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swann & arthur

lieu: the gallery of broken heart, event

Il tenait simplement à recevoir sa dose de caféine avant de passer le reste de sa journée enfermé dans son bureau pour enchaîner les réunions autour de la finalisation du dossier de projet. Déjà plongé dans son téléphone, il ne prête guère attention à ce qui se passe autour de lui. Jusqu’à ce que le prénom de Swann, associé à celui de Rory, ne vienne le tirer de la rédaction de son mail. Il n’a jamais été de ceux qui écoutent la conversation des autres, mais juste devant lui, dans la queue menant au comptoir, deux jeunes femmes débattent sur le potentiel divorce de son meilleur ami.L’une dégaine son téléphone pour montrer tout un tas d’articles montrant Rory en compagnie de Robin et à des milliers de kilomètres de là, aux États-Unis, et avec le bruit courant qu’un divorce allait être prononcé prochainement. Il n’aime pas écouter les ragots, déteste leur porter de l’importance, mais un instinct le pousse à envoyer un message à Swann. Rien d’alarmant, un brin anormal, mais un message banal en soi.

Il a mis bien trop de temps à répondre pour ne pas rendre les ragots potentiellement réels. Est-ce que Rory est réellement parti aux États-Unis avec la petite en laissant Swann seul à Brisbane ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le mot divorce soit prononcé alors qu’il y a encore quelques semaines, Swann lui jurait n’avoir jamais été aussi heureux. Arthur commence à voir rouge face au silence de Swann, mais surtout face au culot dont Rory semble faire preuve. Pour une fois, néanmoins, il se jure de ne pas simplement insulter le mari de son meilleur ami ou de tenter une action qui sera regrettée. Il aborde une autre approche, quelque chose qui pourrait réellement aider Swann qui paraît s’être retranché dans sa coquille comme il a si souvent l’habitude de le faire.

De loin, alors qu’il se dépêche pour pallier son retard, il réalise que Swann n’est sincèrement pas dans son assiette. Quelque chose dans sa manière de se tenir, dans la façon dont son regard se traîne sur la vitrine éphémère du local devant lequel Arthur lui a donné rendez-vous. Un sourire en coin en guise de bonjour et un préambule qui ne lui donnera pas l’occasion de se retrancher dans le silence. « Je me suis dit que t’avais peut-être besoin de te débarrasser de quelques trucs. » Sa secrétaire avait parlé de l’initiative en jurant vendre à prix fort les cadeaux de ses imbéciles d’ex petits amis. « Il paraît que c’est thérapeutique. » Est-ce que l’on peut vendre son alliance dans ce genre d’endroit ? Swann porte encore la sienne, en tout cas.

Il ne comprend pas sa présence à un vide-grenier auprès d’Arthur mais puisque cela semble tenir à coeur à son ami, Swann n’en dit rien de plus. Il est poli, après tout, et il sait aussi que cela ne sert à rien de vouloir suivre à tout prix l’historique des lubies de son ami en temps et en heure. « Je me suis dit que t’avais peut-être besoin de te débarrasser de quelques trucs. » La proposition ne fait que poser davantage de questions dans l’esprit de Swann, qui ne comprend pas vraiment quelle pourrait être sa place dans un vide-grenier. Il comprend l’idée de s’y balader, mais vendre ? Il serait sans doute affreux à la tâche, et surtout il ne saurait pas de quoi se débarrasser, encore moins sans en avoir parlé avec Rory. « Il paraît que c’est thérapeutique. » - « De quoi tu parles Arthur ? » Il demande directement, sans détour et sans grande patience non plus, à l’image de ses sourcils qui se froncent - quand bien même il s’agit là davantage d’incompréhension que de colère.

Ce n’est que lorsqu’il aperçoit le panneau représentant le nom de l'événement qu’il s’arrête, pensant comprendre ce dont il s’agit. « Gallery of broken hearts ? T’es sérieux ? » Et peut-être que cette fois-ci il existe bel et bien un brin de colère dans sa voix, la faute à une fatigue accumulée qui n’est pourtant pas du fait d’Arthur. « Tu penses qu’on a rompu ? » Il manque d’ajouter un “toi aussi” qui lui fendrait le cœur, parce qu’une part de lui n’arrive pas à leur donner complètement tort. Au fond, peut-être que lui et Rory ont bel et bien rompu et qu’il est simplement trop aveugle et optimiste pour vouloir l’accepter avant de l’avoir entendu de la voix du premier intéressé - du seul intéressé, par ailleurs, quoiqu’en pensent les réseaux sociaux du monde entier. Ses bras se croisent sur son torse alors qu’il attend une réponse plus claire de la part d’Arthur, ne voulant pas jouer à un tel jeu avec lui: il n’y a rien de Rory dont il voudrait se débarrasser et il doute sincèrement que cela puisse avoir quoi que ce soit de thérapeutique, surtout pour lui, surtout dans leur situation. Ils sont dans une période difficile, oui, mais ils n’ont pas rompu. Ils ne pensent pas à rompre non plus. « T’as parlé à quelqu’un ? » Il finit par demander par suspicion injuste, déjà prêt à s’entendre dire que tout son entourage s’inquiète pour lui et pense que son couple ne pourra pas être sauvé. Ce n’est pas ce qu’il veut, ce n’est pas ce qu’il désire, mais si tous ses proches ont perdu foi en lui alors il voudrait au moins le savoir une bonne fois pour toutes.

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Il repère immédiatement la confusion sur le visage de Swann. Peut-être aurait-il dû être plus direct ? Mais il sait parfaitement que son ami déteste les confrontations et pour une fois, il voulait tout simplement lui démontrer son soutien sans pour autant se moquer de la situation. Les actions d’Arthur se basent sur un véritable bon sentiment, loin des préjugés qu’il a l’habitude de distribuer à tout va, sans même se soucier des états d’âmes de Swann. « De quoi tu parles, Arthur ? » Ils échangent un regard empli d’interrogation qui semble créer un certain malaise dans leur démarche. Il est un peu tard pour faire demi-tour, encore plus lorsque Swann paraît prendre conscience de la devanture qui leur fait face. « Gallery of broken hearts ? T’es sérieux ? » Il hausse les épaules, pas vraiment enclin à faire une blague. « C’est cliché, je sais. » C’est affreusement niais, ça déborde de bons sentiments, de conseils de psy et toutes les merdes du genre, mais ce n’est pas le genre de chose dont Swann raffole ? Ou tout du moins ce qui l’aiderait à vider un peu son sac ? Arthur reste néanmoins surpris par la manière dont il se tourne vers lui avec un regard qu’il n’a pas pour habitude de croiser chez lui. « Tu penses qu’on a rompu ? » Ce n’est pas ce qui se raconte de partout en ville ? Arthur se retrouve un peu décontenancé, plus vraiment certain d’avoir fait le bon choix et surtout pas mal déstabilisé par le comportement de Swann. « Bah, je… » Aurait-il fait fausse route ? Une part de lui aimerait que ce soit le cas, mais il y a des indices qui ne trompent pas même si la colère de Swann détonne avec le reste. « T’as parlé à quelqu’un ? » - « Hein ? Mais non ! » Est-ce que Swann pense qu’il a parlé à des journalistes ? Il a la sensation que tout cela pourrait trop rapidement tourner au quiproquo et ce n’est pas son intention. Déposant une main sur l’avant-bras de Swann, il l’invite à se retirer du passage, pour mettre les choses aux clairs. « J’ai entendu des gamines raconter en large et en travers les derniers ragots au sujet de ton couple. » Il n’a pas l’intention de lui mentir. « J’avais pas l’intention d’en tirer des conclusions. » Est-ce qu’il sait au moins qu’Arthur ne prête jamais attention à la presse à scandale ? « Mais t’as mis des jours à répondre à mon message et aujourd’hui, tu te pointes avec des cernes de dix kilomètres sous les yeux. » Arthur voulait bien faire et certainement pas blesser son ami. Il soupire, même lorsqu’il s’inquiète, il est capable de mettre les pieds dans le plat. « Y’a des photos de lui aux États-Unis avec Robin et toi, t’es tout seul ici. » Et il sait parfaitement que Swann n’est jamais parti avec eux.

Le problème ne réside pas dans le fait que le nom de cet endroit soit parfaitement cliché mais bel et bien dans l’idée qu’Arthur ait ressenti le besoin d’y emmener Swann en pensant faire une bonne action. A son tour, il ressent le besoin d’être transparent avec son ami et lui demander à quel point il pense que son mariage se porte mal, après avoir misérablement fêté sa pathétique première bougie. « Bah, je… » L’absence de réponse claire est une réponse tout de même, si bien que Swann tranche lui-même. « Donc tu penses qu’on a rompu. » Sa voix est froide, bien loin de lui ressembler. C’est une fausse vérité qui lui fait terriblement mal mais il préfère encore que ses amis se montrent franc avec lui plutôt que de marcher inutilement sur des œufs. La seule idée à laquelle il se raccroche, c’est qu’Arthur n’ait parlé à personne autour de lui: sur ce point, il le croit sur parole. Malgré tout, Swann ne sait pas s’il s’agit purement d’une bonne nouvelle, parce que cela veut dire que son ami est venu avec cette hypothèse par lui-même et qu’il a donc des raisons évidentes de le croire, l’observation ne faisant pas partie des qualités de l’anglais.

Arthur pose sa main sur son avant-bras pour qu’ils se décalent du passage, geste que Swann ne repousse pas et bien au contraire: tous les deux savent qu’il vaut mieux que leur discussion ne se laisse pas entendre. La dernière chose qu’il voudrait, c’est que cette histoire fasse la une des journaux. « J’ai entendu des gamines raconter en large et en travers les derniers ragots au sujet de ton couple. » Le blond souffle longuement, tristement. « J’avais pas l’intention d’en tirer des conclusions. » Mais il l’a tout de même fait. « Mais t’as mis des jours à répondre à mon message et aujourd’hui, tu te pointes avec des cernes de dix kilomètres sous les yeux. » Malgré sa tristesse, il ne peut pas en vouloir à Arthur, pas alors qu’il fait de son mieux pour être un bon ami et être présent pour Swann. Il le fait à sa manière, avec ses mots parfois tranchants, mais Swann comprend mieux que quiconque à quel point cela lui demande de nombreux efforts et à quel point il ne les ferait pas pour n’importe qui. Après tout, il n’a pas tort: il n’avait pas envie de répondre et il dort plus mal que jamais, perdu avec ses pensées chaque soir. « Y’a des photos de lui aux États-Unis avec Robin et toi, t’es tout seul ici. » Il déglutit mais reprend rapidement, poue ne pas en perdre le courage. « Je lui ai dit de partir avec Robin. Il s’occupera mieux d’elle. » que Swann pour le moment, à en juger par l’attitude quotidienne qui est la sienne. Il ne sait pas faire bonne figure, pas maintenant, et il ne veut pas que ce soit un comportement avec lequel Robin doit jongler au quotidien. « On s’est disputés. » Il y a un fond de vérité dans les rumeurs qu’il a pu entendre. Swann n’en connaît pas les détails, et il ne veut pas les entendre, mais elles ne partent pas de rien. « Je… voulais un autre enfant. Pas lui. » Il n’en veut pas à Rory, cela ne transparaît pas dans sa voix. Ce qu’il dit, c’est qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde sur un sujet pourtant ô combien important. « C’était y’a quelques semaines. » Autant de temps depuis lequel le couple vit chacun sur un continent différent, une distance qu’Arthur sait bien qu’ils n’ont pas pour habitude de connaître, et ce sans même avoir à analyser davantage la détresse dans le regard de Swann. « On a pas rompu. » Et il ne veut pas rompre. Il s’accroche littéralement à son alliance et il s’accroche tout autant à leur couple. Il ne veut pas rompre avec Rory. « Ecoute pas ces conneries, Arthur. » Le blond lui demande finalement, trouvant la force de relever son menton et son regard dans celui de son ami pour lui assurer ces mots: son couple va s’en sortir, ils ont simplement besoin d’un peu de temps.

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Il est rare qu’Arthur se retrouve sans voix, mais face à Swann il ne trouve aucune répartie emplie de sarcasme, comme à son habitude. « Donc tu penses qu’on a rompu. » Il bégaye sans trouver la moindre réponse. Il a assumé, oui, mais ce n’était pas sans raison. Il a additionné les indices, les articles de journaux, bien sûr, mais surtout le silence persistant de Swann. Il s’est convaincu de connaître son ami comme personne, il a voulu prendre les choses en mains. Arthur pensait bien faire, il ne s’était pas contenté des rumeurs, il avait pris en compte le silence de Swann, quelque chose qu’il trouvait inhabituel. « Je me suis dit qu’il s’était passé quelque chose. » Il avait voulu anticiper, pour faire mieux, pour se montrer présent pour son ami. Dans sa démarche, Arthur cherchait à inverser les rôles. Il n’était pas juste que Swann soit celui toujours présent pour lui, et pas l’inverse.

Il analyse la moindre des réactions de l’anglais, il juge son maigre sourire, cherche à comprendre la coloration de ses cernes. Swann n’est pas dans son état normal, personne ne le fera changer d’avis à ce sujet. L’intimité est maigre dans ce début d’allée, mais assez pour que leur conversation ne soit pas espionnée. Il est hors de question qu’Arthur abandonne le sujet aussi facilement en présentant une excuse et lui offrant un café. Son instinct lui ordonne de préserver, qu’importe les conséquences. « Je lui ai dit de partir avec Robin. Il s’occupera mieux d’elle. » - « Quoi ?! » Sa réaction est instantanée, trop vive, trop explosive, mais à la hauteur de ce qu’il a toujours été. Il ne comprend pas, il a vu Swann avec sa fille, il l’a vu agir avec attention et tant d’amour que l’affirmation lui paraît erronée. « On s’est disputés. » Il se retient de souligner que cela arrive dans tous les couples, Swann a commencé à parler, ce serait la pire idée que de l’interrompre. « Je… voulais un autre enfant. Pas lui. » Quel con ce Rory. « C’était y’a quelques semaines. » Arthur doit se mordre la lèvre pour ne pas lâcher une nouvelle exclamation de surprise. Quelques semaines donc que Swann rumine tout seul dans son coin. « T’es resté tout seul tout ce temps ? » Greta lui aurait dit s’il était venu la voir, pas vrai ? Non, c’est bien du genre de Swann que de vouloir déranger personne.

« On a pas rompu. Ecoute pas ces conneries, Arthur. » Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer la détresse de Swann. « C’était une dispute, vous allez en parler, ça ira mieux. » Il l’espère en tout cas. Qu’importe son avis sur le mari de son meilleur ami, Arthur souhaite avant toute chose que Swann soit heureux. « Je m’excuse de t’avoir amené ici. » Il était rare qu’il prononce ces mots-là. Swann était la deuxième, et dernière personne à avoir le droit à des excuses de la part d’Arthur. « J’ai quand même bien fait d’insister. » Parce qu’il devait tout de même s’accorder un point dans cette histoire. « J’aime pas trop savoir que tu rumines seul chez toi depuis tout ce temps. » Il connait Swann, assez pour que cela l’inquiète désormais. Et ce n’était pas du genre d’Arthur que de s’inquiéter pour qui que ce soit en dehors de sa propre personne.

« Je me suis dit qu’il s’était passé quelque chose. » Il lui en veut de penser qu’ils ont rompu parce que cela sonne à ses yeux comme un indice de faiblesse, comme s’ils avaient finalement toujours été à deux doigts de rompre et que leur couple s’est toujours joué à un cheveu. Comme si, finalement, rompre est ce qui devait forcément leur arriver ; une idée que même Arthur aurait pu comprendre, lui qui pourtant ne porte que peu d’attention à autrui et encore moins aux relations d’autrui. Si même Arthur le pense, alors forcément que le monde entier le pense tout autant. Swann bougonne dans sa barbe mais, pour autant, il ne peut pas donner tort à son meilleur ami: il s’est effectivement passé quelque chose. Ils ne sont pas allés jusqu’à rompre, mais ils ont pris un chemin similaire. « Quoi ?! » Et déjà, lorsqu’il lui présente une partie de l’équation, Arthur monte dans les tours, comme son ami pouvait le craindre. « T’es resté tout seul tout ce temps ? » Il hausse les épaules, incapable d’y voir le problème là où Arthur est très largement étonné. « Je suis une grande personne. » Capable de rester seul, même dans une maison achetée pour accueillir une vie de couple et de famille. Il a déjà vécu seul, il peut être autonome à trente ans, bordel. Il n’est pas une petite chose fragile et la solicitude d’Arthur lui provoque sans doute plus de tension qu’autre chose, quand bien même il sait que ce sentiment n’est pas habituel chez son ami et qu’il prend sur lui pour voir plus loin que le bout de son nez. « Tu t’en fais pour rien, Arthur. » Il reprend, anticipant déjà tout ce qui peut passer à travers l’esprit de son ami et toutes les inquiétudes qui sont sûrement siennes en cet instant. Swann ne va pas bien, certes, mais il ne va pas aussi mal que ce que le brun pourrait penser, lui qui ne connaît pas de justes milieux.

« C’était une dispute, vous allez en parler, ça ira mieux. » C’est un avis beige sur une situation dont il ne sait rien. Il essaye de voir le positif là où il peut et il balance à tout va des certitudes qui n’en sont pas. Swann ne lui en veut pas mais il observe la scène sans trop y croire, sans même réellement se sentir concerné par ses dires. « On est dans un statu quo. » Parce que Swann ne s’est pas senti capable d’en discuter davantage le jour même où ils ont eu cette discussion, ce qui n’est après tout qu’une faute de plus qu’il ajoute désormais à son récent palmarès de l’hiver. « Je m’excuse de t’avoir amené ici. » Des excuses de la part d’Arthur sont particulièrement rares, si bien que Swann les accepte de bon cœur, même si ce dernier n’en reste pas moins bridé. Il hoche la tête pour lui faire comprendre qu’il a entendu et le remercie ; et aussi qu’il n’y a pas grand chose de plus à en dire. Arthur ne peut pas faire évoluer la situation, il n’est pas directement concerné ; et de toute façon Swann ne lui demanderait jamais une telle chose. « J’ai quand même bien fait d’insister. J’aime pas trop savoir que tu rumines seul chez toi depuis tout ce temps. » Cette fois-ci, l’anglais tire un sourire maigre mais non moins sincère. « J’imaginais pas passer mon hiver comme ça mais ça va, Arthur. » Il n’a pas à s’inquiéter davantage, il le jure. « Je vais chez Greta de temps en temps. » Il ne cherchait pas à le lui avouer particulièrement, parce qu’il sait que la relation entre eux deux va et vient, mais il le lui précise maintenant qu’il a l’impression que cela peut au moins permettre à son ami de s’en faire un brin moins. « Donc on en vient à un point où ta vie privée est plus stable que la mienne. » Une certaine ironie dont il arrive à peine à rire sur l’instant mais qui vaut tout de même la peine d’être soulignée, parce que si sa propre situation l’attriste fortement, il n’en est pas moins heureux pour Arthur qui commence à connaître un certain équilibre, enfin. « T’as sûrement volé un bon millier de trucs à tes coups d’un soir, tu sais on peut toujours en profiter pour te rendre riche aujourd’hui. T’en dis quoi ? » Un nouveau sourire est forcé sur son visage mais il a au moins le mérite d’exister, parce qu’il a à coeur de passer un peu de temps avec Arthur malgré tout, même si son plan initial ne peut pas réellement tenir la route.

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S’inquiéter pour les autres ne fait pas partie de son quotidien, mais Swann a toujours été l’exception à la règle. « Je suis une grande personne. » Il grimace, quelque peu conscient que son approche n’a pas été la meilleure. « J’ai pas dit le contraire. » Il l’a grandement sous-entendu, mais sa réaction n’est pas des plus démesurées. Il sait, il a appris avec les années, que Swann se renferme dans sa bulle au point de ne plus adresser la parole à qui que ce soit s’il l’estime nécessaire. Et le simple fait qu’il ait envoyé Robin loin de lui donne un aperçu de la torture mentale qu’il semble s’infliger depuis cette dispute. « Tu t’en fais pour rien, Arthur. »  - « T’as envoyé la prunelle de tes yeux dans un autre pays. » Il se fiche de savoir que Rory est tout à fait capable de veiller sur Robin. Ce n’est pas ce qui lui importe dans l’instant. Il a vu Swann avec sa fille, il a été témoin de l’amour qu’il porte à cette petite et combien de temps l’autre sera absent ? « Toi, tu es celui qui s’occupera mieux d’elle. » Il fait quoi l’autre quand il est en plein tournage ? Voilà qu’Arthur s’insurge pour une gamine qu’il n’a rencontré que deux fois. À ses yeux, la situation est aberrante et il est bien connu qu’il n’a jamais su tenir sa langue. 

« On est dans un statu quo. » Il n’en dira pas plus et Arthur ne posera pas de question. Ce n’est pas son histoire et il s’en fiche un peu, malgré tout. Il n’écoute jamais les trucs mielleux aux mariages, mais il se souvient parfaitement que l’autre asperge avait parlé d’une grande famille. Les désirs de Swann n’avaient rien d’égoïste. « J’imaginais pas passer mon hiver comme ça mais ça va, Arthur. » Il insiste trop pour que ce soit une normalité, mais Arthur lui accorde le bénéfice du doute. « Si jamais t’as besoin. » Il ne développe pas. Parler ne fait pas réellement partie de ses qualités, mais il sait répondre présent lorsque nécessaire. Enfin pour Swann, c’est certain. Les autres peuvent bien attendre. « Je vais chez Greta de temps en temps. » Il n’en savait rien, mais haussa les épaules. « On va finir par se croiser. » Lui aussi va chez Greta, mais cela se veut bien plus régulier qu’avant. « La porte de chez moi est toujours ouverte. » Il insiste sans savoir pourquoi. Il cherche à bien faire, à se rattraper auprès de Swann même si cela se veut parfaitement maladroit. Pour son ami, il essaye. « Donc on en vient à un point où ta vie privée est plus stable que la mienne. » L’ironie pourrait presque être drôle, mais il ne se perd qu’un léger sourire en coin. « Parle pas trop fort, ça pourrait me porter la poisse. » Il a du mal à encore pleinement réaliser que sa relation avec Greta semble au beau fixe. Il cherche à préserver cela coûte que coûte.

« T’as sûrement volé un bon millier de trucs à tes coups d’un soir, tu sais on peut toujours en profiter pour te rendre riche aujourd’hui. T’en dis quoi ? » Arthur joue l’air offusqué. « C’est plutôt elles qui m’ont volé des trucs ! » Il compte plus les chemises et tee-shirt qui ont disparu ou pire encore. « Quand je suis arrivé ici… » Pour bien souligner que cela était bien avant Greta. « Y’en a une qui m’a piqué ma montre. » Et sans attendre, il entraine Swann à l’intérieur, désormais fixé à l’idée de peut-être tomber sur un objet de valeur. Il sait, que Swann se force, mais il prend les minutes qui lui accordent malgré tout. Ils déambulent entre les allées, Arthur s’amusant de quelques trouvailles, son ami toujours à ses côtés. « Je crois que Greta prépare un truc pour mon anniversaire. » Il tâte le terrain, certain qu’elle en aura parlé à l’un des rares amis qu’il a par ici. « Tu sais quelque chose ? » Et il joue de son regard le plus adorable en stock ou un truc comme ça. 

« T’as envoyé la prunelle de tes yeux dans un autre pays. »
« Elle est avec son père. »

Et c’est justement parce qu’elle est la prunelle de ses yeux qu’il a refusé de lui imposer sa présence morose et loin d’être saine pour un enfant d’à peine un an. Arthur y voit autre chose, évidemment, et Swann ne peut pas nier que ses craintes sont largement fondées, mais il refuse de lui donner davantage raison et surtout de le laisser s’inquiéter davantage. Robin est la prunelle de ses yeux et Rory l’est tout autant : ils seront réunis quand le moment sera opportun. Tout ce dont ils ont besoin, c’est de temps. « Toi, tu es celui qui s’occupera mieux d’elle. » Swann ne retient pas un seul instant ni son souffle agacé, ni le roulement d’yeux allant de paire avec. « T’es de mauvaise foi, là. » Il veut donner raison coûte que coûte à son ami et ce n’est pas juste envers Rory, dont les efforts pour être un bon parents n’ont jamais consisté en un quelconque concours, d’un côté ou bien de l’autre. Il est un père formidable, jamais Swann ne le nierait.

Il rassure son ami avec les maigres arguments qui peuvent le lui permettre, l’un d’eux étant qu’il rejoint Greta de temps en temps chez elle. « On va finir par se croiser. » Ce qui est une simple observation pour Arthur représente une source d’amusement inattendu pour Swann. « Avec tout le respect que je te dois, j’espère que non. » Parce que lui passe ses soirées chez Greta d’une façon sans doute particulièrement différente que Swann, ce qui pousse ce dernier à ne pas vouloir se risquer à avoir une idée plus visuelle de leurs occupations. « La porte de chez moi est toujours ouverte. » Conscient que cette réponse n’est pas naturelle chez son ami, il le remercie de sa sollicitude par un hochement de tête. Il apprécie sincèrement les efforts fournis et comprend en cet instant à quel point Arthur est peu à peu devenu une personne différente, pour ne pas dire meilleure.

« C’est plutôt elles qui m’ont volé des trucs ! Quand je suis arrivé ici… Y’en a une qui m’a piqué ma montre. » - « Oh oui, je vais te plaindre tiens. » Swann ironise, Swann s’amuse. Il ne dit pas qu’Arthur ment, mais il dit néanmoins qu’il en faudrait bien plus pour qu’il s’apitoie sur le sort de son ami. « Je crois que Greta prépare un truc pour mon anniversaire. Tu sais quelque chose ? » Et même s’il met toute son énergie à l’oeuvre pour faire chavirer le coeur de Swann, cela ne fait plus effet depuis bien longtemps. « Non. Tu soupçonnes quelque chose ? » qu’il ment comme un arracheur de temps, un exercice auquel il est habitué depuis toujours ou presque. Ses raisons sont différentes de celles d’Arthur mais il n’en est pas moins doué pour feindre la parfaite innocence. Après tout, le principe même d’une surprise réside justement dans l’idée que cela reste une surprise, et il ne risque pas de trahir Greta. « Vois le côté positif, elle va t’offrir quelque chose au lieu de te le voler. » Il reprend la même idée avec humour et ajoute un coup de coude à son ami pour qu’il pense à autre chose, son regard vaguement attiré par les objets autour d’eux. Si Arthur pouvait simplement répondre à sa blague pour qu’ils passent à autre chose ensuite, ce serait bien plus arrangeant que de tourner autour du pot au sujet de son anniversaire.

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Ils n’ont pas la même vision des choses. Rien de nouveau sous le soleil, ça n’a jamais été le cas et ce ne le sera probablement jamais. C’est peut-être ce qui explique leur amitié bancale, mais fidèle au fil des années. Un duo qui fonctionne au-delà de la logique. Qu’importe, au moins, il tire une réaction de Swann. Rien de brutal, ce ne serait pas son genre, mais il prend son roulement d’yeux et son soupir exaspéré, c’est toujours mieux que rien. « T’es de mauvaise foi, là. » Un sourire vient étirer ses traits alors qu’il hausse des épaules. « Tout à fait. » Il ne s’en cache pas, à quoi bon ? Il est de mauvaise foi, mais personne ne le fera changer d’avis. Swann n’aurait pas dû s’isoler ainsi. Il n’insistera pas plus néanmoins, ne voulant pas le voir fuir au bout de quelques minutes à peine. Par la même occasion, il apprend ne pas être le premier à vouloir veiller sur Swann. Il s’en serait vexer s’il ne s’agissait pas de Greta. « Avec tout le respect que je te dois, j’espère que non. » Cette fois, c’est lui qui lève les yeux au ciel. « Je te ferais dire qu’on sait se tenir, on est pas des adolescents. » Bon… Parfois, un peu, mais Swann n’a pas besoin de savoir cela. « Puis ça fait longtemps qu’on a passé du temps tous les trois. » Sans que cela ne finisse en règlement de compte, bien entendu.

« Oh oui, je vais te plaindre, tiens. » - « Tu devrais. » Bien sûr qu’il joue à son jeu si cela lui amène un rire ou deux. Il sait que Swann se cache derrière cette façade, mais il ne lui en tient pas rigueur. Parfois, ils ne sont pas si différents l’un de l’autre. Et l’un comme l’autre use de diversion variée. « Non. Tu soupçonnes quelque chose ? » Il fronce les sourcils de manière théâtrale, ne croyant rien de ce mensonge. « Faut croire que je verrais bien le jour J. » Il avait tenté malgré tout, même s’il savait sa quête vouée à l’échec. « Vois le côté positif, elle va t’offrir quelque chose au lieu de te le voler. » Son éclat de rire ce veut plus franc que jamais. « Surtout que c’est elle qui m’a offert celle-ci. » Il montre le bracelet qui orne son poignet. Un cadeau de Greta, à l’époque de Londres, quand ils étaient sincèrement heureux ensemble. Pendant un instant, ils déambulent dans les allées, observant les objets, se moquant de certaines possessions, pointant du doigt des trucs qui ne font ni queue ni tête, avant qu’Arthur se lasse, comme toujours. « Tu as le temps ? » La question se veut un peu rhétorique. « On se casse ? Ils passent des vieux classiques au Twelve Happy Spectator, tu veux te faire Seven ? » C’est un truc qu’ils faisaient ensemble à Londres, aller au cinéma redécouvrir des classiques, c’est bien souvent les seuls moments où Swann réussissait à garder Arthur assis sur un siège pendant plus de vingt minutes. « Et après, on peut aller se manger un truc. » Il voit ce qui passe dans le regard de Swann et l’arrête avant même qu’il ne réponde. « C’est pas une diversion, je veux juste passer un peu de temps avec mon meilleur pote. » Et ça faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas appelé ainsi. « Ou ce que tu veux d’autre, en vrai. » Si le cinéma n’est pas une bonne idée, il s’adaptera. Il peut faire cet effort précis, pour Swann, au nom de leur amitié.