how strange to dream of you even when I am wide awake.

@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Il y avait quelque chose d’étrange à ne ressentir qu’une infinie tristesse. La colère avait quitté depuis un moment les pensées de l’anglais. Son cœur était lourd, mais pas comme lors de la première rupture. Il y avait quelque chose de différent. Il ne ressentait ni douleur ni souffrance. Il n’y avait qu’un sentiment de vide intense comme s’il ne pourrait jamais respirer à nouveau. Ses larmes avaient séché depuis un moment, incapable d’en produire de nouvelles, puisqu’il n’en avait plus l’énergie ni la capacité. Son âme s’était fracturée en deux et il ne savait plus si un jour il allait pouvoir ressentir quoi que ce soit. Pourtant, il continuait de sourire. Il souriait pour sa petite sœur, pour ses parents, pour le peu d'amis qu’il lui restait. Mais il ne ressentait ni joie ni bonheur. Tout autour de lui, les couleurs avaient disparu. Il n’avait plus l’envie de faire quoi que ce soit. Il se sentait lasse et n’avait plus aucune raison d’exister. Mais il poursuivait sa route tout de même parce que même s’il souhaitait à tout prix disparaître, il ne pouvait pas faire subir cela à ses proches. Aubrey l’avait compris. Elle le surveillait sans cesse. Elle avait même essayé de parler à Izan, mais il n’y avait plus rien à espérer. Tout était fini entre eux, Ash l’avait bien compris. Son futur, leur futur,  s’était complètement effacé lorsqu’il lui avait rendu l’anneau de promesse. Le bijou ne le quittait plus désormais. Il était au bout d’une chaîne qu’il portait à son cou, l’anneau touchant à son cœur ou du moins les fragments de ce dernier. Il le protégeait corps et âmes, vérifiant constamment s’il était toujours auprès de lui, comme l’anneau jumeau qu’il portait à son annulaire gauche. Il n’avait plus le petit chat noir pour se réconforter, alors son principal tic était de toujours caresser le bijou lorsqu’il était au plus mal. Mais il n’avait pas oublié Eclipse pour autant. Il l’avait aimé ce petit chat tout comme il avait aimé Izan. Ash avait de nombreux tatouages, tous représentatifs d’un moment important de sa vie et il en comptait un nouveau au niveau de ses côtes du même côté que l’organe qui avait cessé de battre il y avait quelques jours ou semaines de cela. Il ne savait plus, le temps passait à une vitesse incroyablement lente, mais si rapide à la fois. Visiblement, il aimait bien la torture, parce qu’à chaque fois qu’il se regardait dans le miroir de sa salle de bain, il voyait tous ces vestiges de sa relation passée avec Izan. Malgré la tristesse qu’il ressentait, il ne pouvait pas se résoudre à l’oublier. Il ne pourrait jamais le faire. Et il devait également se souvenir de tous les regrets et de toutes ses erreurs en permanence. Parce qu’il avait presque touché au soleil et il s’était brûlé les ailes. Il devrait vivre avec ses échecs pour le restant de ses jours.

Soupirant, l’anglais alla à son clavier après s’être habillé d’une camisole lâche noire et d’un jogging. On y voyait la moitié du soleil de son tatouage, mais pas l’éclipse qu’il représentait également. Il continuait à donner ses cours de guitare, mais aussi à composer pour son groupe. Il ne les avait pas laissé tomber cette fois-ci. Mais encore une fois, il ne jouait plus avec la passion de jadis. Il faisait ce que l’on demandait de lui. Bien sûr, les membres de son groupe s’inquiétaient pour lui et ils l’appelaient ou lui écrivaient sans arrêt. Pour ne pas déranger les voisins, il mit ses écouteurs et se mit à chanter d’un ton plus bas que d’ordinaire. Il n’avait aucune envie de voir ses voisins rappliqués dans son minuscule studio. Il n’avait plus la force de se battre pour quoi que ce soit.

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@Asher Thornhill ◈ août 2024

Quand Aubrey lui a dit que son frère était la proie d’une dépression dont personne ne parvenait à le délivrer, Izan a tout d’abord affirmé qu’il n’en avait rien à foutre et que ce n’était pas son problème, dans un excès d’égo dans lequel il s’enlise constamment pour prétendre que rien ne l’atteint, pas même l’état préoccupant de l’homme qu’il aime, mais puisqu’il ne lui a fallu que quelques frêles secondes pour revenir sur ses dires en déclarant finalement qu’il allait lui rendre visite, la peintre a dû aisément comprendre qu’il était davantage frappé qu’il ne souhaitait le laisser entendre. Il ne sait pas trop pourquoi il ne veut pas admettre que cette information le préoccupe bien plus qu’il ne le voudrait, même si, socialement, rien ne l’oblige à répondre présent quand on lui demande de s’enquérir des tourments de son ex-compagnon ; après tout, n’est-ce pas ce dernier qui est majoritairement responsable de leur séparation ? Doit-il vraiment le consoler d’une situation qu’il a lui-même causé ? Izan pense qu’il ne devrait pas, qu’il n’a pas à le faire et que, quelque part, le fait qu’il entame cette démarche est un putain d’aveu de faiblesse puisque, derrière l’inquiétude, il y a les sentiments toujours vivaces qu’il lui porte, et dont il ne pourra sans doute jamais se défaire. Il devrait, réellement, n’en avoir rien à foutre, et il aurait dû balayer cette information avec le revers de l’indifférence, poursuivre son chemin sans même garder à l’esprit que Asher est tiraillé par une douleur qui le dévore de l’intérieur, et contre laquelle il ne cherche même plus à se battre, puisqu’il est lui-même porteur d’une peine immense qu’il tente d’apprivoiser pour maintenir son coeur au-dessus des vagues. Alors est-ce qu’il peut, lui, l’aider ? Il ne sait pas trop, Izan, principalement parce qu’il n’est pas doué pour consoler les gens et nul doute qu’il est encore plus inapte quand il est l’objet de la dite peine, mais c’est encore une fois sans trop savoir ce qu’il compte dire ou faire qu’il se retrouve devant la porte de l’appartement qu’il ne connait que trop bien, et dont la simple vue lui occasionne un sentiment effroyable d’anxiété. Un soupir passe la barrière de ses lèvres sous une légère appréhension, puisqu’il ignore ce qu’il va découvrir derrière la porte, et son cerveau se plait à imaginer tout et n’importe quoi, bien que chaque scène chimérée soit douloureuse à sa façon. Finissant par toquer à la porte, il attend quelques secondes en détaillant le panneau de bois d’un oeil indifférent, ayant largement le temps d’infliger plusieurs morsures nerveuses à l’intérieur de sa lèvre inférieure, ayant même le loisir de toquer deux fois après les premiers coups avant que, lassé d’être ainsi relayé derrière la porte désespérément close, il tende l’oreille pour entendre à travers : il est là, le chanteur. C’est quoi déjà, le dicton ? On est jamais mieux servi que par soi-même ? Décidant de vérifier la véracité du proverbe, il ne prend pas la peine de signaler sa présence une nouvelle fois et ouvre simplement la porte en la poussant très lentement, ses yeux examinant rapidement l’entrée avant qu’il ne s’avance, sait-on jamais qu’il interrompe quelque chose d’important avec une personne qu’il n’a aucune envie de croiser. Tirant machinalement sur les manches de sa veste bleu, il passe la pointe de sa langue sur le bord de sa lèvre inférieure avant de s’avancer avec prudence, refermant la porte après son passage avant de suivre l’écho de la voix mélodieuse à travers le studio jusqu’à ce que ses yeux se posent sur la silhouette du guitariste, qui a troqué son instrument de prédilection pour un clavier, dont la présence lui arrache une brève grimace mais lui permet de formuler quelques mots lorsque, arrivant dans son dos, il lui enlève un écouteur pour qu’il puisse l’entendre : ’’T’es au courant que les claviers ont un son plus aigüe et métallique que les pianos ? Ce truc n’a que soixante touches, en plus.’’ abandonnant l’écouteur sur le fameux clavier méprisé, il le contourne pour se placer devant le chanteur, n’étant pas totalement sûr que ce soit l’entrée en matière qu’Aubrey espérait en lui présentant la situation de Ash mais, il est venu, au moins ’’Tu devrais plutôt composer avec… ça…’’ ça qu’il attrape sans grande conviction, mais pour laquelle il appuie son dos contre le mur derrière lui en faisant glisser, au hasard, ses doigts contre les cordes tendues de la guitare, qu’il n’a aucunement l’habitude de manier ’’Ah, putain, c’est rêche.’’ vérifiant machinalement la pulpe de ses doigts, il réitère l’expérience en appuyant sur le haut des cordes d’une main et, de l’autre, il les pince en semblant gratter leur surface, produisant un son terriblement maladroit et désagréable pendant quelques secondes avant que, finalement, il interrompe ses mouvements pour planter ses iris dans ceux de Ash, avouant enfin la véritable raison de sa venue, même s’il se sent terriblement con rien qu’à le dire à voix haute ’’Aubrey m’a dit que tu n’allais pas bien.’’

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Ash n’avait plus aucune conscience de ce qui l’entourait. Il était loin, très loin dans ses pensées, alors lorsque l’on cogna plusieurs fois à sa porte, il n’en eut pas connaissance. Le fait de chanter lui faisait du bien, mais ce n’était qu’un pauvre pansement sur la souffrance de son âme. Les paroles qui s'enchaînent avec plus de passion qu’il croyait en être capable étaient tirées d’une composition qu’il avait faite en l’honneur d’Izan. Ses pensées l’avaient entraîné sans qu’il ne le veuille vers  leur petit univers, vers cette bulle qu’il avait du mal à quitter. Il s’y voyait danser sur cette douce mélodie, les bras de son pianiste enlacés autour de lui. Il pouvait ainsi caresser ses cheveux, puis sa joue et venir l’embrasser aussi souvent qu’il le désirait. Mais il s’agissait d’une douce illusion qui s’avérait bien cruelle. Dans ses songes, il pensait encore au futur qu’il n’aurait jamais et lorsqu’il refaisait surface, il avait toujours l’impression de revenir vers un monde où il n’y avait plus de couleurs. Il n’avait jamais envie de reprendre pied dans la réalité, parce que cela signifiait toujours qu’il s’éloignait encore plus d’Izan. Poussant un profond soupir, il décida tout de même de revenir vers son studio où il se sentait si seul, mais le chemin fut plus brutal qu’à son habitude, puisqu’on retira un de ses écouteurs de force. Réprimant un sursaut assez violent, il ouvrit les yeux pour poser son regard sur Izan. L’expression d’incompréhension qui s’afficha sur son regard lui donna une drôle d’expression faciale tandis qu’il essayait de comprendre s’il était bien de retour dans la réalité ou s’il faisait un rêve éveillé. ’’T’es au courant que les claviers ont un son plus aigu et métallique que les pianos ? Ce truc n’a que soixante touches, en plus.’’ Ash cligna encore des yeux plusieurs fois, ne sachant pas quoi répondre à cela, alors il ne dit simplement rien. L’anglais se contenta de l’observer tandis qu’il déposait l’écouteur sur le clavier et se plaça en face de lui de l’autre côté de l’instrument. ’’Tu devrais plutôt composer avec… ça…’’ À son grand étonnement, Izan prit sa guitare entre ses mains et commença à passer ses doigts sur les cordes, se plaignant du même fait que ces dernières étaient rêches contre ses doigts qui n’avaient connu que la douceur des touches d’un piano. Ash ne put s’empêcher de sourire, amusé par cette vision. Mais son sourire se transforma rapidement en grimace lorsqu’il tenta de jouer de son instrument. Il se surprit à se dire qu’il pourrait être doué s’il avait le bon professeur, mais l’anglais savait pertinemment que ce ne serait pas lui. Izan finit par lui mentionner la raison de sa visite, ce qui fit grimacer Ash pour une deuxième fois. « j’aime ma soeur, mais elle n’avait pas à te déranger pour cela. je vais très bien. » lui dit-il d’un ton étonnamment calme, mais également faussement détaché. Il n'y avait aucune agression dans la moindre de ses paroles. Il se sentait juste vide, lasse. Il soutint néanmoins quelques secondes le regard d’Izan, puisque pour une rare fois il le regardait dans les yeux. Ses iris dorés lui avaient tellement manqué qu’il pourrait s’y perdre durant plusieurs minutes, mais il choisit de baisser le regard. « la chanson que je chantais sonnerait bien mieux sur un piano, mais je n’ai pas accès à un tel instrument malheureusement pour le moment.» il y en avait un au studio où il travaillait comme professeur de guitare, mais il n’y allait que pour le strict minimum, c'est-à-dire donner des cours. Le clavier était une seconde option viable, alors il s’en contentait. « tu me sembles aller bien, je suis heureux pour toi. » lui dit-il, sincère, lui faisant un pauvre sourire. Il s’agissait d’un de ceux qu’il réservait pour les membres de sa famille, pour qu’ils le laissent tranquille. Mais il n’avait pas envie que Izan ne parte. Il souhaitait qu’il reste un peu, parce qu’il lui avait atrocement manqué. « je suis heureux de te voir.» encore une fois, c’était la vérité. Lorsque Izan était en sa présence, il se sentait un peu plus complet, un peu plus lui-même et ce, même s’ils n’étaient pas ensemble. « vas-tu rester un peu?» il s'agissait presque d'une supplication, mais il savait très bien que Izan ne lui devait rien, rien du tout.

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@Asher Thornhill ◈ août 2024

Sans surprise, son mépris pour le clavier au nombre de touches réduites n’obtient aucune réponse, puisque le visage du musicien est emballé dans une expression d’étonnement qu’on ne peut que difficilement lui reprocher ; non seulement il ne devait pas s’attendre à découvrir le pianiste chez lui mais, encore moins sans qu’il lui ait ouvert la porte. ’’J’ai frappé. Plusieurs fois.’’ qu’il précise en contournant le faux piano, comme pour ne pas qu’on rajoute malotru à la longue liste de ses défauts. Ce qu’on peut rajouter, en revanche, c’est piètre guitariste, puisque l’instrument produit un son terriblement désastreux entre ses mains, qui s’étonnent de la rudesse des cordes qui vibrent sous leurs doigts mais, cela en vaut la peine puisqu’il voit, par une oeillade discrète, que la figure de son ex-compagnon s’illumine brièvement sous un sourire amusé. Qu’importe s’il se rit de lui, Ash, au moins, il se déleste un peu des nuages sombres qui obscurcissent ses traits harmonieux ; puisque c’est bien la raison de sa venue, n’est-ce pas ?  Pour une fois, il n’est pas égoïste, Izan, puisqu’il met de côté sa propre douleur, sa rancoeur et sa fierté, pour lui. « j’aime ma soeur, mais elle n’avait pas à te déranger pour cela. je vais très bien.  » à d’autres, qu’il pense en inclinant légèrement son menton sur le côté pour questionner silencieusement cette affirmation, ne se laissant nullement berner par cette réplique préfabriquée puisqu’il l’utilise aussi pour les mêmes raisons : lui non plus n’a pas envie qu’on soupçonne sa peine, et encore moins qu’on l’examine de trop près ’’Je lui dirais, elle sera contente de l’apprendre.’’ ayant soutenu son regard pendant quelques secondes, jusqu’à ce que l’anglais disloque le contact de leurs yeux accrochés l’un à l’autre, il dépose soigneusement la guitare à côté de lui en l’accompagnant d’un mouvement de la tête, ne voulant pas l’abîmer par sa maladresse « la chanson que je chantais sonnerait bien mieux sur un piano, mais je n’ai pas accès à un tel instrument malheureusement pour le moment. » décollant son dos du mur, il se rapproche de nouveau du clavier pour se positionner tout à gauche de ce dernier, sa main s’aventurant à faire courir ses doigts sur les touches avec une habilité certes éloquente, mais le son produit lui arrache une petite grimace ; non, vraiment, il refuse d’appeler cette chose instrument « tu me sembles aller bien, je suis heureux pour toi. » il lui lance un regard qui semble crier « parce que tu penses que j’ai le choix ? » mais il n’en dit rien, n’ayant aucune envie de s’épancher sur le sujet maintenant. Non, il ne va pas bien, mais qu’est-ce que ça changerait qu’il l’avoue ? « je suis heureux de te voir. » il baisse les yeux en faisant de nouveau courir ses doigts sur le clavier foireux, juste pour ne pas laisser le silence résonner entre leurs deux corps, le temps que sa langue trouve le courage d’avouer un ’’Moi aussi.’’ qui est sincère, bien que compliqué à formuler. Bien sûr qu’il est heureux de le voir, bien sûr qu’il a envie de le toucher jusqu’à réapprendre chaque recoin de son corps, de sentir sa peau rouler sous ses doigts, de respirer son parfum, de l’embrasser jusqu’à ce que leurs respirations s’épuisent, de s’endormir dans ses bras, de vivre sous son regard et de ne plus jamais être éloigné de lui mais… Le mais est un obstacle qu’ils ne peuvent pas franchir. « vas-tu rester un peu? » en ramenant sa main vagabonde près de son corps, il presse ses lèvres dans un sourire suave avant de le tremper dans des accents mutins, s’éloignant de nouveau pour aller récupérer la guitare ’’Tu veux que je te joue autre chose, c’est ça ?’’ il se doute que non, vu sa première démonstration particulièrement minable, mais cela ne l’empêche pas de recommencer, ayant pris place sur le canapé derrière lui pour être mieux installé. ’’Sois pas jaloux d’mon talent, par contre.’’ difficile d’être jaloux d’une chose qui n’existe pas, mais le pianiste penche son menton pour suivre le mouvement de ses mains qui recommencent à torturer la pauvre guitare, qui semble tantôt grésiller ou hurler de souffrance. Mais peut-être que cela aura, au moins, le mérite de le faire sourire une nouvelle fois ?

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

La surprise finalement passée, Ash avait bien compris que le pianiste se tenait bien en face de lui. Son esprit malade ne pouvait pas l’inventer jouer de la guitare aussi… maladroitement. Il se complaisait dans son monde dénué de sens, mais entretenir cette illusion d’Izan lui aurait demandé bien trop d’énergie et il n’en était aucunement capable à l’heure actuelle. ’’J’ai frappé. Plusieurs fois.’’ cela voulait simplement dire qu’il avait oublié de verrouiller la porte. Un geste bien maladroit, mais qu’il ne regrettait pas. Malgré la tristesse que l’apparition du pianiste dans son studio lui apportait, sa présence lui conférait également un léger baume sur son âme endolorie. Cependant, de tous les reproches que Izan avait pu lui faire, il avait finalement accepté ce rôle de menteur, mais pas pour les raisons que l’on pouvait croire. Il s’était installé une façade où il faisait semblant que tout allait bien lorsqu’il était en présence des autres. Sa sœur ne s’était visiblement pas laissée berner par ses tentatives de lui prouver qu’il allait réellement bien, puisqu’elle avait décidé de mêler Izan à tout cela.  Cela ne faisait que prouver qu’il n’en avait définitivement pas les talents nécessaires, mais pour tous les autres qui ne le connaissaient pas réellement, cela fonctionnait. Évidemment, Ash n’était pas con, Izan le connaissait assez et bien trop d’ailleurs pour croire que tout allait bien. Tout comme l’anglais savait pertinemment que l’australien s’était également érigé une façade au niveau de ses sentiments. ’’Je lui dirais, elle sera contente de l’apprendre.’’ lui dit-il simplement avant de revenir faire courir ses doigts sur le clavier. Il y avait une trop grande différence entre les mélodies de son piano, que Ash écoutait toujours sans cesse dans ces moments où il souhaitait ressentir autre chose que  le grand vide, et ce clavier qui n’en était qu’une pâle copie.  ’’Moi aussi.’’ Izan semblait sincère en lui disant qu’il était heureux de le voir, ce qui eut pour effet de faire sourire sincèrement l’anglais. Il voyait bien que cela lui demandait un effort surhumain que de se retrouver là, en sa présence. Le seul fait qu’il se soit déplacé pour le voir le touchait, mais il savait très bien que cela ne voulait rien dire. Ash ne pourrait plus jamais le toucher, il ne pourrait plus jamais goûter à ses lèvres, il ne pourrait plus jamais caresser la moindre parcelle de sa peau. Face à ces pensées douloureuses, son sourire s’éteignit aussi rapidement qu’il était apparu.
Ash lui demanda cependant s’il pouvait rester encore un peu, même s’il avait déjà constaté qu’il était bien vivant, ayant accompli sa mission donnée par sa petite sœur. En guise de réponse Izan retourna auprès de la guitare de l’anglais pour s’en emparer à nouveau.  ’’Tu veux que je te joue autre chose, c’est ça ?’’ Bien que cela lui donnerait la possibilité de pouvoir le toucher une dernière fois, Ash se retint de lui proposer de lui donner une leçon. Sentir son parfum, toucher à ses mains, à ses bras qui lui conférait jadis un réconfort infini, il ne pouvait se résigner à affronter cela de nouveau pour le moment. Ash ne voudrait plus jamais le lâcher. Il ne le laisserait plus filer. ’’Sois pas jaloux d’mon talent, par contre.’’ ajouta le pianiste improvisé guitariste en s’assoyant sur le canapé avec l’instrument de Ash. « oh mon dieu! mais comment fais-tu pour être aussi doué avec le piano et aussi nul avec la guitare? arrête de la torturer s’il te plait! mes voisins vont finir par rappliquer ici!» s’exclama-t-il, tout d’abord irrité de la situation, puis il ne put s’empêcher de sourire, puis d’émettre… un rire? Oui, il riait… non pas d’Izan, mais bien du son horrible qu’il produisait en jouant de son instrument. Il décida de se lever et alla s'asseoir à ses côtés sur le canapé qui les avait jadis accueilli tous les deux à de nombreuses reprises. « si jamais tu veux t’engager dans cette voie, il te faudrait visiblement des leçons par un vrai professeur parce que …. c’est vraiment pas ça. » Il eut presque envie de le toucher, mais encore une fois, il se retint. La proximité de leur corps le gênait, parce qu’il n’y avait qu’une mince ligne entre le fait de n’être que deux êtres simplement assis  à se parler, mais aussi deux corps entrelacés. Oh que Ash aimerait le serrer une nouvelle fois contre lui et l’embrasser, mais il ne pouvait pas. Il ne pourrait plus jamais. « comment va Eclipse? » demanda Ash pour essayer de se changer les idées.

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@Asher Thornhill • août 2024

Il a bien conscience, Izan, que le caractère tout à fait prodigieux de son talent au piano est une pièce unique ; il n’a jamais eu d’autres facilités similaires avec un autre instrument, étant rattaché à celui qui l’a accompagné toute sa vie, pour le meilleur comme pour le pire. Alors, il n’a pas besoin qu’on lui dise qu’il est médiocre avec une guitare pour le savoir, mais comme cela est un bon paravent pour éviter la dimension somme toute étrange et gênante de cette rencontre, il veut bien se ridiculiser pour la bonne cause : au moins, Asher semble s’en amuser avec candeur, et voir naître un sourire sur ses lèvres vaut bien ce sacrifice. « oh mon dieu! mais comment fais-tu pour être aussi doué avec le piano et aussi nul avec la guitare?  » faussement outré, il fronce ses sourcils en interrompant les mouvements maladroits de ses mains, fronçant même le milieu de son nez pour manifester son mécontentement « arrête de la torturer s’il te plait! mes voisins vont finir par rappliquer ici! » il a d’abord eu l’air contrarié mais, finalement, l’amusement l’emporte et l’anglais se met à rire, en paraissant lui-même surpris de s’entendre produire un tel son ’’Tout d’abord, c’est pas comparable, un piano et une guitare.’’ le premier est nettement plus noble que le deuxième mais il ne le dira pas, Izan, de toute façon il ne croit pas avoir besoin de le préciser, Asher doit se douter que, aux yeux de l’hispanique, son instrument de prédilection est largement au-dessus des autres ’’Deuxièmement,’’ qu’il entame comme défense pendant que l’anglais le rejoint sur le canapé ’’Tes voisins vont rappliquer pour m’entendre jouer parce que j’suis carrément trop doué, sois pas mauvais comme ça.’’ la preuve, il lui lance un haussement de sourcils presque provocateur avant de faire nouveau vibrer les cordes de la guitare, sans grande réussite encore « si jamais tu veux t’engager dans cette voie, il te faudrait visiblement des leçons par un vrai professeur parce que …. c’est vraiment pas ça. » la raillerie le pousse à envoyer la pointe de sa langue vers ses dents du fond, tournant son menton vers Ash en arrêtant de jouer puisque, visiblement, c’est trop douloureux pour les oreilles du britannique - il se demande bien pourquoi ’’Mes professeurs de piano ont presque tous fini en dépression, j’pense pas que ce soit judicieux que je réitère l’expérience pour la guitare. Ou avec quelqu’un de coriace.’’ un petit rire  silencieux emportant ses lèvres en secouant le haut de son torse, il admet finalement son inaptitude avec l’instrument qu’il considère d’un regard, avant de le porter sur l’homme qui se tient à ses côtés, et dont le visage accroche, encore et toujours, ses yeux éperdument amoureux, qui traversent sa peau comme une caresse visuelle en faisant rater un battement à son coeur qui semble peser plus lourd dans sa cage thoracique. Ses yeux s’attardent quelques secondes de trop sur le grain de beauté qu’il porte au coin de sa lèvre supérieure, comme une gourmandise interdite dont le pianiste raffole - mais il n’a pas le droit d’y goûter, cette fois « comment va Eclipse? » qui l’extirpe suffisamment de ses pensées pour qu’il détourne le regard dans un battement de cils, ses doigts continuant de jouer avec la guitare mais sans la faire souffrir, ayant juste besoin de trouver une occupation à ses mains qui se débattent pour distiller quelques caresses qu’il ne peut offrir ’’Il a bien grandi, j’ai hésité à te l’amener mais… J’savais pas si tu voulais le voir.’’ regardant la guitare qui est soudainement très intéressante, il mordille le coeur de sa lèvre avant de poursuivre, en tâchant d’être plus léger ’’En tous cas il est…’’ chiant, c’est le mot ’’…On ne risque pas d’oublier qu’il est là, quoi. Il a beaucoup d’énergie.’’ il a de qui tenir, dirons certains ’’Il rend Luna complètement dingue, la pauvre. Elle se cache pour être tranquille.’’ ça lui arrache un sourire à la fois tendre et amusé mais, tout à coup, il n'est pas vraiment sûr que Ash va partager son humeur ; est-ce que cela ne va pas le rendre plus triste qu'il ne l'est déjà ?

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Ash avait oublié à quel point cela faisait du bien de rire. Pendant quelques secondes, son monde se teinta à nouveau de magnifiques couleurs et il se surprit à ne pas vouloir les voir disparaître. Il n’avait pas envie de vivre dans un monde fade et sans vie. Il n’avait jamais voulu se sentir ainsi. Il n’y avait qu’avec Izan dans sa vie qu’il se sentait de nouveau entier. Même si leur relation était brisée à jamais, l’australien restait à jamais son point d’ancrage et sa présence le rendait infiniment heureux. Revoir l’amusement sur les traits du pianiste avait de quoi redorer sa journée et il ne put pas le contredire lorsqu’il lui mentionna qu’on ne pouvait comparer la guitare au piano. Dans les faits, il avait totalement raison. Ash n’avait cependant aucun doute que si Izan s’y mettait vraiment, il pourrait apprendre de manière autodidacte. Il était convaincu qu’il en avait le talent. ’’Deuxièmement, tes voisins vont rappliquer pour m’entendre jouer parce que j’suis carrément trop doué, sois pas mauvais comme ça.’’ Ah non, finalement Ash retira ce qu’il venait de penser. Il lui faudrait bien plus de patience qu’il n’en possédait pour faire quelque chose de lui. D’ailleurs, il le lui mentionna, quand même surpris que Izan montre un intérêt quelconque envers cet instrument. ’’Mes professeurs de piano ont presque tous fini en dépression, j’pense pas que ce soit judicieux que je réitère l’expérience pour la guitare. Ou avec quelqu’un de coriace.’’ Son corps se secoua d’un rire silencieux et Ash en fit de même. « oui, vraiment coriace… avec une armure sans faille parce que la bataille risque d’être rude…pour avoir à 100% ton attention. » Il connaissait bien (son) Izan. Il s’avérait quelqu’un d’incomparablement têtu et d’enfantin à la fois. Cela faisait de lui un élève difficile, mais il en valait tellement la peine. Ash eut un faible sourire à cette pensée. L’australien lui manquait tellement. Toutes les facettes de sa personnalité lui manquaient atrocement. Mais il ne lui dit rien de tout cela, parce qu’il n’en avait plus aucun droit. Il préféra lui poser des questions sur le petit chat noir. C’était bien plus simple ainsi. ’’Il a bien grandi, j’ai hésité à te l’amener mais… J’savais pas si tu voulais le voir.’’ lui dit-il, préférant regarder la guitare. « il me manque… » il parlait bien du chat, mais surtout d’Izan, même s’il ne pouvait pas le formuler à haute voix. « tu peux le dire qu’il est chiant… mais si tu le grattes à ce petit endroit en arrière de l’oreille, il se calme presque à chaque fois. » Ce n’était pas pour rien que Ash emmenait le chaton constamment avec lui partout où il allait. Il avait tellement d’énergie à dépenser et le fait qu’il était infiniment curieux faisait en sorte qu’il avait besoin d’être stimuler constamment. Ash eut de nouveau un petit sourire lorsqu’il mentionna qu’il rendait Luna dingue. « et Sol, lui? comment il va? » il se souvenait qu’à la base, il n’aimait pas trop le chat noir. « je t’aurais bien proposé la garde partagée, mais les chats sont si territoriaux…. je ne sais pas si Eclipse aurait apprécié…» et probablement qu’Izan n’aurait pas voulu le voir aussi souvent. « mais je te propose, si tu le veux bien sûr, de l’emmener parfois en balade lorsqu’il est trop…. plein d’énergie. » il avait dit cela en haussant les épaules, comme s’il s’agissait d’une proposition banale, mais juste l’espoir de revoir Izan même s’il s’agissait de quelques secondes réchauffait son cœur enfermé dans la glace. Ash avait vraiment envie de parler plus longtemps avec le pianiste, mais il ne savait pas de quel sujet ils avaient droit de parler. L’anglais hésita quelques secondes, mais décida de parler d’Helen. « j’espère que Helen et toi vous avez réussi à recoller les morceaux… » il l’avait dit d’un ton infiniment sincère. Malgré tout ce qui s’était passé, il espérait vraiment que ça aille mieux entre les deux. Ash n’avait jamais pu avoir de réponse et il n’avait pas osé écrire à Helen, pas après ce qui s’était passé lors du voyage à Malte.

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@Asher Thornhill • août 2024

« oui, vraiment coriace… avec une armure sans faille parce que la bataille risque d’être rude…pour avoir à 100% ton attention. » s’il ne peut pas contredire l’idée qu’il est un élève bien dissipé, ayant miraculeusement été béni par ses facultés d’apprentissage et son aisance naturelle au piano pour bâtir la carrière qui est la sienne, il se retient de dire « tu l’avais, toi, toute mon attention » puisque ce serait formuler un reproche cruel pour l’un comme pour l’autre. En tournant son menton sur le côté pour l’observer, il appuie le coin de ce dernier contre son propre bras, faisant ainsi disparaître la moitié de sa mâchoire et de sa bouche pendant qu’il se dit, tout bas, que c’était peut-être une mauvaise idée, tout ça, et qu’il aurait dû se contenter d’envoyer un simple sms pour prendre de ses nouvelles plutôt que de débarquer à l’improviste comme il l’a fait — comme d’habitude, il agit avant de réfléchir, sans jamais apprendre de ses erreurs. Puisque, dans les faits, il n’est pas sûr que sa présence soit véritablement bénéfique à celui dont l’état inquiète grandement Aubrey, car ils ont franchement l’air de deux idiots à essayer d’avoir une conversation banale alors que toute cette situation est un pur désastre. Ils ne font pas semblant, mais ils ne sont pas véritablement eux-mêmes non plus, obligés de se maintenir derrière une ligne qu’ils ne peuvent franchir : ce serait, pour l’un ou pour l’autre, un sacrifice bien trop grand, que même leur amour borné et passionné ne peut concevoir. Il a présentement mis sa rancoeur de côté, Izan, puisque les paroles d’Aubrey l’ont suffisamment ébranlé pour qu’il traverse la ville sans réfléchir, mais toutes les agitations soucieuses, toutes les larmes et toutes les mines tristes ne le feront pas flancher : il ne cédera pas, il ne compte pas renier le respect auquel il a droit et encore moins s’abaisser à revenir sur ce qu’il a proclamé lorsqu’ils étaient à Malte, même si cela implique de renoncer définitivement à leur idylle. Il ne fera pas machine arrière et, même sous l’auréole des lèvres qui l’attirent comme un aimant, il ne parvient pas à regretter d’être aussi têtu dans sa position : il sait, lui, qu’il a raison, et comme il n’admet aucune autre vérité que la sienne, il se fiche pas mal de savoir si l’opinion sociale le consacre légitime ou non. « il me manque… » Izan redresse sa nuque en pressant ses lèvres l’une contre l’autre d’un air désolé, bien qu’il ne sache pas vraiment quoi répondre à cela : de mémoire, c’est Ash lui-même qui lui a demandé de garder le chat, mais l’anglais semble avoir un penchant plutôt marqué pour les (mauvaises) décisions impulsives qu’il regrette ensuite ’’Tu veux le reprendre ?’’ il le demande sans espoir de se débarrasser d’Eclipse mais, il n’est pas assez égoïste pour oublier que le chat a passé plus de temps avec Ash qu’avec lui-même, et qu’il serait peut-être plus naturel qu’il soit chez lui - également, cela serait aussi tromper sa solitude, puisque la boule de poils est suffisamment énergique pour occuper tout l’espace à elle seule « tu peux le dire qu’il est chiant… mais si tu le grattes à ce petit endroit en arrière de l’oreille, il se calme presque à chaque fois. » n’est-ce pas la preuve que la place du chaton est dans l’appartement de Ash ? ’’Tu devrais le reprendre.’’ qu’il prononce comme une vérité absolue, sans reproche ni agressivité, énonçant simplement la réflexion qui s’impose même s’il sait par avance que l’intrépide félin lui manquera - mais il ne manquera pas aux deux autres, c’est clair « et Sol, lui? comment il va? » - ’’Fidèle à lui-même, il râle tout le temps.’’ haussant vaguement ses épaules, il effleure les cordes de la guitare avec indifférence, produisant un son bien trop faible pour véritablement gêner leur conversation « je t’aurais bien proposé la garde partagée, mais les chats sont si territoriaux…. je ne sais pas si Eclipse aurait apprécié… mais je te propose, si tu le veux bien sûr, de l’emmener parfois en balade lorsqu’il est trop…. plein d’énergie. » il passe une main sur son visage en prenant une fine inspiration, un peu pris au dépourvu par la proposition mais également décontenancé par l’idée de déménager le chat d’un appartement à l’autre trop souvent, n’ayant aucunement l’envie d’infliger autant de perturbations à l’animal qui n’a rien demandé, qui a été le symbole de leur union et qui incarne désormais leur déchirement ’’Je t’assure que tu peux le reprendre. Vous avez un lien fort, tous les deux… Je comprends. Il devrait être avec toi.’’ libérant la guitare en la remettant entre les mains de son interlocuteur, il appuie machinalement ses coudes sur ses genoux avant de laisser ses mains retomber dans le vide entre ses deux jambes, sans trop savoir où il doit poser les yeux désormais : dans le doute, il regarde ses propres poignets. « j’espère que Helen et toi vous avez réussi à recoller les morceaux… » il a un bref sourire suave lorsque sa meilleure amie est évoquée, et qui l’a sauvé lorsqu’il s’est retrouvé, à l’autre bout du monde, seul avec ses bric de colère, de douleur, de déception et de rabaissements. ’’Oui, tout va bien entre nous. Elle fréquente quelqu’un en ce moment… Un bordel sans nom, son mariage. Mais bon, elle est heureuse, c’est tout ce qui compte.’’ il hésite à rajouter « je crois », puisqu’il n’a pas condamné Helen lorsqu’elle lui a avoué entretenir une liaison : après l’infidélité de son époux, il juge qu’elle a le droit de se perdre dans les draps d’un autre, sans compter qu’elle est séparée de Sam - Sam qui délire complètement de son côté d’ailleurs, bref, quand il dit que leur mariage est un bordel pas possible, il ne plaisante pas. Mais joignant ses paumes l’une contre l’autre entre ses genoux pliés, Izan se croit contraint de lui retourner la question, et s’il joint suffisamment de sincérité pour ne pas que sa voix tremble de nervosité, l’on sent qu’il fait un effort de courtoisie qui lui coûte énormément ’’Et toi ? Avec Nate, je veux dire. J’espère que ça va comme tu veux.’’ décalant son menton pour soutenir son regard, il attend la réponse en n’essayant même plus de convier la colère à ce sujet : il sait que c’est un combat qu’il a perdu depuis bien longtemps, aussi, il ne fera pas l’effort de se battre. Qu’importe.

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Ash ne sait pas quoi répondre au pianiste lorsqu’il lui propose de reprendre Eclipse. Ce chat était censé être leur enfant à tous les deux. Il était étrange de se dire que cela n’arriverait plus jamais. Le pauvre petit chat noir se faisait transporté d’un endroit à l’autre sans avoir droit à son propre opinion. Il n’avait absolument rien demandé mise à part le fait d’être aimé inconditionnellement. L’anglais avait failli à son devoir de le protéger, mais sur le coup, il n’avait pas pu le garder. Il n’avait pas pu venir le chercher chez Izan. Le voir lui rappelait beaucoup trop ce dernier et même s’il souhaitait se punir à tout prix, la vue du chaton était beaucoup trop difficile à supporter pour lui. Eclipse s’était déjà habitué à son nouvel environnement et il avait déjà un frère et une sœur pour s’amuser et ce, même si Izan semblait dire que la cohabitation n’était pas parfaite. Mais la vérité, c’était que Ash n’avait pas les moyens de subvenir seul au besoin du chaton et même s’il souhaitait le reprendre, il lui serait difficile de même pouvoir lui payer sa nourriture. « je pense que tu es plus à même de subvenir à ses besoins. » lui dit finalement l’anglais après que Izan lui ait proposé par deux fois de reprendre le chat. Ash ne souhaitait que le bonheur du félin et ce n’était pas avec lui. Il se retint d’ajouter aussi que le fait que son cœur se remplirait de tristesse à chaque fois qu’il poserait son regard sur lui. Le guitariste eut cependant un petit sourire en coin lorsque Izan lui donna des nouvelles de Sol. « en effet, il n’a donc pas changé depuis la dernière fois que je l’ai vu…» Sa proposition d’amener Eclipse en balade lorsque ce dernier débordait trop d’énergie ne sembla pas plaire à Izan qui lui assura de nouveau qu’il pouvait reprendre le félin. Ash soupira, perdant de ce fait l’éclat qui avait naquit dans ses yeux quelques instants auparavant. « Je comprends. je te promets d’y réfléchir…» dit-il, simplement. Il ne pouvait pas prendre tout de suite de décision. Son esprit n’avait pas assez d’énergie pour en avoir la capacité.
L’australien vint déposer la guitare entre les mains d’Ash qui se mit à en jouer machinalement, sans trop savoir quelle mélodie interprétée. La conversation alla vers la relation que Izan entretenait avec Helen. La dernière fois qu’il avait parlé à cette dernière, c’était lors de son bref séjour à l’hôpital. Malgré sa propre souffrance, l’anglais avait bien vu la culpabilité dans chaque trait du visage de la jeune femme. Il avait fini par lui pardonner, même s’il ne lui avait jamais dit verbalement et il ne savait pas si un jour il lui parlerait de nouveau. Mais l’anglais savait que Helen comptait énormément pour Izan. Il espérait vraiment qu’ils se soient revus et qu’ils aient recollé les morceaux de leur propre histoire. ’’Oui, tout va bien entre nous. Elle fréquente quelqu’un en ce moment… Un bordel sans nom, son mariage. Mais bon, elle est heureuse, c’est tout ce qui compte.’’ lui dit-il. « oh, elle n’est plus avec Sam? » demanda Ash, mais il ne savait pas si Izan souhaitait lui en confier plus. Après tout, ce n’était en rien de ses affaires. « je suis heureux pour elle. Elle mérite le bonheur. » dit Ash, sincère. Il joua un peu encore de son instrument tandis que la conversation semblait s’éteindre quelque peu. Finalement, Izan reprit la parole. L’anglais fut surpris du calme dont faisait preuve le pianiste en lui retournant la question concernant Nathan. « je ne le vois plus du tout. je ne sais pas où il en est rendu. et honnêtement, je n’ai pas l’intention de le revoir.»  L’anglais n’espérait rien en lui disant cela. Il n’espérait pas que Izan change d’idée concernant leur relation. Ash avait encore pris trop de temps avant de comprendre ses priorités. L’australien aurait dû être la sienne dès le départ, mais il était beaucoup trop tard. Il le savait désormais. Il allait devoir vivre avec ces regrets pour le restant de ses jours. « je fais un piètre hôte. veux-tu quelque chose à boire? » demanda Ash, ne sachant plus trop quoi dire. « ou veux-tu que je te montre un peu les bases de la guitare? » Il ne souhaitait pas qu’il parte, alors l’anglais essayait par tous les moyens de le retenir, mais il se doutait bien que ses tentatives maladroites allaient finir par échouer.

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@Asher Thornhill • août 2024

Après le refus de reprendre Eclipse, Izan hausse simplement ses épaules pour toute réponse, n’ayant pas le désir d’écourter leurs négociations infructueuses concernant l’avenir du chat qui gambade présentement dans son appartement, mais ayant bien à l’esprit que le félin a eu besoin de quelques semaines pour se faire à son nouveau domicile, et qu’il serait franchement cruel de lui imposer d’incessants déménagements pour le confort de ceux qui ont, un jour, nourrit le projet de l’adopter ensemble. « Je comprends. je te promets d’y réfléchir… » dans lequel il ne fonde pas suffisamment d’espoir pour être optimiste, mais il ne compte pas pleurer sur son sort non plus ; ce chat, il l’aime autant que les deux autres, et il est quelque part soulagé d’entendre qu’il n’aura pas à s’en séparer - sauf si Asher change d’avis. ’’Tu me diras ce que tu veux faire.’’ qu’il prononce en lui rendant sa guitare, songeant qu’il faut bien arrêter de torturer ce pauvre instrument qui n’a rien demandé à personne, et qui s’exprime d’une façon bien plus poétique entre les mains de l’anglais, si bien que les gestes de maîtrise accrochent son regard pendant quelques secondes, comme s’il était hypnotisé par les caresses mélodiques qui s’échappent des cordes tremblantes, au point d’avoir besoin de quelques secondes avant de réagir lorsqu’il entend la question concernant Helen « oh, elle n’est plus avec Sam? » - ’’Non,’’ il secoue son menton de gauche à droite en détournant enfin les yeux, reportant ses iris sombres sur ses doigts pendus dans le vide ’’Non, ils sont séparés. Pas franchement étonnant…’’ qu’il rajoute en laissant son dos retomber contre le canapé, faisant glisser ses mains sur ses genoux puis sur ses cuisses, en ne sachant pas tellement comment poursuivre la conversation, sinon en lui retournant la question pour la personne qui se rapproche le plus du rôle que tient Helen dans sa vie, bien que la teneur de l’amitié évoquée entre les deux hommes soit franchement un sujet à débattre d’après lui « je ne le vois plus du tout. je ne sais pas où il en est rendu. et honnêtement, je n’ai pas l’intention de le revoir. » c'est une blague ? sa main gauche, qui pianotait sagement sur sa cuisse, s’immobilise malgré lui pendant quelques secondes sous la surprise que cette annonce lui administre, puisqu’après avoir entendu « qu’il ne pourrait pas renoncer à sa relation avec Nate » lorsqu’ils étaient à Malte, Izan a surtout l’impression que l’anglais le prend pour un con une nouvelle fois. Il est tenté, un bref instant, d’émettre un rire bien trop acide pour être sincère, puisque ce revirement drastique, il ne l’a pas vu venir et n’a même pas songé qu’il puisse être réalisable ; dommage qu’il survienne avec autant de retard, pense-t-il sans se l’avouer. Puisque, dans les faits, le pianiste ne s’autorise à pas se réjouir outre mesure de cette nouvelle, la trouvant surtout cruellement ironique au milieu de leur histoire piétinée, puisqu’ils n’en seraient certainement pas là si Asher avait fait les bons choix - du moins, selon sa propre conception des choses. Il prend alors une fine inspiration en recommençant à tapoter ses doigts sur sa jambe, décidant finalement de rompre son silence par un ’’Désolé pour toi.’’ qui n’a rien d’amer, mais qui n’est pas franchement affable non plus : qu’on se le dise, s’il fait des efforts pour être moins égoïste, il n’a pas encore atteint la bonté d’âme suffisante pour verser une larme concernant leur amitié disloquée « je fais un piètre hôte. veux-tu quelque chose à boire? » les lèvres pincées, il tourne son menton vers Ash afin de le regarder lorsqu’il décline la proposition par un bref hochement négatif du visage, se murmurant l’idée qu’il est peut-être temps de partir, maintenant qu’il a pu s’assurer de l’état de son ex-compagnon « ou veux-tu que je te montre un peu les bases de la guitare? » dans le fond, il n’en a pas vraiment envie, Izan, ayant donné suffisamment de sa personne à un instrument pour ne pas s’engager avec un autre mais, il y a quelque chose, dans la voix et le regard de son hôte, qui le pousse à répondre un ’’Si tu veux…’’ qu’il prononce en décollant son dos du canapé pour le courber, se tournant davantage vers le guitariste. ’’Mais tu te rappelles que je ne suis pas un élève facile ?’’ juste pour être certain que Ash sait dans quoi il s’engage avec lui.

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Bien qu’il avait répondu par le biais d’une question, l’anglais n’était pas tellement surpris que Helen ne soit plus avec Sam. La dernière fois qu’il l’avait vu et lui avait parlé, elle lui avait appris qu’il l’avait trompé, mais désormais, grâce à Izan il en savait plus. Ash n’était pas du genre à quérir les informations chez les autres, alors il se promit d’écrire directement à la jeune femme pour savoir comment elle allait réellement. Après tout, elle lui avait été d’une précieuse aide dans la gestion de sa colère envers Izan et elle. Ash s’en voulait encore d’avoir été si… venimeux envers Helen, alors qu’elle avait essayé de s’excuser et de s’expliquer à de nombreuses reprises. L’anglais s’inquiétait réellement pour sa personne, bien qu’il la connaisse très peu. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils auraient fait de bons amis en d’autres circonstances. Et bien qu’il ne voulait pas ressentir ses propres émotions, il se souciait bien trop de celles des autres. « non, ce n’est pas étonnant. » L’anglais fut pensif durant quelques secondes et le sujet alla vers un terrain glissant et dangereux; le meilleur ami qui n’en était probablement plus un à l’heure actuelle. Ash répondit avec la seule vérité qu’il connaissait, mais la réponse semblait sortir d’une boîte à surprise. Pour lui, la réflexion pour s’y rendre avait été faite il y a de cela quelques semaines lorsqu’il en avait parlé avec sa sœur lors de cette fameuse soirée karaoké. Il n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet avec Izan. Le fait d’avoir pris la décision de rayer Nate de sa vie lui était déjà pénible, il n’avait pas envie de se justifier. De toute façon, cela n’allait mener à rien. Il était trop tard pour leur couple et c’était entièrement de sa faute. Ash se souciait bien trop des autres. Cela pouvait être une merveilleuse qualité, mais lorsqu’elle n’était pas dirigée vers la bonne personne, cela pouvait s’avérer destructeur. ’’Désolé pour toi.’’ Ash ne fit qu'acquiescer et poussa un léger soupir, avant de se dire qu’il fallait bien qu’il agisse en hôte digne de ce nom et proposa donc quelque chose à boire à l’australien. Celui-ci répondit par la négative. Ash ne le vit cependant pas  comme un échec et lui proposa plutôt s’il désirait qu’il lui enseigne les bases de la guitare. ’’Si tu veux… Mais tu te rappelles que je ne suis pas un élève facile ?’’ Ash lui fit un petit sourire. « tu sais que j’enseigne à des jeunes… qui sont très dispersés et je te rappelle que je te connais assez pour savoir comme tu es… » Il se promit d’acheter des bonbons la prochaine fois qu’il irait faire des courses. Si les leçons se poursuivaient, il fallait bien que Izan ait une récompense. Il eut un nouveau petit sourire à cette réflexion qui lui faisait le plus grand bien. « okay, lève toi. assis sur le canapé comme ça, ça ne va pas le faire.» lui dit Ash qui s’assura ensuite que sa guitare acoustique était bien accordée avant de la remettre entre les mains du pianiste. Il alla chercher un tabouret et fit signe à l’australien de s'asseoir dessus. « je sais que tu es ambidextre, ça va être quand même plus facile de te montrer comme ça vu que je suis droitier. » Ash s’était mis en mode « professeur » parce qu’il était assez difficile d’être proche d’Izan sans vouloir respirer son odeur à tout prix. Il allait essayer de le toucher le moins possible parce qu’il ne saurait pas s’il pourrait le lâcher par la suite. Il se concentra donc sur son rôle de professeur du mieux qu’il le pouvait. Il lui expliqua tout d’abord les différentes parties de l’instrument et l’ordre des cordes ainsi que les différentes notes. « ça va? » demanda Ash après quelques instants. « Attends, tu dois mettre ta main plutôt comme ça. » lui dit-il en venant la prendre délicatement pour bien placer ses doigts sur le manche. Il était dos à Izan et après avoir touché à sa peau, il n’avait qu’une envie, le prendre dans ses bras, mais il n’en fit rien. Il ne pouvait pas, il ne pouvait plus, mais il était terriblement difficile de résister.

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@Asher Thornhill • août 2024

Bien qu’il s’efforce d’ignorer la sensation qui s’impose, il a bien l’impression de faire une belle connerie en prolongeant le temps passé aux côtés de son ex-compagnon, puisqu’il lui faut conjurer toute sa retenue et sa lucidité pour ne pas se laisser envahir par l’attrait de sa peau qu’il sait douce, de son odeur qu’il aime tant respirer, de son corps si proche du sien… Il creuse dans son ventre en prenant une fine inspiration qu’il espère suffisamment berçante pour disperser ses pensées devenues aussi suaves que sensuelles, sans chercher à confronter son regard à celui de l’anglais, craignant de s’y noyer et de ne pas avoir suffisamment de volonté pour remonter à la surface. « okay, lève toi. assis sur le canapé comme ça, ça ne va pas le faire. » pressant ses lèvres l’une contre l’autre en levant le menton vers le guitariste, il passe ses paumes contre ses genoux avant d’obéir, ayant l’air vraiment penaud avec sa guitare entre les mains ; de toute évidence, il ne sait pas quoi en faire et il est dépassé par le propre choix qu’il a fait. Mais il est trop entêté pour le reconnaître, Izan, alors il prend place sur le tabouret en faisant rouler ses yeux sur le décor devant lui, se demandant s’il ne devrait pas prétexter une urgence incongrue pour fuir la situation qu’il ne contrôle plus vraiment, puisqu’il est expert en la matière, le fugitif récidiviste « je sais que tu es ambidextre, ça va être quand même plus facile de te montrer comme ça vu que je suis droitier. » - ’’J’utilise plus la main gauche.’’ qu’il précise sans trop savoir si cela a de l’importance ou non, en baissant les yeux sur les différentes parties de l’instrument, mises en évidence par les connaissances de son professeur, dont la proximité lui est aussi douloureuse que salvatrice ; Asher lui manque tellement qu’il trouve un certain apaisement dans le rapprochement de leurs corps, mais il ne le juge pas assez près, encore, et c’est peut-être encore plus cruel que la coupure nette qu’ils avaient entretenu jusqu’ici. Et si son esprit s’évertue à maintenir le calme comme mot d’ordre, son corps, lui, réagit en parsemant ses épaules de quelques frissons qui lui font discrètement remuer les doigts, comme s’il essayait de les libérer des caresses qu’ils voudraient dispenser, mais dont il retient l’élan en essayant de se raisonner : leur histoire est terminée, et effleurer les contours d’un corps qui ne lui appartiendra plus jamais ne lui sera d’aucun réconfort n’est-ce pas « ça va? » non ’’Oui, ça va.’’ qu’il affirme avant de mordre le coeur de sa lèvre inférieure, ses yeux se baissant sur leurs mains qui se croisent avec délicatesse, leurs peaux qui se froissent l’une contre l’autre en lui faisant retenir sa respiration pendant quelques secondes, sans que ses doigts ne réagissent une fois de nouveau seuls. Il s’en fiche de la guitare, elle l’intéresse beaucoup moins que l’homme auquel elle appartient, et vers lequel il lève des yeux qui trahissent des sentiments qui courent toujours autour de son coeur, et qui vagabondent autour de ses iris en semblant crier un amour dont il ne parvient pas à se défaire, étant bien trop désespérément amoureux de lui pour songer à l’oublier. ’’Et maintenant ?’’ il le demande en plongeant ses yeux dans les siens - s’il a réussi à capter son regard, en espérant que ses mains reviennent le toucher, qu’il se rapproche de nouveau de lui, suffisamment près pour qu’il puisse sentir l’odeur de sa peau, les notes sucrées qui s'échappent de ses cheveux, dans une gourmandise frustrante qui est un véritable supplice mais, au moins, pendant quelques seconds, pendant un bref instant aussi électrisant que la foudre tombée au milieu d'un champ, ils sont ensemble.

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@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Ash faisait preuve de beaucoup de retenue parce qu’il savait qu’il n’avait pas le choix. Leur histoire s’était terminée au moment où Izan lui avait rendu l’anneau de promesse. À partir de ce moment, pour l’anglais, il n’y avait plus eu aucun espoir de retour en arrière. Mais cela ne l’avait pas empêché de penser au pianiste à tous les jours depuis qu’ils s’étaient officiellement séparés pour de bon. Lorsqu’il fermait les yeux, son esprit allait tout de suite vers Izan. Lorsqu’il dormait, ses songes le ramenaient toujours vers lui. Le fait qu’il soit présent dans son minuscule studio était pour lui une certaine forme de torture. Il ne pouvait ni le toucher, ni prendre trop de temps pour respirer son odeur. Il avait l’impression qu’il était dans le péché. Il n’avait plus aucun droit sur Izan, même si tout son corps souhaitait se l’approprier de nouveau. Il donnerait n’importe quoi pour pouvoir à nouveau le prendre dans ses bras et surtout, l’embrasser. Ses lèvres lui manquaient tellement, la douceur de sa peau et surtout de ses mains sur son corps. Non, il fallait qu’il cesse d’y penser. Il n’avait même pas le droit de s’autoriser à y penser. Alors Ash se concentrait de toutes ses forces sur la leçon, essayant de sourire lorsque, juste pour le contredire, Izan lui mentionna qu’il utilisait majoritairement sa main gauche. Dans d’autres circonstances, le guitariste n’aurait pas fait de cas et aurait simplement changé la guitare de côté, mais en sa présence, il n’était plus en mesure de se concentrer à 100%. À un certain moment, il lui demanda si ça allait, ce à quoi l’australien lui répondit par l’affirmative.  ’’Et maintenant ?’’ demanda le pianiste en plongeant son regard dans celui de Ash qui n’eut pas d’autres choix que de s’y perdre sans aucune retenue. L’attraction qu’il y avait entre leurs regards lui fit perdre durant plusieurs secondes la notion du temps. Soudainement, ils n’étaient plus tous les deux dans le minuscule studio de Ash, l’endroit même de leur première rupture. Il n’étaient peut-être même plus sur Terre ou bien, ils étaient de nouveau au sommet de la grande roue? Ils étaient surtout à des années lumières de toute leur souffrance et de leur tristesse. Il ne restait plus que deux êtres qui s’aimaient et qui allaient s’aimer pour toujours. Ash pouvait se perdre dans ce regard qu’il aimait tant, il pouvait y passer des heures sans vouloir le quitter. Ses propres sentiments revinrent à la surface l’envahissant et lui procurant des frissons qu’il n’était pas possible de percevoir sur sa peau. Tout se passait à l’intérieur. Mais sans le vouloir le corps de Ash s’était rapproché de celui du pianiste, son visage tout près du sien. Ils étaient à nouveau connectés et l’anglais n’eut qu’une seule envie, s’accrocher de nouveau à lui, pleinement et entièrement.

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@Asher Thornhill • août 2024

Et maintenant, qui n’obtient pas de réponse verbale mais qui se dessine par leurs regards suspendus l’un à l’autre, dans une contemplation silencieuse dont ils se savent prisonniers, puisque même si leurs yeux sont bien trop bavards, distillant des mots qui ne peuvent franchir la barrière de leurs lèvres, ils ne pourront pas réaliser leurs volontés suaves qui colportent quelques frissons alanguis. D’instinct, Izan sait qu’il lui faut décamper avant que sa raison le délaisse comme la méfiance qui semble s’être évanouie, puisqu’il voit bien, lui, cette étincelle de convoitise qui s’établit entre eux, si évidente, si naturelle, si appuyée qu’elle ne se laisse nullement éteindre par la retenue dont ils doivent pourtant faire preuve, si bien que lorsque l’anglais se rapproche, réduisant dangereusement l’espace déjà faible entre leurs deux corps qui s’appellent et se cherchent, il ne trouve pas la détermination suffisante pour ne pas en faire de même, levant son menton vers le (son) guitariste en oubliant jusqu’à l’objet qu’il tient toujours entre ses mains. Ce n’est pas le bois de l’instrument qu’il veut effleurer de ses doigts, c’est sa peau, chaque recoin de son épiderme, chaque grain de beauté qui traverse la galaxie de son corps, chaque petite fêlure à peine perceptible à l’oeil nu, chaque cicatrice fondue à même le tissu laiteux qu’il a tant embrassé, sans se lasser, et dont il réclame encore ardemment le contact aujourd’hui ; c’est un cri du coeur, un hurlement de la chair qui, au plus profond d’elle-même, n’a pas oublié les étreintes amoureuses qu’ils ont partagé. Et comment le pourrait-il ? Mais si une alarme se met à sonner, quelque part dans ses pensées bousculées, le pianiste se laisse emporter par cette sensation grisante, cette ivresse passionnelle qui les lie l’un à l’autre sans qu’il ne puisse rompre cette connexion de l’âme, malgré tout le mal qu’ils se sont fait. Il devrait parler, il le sait, il sent même que sa langue hésite à formuler un mot ou deux mais, il sait aussi que cela briserait la bulle de quiétude qui s’est mystérieusement créée, et qui leur permet de s’évader de la réalité ayant actée leur dernière séparation ; pendant ces myriades de secondes différées, dans ce monde intérieur qui n’appartient qu’à eux, la douleur, les mensonges et les trahisons ont disparu, ne laissant que l’amour sincère, malgré tout préservé, qu’ils ont l’un pour l’autre. Mais il s’enflamme, ce monde intérieur, puisque leurs souffles se mélangent tant ils ont rapproché leurs visages, faisant galoper son coeur avec fureur lorsque le bout de leurs nez s’effleurent et que leurs lèvres se frôlent dans un cruel ballet aérien, attisant l’appétit de leur amour affamé sans l’assouvir puisque, il ne cède pas, Izan. Toute la cruauté de la situation lui revient en mémoire comme si la gardienne de sa rancoeur avait ravivé les raisons du manque provoqué par leur rupture, et c’est en papillonnant des cils qu’il se recule, comme si ses yeux pouvaient balayer la brume amoureuse qui l’empêchait de rester lucide ’’Je ferais mieux d’y aller…’’ qu’il commence à dire en redressant la guitare pour la tendre vers Asher, en tâchant de ne pas soutenir son regard puisque, il le sait, son coeur est un traitre : il ne peut pas lui faire confiance pour résister aux charmes de l’homme qu’il aime.

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how strange to dream of you even when I am wide awake.

@Izan Da Silva   ☀ août 2024

Il ne savait pas combien de temps ils étaient restés là à se perdre dans le regard l’un de l’autre. Ash ne désirait plus qu’une chose, venir déposer ses lèvres sur celles du (son) pianiste. Son cœur avait recommencé à battre dans sa poitrine, lui redonnant la vie du même coup. S’il avait pu avoir conscience de ce qui l’entourait, il aurait pu remarquer que la couleur et toute la lumière étaient revenues, chassant les ombres et la douleur. Pendant ce laps de temps où ils étaient de retour dans leur bulle, Ash avait la sensation de ne plus vivre dans un monde terne et sans vie. Lorsqu’il était en présence de son pianiste, qu’il pouvait effleurer ses lèvres, sa peau,  il redevenait le Ash d’avant, solaire, celui qui pouvait éclairer des pièces entières grâce à son sourire. Cette partie de lui-même lui manquait atrocement. L’anglais n’y avait pas porté attention, mais sa respiration s’était accélérée. L’air entrait de nouveau dans ses poumons et il n’avait plus cette sensation d'oppression au niveau du thorax. Izan lui redonnait vie grâce à sa présence, mais également grâce à l’attention qu’il lui portait simplement en plongeant son regard dans le sien. À présent, ils étaient proches, beaucoup trop près l’un de l’autre qu’il était étonnant que leurs lèvres ne s’étaient pas accrochées l’une à l’autre dans une étreinte passionnée que Ash n’aurait jamais pu défaire. Mais il ne pouvait pas faire le premier pas. Il ne pouvait pas s’y résigner, puisque dans son cœur, il sentait qu’il ne le méritait pas. Toucher au soleil sans s’y brûler. Mais Izan prit la décision pour les deux. Ash eut conscience du moment précis où la réalité avait frappé de plein fouet le pianiste. Soudainement, ils n’étaient plus connectés. Leurs âmes s’étaient de nouveau séparées et le monde de l’anglais redevint inerte, sans vie. Un désert d’émotions qu’il n’aurait jamais dû quitter l’espace de plusieurs secondes.  ’’Je ferais mieux d’y aller…’’ L’australien se redressa et lui rendit sa guitare. Son regard ne croisait déjà plus le sien. La pression était de retour sur la poitrine de Ash, l’écrasant à nouveau. Son souffle fut de nouveau coupé et il le regarda partir sans rien faire, et surtout sans rien dire. L’anglais aurait tant voulu partir à sa poursuite, mais il ne le fit pas. Il ne le méritait pas, il ne le méritait plus. Il se sentait vide de nouveau, comme si on lui avait de nouveau arraché le coeur. L'anglais pris de nouveau place sur son canapé, ne sachant plus trop où il en était. Il se demandait même s'il avait rêvé de tout cela, comme si tout ce qui venait de se dérouler n'était pas réel. Mais il y avait bien quelque chose qui l'était malgré tout. Une petit étincelle d'espoir était apparue dans son esprit malgré la tempête. Et il aurait du mal à l'éteindre. Parce que son amour pour Izan était bien réel et il n'avait pas jamais été qu'une illusion.

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