Avec tout ce qui s’était passé dans sa vie dernièrement, Ash ne savait plus où il en était. Avec Izan, il s’était de nouveau séparé et cela lui semblait désormais la finalité de leur histoire. Il avait du mal à ressentir les émotions, préférant être anesthésié que d'éprouver encore la douleur et la colère qui s’étaient emparé de son esprit et de son cœur durant les deux mois suivant leur première rupture. Courir était pour lui un échappatoire digne de ce nom, puisqu’il ne touchait ni à l’alcool ni aux substances illicites. Il ne lui restait que le sport pour s’aérer l’esprit. Parfois, il courait longtemps, s’aventurant dans des endroits où il n’avait encore jamais mis les pieds. Des fois, il lui fallait même prendre le bus ou un taxi pour revenir à son domicile tellement il s’engageait loin dans la ville. Aujourd’hui, il était encore au cœur de Brisbane, mais son pas le mena vers « streets beach », une plage artificielle où il avait déjà mis les pieds une ou deux fois. Le soleil s’était couché depuis déjà une ou deux heures et il y avait peu de personnes sur place. Ash ne courrait plus depuis plusieurs minutes déjà, puisqu’il était tout bonnement épuisé. Sa capacité cardiorespiratoire s’était considérablement améliorée depuis  qu’il s’était sérieusement mis à la course. Il avait fait des progrès indéniables. Nieves serait probablement fière de lui, la blonde qui était nouvellement son amie l’ayant encouragée à sa manière.  Il essaya cependant de ne pas penser à son ex, Izan, parce qu’il ne souhaitait pas perdre le début de sourire qu’il avait sur les lèvres. Lui aussi serait probablement fier de lui, alors qu’il s’était gentiment moqué de son manque d’endurance par le passé. Il essayait tant bien que mal de ne pas penser à lui, même si dans ses songes, il retournait toujours et inévitablement vers son pianiste. Soupirant, il décida d’aller boire un peu d’eau à l’abreuvoir qui se trouvait un peu plus loin. En faisant cela, il remarqua au loin un feu qui était resté allumé sur la plage. Il ne semblait y avoir qu'une seule personne présente et cette dernière semblait jouer de la guitare. D’un naturel avenant, Ash allait souvent vers les autres. Mais c’était avant. Il hésita longtemps, puis il céda pour marcher dans la direction de la musique. L’inconnu semblait assez doué et il y avait quelques jours, Alby lui avait mentionné son désir de quitter le groupe pour s’occuper de son fils. Il lui avait dit que la vie de rockeur était derrière lui. Bien que Ash eut été déçu, il avait compris. Le problème, c’était que son groupe avait tout de même besoin d’un guitariste. Il se voyait mal passer des auditions. « salut,  je t'ai entendu de loin. tu sembles bien doué. » dit Ash en arrivant finalement à destination. Un faible sourire s'était dessiné sur les lèvres de l'anglais qui essayait d’avoir l’air un tant soit peu normal, malgré le vide qu’il ressentait à l’intérieur. « désolé, je ne vais pas comme ça vers les inconnus, mais je joue aussi de la guitare. » lui mentionna-t-il pour essayer de ne pas avoir l'air trop bizarre. Il se disait que tout d'un coup il avait bien du mal avec les interactions humaines et que l'inconnu aurait probablement des raisons de vouloir se tenir bien loin de lui.

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@Asher Thornhill - streets beach – août 2024
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Une nouvelle soirée s'apprête à se terminer, le soleil est en train de tirer sa révérence au fil des minutes, alors que tu es assis, dans un transat bas posé sur le sable, ta guitare en mains. Tu laisses tes doigts caresser les cordes de l'instrument, en douceur, tandis que tu profites également des flammes qui ondulent dans le vide juste en face de toi. Les soirées d'hiver en Australie sont clémentes, tu n'as pas froid, mais la chaleur du feu de joie fait du bien à ta peau. Tu viens de terminer une nouvelle après-midi en compagnie d'inconnus, qui finiront peut-être par devenir, au fil du temps, plus que cela. Depuis ton arrivée à Brisbane, tu ne fais que ça : parler à des gens que tu ne connais pas, mais qui deviendront peut-être importants un jour dans ta vie, d'une manière ou d'une autre. En début de soirée, ils ont eu l'idée de faire un feu, et tu es le dernier du groupe à encore en profiter avec pour seul but de finir la journée en musique. Pour le moment, ta vie ici est très simple, mais c'est ce qui te convient le mieux. C'est ainsi que tu perçois la vie, à savourer des moments simples, qui ne veulent pas nécessairement dire moins riches pour autant. Les émotions que tu ressens, en jouant de la musique, sont intenses, et pourtant tu n'as besoin que de ta guitare et de ce merveilleux coucher de soleil pour te sentir émerveillé. Rien de plus, rien de moins. Pas besoin de débourser des milles et des cents, l'accès à la plage est gratuite. Profiter de la beauté du paysage l'est également. Ta guitare sèche, elle t'appartient. Que peux-tu demander de plus, finalement ? Tu n'es pas timide à l'idée de jouer en public, même si tu as surtout l'impression d'être le seul à prêter attention à ta propre personne pour le moment. Alors tu te laisses aller, ta voix couvrant parfois les notes de l'acoustique. « salut,  je t'ai entendu de loin. tu sembles bien doué. » La voix d'un homme te surprend et t'interromps, sans que tu ne t'en formalises vraiment, puisqu'il se pose devant toi pour te complimenter. Tu lui adresses un sourire de remerciement, pensant qu'il allait simplement repartir, sauf qu'il poursuit : « désolé, je ne vais pas comme ça vers les inconnus, mais je joue aussi de la guitare. » Le brun en face de toi a l'air intimidé, tu ne l'es pas nécessairement, alors tu lui réponds avec beaucoup de bienveillance et de politesse, puisque son compliment te va droit au cœur et que tu apprécies que ce soit un joueur de guitare qui te le dise. « oh, il n'y a pas de problème. Merci, pour le compliment. » Tu poses ta guitare sur tes genoux et tu te redresses sur le transat pour mieux apercevoir les traits de l'inconnu joueur de guitare. « Tu joues de la guitare sèche aussi ? ou tu es adepte de l'électrique ? » Ou autre, mais tu le laisses te répondre, puisqu'il saura mieux te répondre que toi formuler tout un tas d'hypothèses. « tu peux t'installer, si tu veux, je n'attends personne. » Un peu de compagnie pour finir cette journée, tu n'es pas contre non plus, d'autant plus si l'homme à tes côtés est elle aussi musicien. La guitare est un vrai passe-temps que tu aimes vivre et partager, alors autant continuer le faire aussi ici, à Brisbane.

En s’approchant du jeune inconnu, Ash espérait ne pas lui faire peur. Il aurait bien aimé arrivé en faisant du bruit, mais dans la pénombre, il n’y avait que le sable sous ses souliers et aucun moyen de lui signifier en avance qu’il s’apprêtait à lui parler. L’inconnu semblait concentré sur sa musique, pensant probablement qu’il était seul sur la plage vu l’heure tardive. Après l’avoir salué, lui disant par le même fait qu’il était doué, Ash lui fit un petit sourire à la lumière du feu qui dansait dans la noirceur. Cela avait quelque chose de rassurant et de familier. L’anglais avait besoin de chaleur, lui qui voyait la vie en noir et blanc depuis un certain temps.  La température était acceptable et Ash n’avait pas froid, malgré la sueur qui séchait désormais sur son corps. « oh, il n'y a pas de problème. Merci, pour le compliment. » lui dit l'inconnu avant de déposer sa guitare sur ses genoux. « je joue des deux, mais j’ai commencé par la guitare sèche. » lui signifia l’anglais en lui faisant un triste sourire. « mon premier instrument fut le piano et après, j’ai passé à la guitare. as-tu appris seul ou tu as suivi des cours? » Il en avait bien des questions ce soir le guitariste! Mais cela lui faisait du bien de parler à quelqu’un qui ne le connaissait pas du tout. Il y avait quelque chose de rafraîchissant là-dedans. « c’est ma mère qui m’a montré le piano. » Il ne remerciera jamais assez cette dernière de lui avoir transmis son intérêt pour la musique. C’était plus qu’une passion, c’était vital pour lui, comme l’oxygène qu’il respirait. Mais même la musique en ce moment avait bien du mal à le sauver. Il agissait sur scène comme s’il était un robot et ne se donnait plus autant qu’avant. Le fait qu’Alby venait de les quitter jouait encore plus sur son moral. « tu peux t'installer, si tu veux, je n'attends personne. » Ash n’allait pas se le faire dire deux fois et accepta tout de suite l’invitation du jeune homme à s'asseoir près du feu avec lui.  « merci… tu fais souvent cela? je veux dire, passer tes soirées à jouer de la guitare seul au bord du feu? » il regarda ce dernier d’un air pensif durant quelques secondes, perdu dans ses songes. « je m’appelle Asher et toi? » demanda-t-il en regardant toujours les flammes qui l'envoyait presque dans un état second.  Autant se présenter de manière convenable alors il lui tendit la main dans le but de la serrer. « enchanté. » lui dit-il, lui faisant un petit sourire amical.

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Le compliment de l'inconnu te va droit au cœur, puisque tu n'as pas la prétention de croire que tu es un véritable artiste à la guitare. Tu as appris par hasard à y jouer durant l'un de tes nombreux déplacements, dans une ville en bord de mer, un peu comme Brisbane, mais plus petite et familiale. C'était dans une situation assez semblable à celle-ci, alors que tu venais de rencontrer un groupe de jeune près d'un feu de camp. Ils t'ont montré quelques accords, tu t'es lié d'amitié (et plus si affinités, même) avec l'un d'entre eux et il a continué à t'apprendre comment y jouer. Résultat, avec le temps et de l'entraînement, tu es désormais capable de jouer des morceaux plus ou moins compliqués, tout en arrivant à fredonner par dessus la mélodie jouée par tes doigts. « je joue des deux, mais j’ai commencé par la guitare sèche. Mon premier instrument fut le piano et après, j’ai passé à la guitare. As-tu appris seul ou tu as suivi des cours? » Tu lui adresses un large sourire car les souvenirs de ton apprentissage de la guitare te reviennent justement en tête. « C'est mon ex qui m'a appris à en jouer et j'ai continué à pratiquer tout seul. » Tu n'as pas honte de préciser la nature de la relation de la personne qui t'a appris, le terme ex peut de toute façon être utilisé pour un homme ou une femme. A la rigueur, tu t'en fiches d'avouer ton faible pour les hommes, même si des fois tu sais qu'il vaut mieux se méfier, quand on ne connait pas du tout la personne en face. « Le piano ? wow. Je suis admiratif, ça ne doit pas facile. » Comme n'importe quel instrument quand on débute, c'est certain. « c’est ma mère qui m’a montré le piano. » Musicien, de mère en fils, alors ? « ça resserre les liens d'avoir une passion commune avec l'un de ses parents. » Tu en sais quelque chose, toi qui a partagé la passion de l'écriture et du journal intime avec ta mère, également. « merci… tu fais souvent cela? je veux dire, passer tes soirées à jouer de la guitare seul au bord du feu? » L'inconnu s'installe à tes côtés, et tu fais mine de réfléchir à sa question, alors que tu connais parfaitement la réponse. « je viens d'arriver à Brisbane, alors c'est la première fois que je viens jouer au bord de la mer ici... mais j'adore jouer de la guitare face à un beau paysage, donc je dirai que ce n'est pas la première fois que je me retrouve seul avec ma guitare devant un coucher de soleil. » Que ce soit face au précipice d'une montagne, devant l'océan, un lac ou autre, tu aimes observer l'horizon pendant que tes doigts glissent sur les cordes de ta guitare. Cela fait parti des choses simples que tu apprécies vivre pleinement. « je m’appelle Asher et toi? » « Mokare. Enchanté, également. » Lui réponds-tu, en serrant délicatement sa main pour te présenter toi aussi. « Tu es originaire de Brisbane ? » Oses-tu demander, pour poursuivre ce début de conversation très agréable entre Asher et toi.

Il y avait une chance sur deux pour que l’inconnu soit dérangé par la démarche du guitariste. Certaines personnes n’appréciaient pas qu’on les dérange lorsqu’ils se trouvaient dans leur petite bulle. S’il lui avait montré un signe qu’il n’était pas le bienvenue, Ash aurait rebroussé chemin sans se poser de questions et il aurait simplement continué sa route comme si de rien n’était. Heureusement pour lui, le jeune homme lui semblait amical et avenant, un peu comme lui-même. D’ailleurs, le sourire de l’inconnu était contagieux et Ash ne put s’empêcher de faire de même. Il lui était encore difficile d’utiliser les muscles de son visage, mais le vide disparaissait progressivement. « Le piano ? wow. Je suis admiratif, ça ne doit pas facile. » lui mentionna l’inconnu. « ce n’est pas facile en effet, mais je connais… connaissait quelqu’un qui est particulièrement doué et il m’a montré quelques trucs pour m’améliorer. Ma mère a du talent, mais ce n’est rien en comparaison avec son talent… » dit-il, le regard qui se perdit soudainement au-delà des flammes qui dansaient devant lui. Penser à Izan lui était difficile, mais ses  souvenirs, bien que douloureux, le gardaient bien vivant.  « ça resserre les liens d'avoir une passion commune avec l'un de ses parents. » Le guitariste acquiesça à ses paroles. Ash était très proche de ses parents et aussi de sa petite soeur. Ils étaient une famille soudée et il ne les échangerait jamais pour rien au monde. « j’ai de la chance d’être très proche de mes parents. et toi? » lui demanda-t-il, curieux. «désolé, tu n’es pas obligé de répondre à mes questions.» ajouta l’anglais avec un tout petit sourire, conscient qu’ils ne se connaissaient que depuis à peine cinq minutes. « je viens d'arriver à Brisbane, alors c'est la première fois que je viens jouer au bord de la mer ici... mais j'adore jouer de la guitare face à un beau paysage, donc je dirai que ce n'est pas la première fois que je me retrouve seul avec ma guitare devant un coucher de soleil. » qu’il mentionna. « oh! tu voyages beaucoup alors! tu as de la chance… je viens d'Angleterre, mais je suis ici depuis mes douze ans. je n’ai rien connu d’autres… » Il se retint de parler de Malte, parce qu’il ne souhaitait pas avoir à donner des réponses à des questions qui allaient lui tordre l’âme. « enchanté Mokare! » lui dit-il avant de lâcher sa main. Il lui fit un nouveau sourire. « as-tu l’intention de rester un moment ici? » demanda-t-il, curieux. Était-il simplement de passage ou allait-il rester un moment ici?

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« ce n’est pas facile en effet, mais je connais… connaissait quelqu’un qui est particulièrement doué et il m’a montré quelques trucs pour m’améliorer. Ma mère a du talent, mais ce n’est rien en comparaison avec son talent… » Tu écoutes les paroles du guitariste avec beaucoup d'attention, ne sachant pas vraiment si tu dois relever cette hésitation quant au fait qu'il connait ou 'connaissait' cette fameuse personne lui ayant appris à jouer du piano. Tu remarques bien le voile de tristesse qui passe dans son regard qui semblait trouver un véritable intérêt pour les flammes dansantes du feu en face de vous. Tu ne veux pas le rendre davantage mélancolique d'une relation passée, peut-être marquée par le décès ? Avec la mort récente de ta mère, tu sais que tout peut arriver du jour au lendemain, sans y avoir été préparé. « Tu as un entourage très porté sur la musique, alors ? » Oses-tu finalement demandé, à la fois curieux et gêné de le relancer sur un sujet qui va peut-être plus le blesser qu'autre chose. Tu lui indiques alors qu'avoir une passion commune entre membres de la famille resserre les liens, tout comme tu as pu partager celle de l'écriture avec ta mère avant sa disparition. « j’ai de la chance d’être très proche de mes parents. et toi? désolé, tu n’es pas obligé de répondre à mes questions. » Tu as l'impression que cette question t'est régulièrement posée, à moins que tu ne le remarques davantage depuis qu'elle est partie, tu ne sais pas trop. Néanmoins, tu essaies de ne pas arborer cet air triste, car la peine commence à s'atténuer petit à petit. « ça ne me dérange pas. J'ai toujours été plus proche de ma mère. Elle m'a transmis son amour pour l'écriture, alors on écrivait en même temps dans notre journal. » Déclares-tu, avant de préciser, pour éviter d'avoir une question à propos de ta mère : « Elle est décédée en mars. Je dirai que ça m'a rapproché de mon père, je m'entendais déjà très bien avec mais... c'était différent. » A ton tour de regarder les flammes qui ondulent sous tes yeux, te rendant compte que leur mouvement est très apaisant et que c'est certainement pour cette raison que l'homme les regardait aussi tout à l'heure. Tu lui avoues ensuite que tu viens tout juste d'arriver ici, à Brisbane, mais qu'il est monnaie courante de te voir jouer de la guitare dans le calme des paysages qui s'offrent à toi. « oh! tu voyages beaucoup alors! tu as de la chance… je viens d'Angleterre, mais je suis ici depuis mes douze ans. je n’ai rien connu d’autres… » « Moi je te considère aussi très chanceux de connaître un autre pays que l'Australie, je n'ai jamais quitté le pays, à défaut de l'avoir parcouru de long en large et en travers. » Tu souris, avec de le questionner davantage sur ce pays que tu ne connais pas du tout : « ça ne te manque pas trop, l'Angleterre ? Peut-être que tu n'en as pas beaucoup de souvenirs ? » La conversation avec l'inconnu est très agréable, si bien que vous finissez par vous présenter et faire connaître vos prénoms respectifs, tout en vous serrant doucement la main. « as-tu l’intention de rester un moment ici? » Tu hausses délicatement des épaules, en arborant une moue de réflexion passagère. « Je prévois de rester un peu oui, j'ai retrouvé ma sœur jumelle après qu'on ait été séparé à la naissance, alors j'aimerais qu'on puisse se rapprocher tous les deux. » Tu abordes rapidement le sujet, ne voulant pas trop t'étendre sur la question avec chaque personne que tu croises. Tu reprends donc la parole pour embrayer sur un détail qui t'interpelle néanmoins sur ton nouveau quotidien à Brisbane : « Il faut que je me trouve un boulot... tu n'aurais pas une piste pour m'aider, à tout hasard ? » Qui ne tente rien, n'a rien.

Le guitariste fut soulagé que Mokare ne semble pas vouloir poser davantage de questions sur la personne qui l’avait aidé à s’améliorer au piano. Évidemment, Mokare ne connaissait aucunement la situation. Il ne savait rien de la douleur de l’anglais. Il ne connaissait rien de son cœur meurtri par sa propre faute.  Mais Ash ne pouvait pas s’empêcher de le mentionner parce que ses pensées revenaient toujours vers son pianiste.  Il ne le faisait pas de manière préméditée. Le matin, en se levant, ses premières pensées allaient vers lui et elles ne se fanaient pas au courant de la journée, bien au contraire. Le soir, il s’endormait en pensant encore à lui. Mais bien que tout cela soit extrêmement douloureux, il ne souhaitait pas arrêter de penser à lui. Il ne souhaitait jamais que ses souvenirs ne s’effacent aussi douloureux qu’ils puissent l’être. Ash s'accrochait à son sourire, à son rire et au contact de sa peau qu’il n’aurait sûrement plus l’occasion de voir ou de sentir. Mais il s’agissait de sa punition pour tout ce qu’il avait fait subir à l’hispanique. Il se força cependant à couper court à son flot de pensées pour reporter son attention sur Mokare qui venait de lui poser une question. « Tu as un entourage très porté sur la musique, alors ? » Son ton de voix semblait curieux, mais également gêné. « oui, ma sœur chante également. Il n’y a que mon père qui n’a pas d’intérêt pour le domaine musical. » Il eut un petit sourire amusé. Ash avait souvenir que sa mère avait essayé de montrer le piano à son mari, mais bien qu’ils soient tous les deux dotés d’une patience exceptionnelle, il avait fallu se rendre à l’évidence. Ce n’était pas sa tasse de thé. « ça ne me dérange pas. J'ai toujours été plus proche de ma mère. Elle m'a transmis son amour pour l'écriture, alors on écrivait en même temps dans notre journal. » Ash fut tout de même surpris de l’entendre lui parler du fait qu’il tenait un journal. Il n’en avait jamais personnellement tenu, puisqu’il étalait toujours facilement ses émotions au grand jour, mais il était impressionné que Mokare s’y tienne. Il allait ajouter quelque chose, mais Mokare lui annonça que sa mère était décédée il y avait peu de temps. Ash regretta soudainement toutes ses questions qui, bien que posées de manière innocente, lui semblaient désormais totalement déplacées. « je suis désolé pour ta mère. » L’anglais ne savait pas ce que ça faisait de perdre un membre de sa famille, alors il ne connaissait pas la douleur qui pouvait s’y rattacher. Il n’essayerait pas de se l’imaginer, puisque ce devait être horrible.

Il lui fit un petit sourire de soutien, mais quelque chose lui disait qu’il n’avait peut-être pas envie d’en parler davantage. Le guitariste ne devait pas être le premier idiot à lui avoir posé ce genre de questions. « Moi je te considère aussi très chanceux de connaître un autre pays que l'Australie, je n'ai jamais quitté le pays, à défaut de l'avoir parcouru de long en large et en travers. » Un nouveau sourire, un peu plus franc, se dessina sur les lèvres du jeune trentenaire. « ça ne te manque pas trop, l'Angleterre ? Peut-être que tu n'en as pas beaucoup de souvenirs ? » Ash prit quelques secondes pour réfléchir. « c’est certain que j’aimerais bien y retourner un jour, puisque je n’y ai jamais remis les pieds depuis…. » Mais il tenait beaucoup à ses origines, puisqu’il avait toujours fait en sorte de garder son accent et ce, malgré ses dix-huit années passées en sol australien. « mais mes parents s’acharnent à me faire des repas typiquement anglais alors c’est difficile pour moi d’oublier. j’y retournerai sûrement un jour, mais je n’ai pas vraiment de famille là-bas. » Sa vie était ici depuis tant d’années qu’il ne se voyait pas y retourner pour y habiter. Brisbane était sa terre d’adoption et il ne se verrait pas la quitter. « on a voyagé un peu avec mon groupe ici, mais à l’arrière d’une vanne, c’est pas la même chose que d’être libre…. » D’ailleurs, Ash se demandait si Mokare souhaitait rester un moment dans leur ville.  « Je prévois de rester un peu oui, j'ai retrouvé ma sœur jumelle après qu'on ait été séparé à la naissance, alors j'aimerais qu'on puisse se rapprocher tous les deux. Il faut que je me trouve un boulot... tu n'aurais pas une piste pour m'aider, à tout hasard ? » Ash appréciait déjà beaucoup ce Mokare. « bah… j’ai une place de libre dans mon groupe pour un guitariste… si jamais tu veux venir entendre notre son tu peux venir à une de nos pratiques. C’est clair que ça ne paye pas très bien et qu’on se déplace souvent pour jouer une ou deux chansons, mais la joie d’être sur scène vaut tout ça, je pense. » Une drôle de façon de l’inviter à faire potentiellement partie de son groupe, mais qui ne tente rien n’a rien? Ash aimait bien apprendre à connaître les gens dans un autre contexte que celui d’une audition. Disons que Mokare avait déjà le talent et il avait une très belle personnalité. Blaize et Rayleigh allaient sĵurement l’apprécier. Il suffisait que Mokare leur laisse une chance. Ash se leva et se dit qu’il se faisait tard et que sûrement le jeune homme voulait passer un peu de temps seul. « je vais y aller, mais je te file mon numéro et tu y penses? ça ne t’engage à rien, puis au pire, tu passeras une belle soirée en notre compagnie! » Pourquoi pas? Il était certain que personne ne pouvait le blâmer d’essayer de le recruter.

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