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 @Evan Campbell & Savannah Williams 

La maison est particulièrement calme en ce vendredi soir. Le départ de Mathis pour la semaine de garde chez son père a souvent cet effet là, et c'est une ambiance, qui, bien que reposante, n'est pas si appréciable à mes yeux. Le calme peut parfois être inquiétant, c'est probablement pour cette raison que le son de la télévision occulte ce silence en bruit de fond, alors qu'elle est loin de recueillir mon attention. Pour autant, les occupations sont multiples, notamment pour les tâches quotidiennes que je néglige davantage la semaine lorsque mon petit bonhomme est dans les parages. Il doit être un peu plus de 19h lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit, et dans un vieux réflexe, je viens poser le panier à linge afin de découvrir le message en question. Et c'est ce cher Evan, que j'ai quitté quelques heures plus tôt, qui me rappelle notre marché de l'autre jour, et qui m'indique qu'il m'attendra à 9h sur le cours de tennis près de chez lui. Si le message parvient à étirer mes traits et nourrir une certaine satisfaction à la femme joueuse que je suis -et je ne parle pas là de partie de tennis-, j'ai cette petite voix de la raison qui tente de me ramener à la raison par ce danger auquel je m'expose volontairement. Est-ce si déraisonnable que de vouloir partager un moment hors des bureaux avec mon patron? Sans aucun doute. Mais je suis probablement bien trop impliquée pour avoir un avis objectif et le recul nécessaire pour l'accepter. Nous avions vécu tous deux des mois bien compliqués, des situations bien difficiles à gérer, bien différentes l'une de l'autre, mais liées par un seul et même événement. La découverte de ce projet interdit. Un événement qui aura probablement permis de prendre du recul sur cette relation complexe que nous partageons depuis nos retrouvailles sur le territoire australien, et d'amoindrir certains de ses agissements passés. Occuper la place de Evan durant plus d'un an m'aura donné l'occasion de prendre conscience du travail que cela demande de gérer cette société, et de comprendre qu'il puisse être si attaché à l'image qu'il renvoie, et qui est indispensable pour sa réussite professionnelle. Une place pas si évidente malgré le pouvoir et l'argent qu'elle procure. Une admiration que j'éprouvais déjà auparavant, mais qui s'est vue s'accroître par la force et le courage dont il fait preuve au quotidien. Est-ce cette raison qui me pousse finalement à faire preuve d'indulgence et à baisser ma garde, ou encore ma séparation d'avec Cade, qui d'une certaine façon, ne me lie plus à aucune obligation que de devoir me tenir à distance de celui qu'il semblait craindre? Je relève le visage, hésitante, et prends une brève inspiration pour m'armer de courage et d'un semblant de confiance en confirmant ma présence pour le lendemain, non sans une légère touche d'humour.

Le chant des oiseaux s'élève dans ce silence royal, alors que je constate en m'approchant que je suis la première arrivée sur le terrain. N'a t-il pas osé me faire faux bon pour oser me balancer par la suite un prétexte tout aussi étrange que cette rencontre? Sa voix, reconnaissable d'entre toutes, se hisse derrière moi , et me surprend alors qu'un sourire soulagé s'invite sur mes traits. « C'est presque indécent de m'faire venir si tôt un week-end» commençais-je, ayant ce besoin naturel d'instaurer un climat décontracté pour éviter de confronter la situation tel qu'elle est, autrement dit, moi qui accepte de partager un moment loin des bureaux avec mon patron qui se trouve être aussi mon ex. C'est inconscient.Pour autant, nous avons su montrer à plusieurs reprises notre capacité à échanger sans que cela ne prenne des tournures alarmantes, et on pourrait très bien associer cette rencontre à une sorte de sortie d'équipe organisée par le chef afin de resserrer les liens, faisant abstraction que je suis la seule conviée à ce moment de détente. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de le détailler, troublée de le voir en tenue de sport, qui reste pourtant indispensable dans ce contexte. «J'avais presque oublié cette vision de toi sans ton costume» Et au vu de ce petit sourire faussement moqueur, je parviens pourtant à apprécier ce changement. «Ca te va pourtant bien les baskets» J'en rajoutais peut-être un peu, mais je ne pouvais que reconnaître qu'il était séduisant en toute circonstance, pourtant, le voir lâcher du lest sur son apparence en adoptant un look plus décontracté lui était tout aussi bénéfique. «Tu m'excuseras pour ma part, je n'ai pas eu la chance de recevoir la tenue sponsorisée par les établissements Campbell. Étrange d'ailleurs» Une ironie qui rappelle pourtant les quelques fois où j'ai eu la chance d'être vêtue par de grands créateurs grâce aux petites attentions qu'il avait eu à mon égard pour des évènements auxquels je devais me rendre dans le cadre du travail. Aujourd'hui, cela ne m'a cependant pas empêché de m'amener ici avec une robe blanche prévue pour ce sport, et qui laisse entrevoir une bonne partie de mes jambes. «Ron n'a pas daigné venir pour compter les points?» Ron. L'un des conseillers financiers avec lequel Evan semblait apprécier échanger, et qui aurait probablement enlevé tout contexte tendancieux que cette rencontre représente, bien malgré elle. «J'me dois d'être honnête, je n'ai pas joué depuis si longtemps que je suis probablement rouillée.»

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And I wanna sing a song, that'd be just ours, but I sang 'em all to another heart. And I wanna cry, I wanna fall in love, but all my tears have been used up. And I wanna kiss you, make you feel alright, I'm just so tired to share my nights. I wanna cry and I wanna love, but all my tears have been used up

À peine de retour à Brisbane, Evan s’apprêtait à faire revivre ses vieux démons, ses désirs et ses jeux bien trop dangereux. En effet, cela ne faisait même pas une semaine qu’il était revenu qu’il planifiait déjà une sortie avec son assistante. Un simple match de tennis en théorie mais tous deux savaient qu’il s’agissait de bien plus que cela. Par expérience, il était conscient que cela pouvait aussi bien mener à un désastre qu’à un moment des plus fantastiques, voire les deux à la fois. Aussi innocente soit-elle en apparence, cette invitation allait probablement apporter de nombreuses réponses au dirigeant de la société Campbell. Mais fallait-il encore qu’elle vienne réellement. Il ne tarda pas à s’en assurer en envoyant un message à la blonde afin de lui confirmer qu’il l’attendrait sur le cours à 9h. Il était satisfait de ses retrouvailles avec Savannah et même si son vécu et son expérience ne lui permettaient pas de se faire de fausses illusions, il ne pouvait nier qu’un léger espoir le tenait encore ainsi.. Attiré et prêt à tout pour cette fille. Il ne s’agissait plus de gagner une simple bataille mais de remporter une guerre. Que pouvait offrir Evan à cette femme ? Au-delà du matériel et du confort, il savait qu’elle avait besoin de bien plus que cela. De sensations fortes tout en lui offrant tout ce qu’il y avait de plus simple ? Un confident ? Un meilleur ami ? Une personne sur laquelle elle pouvait compter en permanence ? Un protecteur ? Un aventurier ? Evan était en mesure d’être tout cela à la fois mais parfois seulement temporairement.. Il savait qui il était et qu’il ne serait jamais l’homme parfait, ni même un mari exemplaire. Il n’était pas destiné à cette vie là et Savannah non plus. La vie traditionnelle et tranquille des bonnes familles étaient bien trop ennuyeuses pour eux. Ils avaient besoin de ressentir, de se sentir vivants en permanence. Tout au moins, Evan le ressentait ainsi et aimait croire, peut-être à tort, que Savannah ressentait la même chose. Il s’était souvent interrogé sur ce sentiment : était-ce un manque de maturité ou une simple différence ? Devait-il changer pour être avec, ce qu’il pense être, l’amour de sa vie ? Ou bien suivre ses émotions et entraîner les autres dans ses dérives ? Aussi torturé pouvait-il être par instants, cela ne l’empêchait finalement pas de repartir à la conquête de Savannah, et cette partie de tennis était le premier chapitre d’un long combat à venir.

Après avoir enfilé une tenue de sport assez typique des tennismans, t-shirt blanc, short blanc, et baskets noires, il sortait de chez lui pour arriver, quelques instants après au niveau du cours de tennis où se trouvait déjà son adversaire du jour. Elle était magnifique dans cette robe blanche, parfaitement adaptée à la situation. Il ne pouvait s’empêcher de la regarder, contemplant notamment ses jambes et surtout l’ensemble de ce look de tenniswoman qui lui allait à merveille. Il se rapprochait finalement de la blonde « Quelle joie d’avoir une assistante aussi ponctuelle et investie. » Il souriait alors, imaginant déjà un air faussement blasé de la blonde. « C'est presque indécent de m'faire venir si tôt un week-end» Et ça l’était.. Et ce qui était encore plus indécent était de l’inviter uniquement elle et nulle autre personne. «J'avais presque oublié cette vision de toi sans ton costume. Ca te va pourtant bien les baskets» Il était vrai qu’elle avait rarement eu l’occasion de le voir dans une telle tenue car mêmes les sorties hors travail, à une certaine époque, avait fait plus souvent l’objet de soirées assez élégantes. Elle poursuivit. «Tu m'excuseras pour ma part, je n'ai pas eu la chance de recevoir la tenue sponsorisée par les établissements Campbell. Étrange d'ailleurs» Et quelle erreur ! En la regardant ainsi de plus près, sans même chercher à dissimuler son plaisir, Evan constatait qu’elle aurait mérité une tenue spécifiquement conçue pour elle. « C’est une erreur que je compte bien réparer la prochaine fois. Ça te va tellement bien ce style sportif que j’en ai presque l’impression que je pourrais perdre face à toi. » Il riait à nouveau, assez légèrement, tout en essayant de la provoquer quelque peu. Evan avait pratiqué ce sport durant très longtemps et même s’il voulait être gentleman, il ne comptait pas la laisser gagner. «Ron n'a pas daigné venir pour compter les points?» Evan se mit à grimacer face à cette remarque qui en disait long sur son envie de voir Ron aujourd’hui. « Aujourd’hui, c’est un séminaire un peu spécial. Disons.. individuel. Voyons ça comme un entretien annuel. Si tu te débrouilles bien, t’auras peut-être même le droit à une augmentation. » Alors qu’il répondait à Savannah, Evan commençait à s’échauffer tranquillement puis lui donnait une raquette qu’il avait achetée spécialement lors de l’Open d’Australie il y a maintenant 3 ans. «J'me dois d'être honnête, je n'ai pas joué depuis si longtemps que je suis probablement rouillée.» Cette remarque l’amusait. En ce sens, Evan était différent et faisait toujours en sorte d’afficher une confiance totale, même lorsqu’il n’était pas sur son environnement de prédilection. C’est ainsi même qu’il bluffait parfois en face de ses clients, et ce qui l’avait amené à obtenir de nombreux contrats. « Sois rassurée et fais appel à la mémoire du corps. Bluffe. Utilise tes atouts, quels qu’ils soient, et ne t’avoue pas vaincue, même si tu perds un point. Puis deux, puis trois. » Bien que prenant un ton légèrement sérieux, Evan demeurait détendu et poursuivit. « Toi et moi savons que tu ne peux pas me battre mais cela ne signifie pas que tu dois me rendre la tâche facile. » Il fronçait alors les sourcils pour provoquer un peu plus son assistante. À dire vrai, Evan n’avait pas eu l’occasion de jouer depuis plus d’un an et même si ses entraînements à la salle de sport allaient l’aider d’un point de vue physique, son tennis était probablement un peu rouillé également. « Prends cette balle et montre-moi ce que tu vaux Sav’. » Il lui tendait alors une balle puis s’éloignait en direction d’un côté du terrain pour débuter l’échauffement..

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Certains trouveraient ma présence ici bien trop crédule, révélant une fois encore la naïveté d'une innocence à laquelle il me semble si possible de croire à ses côtés. Nos antécédents devraient pourtant me mettre en garde, être le signal d'alerte sur lequel je me suis toujours arrêté. Je devrais être en mesure de refouler chacune de ses tentatives, chacune de ses approches, si banales puissent-elles paraître, parce qu'il est une sorte de rapace, qui parvient à endormir sa proie avant de l'attaquer par surprise, et que je le sais assez pour en avoir déjà fait l'amère expérience moi aussi. Mais à cet instant, il n'est pas uniquement question de répondre à la demande de mon supérieur, pour lequel je me suis plus ou moins dévouée en reprenant un temps les rênes de sa propre société, il n'est pas question de jouer la parfaite petite employée, mais de m'emparer de cette petite occasion pour retrouver le temps de quelques heures, la simplicité de nos échanges. Mon quotidien est loin d'être évident, j'ai l'impression d'affronter des problématiques de façon successives, et ce besoin de souffler, j'ai besoin de le retrouver auprès des personnes qui ont comptées pour moi et qui me rappelleront peut-être qui je suis vraiment, puisque cette sensation de me perdre en chemin semble plus présente que jamais. Qu'importe le mal que nous avons pu nous infliger, nous avons su nous prouver que cette relation déchue avait une base suffisamment solide pour conserver ce lien particulier. Cela fait-il de nous des amis en devenir? Je n'en ai pas la moindre idée, et cet aspect est loin d'être primordial pour le moment. Si Evan a su se montrer fourbe et diantrement manipulateur depuis nos retrouvailles, il n'en reste pas moins cet homme capable de me faire sourire en évoquant l'une de ses nombreuses anecdotes, cet homme qui parvient à se défaire du sérieux qu'entraîne son statut professionnel pour savourer la légèreté et simplicité d'un moment qui s'offre à lui, celui qui parvient à apporter une distraction à lui tout seul et me faire oublier combien la vie peut être complexe et lassante.

« Quelle joie d’avoir une assistante aussi ponctuelle et investie. » Mon regard se relève pour croiser le sien, avec une pointe d'amusement que je ne peux réfuter. Il faut dire que cette réplique, si véridique soit-elle, soulève un professionnalisme hors pair, preuve en est avec cette jolie tenue que j'arbore fièrement sous les premiers rayons du soleil. «Tu devrais en profiter, ça doit pas arriver souvent pour les hommes de ton rang» Un sourire mi-provocateur flirte avec mes lèvres, lui rappelant un contexte presque inédit pour des personnes comme nous. Inutile de confirmer cette hypothèse en mentionnant cette liaison qui nous a lié il fut un temps, je suis persuadée que l'idée est venue se planter dans son esprit sans le vouloir à lui aussi. Je dois cependant reconnaître qu'il sait se montrer particulièrement généreux en compliment lorsqu'il me concerne, ce qui est loin de me déplaire, bien que cela puisse provoquer la jalousie de bons nombres de mes collègues qui souhaite recueillir son attention par des actions similaires aux miennes. «J'avais presque oublié cette vision de toi sans ton costume. Ca te va pourtant bien les baskets» Je l'observe minutieusement, forcée de reconnaître que le jeune homme d'affaires dégage une classe à toute épreuve, même en portant une simple paire de baskets. Son charisme ne s'arrête donc pas à ses multiples chemises, ça en devient presque rageant de le trouver tout aussi séduisant dans cette tenue de sport. Cette apparence décontractée me rappelle cependant des moments que nous avions pu passé en dehors des bureaux, des moments qui mêlaient complicité et démonstration affective au beau milieu de cadres romanesques. «Tu m'excuseras pour ma part, je n'ai pas eu la chance de recevoir la tenue sponsorisée par les établissements Campbell. Étrange d'ailleurs» Un reproche qui n'en est pas un, mais qui exprime à lui seul les petits soins qu'il parvient toujours à m'apporter et qui ne sont probablement pas justifiés à ce stade. Pour autant, je semble être parvenue à opter pour une tenue à la hauteur de ses espérances à en juger par le plaisir lisible sur ses traits. « C’est une erreur que je compte bien réparer la prochaine fois. Ça te va tellement bien ce style sportif que j’en ai presque l’impression que je pourrais perdre face à toi. » Un rire s'échappe de mes lèvres en détournant un bref instant le regard. «Méfie-toi, j's'rai capable de vouloir en profiter» répondis-je, toute aussi provocante que lui. «Ron n'a pas daigné venir pour compter les points?» Me suis-je attendue un seul instant à ce que nous soyons rejoints par une tierce personne? Pas le moins du monde. Mais par cette question, j'aspire à lui faire prendre conscience du malaise que pourrait engendrer une situation comme celle-ci en temps normal. « Aujourd’hui, c’est un séminaire un peu spécial. Disons.. individuel. Voyons ça comme un entretien annuel. Si tu te débrouilles bien, t’auras peut-être même le droit à une augmentation. » Je souris, attrapant la raquette qu'il me tend, et m'amusant à passer celle-ci d'une main à l'autre. « Si j'avais sû, je me s'rais préparée» Un haussement de sourcils avant d'effectuer quelques étirements et d'avancer le long du filet en rejoignant le milieu du terrain. «J'me dois d'être honnête, je n'ai pas joué depuis si longtemps que je suis probablement rouillée.» Si j'aime me montrer provocante, et joueuse, je ne peux que le prévenir sur la possible issue de cette rencontre, qui ne me sera pas favorable. Bien évidemment qu'il ne m'aurait pas convié à l'affronter à un sport qu'il ne maîtrise pas. « Sois rassurée et fais appel à la mémoire du corps. Bluffe. Utilise tes atouts, quels qu’ils soient, et ne t’avoue pas vaincue, même si tu perds un point. Puis deux, puis trois. » Je l'observe attentivement, bois chacune de ses paroles comme s'il était l'exemple à suivre. « Toi et moi savons que tu ne peux pas me battre mais cela ne signifie pas que tu dois me rendre la tâche facile. » Je lâche un rictus, venant poser une main sur ma hanche. «Évidemment…, Quel serait l'enjeu si ce n'est pouvoir nourrir ton égo?» Un haussement de sourcils pour appuyer mes mots. « Prends cette balle et montre-moi ce que tu vaux Sav’. » J'observe la balle, faussement hésitante, et finit par l'attraper en prenant place sur le court. En proie à une concentration extrême, je me pince les lèvres, et tente un service, qui sera un terrible échec. Le balle ne passe pas le filet, à mon plus grand désarroi. Je n'ose croiser le regard d'Evan, sachant très bien qu'un possible air moqueur de sa part pourrait avoir raison de moi. La deuxième tentative s'avère tout aussi infructueuse, alors que je rage intérieurement, prenant sur moi pour ne pas le laisser paraître, bien que mon impatience se lit à travers ma gestuelle. «C'est à partir de combien de tentatives que l'on peut considérer que j'suis en train de me ridiculiser?» demandais-je en secouant la tête, cherchant à me libérer de toutes ces pensées négatives qui ne me seront d'aucune utilité. Mes chances sont normalement épuisées, et le service doit lui revenir de droit, accompagné d'un joli point,j'en suis pourtant à m'entêter à un troisième tir, qui cette fois parviendra jusqu'à mon adversaire. Un échange de quelques frappes, avant que la balle ne me file entre les doigts, lamentablement. Je l'observe, et cet agacement s'est dilapidé face à ce progrès, si futile et rapide fût-il, preuve en est alors qu'un semblant de sourire cherche à s'immiscer sur mes lèvres. «Je t'interdis de te moquer» Le menaçais-je faussement en le pointant de l'index

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Aussi étonnantes soient elles, ces retrouvailles entre le patron de la société Campbell et son assistante apparaissaient finalement comme assez naturelles aux yeux d’Evan. Bien qu’ils avaient pris leur distance, ils demeuraient liés l’un à l’autre d’une certaine manière et pas seulement pour le travail, même s’il agissait désormais de leur principal intérêt commun. Alors qu’il débarquait sur le lieu de la rencontre, il avait été agréablement surpris par l’investissement de la blonde. «Tu devrais en profiter, ça doit pas arriver souvent pour les hommes de ton rang». Un brin provocatrice, la répartie de Savannah annonçait le ton. Est-ce son côté compétitrice qui la poussait à alimenter les hostilités ? Cela dit, c’était assez vrai. Peu de ses autres collaboratrices lui offriraient un tel spectacle et un tel dévouement. D’ailleurs, concernant la tenue de Savannah, il regrettait presque ne pas lui avoir fait faire une tenue spéciale Campbell, comme elle lui fit remarquer avec humour. Evan ne pouvait s’empêcher de la complimenter. Elle était divine, comme toujours. Il n’y avait pas d’autres termes. Peu importait leur relation, il ne pouvait ni nier son attraction ni annihiler ses pensées les plus malsaines en cet instant.. « C’est une erreur que je compte bien réparer la prochaine fois. Ça te va tellement bien ce style sportif que j’en ai presque l’impression que je pourrais perdre face à toi. » Elle riait alors à sa réflexion. «Méfie-toi, j's'rai capable de vouloir en profiter» Lisait elle dans ses pensées ? Il n’aurait pu rêver mieux. Quant à la provocation suivante, elle n’eut pas le même effet. Il grimaçait plutôt à l’idée de voir Ron débarquer ici.

Savannah confiait ensuite ses craintes quant au fait d’être rouillée, ce qui amusait assez Evan qui tentait alors de la rassurer à sa manière. Un discours sur la mémoire du corps, quelques mots motivants, et une déclaration des plus agréables à écouter. « Toi et moi savons que tu ne peux pas me battre mais cela ne signifie pas que tu dois me rendre la tâche facile. » Une énième provocation entre les deux compères pour qui le match de tennis avait déjà commencé avant même de toucher la première balle.. «Évidemment…, Quel serait l'enjeu si ce n'est pouvoir nourrir ton égo?» Il était vrai que le choix du tennis n’était pas dû au hasard. Evan se mettait rarement en position de faiblesse. Il savait pertinemment ce qu’il faisait. Chaque sortie, chaque activité était habilement planifiée. Il ne s’agissait pas spécialement de flatter son égo mais il s’agissait surtout d’une image à conserver. Celui d’un compétiteur et d’un vainqueur, ce qui avait fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Peu aujourd’hui était aujourd’hui en mesure de le déstabiliser. Savannah peut-être.. Mais profiterait-elle vraiment de cette occasion pour le faire ? Ce jeu serait bien trop dangereux. En guise de réponse, il se contentait de lancer la partie. « Prends cette balle et montre-moi ce que tu vaux Sav’. » Savannah ne se fit pas prier et se dirigea vers sa partie du court afin de commencer leur affrontement. Bien qu’ayant de bonnes intentions, avec des mouvements plutôt cohérents, les premiers essais de la jolie blonde furent un échec. Evan restait neutre, affichant un visage imperturbable face aux premières tentatives de son assistante qui semblait alors déjà désespérée. «C'est à partir de combien de tentatives que l'on peut considérer que j'suis en train de me ridiculiser?» Un léger sourire se dessinait sur les lèvres d’Evan qui n’avait aucunement l'intention, pour le moment, de se moquer de Savannah. Après tout, Seuls ceux qui ne tentent pas n’échouent jamais. Après un premier échange, Evan prit plaisir à mettre un premier point tout en analysant les moindres gestes de son adversaire qui le menaçait presque. «Je t'interdis de te moquer» Ce fut la phrase de trop pour Evan qui ne put alors s’empêcher d’éclater de rire. L’interdiction était un moteur de vie. Braver les interdits était ce qui pouvait rendre la vie plus excitante.. Avec modération, toujours. « Et moi qui comptais organiser un tournoi de tennis au prochaine séminaire.. » Il saisissait une balle avant de procéder à son tour au service. « Finalement, je crois que je vais plutôt organiser un concours de t-shirts mouillés. T’auras plus de chance de gagner. » L’image en tête ne lui déplaisait pas. Evidemment, il serait indécent d’organiser une telle activité avec ses collaborateurs. Après s’être gentiment moqué de Savannah, avec tout l’amour qu’il lui porte, il servait à son tour. Il n’y était pas allé fort et firent quelques échanges avant que la balle se perde une nouvelle fois. Il avait surtout pris le temps d’observer les lacunes de la blonde. Il déposait alors sa raquette sur le sol et courait droit vers Savannah en passant par-dessus le filet. « Les coups, c’est de la pratique et ça, ça ne peut venir qu’avec le temps. En revanche, je vais te donner une petite astuce quant à ton positionnement qui va t’aider à mieux anticiper mes coups. » Il se rapprochait alors de Savannah, se positionnant juste derrière elle, la frôlant ainsi avant de passer ses mains autour pour saisir sa raquette. « Tu ne dois pas rester passive et juste attendre que la balle arrive. La position d’attention est très importante. Commence alors par écarter un peu plus tes pieds puis fléchis bien tes jambes. Cela te permettra de bondir plus facilement. » Au-delà de ces conseils qui étaient tout à fait véridiques, Evan opérait surtout un rapprochement physique, une proximité qui avait souvent fait mouche par le passé.. C’était quelque peu osé de sa part mais son attraction pour Savannah l’empêchait de se contrôler. En cet instant, ce qu’il voulait lui dire n’importait plus. Il ressentait simplement l’énergie qu’elle dégageait. Il vint même déposer sa main sur la sienne pour lui montrer le meilleur moyen de saisir sa raquette. Elle avait toujours la peau aussi douce. En quelques secondes, des souvenirs et des sensations du passé refirent surface dans son esprit. Malgré les années, l’effet qu’elle avait sur lui était tout aussi puissant que la première fois qu’il l’avait rencontrée. Quelques secondes de plus et il perdrait la maîtrise de son corps et de ses gestes ; c’est pourquoi il s’écartait subitement pour briser radicalement les émotions qui s’immisçaient en lui. « Ensuite, tiens toi bien droite et fixe la balle. » C’étaient parfois les conseils les plus simples qui étaient les plus importants. Evan retournait ensuite de son côté.

Après avoir échangé une nouvelle série de balles, sans compter les points, Evan proposait alors à Savannah de se rafraîchir. Ils se rendirent non loin des vestiaires où se trouvaient des bouteilles d’eau ainsi que des boissons énergisantes. Ils prirent alors le temps de s’hydrater et de s’essuyer leurs visages remplis de sueur. La chaleur était très présente. « Tu sais pourquoi j’ai toujours cherché à me surpasser au tennis ? » Par le passé, il lui avait raconté plusieurs histoires des tournois amateurs auxquels il avait participé mais il ne lui avait pas confié la raison la plus profonde de celle-ci. « Au-delà du fait qu’il s’agisse d’un sport individuel pour lequel le mental est la chose la plus importante, il s’agissait surtout de relever le défi de mon père. » Souriant, il prenait une gorgée d’eau avant de poursuivre. « Il m’avait dit : le jour où tu me bats au tennis mon fils, alors je te laisse les rênes de la société. Et crois-moi, il était très bon. Il m’avait même eu pour rêve de venir professionnel à une époque que je n’ai pas connue. » Evan ignorait ce qu’il s’était réellement passé mais cela n’avait guère eu lieu. « Il m’a fallu beaucoup de temps avant de réussir à le battre mais tu sais quoi ? Lorsque je l’ai battu, il a tenu ses promesses et m’a peu à peu laissé diriger la société à ma guise et m’a donné plus de pouvoir. » Evan avait baigné dans un environnement familial dédié à la compétition, au dépassement de soi et ce, sur de nombreux aspects de la vie et c’est cette mentalité qui avait fait perdurer la société Campbell et la ferait perdurer dans le futur. Il regardait ensuite Savannah droit dans les yeux, souriant légèrement. « Sois rassurée, je ne vais pas te lancer ce défi. La seule chose qui compte est aller de l’avant. Se battre pour réussir et s’en sortir. » Il perdit ensuite son sourire pour afficher un ton plus sérieux. « J’admire ce que tu as fait pour la société. Je sais que tu n’étais pas seule mais tu es celle qui as eu probablement les plus grosses responsabilités sur le dos en mon absence. Tu as gagné bien plus qu’une partie de tennis à mes yeux, sache-le. » La première étape avait été de s’excuser pour ce qu’il lui avait fait subir. Désormais, il était temps de l’admirer pour ce qu’elle avait fait. Et bien que cela pouvait s’apparenter à de la manipulation, ce qui aurait pu être le cas de la part d’Evan, il était très sincère dans ses propos. « Mais n’imagine pas que ça te donne le droit à une augmentation.. Sauf peut-être si tu arrêtes de frapper le vent et que tu me mets un point. » Retrouvant son entrain, il déposait une petite tape sur le haut du dos de la blonde puis se mit à courir à nouveau vers le terrain. Ils étaient là pour jouer. Il espérait juste que ces quelques mots lui apporteraient un peu de confiance en elle, elle qui avait réussi à faire survivre une grande société à bout de bras.

@Savannah Williams

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