@Rory Craine

De ce qu’il s’en souvient, il n’est même pas certain d’avoir réussi à trouver des mots pour répondre à Rory. Après s’être excusé, après avoir expliqué qu’il pensait que tout allait assez bien entre eux pour pouvoir penser à agrandir leur famille, il n’avait plus rien à lui dire. Ou au contraire, il avait tant à lui dire qu’il n’avait plus aucune capacité à choisir les mots et idées à prioriser. Il aurait voulu lui dire qu’il l’aime et que leur famille actuelle le rend bien assez heureux pour ne pas ressentir le besoin de l’agrandir, mais la vérité c’est qu’il a un peu trop le cœur en miettes pour pouvoir annoncer une telle idée. Il n’en pense pas moins, évidemment que non. Le point de vue de Rory est compréhensible, il est sage et réfléchi et ce sont généralement des termes qui peuvent aisément être associés à Swann mais l’instant présent représente bien plus l’exception que la règle, de toute évidence. « Et si on rentrait tous les deux et qu'on en parlait à la maison ? » Il se souvient qu’à cette proposition-là, il a mollement bougé sa tête de droite à gauche. Il a besoin d’être seul, il a besoin de réfléchir et surtout il a besoin de ne pas inquiéter davantage Rory pour rien. « Je comprends que tu m'en veuilles, et je te jure que j'aurais voulu qu'on en discute dans d'autres circonstances. Mais je peux pas te dire ce que tu veux entendre si je suis pas certain que c'est le bon moment pour nous, je... » - « Je sais. » A ce moment-là, sans doute un brin agacé, il a préféré faire taire Rory plutôt que d’avoir le droit à un discours qu’il maîtrise généralement à la perfection, comme le ferait le personnage principal qu’il incarne dans un de ses films.

« Swann, je... te promets que ça n'a rien à voir avec nous. » Ca a tout à voir avec eux. Ils ne sont que deux à discuter, ils ne sont que deux à prendre une décision. Sans doute que ce commentaire a valu à Rory un regard noir malgré lui. « Je serai à la maison quand… Quand tu voudras rentrer. » La nouvelle proposition ne rencontre pas davantage de succès que celle les faisant rentrer ensemble chez eux. « Je vais aller courir. » Il va rentrer, oui, mais il va surtout repartir aussitôt. Il laisse Rory profiter de cette convention à laquelle il avait à cœur de participer et il ne lui impose pas de rentrer plus tôt que prévu. Bien qu’il ne soit pas fermé à la discussion, Swann ne sait tout simplement pas ce dont ils pourraient discuter davantage: il se sent prêt à avoir un nouvel enfant et, au-delà de ça, il a envie d’agrandir leur famille. En retour, ce sentiment n’est pas partagé, ce qui rend impossible toute idée d’aller au bout de l’idée, parce qu’elle n’est viable que si elle est désirée par les deux partis et jamais Swann ne voudrait adopter un enfant sans qu’il ne soit pleinement désiré par ses deux parents. Il partait simplement du principe que ce serait évidemment le cas, à en juger par toutes ces soirées passées à imaginer leur belle et surtout grande famille.

Alors, il est parti courir. Il n’a pas réfléchi à la durée, à la distance, au parcours ou à quoi que ce soit : il voulait courir à en perdre haleine, il voulait avoir à se concentrer sur sa respiration haletante plutôt que n’importe quelle pensée pouvant traverser son esprit. Et c’est ce qu’il a fait, pendant quelques petites heures passées à courir et sans doute aussi à prendre tous les chemins de traverse pour ne pas rentrer chez eux avant un long, long moment. Il n’aurait jamais pensé en venir à avoir de telles pensées, lui qui a toujours retrouvé le chemin de leur maison avec empressement et bien d’autres sentiments liés. Jamais de colère, jamais de ressentiment non plus. Jamais autant de tristesse ; jamais le besoin de prendre une longue inspiration au moment d’ouvrir la porte d’entrée. « Hey, » il débute simplement, maladroitement, pas réellement certain que Rory ait trouvé le chemin jusqu’à leur domicile. Leur chien, éternel insouciant, est le premier à l’accueillir sur le pas de porte. « J’ai réfléchi. » Il jure avoir entendu Rory, raison pour laquelle il reprend déjà, sans prendre le temps de se changer ou d’une douche avant d’entamer une discussion lourde de conséquences. « Peut-être que tu devrais avancer ton voyage, Rory. » Et par “peut-être”, il ne veut pas dire peut-être : il voudrait qu’il aille aux Etats-Unis plus tôt que prévu et, de façon tout à fait sous entendue, il espère que son mari comprendra par ces mots qu’il espère aussi que le voyage durera un peu plus que les quelques petits jours prévus et négociés avec son agente. Il a utilisé l’argument de son rythme de travail pour expliquer qu’avoir un autre enfant n’est pas une bonne idée dans l’immédiat et, au-delà de représenter la parfaite excuse pour qu’ils prennent chacun le temps de réfléchir de leur côté, cela représente aussi sans doute un moyen de se venger sans même que Swann s’en rende compte lui-même. S’ils ont de toute façon besoin de plusieurs jours pour se pardonner l’un l’autre, alors autant que Rory en profite pour aider sa carrière, parce que Swann est sincère lorsqu’il dit qu’il ne ferait jamais rien pour lui nuire. En attendant sa réponse, il se déchausse simplement pour retrouver la cuisine et s’y servir un grand verre d’eau, dans lequel il finit par tremper le seul bout de ses lèvres malgré sa soif omniprésente. Il a d’autres choses à penser, de toute évidence.

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@SWANN CRAINE & RORY

Que Swann soit parti courir n'avait rien d'une chose qui l'aurait inquiété d'ordinaire. Mais qu'il soit parti courir après l'échange houleux que son mari et lui avaient partagé, après qu'ils aient tous les deux fait le douloureux constat qu'ils n'étaient pas plus à l'abri des non-dits et des malentendus que n'importe quel autre couple, ça avait au contraire tout pour l'inquiéter. Parce qu'au même titre que Rory avait été incapable de ne pas se rejouer la scène cent fois dans son esprit, de ne pas songer à ce qu'il aurait pu dire ou faire différemment pour leur éviter de se faire autant de mal, il savait que son mari avait passé la dernière heure – combien de temps était-il parti au juste ? – à ruminer. Et que la dernière chose qu'il souhaitait à ce moment bien précis, c'était que Swann se retrouve seul avec ses pensées, éternellement inquiet à l'idée qu'il puisse renouer avec de vieux démons et terriblement frustré de ne pas pouvoir s'assurer du contraire. Le retenir aurait été inutile, surtout alors qu'il avait besoin d'être seul, mais ça ne l'avait pas empêché de se torturer l'esprit et de faire les cent pas dans leur cuisine en espérant qu'ainsi, son mari reviendrait plus vite à la maison. Qu'à défaut de tout régler, ça finirait peut être au moins par le faire réapparaître.

« Hey, » La voix de Swann lui parvint en même temps qu'il entendit se refermer la porte d'entrée, l'incitant à quitter précipitamment la cuisine pour le rejoindre et s'assurer qu'avant n'importe quoi d'autre, il était indemne à défaut d'aller bien. « Je suis là. » Il ne lui préciserait pas qu'il avait été incapable de faire quoi que ce soit d'autre qu'attendre après son retour avec une appréhension qu'il n'aurait jamais pensé éprouver, sans même savoir si c'était à l'idée que Swann rentre encore plus contrarié qu'il ne l'était déjà ou décide de ne pas rentrer du tout. « J’ai réfléchi. » Il n'était pas certain de ce que ça signifiait, Rory, mais à en juger par le regard de son mari ça ne lui disait pas grand chose de bon. Il connaissait Swann mieux qu'il connaissait qui que ce soit d'autre sur cette terre, il savait déjà que la discussion qui s'annonçait serait éprouvante et ça suffisait à ce que son cœur s'emballe dans sa poitrine. « Peut-être que tu devrais avancer ton voyage, Rory. » Voilà les mots qu'une part de lui redoutait d'entendre dès l'instant où Swann avait souhaité s'isoler, pour aller courir mais surtout pour mener une réflexion avec lui-même. C'était sa plus grande crainte, celle qui lui avait retourné le ventre pendant qu'il l'attendait : que Swann désire rester seul et que ça ne s'applique pas seulement à cette soirée. « C'est ce que tu veux ? » L'entendre de sa bouche avait toutes les chances de l'anéantir, mais il en avait besoin. « Ou c'est ce que tu penses être le mieux pour nous ? » Le mieux maintenant qu'il apparaissait évident qu'ils n'étaient pas autant sur la même longueur d'ondes qu'ils le pensaient jusqu'ici. Le mieux alors qu'ils se retrouvaient incapables de discuter posément et de s'ouvrir leur cœur comme ils en avaient l'habitude, leur sempiternel désir d'arranger les choses se heurtant pour une fois à du ressentiment.

« Si c'est de l'espace que tu veux, je peux m'arranger pour être là-bas dans quelques jours. » Il articula péniblement, son regard chutant à même le sol faute de pouvoir plus longtemps soutenir celui de Swann. Il était incapable d'y lire davantage de colère et de déception qu'il l'avait déjà fait tout à l'heure, tout comme il craignait que s'y reflète le désir de son mari de l'éloigner de Brisbane à défaut de le vouloir plus longtemps à ses cotés. Jamais l'anglais et lui n'avaient voulu autre chose qu'être ensemble et ne jamais plus se quitter. Aujourd'hui, pourtant, il semblait préférable que chacun panse ses plaies de son coté et se laisse le temps de digérer les choses qu'ils se seraient dites. Même Rory, qui pourtant n'avait aucune envie de précipiter son départ pour les États-Unis et entendait initialement arranger les choses avec son mari, quels que soient les efforts que ça puisse leur demander, était forcé d'avouer que ça ressemblait à un combat perdu d'avance. Que ce dont ils avaient sans doute le plus besoin, à cet instant, c'était de prendre leurs distances avant qu'il ne soit même trop tard pour espérer retrouver ce qu'ils avaient. « Je veux pas que ça te coûte, de te retrouver face à moi. » Et sentir que c'était le cas était de loin le constat le plus destructeur qu'il ait jamais eu à faire, rien n'étant moins supportable pour lui que l'idée que son mari ne supporte même plus de se retrouver dans la même pièce que lui. Swann était en droit de lui en vouloir, mais jamais Rory n'aurait pu croire qu'un désaccord – même sur un sujet aussi important à leur yeux que leur famille – les placerait un jour dans cette position. Jamais il n'aurait pu imaginer que leur couple, qu'il croyait jusqu'ici bien trop uni et soudé pour que même une épreuve comme celle-ci le mette à mal, se retrouverait au bord de l'implosion parce qu'ils avaient pour une fois exprimé des envies différentes. Il pensait que ça pourrait arriver à d'autres, mais pas à eux. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé pour avoir cette vie-là aujourd'hui. Pas après qu'ils aient déjà failli ne jamais se retrouver.

« Je suis là. » Des mots qu’il a entendus des centaines de fois, prononcés sans contexte particulier si ce n’est le retour de l’un à la maison, ou le questionnement quant à un emploi du temps parfois difficile à suivre. Un simple je suis là suffisait à ôter tout doute jusqu’à maintenant, et ce soir il ne permet que de remuer douloureusement la nostalgie dans le cœur de Swann qui a l’impression d’avoir tout détruit de façon irrémédiable. Il est là, son mari est là, et au lieu de répandre en son cœur un doux soulagement, cela ne fait que le lui tordre davantage encore, en même temps que sa gorge. Sans laisser à Rory le temps d’en dire davantage, Swann annonce la réflexion qui a été la sienne, celle sur laquelle il n’a pas laissé son mari donner son opinion à aucun moment. En cet instant encore, ce n’est toujours pas le cas : ses mots sont définitifs. Il veut qu’ils prennent de l’espace ; beaucoup d’espace. Il veut que Rory mette ce temps à contribution de sa carrière, parce qu’il lui souhaite encore et toujours de réussir et s’épanouir à ce niveau. Il veut aussi que leur dispute serve au moins à l’un des deux, et le choix est vite fait à ses yeux. « C'est ce que tu veux ? » Non, loin de là. C’est ce qu’il pense être le meilleur choix à faire. Pour leur famille. « Ou c'est ce que tu penses être le mieux pour nous ? » Sa mâchoire se contracte, sans doute piqué au vif à l’idée qu’il puisse lire en lui aussi facilement, naturellement, même alors que Swann lui-même ne sait quoi faire de ses pensées contradictoires et difficiles à accepter. « Je pense que c’est le mieux pour nous. » Il ne lui mentira pas pour une question d’ego et il cherche encore moins à blesser volontairement Rory : la situation à elle-seule est déjà bien assez déchirante pour les deux hommes, jamais il ne voudrait volontairement l’empirer. « Pour le moment. » Il ressent le besoin de préciser l’aspect éphémère de cette idée et de ce besoin ; il ne sait pas quand ils se retrouveront mais il sait que ce jour arrivera forcément, simplement parce qu’il ne peut pas décemment imaginer le contraire devenir réalité.

Comme il s’y attendait, et comme il l’espérait aussi, Rory ne se met pas en travers de l’idée. « Si c'est de l'espace que tu veux, je peux m'arranger pour être là-bas dans quelques jours. » Le voir ainsi résigné est un véritable crève-cœur pour l’anglais dont la lèvre tremble un instant face à ces mots. Lui et Rory ont connu des moments difficiles, mais il n’est pas certain d’avoir expérimenté un jour où il était autant la cause de sa tristesse qu’en cet instant. « Je veux pas que ça te coûte, de te retrouver face à moi. » Les bras de Swann se nouent sur sa poitrine uniquement pour que ses pouces puissent trouver un accès privilégié à la peau intérieure de son coude, malmenée sous des assauts répétés dont il ne prend même pas conscience. « C’est pas ce dont il est question. » Il l’aime de tout son stupide coeur, c’est un fait qui n’est pas voué à évoluer négativement. Il aime chaque parcelle de sa personnalité autant que de son corps et jamais ô grand jamais il ne pourrait lui laisser penser qu’être ensemble lui apporte plus de malheur que de bonheur. C’est sans doute la conclusion la plus logique à apporter à l’instant présent et à la demande faite par Swann qu’ils prennent leur distance mais il y a tout un tas d’éléments qui devraient être pris en compte, un tas si immense que lui-même ne pourrait citer de façon exhaustive. Ce dont il jure du plus profond de son cœur, c’est que Rory n’est pas le problème et qu’il ne lui en veut pas de ne pas vouloir un autre enfant maintenant, tout de suite. La personne à qui il tient réellement rigueur dans toute cette histoire n’est autre que lui-même, et c’est sans doute cette même personne qu’il cherche à punir, au fond. Loin d’en être conscient, il prend une nouvelle inspiration. « Tu peux… tu peux prendre Robin avec toi ? » L’idée de ne pas avoir Rory à ses côtés au quotidien est déjà difficile, mais perdre aussi Robin lui provoque un chagrin dont il ne cache rien. « Je sais que c’est difficile avec les rendez-vous, mais… » Mais elle sera bien mieux auprès de Rory qu’après de Swann, et c’est une nouvelle conclusion qui le prend aux trippes. Encore une fois, il suit la même ligne de conduite sans même s’en rendre compte, à ainsi refuser de punir Rory pour une faute qui n’en est pas une ; et certainement pas la sienne, de toute façon. Il ne veut pas le priver de la présence de sa fille. « C’est mieux comme ça. » Il prendra toujours soin d’elle, là où Swann n’est pas certain d’avoir la stabilité nécessaire dans les jours et semaines à venir pour attester de cette idée à son tour. « Je te demanderai rien d’autre. » Ce qui sonne comme un s’il te plaît qu’il garde pour lui uniquement pour ne pas inquiéter davantage son mari plutôt que pour une quelconque question d’ego. « On a juste besoin d’un peu de temps. » Il ne rompt pas avec lui. Il ne demande certainement pas à ce qu’ils prennent du recul sur leur couple, ou quoi que ce soit du genre. Ils ont besoin de temps, juste de temps, et à son retour tout ira bien mieux parce qu’ils se sont promis d’être heureux ensemble et que personne ne leur retirera.

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@SWANN CRAINE & RORY

Il se doutait que cette longue réflexion leur vaudrait d'avoir une discussion difficile, et ce dès le retour de Swann, mais il n'imaginait pas pour autant à quel point. L'idée d'avancer son voyage pour les Etats-Unis, alors même que son couple traversait sa première crise depuis que Swann et lui s'étaient remis ensemble des années en arrière, était probablement la plus paralysante qui soit. Parce qu'il n'imaginait rien de pire que d'instaurer une distance physique entre eux dans un moment où il leur était déjà difficile de se comprendre et de se dire les choses comme ils en avaient l'habitude. Dans un moment où la distance, ils semblaient déjà la ressentir jusque dans chaque recoin de leur être même et ça en étant pourtant l'un en face de l'autre. « Je pense que c’est le mieux pour nous. » Swann se montrait sincère et il ne lui viendrait jamais à l'idée de le lui reprocher, simplement ça ne rendait pas ces mots plus faciles à entendre pour autant. « Pour le moment. » Ce ne serait pas une séparation définitive, ce ne serait même pas une séparation comme la plupart des couples l'entendaient traditionnellement. Pourtant, au plus profond de lui-même, c'est bien la peur de voir la situation dégénérer à nouveau qui le grignotait. « Une part de moi veut croire que tu as raison, mais une autre... » Il retrouva son regard avec le besoin de s'y raccrocher, fébrilement toutefois. « Une autre est terrifiée à l'idée de ce qui pourrait arriver. » A l'idée que les choses puissent être amenées à durer, que son mari et lui ne se retrouvent pas avant un temps suffisamment long pour remettre d'autres choses en question et bouleverser d'autres de leurs certitudes. Ce qui le terrifiait, c'était tout simplement l'idée qu'ils n'en ressortent pas indemnes. « C’est pas ce dont il est question. » Et à défaut de gommer complètement sa peine, ces mots-là valaient au moins à son cœur de peser un peu moins lourd, le temps d'un instant du moins, pendant lequel il se raccrocha à l'espoir que tout ne soit pas perdu.

Convaincu qu'une part de Swann au moins continuait de lui en vouloir à défaut de lui reprocher entièrement la situation, Rory sentit pourtant son ventre se nouer avec force lorsqu'il comprit que Swann semblait aussi et surtout s'en vouloir à lui-même. Sinon, pourquoi soumettrait-il une idée qui avait toutes les chances de le faire terriblement souffrir ? « Tu peux… tu peux prendre Robin avec toi ? » Dans son cœur de père, il était impossible que Swann croit pouvoir supporter cette séparation avec sa fille, et son mari le connaissait trop bien pour croire lui-même que cette alternative lui conviendrait une fois que Robin et lui seraient à des milliers de kilomètres de là. « Swann... » Qu'il ait l'air si sûr de lui, c'était peut être bien ce qui le bouleversait le plus. « Si je prends Robin avec moi... ça veut dire que tu la reverras pas avant plusieurs semaines. » Il savait évidemment tout ça, Swann, et qu'il le propose malgré tout le partageait entre la crainte de le priver de la personne la plus importante à ses yeux et celle d'empirer les choses entre son mari et lui s'il n'accédait pas à cette requête qui, malgré tout, semblait lui tenir à cœur. « Tu es sûr ? Sûr de le vouloir ? » Il pouvait encore revenir sur son idée, ils pouvaient encore faire comme s'il n'avait rien dit et réfléchir à d'autres solutions. Car si l'idée de rester lui-même séparé de sa fille pendant un temps indéfini suffisait à lui briser le cœur rien que d'y penser, celle de priver Swann de la présence de sa fille le détruisait tout aussi profondément. « Je sais que c’est difficile avec les rendez-vous, mais… C’est mieux comme ça. » - « Les rendez-vous, c'est pas ce qui est important, je... » Swann ne capitulerait pas, c'était une certitude qu'il avait désormais. Lui faire cette demande était probablement l'une des choses les plus difficiles que son mari ait jamais eu à faire, mais il le connaissait assez pour savoir qu'il ne l'aurait pas fait sans être absolument sûr que c'était la meilleure solution. « Je t’appellerai. » Il souffla alors, la gorge étranglée de chagrin, le cœur à peine plus léger de savoir qu'il aurait sa fille près de lui lorsque le mal du pays se ferait le plus durement ressentir et que l'appel de la maison serait le plus fort. Parce qu'en même temps que Robin serait auprès de lui, elle serait aussi loin de Swann. « En visio, aussi, pour que tu puisses la voir. » Peu importe le décalage horaire, peu importe les rendez-vous et tout ce qui pourrait rendre tout ça plus compliqué. « Tu seras pas sans nouvelle d'elle, je te le promets. » Tu seras pas sans nouvelle de moi, non plus étaient les mots qu'il aurait ajouté s'il n'avait pas estimé, sur le coup, que ça n'était sans doute pas le plus important.

« Je te demanderai rien d’autre. » Il mourrait d'envie de le supplier d'abandonner cette idée sordide et d'employer les prochaines semaines à se parler à cœur ouvert pour régler leurs problèmes plutôt que d'installer la moindre distance entre eux. Il mourrait d'envie de lui dire tout ça, pourtant il savait en son for intérieur qu'ils avaient besoin de prendre ce recul. « On a juste besoin d’un peu de temps. » Cette idée devrait le réconforter au plus profond de lui-même, alors qu'il redoutait il y a encore quelques instants que son mari puisse prononcer des mots infiniment plus durs, infiniment plus définitifs aussi. Pourtant, ça n’apaisait pas tout à fait la douleur que lui infligeait la simple idée de s'envoler loin de lui, sans une idée suffisamment précise du jour où Swann et lui pourraient se retrouver. « Combien de temps, Swann ? » Les mots avaient besoin de sortir, quand bien même il y avait une chance sur deux pour qu'il regrette de les avoir prononcés. « Combien de temps tu crois qu'on a besoin de passer loin l'un de l'autre pour que tu puisses me pardonner ? » Parce que rien de tout ça ne serait envisagé s'il n'avait pas gâché un moment supposé être précieux pour son mari et lui, synonyme d'un bonheur qu'ils auraient du partager ensemble comme la première fois qu'ils avaient agrandi leur famille. Ses doutes les avaient menés droit vers des divergences, mais ils les avaient aussi et surtout menés jusqu'à ce moment bien précis. Jusqu'à ce point de bascule qui soulevait un millier d'incertitudes terrifiantes.

« Une part de moi veut croire que tu as raison, mais une autre... » Rory n’a pas besoin de terminer sa phrase pour que Swann le comprenne. Aussi simplement que ça, il sait très bien où son mari veut en venir, tout comme il comprend très bien ce qu’il peut ressentir sur l’instant. Ils savent tous les deux à quel point la frontière entre la théorie et la pratique peut s’avérer difficile à franchir, surtout quand leur cœur parle bien plus que leur raison. Ils n’arrivent pas à se faire à l’idée qu’ils vivent soudainement dans un monde où être éloignés l’un de l’autre est la meilleure chose qu’ils puissent faire. Il y a quelques heures de ça encore, cela leur aurait paru absolument impossible, et sans doute que Swann continue de penser que cela n’a rien de possible, rien de réel. « Une autre est terrifiée à l'idée de ce qui pourrait arriver. » - « Il se passera rien. » Rien de plus, rien d’autre que ce qu’ils veulent. Ce n’est pas le début de quelque chose qu’ils détesteront tous les deux, c’est encore moins le début d’une fin dont la simple idée rend Swann parfaitement malade.

Ce qui lui fend le plus le cœur, au final, c’est l’idée de ne pas être capable de so’ccuper de Robin convenablement et par conséquent de la laisser entièrement aux soins de Rory. Non qu’il puisse craindre qu’il ne s’occupera pas assez bien de leur fille, loin de là, mais il sait surtout que cela rime avec un éloignement certain et, malgré lui, durable. Pas éternel, mais bien plus long qu’il n’a jamais été tenu éloigné de sa progéniture. « Swann... » Par volonté de se protéger, et sans doute aussi de ne pas autant entendre la supplique de Rory, il dégage déjà sa têt de droite à gauche pour l’entendre juste un peu moins fort. Son mari sait ce qu’abandonner leur fille lui coûte, tout comme il sait qu’il ne l’aurait fait pour rien au monde, à moins de s’en sentir obligé. « Si je prends Robin avec moi... ça veut dire que tu la reverras pas avant plusieurs semaines. » Son regard soutient celui de son mari, portant toute la tristesse du monde. Il sait que le départ de Robin rime avec une longue absence, un long éloignement. Ils ne peuvent pas y poser une durée bien précise, mais il le sait. « Tu es sûr ? Sûr de le vouloir ? » - « Je peux pas m’occuper d’elle dans ces conditions. » Il avoue péniblement. S’occuper de lui-même sera bien assez difficile pour qu’il sache être parfaitement incapable d’ajouter à cela la charge d’un enfant à qui, s’il arrivait du mal, il ne se le pardonnerait jamais. Ce n’est pas ce qu’il veut, loin de là, mais c’est malgré tout ce dont il a besoin, pour alléger au moins un minimum la pression contre son cœur. « Je préfère qu’elle soit heureuse avec toi. » Parce que même s’il sera occupé, il sera toujours bien plus à même de s’occuper de leur fille et d’en prendre soin. Aux yeux de Swann, c’est bien tout ce qui importe. « Je t’appellerai. En visio, aussi, pour que tu puisses la voir. Tu seras pas sans nouvelle d'elle, je te le promets. » Retenant ses larmes au creux de ses yeux, l’anglais hoche la tête en même temps qu’il se pince les lèvres. La situation n’a rien de réjouissante mais Rory a au moins toujours eu le don de la rendre un peu moins difficile à vivre, un peu moins terrible. « Quand tu veux. » Dès qu’il veut, surtout. Swann répondra toujours présent pour avoir des nouvelles de Rory ou de Robin.

« Combien de temps, Swann ? Combien de temps tu crois qu'on a besoin de passer loin l'un de l'autre pour que tu puisses me pardonner ? »

Il avait anticipé autant qu’il avait pu craindre cette réponse, mais le temps passé à y réfléchir ne l’a pas fait venir avec la moindre capacité à y répondre. Et face aux doutes de Rory, un je sais pas est sans doute la plus terrible des réponses à apporter. « J’ai besoin de temps pour me pardonner, moi. » Il s’en veut à lui-même, il se tient pour seul responsable. Il se flagelle, voilà ce qu’il fait. Il veut payer pour sa propre stupide idée, et il veut garder ceux qu’il aime éloignés du spectacle stupide. « Je veux toujours de cette vie avec toi. » Il l’aime, et ce n’est pas un seul instant remis en question pour la journée qui vient de s’écouler et les problématiques soudaines qui viennent s’ajouter à leur quotidien. « On a notre rêve, hm ? » Leur rêve d’une vie commune, leur rêve d’un avenir dans cette maison. Rory sait ce à quoi se réfère ce rêve en question, si bien qu’il refuse de ressentir le besoin de l’expliquer davantage. « Juste… quelques semaines ? » Autant de temps qu’ils n’ont jamais passé loin l’un de l’autre, en réalité. « Je sais pas, Rory. Je suis perdu. » Rien ne se passe comme prévu, absolument rien, et à partir de là il n’a aucune idée de la façon dont les choses peuvent se passer à l’avenir. « Tu m’en veux ? » Il demande à son tour, attendant une réponse aussi transparente que possible, capable d’entendre qu’il a évidemment merdé et qu’il se montre évidemment trop dramatique. Tout aurait pu se régler bien plus simplement, il le sait mais il persiste à vouloir payer le prix d’une faute irréparable, impardonnable.

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Il aimerait être aussi sûr que cette séparation physique n'aurait aucune conséquence, mais une part de lui restait terrifiée à l'idée qu'ils finissent par regretter d'avoir été jusque là. Il savait que Swann et lui avaient besoin de se laisser du temps, qu'ils avaient besoin de prendre du recul, mais comment pourrait-il se convaincre que c'était une bonne idée quand celle de séparer son mari de leur fille lui semblait tout sauf raisonnable ? « Je peux pas m’occuper d’elle dans ces conditions. » Il le comprenait et n'avait pas l'intention de le culpabiliser de proposer cette solution, ça son mari le savait déjà. Mais Rory était pour autant incapable de prétendre qu'il vivrait sereinement avec l'idée d'être à des milliers de kilomètres de lui et de l'avoir laissé seul à Brisbane, surtout alors que Robin serait elle aussi du voyage. « Et moi je suis pas sûr de vouloir te laisser tout seul. Pas sans être certain que ça ira. » Il savait pourquoi il prononçait ces mots, tout comme il savait pourquoi il le faisait d'une voix si douce mais si inquiète. Il n'avait aucune intention de ramener le sujet sur le tapis, conscient de tous les efforts de son mari pour laisser ces épisodes de son passé derrière eux, mais ce ne serait pas vraiment lui s'il ne s'assurait pas qu'il irait bien, ou aussi bien que possible du moins, lorsqu'il se retrouverait seul. « J'ai besoin que tu me promettes que tu me demanderas de rentrer, si c'est pas le cas. » Qu'il n'hésiterait pas même une seconde, car lui n'hésiterait pas à prendre le premier avion pour accourir près de lui. A la moindre alerte, au moindre risque que Swann retombe aux prises avec ses vieux démons, il reviendrait près de lui. Il n'y avait aucun scénario dans lequel il ne mettrait pas tout en œuvre pour ça. « Je préfère qu’elle soit heureuse avec toi. » Ses traits déjà infiniment abattus et soucieux se chargèrent de plus de tristesse encore. Si leur fille serait trop jeune pour vraiment réaliser, lui réaliserait à chaque seconde. « J’allégerai mon emploi du temps pour être le plus possible avec elle. Je sais qu'ils seront tous contents de la rencontrer. » Sur ce point au moins, Rory ne se faisait aucun souci. Il leur avait tant parlé de Robin, leur fille serait accueillie comme une véritable petite star par des équipes impatientes de faire sa connaissance. « Quand tu veux. » Le rendez-vous était pris avant même qu'ils ne soient montés dans l'avion, sans que ça ne surprenne personne.

« J’ai besoin de temps pour me pardonner, moi. » Et c'était sans doute plus difficile encore à entendre que si Swann lui avait simplement dit avoir besoin de lui pardonner, rien n'étant jamais plus pénible pour Rory que de prendre conscience d'à quel point son mari restait toujours beaucoup plus dur avec lui-même qu'avec les autres. « Tu n'as pas mal agi, Swann. » Il avait besoin qu'il l'entende, car jamais Rory n'avait eu l'intention d'insinuer le contraire. Il pensait bien faire, il s'était laissé emporter par son désir d'agrandir leur famille et pour ça, il était incapable de lui en vouloir, quand bien même il regrettait sincèrement qu'ils n'aient pas eu l'occasion de procéder dans l'ordre. « Je veux toujours de cette vie avec toi. » Ses yeux restaient porteurs de toute la peine que lui inspirait la situation, mais cette fois son regard s'illumina un peu plus. « Moi aussi, et ça changera jamais. » Il était toujours l'homme de sa vie, rien ni personne ne pourrait jamais changer ça, pas même ce qui leur valait aujourd'hui d'envisager cette distance. C'était pour leur bien, c'est ce qu'il voulait absolument croire, et Rory se languirait à chaque instant de l'idée de retrouver ses bras. « On a notre rêve, hm ? » - « On a notre rêve. » Il pouvait douter de certaines choses, mais il ne douterait jamais de ça. Swann et lui avaient toujours partagé la même vision de leur avenir, les mêmes envies quant à leur famille et leur foyer, les mêmes rêves à réaliser ensemble. Et ils les réaliseraient. « Juste… quelques semaines ? » Cette seule idée lui semblait étourdissante, Swann et lui n'étant jamais restés aussi longtemps séparés. « Je sais pas, Rory. Je suis perdu. » Et l'acteur l'était tout autant, bien incapable d'imaginer à quoi ressemblerait les prochaines semaines sans Swann à ses cotés. Lorsqu'il partait en tournage, il savait chaque fois qu'il retournerait près de lui au plus vite. Ici, il faisait face à des incertitudes qu'il n'avait jamais affronté avant ça. « Ça semble si loin. » C'était comme s'il était déjà parti, comme s'il ressentait déjà son absence. Comme s'il comptait déjà les jours passés loin de lui.

« Tu m’en veux ? » Si son regard s'était réfugié dans le vide de la pièce, il retrouva celui-ci de son mari lorsque la question résonna autour d'eux. Si Swann se reprochait la situation avec la même dureté que celle qu'il se destinait toujours, il en était bien autrement pour Rory qui refusait de faire peser cette responsabilité-là sur ses épaules. Pas quand il avait lui-même joué un rôle de taille dans l'origine de leur dispute et continuait de se reprocher sa réaction sur le moment. « C'est à moi que j'en veux, Swann. » Ils étaient fidèles à eux-mêmes sur ce sujet-là comme sur bien d'autres, incapables de se rejeter la faute et tentés de se remettre en question avant toute autre chose. C'était peut être ça le plus compliqué, finalement : percevoir le malaise qui subsistait entre eux mais rester incapables de se faire frontalement des reproches. Ça ne leur ressemblerait pas, ça ne ressemblerait pas à leur couple. « J'ai pas réagi de la façon dont tu l'aurais voulu. » Lorsque Swann, tout heureux, lui avait annoncé ce qu'il considérait comme une bonne nouvelle. Lorsqu'il avait laissé la surprise et la confusion prendre le pas sur la joie qu'il aurait probablement ressenti s'il n'avait pas aussitôt pris peur. Ils avaient discuté d'avoir un deuxième enfant en amont, et quand bien même il pensait que le sujet serait remis sur la table avant que l'un d'eux n'entreprenne quoi que ce soit, il se sentait coupable d'avoir sous-estimé l'impatience de Swann face à ce projet qu'ils avaient tant à cœur de concrétiser tous les deux. Parce que ça n'avait jamais été ce deuxième enfant le problème, bien sûr que non. « Je sais que je t'ai déçu. C'est ça le plus difficile. » Savoir que pour la première fois depuis des années, il avait fait mentir l'idée que Swann et lui se connaissaient par cœur et pourraient toujours prédire les réactions l'un de l'autre. Il pouvait accepter de décevoir n'importe qui, mais pas lui. « Je t'en voudrais seulement si tu te persuadais que ça remet tout en question. Mais c'est pas le cas, pas vrai ? » Il avoua finalement, terrifié tout au fond de lui à l'idée que ce ne soit pas autant une évidence qu'il aimait s'en convaincre, qu'une toute petite part de Swann au moins puisse en douter. Si lui se refusait à le faire, refusant de croire qu'ils avaient traversé toutes ces épreuves pour laisser celle-ci avoir raison des certitudes qui les avaient toujours animés, il était bien loin de se sentir serein pour autant.

« Et moi je suis pas sûr de vouloir te laisser tout seul. Pas sans être certain que ça ira. » Les inquiétudes de Rory sont les siennes d’une certaine façon, surtout alors que les deux hommes savent avec précision ce dont il est question, sans même avoir à utiliser des mots plus précis. Les démons de Swann ne sont jamais véritablement loin de lui, et s’il a su mettre une distance avec eux, il ne pourra jamais agir comme s’ils ne sont pas prêts à revenir dans son existence suite à un élément déclencheur. Et sur ce point, justement, ils se doutent tous les deux que la décision de se séparer, sur le plan physique uniquement, peut être un déclencheur du genre. Malgré tout, Swann veut croire qu’il est plus fort que ça - simplement, il ne prendra pas le risque que son idée puisse être erronée en mettant le bonheur de Robin en jeu. « Je sais qui appeler au besoin. » Il sait surtout reconnaître les signes annonciateurs, il le jure. Swann hoche la tête pour donner un peu plus de force à ses mots, soucieux de persuader Rory mais surtout de ne pas l’inquiéter plus que déjà le cas. « J'ai besoin que tu me promettes que tu me demanderas de rentrer, si c'est pas le cas. » Son cœur se brise un peu plus face à l’idée simple qu’il pensait qu’il appellerait un ami et non Rory, mais il hoche tout de même à nouveau la tête. Si tout tourne mal, ce qu’il n’espère pas, bien sûr qu’il le tiendra au courant. Malgré tout, ce n’est pas le plan qu’il a à l’esprit. « C’est promis. » Il prend le temps de lui répondre, mot pour mot, pesant chaque syllabe. S’il est au plus mal, il sait bien que seul Rory serait en mesure d’être le soutien dont il a besoin. « J’allégerai mon emploi du temps pour être le plus possible avec elle. Je sais qu'ils seront tous contents de la rencontrer. » Plus vivement cette fois-ci, il hoche la tête, heureux d’entendre Rory aménager un emploi du temps qui n’existe que dans son esprit pour laisser autant de place que nécessaire à leur fille. Il n’avait jamais douté qu’il serait bon pour elle, évidemment, mais l’entendre est une idée qui permet de le rassurer et s’il n’est pas certain de quoi seront faits les prochains jours pour lui, il sait au moins que leur fille verra le monde et du monde ; qu’elle sera heureuse, en d’autres termes.

Jamais il n’oubliera pourquoi il aime Rory, même en étant séparés, et quand bien même ses mots sont importants, une petite voix au fond de son esprit lui assure qu’ils ne sont pas toute la vérité. « Tu n'as pas mal agi, Swann. » Il n’a pas voulu mal agir, ça non, mais il a imposé dans leur couple une discussion qui n’aurait jamais dû être faite autrement qu’à deux ; et ça, Rory ne peut pas le nier. Tout ce que l’anglais peut assurer en retour, c’est que cette pause imposée n’est que temporaire et quand bien même sa durée reste inconnue, elle n’en reste pas moins évidente : temporaire. Il a besoin d’un temps pour lui, il a besoin d’un temps pour s’auto-flageller, mais il sait aussi et surtout qu’il a besoin de cette vie auprès de Rory. « Moi aussi, et ça changera jamais. » Ils veulent de cette vie ensemble, ils veulent prendre le temps de construire tout ce dont ils ont un jour parlé. « On a notre rêve. » Et ça, c’est immuable. « Ça semble si loin. » Swann serre la mâchoire, incapable de faire autrement que d’accuser le coup d’une réponse qui n’en sonne pas moins comme une attaque. Il sait que Rory se contente de penser à voix haute, mais puisqu’il n’est pas capable de la même objectivité pleine et entière qu’à son habitude, il accuse le coup.

« C'est à moi que j'en veux, Swann. J'ai pas réagi de la façon dont tu l'aurais voulu. »
« Non mais dans un couple il faut savoir dire stop. »

Et Rory a eu raison de le faire s’il ne se sent pas encore prêt à accueillir un second enfant, parce qu’ils savent tous les deux que ce n’est pas une idée qui peut finalement être mise de côté une fois le processus avancé. Ils doivent être certains de le vouloir et, dans le cas présent, Rory ne l’était pas. « Je sais que je t'ai déçu. C'est ça le plus difficile. » Swann ne dit rien. Il y a sans doute une part de déception qui anime son cœur, c’est vrai, et il ne mentira pas face à son mari. Son regard se baisse un instant, coquille vide qui s’ancre aux jointures des carreaux du sol. « Je t'en voudrais seulement si tu te persuadais que ça remet tout en question. Mais c'est pas le cas, pas vrai ? » - « Non. Non, non. » Il reprend vivement, nous souhaitant pas le laisser avancer plus loin dans une réflexion qui, il le jure, n’a rien de véritable. Ses sentiments sont inchangés, son désir d’une vie à ses côtés l’est tout aussi peu. « Tu es l’amour de ma vie. » Et ça ne changera pas, même après avoir passé quelques semaines loin l’un de l’autre. « Tu sais, dans Doctor Who, Rory se fait appeler “centurion” par sa femme, parce qu’il l’a attendue pendant 2000 ans. » En habits de romain, à Stonehenge, parce qu’elle était morte mais ressuscité en 2010 - en somme, une histoire à la Doctor Who dont personne ne peut rien comprendre, sauf ceux qui ont un sang anglais. Il ne rentre pas dans les détails, se contente de l’éternelle douce anecdote du prénom partagé avec un personnage de fiction de sa série préférée, dont il tente aujourd’hui de faire le parallèle avec son quotidien. « Et je te ferai pas attendre 2000 ans, c’est promis, mais… je sais pas où je veux en venir, je veux juste que tu saches que je sais que t’es fort. » Qu’ils sont forts tous les deux, à l’image de leur couple. Et si cette pause s’avère nécessaire sur l’instant, elle ne sera pas la source de davantage de problèmes. Il ne l’imaginera pas le tromper avec les plus beaux acteurs et actrices du monde du cinéma ; Rory ne l’imaginera pas le tromper avec n’importe quelle personne de la ville. Il ne reviendra pas non plus pour que Swann lui annonce finalement qu’il vaut mieux qu’ils se séparent pour de bon. Ce n’est pas le sujet, ce n’est pas la question, et c’est encore moins ce dont ils ont besoin. « J’ai besoin que tu sois mon Centurion pour un temps. Et après ils finissent par se marier et ils vivent de très belles aventures, je te le promets. » Puisqu’ils ont déjà passé la phase du mariage, ils se contenteront de vivre de très belles aventures, ce qui convient parfaitement à Swann. « Je ferai rien d'irraisonnable. » Que ce soit pour leur couple, ou pour lui-même.

(c) nairobi & karolinadeanwrites

waiting for my memories to come and play.

@SWANN CRAINE & RORY

« Je sais qui appeler au besoin. » Ces mots le rassuraient autant qu'ils blessaient une part de lui qui restait douloureusement consciente que cet éloignement ne ferait pas de lui la première personne à pouvoir intervenir s'il se passait quoi que ce soit. Et ça, sans qu'il soit même certain que Swann l'aurait nécessairement appelé s'il était resté à Brisbane et qu'ils avaient simplement mis une distance un peu moins importante entre eux. Peut être pas, parce que tout restait pour le moment suffisamment compliqué pour que leurs habitudes et leurs réflexes s'en trouvent forcément bouleversés. Tout ce qu'il pouvait faire, à cet instant, c'est se raccrocher à la promesse formulée par son mari. « C’est promis. » Parce qu'au delà de ces difficultés qu'ils dépasseraient tôt ou tard, le plus important à ses yeux était que Swann ne fasse rien pour se nuire et n'hésite pas à solliciter de l'aide s'il en éprouvait le besoin – la sienne ou celle d'un ami, ça n'avait pas tant d'importance tant qu'il allait bien et que cet épisode n'en devenait pas plus douloureux qu'il ne l'était déjà. « Tu passeras toujours en premier, peu importe le nombre de kilomètres qui nous séparent. » Et il avait besoin de le lui dire, simplement, pour statuer une nouvelle fois cette vérité. Robin et lui étaient tout ce qu'il avait de plus cher au monde, ils étaient les deux êtres pour qui il serait véritablement capable de se battre jusqu'à son dernier souffle et pour qui il irait même jusqu'à donner sa vie sans la moindre hésitation, dans la minute s'il le fallait. Ils étaient tout pour lui. Son mari était tout pour lui. « Non mais dans un couple il faut savoir dire stop. » Il avait raison et si Rory avait réagi comme il l'avait fait sur le coup, c'est parce qu'il le pensait lui aussi. C'était pourtant loin de l'empêcher de s'en vouloir à présent. « Mais j'aurais voulu que ça cause moins de souffrance. » Il aurait voulu pouvait leur éviter tout ça, mais c'était bien impossible quand le sujet les touchait d'aussi près.

Il ne savait pas lui en vouloir. Ou si une part de lui éprouvait peut être une part de rancœur, il était bien incapable de le formuler aussi clairement. Tant que son mari croyait encore en eux, tant qu'il continuait à croire en leurs projets, en leur avenir ensemble, alors rien ne lui semblait justifier qu'il lui en veuille. Si Swann devait se mettre à douter, s'il devait se mettre à songer que tout était à présent réécrit et que ça avait fondamentalement changé ce qu'ils étaient et ce qu'ils partageaient depuis toutes ces années, alors oui peut être qu'il lui en voudrait inévitablement. Mais il pouvait déjà lire dans ses yeux qu'il en était très loin, Swann. Que même ici, l'essentiel n'avait pas changé. « Non. Non, non. » L'entendre le lui confirmer faisait pourtant un bien fou, rien ne comptant plus à cet instant présent que l'idée que son mari et lui restent sur la même longueur d'ondes au sujet du plus important. Leur vie ensemble, tout ce qu'ils avaient déjà vécu et tout ce qu'ils vivraient encore tous les deux. « Tu es l’amour de ma vie. » Ce n'était peut être pas la première fois que ces mots-là résonnaient entre eux, c'est vrai, mais ils ne l'avaient sans doute jamais autant touché qu'à cet instant. Peut être parce qu'il avait plus que jamais besoin de les entendre, non pas pour s'en convaincre ou parce qu'il aurait même dans l'idée d'en douter, simplement parce qu'ils résumaient absolument tout. En témoignait l'émotion irrépressible qui avait pris d'assaut son regard et contre laquelle Rory ne chercha même pas à lutter. « Tu sais, dans Doctor Who, Rory se fait appeler “centurion” par sa femme, parce qu’il l’a attendue pendant 2000 ans. » Passer des larmes au rire était la dernière chose à laquelle il aurait pu s'attendre dans un moment pareil, pourtant c'est bien un soupçon de joie et de légèreté qui se refléta dans sa façon de lui sourire, cette fois. « Ah oui, le fameux Rory. » Il souffla d'un air ému, quelques peu amusé aussi. Si l'univers tout entier de Doctor Who lui était plutôt familier depuis le temps que son mari faisait son éducation en la matière, il va sans dire que ce personnage en particulier s'étaient souvent retrouvés au cœur de leurs échanges. La toute première fois qu'il avait été évoqué au cours d'une de leurs discussions, l'acteur n'avait pas même encore trouvé le courage de lui ouvrir son cœur, comme si ce Rory au prénom si évocateur les avait finalement accompagné dès leurs débuts. Il trouvait cette idée irrésistiblement adorable, parce qu'elle renforçait la conviction qu'il avait toujours nourri qu'entre eux l'évidence avait sonné dès le départ. « Et je te ferai pas attendre 2000 ans, c’est promis, mais… je sais pas où je veux en venir, je veux juste que tu saches que je sais que t’es fort. » Il n'avait pas besoin de savoir où il voulait précisément en venir pour que son discours soit le plus touchant qu'il aurait pu improviser dans de telles circonstances, tel que le regard brillant de l'australien l'illustra mieux que tout le reste. « J'essaie de l'être, mon amour. J'essaie. » Il l'avait sans doute été bien davantage à d'autres moments de sa vie, peu d'entre eux ayant été plus douloureux et déstabilisants que celui où son mari et lui décidaient de s'éloigner plusieurs semaines, mais il faisait de son mieux. Il essayait. « J’ai besoin que tu sois mon Centurion pour un temps. Et après ils finissent par se marier et ils vivent de très belles aventures, je te le promets. » - « Oui, oui. » Ce ne serait pas différent pour eux. « C'est qu'une mauvaise passe, qu'un contre-temps dont on viendra à bout. Nous aussi, on vivra encore beaucoup de très belles aventures. » Un peu moins remuantes et détonantes que s'ils avaient fait partie de l'univers de Doctor Who, c'est certain, mais non moins précieuses et magiques, il en était convaincu. « Je te promets d'être ton Centurion, Swann. » Il lui assura doucement. C'était plus que jamais le moment de faire honneur à Doctor Who, et il le ferait avec tout son cœur.

« Je ferai rien d'irraisonnable. » Sa manière d’acquiescer et de lui sourire, aussi simplement que ça, prouverait à Swann qu'il n'en doutait pas et qu'il lui retournait silencieusement cette promesse. Il savait pourquoi son mari choisissait de prononcer ces mots, mais il n'avait pas attendu qu'il le fasse pour avoir toute confiance en lui. Ils avaient déjà convenu que Swann n'hésiterait pas à demander de l'aide s'il sentait qu'il en avait besoin, et ils avaient partagé suffisamment de discussions à ce sujet pour que Rory soit certain qu'il reconnaîtrait immédiatement les signes et ne resterait pas seul si cet isolement devait être trop difficile à supporter. C'était la raison pour laquelle il se résignait à partir malgré son inquiétude, malgré tout ce qui l'inciterait à rester s'il n'écoutait que son cœur. Pour le reste, ils n'avaient même pas besoin de se faire la promesse qu'ils ne laisseraient rien se mettre en travers de leur mariage, pas même dans un moment aussi compliqué pour leur couple, sur ce point-là Rory n'éprouvait pas même la plus petite inquiétude. Il doutait peut être de beaucoup de choses, tout comme il lui arrivait fréquemment de douter de lui-même, mais ce sujet-là ne verrait jamais naître le moindre doute entre eux. « On n'est pas le premier couple à en passer par là. Et ça veut pas dire que ce qu'on partage est moins fort ou plus fragile. » Il avait grandi au sein d'un foyer où l'harmonie conjugale n'était qu'un mirage, où son père et sa mère avaient subi des décennies d'un mariage à bout de souffle sans jamais rien entreprendre pour régler leurs problèmes ou ne serait-ce que les regarder en face. Il connaissait le déni, il connaissait la rancœur maquillée par des artifices censés donner l'illusion que tout allait bien. Ce que Swann et lui traversaient aujourd'hui n'avait rien à voir avec ce qu'il avait pu observer chez ses parents, et qu'ils soient prêts aujourd'hui à une décision aussi radicale prouvait justement qu'ils feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver leur couple. Le simple fait de le vouloir, le simple fait d'être conscients du problème et de vouloir le prendre à bras le corps, ça leur prouvait déjà qu'il ne pourrait en ressortir que du positif. Qu'ils n'avaient rien à perdre à essayer. « On n'est pas infaillibles, nous non plus. » Il avoua finalement, un éclat plus triste mais absolument pas résigné au fond des yeux. Cette épreuve était aussi une leçon d'humilité pour chaque couple qui en passait par là : ils n'étaient pas moins susceptibles de traverser des crises, peu importe la force de leur amour ou la conviction qu'ils n'avaient jamais cessé d'avoir qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Ils restaient humains, ils pouvaient faire des erreurs et ils pouvaient tout entreprendre pour les réparer. « Tu es l'amour de ma vie, toi aussi. Il n'y a pas eu un seul instant où j'en ai douté, et celui-là ne fait pas exception à la règle. » Au contraire, il en était aussi certain aujourd'hui qu'il l'avait toujours été. Et rien ne comptait plus que de le lui assurer en retour, aucune part de lui-même ne doutant pourtant que son mari le sache déjà. Il avait simplement besoin que ce soit dit, que ce soit une évidence à laquelle ils pourraient l'un et l'autre toujours se raccrocher, peu importe à quel point les prochaines semaines seraient difficiles. « Et si passer les prochaines semaines loin de toi signifie qu'on a une chance d'en ressortir plus forts, alors je veux croire que c'est la bonne chose à faire. » Parce que tout ce qui les mènerait à nouveau l'un près de l'autre, tout ce qui les aiderait à se pardonner, était forcément la bonne chose à faire.

« Tu passeras toujours en premier, peu importe le nombre de kilomètres qui nous séparent. » Et il le sait. Malgré sa peine et sa douleur, il le sait, ce qui ne fait paradoxalement qu’accentuer ces sentiments difficiles. Il sait que même en passant le premier, et de loin, cela ne suffit pas pour qu’il ait envie de fonder une famille plus grande. Le lien de cause à effet est fait trop rapidement, Swann en est conscient, mais il est aussi conscient qu’il ne peut pas tout rationaliser dans son quotidien. Il ne l’a jamais su, s’il était honnête, et c’est bien pour cette raison que Rory s’en fait davantage, parce qu’il a peur que son mari ne soit pas capable de la moindre juste mesure dans cette histoire. Swann non plus n’est pas serein face à cette idée. « Mais j'aurais voulu que ça cause moins de souffrance. » Lui aussi l’aurait voulu. Il aurait voulu se coucher avec le même bonheur simple qui animait son cœur quand il s’est réveillé, Rory à ses côtés. Le lit sera froid pour les semaines à venir et son cœur sera lourd.

Maladroitement, l’anglais tente de les sortir de ces sable mouvants, évoquant la série mythique de son pays d’origine et en faisant ainsi son échappatoire, sa bouée de sauvetage. Les liens sont tirés par les cheveux, à n’en pas douter, mais ils lui donnent au moins l’occasion de parler d’autre chose, ou simplement de parler tout court alors que son cœur est ailleurs. Le sourire de Rory lui donne un brin de baume au cœur au milieu du désastre. « J'essaie de l'être, mon amour. J'essaie. » Il faut être fort pour accepter volontairement de s’éloigner de son mari après une telle discussion et ne pas perdre en chemin l’espoir de se retrouver - et c’est justement parce que cet espoir ne doit pas s’évanouir que Swann en parle à nouveau et le chérit. « C'est qu'une mauvaise passe, qu'un contre-temps dont on viendra à bout. Nous aussi, on vivra encore beaucoup de très belles aventures. » L’anglais hoche la tête, bien plus ému d’entendre Rory prononcer ces mots qu’il ne l’avait été de les prononcer lui-même. Qu’il y croit lui aussi est différent, particulièrement différent. « Je te promets d'être ton Centurion, Swann. » Il lui assura doucement. C'était plus que jamais le moment de faire honneur à Doctor Who, et il le ferait avec tout son cœur.

« On n'est pas le premier couple à en passer par là. Et ça veut pas dire que ce qu'on partage est moins fort ou plus fragile. » Mais ça veut dire qu’il y aura pour toujours un avant et un après. Swann ne le dit pas, il ne veut pas que ce soit acté oralement entre eux, et pourtant il n’en pense pas moins. Il n’en craint pas moins non plus, parce qu’il a plus que jamais peur de ne pas retrouver leur si parfaite relation ; celles qu’ils ont toujours connue. Tristement, il hoche la tête en voulant lui donner raison. « On n'est pas infaillibles, nous non plus. » Ils l’ont toujours su, évidemment. Ce qu’ils n’avaient pas anticipé, c’est que leur faille se trouve justement être à ce niveau-là. « Tu es l'amour de ma vie, toi aussi. Il n'y a pas eu un seul instant où j'en ai douté, et celui-là ne fait pas exception à la règle. » Son cœur se serre. Il y a bien longtemps qu’il n’avait pas naturellement réagi ainsi après avoir entendu Rory lui répéter son amour. « Et si passer les prochaines semaines loin de toi signifie qu'on a une chance d'en ressortir plus forts, alors je veux croire que c'est la bonne chose à faire. » - « On en sortira plus forts. » Il annonce enfin, la voix pâteuse. Il n’y a que cette issue qui lui semble possible, plausible. Il refuse de reconnaître l’hypothèse qu’une fois Rory de retour, trop de temps ce soit écoulé pour qu’ils puissent réparer leur couple. Cela ne peut pas exister, cela ne peut pas être vrai. Ils ont passé une quasi décennie ensemble, ils se sont attendus pour vivre leur histoire au grand jour : bien sûr qu’ils peuvent encore attendre avant d’agrandir leur famille. Le problème n’est plus là depuis longtemps, il est désormais bien plus intrinsèque, mais Swann veut croire qu’ils arriveront ensemble à démêler ces nœuds, un à un. En attendant, ils ont besoin de temps et d’espace. Lui, surtout, a besoin de temps et d’espace et il préfère que cela serve à la carrière de Rory plutôt qu’ils rôdent autour l’un de l’autre et que cela le pousse à avoir des mots dépassant sa pensée. « Je vais te laisser faire tes affaires. » Il annonce finalement, sous-entendant ainsi que le départ de Rory est proche, qu’il ait ou non déjà pris un vol - bien sûr que non, il ne l’a pas déjà fait. Swann rentre à peine, mais il est capable de trouver autre chose à faire de sa soirée pour éviter un au-revoir qu’il ne veut pas vivre. « Tu me ramèneras ces biscuits que j’ai aimé, la dernière fois ? » Le sourire est forcé, la demande l’est tout autant. Il tente de faire comme si de rien n’était, comme au moment où il gomme la distance entre eux deux pour poser un simple et (trop) rapide baiser contre sa joue. Il est bien plus démonstratif en temps normal, et même alors qu’ils vivaient cachés il l’était bien plus qu’à travers de ce simple baiser volé. « Juste une mauvaise passe. » Il répète. Pour Rory, pour lui-même, pour qui veut bien l’entendre. Une mauvaise passe, et ils seront bientôt à nouveau ensemble et heureux. Très bientôt. Tout ce dont il a besoin, c’est de quelques jours, il le jure. Quelques jours et un peu d’autres encore ensuite.