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Se tenant dans l’embrasure de l’ancienne chambre de Baz, Mavis secoua la tête en constatant que le lit était défait. Elle entendait les invités au rez-de-chaussée, investissant au fil de l’eau la bâtisse de ses parents comme chaque année, se félicitant d’être assez importants à leurs yeux pour faire partie de la liste des invités à leur grand barbecue annuel, et ça ne pouvait pas lui être plus insupportable qu’à cet instant précis, enfoncée dans sa tête. C’était le cas pour une seule et unique raison, et elle tenait dans ce le constat qu’elle faisait, oui, mais aussi en la présence des affaires d’un autre homme que son frère dans cette pièce en particulier : Ruben. Dans un soupir lourd et bruyant, elle referma la porte, songeant aux messages qu’ils avaient échangé ces derniers temps et au culot dont il faisait preuve sans pour autant en être étonnée, consciente de ce qu’il était capable de faire pour imposer sa présence, ne boudant aucune tactique pour rappeler à la terre entière qu’il existait. Elle l’avait peut-être un peu provoquée, sa présence, à dire vrai, et peut-être même que la jolie petite robe blanche qu’elle portait aujourd’hui, elle l’avait choisie pour une raison spécifique qui n’était autre que la participation du jeune homme à cette grande journée, mais qui serait assez au fait de ce qui se passait entre eux pour le lui faire remarquer ? Personne, et quand bien même, elle le nierait tout bonnement, son visage se parant d’un masque de dureté qu’elle lui réservait à lui, et à lui uniquement, alors qu’elle descendait les escaliers de chez ses parents avec détermination, le menton haut, les mâchoires serrées "Alors c’est officiel, tu le considères au point de mettre à sa disposition la chambre de celui qui porte vraiment ton nom ?" Elle s’adressait à son père qui la regarda arriver avec un léger froncement de sourcils, surpris par le ton qu’elle employait qui n’était certes pas impoli, qui restait tout de même marqué par des accents de mécontentement qu’il ne lui connaissait pas, si tant était qu’il la connaissait vraiment. Flanqué derrière le l’ilot central de la cuisine, à se servir un nouveau verre, il eut finalement un petit rire qui accompagna l’inclinaison de sa tête qu'il détournant de la silhouette de sa fille "Nina est partie en voyage —" Première nouvelle "— il était seul, et on avait de la place." "La maison des invités est libre." rétorqua aussitôt Mavis. Leon laissa un gros soupir lui échapper, lui aussi. Il ne perdit pas son sourire, mais dans son regard, elle voyait que quelque chose le dérangeait dans la manière qu’elle avait de s’agacer d’un rien qui, à ses yeux à lui en tout cas, paraissait on ne peut plus normal. Il ne comptait pas faire un débat de tout ça aujourd’hui, il ne comptait pas faire un débat de tout ça tout court, c'était assez clair maintenant qu’il prenait le temps de lui répondre avec calme "Il est comme chez lui ici, au même titre que toi tu l’es, Mavis." "Sauf que moi je suis ta fille, et que lui, il est juste Ruben." Il leva deux doigts devant lui, Leon, sa tête s’inclinant un peu plus quand, terminant de remplir son verre, il le porta à ses lèvres pour se désaltérer à la hauteur de ce que lui inspirait la vendetta de sa fille. À la recherche de sa prochaine réplique, il prit le temps de savourer sa gorgée, fit claquer sa langue dans sa bouche quand, enfin, il mit le doigt sur ce qu’il allait répondre à Mavis qui venait de marquer un point, certes, il n’était toutefois pas décidé à le lui accorder, et il lui dit après un nouveau petit rire "Et c’est déjà pas mal, tu ne crois pas ?" Elle prit une inspiration dans le même temps, ses épaules se levant pour marquer la profondeur de son geste ; il dut lui faire réaliser ce qu’elle portait sur le dos, mais aussi le soin qu’elle avait mis à se faire jolie, puisque tout de suite après, se mouvant de l’endroit où il se tenait, il la toisa en lui disant, l’air de ne pas y toucher "Je pensais qu’Ambrose ne venait pas ?" Elle ne confirma ni n’infirma sa réflexion étant donné qu’il ne lui en laissa pas le temps, la contournant pour rejoindre l’extérieur où se tenait le plus gros de la fête. Fin de la discussion, donc.

Mavis décala sa mâchoire de son axe, les paumes posées sur le bord de l’îlot central. Elle resta d’ailleurs un moment là, à reprendre sur elle pour ne pas se laisser submerger par autre chose que ce que lui inspirait cette grande célébration : du bonheur, la plupart du temps, c’était une journée qui suscitait beaucoup d’enthousiasme de la part du cercle des Barnes qui s’étendait presque à l’infini. Une occasion particulière de briller au sein de ce microcosme fait d’amis, de collègues, et de grosses pointures qui savaient reconnaître le talent des Barnes pour recevoir — ironique quelque part, étant donné qu’ils n’étaient jamais ici, trop occupés à gérer leur carrière qu’à tenir leur maison qui était restée ce qu’elle était grâce à Tess et aux autres employés de maison qui s’étaient saignés aux quatre veines cette année encore pour que tout soit parfait. Rien que pour eux, Mavis consentirait à prendre sur elle jusqu’à ce soir. Elle se le promit d’ailleurs, passant ses deux mains sur le devant de sa robe pour la lisser avant de se redresser, et d’opérer un demi-tour pour rejoindre les invités ; quand la présence de quelqu’un à l’entrée de la cuisine la fit se stopper en sursautant très doucement "Je t’ai pas entendu arriver." se justifia-t-elle auprès de Ruben, lui accordant un regard fixe uniquement parce qu’il était sur son chemin qu’elle reprit sans intention de lui parler davantage, exactement comme elle le lui avait dit dans ses derniers messages. Une partie d’elle espérait cependant que son parfum — poivre rose, lys et vanille —, l’entêtait assez quand elle passa à ses côtés pour qu'il s'en veuille encore plus de s’imposer ici alors qu’elle ne comptait pas faire comme son père en le traitant comme un membre de la famille, mais bel et bien comme un vulgaire étranger.

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« Pourquoi tu ne viendrais pas tout le weekend, dans ce cas ? » Ainsi, l’idée paraissait venir de Leon, alors que c’était Ruben qui avait fait en sorte de tourner la discussion et la situation à son avantage. Ce qui était idiot: il lui aurait demandé qu’il aurait reçu une réponse positive à sa demande. Simplement, il n’avait pas envie que ce soit lui qui en vienne à s’imposer tout le weekend, mais bien son mentor qui l’invite à les rejoindre pour la durée - ainsi, il pourrait justifier facilement sa présence sur place. De toute manière, en cette période, personne ne l’attentait nulle part: autant profiter du domaine des Barnes deux jours et deux nuits, plutôt que de trainer comme une âme en peine entre chez lui et la maison de Scarlett. C’était surement cette partie là que Leon avait du lire dans son regard, et qu’il avait traité avec une certaine pitié: une solitude qui n’était pas habituelle chez son poulain. Et bien sur que ce dernier allait accepter, pour ne pas être de nouveau confronté au vide autour de lui de ces derniers temps, mais également parce-que malgré ses mots il avait qu’une autre personne serait présente, et il avait envie qu’elle voit que oui, il avait été invité tout le week-end comme il l’avait prédit. Elle serait furieuse, et c’était ce qu’il attendait d’elle, alors il arriva le vendredi soir avec son sac passé sur l’épaule et un grand sourire aux lèvres, une bouteille de vin rouge que Leon adorait, et il avait passé la soirée à diner avec seulement les parents Barnes - ce n’était pas la première fois, mais ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé, nota t-il à un moment entre le plat et le dessert.

La journée était déjà bien avancée lorsqu’il se décida à piquer une tête dans la piscine. Les deux chirurgiens avaient passé de longues heures à discuter sur une maladie et un cas, et un autre, tant et si bien que les invités seraient désormais bientôt présents. « Promis, je sors dès qu’ils envahissent le jardin pour enfiler une chemise et un pantalon. » Qu’il avait assuré à Anka avec un petit sourire aux lèvres, alors qu’elle secouait quelque peu la tête de gauche à droite en lui rendant son sourire et en l’observant faire son premier plongeon. Ce n’était pas dans ses habitudes de nager, lui qui préférait courir plutôt que tout autre sport, mais se laisser glisser dans l’eau, dans un silence relatif et seulement perturbé par les vagues qu’il produisait lui-même avait quelque-chose d’apaisant. Et il savait qu’il aurait besoin de se raccrocher à un moment à ce calme relatif, que l’éprouver un instant avant d’affronter la soirée qui serait bientôt installée dans la maison était nécessaire. Alors il repartit pour une longueur, et pour une autre, et une dernière lorsqu’il fit que certains invités commençaient à investir le jardin. Il sortit du bassin avec un grand sourire aux lèvres, serra la main de quelques personnes qu’il connaissait sur le chemin en s’excusant de sa tenue en rien appropriée - il avait passé sa serviette sur ses épaules, mais pliée sur elle-même pour qu’elle retombe par devant, cachant seulement pour que l’effort soit vu son dos et son torse au teint légèrement halé -, avant de rentrer et d’initialement aller se changer.

S’il n’avait pas croisé Leon sur le chemin, il serait d’ailleurs déjà dans l’escalier à se diriger vers la chambre de Baz qui lui avait été prêtée pour son séjour - il avait du retenir un sourire amusé lorsqu’Anka lui avait indiqué qu’elle avait été préparée pour lui. « Mavis est arrivée, si tu veux. Elle est dans la cuisine. » Il s’était penché vers lui. « Pas de très bonne humeur, de ce que j’ai pu comprendre. » Il eut un petit rire et Ruben dut se forcer à avoir un petit sourire de connivence, là où ce n’était pas son souhait que de réagir de la sorte. Alors peut-être avait volontairement fait un détour par la cuisine, essayant tant bien que mal de ne pas trop laissé d’eau détremper le sol sur le chemin; il avait prévu d’aller directement sous la douche, pas de faire un détour par le rez-de-chaussée, et donc il n’avait pas retiré assez l’excédent d’eau pour se permettre de circuler de la sorte. Arrivée à l’encadrement de porte de la cuisine, il s’appuya de manière nonchalante contre ce dernier sans un bruit, laissant son regard se poser sur la silhouette de la jeune femme. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, ou plutôt qu’ils avaient discuté, le contexte n’était pas des plus joyeux ni convivial; ici, ils seraient obligés de se restreindre dans leur manière de parler et dans leurs gestes, ce qui donnait un avantage considérable à Ruben sans qu’il ne le comprenne pleinement. Elle finit par se tourner et son regard par accrocher la silhouette de son ancien amant - elle sursauta quelque peu, et il dut se retenir de ne pas laisser un sourire lui échapper. « Je t’ai pas entendu arriver. » Il avait fait exprès. « Je suis très discret. » Qu’il répondit simplement. Elle était perdue dans ses pensées quand il était arrivé, peu de gens l’auraient entendu, surement.

Elle ne mit qu’un instant supplémentaire avant de se déloger de là où elle se tenait, ne laissant paraitre aucune émotion ou aucune intention dans son regard, pour se mettre à avancer en direction de la sorte de la cuisine; elle se devait d’être attendue ailleurs, elle se devait de présenter correctement devant l’assemblée, il le savait et il ne pouvait la blâmer de tout ça. Mais il se permit deux commentaires alors qu’elle passait à ses côtés; le premier: « C’est un nouveau parfum. » n’était pas de ceux qu’il avait prévu de prononcer - il s’était retrouvé pris de cours à sentir sa présence et son odeur à ses côtés lorsqu’elle était passée. Le second, en revanche, était ce qu’il avait prévu de lui dire. « Je pensais pas te voir ici ce soir. Je croyais que tu voulais pas venir ? » N’était-ce pas ce qu’elle lui avait dit, quelques jours plus tôt, avec un service à lui demander dans les mots qu’ils s’étaient échangés ? Mavis paraissait pourtant si sure d’elle lorsqu’elle l’avait énoncé, que s’il ne connaissait pas un minimum sa manière de fonctionner, il aurait pu être étonné de la voir ici. En réalité, Ruben s’y était attendu, et avait même été étonné qu’elle n’arrive pas sur place comme lui dès la veille au soir.

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Par défaut, Mavis était toujours préparée à faire face à Ruben. Reste que, sur l’instant, déjà remontée contre son père et sa tendance à traiter son poulain bien mieux que ses propres enfants, elle aurait aimé avoir un peu plus de temps avant d’être confrontée à son petit air victorieux. Il n’avait aucune raison de l’arborer, mais il le faisait quand même, s’octroyant tous les droits sous le prétexte qu’il était brillant, entre autres. Parfois, elle se demandait où il trouvait la force de rebondir chaque fois avec un peu plus de souplesse encore, déambulant au milieu des ruines de sa vie sans donner l’air d’être le moins du monde touché par le chaos qu’il causait partout où il allait. Elle l’avait vu triste et désemparé une fois, c’est vrai, sauf que ça n’avait pas duré assez longtemps pour que ça la marque et lui fasse espérer qu’il se remette enfin en question. Ruben en était tout bonnement incapable, tout comme elle-même était tout bonnement incapable de ne pas lui attribuer l’honneur de sa parole lorsqu’elle se trouvait en sa présence qu’elle tentait de fuir ; alors c’est elle qui entama le dialogue, c’est elle aussi qui affronta son regard. Elle le fit uniquement parce qu’il était là, devant elle, à se pavaner dans sa tenue de nageur du dimanche en croyant surement que ça se faisait, de se montrer à moitié nu en société, la peau parsemée de gouttelettes, les cheveux dégagés en arrière. Décidément, les grands hommes ne s’encombrent pas du sentiment d’embarras, qu’elle se dit, secouant imperceptiblement la tête : ils l’apprivoisent pour le faire tourner à leur avantage. Et bien sûr, c’est que Ruben faisait ici.

Elle passa à côté de lui, nonchalante et déterminée. Elle eut un léger sourire quand ce fût son tour de prendre la parole, et roula des yeux tout en couvant le sentiment grisant d’avoir réussi son coup à cause du parfum qu’elle portait. Il n’était pas nouveau, il se trompait "Non. T’as juste plus l’habitude de le sentir, et comme t’as la mémoire courte…" Elle ne termina pas sa phrase, ravie de son petit effet. Avançant encore un peu dans le vestibule, elle se permit un commentaire qui allait dans le sens du sien, mais sans le regarder pour autant, lui offrant son dos sans culpabilité "Toi, tu sens le chlore." Une façon comme une autre de l’enjoindre à aller se doucher tandis qu’elle, elle continuait son petit bout de chemin jusqu’au bas de l’escalier dans l’intention de l’emprunter pour aller récupérer son téléphone qu’elle avait laissé dans sa chambre après y être passée pour utiliser la salle de bain attenante ; c’est en prenant le chemin inverse qu’elle avait vu ses affaires dans la chambre de Baz… et le reste, vous savez.

Elle posa l’un de ses talons sur la première marche, fut interrompue par sa voix qui résonna encore vers elle, se répercutant en écho sur les murs blanc du hall. Cette fois, elle se retourna. De loin, elle passa sa silhouette en revue, creusa l’une de ses dents du fond avec le bout de sa langue en le traitant mentalement d’allumeur. Elle ne le dit pas à voix haute, gardant ses observations pour elle, attendant qu’il daigne aller jusqu’au fond de sa question. Plus tard, elle lui conseillerait sans doute de ne pas la suivre, pas après la dernière fois. Est-ce qu’elle pensait à ce qui s’était passé ? Non, pas une seule fois. Ça n’empêchait qu’elle espérait du plus profond de son coeur que lui se réveillait la nuit, secoué par la peur de ce qu’aurait pu être sa vie s’il n’avait pas réussi à se rattraper à temps. En tout cas, sur le moment, il ne devait pas y penser puisque, conquérant, il la provoqua. Ou du moins, c’est comme ça qu’elle le pris. Douce et piquante à la fois, Mavis rétorqua, la nonchalance induite par l’innocence qui teintait son ton servant à sa petite comédie "T’es bien placé pour savoir que les gens intelligents changent souvent d’avis, Ruben." En bon singe savant qu'il était, il en savait quelque chose, en effet. Elle haussa les épaules, pas gênée de faire semblant "Je suis assez adulte pour prendre sur moi ce soir et faire en sorte que tout se passe pour le mieux. J’aurais regretté de ne pas venir pour une raison aussi idiote que ça." C’était une insulte, la présence de Ruben ne pouvant être catégorisée de raison idiote, surtout pas de la part du principal concerné. Elle fit mine de ne pas avoir réfléchi cette pique pour l’atteindre, poursuivant sans s’être interrompue "Ça fait partie des traditions familiales, et ça aussi, t’es bien placé pour le savoir." Puisque d’après Leon, il faisait partie de la famille. Elle inclina la tête, attendit une seconde à peine avant de lui poser sa question pendant que sa main trouvait la colonne qui marquait le début de la volée d’escalier "T’aurais préféré que je tienne ma parole et que je ne vienne pas ?" Tout en sachant que, si ça avait été le cas, il se serait ennuyé à mourir ? Elle ne le croyait pas, mais elle lui posa tout de même la question histoire de lever définitivement le doute et lui faire admettre que, s’il avait accepté de venir de son côté, ce n’était pas parce que ça aurait paru suspect aux yeux de toute l’assemblée, mais bel et bien parce qu’il savait qu’elle serait là, et rien d'autre que ça.

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« Non. T’as juste plus l’habitude de le sentir, et comme t’as la mémoire courte… » Malgré lui, la réplique lui tira un petit sourire, alors qu’il mordait l’intérieur de sa joue. Touché par deux coups en une seule phrase, ça faisait mal à l’égo du docteur, et elle le savait: elle ne visait que pour toucher, sans avoir besoin du moindre entrainement. « Toi, tu sens le chlore. » Il leva les yeux au ciel. « C’est parce-que je sors de la piscine, j’étais en chemin pour aller me doucher quand j’ai appris que t’étais arrivée. » Et il serait déjà en train de retirer la moindre particule du produit irritant les narines si elle ne s’était pas trouvée presque sur son chemin - il avait fait un détour par la cuisine, mais ce n’était là qu’un détail.

Elle avait beau s’extirper de son champ de vision, commencer à même se retirer de la scène en cours de représentation, Ruben savait pertinemment qu’elle rebondirait dans tous les cas s’il se mettait à questionner sa présence ici. S’il avait toujours plus ou moins sur que sa propre présence dans le quotidien des Barnes était un soucis pour Mavis, ces derniers temps elle ne s’embrassait pas pour lui faire entendre de manière directe et il percevait le fait que ce soit le cas, surtout; leur dernier échange avait simplement permis de ne plus laisser de place au doute. Alors il ne fut en rien étonné de la voir commencer à partir, pour s’arrêter sur le chemin, réagissant avec une prévisibilité à faire peur à ses paroles à lui. « T’es bien placé pour savoir que les gens intelligents changent souvent d’avis, Ruben. » Et s’il y avait bien un point qu’il ne pouvait remettre en question, c’était son intelligence: il passait son temps à la louer. « Je suis assez adulte pour prendre sur moi ce soir et faire en sorte que tout se passe pour le mieux. J’aurais regretté de ne pas venir pour une raison aussi idiote que ça. » A ces mots là en revanche là, il plissa quelque peule nez, se déplaçant avec aisance dans le hall pour se rapprocher du bas de l’escaliers où elle se tenait, émettant un petit grognement discret. Elle le traitait d’idiot sans embarras, elle entendrait qu’il ne trouve pas ça réellement plaisant. « Ça fait partie des traditions familiales, et ça aussi, t’es bien placé pour le savoir. » Il fit glisser ses lèvres l’une sur l’autre, parce-qu’il n’avait pas entendu une seule parole dans les deux dernières minutes prononcées par Mavis qui n’était pas une attaquer personnelle. Pour une fois cependant, il prenait les choses avec une certaine légèreté, ou en tous cas moins à coeur: il était effectivement parfaitement au courant qu’il s’agissait là un point sur la liste des traditions que la famille avait - et il savait aussi qu’elle le soulignait, le mentionnait parce-qu’il avait eu une invitation avec davantage de droits qu’elle en avait naturellement. Cala rendait folle, il le savait et le voyait dans le regard qu’elle lui accordait, alors qu’il s’arrêtait en bas de l’escaliers à son tour, juste de l’autre côté de la rambarde courant jusque l’étage, faisant attention à ne pas se retrouver à portée de bras de la blonde - il apprenait de ses erreurs.

« T’aurais préféré que je tienne ma parole et que je ne vienne pas ? » Il esquissa un petit sourire en coin. « J’aurais préféré que tu me traites pas d’idiot, surtout. Ou de raison idiote, mais le résultat est le même. » Il fit faire un sursaut à ses sourcils, avant de la contourner rapidement et de monter les premières marches de l’escaliers rapidement, se retrouvant en hauteur par rapport à elle en un quart de seconde. Et seulement une fois qu’il fut de nouveau hors de sa portée, il se tourna de trois-quarts dans sa direction pour répondre à sa question - personne n’étant autour, ils pouvaient se permettre de discuter presque tranquillement dans un espace ouvert de cette sorte. « J’aurais préféré savoir que tu mourrais de jalousie chez toi en sachant que j’étais ici et que tu l’étais pas. » Oh, bien sur que non: la soirée aurait été d’une longueur à mourir si elle ne s’y était pas pointée. Bien sur qu’une majeure partie de lui espérait sans réellement s’en cacher mais sans s’en vanter qu’elle soit présente également. « Mais du coup prépare toi à supporter ma présence tout le reste de la soirée: t’es assise à côté de moi. » Et c’était l’amusement qui perçait en premier dans le sourire qu’il lui accorda. Parce-que lui était de bonne humeur initialement, contrairement à elle apparemment; alors il continuerait de prendre ce gauche là et appuierait jusqu’à temps de risquer sa propre tranquillité - ce qui pourrait se traduire par Mavis voulant le précipiter une nouvelle fois dans les escaliers, il n’avait oublié aucun détail de leur dernière interaction. « Du coup si l’odeur du chlore te dérange, peut-être que je devrais vraiment aller prendre une douche. » Sinon elle l’aurait dans le nez le reste de la soirée. Il se retourna, continua à monter les marches. « Pourquoi tu montais toi ? Pour t’assurer que je le faisais bien ? »

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Mavis s’exempta de la corvée de lui dire qu’elle n’était pas idiote, elle, qu’elle avait compris d’où il venait et ce qu’il faisait, la tenue dans laquelle il se pavanait étant criante de logique pour que même le premier nigaud devine qu’il s’était laissé tenter à quelques longueurs dans la piscine du couple Barnes. Il aurait pu se noyer dedans que ça lui aurait fait le même effet. Ou peut-être pas. Qui savait. Elle ne s’appesantit pas sur le sujet, déterminée à respecter sa parole et à ne pas lui parler du reste de la journée. Seulement, la tentation était trop forte. En plus, Ruben paraissait trop heureux pour quelqu’un qui, il y avait quelques jours à peine de ça, semblait sur le point de s’effondrer à cause des effets qu’avaient ses nombreuses erreurs sur son mariage — ça l’insupportait, et voulait s’appliquer à la faire disparaître, cette mine radieuse qu’il arborait, se comportant comme le prince qu'il était uniquement parce qu’il transpirait la confiance et la vanité. Elle lui passa devant sans lui accorder plus d’attention finalement, la tache qui occupait toutes ses pensées la faisant prendre la direction des escaliers pendant qu’elle lui expliquait pourquoi elle avait changé d’avis et pourquoi elle était venue, et ce n’était surement pas pour être en sa compagnie, se défendait-elle, la petite voix qu’elle avait dans la tête la traitant de menteuse sans qu’elle ne l’écoute.

La sommant de se taire, elle laissa toutefois sa curiosité poindre, et l’interrogea sur ce qu’il ressentait tandis qu’elle était là, dans la maison de son enfance où elle avait bien plus sa place que lui. Sa réponse lui laissa échapper un petit rire "Cette manie que t’as de prendre tout personnellement. Grandis un peu, Ruben." lui conseilla-t-elle, soufflant le chaud et le froid en prétendant l’air de rien qu’elle ne l’avait pas insulté en choisissant ce genre de vocabulaire. Elle secoua la tête, ses yeux s’étant déporter de quelques millimètres pour mieux se poser sur lui lorsqu’il s’approcha et que, presque menaçante, elle lui dit "Si j’étais toi, je resterais bien à distance." Était-elle fière de ce qu’elle avait fait la dernière fois ? Elle ne semblait pas particulièrement honteuse en tout cas, bien qu’une partie d’elle parvenait à se dire qu’elle avait exagéré sans pour autant réussir à s’aligner sur ce que Ruben lui avait dit à ce moment-là : ça ne te ressemble pas. A nouveau, elle préféra ne pas méditer sur ça, suivit le parcours du docteur qui ne s’arrêta pas malgré tout. La devançait-il dans la montée d’escalier parce qu’il avait peur de ce qui pouvait lui arriver s’il la laissait passer avant lui ? Cette pensée la fit sourire "Encore une fois, tu prends les choses bien trop personnellement." Se décalant de la colonne qu’elle tenait encore entre ses bras la seconde d’avant, elle se prépara à monter les marches de l’escalier, contournant Ruben dont elle se distança en ne le lâchant pas des yeux, surtout quand elle poursuivit sa phrase "Je te l’ai dit : si je devais être jalouse de quoi que ce soit ou de qui que ce soit en ce moment, ce serait ni de ta vie ni de toi. Au fait, comment va Nina ? J’ai entendu dire qu’elle était partie en voyage ?" Frapper en dessous de la ceinture, montrer en une simple question qu’elle en avait plus sous la semelle qu’il n’en aurait jamais, et que s’il était d’une intelligence rare, c’est vrai, elle n’était pas non plus en reste. Après tout, au cours des derniers mois, ils avaient été une équipe, aussi leur façon de jouer n’était pas bien différente. Maintenant qu’ils étaient autre chose que des alliés, elle entendait retourner la stratégie de Ruben contre lui et ne pas lui laisser l’occasion de sortir victorieux de cette lutte acharnée qu'il avait déclenché en piétinant son coeur sans aucune pitié — Mavis n’en ressentait aucune pour lui. Elle continua à monter les marches, appuyant ses pas avec nonchalance en espérant attirer le regard du jeune homme, le galbe de son corps épousé par le tissu seyant de sa robe d’été. Parce que c’était puéril, elle ne lui rétorqua pas qu’elle ignorait qu’elle serait attachée à sa chaise et empêchée de changer de place — c’est ce qu’elle ferait à la seconde où elle rejoindrait la tablée, pas disposée à le supporter plus qu’à une certaine distance, celle qui se creusait maintenant, pendant qu’elle continuait à monter les marches, ne l’empêchant pas de lui dire, ses épaules se haussant en même temps "Tu peux même prendre un bain avec de la mousse si ça te chante, t’es un grand garçon, t’es le seul à savoir ce qui est bon pour toi, non ?" Elle aussi le savait en l’occurence, ce qui était bon pour lui, mais faire dans le grivois n’avait jamais été dans ses habitudes, ainsi s’abstint-elle de tout commentaire, arrivant enfin sur le palier du premier étage dans un soupir faussement las.

Elle se retourna pour le regarder faire la même chose, faillit lui dire que ça ne le regardait pas, ce qu’elle faisait désormais, mais s’arrêta en bon chemin quand un joker se mit à briller dans son jeu. Sa bouche se fendit d’un sourire carnassier durant une fraction de seconde, sa silhouette pivotant naturellement pour prendre la direction du couloir qui menait jusqu’à sa chambre. A combien s’élevaient les chances de le mettre en rogne si elle glissait subtilement dans la conversation son nouveau statut de femme en couple ? Elles étaient plutôt hautes, elle n’avait même pas besoin de réfléchir plus amplement à la question. Et rien que ça, l’idée que ça l’oblige à ravaler sa bonne humeur, ça la força à enfin lui répondre, étant déjà suffisamment loin pour qu’elle soit obligée d’élever légèrement la voix histoire que l’information le frappe de plein fouet et le mette à terre "J’ai oublié mon téléphone en déposant mes affaires dans ma chambre, et j’en ai besoin." Mais pourquoi ça, Mavis ? "J’attends un appel de mon copain." Faux, archi-faux, Ambrose avait autre chose à faire aujourd’hui. Mais le petit voile de rebondissement qu’elle déposa l’air de rien sur la manière dont elle rentra dans sa chambre ne laissa pas le temps à Ruben de savoir si oui ou non, elle lui disait un mensonge. Elle referma la porte derrière elle, donnant l’impression de se moquer de sa réaction — ce qui était loin d’être le cas, l’empressement qui transissait tout son être le contredisant sans doute possible. Elle s’écarta de la porte avec la certitude qu’elle ne le resterait pas longtemps, fermée, et que dans un, deux, trois secondes, Ruben serait de nouveau face à elle avec la mine plus déconfite que jamais. Maintenant,  retrouvant tout son calme en une inspiration prise telle un maître Yogi de haut niveau, ses doigts rassemblés devant son visage qui se referma avec sérieux, elle s’assit avec élégance tout au bord de son lit d’où rien ne dépassait. Il ne lui restait donc plus qu’à compter. Un, deux, trois…

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« Cette manie que t’as de prendre tout personnellement. Grandis un peu, Ruben. » Il dodelina quelque peu de la tête: il avait peut-être la manie de tout prendre personnellement, mais c’était surtout parce-qu’elle faisait exprès de le viser à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Ce n’était pas sa faute à lui, à cette allure là. « Si j’étais toi, je resterais bien à distance. » - « Je sais, je sais. » Il se permit de lever les yeux au ciel dans la foulée tant l’avertissement était puéril et inutile: il avait compris la leçon dès la première fois, il n’y aurait pas d’autres moments où elle pourrait lui faire comprendre ce qu’elle avait derrière la tête - en revanche, il refusait d’imprimer dans son esprit quoi que ce soit qui pourrait être associé au moment auquel elle référait. Il savait, mais dans une partie de son esprit qui fonctionnait en arrière plan et pour sa survie, surement - pas celle qui effectuer sciemment les gestes, qui prononçait de bonne volonté certaines paroles. Cette partie là n’avait pas beaucoup d’instinct de survie, en revanche.

« Encore une fois, tu prends les choses bien trop personnellement. » - « On sait tous les deux que j’ai raison de le faire ici. » Qu’il répondit presque dans un soupir las, gardant ce côté enjoué qu’il arrivait à faire ressortir - lui-même en était presque étonné.

Leur petit jeu de placement sur l’échiquier continua, alors que s’il avait pris un certain avance dans la montée des escaliers il s’était néanmoins et malgré tout arrêté en chemin - elle prit le relais, le dépassa, continua la discussion comme si de rien n’était alors que lui sentait ses poils se hérisser sur ses bras lorsqu’elle passait proche de sa silhouette. « Je te l’ai dit : si je devais être jalouse de quoi que ce soit ou de qui que ce soit en ce moment, ce serait ni de ta vie ni de toi. Au fait, comment va Nina ? J’ai entendu dire qu’elle était partie en voyage ? » Le moindre amusement qu’avait pu porter son attitude et son regard se dissipa en cet instant: c’était petit, elle le savait et le faisait exprès. Et encore une fois elle lui prouvait qu’il n’était pas en tort de tout prendre tant à coeur puisque c’était là l’effet attendu. Serrant les mâchoires un instant avant d’étirer un sourire étriqué, il reprit la parole avec un ton appuyé pour marquer son agacement désormais acquis. « Aucune idée, elle me répond pas et elle m’évite. Elle est partie en Afrique oui, mais je suis sur que t’en as pas grand chose à faire de la réponse et que la question était là juste pour me blesser. »

« Tu peux même prendre un bain avec de la mousse si ça te chante, t’es un grand garçon, t’es le seul à savoir ce qui est bon pour toi, non ? » Comme si elle n’avait pas envie d’y mettre son nez, dans ce qui était bon pour lui; à d’autres.

Lorsqu’il fut de nouveau à sa hauteur, s’écartant de la chute vertigineuse que pouvaient promettre les escaliers qui étaient encore dans son dos l’instant d’avant, il haussa quelque peu l’un de ses sourcils en direction de Mavis. Que pouvait-elle avoir à faire à l’étage, là où les festivités se passaient au rez-de-chaussée, et où elle reprochait presque au docteur de ne pas encore participer à ces dernières - là où elle lui avait d’ailleurs d’abord demandé de ne pas s’y rendre, cocasse tout de même. Si elle mit un instant et un autre avant de répondre, ce n’était pas tant cette partie là qui embêtait Ruben mais plutôt le sourire qu’elle ne laissa paraitre qu’une seconde avant de tourner les talons. Oh, il connaissait ce dernier, et il savait qu’il n’allait pas apprécier ce qui allait s’en venir rapidement. Elle était de dos, à quelques pas de lui désormais, lorsque sa voix se fit de nouveau entendre. « J’ai oublié mon téléphone en déposant mes affaires dans ma chambre, et j’en ai besoin. » Mais pourquoi ça, Mavis ? « J’attends un appel de mon copain. » Elle ne put le voir, mais tout le visage de Ruben fut étiré en long, tant la surprise était de mise par cette réplique; ses sourcils se soulevèrent, ses yeux s’agrandirent, il y avait même à parier que si ça avait été là dans ses habitudes, il se serait mis à ouvrir la bouche bien trop grande. Le pire était qu’elle lui dise ça comme si c’était une information en passant, alors qu’elle continuait d’avancer pour finalement fermer la porte derrière elle une fois qu’elle fut à l’intérieur de sa chambre. Les jambes de Ruben se mirent de nouveau en fonctionnement avant même qu’il ne s’aperçoive qu’il était à son tour en train de remonter le couloir en direction de la chambre de Mavis, s’arrêtant à hauteur de cette dernière. Sa main se leva pour s’avancer en direction de la poignée. Un, deux, trois…

Il arrêta son geste en pleine action, sa main à deux doigts de refermer ses doigts autour de la poignée, sa respiration se bloquant dans la foulée alors qu’il clignait de manière exagérée des paupières. Déglutissant, il n’aurait su bouger tout en sachant qu’il ne supportait pas mieux l’image qu’il renvoyait en cet instant. Une chose était sure cependant, même si elle avait mis quelques secondes avant de le percuter: c’était exactement là la réaction que Mavis attendait de lui. Oh, elle savait manipuler le monde autour d’elle pour le plier à son avantage, et surtout elle connaissait par avance les réactions qu’aurait le docteur en fonction de ce qu’elle décidait de lui dire ou de garer pour elle. Ce n’était pas juste, l’inverse n’était pas aussi vrai, mais c’était pourtant la réalité - et se reprendre à temps en réalisant ça était peut-être la seule chose pour laquelle Ruben se devait d’être réellement fier aujourd’hui. Apposant un instant son front contre le bois de la porte, ses deux mains désormais de part et d’autres de l’encadrement, il se maudit d’être aussi faible et surtout de réagir si facilement lorsque c’était elle; pour une fois pourtant, il avait su s’en rendre compte avant de laisser ses émotions prendre le dessus et la main sur son comportement, même si cela lui vaudrait de longues minutes d’exercice de respiration pour tenter de calmer son coeur qui battait la chamade dans sa cage thoracique. Bien joué, qu’il pensa pour lui-même: elle connaissait la jalousie dont il pouvait faire preuve pour l’avoir vu à l’essai plus d’une fois, et elle s’en servait pour jouer ses propres cartes contre lui. Aujourd’hui, il était cependant des deux celui à qui avaient été données les cartes les plus importantes - il n’y avait qu’à voir qui était présent au diner la veille au soir pour s’en rendre compte -, et réagir à cette provocation qui n’était surement que ça, une provocation, n’était pas utile. Ravalant sa salive une fois de plus, il s’écarta lentement mais sûrement de la porte, fermant ses mains en forme de poings, avant de continuer sa route et d’entrer dans la chambre de Baz. Il ne referma pas la porte derrière lui, de son côté, tant il savait que personne ne viendrait le déranger si ce n’était celle qui s’obstinait à dire qu’elle n’agissait pas pour qu’il prenne ses actions personnellement.

Se débarrassant de son maillot sur le chemin entre le lit et la salle de bain, Ruben se glissa sous l’eau de la douche sans jeter un regard en arrière, ce n’était pas parce-qu’il avait résisté à répondre à la provocation de Mavis que cette dernière ne continuait pas de trotter dans son esprit. Un appel de son copain - foutaises: elle avait simplement en mémoire la réaction qu’il avait eu le jour où Rudy s’était pointé à l’hôpital, et voulait continuer de lui faire payer cette dernière. Rien de plus, rien de moins, il pouvait reprendre sa respiration - alors pourquoi il avait l’impression que tous ses nerfs étaient à vif, et qu’ils attendaient simplement qu’on y mette volontairement le feu ?

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***
"Non, ça m’intéresse." De savoir ce qu’il en venait de Nina en ce moment et de comment elle gérait la trahison de son mari ? Non, elle s’en moquait plus que n’importe quoi, ayant de toute façon eu droit en direct a la certitude qu’elle le vivait mal, très mal, et autant dire que ça particulièrement, ça lui procurait une joie immense sous le seul prétexte qu’elle le méritait, cette idiote, de descendre de son piédestal quand elle n’était pas fichue de se rendre compte que son mari la trompait depuis deux années complètes. Néanmoins, elle continua de jouer sa comédie, prenant un air d’étudiante studieuse, celle qu’elle était indubitablement — curieuse et docile, qui posait des questions et s’abreuvait du savoir de ses maîtres. Ici, ce n’était que de l’esbroufe, mais elle jouait tellement bien son rôle, la candeur de ses traits lui permettant aucune fausse note. Elle minauda presque, d’ailleurs, le minois froncé, sa fausse bonne volonté suintant par tous les pores de sa peau rendue dorée par contraste avec sa robe blanche "Dis-moi ce qui se passe dans ton mariage et comment tu comptes reconquérir la femme que t’as trompé pas avec une, mais deux personnes. Vraiment, j’attends que ça." le supplia-t-elle presque. Se moquant ouvertement de lui, elle laissa un léger rire s’échapper de ses lèvres roses. Elle n’en avait clairement pas terminé de jouer avec lui, bien que son visage retrouva une composition plus neutre, sa silhouette pivotant pour remonter l’escalier qu’elle quitta bien avant lui, prête à lui asséner le coup de grâce de l’attaque indigne qu’elle avait fomenté pour se venger de tout ce qu’il lui avait fait au cours des derniers mois, que ce soit volontairement ou pas.

Elle regretta de ne pas avoir vu son visage après lui avoir annoncé qu’elle avait un petit ami, mais assise sur le bord de son lit, elle savait que ce n’était qu’une question de secondes avant qu’il n’ouvre la porte de sa chambre pour la confronter à ce sujet. Elle voyait la scène d’ici : il lui poserait toutes les questions du monde, Ruben étant aussi curieux qu’elle l’était, petite fouine qui fourre son nez là où il sait qu’il peut fleurer la moindre miette pour s’en repaître, jamais rassasié. Les mains jointes sur ses genoux, elle dut se répéter inlassablement de ne pas sourire et de garder son sérieux pour que, quand il ouvrirait la porte, elle puisse l’accueillir avec l’air du j’étais sûre que tu ne résisterais pas accroché sur le visage. Seulement, les secondes s’étiraient, et au bout d’une minute, elle dut se rendre à l’évidence. Rapidement, et les sourcils froncés, elle tira sur la poignée de la porte de sa chambre pour vérifier s’il ne se trouvait pas derrière, et il n’y était pas. Elle eut un sursaut de surprise, passablement défaite par ce rebondissement qui n’intégrait pas le plan qu’elle avait en tête. Sur le pas de la porte de sa chambre, elle regarda à droite, à gauche, baissa les yeux pour se rendre compte qu’il y avait quelques gouttes d’eau constellant le sol qui menaient jusqu’à la chambre de Baz. Graduellement, elle eut un sourire en coin, et se demanda : à quel point était-il en train de ruminer ce qu’elle lui avait dit, et à quel point ça lui faisait mal d’avoir cherché à la prendre à son propre piège en déjouant celui qu’elle avait mis en place juste pour lui ? Impressionnée, son expression changea en même temps que, doucement mais surement, la frustration s’insinuait dans chaque parcelle de son corps tendu par cette péripétie. Son bon sens lui disait d’arrêter la partie ici, sauf qu’accepter une défaite, ce n’était pas dans les principes de base de Mavis Barnes qui, se redressant de toute sa petite taille, suivit les gouttes d’eau jusqu’à la chambre de son frère.

Elle donna un coup de pied dans le maillot bain qu’il avait laissé derrière lui, ne se soucia pas d’où il atterri, et se positionna juste à l’entrebâillement de la porte de la salle de bain, un bras appuyé tout contre alors que, avec rythme, elle applaudissait doucement dans le seul but d’attirer l’attention d’un Ruben nu comme un ver sous la douche. La vision n’était pas désagréable, elle s’abstint cependant de s’y attarder, y laissant juste glisser brièvement les yeux pour les fixer à nouveau bien devant elle lorsqu’elle lui demanda en arrêtant d’applaudir, sa voix chuchotée pour lui montrer à quel point elle était soufflée "Je suis impressionnée, t’as fait de gros progrès en peu de temps." lui fit-elle remarquer, captant son regard au travers de la condensation qui rendait l’atmosphère moite, presque poisseuse malgré l’endroit où ils se trouvaient. A distance, elle continua de l’observer, un léger enrouement accompagnant le rire qui fila de sa gorge pendant que, reprenant la parole, elle lui demandait "A quel point t’es en train de te demander si je te mens à propos de ce que je viens de t’annoncer ?" Elle ne le laissa pas répondre, elle ajouta aussi vite "Oh, et avant que tu me poses la question, Rudy n’a pas réussi à me mettre le grappin dessus. Comme tu sais, j’ai plus de standing que ça, et il a mal vécu le petit déconvenue de la dernière fois — pour tes prochaines incartades, je te déconseille les applications de rencontres, c’est vraiment surcôté." affirma-t-elle, se détachant d’une poussée de l’entrebâillement pour rentrer dans la salle de bain et percer l’épaisseur de la buée avec sa silhouette qui s’avança jusqu’à la cabine de douche. Elle resta à nouveau à bonne distance, ne tenant pas à se laisser atteindre par le jet, mais voulait rester assez près de lui pour qu’il voit dans ses yeux qu’elle disait la vérité à l’instant où elle reprit la parole pour lui faire savoir, sans pudeur "J’ai passé du temps ici avec lui, le mois dernier. Roger l’adore autant que moi, je l’adore." Et le flair de Roger était une bonne mesure qu’il ne pourrait remettre en doute que s’il avait décidé de faire dans la mauvaise foi. Ce qui ne l’étonnerait pas au demeurant, mais c’était le cadet de ses soucis à ce moment-là puisque déjà, elle reprenait "On a fait l’amour dans mon lit." Ce qu’ils n’avaient jamais fait, pas ici en tout cas, et c’était précisément pour ça qu’elle choisissait d’insister sur ça "Je te le dis pas pour que ça te rende jaloux, juste pour que tu comprennes qu’on en es déjà au stade où faire ce genre de choses sous le toit de mes parents, c’est pas vraiment un problème. C’est même plutôt dans l’ordre des choses… c’est naturel." insista-t-elle. Ils n’étaient pas là, Leon et Anka, et puis Ambrose et Mavis ne prévoyaient pas de jouer aux cartes non plus, alors qui ça surprendrait vraiment, au fond ? Se retenant de sourire, elle feignit la nonchalance. Avec une épaule haussée, accentuée par sa hanche désaxée, son bras appuyé contre la baguette en métal de la cabine de douche, elle termina "C’est plutôt sérieux, tu sais." Elle poussa le vice jusqu’à se permettre d’annexer une sorte d’easter egg à tout ce qu’elle lui révélait, s’autorisant cette fois à sourire tant ça la faisait exulter. Ses yeux trouvant les siens, Mavis se félicita intérieurement d’être aussi vicieuse, même si jamais elle ne le confesserait "Je suis sûre que tu l’aimerais beaucoup." Sans blague.

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« Non, ça m’intéresse. » ll serra quelque peu les mâchoires. « Dis-moi ce qui se passe dans ton mariage et comment tu comptes reconquérir la femme que t’as trompé pas avec une, mais deux personnes. Vraiment, j’attends que ça. » Elle n’avait pas besoin d’ajouter un petit rire par la suite à ses paroles, tant elles étaient par elle-mêmes explicites et que de tous les pièges qu’elle pourrait lui tendre, celui où elle feintait en avoir quelque-chose à faire du sort de Nina était bien trop gros pour qu’il y croit. Déglutissant avec peine, il esquissa tout sauf un sourire amusé, bien davantage étriqué et forcé, sur ses lèvres. « Si t’as de bons conseils, je suis preneur d’ailleurs. » Elle n’aurait que de mauvaises idées à lui souffler et il le savait, ce n’était là qu’un moyen de souligner l’ironie de la situation.

Ruben n’avait pas eu le temps de redonner un rythme presque comparable à un sinusale lorsque Mavis se mit à applaudir dans son dos. Oh, il savait que ce n’était personne d’autre, puisque personne d’autre n’aurait eu l’audace de rentrer dans la chambre dans un premier temps, mais surtout dans la salle de bain pendant qu’il était sous la douche. S’il y avait eu le moindre besoin de recueillir son attention sur un sujet ou un autre, la personnes serait annoncée dès le seuil de la chambre, en attendant qu’il ait accusé réception de la présence de l’intrus. Elle ne s’embarrassait pas de ces manières là - et s’il s’était attendu à ce qu’elle le fasse, il aurait refermé les portes sur son sillage et aurait surtout fait en sorte de l’empêcher de rentrer jusqu’ici. Se tournant légèrement pour que son regard soit désormais dirigé dans la direction de la blonde, il ne pouvait nier que de la voir l’observer à distance comme ça lui soufflait une certaine chaleur sur le coeur; il ne pouvait rien en faire présentement malheureusement, si ce n’était que garder la satisfaction pour lui. « Je suis impressionnée, t’as fait de gros progrès en peu de temps. » Il haussa les yeux au ciel, passant sa tête sous le jet d’eau pour rabattre ses cheveux en arrière et éviter aux quelques mèches rebelles de lui tomber devant les yeux. « Je dois m’améliorer on m’a dit, alors j’essaie de m’appliquer. » Il pouvait prétendre tout ce qu’il voulait: à peine deux minutes plus tôt, il était devant sa porte et ne savait pas qu’il était capable de s’arrêter dans sa lancée, de ne pas laisser sa jalousie et sa frustration prendre le dessus sur ses actions dictées elles par la logique.

« A quel point t’es en train de te demander si je te mens à propos de ce que je viens de t’annoncer ? » Il passa sa main sur la paroi de douche pour retirer une bonne partie de la buée apposée dessus. « Oh, et avant que tu me poses la question, Rudy n’a pas réussi à me mettre le grappin dessus. Comme tu sais, j’ai plus de standing que ça, et il a mal vécu le petit déconvenue de la dernière fois — pour tes prochaines incartades, je te déconseille les applications de rencontres, c’est vraiment surcôté. » Il pencha quelque peu la tête sur le côté. « J’utilise pas d’applications de rencontres. » Scarlett lui avait déjà posé la question, il avait trouvé cela idiot au plus haut point d’imaginer ce genre de chose pour lui. « Et heureusement qu’il a pas réussi à te mettre le grappin dessus: c’est un idiot de première catégorie, et y’avait pas besoin de discuter avec lui plus de deux minutes pour le comprendre. » Son regard soulignait de nouveau un il te mérite pas en plus, qu’il tut et laissa mourir dans le fond de sa gorge. « Et je te crois pas Mavis, je sais que tu me mens mais c’est pas grave. » Parce-que ce ne serait surement pas la première fois qu’elle le faisait devant son nez - et elle l’avait déjà surement fait une centaine de fois dans son dos, contre et pour lui, alors ce n’était pas une fois de plus avec autant d’aplomb et de confiance qui changerait grand chose. Apparement, c’était suffisant que pour l’un des deux cependant, puisqu’après s’être délogée de l’endroit où elle s’était arrêtée elle fit quelques pas pour se rapprocher de lui - quelques uns de plus et elle était sous le jet avec lui, et l’idée bien qu’irréalisable l’emplissait de félicité malgré tout. « J’ai passé du temps ici avec lui, le mois dernier. Roger l’adore autant que moi, je l’adore. » Il aurait bien aimé être apte à répliquer un quelque-chose ressemblant à un qu’est-ce que je peux en avoir à faire mais même en se disant que c’était là des foutaises, il en avait quelque-chose à faire malgré lui. « On a fait l’amour dans mon lit. » Tous les muscles de son corps se contractèrent, à son grand damn, en entendant ces mots là. Elle savait appuyer là où sa jalousie saurait se décupler bien davantage; elle savait surtout les points qui lui faisait mal une fois que le doigt appuyait dessus. « Je te le dis pas pour que ça te rende jaloux, » Foutaises. « juste pour que tu comprennes qu’on en es déjà au stade où faire ce genre de choses sous le toit de mes parents, c’est pas vraiment un problème. C’est même plutôt dans l’ordre des choses… c’est naturel. »

« C’est plutôt sérieux, tu sais. Je suis sûre que tu l’aimerais beaucoup. » Il souffla par les narines un petit rire manquant clairement d’amusement. « J’ai plutôt envie de lui arracher les yeux quand tu m’en parles, étrangement. » Qu’il siffla entre ses dents, ne cherchant pas à parler assez bas pour qu’elle ne puisse pas entendre ce qu’il disait - n’en ayant rien à faire qu’elle entende des menaces qu’il ne mettrait jamais à exécution; autant parce-que ce n’était pas dans ses habitudes que parce-que s’il se retrouvait face à son bien aimé, il se rendrait qu’effectivement il l’aimait beaucoup aussi de son côté.

Déglutissant, il se délogea de son le jet d’eau pour s’arrêter à hauteur de l’ouverture de la douche, une de ses mains se posant sur sa hanche, l’autre contre le mur à ses côtés. Ses yeux accrochèrent le visage de Mavis, attrapèrent les siens dans la lancée, alors qu’il tentait d’apaiser la tension qu’il sentait déjà haute en lui; à commencer parce-que ses mâchoires étaient tellement serrées qu’il peinait à parler. Mais elle le mettait dans une position inconfortable, et elle le savait, en jouait plus que de mesure. Parce-qu’il affirmait à voix haute qu’il la pensait menteuse, une trop grande partie de lui réfléchissait à la possibilité que ce soit là la vérité; il détestait ça, mais il n’y avait rien qui pouvait véritablement empêcher que ce soit le cas. Il n’avait pas envie de l’imaginer dans les bras de quelqu’un d’autre, mais il n’était personne par rapport à elle pour empêcher quelque-chose de ce genre là arriver malheureusement. « Sérieux comment ? » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté, plissa un brin ses yeux. « Sérieux au point où tes parents l’ont déjà rencontré ? Au point où tu l’as invité ici, aujourd’hui, et l’appel que t’attends c’est pour savoir s’il vient ? » Etait-il mieux installé chez les Barnes que lui ne le serait jamais, en un si court laps de temps ? « Ou même au point qu’il connait par coeur chaque parcelle de ta peau, celles que t’aimes qu’on touche pendant qu’on fait l’amour et chaque souffle que tu peux avoir dans ces moments là ? » Sa tête s’avançait en se penchant lentement mais surement vers l’avant, alors qu’il parlait de moins en moins fort comme s’ils discutaient là d’un secret que personne d’autre ne devait entendre - ce qui était le cas, en réalité ? « Ou même au point qu’il sait déjà à quel point tu ferrais tout pour avoir le dernier mot, que t’es plus excitée par le jeu que par la personne avec qui tu joues, que tu irais au bout de tes idées et tes gestes pour être la grande gagnante même face à lui ? » En étaient-ils à ce point là ? Lui faisait-elle voir la même facette à lui que lui pouvait voir, jour après jour, se dévoiler sous ses yeux ? « Dis moi Mavis: à quel point c’est plutôt sérieux entre vous deux ? Pour avoir à quel point je dois être jaloux de mon côté. »

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Elle lui aurait bien dit que ne pas tromper sa femme, c’était le premier et le seul conseil qu’il était bon de retenir dans sa situation. Simplement, très vite, son attention fût redistribuée ailleurs, et la succession d’évènements qui s’opposa à sa volonté de le faire courir comme le chaud lapin qu’il était, ça lui donna du grain à moudre pour établir les règles d’un nouveau jeu qu’elle s’apprêtait à jouer avec le plus grand des plaisirs. Aller le retrouver dans la salle de bain attenante à la chambre de son frère, ce n’était pas l’idée du siècle. Sauf que s’enticher d’un homme pris depuis des années, ça ne l’était pas non plus, alors finalement, elle n’était plus à ça près, n’est-ce pas ? Elle voulait qu’il sache, Ruben, qu’elle réussissait à tourner la page de leur histoire — si tant était que ça en avait été une, se rendant compte qu’en définitive, elle n’était qu’une pièce en plus dans sa collection de jeunes gens à qui il donnait de l’attention pour son seul salut, du genre à les entasser les uns sur les autres pour que personne ne les atteigne si ce n’était lui. Ça, c’était réussi, sa jalousie servant le contrôle qu’il tentait d’avoir sur ceux qu’ils choisissaient soigneusement pour être les pions sur ce grand échiquier qu’était sa vie, croyant épargner sa Reine qui avait besoin de quitter le pays pour guérir de ce qu’il lui faisait subir. Lui, il était là, à se pavaner comme le Roi qu'il croyait être, n’apprenant pas de ses erreurs parce qu’il était sûr de ne pas en faire, inapte à la remise en question tout en espérant qu’on le pardonne.

Mavis n’était pas disposée à le pardonner. Elle voulait le faire souffrir — quelle chance qu’elle savait exactement comment s’y prendre pour le faire "Ça ne saurait tarder." rétorqua-t-elle lorsqu’il se défendit d’utiliser des applications de rencontres où elle, elle avait rencontré l’idiot du village qui portait le doux nom de Rudy. Elle ne débattrait pas à nouveau de son niveau d’intelligence, ils avaient déjà établi qu’il en manquait cruellement et que c’était pour cette raison, entre autre, que jamais il ne compterait pour elle et que jamais elle ne se retrouverait avec sa langue au fond de la gorge — ou pire encore, elle ne préférait même pas y penser. Elle ne dit rien, appréciant au plus haut point de se rendre compte que Ruben ne croyait pas un traître mot de ce qu’elle lui avait dit tout à l’heure. Qu'il était prévisible, à penser que chaque être humain sur cette planète souffrait des mêmes défauts que lui : avait-il déjà oublié que d'eux deux, elle avait toujours été la plus honnête, celle qui n’hésitait pas un instant à le remettre à sa place de mortel quand ses pieds décollaient du sol et qu'il avait tendance à se prendre pour un Dieu ? Croyait-il sincèrement qu’elle s’abaisserait à lui mentir maintenant quand elle avait une douce vérité entre les mains, la chérissant au même titre que la relation qu’elle avait de nouveau entamée avec Ambrose ? Sur l’instant, elle le laissa dire, s’approchant de la cabine de douche avec la ferme intention d’en rajouter un peu, jouant avec les flammes qui lui léchaient les pieds et qui faisaient monter la chaleur dans tout son corps. La moiteur de la pièce n’arrangeait pas l’impression qu’elle avait, la tension, le regard, la nudité de Ruben non plus, mais elle était forte ; alors elle se risqua à laisser l’hypothèse qu’il apprécierait son petit ami filer d’entre ses lèvres, jubilant d’en être certaine dans le fond puisque qu’à de maintes reprises, ils s’étaient retrouvés dans le même lit, eux aussi.

Elle laissa un léger rire rompre sa neutralité lorsqu’il lui soutint qu’au contraire, il le détestait déjà, se basant sur ce qu’elle était en train de lui raconter de lui, ne tarissant pas d’éloges sur ce début de relation qui n’en était pas un parce qu’ils se connaissaient depuis toujours, avec Ambrose ; bien avant même que Ruben n’entre dans le tableau, que ce soit de son côté ou celui de son petit ami dont elle était prête à vanter les mérites avec un soin tout particulier aujourd’hui. Une épaule toujours légèrement haussée, elle contredit Ruben avec sérieux et malice mêlés, ne sachant où donner de la tête tant ça lui plaisait, ce qui était en train de se passer "T’aurais tort, c’est quelqu’un de bien. Et il a de très beaux yeux." Et ça, que ce soit la première partie de sa phrase ou la seconde, elle le pensait du plus profond de son coeur. D’eux trois, celui qui méritait cette palme — celui du gens bien —, c’était bel et bien Ambrose dont elle continua de parler avec amour et bienveillance "Il me traite bien. En tout cas, bien mieux que toi tu m’as jamais traitée, sois en sûr." lui fit-elle, attendant que son regard rencontre le sien pour qu’elle puisse y lire la jalousie qui doucement, elle le savait, commençait à monter en lui. Elle fit un léger mouvement de recul lorsqu’il se déroba du jet d’eau, le regarda s’avancer vers elle en pensant quoi, l’impressionner ? "Détends-toi, Ben." lui conseilla-t-elle avec provocation, n’osant pas la remarque grivoise sur la source de son oeillade rapide, chaque terminaison nerveuse de son corps dénudé semblant sur le point de réagir si bien que sur l’instant, Mavis ne savait pas s'il était fâché ou excité. Surement un peu des deux. Elle laissa un sourire en coin fendre un côté de son visage, s’attendant évidemment à ce qu'il rebondisse sur ce qu’elle lui avait dit à peine instant avant "Sérieux au point où mes parents le connaissent déjà de toute façon." Dansant d’un point à un autre de son visage humide, les yeux de Mavis caressèrent les traits du docteur à distance, les siens illuminés par la satisfaction qu’elle ressentait à l’idée d’avoir suffisamment titillé sa curiosité pour qu’il se mette à lister les possibilités qui la menait à être aussi catégorique au sujet de son histoire avec Ambrose. Elle ajouta quand il souleva l’appel qu’elle attendait, la réplique lui venant du tac-au-tac "Pourquoi ? T'aimerais qu’il vienne ? T’aimerais le rencontrer ?" Elle ne pouvait plus cacher qu’elle prenait du plaisir à le torturer, le son de sa voix gorgé de l’accent enthousiaste qui était le sien lorsqu’elle pressentait que la partie allait être intéressante. Elle aussi se pencha légèrement en avant, sentant une multitude de frissons la parcourir quand la conversation devint plus lourde de sens. Elle pouvait sentir la chaleur du corps de Ruben à distance, tandis que, dans un murmure, elle lui répondit sans pudeur "Il lui a fallu qu’une seule fois pour réussir à les entendre, ces souffles là. Dans mon souvenir, ça a pris plus de temps que ça de ton côté." Le bout de sa langue darda entre ses lèvres alors qu’elle la passa rapidement sur ses dents, plus joueuse que jamais, ses paupières se plissant en même temps qu’elle soulevait, feignant la sagesse "Mais c’est pas une compétition, hmm ?" Elle avait l’impression que la pièce rapetissait de seconde en seconde, la forçant à initier un pas en plus vers Ruben qu’elle ne lâchait pas des yeux — elle ne s’en rendit pas tout de suite compte, elle dut cligner des yeux pour remarquer qu’elle s’était avancée, et elle se haït pour ça. De ce fait, elle prit soin de ne pas le toucher, et pas uniquement parce qu’il était humide, puis elle se cala sur la manière dont il murmurait. Laissant un nouveau rire, plus goguenard cette fois, remplir l’espace infime qui les séparait, elle lui dit "Je crois pas être la plus excitée de nous deux à l’instant-même, Ruben. Je te le répète : détends-toi." Une remarque qui, à nouveau, força ses yeux à quitter les siens pour les faire glisser le long de son corps jusqu’à la limite interdite, celle qu’elle ne se laissa pas le temps d’observer plus longtemps puisqu'il apposait ses questions finales, celles auxquelles elle avait une seule et unique réponse qui l’achèverait, elle en était plus que persuadée. Ainsi, s’accotant de nouveau à la baguette en métal de la cabine de douche, la nonchalance de son geste ne cadra pas avec la rage qu’il y avait dans sa voix quand enfin, elle lui fit, plus bas encore "Au point où, quand je lui ai parlé de mon avortement, il m’a dit sans même que je m’y attende qu’au cas-où, j’aurais pas à prendre de décision définitive et qu’il serait là pour moi, lui." L’affolement dans ses yeux, l’un et l’autre cherchant les siens avec avidité, il était induit par l’envie qu’elle ressentait de lui faire du mal, rien de moins que ça. Mavis, elle avait toujours su, qu’elle se servirait des paroles d’Ambrose à ce sujet contre Ruben à un moment donné, mais elle n’avait pas la moindre idée que ce serait aussi tôt. Ça ne changeait pas grand-chose, d’autant que là encore, ce qu’elle disait, ce n’était que la vérité, rien que la vérité, et il pouvait très bien en estimer l’étendue dans son regard brun qu’elle laissa, cette fois, s’ancrer le plus profond possible dans le sien. Alors, jaloux ? lui demanda-t-elle en silence.

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« Ça ne saurait tarder. » Il ne rebondit même pas sur cette remarque là: il savait d’avance que ce ne serait pas le cas, et qu’elle appuyait sur cette idée là que pour souligner l’ironie de la situation dans laquelle lui se trouvait. Lui, qui se précipitait vers l’idée de déprendre de moyen pour rencontrer de nouvelles personnes alors qu’il en avait eu plus que de raisons dans ses bras ces dernières années. Si la situation n’était pas celle qu’elle était autour d’eux, il aurait pu apprécier l’ironie, lui aussi, et aurait même été apte à le souligner avec une pointe de légèreté - ce n’était pas du tout le cas aujourd’hui, alors autant laisser de côté que de partir sur une discussion où ils n’avaient pas les mêmes pensées sur la question.

Surtout parce-qu’il avait bien d’autres sujets sur lesquels avoir envie de s’arracher les cheveux, désormais - déjà que bien des personnes soulignaient ces deniers temps à quel point ces derniers peinaient à rester accrocher à son crâne, ne pas multiplier les occasions de les l’y déloger serait une brillante idée. « T’aurais tort, c’est quelqu’un de bien. Et il a de très beaux yeux. » - « Ca me fait une belle jambe qu’il ait de beaux yeux tiens. » Qu’il marmonna dans sa moustache inexistante. Ca lui faisait une bien moins belle jambe que ce soit quelqu’un de bien, en revanche - et l’idée n’eut même pas le temps de faire le tour complet de son esprit que Mavis semblait déjà avoir eu le temps de lire dans ce dernier, qu’importait la méthode qu’elle avait pu utiliser pour rendre ça possible. « Il me traite bien. En tout cas, bien mieux que toi tu m’as jamais traitée, sois en sûr. » Oh, c’était d’une bassesse, même pour cette conversation. Parce-que la plupart du temps, la manière dont il l’avait traité comme elle le disait, c’était selon des conditions qu’elle avait elle-même cherché à obtenir. Il avait le mauvais rôle et le dos large que quand cela l’arrangeait, apparemment. « Et toi, tu le traites mieux que tu m’as traité moi ? Tu le traites à la hauteur de ce que tu le décris ? » Parce-que c’était bien beau de dire que Ben n’avait pas eu le meilleur des comportements pendant la durée du temps où ils s’étaient fréquentés, mais jouer du miroir pour lui renvoyer son reflet était aisé et éclatant de vérité; elle aurait beau minauder autant qu’elle le voulait, en sachant que cela fonctionnait que trop bien face à lui, cela ne rentrait pas le fait qu’elle montrait la facette qui l’accommodait et qu’elle n’était pas en reste, côté comportement. Elle ne s’était pas montrée douce et adorable face à lui, à ses côtés - elle avait même eu plutôt tendance à rapidement identifier ses faiblesses pour jouer de ces dernières pour obtenir ce qu’elle désirait. « Tu l’utilises comme moi tu m’as utilisé ou il a le droit de simplement profiter de ce que peut promettre une vraie relation ? »

« Détends-toi, Ben. » Il inspira longuement, alors que son regard ne restait dans le sien une poignée d’instants, contractant les mâchoires plus que de raison en la regardant faire, ses doigts se rétractant contre le mur sur lequel sa main était à plat posée. Oh, qu’il apprécierait se détendre - ce n’était pas l’envie qui manquait, mais plutôt les moyens de le faire. Il ne serait pas apte à se détendre en sa présence, alors qu’il n’était pas capable de déterminer les raisons qui le poussait à se rendre dans cet état là; entre l’amour et la haine était souvent décrite une ligne bien trop fine, de celles qu’il expérimentait de plein fouet ces derniers temps. Il n’était pas sur d’apprécier pleinement l’expérience. Il n’était pas certain de voir que des deux, elle arrivait autant à paraitre détendue dans cette discussion et face à lui alors que de son côté, il se devait de mentalement souffler pour maintenir la face de cette manière. Ce n’était pas juste, ce n’était pas dans les règles du jeu - là où ils se permettaient de perdre la face de manière régulière et surtout presque attendue encore quelques semaines plus tôt.

« Sérieux au point où mes parents le connaissent déjà de toute façon. » Cette réponse là correspondait presque à de la triche: il connaissait déjà personnellement les parents de la jeune femme mais dans un contexte qui ne permettait pas de mettre d’autres conditions en lumière. Le but n’était pas de comparer ici, plutôt de comprendre si cette dite relation était aussi avancée qu’elle semblait résolue à lui chantonner, si elle s’enfonçait dans ce qu’il tentait de se persuader avec de plus en plus de peine au fil des secondes qui s’écoulaient un mensonge simplement pour le faire de sortir de ses gonds. « Pourquoi ? T'aimerais qu’il vienne ? T’aimerais le rencontrer ? » Le rire était rauque, raclant la gorge asséchée de Ruben sur son passage. « Sans façon non, je m’en passerais bien. » Elle connaissait sa jalousie, elle savait où il se positionnait par rapport à elle, il ne cacherait pas que l’idée de rencontrer son petit-ami ne l’enchantait guère. Tout comme ça ne le rendait pas ravi non plus de bavasser sur les étreintes qu’elle pouvait partager avec lui, mais il ne saurait s’empêcher pour autant de relancer la discussion sur ce sujet là en ne sachant trop si c’était par curiosité malsaine ou parce-que certaines images qui s’imposaient à lui n’étaient pas si déplaisantes que cela à se représenter. « Il lui a fallu qu’une seule fois pour réussir à les entendre, ces souffles là. Dans mon souvenir, ça a pris plus de temps que ça de ton côté. » Malgré tout, malgré lui, il ne pouvait contredire cette partie là de ses dires. « Mais c’est pas une compétition, hmm ? » Ben fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre, sentant l’air un brin plus pensant lorsqu’il entrait dans ses poumons et poussait sur les parois de ces derniers pour se faire de la place. « Ca l’est pour moi. » Ce qui était idiot, puisque compétition effectivement il ne devrait pas y avoir: les choses n’étaient pas comparables. Pourtant, il ne saurait s’empêcher de le faire, surtout alors qu’ils se retrouvaient à une poignée de centimètres l’un de l’autre et qu’il y avait une question d’égo et d’un brin d’honneur en jeu. « Ces souffles là… » Qu’il s’appliqua justement à prononcer dans un soupir. « … ils sont authentiques au moins ? Ou ils sont là pour l’embobiner et pour le garder dans la paume de ta main ? » Et peut-être parce-que pour lui, la compétition était effectivement de mise, la question était plus sincère qu’il n’aurait souhaité le laisser paraitre. Se laissait-elle aller sous son toucher comme elle l’avait plus d’une fois fait avec lui, ou n’était-ce là que pour s’assurer de ne pas le voir partir et ne pas se retrouver seule, abandonnée, mise de côté ?

Même si c’était pour se moquer de lui, il appréciait entendre son rire - ce qui était déifiaient le signe que ce n’était pas de cette sorte que les choses devraient se passer ici, parmi d’autres signe qui pouvaient être aisément soulignés. « Je crois pas être la plus excitée de nous deux à l’instant-même, Ruben. Je te le répète : détends-toi. » Il n’eut pas besoin de se creuser la tête bien longtemps pour savoir à quel endroit son regard s’arrêta en l’observant. « Je cherche juste pas à le cacher. » Parce-que ce n’était pas possible dans la tenue d’Adam qu’il portait présentement, et que de toute manière il n’était pas question de le faire; ça aurait au moins pour avantage de la faire mousser sans avoir besoin d’y mettre les formes ou les mots, que de savoir que sa présence était suffisante pour le mettre dans tous ses états, le docteur. « Dis moi, si ça te dérange. » Parce-qu’elle paraissait plutôt à l’aise avec l’idée qu’il ne se détende pas, contrairement à ce que demandaient ses mots. « Parce-que j’ai plus l’impression que t’entretiens volontairement mon excitation plutôt que tu cherches à la restreindre. » Oubliait-elle qu’il connaissait et reconnaissait les façons de faire, d’agir, de parler qu’elle pouvait avoir malgré elle ?

Ses démarches à lui fonctionnaient assez d’une certaine manière pour qu’elle ne soit toujours pas sortie de la salle de bain, pour qu’elle continue de s’accrocher à la paroi de douche comme si elle ne comptait pas décamper de si tôt; alors qu’il percevait le changement de ton qu’elle prêtait à sa voix dans les paroles qu’elle servit pour répondre à ses dernières questions. Ruben n’était pas aussi doué qu’elle pour jouer avec ses nerfs, mais assez en tous cas pour la pousser à continuer de jouer et à relancer la mise une fois de plus. « Au point où, quand je lui ai parlé de mon avortement, il m’a dit sans même que je m’y attende qu’au cas-où, j’aurais pas à prendre de décision définitive et qu’il serait là pour moi, lui. » Peut-être qu’il oublia un instant de rendre son souffle, son diaphragme empêchant l’air d’aller et venir dans ses poumons alors que son coeur battait comme s’il palliait à une urgence inexistante dans sa poitrine. Une fois de plus, c’était petit et c’était seulement dit pour appuyer là où la plaie était déjà ouverte. Sauf que pour ce sujet là, l’entaille n’était pas profonde de la même manière chez lui qu’elle pouvait l’être chez elle - il le savait, parce-qu’elle le lui avait dit avec une simplicité qui l’avait étonné sur le moment et qui l’étonnait toujours aujourd’hui. Cet avortement qu’elle mentionnait comme si de rien n’était présentement l’avait abimé, et ce n’était pas malin de sa part d’utiliser cette partie là de leur histoire - si telle pouvait-être désignée - pour lui faire du mal. Ben comprenait où elle voulait en venir: elle et son petit-ami étaient assez proches pour parler de ce type de sujets, pour aborder des blessures de leur passé. Le message était reçu, pas de soucis là dessus. « C’est beau de croire des paroles comme ça venant d’un homme. » N’étaient-ils tous pas les mêmes, à ses yeux ? Que des êtres prévisibles et manipulables pour son propre plaisir ? « Tu lui as demandé, s’il s’était déjà retrouvé dans cette situation là ? S’il savait de quoi il parlait ? » Parce-que de trop, malheureusement, c’était son cas à lui; il n’avait peut-être pas assuré sur la manière de gérer les choses, deux fois plutôt qu’une, mais il ne pouvait pas dire qu’il ne connaissait pas ce qu’il était possible de ressentir dans ces moments là. « Tu lui as demandé s’il serait prêt à assumer de te voir te battre contre ta vie de jeune mère, contre tes études et ta carrière, contre lui aussi ? S’il comprenait l’étendue d’une telle promesse et des faux espoirs qui pourraient aller avec s’il tenait pas parole ? » Il avançait tant son visage dans sa direction que ses épaules étaient désormais obligées de se rétracter quelque peu, ses omoplates se rapprochant l’une de l’autre dans son dos. Son souffle devenant de plus en plus court, aussi et contre son envie, à chaque parole qu’il prononçait parce-qu’il savait qu’il remuait un couteau dans une plaie qu’il aurait préféré aider à panser plutôt qu’à maintenir béante. « Tu lui as précisé quand tu lui as raconté l’histoire que t’as tout fait dans mon dos aussi, et que tu t’es apitoyée sur ton sort après pour tenir le bon rôle et me donner le mauvais ? Parce-que je suis sur que c’est comme ça que tu lui as parlé de ton avortement, non ? Dis moi si je me trompe Mavis ou si je vise juste: la victime dans ton récit c’était toi et j’étais le méchant de l’histoire ? » Parce-que si elle voulait continuer d’appuyer où ça faisait mal, il la maintiendrait fermement à ses côtés pour qu’elle puisse contempler le spectacle de sa réussite à ses côtés.

a drug that only
worked the first few hundred times

@ruben hartfield

(c): harley (gif), luleaby (codage).

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"Il me donne aucune raison de le traiter autrement que comme lui me traite." Ruben, il avait la plus grosse paille dans l’oeil qu’elle avait jamais eu l’occasion d’observer. C’était presque un cas d’école tant il était doué pour renverser la vapeur histoire de se faire passer pour la pauvre petite victime quand il provoquait absolument tout ce qui lui arrivait de mal. Ne cessant de le regarder, elle poursuivit sur le même ton "Réécris pas l’histoire en te faisant passer pour quelqu’un qui a subi." Elle plissa les paupières pour que son regard puisse transpercer l’épaisseur de la buée qu’il y avait autour d’eux "Je t’ai peut-être menacé, j’ai peut-être joué avec toi, mais c’est exactement pour ces raisons-là que tu t’es autant accrochée à moi, alors enlève ton auréole du saint qui s’est laissé envahir par le vice du petit diable sur son épaule, tu veux bien ?" Pour rester dans l’analogie religieuse : elle se devait de remettre l’église au milieu du village, Mavis. Elle ne supporterait pas un seul instant que Ruben tente de faire croire à qui que ce soit qu’il était sous son emprise. Ça n’a jamais été le cas. Il n’y avait aucune histoire d’emprise dans la leur, ce n’était qu’un classique cas de tromperie comme il y en avait tant d’autres, de celles qui commencent par des promesses de ne pas s’attacher et qui finissent par des larmes et des regrets. Elle serra un peu plus les dents lorsqu’elle entendit ce qu’il laissa échapper ensuite ; non, elle n’utilisait pas Ambrose et ça, il ne l’entendrait pas si jamais le voile de son identité venait à être levé. Elle voyait les choses d’ici, la jeune femme. Il serait farouchement convaincu qu’elle avait mis en place tout un stratagème pour lui mettre des bâtons dans les roues, et peut-être qu’inconsciemment c’était le cas, mais dans les faits, ce n’était pas pour cette raison qu’elle avait succombé à l’appel de la relation avec Ambrose. C’était parce qu’elle l’avait aimé quand elle était jeune, qu’ils avaient partagé tant de choses qu’être à ses côtés aujourd'hui lui paraissait plus naturel et instinctif que n’importe quoi, et qu’en effet, contrairement à l’époque où elle faisait ce qu’elle faisait avec Ruben, elle se sentait appréciée à sa juste valeur et traitée à la hauteur de ce qu’elle méritait.

Elle ne lui répondit pas, elle craignait qu’en le faisant, elle laisserait une information capitale lui échapper. De ce fait, elle prit l’affront sans broncher, encline à lui donner ce point-là tant elle savait qu’elle lui en déroberait d’autres qui seraient plus savoureux à ajouter à son palmarès. Ainsi, la bataille reprit à l’instant où, pour appuyer sur le sérieux de ce qui se passait entre elle et cet homme qu’elle ne nommait pas, elle rebondit sur chaque question que Ruben lui posait en conséquence, avide de connaître le moindre détail de ce qui alimentait cette histoire qu’elle lui dépeignait comme étant idyllique. Elle l’était, et il pouvait la remercier d’avoir été assez généreuse pour ne pas tenir rigueur à Ambrose de sa faiblesse à son sujet, sinon une autre bataille aurait éclaté entre eux. Peut-être la remercierait-il plus tard, en attendant, elle était déterminée à continuer à le faire tourner en bourrique tant elle savait que dans ses veines, son sang devait bouillir à grosses bulles à cause du soin qu’elle mettait à vendre les talents d’amant de son petit ami. Bien sûr que pour Ruben tout était une compétition et elle ne le jugeait pas sur ce point-là puisqu’elle était du même type, à vouloir tout rendre ludique pour s’attribuer le plaisir d’être meilleure que tout le monde, pétrie d’une envie réelle qu’on lui accorde de l’attention et qu’on la couvre de couronnes de fleurs et d’éloges "Tu m’offenses, Ruben." dit-elle sur le même ton que lui — dans un murmure, donc. Il était en train de remettre en doute sa capacité à prendre du plaisir dans les bras de l’homme qu’elle avait rendu tributaire de ses moindres désirs, chassant celui qu’elle avait en face d’elle de cette place dont il n’avait pas su se rendre digne, bien incapable de se contenter de la dévotion qu’elle aurait été prête à lui accorder s’il avait été moins lâche. Elle secoua la tête "J’ai pas besoin de ça pour le garder dans la paume de ma main. T’as déjà entendu parler d’amour, ou t’es trop focalisé sur une seule chose pour entendre que le sexe, ça fait pas tout dans un couple ?" Finalement, c’était sans doute ça, le problème de Ruben : à penser avec ce qu’il avait entre les jambes, il en oubliait qu’autour, il y avait d’autres sources d’émois à prendre en compte et que la plupart du temps, c’était même bien plus stimulant que ce qui se passait sous les draps.

Elle en avait la preuve sous les yeux, d’ailleurs. Le corps de Ruben était en alerte, et bien qu’elle mentirait en disant que ça ne la flattait pas, elle le jugeait tellement au fond d’elle-même d’être un homme comme les autres que si elle n’avait pas eu à coeur de le détruire encore un peu, elle aurait été dégoûté par ce qui lui montrait sans même chercher à se cacher, comme lui-même lui disait "Je vois ça, en effet." commenta-t-elle en remontant lentement son regard dans le sien, gardant la face. Elle se demanda un instant si un jour, elle réussirait à avoir de nouveau du désir pour lui puisque chaque fois qu’ils se voyaient ces derniers temps, il y avait toujours un moment où, malgré la stimulation évidente que lui provoquait leurs échanges, elle finissait toujours par remettre en doute l’idée que, dans le passé, elle l’avait trouvé attirant. Il l’était dans un certaine mesure à ce moment-là, sauf que, dans le déni, elle estimait que c’était davantage à cause de la conjoncture dans laquelle ils se trouvaient qu’autre chose. Lui, en revanche, il ne pouvait pas cacher l’effet qu’elle lui faisait et ça, elle continua à le commenter "J’ai même pas besoin de te toucher pour que ça t’excites." Il ne pourrait démentir quoi que ce soit à ce sujet-là, et peut-être que ça là, ce qu’elle était en train de lui dire, c’est ce qui l’excitait elle, consciente du pouvoir qu’elle avait, et pas seulement parce qu’elle était une jolie jeune femme. Ses dents se découvrirent doucement lorsqu’elle sourit, continuant sur sa lancée pendant que ses doigts pianotaient sur l’angle de la cabine de douche sur laquelle elle avait posé la main. Et encore un peu, le son de sa voix devint murmure, les basses dans son ton aussi rauques et éraillées que si elle avait fumé comme un pompier "J’ai fait que te regarder depuis tout à l’heure, et t’es là, prêt à passer à l’action… mais je t’arrête tout de suite." Elle, elle s’arrêta là, et ce pour incliner la tête en avant, affirmant la promesse qu’elle se faisait à elle-même en refusant tout net d’être le genre de femmes qui se laissent dicter la marche à suivre par ce qui palpitait à l’instant-même entre ses jambes "Y a pas une seule chance pour que ce qui est en train de se passer là se termine par toi et moi dans un lit, c’est clair pour toi ?" De toute façon, ce qu’elle avait à lui dire le ferait désamorcer la moindre de ses ardeurs, elle en était sûre.

Elle lui parla de son avortement, et ça le déstabilisa au point qu’elle la remarqua, la manière dont il cessa de respirer. Tant mieux. Elle espérait que dans sa tête, ça se mettait à turbiner assez vite et fort pour qu’en même temps se mette en route le film de l’avenir qui attendait Mavis. Elle en belle robe blanche, elle avec un ventre bien rond… pendant que lui serait là tout seul, comme l’égoïste qu'il avait toujours été, à ressasser ses erreurs en se cachant derrière la somme du travail auquel il serait contraint de s’accrocher étant donné qu'il ne lui resterait plus que ça "C’est pas n’importe lequel, d’homme. Et moi, je te dois rien." lui fit-elle, ne délogeant pas son regard du sien quand il reprit la parole et qu’un léger rire la secoua  très subtilement "Je sais que toi, t’as l’habitude de te retrouver dans ce cas de figure, mais c’est pas le cas d’une majorité d’hommes qui sont prudents et responsables. C’est difficile à entendre pour toi, ça existe pourtant, donc  arrête ton char, ça vaut mieux pour ton si précieux amour propre." lui conseilla-t-elle, n’estimant pas une seule seconde que c’était nécessaire de demander à Ambrose s’il parlait en connaissance de cause quand il lui disait vouloir prendre ses responsabilités si jamais cette situation se présentait un jour. Elle pressentait ce qui arrivait parce que c’était usuel, les grands discours plein de faussetés de Ruben, et à nouveau, ça la fit rire de l’entendre dire ces choses-là. Elle en roula des yeux "Je t’en prie. Essaye pas de me faire croire que c’est ce qui secoue ton petit coeur quand tu fais entendre aux femmes que tu mets enceintes que ça serait une meilleure solution pour l’avenir d’interrompre une grossesse. C’est pas à elles que tu penses, tu viens encore une fois de me le prouver avec ton beau discours : c’est à toi, et rien qu’à toi." Avait-il oublié qu’il lui avait confié que, malgré le fait qu’elle avait pris la décision seule, c’est vrai, c’était la seule solution viable à ses yeux et qu’il l’avait presque félicitée d’avoir eu le courage de pencher vers ça plutôt que vers l’autre option ? Elle secoua doucement la tête "Y a que toi pour penser que c’est une corvée de rester fidèle et d’avoir des enfants. Certaines personnes savent très tôt que c’est ce qu’ils veulent, alors encore une fois, essaye pas de me faire croire que ta pensée est universelle parce que t’es pas un exemple, et tu le seras jamais." Elle marqua un temps pour préciser "Il veut des enfants, lui." Un. Un, c’est bien, l’entendait-elle lui dire "Il veut se marier, aussi. Et je crois pas que ce soit des belles paroles pour m’endormir parce qu’il sait que pour moi, c’est pas aussi évident que ça à cause de mes études et de ma carrière." Ambrose ne lui disait pas ce qu’elle voulait entendre pour une raison simple : il savait que pour l’heure, Mavis n’était pas intéressée par tout ça. Pourtant, elle se sentait capable à répondre à sa requête un jour, s’ils restaient ensemble longtemps, quand tout serait bien en place de son côté et qu’elle pourrait laisser un peu de leste au sujet de ses études et du travail.

Elle le laissa continuer, mais pas de gaieté de coeur, répétant ce qu’il venait de dire avec une voix lointaine, ses yeux marquant plusieurs points de son visage en même temps que ses paupières se froissaient sous la vexation qu’elle ressentit soudain de l’entendre parler de cette façon-là de cet évènement en particulier "Je me suis apitoyée sur mon sort pour me donner le bon rôle et te donner le mauvais ?" Doucement, sa bouche s’ouvrit, et cette fois, si un rire s’en échappa, il était gorgé du suintement de la blessure que lui infligeait son discours. Soufflée, Mavis sembla profondément choquée. Elle ne put rien dire de plus sur l’instant, et elle se contenta de le regarder avec l’air de ceux qui ne sont pas certains d’avoir compris ce qui venait d’être dit. C’était donc ça sa vision de l’histoire ? Pensait-il sérieusement qu’en disant les choses de cette façon, ça le mettait à l’abri du rôle de méchant qu’il se défendait de tenir dans tout ça ? Au contraire, elle trouvait que ça ne faisait qu’accentuer les plus vilains traits de sa personnalité, et définitivement, elle le trouva hideux. Toutefois, elle le regarda encore un instant, et parce qu’elle considéra qu’il n’y avait rien à dire de plus, elle recula de la cabine de douche, et ce sans un seul mot de plus ; parce qu’il était médecin, qu'il connaissait la procédure qu'elle avait subi sur le bout des doigts, et que si en effet, elle avait voulu s’apitoyer sur son sort comme il venait de lui dire, elle en aurait eu tous les droits, qu’il le veuille ou pas — pas comme lui qui pleurnichait sur le délitement de son mariage pour une seule et unique chose : parce qu’il l’avait bien cherché, point. Elle le fixa encore, sentant sa langue s’agglomérer à son palais qu’elle sentait pulser sous ses papilles. Elle aurait pu lui dire de ne plus jamais lui adresser la parole, mais ils en avaient déjà été au point où elle le lui avait conseillé, et ça ne l’avait pas empêché de le faire quand même. Du coup, elle choisit de ne rien lui dire de plus simplement, pas sûre de ce qu’elle ferait pour lui faire payer ce qu’il venait de dire, et alors qu’elle sentait son coeur battre à tout rompre dans chaque recoin de son corps, elle lui lui adressa un dernier regard, cette fois bel et bien empli de dégoût.

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@mavis barnes

lieu: bayside, logements.
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« Il me donne aucune raison de le traiter autrement que comme lui me traite. » Blablabla. « Réécris pas l’histoire en te faisant passer pour quelqu’un qui a subi. Je t’ai peut-être menacé, j’ai peut-être joué avec toi, mais c’est exactement pour ces raisons-là que tu t’es autant accrochée à moi, alors enlève ton auréole du saint qui s’est laissé envahir par le vice du petit diable sur son épaule, tu veux bien ? » Il leva quelque peu les yeux au ciel, penchant un instant sa tête sur le côté pour accentuer le geste; oh, il n’était pas tout rose dans cette affaire mais il savait surtout que si elle lui prodiguait ce genre de conseils il faudrait qu’elle soit prête à les appliquer elle-même. Certes, qu’elle ait eu cette attitude là à son égard avait joué dans la balance de l’attitude de Ruben face à tout ça, face à elle aussi. Mais le petit diable de toute cette histoire, il ne lui retirerait pas que c’était elle - il avait peut-être une auréole de saint, mais elle affichait un visage d’ange pour faire avaler ses couleuvres, ce n’était pas mieux, qu’elle se méprenne pas.

« Tu m’offenses, Ruben. » - « On est deux à l’être alors, comme ça. »- « J’ai pas besoin de ça pour le garder dans la paume de ma main. T’as déjà entendu parler d’amour, ou t’es trop focalisé sur une seule chose pour entendre que le sexe, ça fait pas tout dans un couple ? » D’amour, comme si c’était une étape qu’elle avait déjà atteinte - que ce soit dans ce couple là ou une fois dans sa vie. « Tu connais l’amour, toi, maintenant ? » C’était aussi que quand ça l’arrangeait, de laisser ses sentiments parler plutôt que ses pensées, plutôt que ses manigances et ses ambitions. Ce qui était assez amusant avec eux, c’était que d’une certaine manière même si ces dernières n’étaient pas exactement les mêmes, ils agissent de la même manière l’un envers l’autre - simplement parce-qu’ils étaient faits d’un bois similaire, mais aussi parce-qu’il savait que cela pouvait blesser la personne en face. Les répliques qu’ils se lançaient ici, ils ne les auraient pas eu quelques mois plus tôt; même en pensant ce qu’ils disaient, ils le auraient gardé pour eux pour ne pas se blesser de la sorte. Aujourd’hui, ils utilisaient leur meilleur atout pour le retourner l’un contre l’autre: leur ressemblance.

« Je vois ça, en effet. » Ruben haussa brièvement les épaules. « J’ai même pas besoin de te toucher pour que ça t’excites. » - « Un homme comme les autres, tu me le répètes tout le temps. » Pas que ça lui plaisait - loin de là -, mais effectivement et malheureusement sur certains aspects elle disait vrai. Il aurait voulu être plus malin, il aurait voulu être apte à ne pas réagir de cette sorte alors qu’elle se trouvait à ses côtés - mais c’était plus fort que lui et surtout il ne pouvait pas véritablement maitriser cette partie là de ce qu’il voulait montrer ou non, l’air électrisé autour d’eux ajoutant une couche de maltraitance et lui donnant encore davantage du fil à retordre. Il aurait aimé ne pas sentir le frisson qui parcourait sous et sur son épiderme lorsqu’elle s’adressait à lui, à voix basse comme elle le faisait là, alors qu’elle se tenait à une poignée de centimètres de lui et qu’il se trouvait dans son simple appareil. Il aurait aimé ne pas être tributaire des souvenirs que cela pouvait lui apporter, et rester tête haute - et seulement ça - pour converser et gagner le bras de fer qui se passait entre eux; à défaut, il tentait d’attaquer plus fort et essayait de ne pas cacher quoi que ce soit à Mavis qui de toute manière, était celle qui connaissait la pire partie de lui. Pouvait-il en dire autant ? « J’ai fait que te regarder depuis tout à l’heure, et t’es là, prêt à passer à l’action… mais je t’arrête tout de suite. Y a pas une seule chance pour que ce qui est en train de se passer là se termine par toi et moi dans un lit, c’est clair pour toi ? » - « C’était clair avant même que tu décides finalement de venir passer la journée ici pour me voir. » Parce-que remettons les choses à leur place: sa présence à lui avait toujours été prévue au programme, là où Mavis avait décidé tardivement finalement de rejoindre les festivités - il se douait qu’elle serait là, mais n’avait pas préparé ses plans en accord avec des soupçons. Il n’y avait donc initialement pas d’issue où ça se terminait de cette sorte. « C’est pour ça que t’es venue, pour cet espoir là ? Que ça se termine toi et moi dans un lit aujourd’hui ? »

Bien sur qu’à chaque instant où leur conversation avançait, ils chercheraient à se faire davantage de mal. Elle aurait pu ne pas le suivre du tout, dans un premier temps; elle cherchait et désirait que la conversation tourne de cette manière. Quitte à subir les conséquences de ses propres paroles, quitte à se faire mal au passage: elle subirait les griffes des épines du buisson dans lequel elle s’enfonçait. « C’est pas n’importe lequel, d’homme. Et moi, je te dois rien. » Tous les hommes étaient les mêmes, tous les hommes étaient les mêmes, ce n’était pas utile qu’elle tente de lui faire croire autrement simplement pour aujourd’hui et pour l’énerver. « Je sais que toi, t’as l’habitude de te retrouver dans ce cas de figure, mais c’est pas le cas d’une majorité d’hommes qui sont prudents et responsables. C’est difficile à entendre pour toi, ça existe pourtant, donc arrête ton char, ça vaut mieux pour ton si précieux amour propre. »

« Je t’en prie. Essaye pas de me faire croire que c’est ce qui secoue ton petit coeur quand tu fais entendre aux femmes que tu mets enceintes que ça serait une meilleure solution pour l’avenir d’interrompre une grossesse. C’est pas à elles que tu penses, tu viens encore une fois de me le prouver avec ton beau discours : c’est à toi, et rien qu’à toi. Y a que toi pour penser que c’est une corvée de rester fidèle et d’avoir des enfants. Certaines personnes savent très tôt que c’est ce qu’ils veulent, alors encore une fois, essaye pas de me faire croire que ta pensée est universelle parce que t’es pas un exemple, et tu le seras jamais. Il veut des enfants, lui. Il veut se marier, aussi. Et je crois pas que ce soit des belles paroles pour m’endormir parce qu’il sait que pour moi, c’est pas aussi évident que ça à cause de mes études et de ma carrière. »

Ce que Ruben retenait des paroles qu’elle venait de lui adresser, dans un discours qui semblait répété et bien ficelé ? Blablabla - ce n’était pas comme s’il ne savait pas qu’effectivement, certains hommes étaient associés à tout ce qu’elle décrirait; c’était surtout que cela semblait bien arrangeant pour elle, que ce soit le cas, et que ce soit surtout le contre-exemple parfait lorsqu’elle était en face de lui. Comme ça, elle pouvait attribuer tous les mérites du monde et toutes les qualités à ce super nouveau petit-ami. Presque: il aurait envie de le rencontrer maintenant pour voir s’il méritait la moitié de ce qu’elle disait sur lui - plot twist: aux yeux de Ben, Rose valait tout ça et plus encore. Mais surtout, surtout, s’il était aussi bon qu’elle le disait, s’il était aussi génial qu’elle le prétendait, c’était plus simple pour elle de positionner Ruben en méchant de son histoire. C’était là une façon de voir les choses qu’il n’aurait pas mise en avant d’autres fois, à d’autres occasions, mais le comportement de Mavis et la jalousie qui grouillait de manière silencieuse à l’intérieur de lui ne faisait pas ressortir son meilleur côté; alors effectivement, les arguments étaient petits et piquaient là où ça faisait mal, mais c’était le but et il ne s’en excuserait pas. Pas aujourd’hui, pas même alors qu’il voyait dans son regard qu’il visait juste, malheureusement. « Je me suis apitoyée sur mon sort pour me donner le bon rôle et te donner le mauvais ? » Penchant légèrement autant sur le côté qu’en avant son visage, il haussa un sourcil qui soulignait un prouve moi que j’ai tort silencieux à Mavis. Le rire qu’elle échappa ne rentrait pas dans cette catégorie, qu’importait ce qu’elle pourrait en dire et l’explication qu’elle pourrait lui donner. Le pire était qu’il n’aurait pas tenu ce discours là dans d’autres circonstances, qu’il n’avait pas tenu ce discours là face à elle ou dans son dos jusqu’à aujourd’hui parce-qu’il était empli de choses auxquelles il ne croyait pas vraiment. Mais si elle voulait frapper là où ça faisait mal, il lui rendrait la pareille, c’était aussi simple que cela. Et qu’elle recule pour finalement sortir de la salle de bain sans ajouter un mot signifiait qu’il avait réussi son coup, qu’il avait frappé assez fort en retour pour lui clouer le bec. Son regard accrochant son sillage, s’apposant sur l’absence de sa présence qui fut de mise en un claquement de doigts, Ruben aurait du être satisfait de remporter cette bataille; pourtant, il n’avait jamais autant senti son coeur saigné-er face à Mavis qu’en cet instant.

Alors qu’il pivotait sur ses talons pour retourner son le jet d’eau qu’il passa de la position chaude à froide, appuyant ses deux mains à plat sur le mur face à lui, il laissa le jet avaler un Fuck ! crié en direction du sol qui ne lui ressemblait en rien mais qui était l’exutoire d’un trop plein de choses qu’il aurait préféré ne jamais sentir en lui - ni aujourd’hui, ni jamais.

Il s’était écoulé plusieurs dizaines de minutes depuis que Ruben était sorti de la piscine et avait promis à Leon qu’il serait rapidement à leurs côtés, qu’il n’avait besoin que de passer sous l’eau et d’enfiler une nouvelle tenue; si bien que ce dernier lui jeta un regard de travers quand il finit enfin par rejoindre la table où les convives étaient installés et où les conversations allaient bon train. Là aussi où il savait qu’il allait rejoindre Mavis, désignée pour être assise à ses côtés, et où il allait devoir agir comme s’ils ne savaient pas de se mettre à feu et à sang pour une histoire d’égos et pour des histoires qui - « Il faut que je change de place. » Ben avait gentiment attrapé Leon par le coude avant qu’ils n’arrivent à hauteur de la table, à quelques pas d’ici, sans jeter un cou d’oeil par là-bas parce-qu’il ne voulait pas voir si elle était déjà assise. A ces mots là, son ainé plissa les yeux, fronça les sourcils, et Ben pouvait voir qu’il cherchait à comprendre ce qu’il se passait chez son poulain pour qu’il agisse de la sorte. Alors, et parce-qu’il avait plus d’un tour dans son sac, Ruben enchaina. « Il faut que je sois assis à côté du docteur Madler, j’ai plein de questions à lui poser et j’ai besoin de certains de ses retours d’expérience. » Et bien sur qu’il accorda un sourire de circonstances à ses paroles, alors que les traits du visage de Leon changeaient du tout au tout pour se détendre. « Je te reconnais bien là. Fais comme ça te chante, vas y mon grand. » Si tous les Barnes pouvaient lui manger de la sorte dans la main, la vie serait plus aisée.