don't wake the mummy up
@Chris Logan & Seth Hill ☆ mediashow

Pour un archéologue, la nouvelle de l'arrivée d'un sarcophage égyptien dans sa ville d'adoption est à la fois un malheur et une bénédiction. La promesse d'une découverte et de tout ce qu'il y a autour, mais également la crainte de la violation d'une sépulture antique, qui jusque-là a toujours vécu sous la terre et le sable, dont l'être humain vient violer le repos éternel. Il y a toujours un petit moment d'appréhension - appelons-le, le bénéfice du doute - lorsqu'on déplace une momie enterrée depuis des siècles.

Le convoi doit arriver en milieu de matinée. A neuf heures et demie, Seth est déjà sur un parking proche du Queensland Museum. Le temps de fumer une cigarette, il observe toute la mise en place pour l'arrivée d'Ânkhti, du blocage des rues adjacentes au bâtiment, jusqu'aux tapis déroulés de l'entrée à l'emplacement de l'exposition du sarcophage. Il ne serait pas le seul spécialiste présent aujourd'hui, et tout le monde semble surexcité à l'imminence de l'accueil de cet ancêtre extirpé des sables africains. Balayant la foule du regard, il remarque les journalistes qui se battent déjà pour la meilleure place, et s'amuse de voir que tous ne possèdent pas un badge leur permettant de franchir les barrières qui les retiennent dans un cercle d'intimité. Une sorte d'espace vital, en quelques sortes. Seth écrase son mégot dans le cendrier le plus proche, exhalant sa dernière bouffée de nicotine avant d'entrer dans le musée.

Il a toujours adoré ces endroits froids et muets, qui représentent à ces yeux d'innombrables souvenirs d'enfance. Pour lui, c'est comme le film de l'histoire de la vie humaine, en couleurs mais en silencieux, avec l'imagination que tout un chacun veut bien y prêter. Perdu dans la contemplation des vases canopes déjà acquis par le Queensland Museum, il n'entend pas tout de suite le vacarme qui se trame dehors, alors que le sarcophage grimpe les quelques marches pour franchir la porte d'entrée. Les visiteurs, spécialistes et journalistes, se rapprochent, s'attroupent de part et d'autre de l'emplacement prévu pour accueillir la momie. Cette proximité le dérange, mais il n'en montre rien, visage impassible au milieu de la foule. Pourtant, un visage connu se faufile parmi tous ces étrangers. "Monsieur Logan!", le salue Seth, d'un ton formel. "Vous êtes sur tous les fronts.", il se permet la réflexion, sans arrogance ni mauvaise intention. Simple constat, le journaliste choisit décidément bien ses sujets.  

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Ce jour-là devait être un grand jour pour Brisbane avec l'arrivée directe d'Afrique de ce sarcophage et, bien que ce ne soit pas le genre de sujets de prédilection qu'il aimait couvrir, préférant traquer les hors-la-loi, le fait qu'il soit directement sur place avait poussé sa direction à lui imposer sa présence lors de cet événement si particulier qu'il fallait couvrir. Il avait été très matinal afin de faire partie des premiers sur les lieux, montrant sa carte de presse, afin d'avoir une position des plus avantageuses pour le moment venu. Lui n'était pas cantonné à l'extérieur avec les journalistes de base, non sa carte de presse du Sydney Morning Herald lui avait valu l'une des places les plus intéressantes car au plus près du sarcophage dès lors qu'il serait installé dans le musée. Chris avait suivi la progression de cette livraison, bien callé dans un coin, observateur comme à son habitude. Il avait remarqué l'arrivée de Seth Hill, cet archéologue qu'il avait déjà eu l'occasion de croiser dans un bar pour en découvrir davantage de son activité. Le journaliste était persuadé qu'il y avait quelque chose de louche avec ce personnage, un peu mystérieux, et qu'il avait plusieurs secrets à révéler. Chris n'était pas surpris de sa présence ici en ce jour si particulier et sa journée commençait enfin à devenir intéressante. Il n'avait pas quitté l'opération de tout son cours mais ce n'était pas le sarcophage qui l'intéressait principalement mais plutôt son chef d'orchestre qui, de toute évidence, n'avait même pas remarqué sa présence, bien tapi dans l'ombre. Ce n'est qu'une fois le sarcophage posé et la foule invitée à se placer que Chris sortit de sa position pour se mêler à la foule, n'hésitant pas à jouer des épaules pour se faire une place au plus près. C'est alors que l'archéologue le remarqua enfin avant de s'adresser à lui d'un ton plus que formel "Monsieur Logan! Vous êtes sur tous les fronts.". Quelle carte allait donc jouer le journaliste à son égard ?

LANCER DE DES => suspense !

”Seth ! Quel plaisir de te revoir !” Chris n'avait pas fait dans la demi-mesure pour ces retrouvailles. Il affichait un large sourire, comme s'il était vraiment heureux de recroiser la route de l'archéologue. En vrai, c'était effectivement le cas, ce qui fait que son sourire était vraiment sincère, mais ce n'était certainement pas pour une visite de courtoisie. De plus, il prit un malin plaisir à l'appeler par son prénom et en le tutoyant, afin de marquer une certaine proximité amicale à son égard. ”Comment aurais-je pu manquer un tel événement ? C'est un peu comme le jour où les hommes ont marché sur la lune pour quelqu'un comme toi non ?” lui demanda-t-il afin de jauger l'enthousiasme qu'il pouvait ressentir. Jouer sur les sentiments étant sans doute le meilleur moyen d'amadouer l'archéologue pour lui tirer les vers du nez par la suite. ”Et du coup, quel est la suite du programme après cette entrée majestueuse ?” Il ne fallait surtout pas manquer de superlatif pour évoquer ce qui était "la" journée de Seth.

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Seth lorgne le sarcophage du coin de l'oeil, mémorisant le maximum d'informations en vue d'une visite prochaine. Il détaille tout avec minutie, la tombe en question, mais également les diverses caisses et accessoires qui l'accompagnent, avec de potentiels bijoux, et divers objets mortuaires. Sa curiosité n'a rien de malvenu, puisque son métier l'oblige à s'intéresser de près à cette nouvelle résidente temporaire de Brisbane qu'est Ânkhti. C'est sans compter sur l'apparition de Chris Logan, qui tout sourire, lui fait la discussion comme s'ils se connaissaient très bien, et depuis des années. "C'est effectivement une belle journée pour Brisbane, heureusement que je n'ai pas attendu ce jour pour aller marcher sur la Lune.", réplique-t-il, légèrement distant et ne le pensant qu'à moitié. Il attend de voir, curieux. La chaleur de l'accueil de son interlocuteur le déstabilise, il n'est pas coutumier de ce genre d'effusion, encore moins en public. Le tutoiement que Chris lui impose ne fait qu'accentuer cette impression, et il se demande soudainement si tous les australiens sont aussi sympathiques, souriants et chaleureux que le journaliste.  Ou - et ne le blâmez pas de voir le mal partout - est-ce que cela cache autre chose?

Seth ne l'a rencontré qu'une seule fois, dans un bar, à son arrivée à Brisbane. Le jeune homme est, à première vue, tout ce qu'il y a de plus charmant. Mais également curieux, ce qui pousse l'archéologue - ou plutôt le pilleur de tombes caché en lui - à s'en méfier sous peine de voir son petit business fructueux dégringoler en moins de temps qu'il n'en faut pour faire la une d'un grand magazine. Chris semble être le genre de personne qui peut soutirer des informations à n'importe qui, en se faisant passer pour le meilleur ami du monde. Toutefois, une banale conversation ne peut porter aucun soupçon, après tout, Seth ne fait que d'échanger à propos du métier qui apparaît sur son curriculum vitae. "Le programme...", commence-t-il, les lèvres pincées, observant toujours les déménageurs fixer la momie sur son socle. "Pour commencer, tout le monde va faire des photos pour immortaliser ce grand jour et illustrer de la meilleure façon son article de presse", poursuit-il, l'ironie se lisant sans peine dans ses mots. Il est clairement sous-entendu que Chris devrait en faire autant, avant que les conservateurs ne placent la momie dans sa vitrine, et qu'un reflet blanc s'installe sur toutes les photographies à venir. "Ensuite, les conservateurs la mettront dans sa vitrine, sous azote afin qu'elle soit conservée dans les meilleures conditions et...", s'interrompit-il. L'oreille tendue, il arque un sourcil comme si cela lui permettait de mieux entendre ce bruit assourdissant qui semble mitrailler le plafond du musée. "Tu entends ça?", Seth demande à Chris, en oubliant toute formalité. Le crépitement s'abat de plus en plus fort sur la toiture, si bien que tout le monde a détourné ses yeux de la star du jour pour scruter le ciel de pierre au-dessus de leurs têtes. Soudain, un caillou... non, de la glace, tombe aux pieds des deux hommes, à quelques centimètres seulement d'un rebond sur leur crâne qui aurait pu leur coûter cher. Des grêlons commencent à pleuvoir du ciel, perçant l'épaisse toiture du musée et s'abattant sur les visiteurs, consternés et déboussolés dans un état de choc général. "Hum, ça ne faisait pas exactement partie du programme, ça...", lance Seth, trouvant une pointe d'humour à faire au milieu de la cohue. L'archéologue reste calme, non seulement parce que sa nature lui impose de conserver une placidité à toute épreuve, mais aussi parce qu'il doit rester concentré. Si un ou deux vases canopes doivent disparaître dans le fourmillement et les cris des gens, personne n'ira les lui réclamer à lui.  

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”C'est effectivement une belle journée pour Brisbane, heureusement que je n'ai pas attendu ce jour pour aller marcher sur la Lune.” ”Oh mais quel joli fanfaron ! Je vois que la modestie a toute sa place dans la panoplie du parfait pilleur de tombes” lui répliqua aussitôt Chris avec un large sourire. Son allusion à un pilleur de tombes ne faisait absolument aucun sous-entendu sur les activités secrètes de Seth dont il ignorait l'existence. Non, il savait juste que si certains dans sa profession préféraient étudier les fossiles et ossements, Seth était plutôt du genre à explorer les anciennes pyramides ou temples qui pouvaient révéler bien plus qu'une simple découverte. S'intéressait-il avant tout à l'histoire ? Au décryptage de textes anciens ? Ou bien à autre chose ? Cela restait à déterminer, mais dans tous les cas le journaliste n'était pas dupe que l'archéologue était encore loin de lui avoir révéler tous ces secrets. Chris en était persuadé et il ne lâcherait son étreinte autour de Seth qu'une fois qu'il serait aussi asséché qu'une momie... Bien entendu, c'était sans allusion aucune à la nouvelle résidente qu'accueillait le musée en ce jour. Il lui tardait désormais de connaître la suite du programme et il en fit la réflexion à l'archéologue qui sembla peser ses mots. ”Le programme... Pour commencer, tout le monde va faire des photos pour immortaliser ce grand jour et illustrer de la meilleure façon son article de presse” Seth avait dit cela sans cacher aucunement l'ironie qui s'en dégageait et la petite pique à l'attention du journaliste sur la bonne manière de faire son travail. Mais cela n'eut certainement pas l'effet escompté sur Chris qui en sourit de plus belle avant de lui répondre ”Seth... voyons... un bon article c'est comme avec les femmes...” Chris essaya d'attirer son attention sur quelque chose qui devait parler à l'archéologue, et il ne doutait pas que la gente féminine devait en faire partie, avant de poursuivre ”On ne les jugent pas sur la forme mais sur le fond !” conclut-il en lui adressant un clin d'oeil complice. Sous entendu que ce n'était pas avec une photo que tout le monde pourrait obtenir dès le soir même sur tous les réseaux que son article serait bon ou pas, mais plutôt sur le contenu de celui-ci. Et sur ce point, Chris n'avait aucun doute de faire mouche auprès de sa direction avec ce qu'il préparait car ce n'était pas Ânkhti qui serait la star de la Une mais bien l'homme qui lui faisait face. De plus, il avait déjà de quoi illustrer son article car il ne s'était pas privé pour capturer des photos de Seth lorsque le journaliste était encore caché. Il avait parfaitement bien capté le regard mystérieux et intéressé de l'archéologue, à la fois vis-à-vis du sarcophage mais aussi envers toutes les caisses qui accompagnait cette exceptionnelle livraison. Agir dans l'ombre était un point qu'il s'était spécialisé après les centaines et centaines de filatures qu'il avait déjà pu effectuer dans le cadre de son travail. Non, Seth, ne glisse surtout pas sur ce terrain-là... Occupe-toi de faire ton travail... Moi je me charge du mien et n'essaye surtout pas de te mettre sur mon chemin ! Cependant, les intentions réelles de Chris étaient jusqu'à maintenant parfaitement cachées sous son sourire chaleureux et l'amicalité dont il faisait preuve auprès de l'archéologue.

”Ensuite, les conservateurs la mettront dans sa vitrine, sous azote afin qu'elle soit conservée dans les meilleures conditions et...” Seth avait repris le fil de leur conversation et Chris s'en réjouit, attendant la suite jusqu'à ce qu'il fût interrompu par un bruit qui mitraillait le plafond du musée. ”Tu entends ça ?” L'archéologue s'était adressé à lui en le tutoyant également et cela ne pouvait être que bon signe pour la suite, l'approche amicale de Chris commençait à porter ses fruits. Il ne lui avait pas répondu directement, se contentant d'hocher la tête avant de regarder autour de lui et notamment à l'extérieur du musée où les gens couraient se mettre à l'abri sous cette averse de grêle plutôt imprévue. Mais soudain, un grêlon un peu plus gros que la moyenne tomba à seulement quelques centimètres des deux hommes. ”Hum, ça ne faisait pas exactement partie du programme, ça...” constata Seth avec une pointe d'humour, aucunement intimidé par ce qui arrivait ”Effectivement, il ne me semble pas que c'était prévu par la météo ce matin... Sans doute encore une conséquence du dérèglement climatique !” confirma le journaliste qui, lui aussi, restait... de glace !

LANCER DE DES => suspense !

C'était étrange car à observer les grêlons qui tombaient sur eux, à l'intérieur même du musée, ceux-ci étaient pour la plupart pas plus gros que de simples billes. Et pourtant ils traversaient l'épaisse toiture du musée, passant à travers, comme si le toit n'existait pas. Quelque chose ne tournait pas rond sur cet événement climatique inattendu. La plupart des journalistes qui se trouvaient autour du sarcophage s'étaient réfugiés contre les murs pour éviter le gros des grêlons. Seulement quelques uns étaient restés au cœur de l'action comme les deux hommes. Soudainement, une grosse voie se fit entendre parmi eux "Vite, il faut mettre tout ça à l'abri" C'était visiblement le propriétaire du musée qui, pensant que le sarcophage pouvait être abimé, ne voulait pas faire prendre le moindre risque à son nouveau trésor. Et qui, totalement paniqué, ordonnait aux personnes présentes de l'aider à bouger tous les biens. Voyant que plusieurs hommes s'étaient déjà mis autour du sarcophage pour le soulever, le journaliste se dirigea vers les caisses pour en soulever une mais celle-ci était bien trop lourde pour être porté tout seul. Il se demanda alors ce qu'elle pouvait bien contenir mais il regarda surtout l'archéologue en haussant un sourcil ”Bon tu m'aides ou tu comptes rester planté là à rêvasser ?” A quoi pouvait donc bien penser l'archéologue à cet instant ? Lui qui gardait une placidité à toute épreuve, très observateur, comme si tout était déjà calculé ou juste qu'il attendait le bon moment pour faire un sale coup... Le journaliste connaissait bien ce visage pour l'avoir vu des centaines de fois et cela lui confirma juste qu'il avait raison de faire son prochain article sur l'homme qui lui faisait face...