Have the time of your life
@Ruben Hartfield  ☆ crédit/hstyles_dwd

Le dispensaire était jusqu'à présent un lieu de repos. Dans le sens ou la jeune femme avait trouvé un havre de paix dans cet endroit qui jadis lui avait apporté également beaucoup de malheur. Enfin pas vraiment le dispensaire, mais l'hôpital dans son intégralité. Elle avait décidé de ne plus s'en méfier, de pouvoir enfin prendre le dessus sur cette peur irrationnelle. Olive, elle voulait donner de son temps et c'était tout. Même si les premiers jours avaient été difficiles, elle s'en sortait de mieux en mieux, prenant doucement ses marques dans ce grand espace. Reprenant peu à peu goût à ce qu'elle avait décidé de laisser de côté pendant toutes ces années sans la lourde charge mentale du métier. Cela devenant plus un passe-temps qu'une contrainte finalement. Alors aujourd'hui n'était pas si différent, ce n'était qu'un jour de plus en tant que bénévole du dispensaire. Olive prenait son rôle très à cœur et faisait tout son possible pour être auprès des patients. Quelque prise de tensions, quelque prise de sang, rien qui n'était au dessus de ses capacités et ça lui convenait parfaitement. De cette façon, Olive Sterling ne pouvait pas prendre de mauvaise décision. Elle ne pouvait pas se faire réprimander parce qu'elle mettait la vie du patient en danger pour une erreur de diagnostic. Olive était libre de ses mouvements c'était le meilleur plan possible. Bien sûr cela ne pourrait durer aussi longtemps, mais en attendant c'était suffisant.

« Olive, je vais avoir besoin de toi. » La brune se précipita vers l'infirmière à sa droite qui semblait être dans tous ses états. « J'ai absolument besoin que tu me bip le Docteur Hartfield, maintenant. » Le ton de l'infirmière était pressant et ferme. Suffisamment pour qu'Olive ne pose aucune question et se précipite sur le biper pour faire appel au neurochirurgien. Olive n'était pas forcément ravie que son nom puisse tout d'un coup être le premier sur la liste, mais elle savait aussi qu'il était le meilleur dans son domaine et que si sa collègue était si préoccupée à l'idée qu'il fasse vite, ce n'était pas pour rien. « C'est fait, il ne devrait pas tarder. Besoin d'aide ? » Elle espérait bien que non, mais elle ne pouvait se retirer sans avoir poser la question. L'infirmière lui fit signe de la tête de venir aussi vite que possible jusqu'à un espace où était un jeune homme. A vu d’œil, il ne devait pas avoir plus de quinze ans, elle n'eut pas le temps de consulter la fiche du jeune patient que sa collègue la pressait déjà près de lui. « Garde un œil sur le moniteur, je reviens tout de suite. » Olive hocha la tête se sentant tout d'un coup prise dans un piège. Elle posa ses yeux sur le moniteur attendant que quelqu'un lui vienne en secours.

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@olive sterling

lieu: st vincent's hospital, toowong.
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***
Ruben fronça quelque peu les sourcils lorsqu’il vit l’endroit où il était attendu - de manière urgente, apparemment. L’un de ses collègues passa à ses côtés. « Pourquoi tu fronces les sourcils comme ça ? » Il releva son visage, haussant quelque peu les épaules, rangeant son téléphone dans la poche de sa blouse alors qu’il annotait les dernières informations sur le dossier qu'il avait d’ouvert sous le nez. « On me demande pour une consultation au dispensaire. Je suis juste étonné, je savais pas que c’était moi d’astreinte pour les consultations. » Mais étant donné qu’il prenait tout le boulot qu’il lui était possible d’avoir ces derniers temps, ce n’était pas sur cette partie là qu’il allait rechigner. Il jeta un dernier coup d’oeil à son collègue. « Tu m’appelles si le patient de la trois revient de son examen entre temps ? » Ce n’était pas urgent: il adorait avoir la main mise sur toutes les situations, surtout.

Et ce qu’il n’avait pu anticiper et donc maitriser pleinement, ce fut l’expression de son visage lorsqu’il arriva là où il était attendu au dispensaire, et que la première personne sur qui son regard tomba fut un visage qui lui était familier - il n’arrivait cependant pas à replacer pourquoi c’était le cas, ni à associer un prénom dans les premières secondes où il fut présent sur place. Plongeant ses mains dans les poches de sa blouse, il s’avança vers le lit qui lui avait été indiqué. « C’est toi qui m’as fait descendre ? » Sa voix était relativement calme et posée pour le moment, alors qu’il tournait la tête vers le jeune patient qui était installé dans le lit et qu’il se penchait pour attraper le dossier qui était posé à côté sur la table de nuit. Se remettant droit, il posa son regard sur le jeune patient allongé sur le brancard, à qui il dédaigna un petit sourire. « Bonjour. Docteur Hartfield, neurochirurgien. » Il n’aimait pas arriver et se présenter sans savoir pourquoi il était dans les parages, mais étant donné qu’il n’avait pas accès aux dossiers du dispensaire depuis son serveur habituel il n’avait pas pu faire son curieux et se renseigner en descendant jusqu’ici; son regard se porta de nouveau alors sur la jeune femme à ses côtés, qui semblait être responsable de ce patient. « Un petit résumé ? » Il n’avait pas besoin de grand chose, mais au moins des grandes lignes pour qu’il puisse savoir dans quelle direction ils s’en allaient tous et surtout dans quelles eaux il s’apprêtait à nager.

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La brune, elle perdait clairement pied face à cette situation. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas été dans le vif du sujet. Elle était angoissée, à la limite de faire demi-tour. Mais son besoin de faire les choses convenablement pour le patient prenait le dessus, aussi bien qu'elle misa sur l'opportunité de sauver une vie que celle de se décomposer. Après tout, Olive avait décidé de devenir bénévole au dispensaire, cette fois personne ne lui avait forcé la main. Alors elle devait s'accrocher, prouver qu'elle était digne de faire plus et qu'elle n'avait pas été totalement lâche en abandonnant ses études. L'infirmière ne revenait toujours pas, mais rapidement, ce fut le soulagement qui se dessina sur ses traits alors que le docteur Hartidield pénétrait dans le dispensaire. « C’est toi qui m’as fait descendre ? » Olive avala bruyament sa salive en fixant son regard dans celui du neurochirurgien. « Oui, enfin pas vraiment. » Olive secoua la tête pour reprendre contenance. « L'infirmière Harper m'a demandé de vous joindre. » Elle n'avait fait que respecter la volonté de cette dernière et cela sans poser la moindre question. Peut-être qu'elle aurait dû finalement car le jeune homme semblait dans l'attente de quelque chose de plus. « Bonjour. Docteur Hartfield, neurochirurgien. » Olive remercia rapidement l'univers de détourner l'attention de sa personne pour que le médecin se concentre sur son nouveau patient. Elle aurait aimé pouvoir tourner les talons et retourner dans le réconfort de son aide partielle auprès des autres patients. « Un petit résumé ? » L'Australienne se décomposa en s'apercevant que le brun venait de reporter son attention sur elle. Le problème, c'est qu'elle n'avait aucune idée de la réponse à apporter. Aucune idée de ce qu'elle pourrait bien lui pondre comme histoire cohérente. Elle-même n'était qu'un renfort pour ce patient. « Je suis désolée, je ne sais pas. » Olive était bénévole et non-plus interne. Peut-être que mécaniquement elle aurait dû prendre le temps de consulter le dossier du patient mais tout avait été trop rapide pour elle. Il était clair qu'elle ne voulait plus s'enfoncer dans ce qu'elle avait quitté quelques années plus tôt, et pour une bonne raison. « Vous voulez peut-être que je trouve l'infirmière ? » Oui, c'était sûrement la meilleure idée qu'il soit. Au moins, elle ne trainerait dans les pattes de personnes ainsi. « Ou peut-être d'autre chose, dites-moi. » Au cas où elle pourrait un minimum rendre service, même si elle avait plutôt hâte de se faire expédier d'un geste. L'habitude d'avoir été malmené par les titulaires pendant un long moment. Le stress la mettait mal à l'aise, la rendait trop bavarde, il fallait qu'elle s'occupe l'esprit et vite. « Ou peut-être que je peux disparaitre aussi, pardon. » Tout simplement disparaitre, oui.

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« Oui, enfin pas vraiment. » Il fronça quelque peu les sourcils. « L'infirmière Harper m'a demandé de vous joindre. » - « Ah, d’accord. » Il la connaissait, puisque ce n’était pas la première fois qu'il était appelé ici et qu’il avait à dépendre de ce qu’elle avait besoin; d’ordinaire cependant il était davantage habitué à avoir un but précis une fois sur place, plutôt que d’être laissé dans le flou de la sorte.

Raison pour laquelle dès que l’occasion lui fut présentée, une fois qu’il se présenta au patient en question, il se tourna de nouveau vers la jeune femme pour savoir de quoi il en ressortait aujourd’hui. « Je suis désolée, je ne sais pas. » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté, l’air de dire come on. « Vous voulez peut-être que je trouve l'infirmière ? Ou peut-être d'autre chose, dites-moi. Ou peut-être que je peux disparaitre aussi, pardon. » Gardant les sourcils froncés un instant, laissant son regard passer d’un oeil à l’autre d’Olive, Ben finit par se tourner vers le patient avec un petit sourire de circonstance. « Je suis à vous dans quelques minutes, appuyez sur le bouton rouge si vous avez besoin de quelque-chose. » Lui glissant la sonnette dans la main, il finit par se tourner vers Olive en lui indiquant d’un mouvement de tête de le suivre un peu plus loin: ce n’était pas la peine d’avoir ce genre de discussion devant un patient.

S’arrêtant après quelques pas dans le couloir, il fit demi-tour sur ses talons pour lui faire face, croisant les bras sur son torse, un air un brin perdu accroché à son visage. Il laissa encore une seconde le silence perdurer avant de prendre la parole. « Tu sais que t’es pas obligée de me vouvoyer, hein. » Il haussa quelque peu un sourcil. « Je veux dire: la hiérarchie, et tout le reste, mais quand même Olive tu vas pas commencer à le faire maintenant alors que tu l’as jamais fait avant et que surtout t’as pas besoin de le faire. » Détrompez vous: il adorait les marques de respect de la sorte - mais il n’en avait pas besoin avec les personnes qu’il considérait comme sa famille. Et officiellement, c’était qu’elle était: de la famille. Et puis il y avait surtout un autre point qui le faisait tiquer dans la situation qu’ils avaient sous les yeux: « Et qu’est-ce que tu fais là, du coup, aussi ? » Parce-qu’aux dernières nouvelles, elle n’arpentait plus les couloirs de l’établissement, ayant laissé de côté ses études en cours de route - alors que faisait-elle au dispensaire ? Cela faisait quelques temps qu’ils ne s’étaient pas croisés, et puisque Nina évitait Ruben comme la peste - les Sterling n’étaient pas au courant pour le moment, c’était mieux ainsi -, il n’était plus tenu au courant des aléas de la vie de la plus jeune de la fratrie.

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Peut-être que finalement c'est pour une bonne raison qu'Olive n'a pas continué ses études de médecine, parce que trop rapidement elle panique et ne sait comment agir face à ces personnes plus expérimentés, plus chevronnés. Elle a toujours rêvé d'être comme eux, d'être cette femme forte qui n'a peur de rien, mais ce n'est pas le cas, et ça ne le sera sûrement jamais. Alors outre le fait d'avoir été malmené par une résidente en particulier, Olive avait finalement fait le bon choix en laissant de côté ses études de médecine. « Ah, d’accord. » Autrement dit, elle n'avait plus besoin de trainer dans les pattes du neurochirurgien, et elle ferait mieux de déguerpir avant que le pire ne se pointe. Ce qui lui va bien dans le fond.

« Je suis à vous dans quelques minutes, appuyez sur le bouton rouge si vous avez besoin de quelque-chose. » Olive s'attendait à être congédier comme une vieille chaussette, que ce soit de la part du médecin ou de quelqu'un d'autre finalement. Ce qui dans un sens était peut-être le mieux, en tout cas, ça lui allait parfaitement. Mais ce ne fut malheureusement pas tout de suite le cas, à la place, elle suivit le chirurgien à l'écart du patient. Prenant une mine désolée, Olive attendit la sentence. « Tu sais que t’es pas obligée de me vouvoyer, hein. » Olive soupira. « Ah, euh oui pardon. » Parce que Ruben n'était pas que le gendre de la famille, non, il avait été aussi son supérieur pendant un tout petit temps. Alors elle avait pris l'habitude du vouvoiement en étant à l'hôpital et elle gardait ainsi cette mauvaise habitude. « Je veux dire: la hiérarchie, et tout le reste, mais quand même Olive tu vas pas commencer à le faire maintenant alors que tu l’as jamais fait avant et que surtout t’as pas besoin de le faire. » - « J'ai pas réfléchie sur le coup, je t'avoue que c'est pas toujours évident de comprendre la nuance entre tout ça. » Est-ce qu'elle doit se comporter telle qu'elle est réellement ? Est-ce qu'elle doit faire attention à ce qu'elle dit, à ce qu'elle fait ? Elle reste sur ses gardes Olive, c'est plus fort qu'elle en tout cas. « Et qu’est-ce que tu fais là, du coup, aussi ? » Olive fit une grimace. « J'avais un peu de temps à donner, alors j'pensais que le dispensaire serait un bon endroit pour ça. » Mais finalement, elle n'était plus certaine de rien. « Ça me manquait d'aider les autres. » Altruiste jusqu'au bout Olive. « Je pensais que tu étais au courant à vrai dire. » Parce que ce n'était pas un secret pour ses proches en tout cas, du moins, elle l'avait sûrement dit à Nina au détour d'une conversation banale. Elle était étonnée que cela surprenne le neurochirurgien plus que de raison.

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Lui qui pensait être descendu au dispensaire pour une consultation se retrouvait à croiser chemins avec sa belle-soeur - pas que ce n’était pas plaisant, mais simplement qu’il aurait pu se passer de croiser les Sterling ces derniers temps. Et par dessus tout: elle qui n’était pas au courant de tout ce qui pouvait se tramer entre lui et sa soeur, et c’était le mieux pour le moment - maintenant, Ruben n’était pas dupe et savait que ce n’était qu’une question de temps avant que cela n’arrive. Etant donné qu’Olive n’avait pas fait mine de lui arracher les yeux de la tête quand il avait passé cette dernière derrière le rideau du dispensait où elle se trouvait, il prenait pour acquis que pour le moment elle ne faisait pas encore partie de ceux qui connaissaient l’envers du décor. Ce qui, pour le coup, n’expliquait l’attitude qu’elle avait à son égard ici. « Ah, euh oui pardon. » Penchant quelque peu la tête sur le côté, il fronça les sourcils. « J'ai pas réfléchis sur le coup, je t'avoue que c'est pas toujours évident de comprendre la nuance entre tout ça. » Il eut un instant de silence, tant il se trouvait être quelque peu désarçonné de son côté par ce concept là; et surtout qu’il avait de son côté rapidement eu l’habitude d’être plutôt familier et à l’aise avec la plupart de ses supérieurs hiérarchiques. « C’est pas plus compliqué que tu bosses plus ici donc t’as pas besoin de faire des courbettes quand tu me croises, Olive, on fait nos diners de Noël ensemble je te rappelle. »

Et apparement, ce n’était pas la seule chose qu’ils faisaient puisqu’ils allaient devoir travailler ensemble aujourd’hui - ce qui ne faisait pas énormément de sens aux yeux de Ruben, tant la jeune femme était supposée avoir quitté les locaux depuis un bout de temps désormais, se comptant en mois voire en années. « J'avais un peu de temps à donner, alors j'pensais que le dispensaire serait un bon endroit pour ça. » - « Oh. » La surprise était de mise, tant il ne s’attendait pas à cette réponse là. « C’est un bon endroit, oui. Tu sais aussi bien que moi que ça manque de coup de main ici la moitié du temps. » L’une des raisons pour lesquelles les chirurgiens en étaient à faire des consultations entre deux opérations dans le bâtiment d’à côté. « Je pensais que tu étais au courant à vrai dire. » Aoutch, touché. Heureusement qu’il était devenu habitué de ce type de remarque et qu’il savait manier l’art de ne rien paraitre plutôt aisément. « J’ai du manger l’information. » Après tout, Nina et lui se devaient d’avoir mille et une autres informations à se partager, non ? N’était-ce pas de cette manière là que les couples fraichement mariés fonctionnaient d’ordinaire, en ayant plein d’autres informations à débattre ? « Tu vas rester combien de temps ici ? » Attrapant l’une des tablettes à portée de main, quitte à continuer cette discussion il allait regarder le dossier en même temps du patient qu’il était supposé voir aujourd’hui.

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Il était temps qu'Olive trouve réellement quoi faire de sa vie. Qu'elle sorte de cet enfer qui finalement ne lui apporte pas tant de bonnes choses que ça. Il est temps qu'elle tire un trait sur son ancienne vie pour se consacrer complétement à la nouvelle. Celle qui l'attend patiemment et qu'elle finira par embrasser à un moment ou un autre. Mais pour cela, elle devait se consacrer à autre chose. De toute manière, c'était tout ou rien avec elle. Soit elle était à fond dans ce projet, soit elle ne l'était pas du tout et pour le coup, le dispensaire c'était tout. Alors il fallait forcément qu'elle y mette un terme avant de passer sa vie à se faire marcher sur les pieds par les autres. Donner de son temps oui, mais à quel prix finalement. « C’est pas plus compliqué que tu bosses plus ici donc t’as pas besoin de faire des courbettes quand tu me croises, Olive, on fait nos diners de Noël ensemble je te rappelle. » Il disait vrai oui, mais Olive avait entendu trop souvent les murmures d'un favoritisme particulier lorsqu'elle était encore interne en chirurgie. Alors forcément, elle faisait attention à la moindre de ses paroles dans cet endroit. Qu'il s'agisse de Ruben ou de sa propre sœur.  Mais Ruben avait raison sur un point, elle n'était plus un pion de ce grand échiquier. « Oui Ruben, tu as raison. »

« Oh. » Visiblement, il y avait bien des choses nouvelles pour eux aujourd'hui. Olive n'avait jamais caché son retour au dispensaire à qui que ce soit, contraire au reste, alors forcément elle était étonnée que Ruben ne puisse pas le savoir. Même si effectivement, la vie d'Olive ne devait pas être l'une de ses priorités, elle n'avait pas imaginer cela comme un secret. « C’est un bon endroit, oui. Tu sais aussi bien que moi que ça manque de coup de main ici la moitié du temps. » - « C'est ce que j'ai cru comprendre et que je constate d'ailleurs. » Il y a un an bientôt qu'elle avait repris le chemin du dispensaire, et cela elle le devait à Mavis Barnes. Cette jeune femme qu'elle avait rencontré ici même lors de la soirée d'Halloween et qui avait permis à Olive de comprendre qu'elle pouvait aider. Voilà que depuis, elle se donnait corps et âme pour le dispensaire. Elle aimait se rendre utile. « J’ai du manger l’information. » La brune haussa les épaules. « Je peux le comprendre, c'est pas vraiment le plus intéressant. » Elle-même n'en faisait pas toute une éloge alors qu'elle était la première concernée. Alors forcément si l'information n'était pas venue jusqu'à Ruben, ce n'était clairement pas la fin du monde. « Tu le sais maintenant. » Au moins de cette façon, plus de surprise pour le neurochirurgien. « Tu vas rester combien de temps ici ? » C'était une question qu'elle se posait tous les jours, ne sachant pas quand ce contrat avec le temps cesserait. « Jusqu'à ce que je trouve un boulot stable du moins. » Ce qui était en cours évidement. « Même si je n'arrêterais pas non-plus de venir totalement, c'est important non ? » Elle l'interrogeait sans même vraiment se préoccuper de son avis. Après tout, il avait de toute évidence mieux à faire que de se soucier de la vie professionnelle d'Olive non?

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Pas qu’il n’appréciait pas que les autres fassent des courbettes quand ils le croisaient ou quand ils bossaient avec lui - il adorait ça en réalité -, mais étant donné qu’Olive ne travaillait plus officiellement à l’hôpital et que surtout, leurs liens étaient un brin plus complexes que ça, elle n’avait pas à agir comme ça face à lui. Surtout qu’il voyait aisément qu’elle n’était pas à l’aise dans cette situation - et ce n’était pas le but, il avait déjà assez d’une Sterling à dos et surement un second en chemin de le devenir, pas besoin d’ajouter la plus jeune de la fratrie à la liste. « Oui Ruben, tu as raison. » Ruben avait souvent raison.

« C'est ce que j'ai cru comprendre et que je constate d’ailleurs. » Le dispensaire, comme le système de sois dans son entièreté en réalité, manquait d’être davantage aidé et c’était donc une bonne chose qu’elle soit ici à faire ce qu’elle pouvait de son côté. Ce n’était pas tant ce côté là qui étonnait Ruben ici, mais plus simplement le fait qu’il n’avait pas été mis au courant et donc que son étonnement était sincère; ce n’était pas une bonne chose, car si la vie était aussi douce qu’elle aurait du l’être entre Nina et lui, il aurait été mis au courant. « Je peux le comprendre, c'est pas vraiment le plus intéressant. » Pour une fois: heureusement que l’estime d’elle-même d’Olive n’était pas en forme, cela évitait de devoir expliquer des choses qui cachées se portaient mieux. « Tu le sais maintenant. » Il esquissa un faible sourire. « C’est une bonne chose pour toi. » Parce-que si effectivement ça ne lui apportait pas grand chose à lui de connaitre l’information, elle au moins se trouvait à raccrocher quelques wagons mis de côté. « Jusqu'à ce que je trouve un boulot stable du moins. » Il haussa légèrement un sourcil. « Qui n’est pas dans le coin, je parie ? » Elle avait déserté prestement une fois la médecine, et il lui avait semblé que c’était une décision plutôt définitive; le dispensaire était un entre-deux mais elle ne semblait pas se servir de ce dernier comme d’un tremplin pour mieux se replonger dans le domaine. « Même si je n'arrêterais pas non-plus de venir totalement, c'est important non ? » Un petit rire - plutôt doux, en rien moqueur à son encontre - échappa à Ruben. « Si tu suivais mes conseils sur la question Olive, tu porterais de nouveau une blouse blanche sur le dos crois moi. » Il ne jurait que par la médecine de son côté, et ce n’était pas une surprise - c’était même un gros point commun entre Nina et lui, qu’ils avaient cultivé avec les années. « C’est toujours bien de donner de son temps ici, qu’importe si c’est pour longtemps ou pas. Ca compte pour beaucoup. » Mais c‘était surtout aussi de savoir si ça comptait pour elle, ce qui ne semblait pas réellement être le cas.

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Même si sa place au dispensaire n'était que provisoire, Olive prenait tout de même du plaisir à y venir. C'était important pour elle de donner de son temps, mais surtout de ne pas écouter son corps qui ne voulait que trainer terme une larve dans son appartement. Olive avait besoin de retrouver une stabilité dans sa vie et elle avait rapidement compris que ce n'était pas en restant chez-elle à se lamenter que les choses iraient tout de suite mieux. Donc en attendant, le dispensaire était devenu un refuge pour elle. Là-bas, elle n'avait pas besoin de faire semblant, elle n'avait pas besoin de se faire commander non-plus, c'était un juste milieu entre la décision de mettre un terme à ses études, et l'envie d'aider les autres. Faute de mieux également, Olive s'en accommodait particulièrement, même si elle savait que ce ne serait pas suffisant pour l'avenir. Elle savait que sa vie ne faisait pas l'actualité dans le ménage de sa soeur, et à vrai dire elle ne se souciait pas tant que cela que Ruben sache ou non ce qu'elle faisait de ses journées. Elle était juste étonnée qu'il n'ait pas pris conscience de sa présence au dispensaire, certes il n'avait pas l'air d'y mettre souvent les pieds mais quand même ce n'était un secret pour personne qu'Olive y trainait bien trop souvent. Elle ne pouvait lui en tenir rigueur de toute évidence. « C’est une bonne chose pour toi. » - « Provisoirement oui, ça me permet de ne pas devenir dingue finalement. » Et pour la simple et bonne raison que cela aurait pu être le cas très rapidement. Heureusement, Olive avait eu la chance de pouvoir compter sur l'aide de ses amis pour la faire sortir de sa torpeur, mais surtout elle avait eu Midas pour l'encourage à se dépasser. « Qui n’est pas dans le coin, je parie ? » Olive hocha la tête de gauche à droite. L'idée de revenir à plein temps ici, de reprendre le chemin de l'internat n'était pas du tout envisageable. Pas du tout. « Le plus loin possible des couloirs de l'hôpital de préférence. » Non pas qu'elle n'aimait pas être là Olive, c'était tout simplement pas fait pour elle. Et puis il y avait aussi le "plus loin possible des résidents" ce qui était un soulagement constant. « Si tu suivais mes conseils sur la question Olive, tu porterais de nouveau une blouse blanche sur le dos crois moi. » La brune soupira, comprenant que chacun puisse avoir une vision différente de la vie en tant que médecin. « Comment tu as su que c'était fait pour toi ? » Olive était curieuse de comprendre comment on ne pouvait pas se décourager si facilement devant tant de difficultés. Comment on pouvait avoir le courage nécessaire de devenir neurochirurgien sans perdre l'esprit. C'était le moment de le dire. « C’est toujours bien de donner de son temps ici, qu’importe si c’est pour longtemps ou pas. Ça compte pour beaucoup. » Olive rejoignait cet avis oui et il n'était pas question qu'elle déserte totalement le dispensaire. Au mieux moins régulièrement. « J'serai toujours partante pour donner de mon temps, même si ce n'est pas en faisant une carrière digne de ce nom. » Devenir quelqu'un d'important sûrement, mais pas à n'importe quel prix non-plus.

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« Provisoirement oui, ça me permet de ne pas devenir dingue finalement. » Il opina quelque peu du chef: ce n’était pas lui qui allait reprocher à qui que ce soit de s’occuper les main autant que l’esprit pour ne pas perdre ce dernier - et il serait mal placé pour le faire. Ruben était le premier à faire des heures supplémentaires, à rajouter des jours de travail à ses semaines et à se porter volontaire s’il y avait besoin d’une paire de mains en plus pour la moindre raison. Surtout ces derniers temps, cela lui permettait de ne pas avoir à faire trop le point sur sa propre personne et sa situation pour se concentrer sur celle des autres.

« Le plus loin possible des couloirs de l'hôpital de préférence. » Même si ce n’était pas une surprise, il se doutait effectivement que c’était le cas. « Comment tu as su que c'était fait pour toi ? » Il reporta son regard sur la jeune femme, essayant de comprendre à quel point sa question était sérieuse - apparemment plutôt, puisqu’il n’existait pas la moindre pointe de sarcasme dans sa voix ou dans son regard, et puis surtout ce n’était pas son genre. Inspirant longuement, s’éclaircissant quelque peu la gorge, il haussa un brin les épaules. « J’ai toujours su que c’était fait pour moi. » C’était peut-être, de prime abord, un peu osé et prétentieux de sa part que de dire cela, mais c’était pourtant la vérité. Il n’avait pas existé un seul instant où il s’était demandé quelle carrière il allait envisager, si cette dernière était réellement faite pour lui ou s’il y avait d’autres domaines où il se serait épanoui. La chirurgie, et même la neurochirurgie, avait toujours été d’une évidence même pour Ruben - si bien qu’il était plus compliqué qu’il ne l’aurait imaginé pour expliquer pourquoi c’était le cas. « Je veux dire: je me suis jamais posé vraiment la question, mais quand on m’a demandé la première fois ce que je voulais faire plus tard, ça m’a semblé évident. » Il eut un petit sourire en coin. « Je sais même pas comment j’ai pu entendre parler de la chirurgie à l’époque mais faut croire que j’étais déjà trop curieux. » Ce qui était, bien sur, toujours le cas il ne fallait pas croire. « Et puis après l’évidence est jamais partie et je me suis accroché, j’ai travaillé dur pour y arriver. » Son regard accrocha le visage d’Olive, et s’il aurait préféré poser d’une autre manière la question, cette dernière se devait d’être présentée de la sorte. « Comment t’as su que c’était pas fait pour toi, toi ? » La médecine n’était pas un domaine dédié à tous, il fallait avoir les épaules solides pour y faire son trou et il était évident que ce n’était pas un domaine fait pour Olive; c’était déjà assez simple de le voir avant, ça l’était toujours maintenant et il était aisé de comparer qui plus était la carrière de la jeune femme à celle de sa grande soeur.

« J'serai toujours partante pour donner de mon temps, même si ce n'est pas en faisant une carrière digne de ce nom. » - « Quelle carrière en vaut la peine, selon toi alors ? » Ce n’était pas une critique, ou pas vraiment: disons que chez les Sterling, il y avait tous types de manière d’interpréter l’idée d’une carrière digne de ce nom et il semblait qu’il en existait une nouvelle à chaque enfant. Alors Ruben était curieux: qu’elle était, selon Olive, une carrière digne de ce nom et qui valait le coup de s’accrocher et poursuivre ?

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@Ruben Hartfield  ☆ crédit/hstyles_dwd

Il n'y a pas besoin de reprendre forcément tout depuis le début, il suffit juste qu'Olive puisse trouver le petit truc idéal pour qu'elle se sente bien. Elle n'a pas besoin de plus de toute manière, parce qu'elle pourra se satisfaire du minimum Olive après le calvaire que ça a été ces dernières années, donc forcément la moindre possibilité sera parfaite à ses yeux. Tout comme a été son aide au dispensaire cette dernière année, au moins elle avait un objectif, un quelque chose à faire pendant que la vie continuait. Elle agissait selon sa volonté et sans avoir besoin de rendre des comptes à qui que ce soit. Mais tout cela, c'était valable qu'un temps. Pour autant, Olive ne regretterait rien, du moins pas les derniers choix qu'elle avait fait pour sa vie. Cela n'avait pas été facile, elle s'était posée mille et une questions mais elle venait de prendre conscience qu'elle était enfin au bout du chemin et c'était ça le plus important. Pas le temps qu'elle avait passé à gravir la montagne, mais la vue du sommet.

« J’ai toujours su que c’était fait pour moi. » Les mots de Ruben rendirent Olive davantage curieuse. Il y avait donc ce petit truc qui pouvait faire comprendre à n'importe quelle personne que c'était fait pour lui. Olive aurait aimé pouvoir le croiser à un moment donner. Savoir qu'elle faisait les choses pour elle avant de le faire pour ses parents, mais ça n'avait pas été le cas, et elle n'était pas certaine que ça le soit à un moment d'ailleurs. « Je veux dire: je me suis jamais posé vraiment la question, mais quand on m’a demandé la première fois ce que je voulais faire plus tard, ça m’a semblé évident. » - « Donc c'était ton rêve depuis toujours ? » Elle comprenait qu'on puisse le vouloir, qu'on puisse l'envier en tout cas. Olive aurait aimé avoir la même détermination quand elle a commencé ses études. Avoir la même force de réussite que Ruben, mais elle en était très loin. « Je sais même pas comment j’ai pu entendre parler de la chirurgie à l’époque mais faut croire que j’étais déjà trop curieux. » Olive laissa un vague sourire s'installer à la commissure de ses lèvres. « Et tu as réussi, avec brio même. » La curiosité de Ruben avait apporté quelque chose d'exceptionnelle dans son quotidien et Olive voulait s'en inspirer même si elle n'avait pas encore eu le déclic du quoi. « Et puis après l’évidence est jamais partie et je me suis accroché, j’ai travaillé dur pour y arriver. » Olive pinça ses lèvres entre elles avant de lui répondre. « Tu n'as jamais regretté ce choix de carrière ? » Parce que la marche était haute, très haute pour devenir neurochirurgien, il y avait forcément un moment où Ruben aurait pu lâcher prise. Ou alors, cette réponse rassurerait juste Olive, se disant que n'importe qui d'autre aurait pu abandonner, que ce n'était pas qu'elle le problème.

« Comment t’as su que c’était pas fait pour toi, toi ? » Pour des tas de raisons évidentes sûrement, mais surtout pour le fait qu'elle avait pris ce chemin pour faire plaisir à ses parents avant tout, et non pour elle. « Parce que ça n'a jamais été mon choix. » A défaut des autres membres de sa famille, Olive avait voulu faire aussi bien que ses ainés. La pression grandissante sur ses épaules et pousser par des parents qui voulaient toujours plus de leurs enfants. Voilà comment elle s'est retrouvée à choisir médecine plutôt qu'autre chose.