Nouveau client, nouvelle affaire, nouveau défi. C’était l’état d’esprit de l’avocat après avoir eu comme nouveau client Mr Ragsdale, venu le voir pour une affaire d’atteinte à la vie privée. En effet, un magazine avait mis en avant sa prétendue homosexualité, ce qui avait eu pour conséquence, une certaine colère chez ce client qui voulait porter plainte et faire en sorte que toutes ces rumeurs se terminent rapidement. Mais au fil de la conversation, Lincoln avait senti que son client ne lui disait pas tout. Surtout en ce qui concernait une personne dont l’identité restait inconnue jusqu’à ce jour. Il avait donc décidé d’engager un détective privé pour en savoir plus sur cette fameuse personne qui devait garder l’anonymat. Un détective privé avec qui il avait déjà fait affaire auparavant et avait obtenu de très bons résultats. Et une fois n’était pas coutume, quelques jours après l’avoir engagé, il revint voir l’avocat avec, semblait-il, des résultats. « Voici les résultats de mon enquête. L’homme que vous recherchez se prénomme Jesse Costello. Il a vingt-neuf ans et vit sur l’avenue Victoria à ce numéro. » Fit-il en lui tendant une feuille avec plusieurs informations sur l’homme mystérieux, qui n’était plus si mystérieux que cela maintenant. « Il est assistant costumier à la Northlight Compagny. D’après ce que j’ai pu voir, il ne trempe pas dans quelque chose de louche, ce n’est pas le mauvais gars quoi. Mais je vous laisserai en juger par vous-même. Mon travail s’arrête ici. Un travail qui reviendra à 400 AUD. » Lincoln prit alors son carnet de chèques tout en sortant un stylo pour remplir le chèque et le signer avant de le tendre à son interlocuteur. « C’est toujours un plaisir de faire affaire avec vous. » Le détective privé quitta alors le bureau de l’avocat, laissant ce dernier seul, face à la feuille qui se trouvait devant lui. Et il n’attendit que quelques secondes avant de la prendre en main et de lire les informations qu’il y avait dessus. Pas grand chose à vrai dire, mais assez pour avoir une conversation avec Mr Costello au sujet de Mr Ragsdale. Et avec tous ces noms, c’était comme si on était dans une partie de Cluedo. Sans avoir une victime bien évidemment.

Se plongeant rapidement dans son agenda, sa journée ne semblait pas être remplie, juste un rendez-vous avec un client durant l’après-midi, ce qui lui laissait quelques heures devant lui encore. Alors, sans trop réfléchir, il prit sa sacoche où se trouvaient ses affaires importantes dont son ordinateur portable, puis prévint sa secrétaire qu’il devait s’absenter et qu’elle pouvait le joindre si une affaire urgente se présentait à elle. En gros, si le cabinet prenait feu, elle pouvait l’appeler sinon cela allait devoir attendre. Même s’il avait l’habitude d’avoir des appels lors de ses rendez-vous professionnels car personne n’écoutait réellement ses consignes quand il s’agissait de ses sorties en dehors du bureau. Mais ça, c’était un tout autre sujet. Lincoln prit donc sa voiture et quitta le centre-ville pour se diriger à l’est de la ville, dans le quartier Redcliffe. Un nom qui lui faisait davantage penser à l’acteur qui jouait Harry Potter. Mais passons. Très peu de bouchons, la plupart des personnes se trouvaient au travail. Ce qui fit que l’avocat mit à peine une vingtaine de minutes pour rejoindre l’avenue Victoria et ne mit pas longtemps avant de trouver une place où se garer, non loin du bâtiment où se logeait Jesse Costello. Ce n’était pas tous les jours qu’il venait dans ce quartier qui avait un certain charme, lorsqu’on s’y arrêtait quelques instants pour l’admirer. Sa sacoche à la main, l’avocat regarda les différents bâtiments avant de trouver celui dans lequel se trouvait son prochain rendez-vous improvisé en cette si douce matinée du mois d’août. Restant face à la porte d’entrée, il prit une petite inspiration, se demandant alors ce qu’il allait bien pouvoir découvrir durant cette conversation, espérant que cette conversation n’allait pas finir en confrontation. Qu’allait-il apprendre sur Bran Ragsdale ? Quelque chose qu’il ignorait ou bien une confirmation sur certains de ses doutes concernant son client ? Car oui, Mr Ragsdale a laissé bons nombre de questions en suspens avec ses mots et son comportement. Poussant la porte du bâtiment, il se dirigea vers l’appartement où se trouvait Mr Costello et arriva assez vite à la hauteur de la porte de l’appartement où devait loger l’homme qu’il venait voir. Sonnant un premier coup, il ne tarda pas à appuyer une nouvelle fois sur la sonnette pour être sûr que sa présence avait été annoncée. « Jesse Costello ? Je suis Lincoln Reddington, avocat chez Reddington & Associé.e.s. Je suis venu ici pour vous parler. » Indiqua-t-il en haussant légèrement sa voix, ne voulant pas réveiller tout le voisinage. De plus, il ne voulait pas non plus mettre dans l’embarras Mr Costello en indiquant aux voisins et voisines qu’un avocat se trouvait devant sa porte. Bon après, en haussant la voix, un voisin ou une voisine allait à coup sûr l’entendre. Mais il valait mieux une personne que plusieurs. De plus, Lincoln ne mentionna pas de suite l’objet de sa visite, ne parlant pas de Bran Ragsdale. Vu que ce dernier avait été assez vague sur la manière dont les choses s’étaient terminées avec Jesse, il préféra garder ce détail jusqu’à qu’il puisse pénétrer dans l’appartement de Costello.

@Jesse Costello

@Lincoln Reddington

Jesse Eliezer Sean Costello, né le 17 avril 1995 à Brisbane. Non marié, ni divorcé. Célibataire, ouvertement homosexuel. Habite sur l’Avenue Victoria dans le quartier de Redcliffe.
Costumier pour la Northlight Theater Compagny depuis 2015. Retraite officiellement d’une carrière de comédien la même année. Titulaire d’une certification de fin de collège, et d’un diplôme technique en couture et design.
Casier judiciaire vide, a déjà déposé quelques plaintes et mains courantes pour agressions à caractère homophobe et/ou antisémite, et vol.
N’a pas le permis, se déplace en transports en commun. Membre de l’Association Manzili. Traîne principalement dans les milieux LGBTQIA+ et/ou théâtraux de Brisbane.

Jesse avait décidé de travailler depuis chez lui. Il avait emporté la veille ce dont il allait avoir besoin. Et, ce matin,  après s’être préparé un lait au café sucré et des gâteaux, il avait sorti sa machine à coudre qu’il avait posée sur la table du salon, prêt à travailler. Vêtu d’un jogging basique gris et d’un sweatshirt couleur lilas, ses cheveux retenus hors de son champs de vision par des barrettes papillons similaires à celles des petites filles des années 90 et 2000, il appréciait le confort de travailler en tenue d’intérieur depuis chez lui, des vidéos YouTube en bruit de fond.
Il fut interrompu dans son avancée en milieu de matinée quand le son de sa sonnette retetentit par-dessus celui de sa machine à coudre. Interloqué, il releva le nez de son ouvrage, fronçant légèrement les sourcils. Attendait-il quelqu’un ? Ses amis l’auraient appelé sur son téléphone, et sa mère n’aurait pas daigné toquer. Qu’avait-il oublié ? Dans le doute, il arrêta sa machine à coudre et s’approcha de la porte. De l’autre côté, une voix masculine se présentait comme étant un avocat. Interloqué, Jesse se demandait en toute legitimité « Pourquoi ? ». Il hésita quelques secondes avant de se résonner. Ça pouvait être important. Peut-être qu’un ami, ou un jeune de Manzili avait des problèmes. Ou peut-être que lui-même avait un problème avec la justice.

Il ouvrit alors la porte pour découvrir un homme vêtu d’un costard cravate. Cette personne avait bien l’allure d’un avocat, ce qui contrastait avec la dégaine d’un Jesse qui ne s’attendait pas à devoir socialiser IRL.
« Bonjour, » Oui, c’était bien ça qu’on disait en début de conversation. « C’est bien moi, Jesse. »
Et après ? Qu’était-on censé dire dans cette situation ? Il ne l’invita pas à rentrer immédiatement, lui adressant simplement un sourire poli.
« Vous voulez me parler ? De quoi ? »
De la porte, l’avocat pouvait aisément voir dans l’appartement de Jesse. Bien plus désordonné que l’inverse. La décoration était chargée en couleurs et en idées, assemblées sans soin particulier apporté à l’harmonie globale. Certains savaient pourtant y trouver du charme.

Il était temps pour l’avocat d’en apprendre davantage à la fois sur Mr Ragsdale ainsi que sur ce monsieur Costello, une personne dont son client voulait cacher l’identité. Pourquoi ? Il comptait bien l’apprendre au cours de cet entretien. Se présentant derrière la porte pour essayer d’avoir une chance que celle-ci s’ouvre, Lincoln vit celle-ci s’ouvrir et laissait apparaitre un homme qui, à première vue, ne s’attendait pas à recevoir de la visite. Comme beaucoup de personnes, Lincoln adoptait lui aussi un style vestimentaire plus décontracte une fois qu’il avait franchi les portes de sa villa. Porter un costume cravate toute une journée, même chez lui, trop peu pour lui. Bonne nouvelle, il se trouvait bien à l’appartement de Jesse Costello et encore une fois, le détective privé qu’il avait engagé, avait bien fait son travail. Et sans tourner autour du pot, son interlocuteur lui demanda ce qu’il pouvait bien lui vouloir. Une question légitime, mais une question à laquelle l’avocat ne pouvait pas répondre sur le pas de la porte, en prenant le risque que les voisins et voisines écoutent ce qu’il avait à dire. Des dires qui dépendaient de l’ordre du privé. « Je dois vous parler d’une certaine personne, mais je pense que vous en conviendrez qu’il vaut mieux que nous en discutions en privé. » Et n’attendant pas trop l’accord du locataire, Lincoln prit les devants et rentra dans la maison en s’enfonçant légèrement. « Veuillez m’excuser de cette prise d’initiative, mais je ne me voyais pas vous parler de Bran Ragsdale devant votre porte, vous comprenez j’espère ? » Dit-il avant d’entrevoir ce qui semblait être un espace pour discuter, il prit place sur une chaise qu’il trouva, faisant un peu comme chez lui. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être ainsi, mais on pouvait dire que la situation lui imposait une certaine discrétion et de ne pas tourner trop longtemps autour du pot. Il voulait des réponses, des réponses claires et précises. « Je me doute que vous devez vous poser tout un tas de question. Après tout, vous deviez être tranquillement à vaquer à vos occupations en cette belle journée du mois d’août et en aucun cas, vous pensiez qu’un avocat allait se pointer devant votre porte et rentrer de la sorte pour vous parler de Mr Ragsdale. » Un résumé de la situation qui servait de préambule à leur future conversation qui n’allait pas tarder à commencer.

Comment allait-il présenter les choses ? Lincoln avait bien une petite idée de la manière dont il allait amener le sujet ou plutôt la raison de sa présence en ces lieux. « Comme vous l’avez deviné, je suis ici pour vous parler de Bran Ragsdale. Et pas besoin de me dire que vous ne le connaissez pas, je sais que vous le connaissez et même plutôt bien. Donc épargnons-nous des mensonges inutiles qui nous conduiront à une impasse. Autant que cette discussion soit la plus fructueuse n’est-ce pas ? » Petite mise en garde pour montrer à Costello qu’il n’était pas là pour rire ou passer un moment fun, Lincoln reprit aussitôt la parole pour en venir aux faits. « Bran est venu me voir à la suite d’un article qui est paru sur … son orientation sexuelle, disant qu’il était homosexuel. Une information que mon client dément. Une information également qui touche sa vie privée et à laquelle il n’a pas donné son accord pour qu’elle soit diffusée. En même temps, logique me direz-vous. Qui voudrait diffuser une fausse information à son propre sujet, mise à part faire un coup médiatique. Mais au vu de ses dires, ce n’est pas le cas, bien au contraire. Tout ça pour dire qu’il a décidé de porter plainte contre le magazine. Et au fil de la conversation, il a mentionné une personne dont il a tu l’identité, mais que j’ai retrouvé par mes propos moyens : vous. Alors ma question est très simple : quelle est la relation que vous avez ou que vous entretenez avec Bran Ragsdale ? Désolé si je vous parez très direct, mais je pense que plus vite cette conversation sera terminée, mieux ce sera n’est-ce pas ? » Les faits venaient d’être exposés. Lincoln n’avait pas précisé l’objet de la plainte, voulant que cette donnée reste confidentielle. Une sorte de surprise dans le sens où on allait certainement l’attendre à une plainte pour diffamation et non pour atteinte sur la vie privée. Une stratégie qui émanait directement de l’avocat qui voyait plus de chances de gagner dans une plainte pour atteinte à la vie privée. Quoiqu’il en soit, Lincoln exposa les faits dans une version synthétique et alla directement à la raison de sa visite : connaître le lien qui unissait – et non pas par les liens du mariage – Bran à Jesse. Après peut-être qu’une attitude quelque peu bourrine n’allait pas être propice à ce que son interlocuteur soit parlant. Mais peut-être qu’il allait être surpris par la situation.

@Jesse Costello

@Lincoln Reddington  

Dès que l’homme déclara devoir parler d’une « certaine personne », Jesse sut au fond de lui de qui il s’agissait. Trop de choses se passèrent dans sa tête pour qu’il ne songe seulement à l’interrompre, ou à l’empêcher de rentrer chez lui. Il le regardait bêtement faire. L’avocat s’installa sur une chaise, faisant comme chez lui, tandis que Jesse fermait la porte derrière lui. Après que le nom de Bran avait été explicitement dit, il lâcha un « Oui, oui… », ensuite il n’écouta plus vraiment son interlocuteur, complètement perdu dans ses interrogations. Il essayait de rester concentré, et parvenait à capter quelques brides, dès qu’il entendait le mot « vous » ou d’autres mots intéressants.
« Vous m’avez fait espionner… ? »
A part à Liliana, Jesse n’avait jamais parlé à personne de Bran. Tout du moins, il n’avait jamais cité son nom. Mais il supposait que si l’on maîtrisé assez certaines compétences, il n’était pas impossible que quelqu’un fasse le lien entre eux-deux. Au cours de leurs relations, ils s’étaient échangés beaucoup de messages, de photos ou de vidéos qui, pour certains, ne laissaient pas de place au doute quant à la nature de leurs rapports.
« Alors ma question est très simple : quelle est la relation que vous avez ou que vous entretenez avec Bran Ragsdale ? Désolé si je vous parez très direct, mais je pense que plus vite cette conversation sera terminée, mieux ce sera n’est-ce pas ? »
« Vous voulez un café d’abord ? »
Jesse n’attendit pas la réponse et se dirigea vers son coin cuisine, dans la même pièce que le séjour. Il s’affaira à faire couler du café. Il ne cherchait pas à être poli, il cherchait à gagner du temps pour réfléchir en occupant ses mains. Est-ce que cet  homme était vraiment l’avocat de Bran ? Et s’il était, est-ce que Bran allait apprécier que Jesse dise toute ces informations que lui avait refusé de donner ? Hein ? Mais en fait, il s’en fichait de ce que pensait Bran. Et ce Mr. Reddington et cette histoire d’avocat lui paraissaient tout à fait crédibles…
Il finit de préparer le café, et il ne restait plus qu’à le laisser couler. Il se retourna alors vers Mr. Reddington, malaxant le paquet de café entre ses mains. Ses doigts passaient doucement sur les bords dentés de l’ouverture.
« Il n’a pas voulu vous le dire, hein ? Je crois que vous vous en doutez un peu, non ? Si vous m’avez fait espionner… » Cette idée était assez dérangeante. « Nous sommes sortis ensemble pendant un certain temps. »
Jesse ne s’y attendait pas… mais ça faisait du bien de le révéler à quelqu’un.

Espionner ? En écoutant ce mot, Lincoln esquissa un léger sourire en coin. Pourquoi ? Parce que ce mot l’amusait. Tout de suite les grands mots avait-il envie de dire sur le coup, mais l’avocat se contenta simplement de dire : « Je dirai simplement que j’ai recueilli des informations pour au mieux défendre mon client. » Ce qui en soit était vrai, il ne mentait pas là-dessus. Mais oui, en quelque sorte, il l’avait fait suivre pour en apprendre davantage sur Costello. Etant rentré sans trop demandé l’autorisation, Lincoln ne tourna pas autour de pot et expliqua directement la raison de sa présence dans cet appartement. Sa raison : Bran Ragsdale. Et avant qu’une réponse soit apportée, Mr Costello proposa un café. Cependant, l’avocat n’eut pas le temps, voyant son interlocuteur se diriger vers la cuisine pour préparer le dit café. « Je veux bien un café. Merci. » Finit-il par dire, même si cela ne semblait pas en valoir la peine. Mais au moins, il venait de montrer son intérêt d’avoir une petite tasse de café pour rendre un peu plus conviviale la discussion qu’ils allaient avoir. Même si le côté convivial n’allait pas être chose aisée à créer. Car le sujet de leur conversation n’avait rien de convivial. Jesse Costello répondit finalement à la question posée par Lincoln concernant sa relation avec Bran. Une réponse qui ne surprit guère l’avocat. Les propos de son interlocuteur confirmèrent ce qu’il pensait depuis sa première conversation avec Mr Ragsdale. Que ce dernier avait quelque chose à cacher et qu’il avait menti sur ce qui s’était passé avec Jesse. Lincoln fut partagé car cette situation l’amusa quelque peu, sachant qu’il avait raison, mais cela voulait également dire que son client lui avait menti et il détestait ça. Dès lors que les mensonges s’immisçaient dans un dossier, cela ne sentait guère bon car cela voulait dire qu’il allait certainement avoir d’autres surprises. Esquissant un léger sourire pour ne rien laisser transparaitre. « Encore une fois, évitons de parler d’espionnage. Nous ne sommes pas dans des films d’action, à la sauce CIA. Mais bref, passons. » Dit-il dans un premier temps avant de reprendre rapidement la parole. « Heureux de voir que vous avez été assez intelligent pour me dire la vérité. Ce qui n’a pas été le cas de votre copain ? Ex-copain ? Quoiqu’il en soit, ça n’a pas été le cas de Bran qui m’avait certifié que les propos de ce magazine étaient mensonges. Ce qui, finalement, ne semble pas être le cas. » L’instinct de l’avocat l’avait conduit à prendre la bonne décision en choisissant la voie de l’atteinte à la vie privée concernant le motif de la plainte qu’ils allaient déposer, son client et lui. Car imaginez deux minutes si Lincoln avait décidé d’aller au tribunal pour diffamation et que la partie adverse avait trouvé des preuves confirmant sa relation avec un autre homme ? Cela aurait été humiliant et aurait énervé l’avocat. De toute façon, il comptait bien avoir une nouvelle conversation avec Mr Ragsdale pour le confronter face à ces nouvelles informations et avoir sa version, mais sa vraie version et pas celle qu’il disait davantage pour son convaincre. « Il est vrai que ce détail de votre relation ne m’a pas été parvenu. Mais maintenant que je suis au courant, certaines choses semblent plus lisibles. Sans vouloir être indiscret, pourquoi votre histoire s’est terminée ? » Car après tout, c’était ce que Mr Ragsdale avait dit à l’avocat lors de leur premier entretien et même si cette question pouvait paraitre personnelle, elle avait son importance. De plus, une autre question lui trotta dans la tête et ne manqua pas de la lui poser. « Et d’ailleurs, savez-vous pourquoi il m’a menti sur ce sujet ? Ce que je veux dire, c’est que je vois qu’il n’est pas à l’aise face à cette situation, mais pourquoi ? Une question d’image ? » Bien sûr que c’était une question d’image car l’image semblait beaucoup compter pour Mr Ragsdale, surtout d’après ses propos qu’il avait eu lors du début de leur échange, dans le bureau de Lincoln. Mais peut-être qu’il y avait une autre raison plus profonde sous cette question d’image. Puis, Costello semblait un minimum connaître Bran, par conséquent, il devenait en quelque sorte une source d’information qui pouvait potentiellement être fiable. Il l’espérait car naviguer parmi les flots du mensonge n’était pas chose aisée. La barque Reddington allait devoir démêler le faux du vrai et ce avec son expérience et son expertise en comportement humain, mais si c’était un domaine sur lequel il n’était pas totalement expert, il le reconnaissait bien volontiers. Restant assis sur le mobilier sur lequel il se trouvait, l’avocat attendit les diverses réponses de son interlocuteur, espérant donc en apprendre plus, et attendant également son petit café.

@Jesse Costello

@Lincoln Reddington  

Bien sûr, il fallait s’y attendre. Bran avait menti à son propre avocat. Avocat qu’il payait pour l’aider. Et comment M. Reddington était censé faire son travail correctement si on lui dissimulait des informations aussi importantes ? D’autant plus qu’il était soumis au secret professionnel. Cet avocat inspirait confiance à Jesse, alors il n’hésita pas beaucoup avant de décider de répondre honnêtement à ses questions. Et si Bran n’était pas content, qu’il aille s’asseoir sur un cactus.
M. Reddington l’interrogea sur les raisons de la rupture. Cette question embarrassait toujours un peu Jesse qui avait honte de la façon dont il avait pris les choses en main à l’époque. Il estimait néanmoins que les raisons qui l’avaient poussé à faire ça constituaient des circonstances atténuantes.
« Oh, eh bien… Je lui ai dit que s’il ne faisait pas de coming out, je le quittais. » M. Reddington n’avait sans doute pas besoin qu’on lui précise le choix qu’avait fait son client. « Au début, c’était juste du sexe, alors je m’en fichais bien qu’il soit dans le placard. Mais notre relation est devenue plus sérieuse, et j’espérais qu’un jour ou l’autre, on n’ait plus à se cacher... Ça n'est pas arrivé. Au bout d’un moment, je ne me voyais plus continuer comme ça. »
Il n’entrait pas dans les détails.  M. Reddington voulut creuser en l’interrogeant d’avantages Jesse.
« Oui, il y a une question d’image. Il ne voulait même pas être vu avec moi parce que je fais “trop... hmhm”, et que les gens auraient pu se faire des idées. Mais il se ment beaucoup à lui-même aussi. Pendant qu’on sortait ensemble, jamais il n’aurait admis être attiré par les hommes. Ou même par un homme – moi. »
Jesse croyait que Bran avait été attiré par lui. On ne partageait pas la couche avec ne se compromettait pas pendant deux ans pour une personne par qui on n’était pas attiré. Il se retourna pour jeter un coup d’oeil à la cafetière. Le café avait assez coulé pour remplir une tasse.
« Et il y a sa famille. Je les ai jamais rencontrés, et Bran n’en parlait pas tant que ça. » poursuivait-il en versant cette tasse à Lincoln. « Mais ce que j’en ai compris, c’est qu’ils sont très tradis. Son père est très macho, le genre de gars qui pense que tous les mecs devraient aspirer à être comme Rambo. (Très homoérotique, si vous voulez mon avis). Et pécho des nanas, bien sûr. L’un ne va pas sans l’autre, apparemment. »
Jesse était content de ne pas avoir eu à rencontrer cet homme. Ceci dit, il n’aurait peut-être pas résisté au choc de voir ce petit homme moyen aux bras de son fils, et aurait été transféré d’urgence à l’hôpital.

Lincoln interrogea Jesse sur les raisons de sa rupture avec Bran et il espérait avoir une réponse à la fois honnête et franche. Et il ne fut pas déçu du voyage en quelque sorte. Pourquoi ? Parce que Costello semblait se montrer honnête dans ses propos et ne paraissait pas être en position de vouloir couvrir Bran. Au moins, venir chez l’ex de son client allait porter ses fruits. L’avocat ne mit pas longtemps avant de comprendre les raisons de leur rupture, face à l’ultimatum qu’avait adressé Jesse à Bran. Et pas besoin d’avoir un doctorat pour comprendre le choix de son client face à cet ultimatum. Bran avait donc préféré ne pas admettre le fait qu’il puisse aimer des personnes du même sexe que lui que de l’admettre et donc vivre son amour avec Jesse. Un choix qui en disait long sur la personne et cela permettait à l’avocat de mieux cerner son client et de comprendre davantage ces propos également. Bran avait donc un problème avec son orientation sexuelle, mais Lincoln n’était pas un expert en la matière et il n’était pas là pour cela après tout. L’avocat ne dit rien, laissant son interlocuteur continuer son petit récit, ce dernier expliquant alors plus en détail le cheminement du point de rupture avec Bran. Et cela ne semblait guère surprendre l’avocat qui écouta attentivement l’histoire courte que conta Costello. Au début juste du sexe puis après, lorsque cela devint sérieux, c’était panique à bord pour Bran, d’après ce qu’il comprit. Rien d’étonnant, mais cela confirma une hypothèse qu’avait émis Lincoln lors de son premier et seul entretien avec son client, Mr Ragsdale. « Je comprends votre position. Et merci de m’avoir confié cela. » Exprima l’homme en costume avant de se renseigner davantage sur son client, demandant alors à son interlocuteur les raisons de ce comportement. Une question d’image suggéra-t-il. Peut-être autre chose aussi ? Lincoln semblait avoir vu juste en ce qui concernait l’image que voulait renvoyer Mr Ragsdale. Ce n’était pas le premier dans ce cas-là, ni même le dernier malheureusement. L’avocat ne le dit pas haut et fort, mais il était d’accord avec les propos de Jesse concernant le fait que Bran se mentait à lui-même. Comme un certain nombre d’individus qui se trouvait dans cette configuration après tout. Mais, il n’y avait pas qu’une question d’image, la famille avait sa place, semblait-il, dans le comportement de Bran et son choix de réfuter toute mention concernant le fait qu’il puisse aimer un homme. Et une nouvelle fois, cela ne surprit guère l’avocat pour qui, ce n’était pas la première fois qu’il faisait face à une telle situation ou en tout cas qu’il entendant ce genre de propos concernant une situation complexe, il fallait se l’avouer quand même. Ce n’était pas facile lorsque la famille faisait partie prenante dans les choix que nous faisions. Même si Lincoln n’avait jamais eu cette difficulté à affronter, ses parents n’ayant jamais été contre le fait qu’il puisse aimer à la fois un homme, mais également une femme. Enfin pas en même temps non plus. « Merci pour ses informations Mr Costello. Cela me permet de mieux comprendre mon client, je dois l’admettre. Et comprendre aussi ses réactions ainsi que ses mots lors de notre entretien. Vous vous doutez bien que je ne puisse pas vous en parler car le secret professionnel m’interdit de rentrer dans les détails, mais je pense que vous pouvez imaginer ce qu’il a pu dire non ? Quoiqu’il en soit, je suis désolé que vous ayez dû vivre cela. Cela a dû être une situation quelque peu difficile à gérer, à la fois pour lui, mais aussi pour vous. » Lincoln compatissait face à la situation de Jesse, mais pouvait comprendre les choix de Bran également. Comprendre, ne voulant pas dire accepter non plus. « Les liens de la famille sont si forts qu'ils brouillent parfois la clarté de nos choix, nous entraînant à jongler entre nos désirs et les attentes des autres. » Dit-il pour rebondir sur le fait que Bran ne semblait pas souhaiter affirmer haut et fort qu’il puisse avoir une relation avec un homme à cause de sa famille, de son père. Mais cela ne pouvait pas tout excuser, en tout cas aux yeux de Lincoln qui prit sa tasse pour boire une gorgée de café. « Merci pour le café. » Dit-il par politesse avant de reprendre la parole au sujet de son client. « Je suis désolé de mes questions concernant Bran Ragsdale, mais vos réponses me sont très utiles. Cela va me permettre de le défendre au mieux et de faire en sorte qu’il s’en sorte le mieux possible. J’ai plusieurs questions, si vous me le permettez. » A vrai dire, Lincoln n’attendit guère la permission de son hôte pour continuer à poser ses questions. Puis, il fallait bien converser et ne pas laisser un blanc s’installer dans la conversation en attendant de finir le café. Un café quelque peu chaud, ce qui allait rallonger le temps de la conversation. « Lorsque vous me racontiez comment votre rupture s’est produire, j’ai eu l’impression que votre histoire n’était pas une simple histoire qui a duré seulement que quelques jours. Peut-être que je me trompe ? » Demanda-t-il pour venir sur le sujet de la temporalité de leur histoire et voir à quel point, celle-ci a été sérieuse. Il en profita également pour poser une deuxième question qu’il avait en tête et qui était liée à la première en quelque sorte. « Et continuez-vous à vous voir maintenant ? » Curiosité professionnelle peut-être. Mais avant tout un bon moyen d’avoir toutes les cartes en main et plus il écouta les récits de Jesse Costello et plus il avait l’impression qu’il avait bien fait de ne pas aller au tribunal pour diffamation.

@Jesse Costello

@Lincoln Reddington  

Une chose que l’on remarquait rapidement à propos de Bran et Jesse : pratiquement tout semblait les opposer. C’était à se demander comment ça avait pu plus ou moins marcher entre eux. Le dicton “Les opposés s’attirent” avait des limites. Il allait sans dire que leur couple avait rencontré de nombreux obstacles en raison de ses différences qui s’étaient révélé inconciliables sur le long terme, si chacun s’obstinait sur ses positions. M. Reddington montra de la compassion vis-à-vis de cette expérience désagréable.
« Bah heureusement que son père ne lui a jamais demandé de partir à la pêche à la cuboméduse. » Bran l’aurait peut-être fait…
L’avocat ne s’étendit pas plus que ça : il était là pour faire son travail, et pas pour être l’épaule sur laquelle Jesse pouvait pleurer des années plus tard.Il posa d’avantages de question, après l’avoir remercié pour le café.
« Je dirais entre deux et trois ans. Je ne saurais plus dire combien de temps il y a eu entre le moment où on a commencé à coucher ensemble, et le moment où l’on est devenu exclusif officiellement. Un jour, Bran m’a juste dit que ça le dérangeait que je fréquente d’autres hommes. »
C’était l’une des premières fois que Bran avait démontré son caractère jaloux. L’une des quelques fois où ça n’avait pas causé de disputes entre eux. Si Jesse n’avait pu avoir que des amies filles, Bran aurait été un petit-ami comblé. Mais Jesse avait des amis de tout genre, et aucun ne se conformant à la norme cis-hétéro.
« Je vous avoue que je ne m’y attendais pas, et je n’ai jamais eu de relations aussi longue, très étrangement. Lui non plus, d’ailleurs. »
Jesse n’avait vraiment été amoureux qu’une seule fois. Et il avait été amoureux d’un homophobe notoire. Il trouvait ce constat très triste. M. Reddington lui demanda s’ils continuaient à se voir. Le costumier dut réfléchir à la réponse car il n’était pas sûr par ce qui était sous-entendu par ‘se voir’. Se voir régulièrement ? Occasionnellement ? Coucher ensemble ?
« Oui et non. Non parce que je n’ai jamais cherché à reprendre contact avec lui. Oui, parce qu’il est venu chez moi pour me hurler dessus, et m’accuser d’avoir dit qu’il était gay à six heures du matin. »
Ce pourquoi il ne pouvait pas dire strictement qu’ils ne se voyaient plus. Ça aurait été inexact. D’autant plus qu’ils avaient aussi échangé par SMS.

La blague que venait de faire Jesse sur Bran et les cuboméduse fit sourire l’avocat, qui, il fallait l’admettre, la trouvait plutôt drôle. Une belle petite pique adressée à Mr Ragsdale. Mais il n’était pas là pour s’amuser de la situation, mais plutôt pour recueillir des informations sur la relation entre les deux hommes, et en quelque sorte, en savoir plus sur son client pour éviter toute mauvaise surprise. Et franchement, il avait bien fait de creuser du côté de Jesse qui était une mine d’information, il fallait le reconnaître. En franchissant les portes de l’appartement de Costello, l’avocat ne s’attendait pas à en apprendre davantage. Des propos qui confirmèrent ce qu’il avait pu penser lors de son entretien avec Bran. Leur relation avait duré quelques années, deux voire trois ans. Ce qui montrait le sérieux de celle-ci et Bran n’allait pas pouvoir dire que c’était une aventure d’un soir. Ou une erreur. Car une erreur qui durait autant de temps n’en était pas une finalement. En tout cas, dans ce contexte là et au vu de l’erreur que son client pouvait souligner. Car il le voyait déjà dire que cette relation était une folie, qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Des excuses, tout simplement et des mots qui devant un tribunal, pouvait très vite partir en fumée. Une défense mince, mais après tout ce n’était pas le boulot de Ragsdale, mais celui de Lincoln. Bran avait dit que ça le dérangeait que Jesse puisse voir d’autres hommes. Encore une information qui montrait bien que Bran tenait à Jesse et que leur relation était sérieuse. Pas besoin d’avoir d’autres éléments pour comprendre que Ragsdale avait eu des sentiments, à cette époque-là, pour Costello. « Je vois. Votre relation était sérieuse alors d’après ce que je comprends. » L’avocat nota quelques phrases sur une feuille de papier, prenant des notes de cette entrevue pour être sûr d’avoir toutes les informations écrites quelque part. Ecoutant alors Jesse dire qu’il n’avait jamais eu de relation plus longue que celle qu’il avait pu avoir avec Bran, Lincoln paraissait désolé, au fond de lui, pour le jeune homme qui se tenait en face de lui. Surtout que finalement, les raisons de leur séparation étaient évitables. Non pas qu’il blâmait Bran qui avait préféré garder son image d’hétéro, car il comprenait également la position délicate dans laquelle il pouvait se trouver, surtout vis-à-vis de sa famille dont son père. Mais parfois Lincoln avait l’envie de dire simplement : « merde on est en 2024, on devrait s’en foutre du genre de la part avec qui telle ou telle personne sort. Tant qu’il y a de l’amour, de la confiance et du respect, cela devrait suffire. » Mais il fallait croire que non finalement. Il préféra ne pas répéter la phrase qu’il venait de penser, ne voulant pas dire de gros mots devant une personne qu’il venait tout juste de rencontrer. « Comme l’avait dit René Barjavel, c’est un écrivain français, l'inattendu arrive toujours. On croit avoir tout prévu et tout organisé, et c'est là que l'imprévu surgit. Malheureusement dans votre cas, c’est négativement que l’inattendu s’est invité dans votre vie. » Un moyen pour l’avocat de dire qu’il était désolé pour lui qu’il avait dû vivre une telle situation. Ce n’était jamais simple les ruptures amoureuses. Lincoln prit une gorgée de café avant de demander à son interlocuteur s’il avait revu Bran depuis leur rupture. Et sa réponse fut sans appel. La seule fois, c’était lorsqu’il avait débarqué chez lui à six heures du matin. Des retrouvailles qui n’étaient donc pas du fait de Mr Costello. Et d’après ce qu’il venait de dire, ce n’était pas lui qui avait divulgué leur relation à la presse récemment. Lincoln n’était pas le genre à croire le premier venu, mais il trouvait Jesse sincère jusqu’à présent ou bien c’était un très bon comédien. Cependant, l’avocat continuait à garder l’hypothèse que Costello soit la personne qui a divulgué ces informations à la presse tout en essayant d’exploiter de nouvelles pistes. « Six heures du matin, c’est quand même tôt pour se montrer accusateur. » Commença-t-il à dire dans un esprit quelque peu humoristique avant de se reconcentrer sur le sujet. « « Comme je comprends, vous n’êtes pas à l’origine de cette fuite. Vous avez peut-être une idée de qui est à l’origine de ces propos ? Vu que vous semblez connaître un minimum la vie de Bran Ragsdale, même si votre relation remonte maintenant, je le concède. » Il se doutait bien que son interlocuteur n’allait pas avoir la réponse, mais qui ne tentait rien n’avait rien finalement. « Je m’excuse de vous faire revivre une période que vous voulez certainement oublier, mais j’ai besoin de ses informations vous comprenez je pense. » Finit-il par dire, conscient que sa visite n’était peut-être pas une visite agréable aux yeux de Costello.

@Jesse Costello

@Lincoln Reddington  

Jesse pouvait clairement dire qu’il y avait un avant et un après Bran en ce qui concernait sa vie sociale, pour le meilleur et pour le pire. Avant, Jesse fréquentait majoritairement des milieux gays où il rencontrait d’autres hommes (gays). Il n’avait pas arrêté de les fréquenter en devenant exclusif avec Bran. Ce dernier arguait que les types que Jesse y rencontraient ne voulaient pas juste de son amitié. Au début, le costumier pensait que c’était sa jalousie et son homophobie qui parlaient, avant de se rendre compte qu’il n’avait pas tout à fait tort. Il avait alors arrêté, et à terme commencé à fréquenter les milieux queers. Bran n’était toujours pas fan du concept non plus, mais était capable de percevoir la différence.
« Sérieuse, oui, on peut dire ça. »
Jesse s’était souvent surpris à rêver d’un futur avec Bran. Un futur comme il en rêvait. Mais jamais il ne l'avait sérieusement envisagé. Sa nature optimiste s’était heurtée au pragmatisme. Rien de ce qu’il rêvait n’était envisageable dans un placard. C’était trop grand pour un espace si étroit.
M. Reddington fit un commentaire sur l’inattendu, un citation d’un écrivain français qui ne parlait pas du tout à Jesse. Il haussa les épaules pour signifier qu’il était passé au-dessus de tout ça.
« C’est aussi un peu ma faute de l’avoir laissé entrer dans ma vie. On dirait que cette fois, j’ai enfin retenu la leçon. »
Il avait laissé entrer trop d’hommes dans sa vie de la sorte. Un avocat aurait très certainement pas mal de choses à dire sur toutes ses relations amoureuses. Ce qui était un peu déprimant, quand on y pensait deux secondes.

M. Reddington voulut en savoir plus sur la récente visite de son client. Jesse esquissa un sourire au trait d’humour de l’avocat.
« Bien trop tôt pour moi, et il le sait. »
Deux ans de vie semi-commune, ça ne s’oubliait pas aussi rapidement. D’autant plus qu’à sa connaissance, Bran n’avait, lui non plus, pas connu d’autres relations sérieuses depuis leur rupture pour remplacer ces souvenirs du quotidien. L’avocat lui demandait s’il avait une idée d’un potentiel coupable, tout en prenant beaucoup de précaution pour ne pas le contrarier. Jesse trouvait ça étrange qu’il prenne autant de pincettes.
« Honnêtement ? Des tas de gens auraient pu faire ça. Il y a beaucoup de gens qui ne l’aiment pas sur Internet, et dans la vraie vie aussi. La vraie question est de savoir qui aurait pu avoir accès à une telle information pour être en mesure de la divulguer. »
Jesse doutait que c’était juste quelqu’un qui avait inventé ça sans vraiment savoir si c’était vrai.

Une relation sérieuse faisait toujours mal lorsqu’elle s’arrêtait. Non pas que Lincoln était un expert dans le domaine, n’ayant pas eu énormément de relations très sérieuses dans sa vie. La plus sérieuse qu’il avait eue jusqu’à ce jour était celle qu’il entretenait avec son travail certainement. Mais ce n’était pas la première qu’il voyait souffrir d’une relation sérieuse. Et dans le cas de monsieur Costello, l’attitude de Bran n’avait pas dû aider. Quoiqu’il en soit, l’avocat savait sur quelles bases se fixer et comment axer la défense de son client. Lincoln se permit d’échanger sur la relation qu’avait eue Jesse avec son client et il cita un écrivain français pour mettre en avant la définition de l’imprévu. Que finalement, on pouvait tout prévoir, mais cela n’empêchait pas l’imprévu venir sonner à la porte un jour et de s’incruster sans rien demander. Le jeune homme continua à boire le café qui se trouvait dans sa tasse, écoutant son interlocuteur dire qu’il avait une part de responsabilité dans son histoire avec Bran et qu’il était responsable de l’avoir fait rentrer dans sa vie avec toutes les conséquences qui allaient avec. Ce qui en soit n’était pas faux, mais Lincoln trouva qu’il fallait apporter quelques nuances à ses propos cependant. « Il est vrai que vous avez pris la décision de le faire entrer dans votre vie. Mais à ce moment-là, vous pensiez que c’était la meilleure décision. Peut-être que vous auriez pu prévoir ce qui allait se passer ensuite. Ou peut-être pas. Mais ne soyez pas trop dur avec vous-même. Il est normal de laisser entrer dans notre vie des personnes que l’on commence à apprécier, à aimer. Car sinon quel serait le but d’apprécier ou d’aimer telle ou telle personne ? Peut-être seriez-vous plus prudent à l’avenir. Mais ne vous interdisez-vous pas d’aimer à nouveau, d’ouvrir votre vie à d’autres personnes. Chaque personne est différente après tout. » Finit-il par dire en esquissant un léger sourire sur son visage. Faisant alors une petite blague sur l’heure à laquelle a eu lieu la dernière visite de Bran à Jesse, ce dernier semblait continuer sur la lancée, précisant que c’était bien trop tôt pour lui. Et une nouvelle fois, l’avocat esquissa un sourire en direction de son interlocuteur.

Cependant, il n’était pas ici pour simplement échanger des banalités et si ce n’était pas Jesse qui était l’auteur de la divulgation de leur relation, Lincoln devait donc chercher de nouvelles pistes pour essayer de défendre au mieux son client. Même si cela ne voulait pas dire qu’il écartait totalement la piste Jesse. Juste qu’au fil de la conversation, il le voyait de moins en moins comme un suspect. Alors il en vint à lui demander s’il avait une petite idée de la ou les personnes qui auraient pu être à l’origine de ces informations données au magazine people. Cependant, la réponse de monsieur Costello ne fut pas d’une très grande aide, même si l’avocat appréciait qu’il ait répondu à sa question. Mais finalement, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin et il allait falloir certainement prier la chance ou user de toutes les ruses, de toutes les idées possibles pour connaître l’identité de la personne qui semblait vouloir nuire à Ragsdale. Cependant, Jesse releva un point très intéressant et qu’il fallait approfondir aux yeux de Lincoln. Et il savait déjà à qui il allait demander pour faire ce job. « La liste va être longue, j’en ai bien peur alors. Mais je retiens l’idée de chercher une personne qui aurait pu avoir accès à une telle information. Je pense que cela pourra réduire notre liste. » Expliqua-t-il en prenant à nouveau sa tasse de café, buvant d’un trait sec le restant de caféine qui restait dedans avant de reposer la tasse là où elle était. Se levant alors de la chaise sur laquelle il se trouvait, Lincoln ne voyait pas d’autres questions sur lesquelles ils pouvaient continuer d'échanger. Des questions professionnelles en tout cas. « Je vous remercie d’avoir répondu à mes questions et aussi pour ce délicieux café. Il va me faire du bien pour le restant de la journée. » Car pour Lincoln, la journée était loin d’être finie et ce n’était pas lui qui allait s’en plaindre. Bien au contraire. Cependant, ce petit remontant allait le booster, c’était certain. « Je ne vais pas vous prendre davantage de temps. En tout cas, je vous souhaite bon courage. Et ne désespérez pas. Un jour, vous allez tomber sur la bonne personne, j’en suis sûr. » Non pas que Bran n’était pas une bonne personne aux yeux de Lincoln, simplement il ne semblait pas être LA bonne personne pour monsieur Costello. Mais c’était une histoire qu’il ne comptait pas sûr, cela ne rentrant pas dans le cadre professionnel. Lui faisant une poignet de main, l’avocat prit le chemin de la sortie et quitta alors l’appartement de Jesse Costello, lui adressant ses au-revoirs avant de sortir de l’immeuble et de rentrer dans sa voiture, direction son bureau. Et même s’il n’avait pas eu autant d’informations qu’il aurait pu l’espérer, Lincoln semblait content d’avoir pu obtenir des informations et surtout des confirmations. Le travail l’appelait avec de nouveaux dossiers.

FIN DU RP

@Jesse Costello