what's left after you fall ? not much

@Ruben Hartfield juillet 2024 - natura verde
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Helen admirait toutes ces personnes qui attendaient le mois de juillet avec impatience parce que les températures, plus fraîches, étaient plus supportables que les canicules qui faisaient transpirer tout le pays en été. Autant dire que, la chirurgienne vivait un mois de juillet parfaitement chaotique. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'elle n'avait pas remis les pieds chez Sam et elle, suite à leur séparation. Le couple venait enfin de se confronter, et l'issue de la conversation était la suivante : se donner du temps, de l'espace, prendre du recul pour réfléchir à la situation. La colère d'Helen avait du mal à retomber, si bien qu'elle s'était rendue à l'association de son époux pour lui cracher des horreurs (et des mensonges) afin qu'il arrête de vouloir communiquer à tout prix avec elle. Pour l'instant, la jeune femme ne voulait plus entendre parler de l'homme avec qui elle partageait le quotidien depuis sept années. C'était long, sept ans, à bien y réfléchir. Avait-elle perdu tant de temps, en fréquentant un homme capable de la tromper pendant deux ans ? Un homme capable de dormir dans le même lit qu'elle, sans scrupule ? Un homme capable de lui demander encore et toujours de le faire devenir père ? Comment avait-il pu s'imaginer que lui faire un enfant allait tout résoudre, alors que ses sentiments entre Liliana et lui existaient ? La pilule était difficile à avaler, il fallait l'admettre. Même si Helen arrivait aujourd'hui à admettre qu'elle n'avait pas été l'épouse parfaite en doutant de tout depuis près de deux, elle maintenait ses positions en affirmant qu'elle ne l'avait jamais poussé explicitement dans les bras d'une autre femme, oh que non. Depuis donc plusieurs jours, Helen alternait les nuits entre la salle de garde de l'hôpital, chez Sloane et Winston. Le frigo de ce dernier se vidait plus rapidement depuis que la chirurgienne dormait là-bas, alors la brune profita d'avoir terminé sa garde de nuit pour se rendre au petit matin à Natura Verde, une épicerie non loin de l'hôpital. Elle rejoindrait ensuite l'homme qui rendait son quotidien plus supportable, avant qu'il ne parte probablement au travail. Armée de son cabas qu'elle déposa dans le caddie du petit magasin, la jeune femme arpenta les nombreux rayons, jusqu'à ce que le profil d'un homme qu'elle ne reconnaissait que trop bien fasse rejaillir la colère en elle. Ce profil, c'était celui de Ruben, le mari de Nina. Ou plutôt, l'infidèle de mari, de Nina. Sa meilleure amie avait été très clair quant au fait qu'elle ne souhaitait pas qu'Helen intervienne dans leur relation, et lui avait très explicitement demandé de ne pas chercher à lui parler dans les couloirs de l'hôpital. La chirurgienne sut qu'elle abusait en pensant qu'ils ne se trouvaient pas au St Vincent, et qu'elle n'avait pas cherché d'elle-même à le voir, mais se retrouver proche de l'homme qui faisait souffrir son amie suffisait pour la convaincre d'y aller quand même. Elle ne ferait rien de mal en se montrant un peu sèche à son égard, non ? ça ne pouvait même que lui faire du bien à elle. Nina lui en voudrait probablement si elle l'apprenait, mais c'était plus fort qu'elle, Helen avait besoin de déverser un peu de sa colère envers les hommes infidèles sur Ruben, puisqu'elle n'était pas prête de revoir Sam de si tôt. Helen s'avança alors avec son caddie du rayon fruits et légumes où se trouvait son collègue neurochirurgien, qui semblait très concentré sur son choix de carottes. « Tu cherches une nouvelle conquête ? » Sa voix était sèche, son regard plissé et ses billes noires. Ruben faisait face à une Helen fermée, bien différente de celle qui l'avait mise au courant pour l'accident de Jackson. « Si tu savais à quel point j'ai envie de t'insulter. » Mais elle ne le ferait pas, pour respecter un tant soit peu la volonté de Nina de ne pas voir son amie s'occuper de ses affaires...

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S'il te plait, j’ai oublié de passer au magasin, et ton père… - il n’avait écouté que d’une oreille distraite la suite, tant il savait que sa mère ne complétait que pour l’avoir à l’usure et être sûr qu’il réponde effectivement à sa requête. Ce qui était idiot: si sa mère lui demandait de se jeter d’un pont, Ruben se jèterait d’un pont. Il n’existait pas beaucoup de personnes dans cette même catégorie, mais elle en faisait partie haut la main. « Je prends la route dès que je suis passé par le magasin, et oui je t’envoie un message. » Ca, c’était la partie qui était devenue obligatoire depuis que Jackson avait eu son accident: il était nécessaire que les enfants Hartfield signalent à leur mère lorsqu’ils étaient en chemin pour venir jusque chez eux, et qu’ils les informent lorsqu’ils étaient de retour chez eux - ou tout ce qui s’en rapprochait en tous cas, qu’ils étaient de retour en ville. Et comme pour le reste, aux yeux de Ben il n’était pas question de défier la demande de leur mère alors il s’y pliait également.

Pour le moment, il n’était pas encore prêt à lui dire qu’il était sur la route, puisqu’il se trouvait devant le rayon des fruits et légumes de la petite supérette qu’il savait être sur le chemin - un endroit où ils vendaient des produits bio, ça serait toujours mieux que n’importe où ailleurs et puis surtout, c’était sur le chemin et n’avait pas besoin de faire réellement des efforts mais pourrait prétendre que ça avait été le cas, comme ça. Il serait d’ailleurs surement resté encore une bonne poignée de minutes sans se déloger de là où il se tenait si une fois qu’il reconnut facilement ne l’avait pas tiré de ses pensées. « Tu cherches une nouvelle conquête ? » Ecarquillant les yeux et tournant vivement sa tête vers Helen, le regard qu’il lui adressait était autant outré que perdu; parce-qu’il comprenait bine les mots qu’elle venait de prononcer, mais il n’arrivait pas à intégrer qu’elle venait justement de les lui adresser. « Pardon ? » Il gagna un cran dans les aigus en prenant la parole, tout en laissant une certaine trace d’agacement se faire sentir dans sa réponse - cela trahissait le fait qu’il n’était pas spécialement à l’aise avec cette façon d’entrer en contact. « Si tu savais à quel point j'ai envie de t’insulter. » Reposant la botte de carottes qu’il avait dans sa main, il jeta un rapide coup d’oeil circulaire autour d’eux avant de prendre la parole en reposant son regard sur la brune. « Mais c’est quoi ton problème ? » Oh, ne pas faire les liens et attendre qu’ils lui soient apportés sur un plateau était plus simple: cela évitait qu’il se fasse avoir face à quelqu’un qui cherchait à prêcher le faux pour savoir le vrai. « Tu me croises dans un magasin et ça te donne envie de m’insulter ? » Ruben, Ruben, Ruben… Il se nota cependant mentalement, maintenant que la première surprise était passée, de lui demander si elle avait eu des nouvelles de Nina - mais plus tard dans la conversation, là il attendait de savoir à quelle sauce il allait être mangé. Ou dévoré, à en juger par les paroles d’Helen.

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Les reproches de Nina résonnaient déjà dans sa tête. Helen savait pertinemment que sa meilleure amie lui ferait passer un sale quart d'heure si elle apprenait qu'elle avait parlé à Ruben, alors qu'elle lui avait expressément demander de ne pas lui adresser la parole. Enfin, elle ne refusait pas qu'elle lui parle... juste, elle ne souhaitait pas qu'il reçoive la moindre insulte de sa part et... qu'elle ne fasse pas non plus tout un drama devant lui du fait qu'il était en train de faire souffrir sa meilleure amie, parce qu'elle savait se défendre toute seule, et patati, et patata. Force était de constater qu'Helen n'était pas capable de tenir cet engagement, puisqu'elle avait vraiment à cœur de protéger et venger son amie, mais aussi au nom de toutes ces femmes (dont elle) qui devaient subir les lubies d'infidélité de leurs époux. Et puis, en voyant Ruben au rayon légumes, la chirurgienne s'était comme subitement transformée en yorkshire. Elle devint tout à coup hargneuse, prête à mordre le neurochirurgien qui ne faisait pourtant rien de mal à l'instant, mis à part chercher la meilleure botte de carottes de l'épicerie. Helen l'agressait très clairement en ne le saluant pas, et en lui indiquant à la place à quel point elle mourrait d'envie de l'insulter. Même si les deux collègues ne se considéraient ni l'un ni l'autre comme des amis ou ennemis, jamais la brune ne s'était adressée à Ruben de la sorte. Par ailleurs, ce dernier manifesta sa surprise lorsqu'il se tourna vers elle, son regard innocent planté dans le sien. Cette réaction eut le don de l'agacer davantage, à tel point que son visage continua de se renfermer et son regard de noircir en le fixant presque sans cligner des yeux. « Mais c’est quoi ton problème ? » « Mon problème ? » Rétorqua-t-elle, ce qui voulait dire 't'es sérieux de poser la question ?' ou bien 't'es con ou tu le fais exprès ?' (les deux fonctionnaient, mais la dernière était sa préférence).  « Tu me croises dans un magasin et ça te donne envie de m’insulter ? » « T'es con ou tu le fais exprès ? » Bon bah, voilà, finalement c'était sorti tout seul. Mais la fausse innocence de Ruben mettait déjà ses nerfs à rude épreuve, il fallait la pardonner. Ou pas. Elle s'en fichait éperdument, que le neurochirurgien lui pardonne sa vulgarité, puisqu'il méritait bien plus que ça à ses yeux. « Tu arrives à te regarder dans une glace le matin après ce que tu lui as fais ? Ou tu fais ce que tout le monde doit faire actuellement : te détester ? » Qu'il ne nie pas davantage, Ruben savait parfaitement de qui Helen parlait. Nina, et personne d'autre. Le chirurgien connaissait les liens qui unissaient les deux jeunes femmes, alors bien entendu qu'elle était au courant pour son infidélité... même si Nina avait pas mal tarder avant de lui annoncer cette fracassante nouvelle. « Vous m'écœurez à vouloir tremper votre biscuit dans tout ce qui bouge... j'espère que tu t'en mordras les doigts, Ruben, et qu'elle va faire de ta vie un enfer. Tu mérites pas mieux. » Elle crachait son venin, en veillant à bien choisir ses mots, en espérant qu'ainsi, les répercussions soient moindres de la part de Nina. Son ton restait calme, même si sa voix tremblait de rage, témoignant toute la colère et le dégoût qu'elle ressentait pour Ruben à cet instant. Pourtant, elle avait envie de hurler, de se défouler, de faire savoir à la Terre entière que l'homme qui lui faisait face était une pourriture. Mais elle n'en ferait rien. A la place, elle resterait cinglante, ça lui permettait déjà de lâcher un bout de ses nerfs.

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La surprise n’était pas réellement quelque-chose qu’il appréciait, tant était qu’il préférait maitriser les événements et les situations autant que possible. Dans ce même domaine: il n’était pas fanatique des anniversaires surprises, par exemple. La surprise du jour était bien moins plaisante, cependant, se retrouvant nez à nez avec Helen qui était on ne pouvait plus remonter contre lui apparemment - balayent d’un revers toutes les formules de politesse et de bienséance qui existaient normalement en début de conversation. « Mon problème ? » Discrètement, il regarda de part et d’autre de la brune, au cas où il y ait une seconde personne qu’il n’aurait pas vu et à laquelle il aurait pu s’adresser; mais ils n’étaient que tous les deux alors forcément que oui, c’était à propos de son problème à elle qu’il demandait. « T'es con ou tu le fais exprès ? » Déjà, s’il avait existé la moindre parcelle de sympathie ou de patience, s’il avait été apte à laisser le moindre bénéfice du doute quant à l’attitude qu’elle montrait à son égard, ce type de réplique annulait tous ses efforts. « Souvent c’est la seconde option, mais souvent aussi je sais pourquoi je le fais exprès et c’est pas le cas ici. » Parce-qu’elle lui tombait dessus de madère imprévue, comme s’il était la source de maux dont il n’était pas au fait, comme si c’était la chose la plus évidente à faire présentement.

« Tu arrives à te regarder dans une glace le matin après ce que tu lui as fais ? Ou tu fais ce que tout le monde doit faire actuellement : te détester ? » Oh. Ca. « Vous m'écœurez à vouloir tremper votre biscuit dans tout ce qui bouge... j'espère que tu t'en mordras les doigts, Ruben, et qu'elle va faire de ta vie un enfer. Tu mérites pas mieux. »

S’il avait existé la moindre trace d’amusement, au pire sarcastique sur les traits du visage de Ruben, ce dernier s’évapora à l’instant où elle commença son petit discours et où il comprit où elle voulait en venir; et ce n’était pas pour lui plaire, mais elle n’avait apparemment pas envie que ce soit le cas. Laissant son regard s’accrocher ici et là autour d’eux, balayant des yeux leur environnement proche, s’assurant que des oreilles indiscrètes ne pourraient pas se mettre à écouter leur conversation - mais très honnêtement, personne ne prêtait la moindre attention à ce qu’il se passait entre eux, malgré les attaques verbales répétées d’Helen -, le regard de Ben finit sa ronde par se poser dans celui de sa collègue. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » Son ton à lui était calme, maitrisé, à l’image de celle qu’il renvoyait la majorité du temps; parce-que s’il était surpris qu’elle soit au courant - et en même temps il aurait du s’en douter -, il ne pouvait se permettre de laisser cette première impression là prendre le pas sur le reste. Il se devait de garder la maitrise de lui, de mener d’une main de maitre la discussion pour ne pas qu’elle prenne le dessus là où clairement elle avait un longueur d’avance sur lui. « Et ma vie est déjà un enfer, si ça peut te rassurer. » Il ne varierait pas ses paroles, ou les invaliderait pas, tant qu’elle ne prononcerait pas les mots exacts de ce que Nina avait pu lui dire: hors de question de prononcer un fait qui pourrait se retourner contre lui ensuite. « Et pourquoi vous ? » Parce-qu’apparemment, s’il prenait sa part du gâteau - celle qu’il méritait, il le savait -, il était en train de manger pour quelqu’un d’autre en parallèle.

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La réaction de Ruben avait sacrément le dos d'agacer la chirurgienne, qui se faisait violence pour ne pas paraître plus piquante encore. Ou, en tout cas, pour manifester sa colère uniquement par la parole, plutôt que par le corps. Sa posture décrivait parfaitement son envie de se jeter sur lui pour lui flanquer une bonne gifle, la tension était palpable dans tous les membres de son corps, mais elle ne franchirait pas ce cap. Même si le fait de voir Ruben observer les environs comme s'il cherchait un autre coupable que lui contribuait à la mettre dans tous ses états.  « Souvent c’est la seconde option, mais souvent aussi je sais pourquoi je le fais exprès et c’est pas le cas ici. » Il feignait l'ignorance, l'enflure. Pourtant, n'était-ce pas évident ? Ruben avait-il d'autres choses à cacher, si bien qu'il n'était même pas à même de comprendre ici pourquoi Helen avait une dent contre lui ? Plus rien ne l'étonnerait, honnêtement, s'il s'avérait que le neurochirurgien détenait d'autres secrets aussi peu glorieux que son infidélité auprès de Nina. Néanmoins, Helen se lança pour lui énoncer, presque clairement, ce qu'elle lui reprochait, sans prononcer le mot "infidélité" ou le prénom de sa meilleure amie. Pourtant, ses mots choisis devaient très certainement lui rafraichir la mémoire, à cet homme qui chassa tout sourire de son visage au moment où son cerveau semblait en-fin se mettre à fonctionner. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » « Tu ne sais plus toi-même ce que tu as fais ? Tromper ta femme depuis deux ans te fait perdre la mémoire ? » Sa réaction lui donnait envie de vomir, Ruben avait vraiment un sacré culot de lui poser la question alors qu'il était l'acteur principal de cette humiliation. « Et ma vie est déjà un enfer, si ça peut te rassurer. » Évidemment que ses mots lui faisaient plaisir, elle ne lui souhaitait que souffrance désormais. Tout ce qu'elle espérait, c'était que tout le monde lui tourne le dos, parce qu'il ne méritait la compassion de personne. « Compte sur moi pour l'aider à te faire sentir six pieds sous terre. » Elle savait que Nina ne voulait pas qu'elle l'aide, mais c'était plus fort qu'elle... Helen en subirait certaines conséquences, elle en était consciente. Mais elle tenait beaucoup trop à Nina pour croiser Ruben et prétendre qu'elle ne le haïssait pas à son tour. « Et pourquoi vous ? » Helen ouvrit la bouche puis la referma, tenant visiblement à tourner davantage sa langue dans sa bouche avant de répondre à cette question. Elle se sentit un peu stupide d'avoir utilisé le pluriel dans sa précédente phrase qui laissait effectivement sous-entendre que Ruben n'était pas le seul homme qu'elle connaissait à briser les liens sacrés du mariage. « Je fais une généralité, rien de plus. On sait tous que vous êtes le sexe faible du mariage, et t'en es la preuve réelle. » Méritait-il le diplôme du parfait enfoiré ? Complètement, et elle ne cesserait de le lui répéter jusqu'à ce qu'il prenne congé de cette conversation dont elle s'évertuait à garder le contrôle, malgré sa précédente bourde.

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Puisque pour lui, le sujet était tabou et n’était pas supposé être exposé à qui que ce soit en dehors des personnes concernées - certes, de son côté Scarlett était au courant, mais il avait besoin d’avoir un endroit où crécher et se réfugier pour être sur de ne pas être trop à découvert en tant que paria des temps modernes -, il ne s’attendait pas à ce que Helen soit aussi rapidement au courant et surtout qu’elle vienne lui en parler de manière si frontale. C’était idiot de sa part, puisque sa femme et elle étaient très proches et que ce n’était qu’une question de temps avant que le mot soit transmis entre les deux femmes; mais il aurait espéré avoir réussi à régler les problèmes avec Nina, que tous les deux, avant que le reste du monde apprenne pour ses agissements. Concrètement, il s’était fourré le doigt dans l’oeil jusqu’au coude sur la question. « Tu ne sais plus toi-même ce que tu as fais ? Tromper ta femme depuis deux ans te fait perdre la mémoire ? » Au moins, le doute n’était pas permis: elle était au courant de la plus grosse partie, il ne se prendrait pas les pieds dans le moindre tapis ici. « Je te demande juste pour être sur de ce que je dis. Je vais pas me vendre comme le premier imbécile non plus. » Si elle s’était imaginée que cela puisse être le cas, c’était qu’elle le sous-estimait; pas qu’il en serait vraiment étonné, mais disons que ce serait pour le coup idiot de sa part à elle.

« Compte sur moi pour l'aider à te faire sentir six pieds sous terre. » Il leva les yeux au ciel. « J’en attendais pas moins de ta part, si ça peut te rassurer. » Et il savait aussi qu’elle ne serait pas la seule sur cette liste là, des personnes qui lui en voulaient parce-qu’il avait fait du mal à leur amie/soeur/il ne savait qui trop encore et il espérait seulement qu’à cette liste ne s’ajoutait pas la description maitresse alors qu’il s’agissait là de Nina. Ironiquement.

La partie qui lui fit relever les paroles de la jeune femme ne se situa pas dans les menaces qu’elle pouvait lui faire - il savait que ce n’était là surement qu’un coup de l’émotion et qu’elle ne faisait que défendre son amie -, mais plutôt dans ce qu’elle ajouta ensuite, semblant comme adresser ses mots à un groupe de personnes là où ils n’étaient que tous les deux dans l’allée du magasin. Et surtout: ils n’étaient que tous les deux dans cette discussion. Qu’il pointe du doigt cette partie là eut d’ailleurs l’effet de la stopper dans ses paroles, de lui imposer un temps de latence qui laissa Ruben plisser quelque peu des yeux. « Je fais une généralité, rien de plus. On sait tous que vous êtes le sexe faible du mariage, et t'en es la preuve réelle. » La remarque le fit lever les yeux au ciel et soupirer lourdement. « Grandis un peu Helen, on dirait une enfant vexée là. » Il avait l’impression de se retrouver dans la cour de récréation alors que l’une des gamines n’était pas d’accord avec les règles du jeu initié entre les différents entants présents sur place. Certes, la vie n’était pas aussi facile et linéaire que ce qui était initialement promis, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait réagir de cette manière là. Une fois de plus: ironique, là où c’était lui qui réagissait comme un gamin vexé la plupart du temps. Seulement ici, il avait réussi à garder la main sur la discussion pour le moment et comptait en profiter. « Et pourquoi ça t’impacte autant comme ça là, dis moi ? Jusqu’à preuve du contraire, t’es pas Nina et c’est pas toi que j’ai trompé. » Elle avait mis les mots sur les maux la première, il se permettait que de reprendre ces derniers.

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Il fallait se rendre à l'évidence : sa conversation avec Ruben ne changerait rien à ce qui était en train de se passer entre Nina et lui. Puisque, ça ne concernait que lui et Nina. A contrario, la chirurgienne prenait même plutôt le risque d'aggraver les choses entre elles, étant donné que sa meilleure amie lui avait bien fait comprendre qu'elle n'avait pas à s'immiscer dans ses problèmes de couple. Helen pouvait dire ce qu'elle voulait au neurochirurgien, elle serait plus à même de se prendre une soufflante par Nina lorsqu'elle apprendrait qu'Helen n'avait pas su respecter sa parole. Pourtant, cela ne l'empêchait pas d'affronter Ruben, dont le comportement l'agaçait fortement. Il prétendait ne pas savoir de quoi elle parlait, alors qu'il fallait être stupide pour ne pas comprendre qu'Helen protégeait sa meilleure amie de son infidélité. « Je te demande juste pour être sur de ce que je dis. Je vais pas me vendre comme le premier imbécile non plus. » « T'es déjà pourtant bien un imbécile d'avoir couché avec une autre, il n'y aurait rien eu d'étonnant là-dedans. » Tant qu'elle en restait à des petites insultes de rien du tout, Nina lui en voudrait moins, n'est-ce pas ? Que nenni, Helen savait que la chirurgienne allait sortir de ses gongs rien qu'en apprenant qu'elle lui avait souhaité le bonjour -étape qu'elle avait mangé, oups. « J’en attendais pas moins de ta part, si ça peut te rassurer. » Elle haussa des épaules, agacée qu'il le prenne si bien, au fond. Evidemment qu'Helen était dans le camp de Nina, malgré ce que Ruben et elle avaient vécu autrefois, avec l'accident de Jackson. Les deux collègues entretenaient depuis le début une relation à mi-chemin entre l'amical et l'indifférence, le cul entre deux chaises à cause du "j'apprends à t'apprécier à force de te voir par le biais de Nina" du "j'ai de la compassion pour toi depuis la mort de ton frère" et du "je déteste ta personnalité, prêt à écraser quiconque se trouve sur ton passage à l'hôpital pour parvenir à tes fins". « Tu m'écœures. Avec une collègue, en plus ? Comment t'as pu oser amener vos problèmes de couple à l'hôpital. On sait tous parfaitement que tout finit par se savoir, là-bas. » Peut-être en disait-elle de trop, mais la question lui brûlait les lèvres et sa curiosité était piquée à vif depuis que Nina lui avait indiqué avoir cette intuition. Et elle trouvait ça ignoble de la part du neurochirurgien de mettre en péril la réputation de sa meilleure amie. Car si elle n'avait certes absolument rien à se reprocher, c'était elle qui était probablement le sujet des moqueries à l'heure actuelle, pas Ruben. « Grandis un peu Helen, on dirait une enfant vexée là. » Helen ne voulait pas révéler au neurochirurgien qu'elle vivait la même chose de son côté avec Sam. Visiblement, Nina n'avait pas jugé bon de lui faire part de cette information, puisqu'il ne l'évoquait pas en sentant qu'elle pouvait inclure son propre mari dans cette histoire. Elle préférait donc que cela reste ainsi, afin de ne pas lui fournir les munitions nécessaires pour qu'il y ait un revirement de situation et qu'il devienne le maître de cette embrouille à l'épicerie. « Et pourquoi ça t’impacte autant comme ça là, dis moi ? Jusqu’à preuve du contraire, t’es pas Nina et c’est pas toi que j’ai trompé. » Elle secoua la tête de droite à gauche, tout en gardant cet air dur sur son visage. Oh non, il n'arriverait pas à l'entraîner sur le sujet. « N'essaie pas de retourner la situation, Ruben. Contrairement à toi, je n'ai rien à me reprocher, donc ne cherche pas à me faire avouer quoique ce soit. Je ne suis pas non plus une imbécile. » Rétorqua-t-elle en reprenant ses mots de tout à l'heure, les bras croisés contre sa poitrine et avec une lueur de défi dans le regard.

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« T'es déjà pourtant bien un imbécile d'avoir couché avec une autre, il n'y aurait rien eu d'étonnant là-dedans. » Il ne se gêna pas pour lever les yeux au ciel et faire entendre un long soupire. Certes, ce n’était pas la décision la plus intelligente qu’il avait pu prendre ces dix dernières années - mais il avait tout fait depuis ce premier moment là pour ne pas se faire prendre la main dans le sac, et cela incluait de faire attention aux informations qu’il donnait à droite, à gauche, à qu’importait qui pouvait avoir l’oreille tendue. Alors cela aurait effectivement été étonnant que de le voir se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir, de laisser ses paroles prendre les devants et le dessus sur ses pensées et ses réflexions alors qu’il se savait en train de marcher sur des oeufs.

Raison pour laquelle, dans ce moment où il était d’autant plus prudent qu’il pouvait déjà l’être à n’importe quel autre, lorsque Helen reprit la parole Ruben était en pleine maitrise et dans le contrôle parfait de ses réactions, de ses réflexes. « Tu m'écœures. Avec une collègue, en plus ? Comment t'as pu oser amener vos problèmes de couple à l'hôpital. On sait tous parfaitement que tout finit par se savoir, là-bas. » Alors que ses paroles lui parvenaient, qu’elles étaient analysées et intégrées par son cerveau en alerte, seuls ses sourcils se froncèrent quelque peu; son regard ne prit aucune nuance différente, ses épaules de se contractèrent pas et il ne marqua pas la moindre surprise sur les traits de son visage. Oh, ce n’était pas de cette manière là qu’il aurait souhaité avoir cette discussion - il n’aurait pas voulu l’avoir pour commencer, mais certaines choses n’étaient plus en son contrôle depuis trop de temps désormais malheureusement. Au moins, avec d’autres personnes qu’en rien directement impliquées dans l’histoire, il pouvait se permettre de ne pas prendre en compte leur avis et de même remettre ce dernier en question. C’était ce qu’il faisait ici avec Helen; parce-que si des millions de questions se mettaient à apparaitre dans son esprit là où ces dernières étaient glissées dans un boite qu’il ne comptait pas ouvrir jusqu’à maintenant, il ne se laissa pas aborder par ces derniers. Le regard légèrement plissé comme si ses paroles ne l’atteignaient en rien, il haussa vaguement les épaules, la nonchalance de mise et parfaitement maitriser. « La seule personne qui fait un rapprochement entre mes problèmes de couple et l’hôpital ici, c’est toi. » Il secoua quelque peu sa tête de droite à gauche - il avait en réalité envie de partir en courant mais il ne pouvait se le permettre, gardant l’acte parfaitement ficelé. « Tu t’es mise en quête de trouver des réponses à des questions qui te regardent pas, c’est ça ? » Et même si cela pourrait paraitre étrange, le fait qu’il ne nie pas les dires de la brune était volontaire; quelqu’un qui aurait quelque-chose à se reprocher aurait cherché à se justifier de suite, le plus rapidement possible pour dissiper le moindre soupçon. De son côté, Ben cherchait à se rendre le plus discret possible dans une situation où effectivement, même si clairement elle pêchait le faux pour savoir le vrai, elle avait malheureusement raison.

Plutôt que de continuer de creuser de son côté à lui, il se pencha sur celui d’Helen: il avait du mal à comprendre pourquoi elle s’impliquait tant dans cette question là alors qu’elle n’était pas concernée personnellement par le problème. « N'essaie pas de retourner la situation, Ruben. Contrairement à toi, je n'ai rien à me reprocher, donc ne cherche pas à me faire avouer quoique ce soit. Je ne suis pas non plus une imbécile. » - « Donc tu as quelque-chose à avouer. » Si elle jouait à ce jeu là, il allait jouer aussi; malheureusement pour elle, il n’était vraiment pas mauvais à ce dernier. Il plissa quelque peu les sourcils, ses bras toujours croisés sur son torse. « A avouer dans le même domaine, pour que ça te touche autant. » Il parlait sous forme d’affirmation pour tenter de la déstabiliser - au moins, même s’il n’en avait que peu faire des réponses, cela permettait que la conversation change de sujet principal. « Je me trompe ? » Une perche tendue pour qu’elle ose l’insolence, comme lui la pratiquait que trop facilement dans n’importe quelle conversation.

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Prêcher le faux pour savoir le vrai, voilà la stratégie de la chirurgienne pour obtenir les réponses qu'elle souhaitait. Nina lui avait faite part de ses doutes quant au fait qu'il s'agissait bel et bien d'une femme qui travaillait au St Vincent, alors si Helen arrivait à obtenir cette information pour elle, peut-être que sa meilleure amie lui hurlerait moins dessus au moment où elle apprendrait qu'une conversation entre Ruben et elle avaient eu lieu ? C'était peu probable, mais dans le doute, Helen serait néanmoins ravie de lui rapporter la vérité, si Ruben tombait dans le panneau. Mais allait-il au moins tomber dans le panneau ? ça non plus, c'était peu probable. D'apparence, en tout cas, le neurochirurgien ne flanchait pas. Son expression était toujours la même, preuve que ses fausses accusations ne l'atteignaient malheureusement pas. « La seule personne qui fait un rapprochement entre mes problèmes de couple et l’hôpital ici, c’est toi. Tu t’es mise en quête de trouver des réponses à des questions qui te regardent pas, c’est ça ? » La crédibilité d'Helen se retrouvait entachée, puisque sa tentative s'avérait être un échec cuisant. Elle ne prononcerait pas le nom de Nina, le faire la mettrait vraiment dans une sale situation envers sa meilleure amie, alors elle ne ferait pas fuiter le fait qu'il s'agissait aussi d'un rapprochement que sa femme faisait. Au fond, ce ne serait pas étonnant de la part de Ruben, qui respirait la nonchalance, comme si son infidélité lui passait carrément au dessus de la tête. Quel ingrat, quelle enflure. « Je cherche juste à comprendre comment tu peux mener une telle double vie pendant deux ans, si elle ne se trouve pas non plus à l'hôpital. On sait tous ce qu'il se passe dans les chambres de garde. » Elle la première, elle savait parfaitement ce qu'il s'y tramait, puisqu'elle avait eu l'occasion d'y inviter Winston une ou deux fois, malgré qu'il ne soit plus vraiment le bienvenue en ces lieux.

Une chose était certaine, Helen s'efforçait de garder le contrôle de la conversation, malgré la répartie de plus en plus écrasante de Ruben. La chirurgienne resterait suffisamment ferme sur ses positions pour ne pas lui raconter quoique ce soit de personnel à son sujet car ce serait avoir un sacré désavantage s'il venait à comprendre qu'elle-même avait trompé Sam avant qu'ils ne se séparent. « Donc tu as quelque-chose à avouer. A avouer dans le même domaine, pour que ça te touche autant. » - « J'essaie juste de protéger ma meilleure amie. » Elle maintenait son regard, en tant de masquer le doute qui la submergeait. Il ne pouvait rien savoir, c'était impossible. Ruben n'était pas du genre à mettre son nez dans les affaires qui ne le concernaient pas, si ? Lui qui entretenait une double vie, il avait probablement des choses plus intéressantes à faire que de l'observer et s'intéresser à son quotidien à elle. « Je me trompe ? » - « Evidemment que tu te trompes. Je t'ai dis, je n'ai rien à me reprocher, moi. » Ruben avait bien menti à Nina depuis deux ans, bien sûr qu'elle s'octroyait le droit d'en faire de même tout en continuant de soutenir son regard, osant à peine cligner des yeux pour ne montrer aucun signe de faiblesse.

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@helen stenfield

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Après tout, ce ne serait pas le plus gros mensonge qu’il aurait été en capacité de proférer que de dire à Helen qu’il ne s’agissait pas là de quelqu’un de l’hôpital alors que c’était le cas; en grande partie parce-qu’il ne lui devait rien et qu’il ne pouvait pas flancher devant elle aussi facilement. Qu’il perde la face lorsqu’il discutait avec sa femme était une chose, mais face à la première personne venue en rien impliquée dans cette histoire, c’était hors de question. Surtout qu’il n’était pas assez dupe pour ne pas comprendre qu’elle agissait de cette sorte pour ensuite gagner des points auprès de Nina - d’autant plus qu’il garderait ses commentaires et ses précisions pour lui. « Je cherche juste à comprendre comment tu peux mener une telle double vie pendant deux ans, si elle ne se trouve pas non plus à l'hôpital. On sait tous ce qu'il se passe dans les chambres de garde. » Il soupira, leva les yeux au ciel, reporta son regard sur elle. « Tu parles en connaissance de cause, c’est ça ? » De ce qu’il se passait dans les chambres de garde; bien sur qu’il était parfaitement au courant et que même tout l’hôpital de manière plus générale savait parfaitement ce qu’il pouvait s’y passer. Mais son but ici était de jouer la carte de la fausse sincérité en faisant passer ça pour de l’innocence, et cela fonctionnerait forcément davantage s’il mettait la brune au centre de la conversation et face à ses propres accusations - si elle n’avait rien à se reprocher de son côté, elle passerait outre et n’essayerait pas de se défendre.

Mais c’était là que le bat blessait pour Helen mais que les choses devaient au contraire intéressantes pour Ruben: elle se défendait sur la question. Là où c’était simplement une stratégie de sa part pour éviter les accusations fondées, se retrouvant à pouvoir jouer un nouveau jeu alors qu’il avait l’impression que d’autres cartes se révélaient à lui. « J'essaie juste de protéger ma meilleure amie. » A d’autres. « Evidemment que tu te trompes. Je t'ai dis, je n'ai rien à me reprocher, moi. » Plissant quelque peu les yeux, ce n’était pas simplement parce-que sa défense n’était ni solide ni de qualité que les doutes de Ruben étaient persistants - c’était aussi parce-qu’une image lui revenait présentement avec les informations qu’ils mettaient là tous deux en avant dans leur conversation. Ou plutôt qu’Helen seule amenait sur le devant de la scène sans qu’il n’ait demandé quoi que ce soit. « C’est dommage que j’ai pas accès aux images de la surveillance parce-que je suis quasiment sur que t’as quelque-chose à te reprocher. » Il était fatigué ce jour là, et il se trouvait dans un service qui n’était pas le sien parce-qu’il avait été appelé pour une consultation rapide juste avan de rentrer chez lui - ou chez quelqu’un d’autre, mais la question n’était même plus cette dernière. Il était pourtant sur qu’il n’avait pas louché, ce jour là. « J’ai pas vu son visage, mais je suis prêt à parier que c’était pas Sam. » Si elle désirait jouer, il jouerait - parce-que c’était ce à quoi il était le plus doué, finalement. Et si Helen pensait que d’empiéter sur ses plates bandes de la sorte allait le déstabiliser, c’était tout le contraire qui était en train de se passer: Ruben était de plus en plus à l’aise à travers ses mots et les échanges qu’ils avaient.

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@Ruben Hartfield juillet 2024 - natura verde
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Après l'infidélité de Sam, Helen se questionnait sincèrement sur la capacité de tous ces hommes à entretenir une double vie aux côtés d'une autre femme, surtout si celle-ci ne se travaillait pas au même endroit. Son époux avait eu tout le loisir de fricoter avec Liliana à l'école (entre deux récréations, sur le temps du midi, le soir en prétextant corriger ses cahiers, et bien à bien d'autres moments encore). Mais s'il avait choisi une autre femme, ce serait-elle rendue davantage compte de ses absences ? Sans mettre une seule fois les pieds dans son établissement, Helen n'avait pas été en mesure de jauger de l'intensité de ses relations avec ses collègues. Néanmoins, si Sam avait été amené à s'absenter le temps de plusieurs soirées, voire même un week-end entier, aurait-elle eut plus facilement la puce à l'oreille ? Peut-être. « Tu parles en connaissance de cause, c’est ça ? » Que cherchait-il à lui faire dire ? Helen n'utilisait pas les chambres de garde pour coucher avec son amant... même si c'était arrivé une ou deux fois, on ne pouvait pas dire que c'était une habituée de la chose. Contrairement à Ruben ? « Je suis bien trop occupée à opérer, désolée, tes insinuations ne me concernent pas du tout. » Mensonge, mais petit mensonge, contrairement à son collègue, qu'elle ne sentait pas du tout sincère non plus. Si Nina avait cette intuition, c'était bien pour une raison. Néanmoins, Helen ne s'aventura pas plus longtemps sur ce sujet, ne voulant pas mettre sa meilleure amie dans une situation délicate. Déjà qu'elle lui avait catégoriquement refusé de parler à Ruben...

Lorsque ce dernier évoqua des aveux en matière d'infidélité, Helen joua à son tour la carte de l'innocence. De toute manière, elle ne se reprochait rien de grave, après ce que Sam lui avait fait subir... Cependant, la jeune femme n'aurait absolument pas envie qu'une personne de l'hôpital ne soit au courant de sa relation extra-conjugale avec Winston. C'était sa réputation qui était en jeu, quand même. Autant, Helen ne craignait pas d'affronter la colère de son époux en apprenant qu'elle le trompait également, puisqu'elle l'avait fait après avoir appris pour l'enseignante et lui... autant, elle refusait catégoriquement qu'on puisse lui faire un quelconque chantage à l'hôpital. Et, pour son plus grand malheur, c'était ce qui était en train de se passer : « C’est dommage que j’ai pas accès aux images de la surveillance parce-que je suis quasiment sur que t’as quelque-chose à te reprocher. » Ruben commençait à toucher du doigt quelque chose, elle le pressentait. Helen tentait de garder son calme, mais elle était presque hâtive d'entendre ce qu'il avait d'autre à lui dire, tout en ressentant également de l'appréhension. Savait-il ? « J’ai pas vu son visage, mais je suis prêt à parier que c’était pas Sam. » Le revirement de situation fit emballer son cœur. Helen se fit extrême violence pour ne pas ciller face à ses propos, qui affirmaient très justement l'avoir vu avec un autre homme que Sam. Et merde. Helen ne pouvait pas céder si vite, alors évidemment qu'elle allait nier. « Balivernes. » Prononça-t-elle pour jauger le tremblement dans sa voix. Elle semblait plutôt bien contrôler celui-ci, alors elle poursuivit : « Tu es prêt à tout pour tourner la situation à ton avantage. Tu ne m'auras pas si facilement, Ruben. » Peut-être qu'il prêchait lui aussi le faux pour connaître le vrai. Helen ne tomberait pas dans le panneau.  « Va donc regarder les vidéos de surveillance si ça te chante, si tu n'as que ça à faire, fais-toi plaisir. » Elle haussait les épaules, mais intérieurement c'était un réel tsunami d'émotions qui la tourmentait : la frayeur d'être en position de faiblesse par rapport à cet homme qui faisait souffrir sa meilleure amie. « De nous deux, ça restera toujours toi l'abominable personnage. » Elle se calmait sur les insultes, au fond, il valait mieux ne plus trop le titiller, lui et sa patience.

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« Je suis bien trop occupée à opérer, désolée, tes insinuations ne me concernent pas du tout. » Il n’était pas totalement convaincu de cette défense là, tant et surtout que c’était une manière qu’il aurait pu lui-même utiliser - et donc il savait très bien de quoi il en ressortait. Lui aussi était, bien sur, tout le temps trop occupé avec le travail; ce n’était pas un mensonge à proprement parlé, mais ce n’était pas non plus l’entière vérité.

Et s’il s’autorisait à appuyer de cette manière sur les points cités au début surtout pour dévier la conversation de sa propre personne sur Helen, au fil de ce qu’il avançait les souvenirs lui revenaient avec plus d’aisance - et il était évident, désormais, que ses mots n’étaient pas tant dans le vent qu’ils avaient pu s’y prêter initialement. Alors peut-être qu’il utiliserait là un joker trop rapidement, peut-être que ce serait un coup dans le vent mais il se devait d’énoncer ce qui lui trottait dans la tête; parce-qu’il était plutôt sur de lui en annonçant qu’il avait pu une fois voir un  homme avec Helen qui n’était pas son mari. Et il aurait pu se tromper, mais il avait croisé plusieurs fois ou vu à plusieurs reprises des photos de Sam et avait trop bonne mémoire pour douter réellement de ses dires. « Balivernes. » Il haussa quelque peu un sourcil, pencha un instant sa tête sur le côté: il la savait coincée, mais peut-être pas au point de lui sortir ce type d’interjections en guise de réponse à une telle accusation. « Vraiment ? » Si elle voulait jouer au jeu des devinettes qui faisaient mal, il jouerait - il était bon joueur, surtout quand il savait qu’il pouvait gagner. « Tu es prêt à tout pour tourner la situation à ton avantage. Tu ne m'auras pas si facilement, Ruben. » Avec un sourire en coin, il eut un petit rire soufflé par le nez. « Je retourne rien du tout, j’ai juste quelques souvenirs qui me reviennent. » Et aux jeux des faux-semblants, il serait également meilleur qu’elle: ce n’était pas nécessaire qu’elle se fatigue de la sorte. « Va donc regarder les vidéos de surveillance si ça te chante, si tu n'as que ça à faire, fais-toi plaisir. » - « Oh non, j’ai pas que ça à faire. » Une légère pause dans ses paroles juste pour mettre une touche de suspense inutile ici, pour la faire mariner. « J’ai pas mal d’opérations à assurer, mais tu connais. » Et en l’occurrence pour aujourd’hui, il avait un déjeuner auquel se rendre.

« De nous deux, ça restera toujours toi l'abominable personnage. » - « Si ça peut te faire plaisir écoute. » Il ne se battrait pas sur ce point là, tant il se doutait qu’elle ragerait d’autant plus à être laissée sur sa fin et à se demander ce qu’il pouvait avoir comme infirmations et s’il pouvait en avoir d’autres, des vraies, ou que savait-il - il attrapa la botte de carottes qu’il aurait du prendre bien plus rapidement si cet échange n’avait pas eu lieu. « Je vais garder un oeil ouvert maintenant, sait-on jamais. » Qu’elle fasse un nouveau faux-pas: ça pourrait être intéressant. Ruben ne se priverait pas non plus d’ailleurs ce jour là de la prendre la main dans le sac: ce serait une belle revanche.

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Même si les circonstances de sa propre infidélité étaient atténuantes (en tout cas, à son humble avis), Helen ne comptait pas en discuter avec son collègue neurochirurgien. Elle ne voulait pas rentrer dans ce jeu-là avec lui, parce qu'au fond, la chirurgienne savait qu'une infidélité restait une infidélité, et que Ruben saurait trouver les mots pour lui faire comprendre là qu'il y avait une forme de ridicule dans ses propos, et dans sa manière de tourner les choses. Si l'homme en face d'elle ne s'exprimait pas davantage sur les raisons de son humiliation, Ruben ressentait probablement cette même certitude qu'il avait une excuse toute faite : de l'ennui, des sentiments évaporés, des déceptions. Bref, la jeune femme n'argumenterait pas là-dessus, au risque de contrarier son collègue, et que celui-ci colporte des ragots dans les murs de l'hôpital après ça. « Je retourne rien du tout, j’ai juste quelques souvenirs qui me reviennent. » Helen haussa des épaules, en maintenant cet air de "je n'ai rien à me reprocher". Pourtant, elle ne doutait pas de la véracité de ses fameux souvenirs. Dans cette optique, Helen lui proposa d'aller vérifier les caméras de surveillance, pointant du doigt qu'il n'avait probablement que ça à faire de ses journées. « Oh non, j’ai pas que ça à faire. J’ai pas mal d’opérations à assurer, mais tu connais. » - « Evidemment. » Railla-t-elle, alors qu'elle mourrait d'envie de caser une nouvelle pique sur le fait qu'il lui fallait aussi quelques créneaux pour tromper sa femme. Mais comme Ruben l'avait surpris avec Winston à l'hôpital (cela ne pouvait être que lui), elle garderait sa bouche soigneusement fermée. « Si ça peut te faire plaisir écoute. » Ce n'était pas une question de plaisir, Helen le trouvait très puéril de mettre ça sur le compte de sa joie à le diaboliser, comme si c'était ce qu'elle avait toujours souhaité. Ruben était ce qu'il était, mais jamais elle ne ressentirait de plaisir à ce qu'il soit devenu cet homme qui trompe et fasse souffrir sa femme, sa meilleure amie. « Je vais garder un œil ouvert maintenant, sait-on jamais. » Elle suivit son geste du regard, plissant légèrement les yeux pour accueillir cette menace de la manière la plus sereine qui soit, alors qu'elle crevait d'envie de rétorquer en sortant les crocs. Mais Helen n'en ferait rien. Le plus sage, désormais, c'était probablement de prendre congé. « T'imagines bien que je garderai les deux ouverts de mon côté. » La chirurgienne l'aurait à l'œil, elle aussi. Car au fond, s'il savait quelque chose qui pouvait nuire à sa carrière, il en était de même pour elle, non ? Alors sans le lâcher du regard l'espace de quelques secondes, Helen imita son geste en s'emparant d'une botte de carottes, prise au hasard, puis s'éloigna de lui, sans un mot de plus. Maintenant, la seule chose qu'Helen espérait, c'était que Ruben n'aille pas se plaindre auprès de Nina et qu'elle n'ait pas connaissance de son manque de parole.