(Olivia&Sam) I hope we can patch it up together

I hope we can patch it up together

Olivia aimait intervenir à l'association, et partager un peu de ses connaissances pour aider tous ces adolescents perdus et sans entourage pour les soutenir. Elle avait souvent envie de tous les prendre chez elle, mais elle n'en avait ni la place, ni les moyens. Elle n'avait donc que Paul chez elle, qu'elle épaulait au mieux et qui allait mieux depuis qu'il était dans un environnement stable et qu'il voyait ses parents aller mieux. Et pour les autres, elle s'efforçait d'être présente et de leur donner le plus d'armes possibles pour pouvoir évoluer dans le monde avec le plus de sécurité possible.

Ce jour-là, le thème de son intervention était sur la sexualité des adolescents, et devoir expliquer le principe de consentement tous ces jeunes lui faisaient mal au cœur. C'étaient des principes qu'elle avait inculqué à ses jumeaux dès qu'elle l'avait pu, avec du vocabulaire et des actions appropriés à leur âge, et elle était sûre que du haut de leurs sept ans, ils comprenaient mieux le concept que ces adolescents en face d'elle qui n'avaient fait que subir sans pouvoir se défendre.

Elle gardait pourtant le sourire en répondant à Lydie et Nadia, qui avaient encore des questions alors que les autres quittaient déjà la pièce. Les deux jeunes filles étaient habituées à rester quelques minutes après les interventions, et Olivia se disait souvent que l'association était sans doute le seul endroit où elles se retrouvaient face à des adultes qui les écoutaient. Elle ne connaissait pas leurs histoires de vies, mais pour qu'elles se retrouvent à la rue, c'était qu'il y avait forcément des dysfonctionnements familiaux.

Les deux amies finirent par partir, main dans la main et chuchotant entre elles, et Olivia en profita pour prendre quelques gorgées d'eau. Elle voyait Paul, au loin, discutant avec deux garçons de son âge, et elle choisit de rester encore un peu avant de lui dire qu'il était temps de rentrer.

« Hey Sam ! Comment tu vas ? » demanda-t-elle en avisant le directeur de l'association.

Elle le connaissait depuis quelques temps, presque aussi longtemps qu'elle était devenue famille d'accueil, mais elle l'avait peu croisé ces dernières semaines. Sans doute parce que leurs emplois du temps n'avait pas coïncidé - enfin, surtout le sien, puisqu'en tant qu'infirmière, elle travaillait en horaires décalés et programmait ses activités associatives quand elle le pouvait et de façon moins régulière que la plupart des autres bénévoles.

« J'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de jeunes ici en ce moment... C'est parce qu'ils ont tous envie de participer à mes interventions ? J'espère que c'est pas juste parce que vous trouvez de plus en plus de jeunes dans les rues... »

En soit, Olivia comprenait fort bien le principe de l'association et le fait qu'elle réponde à des besoins de la population. Mais dans un monde parfait, il ne devrait pas y avoir des enfants à la rue, et donc une association pour les prendre en charge.

codage par aqua

I hope we can patch it up together
— with @Olivia Welch

Je m'étais adossé contre le mur, les bras croisés, observant la scène avec un petit sourire en coin. Olivia était vraiment un pilier ici, même si elle ne le réalisait peut-être pas. Toujours là quand il faut, toujours prête à donner de son temps et de son énergie pour ces jeunes qui en ont cruellement besoin. Quand elle a relevé la tête et qu'elle m'a vu, je me suis redressé et j'ai répondu à son sourire.
« Hey Olivia ! Moi, ça va. Et toi ? Tu as l’air d’avoir fait un sacré boulot aujourd’hui, comme d’habitude. »
Je jetai un coup d’œil vers Paul, qui était encore en pleine discussion avec les autres. Le voir aussi à l’aise, ça me faisait chaud au cœur. Quand il était arrivé ici, il était tellement renfermé, presque absent. Maintenant, grâce à Olivia, il retrouvait une stabilité, un équilibre. Ce gamin avait du potentiel, et il était entre de bonnes mains.
« C’est vrai qu’on a pas mal de nouveaux visages en ce moment… Malheureusement, ce n’est pas pour les meilleures raisons. » Je laissai échapper un petit soupir. « On fait ce qu’on peut, mais ouais, y’en a de plus en plus qui se retrouvent dehors. Et je crois que tes interventions y sont pour beaucoup aussi. Les jeunes en parlent entre eux, ça se sait que t’es là pour les écouter et leur filer des clés pour s’en sortir. Alors forcément, ils viennent. Ils cherchent un peu de réconfort, un endroit où ils peuvent se sentir en sécurité. »
Je me tournai un peu vers elle, mon regard croisant le sien. « T’es vraiment une bouffée d’air frais pour eux, Olivia. T’imagines pas à quel point t’apportes ici. Ces gosses, ils ont besoin de repères, d’adultes qui s’intéressent vraiment à eux. Et c’est ce que tu fais. C’est pour ça qu’ils viennent. »
Je laissai un silence s’installer, pas trop long, juste ce qu’il faut pour laisser ses mots résonner. Puis je repris, d’un ton un peu plus léger : « Et puis, entre nous, tu fais aussi un peu de concurrence aux autres intervenants. Ton approche, ta façon d’expliquer les choses, ça les touche. C’est pas juste des mots, c’est du vécu, de l’expérience que tu partages. Et ça, ils le sentent. »
Je regardai autour de moi, les derniers jeunes qui quittaient la salle, certains avec un petit sourire, d’autres un peu plus pensifs. « T’as vu les sourires ? C’est grâce à toi aussi. Ça vaut toutes les récompenses du monde, non ? » Je lui fis un clin d’œil complice. « En tout cas, si t’as encore un peu de temps, on pourrait aller discuter autour d’un café. J’ai bien envie de savoir comment ça se passe de ton côté, avec Paul »

(#)Lun 2 Sep 2024 - 22:45

I hope we can patch it up together

feat. @Sam Stenfield ☾

Olivia grimaça en imaginant tous ces enfants dans la rue. Elle qui venait d'un petit village où tout le monde s'entraînait avait parfois encore un peu de mal à suivre le rythme de la ville, et le contraste des valeurs ou des situations qu'elle pouvait y trouver. Même après presque vingt ans à Brisbane... Elle s'était démenée pour mettre un toit sur sa tête quand elle était tombée enceinte et seule pour tout gérer, si bien qu'elle n'imaginait pas mettre un des jumeaux à la porte, quelle qu'en soit la raison.

« Je sais que ceux que je croise aux urgences ont tendance à éviter de venir quand je suis à l'asso » souligna-t-elle quand même.

Surtout quand ils étaient conduits là-bas pour des choses dont ils avaient honte - parfois à tort. C'était un peu l'inconvénient de sa double casquette. En tant que soignante, elle avait les connaissances pour parler de santé et des associations qui pouvaient les aider, comme le planning familial. Mais ça voulait aussi dire qu'elle pouvait les reconnaître dans les couloirs des urgences - même si elle faisait de son mieux pour rester neutre et les traiter comme tous ses patients. Certains étaient même rassurés de la voir arriver pour faire les soins.

« Je sais pas si c'est vraiment de la concurrence. Mais j'ai l'habitude de bosser avec des ados et d'adapter ma façon de leur parler. C'est pas le cas de tout le monde ici ! »

Certains bénévoles et intervenants ne travaillaient qu'avec des adultes en dehors de l'association et avaient du mal à trouver la façon de parler aux enfants et adolescents. Soit ils partaient sur un vocabulaire trop enfantin qui frustrait vite les plus grands, soit ils leur parlaient trop comme des adultes, et aucun des jeunes n'osait dire qu'ils ne comprenaient pas tout.

« Paul a pas l'air décidé à partir, alors allons-y pour le café ! »

Elle-même serait bien rentrée pour retrouver ses cadets, mais Paul avait parfois besoin de retrouver les jeunes de l'association. Au début, il la pressait de partir, comme inquiet qu'elle rentre sans lui, mais il était maintenant assez à l'aise avec sa famille d'accueil et avec son propre parcours pour discuter avec les autres. Elle savait qu'il venait aussi le samedi pour le groupe d'entraide des enfants accueillis, parce qu'elle l'y déposait quand il avait raté le bus, même si elle ne venait jamais avec lui, lui laissant ce petit jardin privé.

Elle s'approcha de la machine pour leur faire couler deux cafés, donnant une tasse à Sam avant de boire quelques gorgées de la sienne. L'association n'avait pas de décaféiné et elle allait sans doute mal dormir mais c'était plus agréable de discuter avec une tasse chaude entre les mains.

« De mon côté, je pense ça se passe bien. Il commence à entrer en conflit et à se comporter comme un ado brimé et avec trop de limites, alors j'imagine que c'est plutôt bon signe ! »

Elle préférait ça au gamin timide et n'osant rien dire des débuts. Et elle n'avait pas exactement été l'enfant parfaite non plus, comme ses parents n'hésitaient pas à le rappeler devant les trois enfants dont elle s'occupait.

codage par aqua

(#)Jeu 5 Sep 2024 - 9:49

I hope we can patch it up together

— with @Olivia Welch

Je me laissai aller contre la chaise, mes yeux se posant sur Paul, toujours en pleine discussion avec les autres. Je savais combien son évolution était importante, pas seulement pour lui, mais pour Olivia aussi. Elle avait investi beaucoup de temps et d’énergie à l’aider à retrouver un semblant de normalité.
Je savais qu’elle était forte, mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas besoin de souffler de temps en temps. « je comprends que ça doit être compliqué. C’est un peu leur rappeler leur vulnérabilité, je suppose. Mais franchement, je suis sûr qu’ils se sentent rassurés de te voir, même s’ils n’osent pas toujours te le dire. T’es quelqu’un de fiable pour eux, et ça compte. Et t’as raison sur le fait de bosser avec des ados. C’est pas donné à tout le monde de trouver le bon ton. Ils sont à cheval entre deux mondes, et il faut savoir jongler avec. Toi, t’as ce truc, cette manière de parler qui les met à l’aise. »

Je pris la tasse qu’Olivia me tendait en hochant la tête, un sourire un peu amusé au coin des lèvres.
« C’est clair que Paul, il commence à montrer qu’il a du caractère. Mais comme tu dis, c’est bon signe. Ça veut dire qu’il se sent en sécurité, qu’il ose se tester, pousser un peu les limites. Tous les ados passent par là, surtout quand ils ont enfin un cadre solide. »
Je pris une gorgée de café, savourant la chaleur, avant de reprendre d’un ton plus léger.
« Ça fait drôle quand même de te dire qu’avant, c’était le gamin tout timide qui n’osait pas ouvrir la bouche. Là, il s’affirme. Et tu gères ça comme une chef, Olivia. C’est pas évident de trouver l’équilibre entre poser des limites et laisser un ado respirer. Surtout quand, comme lui, il a vécu des trucs qui l’ont un peu cabossé. »
« J’imagine que c’est pas toujours facile pour toi non plus, hein ? Entre ton boulot à l’hosto, les urgences, les ados ici, et Paul à la maison… Ça fait beaucoup. »

Je lui jetai un regard complice. « Bon, pour le café, j’vais pas te mentir, c’est pas du grand cru ici, mais ça fait le job. »
Je riais doucement avant de poser la tasse sur la table.
« En tout cas, si Paul en est là aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à toi. Et ça, c’est énorme. C’est pas facile de sortir ces gamins du brouillard dans lequel ils sont souvent plongés. Mais tu l’as fait. »

(#)Dim 8 Sep 2024 - 0:00

I hope we can patch it up together

feat. @Sam Stenfield ☾

Olivia sourit, bêtement touchée des compliments de Sam. Elle faisait de son mieux pour interagir avec les jeunes de l'association, parce qu'elle avait toujours été plus à l'aise avec les enfants que les adolescents - ses cadets la taquineraient certainement s'ils voyaient comme elle était maintenant, après avoir été une seconde mère un peu trop envahissante avec eux. Harry puis Paul l'avaient bien aidée à trouver comment trouver un meilleur ton et un meilleur positionnement.

« Je pense surtout qu'ici, c'est le seul endroit où ils peuvent être en dehors de la norme et parler de leurs familles dysfonctionnelles. Le reste du temps, ils veulent juste être des ados comme les autres, et le fait que je sache d'où ils viennent les dérange un peu. Comme si mes collègues avaient besoin de moi pour savoir quand une situation est bizarre... »

Après quelques années aux urgences, la plupart des soignants étaient capables d'identifier des problèmes dans l'entourage de leurs patients. Olivia n'avait pas besoin de dire que les enfants étaient suivis chez Cœur sans Foyer - et elle n'avait pas à le dire de toute façon, gardant secrètes les informations qu'elle glanait en temps que bénévole.

« De façon assez étonnante, je pense que le fait que je travaille aux urgences l'aide. J'ai des horaires décalés et du coup il a des moments où il est seul à la maison. Il aime avoir son autonomie. »

Bien sûr, il avait fallu travailler les règles avant, et elle avait parfois besoin de recadrer les choses. Mais globalement, pouvoir s'organiser comme il voulait quand Olivia était au travail et les jumeaux avec leur nourrice l'aidait grandement. Il commençait même à préparer de lui-même le repas du soir en les attendant, ou s'occupait des tâches ménagères des pièces communes sans qu'elle ne le demande.

« T'en fais pas pour le café, on doit avoir le même à l'hôpital. Au moins, ça tient réveillé ! »

Du jus de chaussette, comme disaient ses collègues. Mais c'était mieux que rien, et l'important était souvent la discussion autour du café, plutôt que la boisson en elle-même.

« Je pense que c'est plus facile en les intégrant à une famille. Ils sont hors du groupe, on peut gérer leurs besoins personnels... Le plus dur c'est tout ce groupe qui n'a pas forcément une famille d'accueil qui les attend, ou de possibilité de trouver un endroit stable le temps que leurs parents puissent aller mieux. »

Elle aurait aimé tous les prendre chez elle pour leur venir en aide, mais ce n'était pas raisonnable. Elle n'aurait pas eu assez de places pour les accueillir convenablement, ni assez de temps pour gérer tout le temps. Elle se coupait déjà entre les trois enfants qui vivaient chez elle, plus son travail... Avec plus d'enfants, elle n'aurait pas le temps de faire quoi que ce soit.

« Mais ça fait du bien de le voir aller mieux. C'est pas encore parfait, là c'est un peu la galère parce que ça commence à parler d'orientation au lycée et qu'il a du mal à se projeter dans deux ou trois ans... »

Olivia se souvenait avoir eu des difficultés elle aussi quand elle avait eu seize ou dix-sept ans, terrifiée à l'idée de devoir quitter son petit village au fond du Queensland pour rejoindre une grande ville. Mais elle savait qu'elle pouvait compter sur sa famille pour l'aider ou la remotiver. Paul n'avait pas ce soutien, et ne savait même pas si d'ici là, il serait retourner dans sa famille ou vivrait encore chez les Welch.

codage par aqua

(#)Jeu 12 Sep 2024 - 21:07

I hope we can patch it up together
— with @Olivia Welch

Je pris une autre gorgée de ce fameux « café » avec un sourire amusé. Olivia avait toujours cette manière de rendre les choses simples et directes, même quand on parlait de sujets aussi complexes que l’avenir de ces gamins. J’étais impressionné par sa façon de gérer Paul, surtout en tenant compte de tout ce qu’elle avait déjà sur les bras.
« C’est vrai que l’autonomie, c’est important pour eux. Paul a besoin de se sentir capable, tu vois ? De se prouver qu’il peut gérer des trucs seul. Après tout ce qu’il a traversé, il doit se dire que s’il arrive à faire les courses ou préparer un repas, c’est un peu comme une victoire, un truc qu’il contrôle. Ça le fait grandir, ça lui donne confiance. »
Je posai ma tasse sur la table, me calant un peu plus confortablement dans ma chaise.
« C’est marrant parce que, tu vois, moi aussi, je me demande souvent comment on pourrait faire pour tous ces jeunes qu’on ne peut pas placer en famille d’accueil. Des fois, on a des familles qui se proposent, mais... c’est jamais assez. Y’a toujours plus de gamins qui attendent que de familles prêtes à les accueillir. Et t’as raison, on peut pas tous les prendre chez soi, même si on aimerait. J’ai souvent cette pensée aussi, mais comme toi, je sais bien que c’est pas faisable. »
Je haussai les épaules, un peu pensif.
« Pour son orientation, c’est normal qu’il galère à se projeter. C’est un ado qui a déjà du mal à se stabiliser dans son quotidien, alors se projeter dans deux ou trois ans, c’est un sacré défi. À cet âge-là, on se cherche tous, mais pour lui, c’est encore plus compliqué. Il n’a pas la certitude de savoir où il sera, ni avec qui. Y’a une grosse part d’incertitude dans sa vie. Et cette incertitude, ça bloque. »
Je lui adressai un sourire compréhensif.
« C’est super que tu sois là pour lui. Même si t’as pas toutes les réponses à ses questions d’orientation ou de futur, tu lui donnes un cadre, une stabilité. C’est ça qui va l’aider à y voir plus clair. Il va finir par trouver son chemin. Peut-être pas tout de suite, mais avec le temps, ça viendra. »
Je me redressai un peu, mon ton devenant plus léger.
« Et puis, quand je vois comment il évolue déjà... Franchement, c’est prometteur. Faut juste qu’il continue à avancer, à son rythme. Et pour le reste, on sera là pour lui filer un coup de main. C’est tout ce qu’on peut faire, non ? »

Contenu sponsorisé