Jesse avait accepté ce jour-là de garder sa nièce, Abigail. Si rendre quelconque service à sa sœur lui hérissait les poils habituellement, il acceptait néanmoins toujours de faire le babysitter pour sa nièce. Que voulez-vous ? Il l’adorait, cette gamine. De manière générale, il aimait les enfants car ils ne se prenaient pas la tête comme les adultes le faisaient. Plutôt que de rester enfermés dans son appartement, il avait pris l’initiative de d’emmener la petite au festival seventies. Il savait pertinemment que cette balade allait être un défi, mais il avait quand même envie de le faire.
Abigail, du haut de ses deux ans (et demi), ne cessait de courir partout comme un poulet sans tête. Vous pouviez essayer de lui donner des consignes, ça rentrait par une oreille, et ça ressortait par l’autre. Il était encore trop tôt pour le savoir, mais Jesse craignait qu’elle aussi soit atteinte d’un trouble de l’attention. Après tout, ça courait dans la famille. De façon générale, Abigail avait pris bien plus du côté maternel que paternel. Plus les années passaient, plus elle ressemblait à sa mère. Et, indirectement, plus elle ressemblait aussi à son oncle. Cette ressemblance avait d’ailleurs mené à de drôles d’interactions durant lesquelles Jesse devait clarifier qu’Abigail n’était pas sa progéniture.

Jesse avait emmené Abigail faire quelques activités adaptées à son jeune âge. Et, après une petite session de jeu dans le parc d’enfant, il décida de l’emmener aller voir le Mur de l’Amour. Comme d’habitude, Abigail courait quelques petits mètres devant lui. Il avait renoncé à l’idée de ne pas trop s’éloigner tant qu’il ne voyait pas de danger direct à portée de vue. Alors qu’il commençait à être suffisamment proche du mur, Jesse apercevait une personne avec un autre enfant en bas âge en train de créer une œuvre.
Il n’en pensa pas grand-chose, jusqu’à ce qu’il vit Abigail se diriger vers le duo adulte-enfant d’un air décidé. Il comprenait ce qu’elle voulait faire. Il accéléra le pas en l’appelant « Abi ! ». Il n’arriva pas à temps pour empêcher la petite fille de commencer à prendre le matériel d’art des personnes. Mais il arriva à temps pour la stopper dans son élan en la soulevant pour l’éloigner.
« Non non, c’est pas à toi. On touche pas aux trucs des gens sans l'autorisation. » Il leva les yeux pour s’adresser à l’adulte qui était un homme. La formule de politesse d’usage dans ce genre de situation ne lui vint pas immédiatement. Il finit toutefois par dire : « Je suis désolé. Elle est… »
Il ne termina pas sa phrase car il ne savait pas comment la terminer.

(c) davidcorenswct & nicolemaiines

family is love.

@JESSE COSTELLO & RORY

Il ne saurait plus dire si c'était son idée ou celle de sa fille, qui du haut de ses un an savait déjà se faire clairement comprendre lorsqu'elle voulait quelque chose, mais Robin et lui étaient incontestablement aussi enjoués l'un que l'autre à l'idée d'improviser cette sortie au Brunswick Street Mall. Rory savait qu'ils y trouveraient de quoi occuper leurs dix doigts mais aussi, de quoi se changer les idées. Et lui qui déployait une énergie considérable pour faire comme si tout allait bien en avait en vérité bien plus besoin qu'il n'aimait le montrer, alors que rien ne lui semblait moins naturel que de profiter de cette journée sans que son mari soit à leurs cotés. Swann aurait été conquis devant les sourires radieux de leur fille et se serait sans doute empressé de dessiner des Tardis miniatures aux quatre coins du Mur de l'Amour, lui qui n'aurait pas manqué d'idées pour égayer encore un peu plus la journée de Robin. Une pensée qui lui serra le cœur tandis qu'il acheva lui-même de dessiner une reproduction plus ou moins réussie de leur maison et de la plage qui l'entourait, comme s'il éprouvait plus que jamais le besoin de se raccrocher à tout ce qu'ils avaient construits ensemble après que les dernières semaines aient été tout sauf évidentes. Robin ne se doutait heureusement de rien et les sourires de l'acteur savaient parfaitement bien donner le change, ce qui ne l'empêchait pas de se faire violence pour ne pas appeler Swann et lui proposer de les rejoindre, ou juste de les retrouver un peu plus tard pour aller manger un cornet de glace. Il n'avait jamais beaucoup de volonté quand il était question de son mari, mais il tiendrait bon pour cette fois.

« Abi ! » L'intervention surprise d'une autre fillette le tira brusquement de ses pensées et lui arracha ainsi qu'à sa fille un rire amusé, alors qu'elle semblait sortie tout droit de nulle part. Si son premier réflexe aurait habituellement été de balayer l'endroit du regard à la recherche de ses parents, il n'en eut même pas le temps qu'un homme accourut justement pour la rattraper. « Non non, c’est pas à toi. On touche pas aux trucs des gens sans l'autorisation. » Il en faudrait bien plus pour gêner Rory, qui avait déjà le cœur sur la main avec ses semblables mais savait encore moins résister à la frimousse d'un bambin débordant d'énergie. « Je suis désolé. Elle est… » Comprenant que son interlocuteur était embarrassé, Rory agita doucement ses mains devant lui et souffla calmement. « Oh, ne vous inquiétez pas. » Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire qui se voulut rassurant. « Ma fille aussi s'empressera d'attraper tout ce qu'elle peut dès qu'elle sera en âge de se faufiler partout. Elle commence à peine à marcher et j'ai parfois déjà du mal à la suivre. » C'était normal à cet âge, les enfants étaient pressés de tout voir et de tout découvrir, incapables de résister à l'envie de toucher tout ce qui était à leur hauteur ou leur tombait sous la main. La fillette face à lui devait être un peu plus âgée que Robin et n'avait visiblement aucun mal à semer un adulte du haut de ses petites jambes, une vision qui en réalité lui avait réchauffé le cœur. « Quel âge a la votre ? » Il avait peut être tort, mais son premier réflexe fut de supposer qu'il avait face à lui le père de l'enfant et que comme lui, le jeune homme était venu profiter des festivités avec sa fille. « On dirait bien qu'elle a déjà une âme d'artiste. Robin et moi, on voit aucun inconvénient à partager nos craies si elle veut s'amuser avec. » Il serait bien incapable de refuser quoi que ce soit à une fillette aussi adorable et serait ravi de partager ce bout de mur avec eux s'ils en avaient envie.