like a hobo from a broken home

@Lewis Siede  début juillet 2024 - west end, logements
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Ta première nuit à Brisbane, tu l'as passé sur le voilier de Keh, que tu n'as connu que quelques heures avant qu'elle ne te propose de rester dormir, le temps d'une nuit. Honnêtement, tu as connu pire endroit pour trouver le sommeil, il t'es déjà arrivé de devoir t'endormir sur un banc, ou à même le sol dans un parc avant de pouvoir trouver un logement en arrivant dans une nouvelle ville. L'hôtel, c'est toujours hors de prix, tu ne travailles pour donner ton argent à des profiteurs, et encore moins pour passer une nuit dans une chambre miteuse parce que tu ne veux jamais t'offrir un luxe que tu ne peux pas te permettre. La générosité de Keh, tu l'apprécies grandement, mais tu lui as fais savoir que tu as un projet de colocation sur west end. Tu es arrivé bien trop tard hier pour vouloir aller toquer à la porte de tes futurs colocataires, et puis le voyage offert par l'hawaïenne t'a davantage retardé... c'est probablement pour cette raison qu'elle n'a pas hésité à t'offrir l'hospitalité de son bateau, en guise de pardon... à moins que ce soit pour avoir sauver son chat adorateur de l'eau d'une mort certaine ? La jeune femme a un petit quelque chose de particulier, et d'original que tu apprécies déjà. Même si tu n'es pas très téléphone portable, vous vous êtes échangés vos numéros pour pouvoir se recroiser prochainement. Elle t'a déjà d'ailleurs parlé de sa meilleure amie, qui cherche un professeur de danse, et tu t'es tout de suite proposé. Les opportunités viennent à toi, et tu saisis chacune d'entre elles, sans oublier d'être reconnaissant envers ceux qui te laissent une chance. Tu sauras remercier Kehlani au moment venu, tu en es persuadé. Dès les premières lueurs du soleil, tu quittes le voilier de la jeune femme, lui laissant un mot de remerciement sur l'une des pages déchirées de ton journal intime. Tu lui notes l'adresse de ton futur appartement, auquel tu te rends, après avoir galéré une petite heure dans les transports en commun pour te rendre à West end. Tu te retrouves dans la rue dornoch terrace, avec toutes tes affaires sur le dos. Tu voyages léger, seul l'étui de ta guitare semble le plus encombrant dans tout ça. Mais cela ne t'empêche pas de pénétrer dans le bâtiment qui va bientôt devenir ton lieu de vie. En arrivant dans le couloir, tu ne te souviens plus très bien du nom de la personne qui a rédigé l'annonce pour la colocation, mais en voyant le nom de Siede, tu es persuadé que c'est cet appartement là. Tu appuies sur l'interrupteur, sans te rendre compte que 1) tu te trompes de numéro 2) il est 7h15 du matin, et que tu manques de politesse en te pointant si tôt sur le palier d'un inconnu. Néanmoins, lorsque la porte s'ouvre, tu arbores ton sourire le plus bienveillant, et tu précises : « Bonjour, je suis Mokare, je suis là pour la colocation. Je t'ai envoyé un SMS il y a 1 semaine pour réserver la chambre. » Le temps que tu arrives en stop, tu ne pouvais pas te rendre à Brisbane plus tôt... mais l'inconnu t'a certifié qu'il te la réservait, alors tu ne t'inquiète pas quant au fait qu'elle n'est peut-être plus disponible.

La première sonnerie avait retenti en s’accordant parfaitement à la suite de scènes dénuées de sens qui se jouaient dans l’esprit d’un Lewis profondément endormi. La seconde, en revanche, l’avait fait sursauter puis se redresser dans son lit et il ne s’était accordé que quelques secondes pour se frotter le visage et reprendre ses esprits avant de se lever et se diriger vers la porte. Le chemin était extrêmement court, et pourtant, son cerveau fourmillait déjà parce qu’il s’imaginait toutes les situations possibles qui justifieraient que quelqu’un se tienne devant sa porte à une heure aussi matinale. Un livreur lui apportant un colis qu’il avait oublié de commander, son frère qui se serait enfin décidé à venir quémander son aide ou même Shiloh, mais s’il aurait adoré voir cette dernière, l’idée qu’elle le réveille sciemment car elle connaissait parfaitement son rythme de vie commençait à l’inquiéter. C’est donc avec une certaine nervosité qu’il avait ouvert sa porte pour découvrir un jeune homme qu’il n’avait jamais vu auparavant. Par réflexe, Lewis s’était penché pour regarder dans le couloir, cherchant des indices sur la présence de l’inconnu devant chez lui. Il cherchait à comprendre s’il s’agissait d’une mauvaise blague ou d’une intervention quelconque dont il aurait oublié la date et l’horaire. « Bonjour, je suis Mokare, je suis là pour la colocation. Je t'ai envoyé un SMS il y a 1 semaine pour réserver la chambre. » Les sourcils froncés, Lewis attendait que l’homme qui lui faisait face se mette à rire pour venir confirmer l’une de ses suppositions mais alors qu’ils se fixaient, il restait incroyablement sérieux. Fatigué et peu enclin à accorder sa patience à un inconnu, l’informaticien avait soupiré en passant une main dans ses cheveux. « Quelle colocation ? » Naïvement et parce qu’il se savait étourdi, Lewis avait attrapé son téléphone pour tenter d’y trouver le moindre message d’un Mokare dans ses messages. C’était idiot, il savait pertinemment que son appartement ne se prêtait pas à une colocation et qu’il n’avait entamé aucune discussion en ce sens. « Je connais pas de Mokare et je propose pas de colocation, c’est une blague ? » Et si c’était le cas, elle ne l’amuserait absolument pas. Peut-être que cela aurait été le cas à une heure un peu plus tardive, mais à sept heures du matin, sa patience déjà toute relative était tout à fait inexistante. « Et puis c’est normal de débarquer chez les gens à l’aube ? » Lewis était quelqu’un d’extrêmement gentil et discret mais son sommeil était assez sacré pour qu’il montre toute l’étendue de son sale caractère lorsque quelqu’un osait l’interrompre. Encore plus lorsqu’il s’agissait d’un parfait inconnu qui semblait au mieux perdu, au pire désireux de piéger les habitants de l’immeuble. Et dans les deux cas, l’australien n’était pas la bonne personne chez qui il devait sonner.

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@Lewis Siede  début juillet 2024 - west end, logements
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« Quelle colocation ? » A ses mots, tu sens comme une gêne en toi. Son attitude ne présage rien de bon, et tu te doutes très rapidement que quelque chose cloche. Tu comprends même plutôt vite que tu as du te tromper d'appartement, que tu as sonné chez la mauvaise personne... et que, visiblement, tu viens de la réveiller, par la même occasion. Pourtant, tu as une bribe d'espoir lorsqu'il sort son téléphone pour vérifier s'il ne te connait pas, mais elle s'évapore en reprenant la parole : « Je connais pas de Mokare et je propose pas de colocation, c’est une blague ? » Ton visage reste sérieux, tes traits prennent d'ailleurs plus un air désolé que blagueur, car tu n'envisageais pas de commettre une telle bourde ce matin. Si sa rencontre avec Kehlani s'est déroulée sans encombres (malgré sa réprimande en le voyant nager dans un coin dangereux de l'océan), celle-ci s'avère plus... chaotique. « Et puis c’est normal de débarquer chez les gens à l’aube ? » Tu as presque envie de disparaître, bien embêté de l'importuner à ce point. « Je... heu... pardon. J'ai du me tromper d'appartement. Désolé de vous avoir réveillé. » Tu sens que ça ne sert à rien de rester plus longtemps devant l'inconnu agacé, alors tu fais demi-tour et tu t'éloignes dans le couloir en prenant ton téléphone dans ta poche. C'est ce que tu aurais du faire depuis le départ... mais le mal était fait désormais. Tu vérifies l'identité et le numéro de l'appartement de la personne avec qui tu as véritablement échangé, puis tu t'y rends en t'assurant à plusieurs reprises (cette fois) de ne pas te tromper. Tu sonnes, un homme te fait à nouveau face et tu lui répètes exactement ce que tu as lancé à la personne qui t'a ouvert tout à l'heure. Une nouvelle grimace, mais cette fois-ci, emplie de gêne plutôt que d'agacement. « Désolé, en ne te voyant pas arriver hier comme prévu, j'ai réservé la chambre à quelqu'un d'autre... t'aurais du me prévenir mec. » En effet, tu ne l'as pas fais, puisque tu ne pensais pas qu'avoir un jour de retard suffirait à te voir passer cette chambre sous le nez... et tu t'en veux, bien évidemment. Au fond, c'est de ta faute à toi, et à personne d'autre. « Ah d'accord... c'est pas grave, merci quand même. » Que peux-tu faire à part accepter la situation ? rien, c'est comme ça. Tu sais que tu vas rebondir sur tes pieds... mais comment ? un instant, tu te demandes s'il ne vaudrait pas mieux envoyer un message à Keh et lui demander si elle peut te dépanner de plusieurs autres nuits sur son voilier ? mais, en vrai, tu ne te vois pas dormir là-bas à long terme... et ce quartier a tout pour te plaire, tu regrettes un peu de ne pas pouvoir t'y loger. A moins que... et si tu y allais au culot, ce ne serait pas la première fois que tu le fais ? Tu as souvent remarqué que, c'est en forçant les choses qu'on obtient toujours ce qu'on veut. Et là, tu as envie de trouver dès maintenant un endroit où dormir, sans avoir à tergiverser pendant cent ans. D'un pas décidé, tu retournes devant la porte du premier homme chez qui tu as sonné, et avant qu'il n'ait le temps de râler en t'ouvrant, tu prends aussitôt la parole : « La coloc' m'est passée sous le nez, du coup vous accepteriez de me loger quelques nuits ? Pas plus d'une semaine, le temps que j'en trouve une autre ? » Es-tu assez convaincant ? Tu n'es pas certain, alors tu ajoutes : « Je sais faire à manger, le ménage et je me débrouille très bien pour résoudre tout ce qui est problème de plomberie, chauffage, électricité... » Autant mettre en avant quelques qualités non-négligeables pour une colocation, non ?

Un instant encore, il aurait pu croire qu’il était toujours coincé dans un de ces rêves qui semblaient un peu trop réels. Mais s’il avait eu envie de se pincer, le simple regard perdu du jeune homme fixé sur lui avait suffi à lui faire comprendre qu’il était bel et bien ancré dans la réalité malgré une situation extrêmement particulière. Sans un brin d’amabilité parce que cette qualité là lui faisait défaut sans un immense mug de café, Lewis avait tenté d’expliquer à l’inconnu qu’il ne proposait pas de colocation. Et finalement, son air surpris et ses soupirs agacés auraient sûrement suffi à l’en convaincre. « Je... heu... pardon. J'ai du me tromper d'appartement. Désolé de vous avoir réveillé. » Il n’était pas méchant, juste un peu perdu, et si la fatigue le tiraillait encore, Lewis culpabilisait maintenant d’avoir été aussi virulent pour une simple erreur. Cependant, connaissant ses voisins, il y avait fort à parier que personne n’avait convenu d’un rendez-vous à une heure pareille alors il avait tenté de freiner les ardeurs de ce mystérieux garçon. « Mais tu comptes faire tout l’immeuble ?! » Il n’avait pas eu le temps de se faire entendre que déjà, l’inconnu sonnait à la porte de son voisin, et dans un soupir, Lewis avait refermé la sienne pour retrouver son lit et tenter de terminer sa nuit - qui était loin de l’être, à une pareille heure. Après tout, s’il avait décidé de tenter la freelance, c’était pour gérer ses horaires et il était bien plus simple pour lui de travailler tard le soir que tôt le matin. Il n’avait pas encore fait les pas qui le séparaient de sa chambre qu’à nouveau, sa sonnerie avait retentit dans un bruit qui lui avait hérissé le poil. Il avait longuement hésité avant d’ouvrir et, songeant à la façon dont le garçon paraissait réellement désespéré, il avait soupiré à nouveau avant de se diriger vers sa porte d’entrée. « La coloc' m'est passée sous le nez, du coup vous accepteriez de me loger quelques nuits ? Pas plus d'une semaine, le temps que j'en trouve une autre ? » Une chose était sûre, s’il était perdu, il ne manquait pas d’aplomb. « Je sais faire à manger, le ménage et je me débrouille très bien pour résoudre tout ce qui est problème de plomberie, chauffage, électricité... » D’un geste de la main, Lewis l’avait stoppé, parce qu’il n’était pas prêt à l’entendre lister l’intégralité de ses qualités qui semblaient pourtant nombreuses. « Je comprends rien, si vous êtes venus si tôt c’est que vous aviez été accepté dans la coloc nan ? Pourquoi c’est plus le cas ? Je connais bien le voisin, si vous voulez je lui parle ? » Il était venu se pincer l’arête du nez avant de bailler sans réussir à se retenir et de couvrir sa bouche le plus vite possible. Il ne comprenait pas pourquoi il avait décidé de venir jusqu’ici tôt le matin sans s’assurer d’abord 1) de l’adresse 2) de l’acceptation effective dans la coloc. « Entre on va discuter deux minutes. Tu veux un café ? » Il avait soupiré en fermant sa porte sur l’inconnu - qui pourrait tout aussi bien être un dangereux criminel ayant rôdé cette technique pour mieux s’infiltrer chez les gens - comprenant qu’il devait tirer un trait sur sa nuit. Se préparant une tasse de café et laissant le choix à l’inconnu d’accepter le sien ou non, Lewis s’était posé sur le canapé en baillant, sa boisson chaude en main. « T’as nul part où aller ? T’as quitté un logement pour une coloc pas fiable ? » Il cherchait à comprendre, mais la situation était compliquée, encore plus quand son cerveau n’était pas encore fonctionnel. « Ecoute moi je vis seul, j’sais pas … » Mais où étaient donc cachées les caméras ?

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@Lewis Siede  début juillet 2024 - west end, logements
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« Je comprends rien, si vous êtes venus si tôt c’est que vous aviez été accepté dans la coloc nan ? Pourquoi c’est plus le cas ? Je connais bien le voisin, si vous voulez je lui parle ? » La proposition du blond part d'un bon sentiment, mais tu as bien compris que l'autre homme n'envisagerai pas de t'accepter dans la colocation désormais, étant donné qu'il n'y avait plus de chambre de disponible. « En fait, je devais venir hier, mais j'ai eu un empêchement... je ne l'ai pas prévenu de mon retard, il a cru que je n'étais plus intéressé par la colocation du coup. C'est vrai que je n'ai pas pensé à le prévenir, mais au fond je ne pensais pas qu'elle me filerai si vite entre les doigts... enfin bref. » Enfin bref, tu es clairement en train de raconter ta vie à ce moment-même et que, peut-être, l'inconnu n'en a que faire de tes soucis... En tout cas, c'est ce qui semble se lire sur son visage, puisque tu es clairement en train de l'empêcher de se rendormir. Tu le remarques bien à sa manière de bailler, à prendre s'en déboiter la mâchoire. « Entre on va discuter deux minutes. Tu veux un café ? » Tu vois en cette proposition une possible ouverture pour réussir à ce qu'il accepte ta demande, alors tu ne te fais pas prier et tu t'engouffres dans son appartement en hochant de la tête, sans manquer de déposer tes affaires dans l'entrée et en retirant tes chaussures sur le pas de la porte, pour ne pas salir son intérieur. C'est ta mère qui t'a toujours appris à faire cela, coutume japonaise qu'elle t'a transmise. Tu viens alors t'installer sur le canapé à ses côtés, et tu t'empares de la tasse de café qu'il t'a préparé alors que tu étais en train d'observer silencieusement les lieux. « T’as nul part où aller ? T’as quitté un logement pour une coloc pas fiable ? » « Je suis arrivé hier à Brisbane. On va dire que... je n'ai pas vraiment de chez-moi, je voyage beaucoup. » Puisqu'il te demandes plus de précisions, tu continues de lui glisser quelques détails sur ta vie qui justifient ta présence ici aujourd'hui. Tu ne vas peut-être pas commencé à t'embarquer sur le sujet de ta sœur jumelle Catarina, mais s'il faut en venir là pour avoir un toit où dormir ce soir... tu l'envisageras peut-être. « Ecoute moi je vis seul, j’sais pas … » C'est de nouveau le moment de trouver les mots pour le convaincre, visiblement tes talents de bricolage ne l'ont pas entièrement convaincus. « Je suis très discret, tu ne m'entendras pas, c'est promis. » Tu te feras tout petit, voire même presque oublié si c'était le souhait de l'inconnu, dont tu ne connais pas du tout le prénom, ce qui t'incite à lui demander, puisqu'il connaît normalement le tien vu que tu t'es présenté à lui lorsqu'il t'a ouvert la première fois sa porte : « Tu t'appelles comment ? Je suis certain qu'on peut très bien se compléter en tant que colocataires. Et puis, tu sais, un canapé, ça me suffit. » Tu n'as pas besoin de plus. L'important, c'est que tu aies une petite place pour pouvoir dormir paisiblement et quand même assez confortablement ; un canapé remplit tous ces critères.

Lewis insistait, alors qu’il s’agissait là peut-être uniquement d’une technique extrêmement étrange pour obtenir un toit. Les places étaient parfois très chères, et si tout ce scénario semblait difficile à croire, Lewis commençait à ne plus voir autre chose que le désespoir d’un garçon qui ne semblait ni agressif, ni antipathique. Ce n’était pas dans sa nature de ne pas aider son prochain mais il avait assez d’instinct de survie pour ne pas se fier au premier inconnu qui frappait à sa porte. Devant ce dilemme, il s’était permis davantage de questions, pouvant déjà entendre sa mère lui hurler combien il était irresponsable d’avoir eu un tel comportement … avant de le remercier d’avoir empêché quelqu’un de dormir à la rue. Le paradoxe Siede. « En fait, je devais venir hier, mais j'ai eu un empêchement... je ne l'ai pas prévenu de mon retard, il a cru que je n'étais plus intéressé par la colocation du coup. C'est vrai que je n'ai pas pensé à le prévenir, mais au fond je ne pensais pas qu'elle me filerai si vite entre les doigts... enfin bref. » C’était donc un acte de pure négligence, et une telle excuse rendait Mokare encore plus inoffensif à ses yeux, il l’avait donc invité à entrer, pour au moins lui offrir une boisson chaude parfaitement indiquée à cette heure. En préparant le café, Lewis surveillait Mokare du coin de l’oeil, le voyant prendre soin de retirer ses chaussures - était-ce une technique pour mieux endormir ses soupçons ? Car il était clair, par un rapide coup d’oeil dans la pièce, qu’il n’était pas assez maniaque pour demander autant d’efforts à un visiteur de passage. « Je suis arrivé hier à Brisbane. On va dire que... je n'ai pas vraiment de chez-moi, je voyage beaucoup. » Difficile de savoir si cette information le rassurait ou si elle arrivait comme un nouvel élément lui indiquant de se méfier. Lewis avait appuyé à nouveau sur son manque d’envie de l’héberger, lui servant tout de même sa tasse de café. Depuis son canapé, il l’observait, comme si sa tasse lui permettrait de se dissimuler. « Je suis très discret, tu ne m'entendras pas, c'est promis. » Il avait hoché doucement la tête, se sentant soudain cerné. « Tu t'appelles comment ? Je suis certain qu'on peut très bien se compléter en tant que colocataires. Et puis, tu sais, un canapé, ça me suffit. » « Lewis. Et sans vouloir te vexer j’ai pas envie d’avoir quelqu’un sur mon canapé à longueur de temps. » Il s’imaginait déjà rentrer et le voir là, se réveiller le matin et le voir là, proposer à Shiloh de prendre un verre et réaliser qu’il serait là. Devant les yeux de cocker de Mokare, il avait cependant repris dans un soupir. « Mais j’ai une chambre d’amis. J’imagine que ça me changerait rien de savoir que tu y es pendant un moment… Combien de temps ? » C’était idiot de lui laisser la possibilité de définir les règles de cet accord qu’il se retrouvait à devoir accepter sans réelle volonté de le faire, mais Lewis avait bien du mal à réfléchir. « T’étais où avant Brisbane, tu connais du monde ici ? » S’ils entamaient une période de colocation, autant commencer à faire connaissance de suite.

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@Lewis Siede  début juillet 2024 - west end, logements
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Quémander l'hospitalité comme tu es en train de le faire, c'est très rare de ta part. Il ne t'ai jamais arrivé de sonner à la porte d'un inconnu choisi aléatoirement, parce que ta collocation prévue n'est plus disponible. Au début, tu t'es senti un peu gêné, mais tu n'as pas envie de te retrouver à la rue pendant que tu t'égosilles à chercher un endroit de dernière minute avant la nuit. Tu as certes toute la journée avant de retomber sur tes pieds, mais tu crains que ce ne soit pas si facile de trouver quelque chose qui te corresponde vraiment. Et puis, financièrement, il est hors de question que tu te rendes à l'hôtel. Les chambres sont toujours hors de prix... à moins que tu trouves une auberge de jeunesse. Ca peut être une idée, dans la possibilité où Lewis n'accepte pas du tout de t'héberger. « Lewis. Et sans vouloir te vexer j’ai pas envie d’avoir quelqu’un sur mon canapé à longueur de temps. » Tu entrouvres la bouche pour t'apprêter à répliquer, bien déterminé à ne pas lâcher le morceau si vite. Tu lui lances un regard suppliant, alors que tu cherches comment le convaincre que tu seras vraiment une petite souris chez lui. « Lewis. Mais j’ai une chambre d’amis. J’imagine que ça me changerait rien de savoir que tu y es pendant un moment… Combien de temps ? » La barrière cède si vite du côté de Lewis que ton visage rayonne à l'évocation de la fameuse chambre d'amis. Tu n'espérais pas tant, tu étais vraiment sincère en affirmant que le canapé te suffit. « Maximum une semaine, je dirai. Le temps pour moi d'éplucher les autres annonces de collocation. » Tu ne veux pas non plus abuser de sa gentillesse, puisqu'il était tranquillement en train de dormir, et il se retrouve désormais 10 minutes plus tard avec un futur colocataire pas vraiment désiré, dans le fond. Que ce soit clair, dans ta tête c'est acté : tu vis désormais ici. « Merci, en tout cas, même dans la chambre d'amis, je serai très discret. Tu ne m'entendras pas. » Tu n'es généralement pas du genre à rester enfermé dans ta chambre la journée, tu préfères largement sortir et découvrir du pays tant que tu as du temps libre. « T’étais où avant Brisbane, tu connais du monde ici ? » Tu hoches négativement la tête. Malheureusement, non, auquel cas tu te serais rendu chez une connaissance, plutôt que de te rendre à l'aveugle dans des collocations. Cela confirme donc la nécessité pour toi de trouver un toit, que tu viens donc de trouver chez Lewis. « J'ai fais plusieurs villes, mais là je reviens tout juste d'Opalton. Et non, je ne connais personne. Je suis venu à Brisbane il y a très longtemps, mais je suis très vite reparti, je n'ai pas eu le temps de prendre mes marques la première fois. » Tu bois ton café au fur et à mesure que tu parles, avant de t'intéresser toi aussi à la vie de Lewis, qui est désormais ton nouveau colocataire. « Tu fais quoi dans la vie ? » Ton regard se balade sur les lieux, mais aucun détail ne te fait tiquer sur sa profession, alors tu attends patiemment sa réponse en apportant une dernière fois la tasse à tes lèvres, avant de la poser sur la table basse en face de vous.

S’il n’était pas parti en courant à la seconde où il avait passé la porte, c’était qu’il devait être réellement désespéré. Lewis n’était pas connu pour être une fée du logis, et son organisation n’existait que sur son bureau d’ordinateur - comme sur bien d’autres points, il était meilleur virtuellement que dans la réalité. Et s’il était sociable, cette qualité ne s’éveillait qu’à une heure convenable, il prendrait donc le temps de s’excuser de son impolitesse à son invité dans l’après-midi. Parce qu’il ne semblait pas décidé à partir et qu’un accord consensuel semblait s’être mis en place entre eux, venant classer cette journée en pôle position des moments les plus étranges de la vie de l’informaticien. Lewis s’était alors demandé combien de temps cet arrangement durerait, appréciant sa tranquillité et la possibilité de recevoir Shiloh lorsque cela lui plaisait. « Maximum une semaine, je dirai. Le temps pour moi d'éplucher les autres annonces de collocation. » « Je pourrais t’aider si tu veux. » Il semblait déjà trop enthousiaste, il éviterait de mentionner à quel point il était tenté de développer un algorithme leur permettant d’être alertés à la seconde des annonces les plus pertinentes. « Merci, en tout cas, même dans la chambre d'amis, je serai très discret. Tu ne m'entendras pas. » Il avait le sommeil lourd, ce n’était pas un problème, sauf si Mokare s’avérait être dangereux. Il n’était pas sûr qu’il dormirait sur ses deux oreilles dès les premières nuits, histoire de s’assurer un réveil le lendemain matin. Mais plutôt que de commencer à s'inquiéter, il lui laissait une chance, notamment de lui expliquer qui il était et ce qui l’avait mené ici. « J'ai fais plusieurs villes, mais là je reviens tout juste d'Opalton. Et non, je ne connais personne. Je suis venu à Brisbane il y a très longtemps, mais je suis très vite reparti, je n'ai pas eu le temps de prendre mes marques la première fois. » Si Lewis avait d’abord été surpris puis passablement agacé, il était maintenant véritablement intrigué par cet homme qui avait sonné à sa porte et semblait venir de nul part. Littéralement. « Et t’as décidé de revenir ? » Il ne semblait pas avoir eu d’expérience positive par ici, alors il se permettait de demander pourquoi il était de retour. Il cherchait encore à s’assurer qu’il ne s’agissait pas là d’une nouvelle technique pour dérober l’intégralité des possessions de quelqu’un, même si l’effort demandé semblait bien trop important par rapport aux richesses inexistantes de Lewis. Son café le détendait, mais les mots de Mokare encore plus, alors qu’il aurait été difficile pour un vrai criminel d’inventer de pareils mensonges sans un peu plus de préavis. « Tu fais quoi dans la vie ? » « Ingénieur en informatique. » Ce qui voulait à la fois tout et rien dire. « Je suis spécialisé dans la cyber-sécurité, en gros je m’assure que les sites de mes clients sont impénétrables et s’ils le sont, je corrige les failles. Du hacking à bon escient. » Mokare constaterait bien vite que le lancer sur le sujet de son travail signifiait prendre le risque d’entendre Lewis parler pendant un très long moment. Et c’était bien sur ce point qu’il était le plus loquace, n’étant pas connu pour être le genre de personne qui se confiait facilement, alors il allait devoir faire des efforts pour que la colocation ne soit pas rythmée par de très gênants silences. « Et toi ?» Allait-il oser aborder le sujet fâcheux que cette colocation surprise amenait forcément ? « Histoire de savoir si tu pourras au moins participer aux courses, un truc du genre. » C’était un début, il n’allait pas lui demander de but en blanc un loyer, il n’en voulait pas, il souhaitait simplement rendre l’accord un peu moins agréable aux yeux de l’inconnu afin de s’assurer qu’il ne s’imposerait pas plus que ce qu’il avait annoncé.

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« Je pourrais t’aider si tu veux. » - « Avec plaisir. » Parce que tu n'as pas à vocation de rester ici, tu ne veux pas t'imposer plus que tu ne le fais déjà dans l'appartement de Lewis. Rien ne l'oblige vraiment à honorer sa parole et à te laisser dormir ici, peu importe que ce soit sur le canapé ou dans la chambre d'amis. Tu débarques comme une fleur, tu quémandes l'hospitalité, et il t'offre tout sur un plateau d'argent, parce que tu l'as pas mal imploré. Tu lui en es reconnaissant, et toute son aide sera la bienvenue pour t'aider à trouver une nouvelle colocation après ce fiasco total avec la précédente. Lewis s'intéresse à ce que tu viens faire à Brisbane, alors tu lui réponds avec honnêteté être déjà venu dans le coin, sans avoir souhaité rester. Aujourd'hui, la situation est différente, et il semble le comprendre, puisqu'il décide de te demander plus de détails encore sur ces explications, peut-être un peu trop vague à son goût. « Et t’as décidé de revenir ? » Tu prends une profonde inspiration en pressant tes lèvres en une moue réflexive, même si finalement ta réponse est toute trouvée. Tu ne veux pas paraître pour le gars étrange qui vient de retrouver sa sœur jumelle, mais c'est un peu ça, le délire. « J'ai retrouvé ma sœur jumelle, mes parents m'avaient toujours caché son existence. » Ca te fait toujours étrange de le dire, mais c'est la vérité. « Je sais que ça fait très scénario de film, mais on s'est croisés le mois dernier sur les terres de notre enfance, après la mort de notre mère. Bref, c'est pour ça que je suis de retour ici, pour me rapprocher d'elle. » Tu espères que ça portera ses fruits, car tu as hâte d'apprendre à connaître Catarina. « Et je ne me voyais pas trop lui demander de dormir chez elle... c'aurait été étrange, non ? On ne se connait pas ? » Précises-tu, même si tu n'es pas certain que la situation entre Lewis et toi l'est moins, d'étrange. Tu viens de débarquer à l'improviste, vous êtes deux véritables inconnus l'un pour l'autre, et vous voilà deux heureux colocataires. Par souci de faire rapidement disparaître le côté trop étranger, tu t'intéresses à son travail et lui demande dans quoi Lewis bosse : « Ingénieur en informatique. Je suis spécialisé dans la cyber-sécurité, en gros je m’assure que les sites de mes clients sont impénétrables et s’ils le sont, je corrige les failles. Du hacking à bon escient. » Typiquement le genre de domaine dans lequel tu ne te connais pas du tout. Toi et les technologiques d'aujourd'hui, ça fait un milliard, vraiment. Alors tu hoches plus la tête par politesse que par véritable compréhension de son emploi, l'air de dire "intéressant". « Et toi ? Histoire de savoir si tu pourras au moins participer aux courses, un truc du genre. » Aïe, question qui fâche. Tu arbores une mine un peu gênée, parce que tu t'imagines mal lui mentir de trop sur le sujet... « J'ai déjà un peu tâté le terrain pour voir si je pouvais donner des cours de danse, ça m'a l'air possible. Sinon... je comptais trouver une fois arrivé, pour être honnête. » Tu le regardes, désolé, de ne pas pouvoir lui apporter une meilleure réponse, alors tu t'empresses d'ajouter : « De manière générale, je reste rarement sans travailler plus de deux jours quand j'arrive dans une nouvelle ville. Et puis, tu sais, j'ai aussi quelques économies... » Que tu ne veux pas trop voir fondre trop vite, mais elles ont l'avantage d'exister pour te permettre de commencer doucement ta vie ici.

« Avec plaisir. » C’était une sorte de discussion pour s’apprivoiser qui se mettait en place entre eux, et à la manière dont elle démarrait, Lewis ne pensait pas impossible l’idée de bien s’entendre avec Mokare. Il n’avait pas l’habitude de rencontrer ses amis de cette façon, mais il laissait volontiers la place à l’imprévu dans sa vie, même si ce matin, la dose d’improbabilité avait bien plus de mal à passer qu’à l’accoutumée. Il était sympathique et c’était sûrement l’idée de savoir qu’ils allaient maintenant être colocataire qui l’aidait à se faire une image plus positive du garçon au fur et à mesure de leur échange, mais cela fonctionnait. Assez pour que Lewis commence à réellement s'intéresser à son invité, enchaînant les questions sans réellement se laisser de limites et prendre le temps de ne pas le brusquer. Après tout, une information sur lui amenait une question différente presque immédiatement tant sa vie semblait aussi chaotique que son arrivée chez lui. « J'ai retrouvé ma sœur jumelle, mes parents m'avaient toujours caché son existence. » La bouche de Lewis s’était entrouverte pour laisser place à une moue surprise, alors Mokare avait rebondi de suite. « Je sais que ça fait très scénario de film, mais on s'est croisés le mois dernier sur les terres de notre enfance, après la mort de notre mère. Bref, c'est pour ça que je suis de retour ici, pour me rapprocher d'elle. » C’était maintenant une histoire attendrissante qu’il lui proposait, et elle résonnait forcément en un Lewis extrêmement proche de sa famille. Il restait silencieux, peu sûr de ce qu’il devrait dire après de pareilles confidences venant de quelqu’un qui n’était encore qu’un inconnu sonnant à sa porte quelques minutes auparavant. Lewis avait initié la discussion, avait probablement posé des questions trop intimes, mais Mokare y répondait avec sincérité et une sorte d’empathie commençait à doucement naître chez Lewis qui voyait à présent sa décision comme étant la plus judicieuse qu’il pouvait prendre. « Et je ne me voyais pas trop lui demander de dormir chez elle... c'aurait été étrange, non ? On ne se connait pas ? » Après quelques minutes à évoquer des points peu agréables, Mokare avait brisé le moment par une question qui avait forcé Lewis à rire.  « Malgré ta bonne volonté t’as pas réussi à échapper à une situation étrange. »  Il avait haussé les épaules, lui offrant une mine désolée. « Mais pourquoi tes parents t’ont jamais rien dit ? » L’histoire l’intriguait mais en quelques secondes il avait réalisé son manque de tact. « Excuse moi, ça me regarde pas. Et au fait, je suis désolé, pour ta mère. » La surprise de ce matin se transformait peu à peu en bonne action et Lewis espérait grandement que cela agisse sur un karma qui n’était pas exactement au beau fixe ces temps-ci. « J'ai déjà un peu tâté le terrain pour voir si je pouvais donner des cours de danse, ça m'a l'air possible. Sinon... je comptais trouver une fois arrivé, pour être honnête. » Le regard que lui avait lancé Mokare était empli de doutes : il devait se demander s’il pourrait rester même après cet aveu, et surtout réaliser que Lewis n’avait peut-être pas mesuré la complexité de sa situation. « De manière générale, je reste rarement sans travailler plus de deux jours quand j'arrive dans une nouvelle ville. Et puis, tu sais, j'ai aussi quelques économies... » Passant une main sur son visage, l’informaticien se sentait maintenant horriblement gêné, mais ravi que le café commence à lui éclaircir un peu l’esprit. « T’en fais pas, je commence à peu près à comprendre ton histoire. » Quelque chose entre le bazar et le chaos. « On verra ça plus tard, on va d’abord essayer de te trouver un job  et après un appartement. On a du boulot ! » avait-il lancé, s’autorisant une note d’humour alors qu’il était maintenant un peu plus à l’aise et qu’il avait presque terminé sa dose de café. « Je te laisse t’installer ? Et puis, t’auras qu’à faire comme chez toi après … Y a rien de réellement confidentiel ici, sauf mon ordi, mais vu ta tête quand je t’ai parlé de mon boulot, je pense que ça risque rien. » Posant ses deux mains jointes sur le sommet de son crâne, Lewis s’apprêtait à démarrer l’aventure avec un peu plus de sérénité.

like a hobo from a broken home

@Lewis Siede  début juillet 2024 - west end, logements
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768 mots
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Se confier à Lewis n'est pas difficile, c'est même avec une facilité assez déconcertante que Mokare se confie à lui, à propos de sa vie personnelle, de sa sœur jumelle retrouvée, à qui il n'aurait jamais osé demander de squatter son appartement. Si Catarina a exprimé le souhait d'apprendre à le connaître, elle ne s'est pas manifestée sur une quelconque envie de le voir débarquer chez elle, alors qu'au fond, il ne se connaisse pas. Ce sont de parfaits inconnus, avec ce sentiment de s'être toujours manqué. « Malgré ta bonne volonté t’as pas réussi à échapper à une situation étrange. Mais pourquoi tes parents t’ont jamais rien dit ? » Un haussement d'épaules traduit une réponse qui lui est pour lui-même inconnue. Pourquoi n'ont-ils jamais rien dit, même des années après, alors qu'il était en âge de choisir seul s'il avait envie ou non d'essayer de la retrouver ? Pourquoi ce choix égoïste, en le laissant dans l'indifférence de la présence d'une sœur ; d'une sœur jumelle, même. Il est bien connu que le lien qui unit deux jumeaux est indescriptible, et ils lui ont gâché cette chance de le connaître, malheureusement. « Excuse moi, ça me regarde pas. Et au fait, je suis désolé, pour ta mère. » En réalité, il était prêt à lui répondre, mais il ne va pas forcer Lewis à l'écouter sur le sujet non plus, alors Mokare lui adresse un sourire, en hochant la tête. « Merci, c'est plus facile aujourd'hui. » Au fil des jours, Mokare commence de plus en plus à se faire à son absence ; à l'impossibilité de lui envoyer un message, ou de l'appeler pour entendre sa voix. C'est comme ça, il ne peut rien y faire, à part accepter et faire son deuil. Grâce au temps, la tristesse va s'atténuer. Elle ne disparaitra pas, juste que ça fera moins mal lorsqu'il en parlera. Mokare se justifie ensuite sur sa capacité à trouver du travail, pour aider Lewis à payer les factures ou les courses s'il le faut. En vérité, il n'a aucun doute sur le fait qu'il va trouver des petits boulots, par-ci par-là, et qu'il sera en mesure de soutenir financièrement l'informaticien. Il ne ment pas lorsqu'il arrive qu'il sait toujours rebondir dans chaque nouvel endroit où il débarque, Mokare ne voit pas pourquoi ce serait différent à Brisbane. « T’en fais pas, je commence à peu près à comprendre ton histoire. On verra ça plus tard, on va d’abord essayer de te trouver un job et après un appartement. On a du boulot ! » Se sentir soutenu par un inconnu, ça fait plaisir, et Mokare a le sentiment d'avoir eu une merveilleuse idée en insistant auprès de lui pour qu'il l'héberge, après l'avoir confondu avec la colocation prévue. Ce culot va lui apporter de bonnes choses, il en est persuadé. « Je te laisse t’installer ? Et puis, t’auras qu’à faire comme chez toi après … Y a rien de réellement confidentiel ici, sauf mon ordi, mais vu ta tête quand je t’ai parlé de mon boulot, je pense que ça risque rien. » Sa dernière remarque le fit doucement rire ; il ne peut pas lui donner plus raison que ça, Lewis l'a parfaitement cerné sur ce point-là. « La technologie et moi, ça fait dix milles. » Confirme-t-il, avec une moue à la fois désemparée et amusée. Des fois, il espèrerait être capable de savoir faire plus avec un téléphone ou un ordinateur, mais il perd rapidement patience devant ces outils-là. « Tu ne risques pas de me voir devant ton ordinateur, je connais déjà à peine toutes les fonctionnalités de mon téléphone, pour te dire. » Pour un informaticien, entendre ce genre de choses devait paraître absurde... surtout qu'il n'était pas non plus très vieux, Mokare. De part la pauvreté de ses parents, et leur éducation, il n'avait pour autant pas grandi avec les nouvelles avancées de ce type-là. « Je vais aller poser mes affaires dans ta chambre d'ami, alors. Encore merci. » Il joint ses mains, en un mouvement un peu intimidé, puisqu'il s'apprête quand même à occuper définitivement ces lieux encore inconnus. Mokare ne sait d'ailleurs pas où se trouve la chambre, alors il demande, tout en se levant et récupérant son sac à dos, ainsi que la housse de sa guitare : « Juste, c'est quelle porte ? » Question bête, lorsqu'elle sort de sa bouche, mais en réalité, il n'a pas envie de faire une première boulette en pénétrant dans la chambre de cet homme qui fait preuve d'une énorme hospitalité à son égard.