Sam ne daigne l’aider, bien sûr, même s’il décide enfin de passer la serviette autour de sa taille. ’’J’ai pas faim, là. Tu ne veux pas m’aider à trouver ton animal ?’’ qu’on soit tous d’accord, il parle du chat ’’En plus tu viens de vomir, attends un peu avant de manger !’’ il ne sait pas si c’est vrai mais ça l’arrangerait que ce soit le cas : au moins le professeur sera disponible pour effectuer les recherches avec lui ’’Viens m’aider, s’il te paît…’’ s’il te plaît que je puisse me barrer.

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Lorsque l’éclat de rire s’extirpe du gosier de Sam, Izan fronce les sourcils en plissant ses paupières, partagé entre deux émotions contraires qui se battent pour obtenir la première place « mais tu es drole toi, déjà vous couchez ensemble puis ensuite l’autre me crache a la gueule qu’elle ne m’a jamais aimé et que si elle m’a épousé c’est pour essayer d’oublier ses sentiments qu’elle avait pour toi et tu ose me dire que subitement par miracle elle n’est plus amoureuse de toi mais laisse moi rire !! » c’est quoi ces conneries encore totalement pris au dépourvu, il cligne des paupières en ne sachant pas tellement lequel des deux est le plus affligé de cette annonce pour le moins risible ’’Mais qu’est-ce que tu racontes ?’’ il n’a pas besoin de fouiller trop loin dans sa mémoire pour se souvenir des révélations de la brune concernée : son coeur a effectivement éprouvé des sentiments amoureux pour lui mais, il y a bien longtemps que ces souvenirs ont été balayés au profit de l’homme qu’elle a épousé — et tant mieux. Mais, de toute évidence,  Sam n’a pas fini de vider son sac, et Izan n’a pas vraiment d’autres choix que de l’écouter déblatérer sur sa condition de petit malheureux « Si j’en suis la aujourd’hui c’est a cause d’elle et ça commence a bien faire de me mettre tout sur le dos. Au bout d’un moment faudrait regarder la vérités en face. Si ton mec va voir ailleurs c’est que tu ne lui apporte plus ce don il a besoin et qu’il se fait chier. Alors oui j’ai menti, oui j’ai une double vie mais si Helen ne m’avait pas mis de coté on en serait pas la aujourd’hui ... » il prend une fine inspiration en crispant ses épaules, peu convaincu par le discours de son interlocuteur. ’’Et donc, au lieu d’essayer de régler le problème et de discuter pour sauver ton mariage, tu as préféré te taper une autre meuf pendant deux ans pour aujourd’hui dire que si tu l’as trompée c’est en partie de sa faute ?’’ question rhétorique qu’il accompagne d’un bref contact entre ses lèvres, avant de hocher son menton de gauche à droite. ’’Non, ce n’est pas de la faute d’Helen si tu as décidé d’entamer une liaison avec ta collègue. Tu savais très bien ce que tu faisais, c’est un peu facile de vouloir justifier tes conneries en lui remettant la faute dessus.’’ Izan n’est pas franchement quelqu’un qui se laisse affaiblir par le chagrin d’autrui, et tout comme il ne s’est pas attendrit devant les larmes de l’homme qu’il aime, il ne réagit pas vraiment face à celles de Sam. Il le regarde plutôt avec un détachement qui n’est pas mauvais, mais qui est loin d’être amical : non pas qu’il ait une franche rancoeur envers Sam, puisque la tromperie de ce dernier ne le concerne pas, mais il n’est pas enclin à s’apitoyer sur le sort de quelqu’un qui a menti et trahi — allez savoir pourquoi. ’’C’est pas comme ça que tu vas la récupérer… J’veux dire. C’est pas avec l’alcool et les reproches.’’ essayant d’adoucir son discours, puisqu’ayant tout de même conscience que Sam n’est pas Asher et qu’il ne peut pas retranscrire toute sa colère sur lui, il prend une fine inspiration de réussir à assainir suffisamment ses pensées et ses ressentis pour le faire sourire avec des taquineries, auxquelles il est curieusement réceptif. ’’Con et chiant c’est clairement ma marque de fabrique, comment t’as deviné ?’’ mais il a beau être torché, le Sam, il n’est pas complètement con puisque, en deux secondes, il parvient à faire entrer l’idiot de chat dans sa cage, sous les yeux consternés de celui qui lui court après depuis une demi-heure. « « c’était pas compliqué !! » » ben non mais fallait le savoir ’’Tu pouvais pas me le dire tout de suite ?’’ émettant un léger grognement, Izan, se rapproche de la cage pour la prendre entre ses deux mains, la soulevant contre son torse en disant, un peu gêné de l’abandonner à son titre sort, puisque le professeur fait peine à voir : ’’Bon, j’y vais du coup… Ça va aller ?’’ c’est une phrase bidon, certes, mais au moins il pose la question au lieu de filer comme un ingrat.

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