Si Lewis avait la chance d’être disponible facilement, cela n’était pas le cas de beaucoup de ses amis, alors il avait appris à combler le temps libre qu’il possédait autrement. Comme depuis petit, il se noyait dans les jeux vidéos, en se déculpabilisant parce qu’il sortait le soir. Parmi ses connaissances, la personne qu’il était le plus difficile de voir était Ruben et pour cause, le médecin ne comptait pas ses heures et passait la plupart de son temps à l’hôpital. Lewis s’en était rendu compte de la pire des manières, alors qu’ils restaient assis dans la chambre d’Atlas durant des heures parfois, à parler de tout et de rien, ou à tenter de lancer des boulettes de papier dans la corbeille. Ils s’y étaient surtout ennuyés, au point où le blond s’était parfois demandé pourquoi Ruben le soutenait à ce point - il n’y était parfois pas obligé, aurait pu rentrer, et il le savait. Maintenant habitué avec la façon dont son premier mariage était celui avec son métier, il avait été étonné de voir un message s’afficher sur son écran de téléphone pour lui demander de le retrouver au pub. Le soir même. Comme si le neurochirurgien avait la capacité de prévoir des plans de dernière minute. Quelque chose clochait, il en était convaincu, et son sourcil était resté arqué un instant avant qu’il ne se décide à répondre qu’il était, de son côté, évidemment disponible. Le message n’indiquait rien de plus, et pourtant, le ton et surtout le côté soudain de l’envoi avaient piqué sa curiosité, assez pour qu’il en demande les raisons. Ruben n’avait plus répondu et Lewis n’avait pas insisté, conscient qu’il avait mieux à faire. Il s’était rendu chez son client ce jour-là pour se concentrer sur les tests de sécurité des serveurs de l’entreprise et avait réussi à se concentrer. Parce que les lignes de code et l’idée de potentiellement trouver une faille réussissaient toujours à le recentrer, peu importe la situation.

Il était repassé rapidement chez lui, pour changer sa chemise un peu trop professionnelle à son goût pour un t-shirt noir un peu plus décontracté et il s’était mis en route vers le bar où ils s’étaient donnés rendez-vous. Les retards de Lewis n’avaient d’égal que la ponctualité de Ruben et s’il en était au troisième regard lancé à l’horloge de son téléphone, c’était parce qu’il savait au fond de lui que quelque chose se tramait. Buvant une gorgée de sa bière avant d’essuyer la mousse de ses lèvres, c’était en relevant la tête vers la porte du pub qu’il avait enfin vu la silhouette de son ami se diriger vers lui. Levant la main pour lui indiquer sa présence, le mince sourire qu’il lui avait accordé semblait presque trop enthousiaste pour la situation. « Tu m’excuses je t’ai pas attendu, tu sais que j’aime pas quand tu me fais ça. » avait-il lancé en levant sa pinte en sa direction alors que Ruben s’installait devant lui avec les traits tirés. Ce détail ne le rassurait absolument pas, lui qui battait déjà la cadence avec sa cuisse sous la table, sa pinte de bière pour seul réconfort. Il n’était pas du genre à s’imaginer le pire même si son expérience avec l’accident d’Atlas avait légèrement changé la donne, mais Ruben n’était pas de ceux qui demandaient des services. Surtout pas à Lewis. « Tu prends un truc ou tu fais que passer ? Je sais jamais avec tes horaires. » La dernière phrase avait été l’occasion de laisser s’échapper un léger rire, de ceux que l’on contenait mais que l’on avait besoin d’exprimer pour détendre l’atmosphère. Il dramatisait, il en était convaincu, pourtant, l’air sérieux et le front plissé du neurochirurgien ne participaient pas à chasser les doutes de son esprit.

whatever devil's inside you, don't let him out tonight

@lewis siede

lieu: pub mctavish, bayside.
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***
Oh, il n’y avait rien de raisonnable dans la décision qu’il venait de prendre; mais si Ruben ne prenait que des décisions raisonnables ces derniers temps, plus d’une personne serait déjà au courant et les choses n’en seraient pas rendues au point où elles en étaient. Ce n’était pas non plus la pire des décisions qu’il inscrivait sur la liste de celles qu’il menait de fond ces dernières semaines, mais il fallait qu’il refuse à son cerveau d’accéder au reste des idées que ce dernier gardait enfouies dans un coin, qu’elles n’entrent pas en corrélation avec ce qu’il s’apprêtait à demander à Lewis - parce-que sinon, effectivement, ce serait la décision la moins raisonnable qu’il ait pu prendre de sa vie. Pour l’instant, il se devait de terminer les deux consultations qui restaient à son planning avant de rejoindre Siede au bar où il lui avait donné rendez-vous.

Le regard de Ben scruta les personnes déjà installées à leurs tables avant de tomber sur un Lewis bien trop heureux dans son coin, agitant la main pour signaler sa position. Soupirant quelque peu, il le rejoignit. « Tu m’excuses je t’ai pas attendu, tu sais que j’aime pas quand tu me fais ça. » Il balaya d’un revers de la main ses excuses. « Je m’en serais douté, t’en fais pas. » Parce-que Lewis savait malheureusement que trop bien la façon dont les journées pour lui n’étaient pas aussi bien réglées et millimétrées qu’il tentait des fois de l’anticiper. « Tu prends un truc ou tu fais que passer ? Je sais jamais avec tes horaires. » - « Je vais juste prendre un café oui. Je suis d’astreinte en seconde partie de nuit. » Il aurait du l’être pour la première partie aussi, mais avait réussi à refiler quelques heures à son collègue de jour afin de se libérer pour voir Lewis. Posant son regard réellement sur lui pour la première fois depuis qu’il avait passé le pas de la porte du pub, il pinça ses lèvres, gardant le silence en otage un instant. Oh, il savait qu’il se doutait que ce n’était pas simplement une rencontre de courtoisie qu'il lui avait proposé - autant parce-qu’il avait avoué dans ses messages qu’il avait besoin d’un coup de main, que parce-que ce n’était pas dans ses habitudes de déranger son programme pour se libérer du temps de la sorte. Pas pour ce genre d’ami, en tous cas.

« Je te demande quand même comment tu vas avant d’engager les hostilités ? » Parce-que même s’il n’était pas au meilleur de ses manières ces derniers temps avec bien des gens, initialement Ruben était quelqu’un de poli et bien éduqué; alors bien sur qu’il commencerait toujours d’abord par prendre des nouvelles de la personne qui se trouvait face à lui. Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre et indiquant au serveur qui passait par là qu’il prendrait juste un café, il reporta son attention sur Lewis par la suite. « Parce-que après je vais te demander un service et tu vas peut-être vouloir m’envoyer paitre, alors je commencer par la partie agréable et facile qui est de prendre de tes nouvelles. » Parce-que même s’ils étaient amis, même lui pouvait avouer que c’était quelque peu tiré par les cheveux ce qu’il s’apprêtait à demander à Lewis.

Lewis aurait dû être rassuré de voir son attente écourtée, pourtant, l’air bien trop sérieux de Ruben n’avait pas réussi à calmer le cours de ses pensées. Certes, le neurochirurgien avait constamment l’air presque fermé, n’était pas du genre à rire ouvertement ou à donner l’impression aux gens qu’il était quelqu’un de sympathique - Lewis lui-même avait bénéficié d’une rencontre particulière pour pouvoir creuser sa carapace. Mais c’était différent, alors qu’il s’installait devant lui avec urgence, comme si le rôle qu’il allait devoir jouer dans la suite était primordial. Il n’aimait pas ça, tout comme il détestait la façon dont Ruben lui avait envoyé ce message mystérieux lui indiquant qu’il devait le voir. « Je m’en serais douté, t’en fais pas. » Le blond avait incliné la tête, comme pour souligner qu’il le remerciait de cette pointe de compassion. Il aurait pu lui donner des indices, s’il ne voulait pas révéler l’ampleur de ce qu’il devait lui demander par message, n’importe quoi pour qu’il n’ait pas l'impression que quelque chose de trop grave était en train de se jouer pour son ami. A en juger par la façon dont il semblait pressé, il y avait fort à parier qu’il se passait bel et bien quelque chose, parce que Ruben n’était pas du genre à quitter l’hôpital pour se détendre au bar entre deux obligations. Loin de là. « Je vais juste prendre un café oui. Je suis d’astreinte en seconde partie de nuit. » Lewis avait regardé sa pinte avant de grimacer, il assumait maintenant beaucoup moins le fait d’être en train de boire de l’alcool alors que son ami prenait un café. Mais, finalement, il était un peu plus dans la logique que lui, parce que seul les médecins et leurs horaires improbables pouvaient s’accorder un tel excitant en fin de soirée. « Je te demande quand même comment tu vas avant d’engager les hostilités ? » Un léger rire s’était échappé de ses lèvres avant qu’il ne secoue la tête, comme pour balayer cette question d’un revers de la main et l’encourager à continuer. « Parce-que après je vais te demander un service et tu vas peut-être vouloir m’envoyer paitre, alors je commencer par la partie agréable et facile qui est de prendre de tes nouvelles. » Ils n’étaient probablement pas les amis les plus proches, ne se connaissaient même pas depuis si longtemps. Et pourtant, Lewis avait le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’assez important à ses côtés pour que Ruben ne ressente pas le besoin de le ménager ou de donner l’impression qu’il devait s’adonner aux échanges habituels avant de demander un service. Il avait été là pour lui, probablement plus qu’il ne l’imaginait, et l’inverse serait tout aussi vrai - malgré la pointe d’appréhension qui ne quittait pas son esprit. « J’vais bien, t’embêtes pas avec ça, dis-moi. » avait-il lancé comme pour le presser d’enfin nourrir sa curiosité. « Si t’as libéré du temps entre deux astreintes c’est que c’est important. Voire grave. » Son regard s’était reporté sur lui alors que son front s’était plissé : il n’avait aucune envie de s’adonner à du small talk alors qu’il avait déjà trop attendu, s’était déjà trop inquiété. « Dans quel merdier tu t’es foutu Ruben ? » Parce que si le médecin avait bien du mal à en venir au but, lui ne prendrait pas les même pincettes. Ils étaient conscients tous les deux du comportement de Ruben, un comportement loin de faire l’unanimité, et il n’était pas étonnant que Lewis vienne s’inquiéter de ce que ce service pouvait bien signifier.

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Ce serait qu'un simple café de son côté, car effectivement il se devait de retourner à l’hôpital après leur échange - Ruben s’était contenté de simplement repousser le problème des dossiers qu’il se devait de remplir à plus tard dans la soirée ou la nuit pour libérer un peu de temps en fin de journée, mais ça ne retirait pas le fait qu’il se devait de retourner au travail par la suite. A ses risques et périls, car selon comment tournait la conversation avec Lewis et ce que cette dernière pourrait mettre en lumière, il serait plus ou moins ravi de devoir renfiler sa blouse pour une bonne poignée d’heures encore. Avant d’en arriver à cette partie là, il ne pouvait cependant se permettre de ne pas prendre des nouvelles du jeune homme, surtout alors qu’il était face à lui. « J’vais bien, t’embêtes pas avec ça, dis-moi. » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté, haussant de façon presque imperceptible l’un de ses sourcils, soulignant ainsi que si, il pouvait s’embêter avec ça. « Si t’as libéré du temps entre deux astreintes c’est que c’est important. Voire grave. » - « C’est important, pas grave. Enfin… Pas dans ce sens là de grave. » L’espérance de vie de personne n’était en danger, si ce n’était de la réputation et de l’égo de Ruben. « Je peux m’embêter avec ça, comme tu dis. »

« Dans quel merdier tu t’es foutu Ruben ? » A ces mots là, il pinça ses lèvres et laissa un soupir lui échapper.

Et il resta un long moment dans le silence, parce-qu’il savait exactement pourquoi il se retrouvait devant Lewis aujourd’hui, c’était toujours plus simple d’avoir les détails dans sa tête que de les exprimer à haute voix. Surtout que cela impliquait de devoir admettre à autrui qu’il avait fauté, et ce n’était pas spécialement quelque-chose dont il était fier malgré tout et malgré l’attitude plutôt solide qu’il se forçait à garder jour après jour autant que possible. Croisant les bras sur son torse, laissant son regard accrocher celui de son ami encore un instant, il eut un nouveau soupire avant de se lancer. « Est-ce que tu pourrais regarder certaines informations si je te le demande dans un serveur de données ? » C’était une question large, qui n’impliquait pour l’instant il le savait pas assez de détails pour que Lewis puisse réellement en faire quelque-chose; raison pour laquelle il ne tarda pas à enchainer. « Là où t’es pas supposé fouiller, je veux dire ? Et pour rendre un service à un ami ? » Il décroisa les bras, apposa les avant bras sur la table pour croiser ses mains cette fois-ci alors qu’il se rapprochait quelque peu de Lewis - il avait toujours cette peur inexpliquée que quelqu’un puisse entendre ce qu’il disait comme s’il était assez important pour que cela puisse être grave si c’était effectivement le cas. « Les dossiers de réservation d’un hôtel. » Si ses lèvres ne le prononçait pas, ses yeux lui criaient s’il te plait. Ruben ne savait pas où cette requête allait mener, mais il se devait de lui demander au cas où il puisse récupérer une information sur laquelle rejeter la faute - sa faute, celle de son infidélité.

A chaque fois qu’il se retrouvait face à Ruben, avant de se reconcentrer sur le fait qu’ils étaient maintenant amis, Lewis ne pouvait s’empêcher d’être transporté quelques années en arrière. Durant l’accident, durant cette partie de sa vie qui l’avait changé et qui avait encore un réel impact sur le présent. Alors il comprenait l’étonnement sur le visage du neurochirurgien quand il lui avait indiqué qu’ils n’avaient pas besoin d’échanger des banalités avant de commencer une discussion importante. Ruben se souciait encore de comment il allait, même après tout ce temps, et cela ressemblait plus à une déformation professionnelle parce que l’état dans lequel il était était tout sauf naturel, tout sauf capable de lui indiquer qu’il était enclin à entamer une discussion entre amis. « C’est important, pas grave. Enfin… Pas dans ce sens là de grave. » Lewis avait arqué un sourcil avant qu’il ne reprenne. « Je peux m’embêter avec ça, comme tu dis. » Il savait, qu’il pouvait encore compter sur lui, mais il avait déjà trop attendu pour commencer une conversation qui retarderait le soulagement de sa curiosité. De plus, et son attitude l’indiquait également, Ruben n’avait pas énormément de temps à lui accorder. Alors plutôt que de continuer autour du pot, Lewis avait pris les devants, lui demandant quel était le problème - parce qu’il y en avait clairement un. Le soupir de son ami suivi d’un silence avait fait basculer l’ambiance, la rendant encore plus pesant qu’elle ne l’était initialement. « Est-ce que tu pourrais regarder certaines informations si je te le demande dans un serveur de données ? » Il n’était pas sûr de comprendre où il voulait en venir, ni même les informations dont il pourrait avoir besoin. Il n’avait aucune fichue idée de ce qui était en train de se passer dans la vie du médecin. « Là où t’es pas supposé fouiller, je veux dire ? Et pour rendre un service à un ami ? » Lewis avait retrouvé le dossier de sa chaise, laissant s’échapper un petit rire tendu. « Qu’est-ce que vous avez tous à me demander ce genre de service ? » Emery, qui avait craché le morceau sans prendre de détour, et maintenant lui. Il savait pertinemment l’éthique que possédait Lewis, parce qu’il possédait la même pour son travail, et l’étonnement face à sa demande allait de pair avec l’inquiétude qui ne cessait de croître en lui. « Les dossiers de réservation d’un hôtel. » « C’est quoi comme hôtel ? Un truc chic ou pas trop ? » Traduction : est-ce que l’établissement disposait d’un système de sécurité infaillible ou non ? Parce que dans la pratique, l’unique problème se trouvait là, mais dans la théorie, s’infiltrer dans un serveur de données en soulevait bien plus. « On peut accéder à tout s’ils sont pas bien protégés mais comme tu l’imagines c’est absolument pas légal. » Et s’il pouvait travailler sans laisser de preuves ni de traces, l’idée de risquer sa carrière, une amende ou une peine de prison ne l’enchantait guère. C’était une conversation étrangement similaire à celle qu’il avait eu quelques temps auparavant avec Emery, et il se demandait si les tentations finiraient par avoir raison de lui. « Pourquoi ? » avait-il fini par oser demander, alors que Ruben semblait agité, presque gêné, donnant l’impression à Lewis qu’il n’obtiendrait probablement pas plus d’informations.

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Ce n’était pas le genre de situation pour laquelle il se trouvait fier, bien sur; cela se voyait dans n’importe quel geste qu’il effectuait - là où pourtant ce n’était pas dans ses habitudes - et dans la façon qu’il avait de tourner quelque peu autour du pot. Il aurait pu aller directement à sa demande, et expliquer à Lewis pourquoi il lui avait demandé de le rejoindre ici aujourd’hui; mais cela impliquait d’expliquer pourquoi justement il avait besoin de lui, et tant qu’il pouvait ne pas s’exposer de la sorte il se retenait. Le petit rire qui échappa à son ami lorsqu’il commença à indiquer dans quelle direction il souhaitait voir la situation s’en aller lui fit hausser quelque peu un sourcil: il ne rigolait pas du tout de son côté. « Qu’est-ce que vous avez tous à me demander ce genre de service ? » Il le regarda de façon suspicieuse un instant. « Qui est déjà venu te demander ça ? » Il se doutait que ce n'était pas quelqu’un de son entourage proche, mais étant donné que la chance du hasard n’était pas trop de son côté ces derniers temps, il ne perdait rien à poser la question.

Il perdait moins qu’il ne perdait de dignité à aller au bout de l’idée initiale en tous cas avec laquelle il se présentait aujourd’hui face à Lewis. Ruben n’était vraiment, vraiment pas fier mais il avait à coeur de savoir quel était l’élément qui aurait pu ne pas faire tout basculer. « C’est quoi comme hôtel ? Un truc chic ou pas trop ? » Il fit une petite moue, dodelina quelque peu de la tête. « C’est un trois étoiles je crois. » C'était assez chic pour que le lieu soit à la hauteur de la raison pour laquelle ils se rendaient initialement sur place - ils avaient surtout normalement un service clientèle parmi les meilleurs de la côte; ou c’était ce pourquoi Ben avait initialement signé puisqu’ils n’avaient pu tester, n’étant pas tombés dans le bon hôtel in fine. Celui qui les avait finalement accueilli était celui de la gamme en dessous de ses espérances. « On peut accéder à tout s’ils sont pas bien protégés mais comme tu l’imagines c’est absolument pas légal. » Il se doutait bien que c’était effectivement le cas - il n’aurait pas cette mine déconfite s’il savait cette demande sans accroches sur le chemin. « Pourquoi ? » Forcément qu’il allait demander. Faisant claquer sa langue contre son palais, Ruben finit par s’adosser de nouveau à sa chaise et à croiser les bras sur son torse, son regard échappant à celui de Lewis - hors de question qu’il aborde, qu’importait la façon, ce sujet en voyant ses pensées dans son regard. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais il n’était pas coutumier à l’idée d’être gêné alors cela allait e pair avec. « J’ai… » Il soupira, secouant quelque peu sa tête de gauche à droite. « Une réservation d’hôtel à mon nom me fait du soucis, parce-qu’elle s’est pas révélée être ce que j’avais demandé. » C'était surtout lui qui s’était relevé ne pas être le mari fidèle que Nina pensait qu’il était. « J’ai besoin de savoir pourquoi ça a été changé sans mon accord. » Il échappa un rire sans amusement par le nez. « Ca met en péril mon couple alors que ce soit légal ou non ça m’importe pas trop pour une fois. » Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il tourna son regard de nouveau vers le jeune homme de l’autre côté de la table. « Dis moi au moins si tu peux le faire. » S’il te plait que disait son regard, à défaut que ce soit ses mots qui arrivent à le dire.

« Qui est déjà venu te demander ça ? »
« Peu importe. »

Si Ruben lui avait laissé penser qu’ils avaient le temps pour les discussions de couloir, tout dans son comportement indiquait à Lewis qu’il était celui qui avait vu juste. Il n’y avait pas de temps à perdre, ni même de possibilité d’enchaîner les tentatives pour ne pas aborder le sujet principal. Plus il le repoussait, plus la jambe de Ruben semblait s’accélérer sous la table et la façon dont ses mains trouvaient son visage était un énième témoin de sa nervosité. Alors Lewis avait haussé les épaules après avoir indiqué qu’il ne répondrait pas à la demande, une façon de couper court à tout cela pour épargner son ami mais pour se préserver lui aussi de ne pas imploser en accumulant autant de curiosité. Et la demande avait fini par tomber sans même que Ruben ne prenne le temps de tenter de mieux garder la face. Elle aurait pu lui paraître anodine tant ses compétences étaient souvent demandées, mais additionnée au comportement du médecin, elle amenait encore plus de questionnements. En souhaitant l’impliquer dans la solution, Ruben venait de lui donner le sentiment d’être légitime à poser plus de questions concernant le problème. « C’est un trois étoiles je crois. » Il avait répondu aisément aux questions banales qui touchaient directement à la requête qui venait de lui être exposée, mais ce n’était qu’un préambule et bientôt Lewis avait posé la réelle question.

Il voulait comprendre, savoir ce qui pouvait amener un homme ayant fait le serment d’Hippocrate de s’autoriser à demander à un ami de tirer un trait sur les propres valeurs de son métier. « J’ai… » S’il hésitait, devant une personne qu’il savait être incapable de jugement  envers sa personne, c’était encore un élément venant laisser Lewis penser qu’il s’agissait de quelque chose de grave. « Une réservation d’hôtel à mon nom me fait du soucis, parce-qu’elle s’est pas révélée être ce que j’avais demandé. » Il avait arqué un sourcil, se repositionnant sur sa chaise en tentant de comprendre le récit aux nombreux détails manquants que lui faisait Ruben. « J’ai besoin de savoir pourquoi ça a été changé sans mon accord. »  « Tu peux pas simplement téléphoner pour savoir qui a merdé dans la réservation ? J’sais pas Ruben, sérieux… » Il avait sauvé son frère, alors la liste de choses qu’il lui refuserait était maigre, voire inexistante mais son hésitation était légitime. « Ca met en péril mon couple alors que ce soit légal ou non ça m’importe pas trop pour une fois. » Et en un instant, l’esprit de Lewis avait fait sens de tous les indices qui lui avaient été donnés et sa bouche s’était entrouverte avant qu’il ne se frotte le visage. « Dis moi au moins si tu peux le faire. »  « Je vais t’obtenir ça en passant par des contacts moins scrupuleux que moi, histoire de pas ruiner ma carrière.  »  Devant la mine déjà effarée d’un Ruben peu désireux que ses petits secrets soient exposés davantage - ce qui signifiait qu’il avait bel et bien fauté - Lewis avait repris. « T’en fais pas, ils ont plus à perdre que toi, ce sont des tombes. Et je vais pas citer ton nom, je vais juste leur demander de me récupérer une copie de la base de données. » Un service risqué même s’il l’était moins que le fait de mettre la main à la pâte, mais un service qu’il ne rendrait à personne d’autre qu’à Ruben si sa famille - et peut-être Shiloh - en avait besoin.  « Et Nina ? » La question était ouverte : comment avait-elle réagi ? Où en était leur mariage ? Et qu’en serait-il du it couple.

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« Peu importe. » Il fit une petite moue: ce n’était pas la réponse qu’il attendait - il s’attendait à un nom ou un dénominatif -, mais ce n’était pas non plus tant mauvais signe que cela. Si Lewis avait déjà eu cette discussion là avec quelqu’un de l’entourage proche de Ruben, il n’aurait pas répondu de cette manière là, il en était certain. Alors il lui faudrait ravaler sa frustration de voir une question rester sans réponse.

Ce qu’il ne comptait pas laisser sans réponse, en revanche, c’était toute la partie qui l’avait poussé à venir voir Lewis aujourd’hui; et si ce dernier ne pouvait pas lui en apporter, il le prierait d’oublier qu’il lui en avait parlé et tenterait peut-être de trouver une autre solution pour avoir l’information qu’il cherchait. Ce qui était idiot, en vrai: il n’y avait pas vraiment d’explication qui pourrait effacer ce qu’il s’était passé. Savoir la raison qui avait poussé l’hôtel à modifier sa réservation ne serait là que pour rassurer un égo détruit par un retour de bâton qui se voulait on ne pouvait plus violent. « Tu peux pas simplement téléphoner pour savoir qui a merdé dans la réservation ? J’sais pas Ruben, sérieux… » Pinçant ses lèvres l’une sur l’autre, sa jambe ne sachant calmer le rythme avec lequel elle s’agitait bien malgré lui, il soupira quelque peu. Oh, il aurait pu appeler et demander oui - mais le fait de chercher l’information en toute discrétion lui semblait être un quelque-chose nécessaire en cet instant; parce-que c’était justement le manque de discrétion qui l’avait mené ici, et il n’était pas question que Nina apprenne cette-fois qu’il fouillait de cette façon là où il aurait simplement du s’avouer vaincu face à une situation plus forte que lui. Alors oui, il aurait pu appeler mais étant donné la situation dans laquelle il se retrouvait, se faire petit était aussi une bonne idée.

Et il n’aurait pas demandé à Lewis initialement, parce-qu’il savait qu’il allait chercher à savoir un minimum ce qu’il se passait - il ne pouvait réellement le blâmer, il aurait fait la même chose. Ruben ne lui dit rien, mais le peu qu’il ne lui dit pas suffit pour que son ami comprenne plus ou moins au moins de quoi il en ressortait apparement: il n’y avait qu’à voir la réaction qu’il eut lorsqu’il lui dit que son couple était en péril à cause de ça. L’information récupérée ne changerait rien, toujours, mais il n’empêchait que c’était là la seule manière disponible pour Ruben en cet instant pour se raccrocher aux branches. « Je vais t’obtenir ça en passant par des contacts moins scrupuleux que moi, histoire de pas ruiner ma carrière. » Il échappa malgré lui un soupir quelque peu soulagé. « T’en fais pas, ils ont plus à perdre que toi, ce sont des tombes. Et je vais pas citer ton nom, je vais juste leur demander de me récupérer une copie de la base de données.  » - « Merci. » Parce-que si l’autre voulait protéger sa carrière, il le comprenait: il cherchait à recoller son couple mais aussi à protéger la sienne de son côté.

« Et Nina ? » Dans d’autres moments, il aurait on ne pouvait davantage apprécier la franchise et la frontalité dont il faisait preuve ici; cela aurait même surement arraché un petit sourire amusé à Ben. Aujourd’hui malheureusement, il n’était pas d’humeur à apprécier à sa juste valeur le moment pour ce qu’il était: un non-jugement. Pourtant, il devrait en profiter puisque c’était là quelque-chose de rare parmi les réactions des personnes autour de lui qu’il allait voir défiler. Ben haussa les épaules, laissant son regard retomber sur ses mains croisées sur la table devant lui. « Elle me parle pas. » Ce qui était peut-être le meilleur résumé de tout ce qui se passait entre elle et lui, et ce qui pourrait en être dit; si elle ne lui parlait pas, c’était parce-qu’elle ne voulait pas entendre parler de lui et qu’elle était parfaitement au courant de ce qu’il se passait et de ce que Lewis pensait avoir justement deviné - le fait que le docteur ne contredise pas les pensées qu’il s’en faisait était assez évocateur aussi. « Et bientôt je pense qu’elle va songer à réellement me tuer et m’enterrer parce-que je sais pas lui donner le temps et l’espace qu’elle me demande. » Le sourire pincé et l’absence de fierté dans ses paroles étaient peut-être les signes les plus évocateurs de l’état de la situation: c’était rare que ce soit de cette manière là qu’il présente, qu’importait le contexte. Lewis l’avait vu mieux présenter dans des moments plus délicats que ça. « Donc si jamais t’as de ses nouvelles, je veux bien que tu me les rapportes. » Il secoua quelque peu la tête: pathétique.

Il tâchait d’être pragmatique, de laisser l’option à Ruben d’utiliser les moyens les plus simples, ceux qui ne risquaient pas de le mettre dans une position - encore - plus difficile. C’était sa façon d’être, il n’aimait pas s’attirer des ennuis, encore moins si cela pouvait nuire à sa carrière, et malgré la façon dont ses frasques au lycée l’avait amené à connaître ses meilleurs amis. C’était inhabituel qu’il ait besoin de réfléchir à la place d’un ami qu’il avait connu à l’hôpital et qui savait normalement parfaitement se comporter dans les moments les plus délicats, Ruben n’était pas tout à fait lui-même et il avait pu le comprendre à la seconde où il s’était installé en face de lui. Il avait également compris qu’il n’avait pas besoin qu’on lui indique ce qu’il convenait de faire parce qu’il avait une idée en tête et ne l’en sortirait pas. Lewis était incapable de comprendre s’il s’agissait là d’un simple désir de vengeance envers une personne qui, finalement, n’était pas totalement responsable de la situation dans laquelle il semblait s’être mis à cause de ses propres actions. Il manquait bien des éléments à l’informaticien qui s’était résigné à accorder l’aide que lui avait demandé Ruben, parce que ces demandes-là étaient rares si ce n’est presque inexistantes. « Merci. » Il avait haussé les épaules, ce qu’il lui apportait semblait extrêmement maigre compte tenu de la position que le neurochirurgien semblait occuper.

« Elle me parle pas. » Il savait à quel point Nina comptait pour lui, assez pour qu’il fasse le plus grand pas de sa vie en lui prononçant ce oui qui avait scellé leur amour. Alors son regard triste, le ton morne qu’il utilisait et sa franchise inhabituelle n’amenaient que de l’empathie chez Lewis qui ne pouvait pourtant pas valider les comportements de son ami. Il n’était pas là pour juger, simplement pour soutenir celui qui avait toujours été là pour lui. « Et bientôt je pense qu’elle va songer à réellement me tuer et m’enterrer parce-que je sais pas lui donner le temps et l’espace qu’elle me demande. » Aussi loin qu’il se souvienne, Lewis n’avait jamais entendu Ruben se remettre en question de cette façon et sa première réponse avait été un sourire compatissant. Lui aussi aurait pu choisir d’étouffer Shiloh pour l’empêcher de sortir de sa vie, mais il s’en était empêché et le résultat était là, son amie était de retour. L’exemple était différent, ne lui donnait aucune légitimité à conseiller Ruben, mais il semblait pourtant judicieux de le faire. « Donc si jamais t’as de ses nouvelles, je veux bien que tu me les rapportes. » Poussant un soupir en venant étirer son dos sur sa chaise, il avait tenté.  « Je suis content de pouvoir t’aider, vraiment, mais le truc le plus utile que tu puisses faire là c’est de lui donner ce qu’elle demande. Et j’dis pas que c’est facile, pas du tout. » C’était même un effort considérable, il connaissait assez Ruben pour le savoir mais s’il semblait prêt à faire tout ce qu’il pouvait pour espérer une nouvelle chance avec Nina, allant jusqu’à ravaler sa fierté en se montrant aussi vulnérable auprès de ses proches, il pouvait bien la laisser en paix.  « Je suis pas totalement sûr de ce qu’il se passe même si je crois deviner… » Son regard avait gagné celui du médecin et c’était le seul jugement qu’il se permettrait, il était assez intelligent pour comprendre lui-même ses erreurs et en subissait déjà les conséquences sans que l’informaticien n’ait besoin de l’enfoncer un peu plus. «  …mais c’est logique qu’elle ait besoin de temps. » Il était probablement mal venu de faire ce genre de suppositions pour défendre Nina mais les principes de Lewis dépassaient encore sa loyauté amicale. « Et puis c’est pas à moi qu’elle parlerait, on se connait pas tant que ça. Tu peux pas prendre des nouvelles auprès de quelqu’un d’autre ? Histoire de te rassurer autrement qu'en passant par elle. » Quelqu'un qui saurait rester discret quant au besoin irrépressible de Ruben de savoir qu’elle allait bien quand elle souhaitait le savoir loin de lui.

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@lewis siede

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(c): harlivygifs (gif), luleaby (codage).

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« Je suis content de pouvoir t’aider, vraiment, mais le truc le plus utile que tu puisses faire là c’est de lui donner ce qu’elle demande. Et j’dis pas que c’est facile, pas du tout. » Oh, il savait parfaitement bien que Lewis avait raison et que le conseil qu’il lui donnait était celui qu’il aurait du suivre depuis le début. Et le pire était qu’il n’était pas le premier à lui souligner d’agir de la sorte - Ben avait juste décidé d’ignorer ce conseil et d’agir selon ce que son instinct lui disait. Ce dernier n’était pas bon comandant de bord, en témoignaient les nombreux appels manqués et les trop nombreux messages envoyés ces dernières semaines. « Je suis pas totalement sûr de ce qu’il se passe même si je crois deviner… mais c’est logique qu’elle ait besoin de temps. » Il se permit de lever les yeux au ciel, alors qu’il croisait les bras sur son torse pour s’adosser à la chaise dans laquelle il s’était installé. « Et comme tu peux t’en douter aussi, je suis pas très fort lorsqu’il s’agit de ne pas avoir le contrôle sur la situation. » Parce-qu’il ne savait faire autrement que d’être prêt à anticiper, à imaginer ce qu’il se devait de faire par la suite, d’être maitre de ce que cela pouvait renvoyer au reste du monde. Lewis l’avait déjà vu lorsqu’il était question de son travail: il ne lâchait rien. Le problème était qu’il agissait de la même manière lorsqu’il était question de sa vie privée. Il soupira quelque peu. « Par curiosité, tu penses qu’il se passe quoi ? » Il ne s’en vanterait pas, loin de là - il souhaitait juste savoir si les indices étaient si évidents que même lui, principal concerné, ne se rendait pas compte à quel point c’était d’une évidence si claire que cela faisait presque peur.

« Et puis c’est pas à moi qu’elle parlerait, on se connait pas tant que ça. » - « Au cas où elle cherche à contacter les personnes dont moi je suis proche. » Parce-que cela pourrait être une option, qu’elle se mette à chercher parmi les proches de Ruben pour glaner des infirmations - c’était aussi pour cela qu’en avoir parlé avec le moins de personnes possible dès le début avait été une bonne idée, s’il voulait garder au maximum la main-mise sur la narrative. « Tu peux pas prendre des nouvelles auprès de quelqu’un d’autre ? Histoire de te rassurer autrement qu'en passant par elle. » - « Trouver quelqu’un qui voudrait pas avoir ma peau, tu veux dire ? » Il attrapa sa tasse de café pour en boire une gorgée, camouflant ainsi un petit rire en rien amusé. « J’évite son frère comme la peste, ses collègues m’ont jamais réellement apprécié et son meilleur ami pouvait déjà pas me voir en peinture avant, alors… » Alors il arrivait à court d’options pour pouvoir de son côté récolter des informations qui, surtout, lui seraient données de bonne volonté. Un soupir échappa à Ben. « Je le gère mal mais j’ai pas mille options non plus. » Il reporta son regard vers Lewis. « C’est pour ça que je me rabat sur les choses que je peux maitriser, et pour lesquelles je peux avoir des réponses. D’où ma demande pour l’hôtel. » Il n’en serait jamais fier, il savait que ce n’était pas une bonne idée mais effectivement au moins sur ce pan là de l’histoire, il pouvait mettre son nez pour fouiller puisque c’était son nom à lui qui était apposé sur la réservation. S’il avait été un peu plus malin, il aurait mis celui de Nina depuis le début dessus également, ça lui aurait évité bien des problèmes et de voir sa vie s’effondrer petit à petit sous ses yeux.

S’il pouvait tenter de trouver des manières détournées d’apporter à Ruben l’aide dont il pensait avoir besoin, Lewis préférait davantage lui rappeler qu’il pouvait tenir son rôle d’ami. C’était selon lui une manière plus saine de composer avec la réalité qui venait de le rattraper et qui ne lui laissait semble-t-il aucun répit. Ruben semblait fatigué, nerveux et en colère et l’ensemble de ces émotions pouvait se lire sur son visage, laissant Lewis assez inquiet pour lui donner les solutions qu’il pensait être les bonnes tout en allant encore un peu plus loin. Si le médecin était toujours un brin mystérieux en ce qui concernait sa vie privée, l’informaticien commençait tout doucement à en saisir les raisons et si le tableau qui se dessinait sous ses yeux était loin d’être glorieux, il n’était pas du genre à juger. Surtout pas celui qui avait tenu un rôle aussi important dans sa vie et celle de sa famille. Lewis avait toujours prôné l’écoute et la compréhension et ses propres valeurs venaient être mises à rude épreuve par les subtils aveux de Ruben, comme pour tester sa réelle loyauté envers ses proches. « Et comme tu peux t’en douter aussi, je suis pas très fort lorsqu’il s’agit de ne pas avoir le contrôle sur la situation. » Ses lèvres s’étaient pincées dans un signe montrant à quel point il savait et à quel point il compatissait. « Par curiosité, tu penses qu’il se passe quoi ? » Il avait soupiré, trouvant difficile l’exercice de lui livrer sa propre vérité qu’il craignait être celle de tous les acteurs de cette situation là. Lewis avait fixé Ruben un temps, comme si celui-ci allait l’épargner, mais il n’avait vu au fond de son regard qu’une forme d’insistance. « J’pense que t’as loué cette chambre avec quelqu’un d’autre que Nina et que ça veut tout dire. Pourquoi tu veux que je te donne la version que je m’imagine ? Je suis pas là pour te juger Ruben. » Et obtenir la vérité n’était plus son objectif, pas alors qu’il ne semblait pas nécessaire d'en être convaincu pour pouvoir avoir une quelconque utilité dans la résolution de l’histoire.

La preuve, Ruben le voyait même déjà comme un élément clé alors qu’il n’avait pourtant aucun lien solide avec Nina. « Au cas où elle cherche à contacter les personnes dont moi je suis proche. » Il avait levé le menton pour acquiescer sans aucune forme de conviction, il était même désabusé de voir cet homme à la tête normalement bien vissée sur ses épaules être en train de la perdre totalement. Si Lewis tentait d’apporter des solutions au problème, il savait pourtant à quel point celui-ci ressemblait davantage à un casse-tête. Mais si la femme de Ruben avait souhaité prendre du recul, elle était dans son droit, et plus il insisterait, plus les choses s’envenimeraient. C’était son point de vue, et il n’était pas convaincu qu’il soit le bon, mais il y croyait assez pour demander à son ami de la laisser et de s’assurer qu’elle allait bien par tous les biais possibles sauf celui le plus évident. « Trouver quelqu’un qui voudrait pas avoir ma peau, tu veux dire ? » « C’est si catastrophique ? » avait-il demandé, sourcil arqué, l’évidence de la position de l’entourage de Nina sur tout cela ne lui étant pas apparue immédiatement. « J’veux dire, y a pas que ta femme qui veut t’étriper ? » « J’évite son frère comme la peste, ses collègues m’ont jamais réellement apprécié et son meilleur ami pouvait déjà pas me voir en peinture avant, alors… » Alors qu’il lui exposait l’évidence, Lewis avait baissé la tête, plongeant son regard un instant dans sa bière avant de la finir d’un trait. « Je le gère mal mais j’ai pas mille options non plus. » La fatalité, ils y avaient tous les deux été confrontés de différentes manières et cette fois-ci semblait bien plus difficile encore pour Ruben et pour cause, il était directement impliqué. « C’est pour ça que je me rabat sur les choses que je peux maitriser, et pour lesquelles je peux avoir des réponses. D’où ma demande pour l’hôtel. » Dans un soupir, Lewis avait laissé son visage osciller de droite à gauche. « J’peux t’aider sur ça, et je le ferai. Pour le reste… je peux que te souhaiter bon courage. » Un sourire triste mais sincère avait habillé ses lèvres, dernière solution qu’il avait trouvé à offrir à son ami.

whatever devil's inside you, don't let him out tonight

@lewis siede

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La réponse à sa question avait mis un petit temps à venir - et en même temps, il ne pouvait pas en vouloir à Lewis puisque ce dernier ne lui devait rien et il n’était même pas obligé de répondre aux interrogations stupides d’un homme en proie aux conséquences de ses actes et ayant du mal à les gérer. « J’pense que t’as loué cette chambre avec quelqu’un d’autre que Nina et que ça veut tout dire. Pourquoi tu veux que je te donne la version que je m’imagine ? Je suis pas là pour te juger Ruben. » Il pinça quelque peu ses lèvres, alors que son regard accrochait le sien de l’autre côté de la table. Il y avait une énorme partie de vrai dans ce qu’il disait; il n’y avait qu’un seul détail qui n’appartenait pas à cette catégorie là, et s’il hésita un instant à le rectifier, il prit finalement au pied de la lettre le fait qu’il n’était pas là pour le juger. « Pas le même jour, mais c’était à cause d’une chambre que j’ai pris et pas avec Nina, oui. » Pinçant ses lèvres, il fronça le bout de son nez alors que ses doigts jouaient ensemble et s’emmêlaient. Ce n’était jamais avec fierté qu’il en parlait à haute voix avec des gens qui n’étaient pas initialement impliqués dans le processus - parce-que Lewis avait raison sur une autre chose: c’était avec du jugement que le reste de la population recevait la vérité sur les agissements du docteur. « Et t’es surement le seul qui me juge pas, alors je prends, merci. » Qu’il finit par souffler du bout des lèvres, le regard bien plus sincère que le ton qu’il donnait à ses mots - qui l’étaient pourtant tout autant.

« C’est si catastrophique ? » Il plissa le bout du nez en penchant quelque peu sa tête sur le côté; oh, s’il décidait d’être honnête avec tout le monde et d’arrêter d’essayer de sauver la moindre apparence lui étant associée, ce ne serait pas aussi catastrophique que cela; mais ce n’était pas là la solution qu’il avait choisi, donc effectivement ce n’était pas si merveilleux. « J’veux dire, y a pas que ta femme qui veut t’étriper ? » La liste était trop longue pour des personnes qui n’étaient même pas au courant de ses agissements, qui plus étaient; puisque la majorité des personnes citées n’avaient pas été mises au parfum, les deux jeunes mariés ayant normalement gardé une bonne partie des agissements de monsieur pour eux pour le moment. Mais Ruben n’était pas dupe, et savait que cela finirait par se faire connaitre, par devenir de notoriété publique - et à ce moment là alors, il se devrait d’éviter bien des personnes qui auraient envie de lui refaire le portrait. « Je suis ami avec son frère depuis qu’on est enfants, c’est surtout lui que j’évite à vrai dire. » Parce-que Midas avait beau faire partie des personnes gentilles de la population, il ne donnait pas cher de lui si ce dernier décidait de lui pourrir la vie. Dès le début, Ruben savait que c’était face à son ami qu’il aurait le plus du mal à assumer, et qu’une grande partie des conséquences feraient d’autant plus mal. « J’peux t’aider sur ça, et je le ferai. Pour le reste… je peux que te souhaiter bon courage. » Il soupira sans embarras. « Ouais, je crois que je vais en avoir besoin. » Scarlett serait là à l’entendre s’apitoyer sur son propre sort, elle lui mettrait une claque derrière les oreilles. « Merci, Lewis. » Et parce-que cela était en réalité nécessaire ici: « Et désolé. Je suis un peu tendu, et j’ai tendance à devenir un peu… aigri, quand c’est le cas. » Et si d’autres personnes méritaient à ses yeux de subir cette version là de lui, ce n’était pas le cas de son ami. « SI jamais ça te met dans une position compromise, tu pourrais pas, hein. » C’était peut-être évident - parce-qu’après tout, ils parlaient là d’un caprice de la part de Ben, malgré tout -, mais il se devait de lui préciser. « Je cherche à reprendre du contrôle sur certaines choses, mais ça effacera pas ce que j’ai fait. Donc si tu vois que ça peut craindre pour toi, t’arrêtes de chercher. »

Lewis n’avait pas pour principe de glorifier l’adultère et il n’avait pas le sentiment de le faire en se rangeant du côté d’un médecin qui avait eu un tel impact sur sa vie. Il n’avait de toute façon jamais eu l’occasion de se pencher sur la question, de comprendre son propre avis sur ce genre d’agissements, parce qu’il n’y avait jamais été confronté et n’avait jamais eu lui-même l’occasion de fauter. Il était diamétralement opposé à un Ruben qui savait probablement user de ses charmes et en tirer les bénéfices et son simple point de vue sur la question était qu’il était franchement idiot de tirer un trait sur un mariage qui aboutirait à quelque chose de vrai pour quelques instants d’aventure et d’abandon. Le problème était sûrement tout autre, plus conséquent ou bien moins, et Lewis n’avait pas besoin d’en connaître tous les tenants et aboutissants, mais s’était essayé à le comprendre lorsque Ruben le lui avait demandé. « Pas le même jour, mais c’était à cause d’une chambre que j’ai pris et pas avec Nina, oui. » L’informaticien n’était pas convaincu de saisir l’importance de ce détail là, mais il semblait en avoir énormément pour Ruben qui avait maîtrisé son mensonge jusqu’à cette erreur qu’il cherchait à comprendre. « Et t’es surement le seul qui me juge pas, alors je prends, merci. » Il se raccrochait à ce qu’il pouvait, il pouvait constater que ce naufrage le dépassait, et il se serait senti encore plus mal de continuer à l’enfoncer alors qu’il semblait déjà avoir atteint le fond du gouffre. « Attention va pas croire que je cautionne, hin. Mais j’pense que t’es assez grand pour assumer les conséquences sans qu’on t’accable par dessus le marché. » Difficile de savoir s’il assumait, mais il le laisserait se torturer l’esprit si cela lui semblait plus judicieux que de se confier. Lewis n’avait pas été personnellement blessé par ses actes et c’était probablement égoïste mais une partie de lui refusait de tirer un trait sur cette amitié là. Son comportement allait contre tout ses principes et il tenait à le souligner, mais l’un de ceux-là était aussi la loyauté envers ses amis, alors il accusait le coup, tout comme le faisait Ruben avec bien plus de mal.

Il s’était fait bon nombre d’ennemis sur ce chemin, et l’idée que la famille de sa femme en ait fait partie ne lui avait pas effleuré l’esprit dans un premier temps. « Je suis ami avec son frère depuis qu’on est enfants, c’est surtout lui que j’évite à vrai dire. » Gonflant ses joues, Lewis avait laissé s’échapper un soupir venant signifier la complexité de la situation dans laquelle le neurochirurgien s’était glissé. « Ouais, je crois que je vais en avoir besoin. » Bien sûr qu’il avait besoin de courage pour affronter les conséquences de ses propres agissements, mais puisqu’il en était le seul coupable, Lewis espérait au moins que tout cela lui servirait de leçon. « Merci, Lewis. » Il avait haussé les épaules, il n’était pas si parfait, parce qu’il culpabilisait un tantinet de s’associer à ce type de personnes. Mais il voyait au-delà, et, effectivement, Ruben semblait en avoir bien besoin. « Et désolé. Je suis un peu tendu, et j’ai tendance à devenir un peu… aigri, quand c’est le cas. » Là également il avait haussé les épaules. « Pas plus que d’habitude, va. » avait-il lancé dans un rire bref, comprenant non sans mal que Ruben n’était pas d’humeur à l’humour. « SI jamais ça te met dans une position compromise, tu pourrais pas, hein. Je cherche à reprendre du contrôle sur certaines choses, mais ça effacera pas ce que j’ai fait. Donc si tu vois que ça peut craindre pour toi, t’arrêtes de chercher. » Ils étaient nombreux à douter de lui, ou alors c’était ce qu’il s’imaginait, pensant que tout le monde le voyait comme un gamin paumé qui se laissait influencer. Ce n’était plus le cas, mais il avait conscience que ses comportements pouvaient prêter à confusion alors qu’il aidait un homme infidèle à couvrir ses arrières ou plutôt à comprendre ce qui l’avait trahi. Mais s’il était assez idiot pour pardonner à ses proches, il ne l’était pas assez pour ruiner sa propre vie, prenant volontiers pour exemple ce type d’événements dont il voulait à tout prix rester éloigné.  « T’en fais pas, je gère. Par contre, je fais pas ça pour te donner l’occasion de comprendre ton erreur et faire mieux les prochaines fois. Faut que ça te serve de leçon tout ça, et c’est le seul conseil chiant que je me permettrais. » Son regard avait retrouvé le sien, il pouvait être l’ami loyal dont il avait besoin mais il ne pouvait pas fermer les yeux, il ne pourrait plus, maintenant qu’il savait, et il ferait de son mieux pour que Ruben ne se laisse pas à nouveau dépasser par ses pulsions.