≈ ≈ ≈
{jealousy, jealousy}
crédit/(blakesgifs) ✰ w/ @Maeve Wang

L'information vient de plus haut. Ce n'est pas comme si tu étais allé la chercher et honnêtement, est-ce qu'on peut te blâmer ? Cela fait bientôt quatre ans que tu n'as pas parlé à ta mère et que tu ne l'as même pas vue de visu... et ce mur qu'elle a érigé entre vous deux commence très sincèrement à t'énerver. Plus que t'énerver, ça t'attriste un peu. Elle n'a qu'un seul gamin, elle n'est pas censée... te pardonner ? Éprouver quelque chose parce qu'elle ne te voit plus, parce qu'elle ne sait pas ce qui se passe dans ta vie ? Ou se sentir un minimum coupable ? C'est ta mère la plus adulte de vous deux, elle qui a décidé d'avoir un môme, ça implique assumer toutes ses responsabilités, non ? Tu ne sais même pas pourquoi tu penses en hypothèses, pourquoi aujourd'hui et pas un autre jour. Cela ne fait pas de sens, peut-être que c'est les heures supplémentaires que tu fais depuis quelques temps à l'Electric Playground qui te montent enfin à la tête. Peu importe, tu sais que tu tires une tête d'enterrement alors que tu commandes ton café, tu ne dis pas bonjour ni merci et tu payes avec les quelques dollars qui trainent dans la poche de ton jean. C'est comme ça que tu t'es pointé devant ton ancien chez toi, café brûlant dans une main, la colère et la déception au fond de l'estomac. Même les traits d'eye-liners que tu as fait avant de partir sont ratés, si Cleo te voyait, elle te jugerait très fort. Peu importe. Tu as tapé à la porte, seulement pour être accueilli par Kim, l'assistante de ta mère. "Oh Milan, tu fais quoi là? Tu ne peux pas être ici!" Kim est plus faible que ta génitrice et en quelques mots de conversation, tu as réussi à lui tirer des informations, comme à chaque fois.
Est-ce parce qu'elle te croise depuis que tu es un môme ? Parce que tu lui fais pitié ? A chaque fois tu te dis que oui, c'est la même rengaine, et elle t'explique pourquoi elle est là, ce qu'elle va faire. Tout ça, ça te conduit à West End. Parce qu'apparemment ta mère a craqué sur un artiste, une artiste, elle veut plusieurs peintures de cette dernière. Oh, quelqu'un d'autre a attiré son attention, hein ? Dans ce cas là, quand tu pousses la porte, tu es un gamin rebelle et mal élevé. Tu le sais, tu sais que t'as une mauvaise mine, avec tes cernes à peine cachée sous une couche de maquillage, ta chemise blanche pas du tout repassée et tes boucles brunes pas du tout domptées. En temps normal? L'atmosphère t'aurait plu, tu te serais penché sur les compositions, sur les couleurs, tu n'es pas un artiste, non, malheureusement, mais tu sais apprécier le talent des autres. Plus que tout, tu sais le reconnaitre, on t'a appris à le faire et tu connais même quelques termes techniques, mais impossible d'y penser maintenant. Tu n'es pas toi-même, énervé, irrité, envieux et jaloux."Alors." Il n'y a qu'une seule personne dans le studio, ce qui veut dire que c'est forcément elle la propriétaire. Forcément elle qui a capté le regard de ta génitrice. Quelle chance, elle ne le sait même pas, ça, tu en es persuadé. "C'est toi l'enfant prodige ? Le génie ?" Est-ce cela le terme politiquement correct ? Tu t'en fiches, tu fais un geste de la main pour désigner son studio.
"Je ne le vois pas." Tu as un soupir. "Du tout." Un mensonge ? Sûrement, il faudrait que tu puisses ouvrir les yeux pour voir à quel point tu as tort cependant.

Seul le bruissement des poils du pinceau qui glissent sur la toile trouble la quiétude des lieux, une sérénité qu’elle pense acquise, Maeve, sans l’ombre d’une quelconque menace pour venir interrompre la solitude confortable qu’elle obtient uniquement dans son atelier. Puisque cette solitude est sa meilleure alliée, une amie muette qui est grandement précieuse pour celle qui redoute tant le monde extérieur, elle qui trouve la vie parfois trop épaisse et qui n’a pas la force nécessaire pour en repousser les frontières. Assise sur un tabouret devant son tableau, elle tient une palette recouverte de traces de pigments colorés en penchant légèrement son menton sur le côté, délayant sa peinture sans même réfléchir à ce qu’elle fait, puisque sa manière de peindre ressemble à une chorégraphie aussi lente qu’instinctive. Sur sa toile en reliefs — qui permet aux malvoyants de s’adonner à cette pratique artistique, elle commence par gratter la surface avec un crayon, caressant la fibre de lin en revenant sur ses traits, hésitant, gommant, retraçant, érigeant de grandes lignes avant de les rapprocher puis de les séparer, faisant glisser ses doigts sur les contours de son dessin pour se le figurer mentalement jusqu’à ce qu’ils conviennent à sa volonté. Mais quand, enfin, elle achève le croquis qui fait poindre le début d’un sourire satisfait sur ses lèvres, le grincement de la porte qui s’ouvre à la volée lui indique qu’on bafoue honteusement le sanctuaire qu’est son refuge. Sursautant en retenant sa respiration au fond de sa gorge, elle descend de son tabouret avec urgence en abandonnant précipitamment sa palette de couleurs sur le premier meuble d’appoint qu’elle rencontre, gardant uniquement son pinceau dans sa main comme s’il s’agissait d’une arme avec laquelle elle pourrait se défendre. ’’Qu’est-ce que…’’ vous voulez, qu’elle demande d’une voix fébrile et peu assurée, complètement désarçonnée par la présence de l’intrus qui, elle le repère aisément grâce aux bruits de ses pas et du froissement de ses vêtements à chacun de ses gestes, se tient non loin d’elle. "Alors." elle crispe ses sourcils en sentant que ses jambes commencent à flageller sous sa longue jupe en jean fendue sur le côté, ce qui l’oblige à effectuer un mouvement de recul sans quitter son pinceau, dont la peinture dégouline sur le manche ainsi que sur ses doigts pressés autour du bois lisse. "C'est toi l'enfant prodige ? Le génie ?’’ ne comprenant pas réellement ce qu’il lui raconte, elle secoue son menton de gauche à droite dans de toutes petites mais rapides oscillations, ses sourcils se fronçant davantage lorsqu’elle ose répondre, d’un ton chevrotant ’’N-Non…’’ aidée par sa voix, la brune le localise plus ou moins dans son environnement et, portant son menton en sa direction, elle ne le regarde pas vraiment, bien que ses yeux essayent de forcer pour détecter cette menace qui glace jusqu’à l’essence même de ses os ; il est rentré telle une furie dans son atelier et elle est seule, Maeve, seule, sans possibilité de le voir et sans possibilité de se défendre s’il l’attaque. "Je ne le vois pas. Du tout." rentrant ses épaules vers l’intérieur sous l’affront d’humiliation qui lui est fait, elle garde les lèvres espacées de quelques degrés en sentant son coeur subir un véritablement tremblement de peur, étant secouée par de discrets spasmes qui lui donnent une fausse impression de vertige pendant quelques secondes. Avoir vécu avec un compagnon violent lui a appris à craindre les coups, mais aussi à apprivoiser ces hommes qui sont comme des bêtes sauvages dont la colère est tempêtueuse : il ne faut pas le confronter, et surtout pas risquer d’aggraver l’objet de sa contrariété, aussi, elle passe la pointe de sa langue sur le coeur de ses lèvres en essayant de se calmer, même si la situation lui impose un stress qu’elle croyait avoir oublié. ’’Je suis désolée…’’ qu’elle souffle d’une tvoix blanche en reposant très calmement son pinceau sur le côté, l’une de ses mains hasardant sur le meuble à la recherche d’un torchon pour essuyer ses doigts couverts de peinture, tandis qu’elle tente de déglutir. ’’Je peux vous aider, peut-être ?’’ ses peintures ne lui plaisent pas, visiblement, soit, ce n’est pas la fin du monde ; est-ce que cela nécessite une telle violence et une telle attitude ? ’’Nous avions rendez-vous ? Je… On peut discuter de votre commande, si vous voulez…’’

crédits/blakesgifs & opheliagifs

≈ ≈ ≈
{jealousy, jealousy}
crédit/(blakesgifs) ✰ w/ @Maeve Wang

Le souci avec la colère ? C'est que tu n'es pas forcément familier avec cette dernière non plus. Non, ce n'est pas une émotion qui te va, tu le sais ça, tu n'en as jamais douté. Cela va-et-vient et tu es aussi sérieux qu'un rayon de soleil qui disparait dès que les nuages gris arrivent. Donc pas sérieux du tout. Non vraiment, elle n'a pas à s'inquiéter, que te murmure une petite voix dans ta tête alors qu'elle secoue la tête de droite à gauche. Enfin, tu supposes que ce n'est pas écrit sur ton visage et que tu arrives avec toute la subtilité que tu possèdes, c'est-a-dire aucune. Oh Milan, Milan, Milan, tu peux presque entendre ta mère. Presque, et c'est bien ça le problème."Hmm ?" Elle le nie, oui, qu'elle est un génie, et tu ne sais pas si tu dois croire à l'acte de l'artiste humble, t'énerver encore plus ou juste laisse tomber. Avec la chance que tu as ces derniers temps, il ne peux absolument rien se passer de positif. Rien du tout, tu devrais rebrousser chemin, et te contenter de miettes, comme tu le fais à chaque fois. Ouais, sauf que cette fois-ci, la pilule est un peu trop difficile à avaler, cette fois-ci, tu ne veux pas juste passer à autre chose.
Tu as le droit d'être un minimum frustré par toute cette situation et ta mère qui a fait de toi un véritable paria, non ? Elle te demande si tu peux l'aider et tu as envie de rire, parce qu'elle est polie par défaut, parce que tu peux entendre et comprendre que c'est toi le problème, tu le sais, ça ne fait aucun doute dans ton esprit. La jalousie... ce n'est pas une chose rationnelle, c'est la première fois que ça t'arrive vraiment, la toute première fois, alors tu es un gamin complètement perdu, qui ne sait pas quoi faire de cette émotion-là.
"Non, on n'a pas rendez-vous, du tout, tous tes clients débarquent à l'improviste pour te gueuler dessus ou comment ça se passe ?" Tu fronces les sourcils, le vrai Milan est là, juste là, à la surface, prêt à lui demander ce qui ne va pas chez elle, et prendre les mauvais clients si tout le monde la traire comme ça. Personne ne devrait lui parler comme ça. Tu te forces à prendre une profonde inspiration (respire gamin, putain respire, que te murmure une petite voix dans ta tête) avant que tu ne trouves les mots. Il faut que tu expliques la raison de ta venue, comme une personne normale. Comme un adulte avec la tête bien vissée sur les épaules, et pas une personne à deux doigts de perdre le contrôle. Allez, tu peux le faire."C'est ma mère qui a passé commande, plusieurs. Ouais, plusieurs de tes tableaux de ce qu'on m'a dit." Kim ne te mentirait pas, non, elle n'a aucune raison de le faire, elle est clémente mine de rien l'assistante de ta mère, tu peux tout de même lui accorder cela. Clémente et super sympa, de te supporter malgré les années et même si ta mère changerait très certainement d'assistante si elle savait la vérité. Mais, fort heureusement, elle ne connait pas la vérité, alors cela te sauve dans un sens.
"Miss Davies, et je suis sûr et certain qu'elle t'a déjà payé..." Bien sûr que oui, ta mère est une bonne femme d'affaires, une bonne collectionneuse, elle a toujours l'œil pour se genre de choses. Et elle est prête à payer le prix fort pour avoir ce qu'elle veut, ça, tu le sais mieux que personne."N'est-ce pas ?"

"Non, on n'a pas rendez-vous, du tout, tous tes clients débarquent à l'improviste pour te gueuler dessus ou comment ça se passe ?" c’est bien évidemment un « non » qui veut éclore sur les lèvres de celle qui est terrorisée, mais la fleuraison n’a pas lieu car le ciel est obscurci sous le ton employé par son interlocuteur, dont elle a du mal à identifier la cible ; est-il en colère contre sa personne, ou après les possibles clients qui débarquent dans les mêmes conditions que lui ? S’il veut l’exclusivité de l’impolitesse, il peut en être couronné sans discorde. ’’Non. Vous êtes le premier.’’ elle le dit calmement, sans que son timbre ne laisse soupçonner le moindre reproche muet, tâchant surtout de réguler les battements de son coeur, étant sous le coup d’une vigilance qui lui fait crisper ses épaules tandis que dans une arrière-salle de son cerveau, elle entrevoit tous les scénarios possibles et inimaginables mais, en réalité, il lui est difficile de trouver une porte de sortie, puisqu’elle ne comprend pas ce qui motive cette entrée tonitruante. "C'est ma mère qui a passé commande, plusieurs. Ouais, plusieurs de tes tableaux de ce qu'on m'a dit." sous la surprise, elle hausse ses sourcils en inclinant son menton sur le côté, déjà rassurée de savoir que l’individu n’est pas un opportuniste qui aurait profité d’une porte mal fermée pour s’inviter dans l’atelier, armé des plus perfides intentions. Non pas que Milan apparaisse comme un enfant de choeur, loin de là, mais ce lien avec une cliente remet radicalement les choses en perspective ; la retombée de son angoisse est si soudaine qu’elle pousse un long soupir discret en baissant ses épaules de quelques degrés pendant qu’elle contourne son chevalet pour se rapprocher de l’inconnu, d’une avancée timide et hésitante. "Miss Davies, et je suis sûr et certain qu'elle t'a déjà payé...N'est-ce pas ?" - ’’En effet,’’ elle le confirme en rehaussant la commissure de ses lèvres avec un sourire chaleureux, même si elle sent que son interlocuteur est toujours tendu ; pour quelles raisons ? Elles lui échappent totalement mais Maeve soupçonne l’impatience de sa cliente, alors Maeve s’empresse d’avancer un : ’’Nous avions convenu d’un délai… Ce dernier a-t-il changé ? Je commence à peine le tableau qu’elle m’a demandé mais les autres sont déjà emballés et prêts à la rejoindre, si jamais.’’ elle ne lui tient visiblement pas rigueur de la belle frayeur qu’il lui a causé, puisqu’elle accentue les contours de son sourire en s’avançant encore d’un pas, croyant naïvement que la mère du jeune homme souhaite acquérir les peintures plus tôt que prévu ; qu’on se le dise, les caprices des clients sont monnaie courante, et Maeve ne s’en offusque point. ’’Mais pas la peine de crier, pour info. Je ne vois pas mais j’entends très bien.’’ là encore, la formule ne se veut pas réprobatrice et n’entache guère le sourire qu’elle porte, et elle s’emploie même à reprendre sa canne dans sa paume pour mieux se diriger à travers la pièce, la traversant alors jusqu’à parvenir à sa hauteur afin de lui tendre sa main restée libre. ’’Je m’appelle Maeve, enchantée…’’ il ne semble pas être d’humeur pour les courtoisies mais, si elle montre patte blanche, peut-être qu’il rangera les griffes ?

crédits/blakesgifs & opheliagifs