12/06/2024, 18h

Putain ce qu’elle peut être chiante quand elle s’y met. C’est la phrase qui tourne en boucle dans ma tête depuis que j’ai claqué la porte de ma chambre. Ou plutôt que j’ai été viré de ma propre chambre comme un malpropre. Je n’en reviens pas : mais comment est-ce qu’elle a eu le culot de me parler comme ça et de me pousser à bout ? J’ai hébergé Emery pendant deux semaines parce qu’elle n’avait nulle part où aller. J’ai même fait en sorte de convaincre mes colocs pour qu’elle puisse rester. Plus précisément, je les ai mis devant le fait accompli et j’ai négocié pour qu’ils ne la foutent pas dehors, et voilà comment elle me remercie. Il y a des fois où je me dis que je suis trop con, j’ai pris des risques, j’aurais pu me faire virer de chez moi pour une ingrate. Je me suis fait virer à cause de putain de bestioles qui ne savent que chier partout et couiner. C’est surréaliste et ça me fait péter un câble. Elle me fait passer pour le méchant de l’histoire, un gamin, un irresponsable comme si elle était un exemple à suivre. Elle ne s’en rend pas compte mais elle est loin d’être facile à vivre et je trouve que contrairement à elle j’ai été vachement patient. Mais bon, ça ne sert à rien de discuter avec elle quand elle est dans cet état, autant parler à un mur, la discussion serait sûrement plus intéressante. Elle doit être contente, ce soir elle a ma chambre rien que pour elle et ses boules de poil affreuses, sans le casse-couilles de service pour l’emmerder. De mon côté je dors chez Alma, je l’ai pas encore appelée pour la prévenir mais je suis sûr qu’elle sera d’accord pour m’héberger. En attendant je ne vais pas chez elle tout de suite, j’ai besoin de me défouler et d’évacuer un peu le stress qu’Emery m’a filé pour éviter d’être trop exécrable avec ma sœur. Pour la seconde fois de la journée donc et après être tout juste sorti de la douche je retourne donc au dojo, la colère m’a donné un regain d’énergie. Dans la précipitation je n’ai pas pris d’affaires de sport, tant pis je me défoulerai en t-shirt et en jean, je m’en fous.

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Les coups pleuvent sur le sac et j’ai du mal à m’arrêter de frapper. De la sueur perlent sur mon front, fait chier j’aurais été mieux en tenue de sport. Au bout d’un moment je prends un moment pour reprendre mon souffle comme je peux après un coup de poing particulièrement violent. Lorsque je tourne la tête j’aperçois Alex qui se dirige vers moi. Il était déjà là tout à l’heure, il reste tard ce soir. “Re.” Je soupire, j’ai franchement pas envie de discuter avec qui que ce soit et je tiens à ce que ça soit clair. J’aime bien discuter avec lui, on déconne bien ensemble mais pas ce soir. Aujourd’hui j’ai besoin qu’on me foute la paix. Je pense que je n’ai même pas besoin de le dire, je pense qu’on peut facilement le lire sur mon visage et le regard noir que je lance à ce sac depuis vingt minutes. “Désolé je suis pas d’humeur là.”