birds of a feather
@Akira Satō & Norah Sawyer

Un sourire au visage derrière l’écran de son téléphone, Norah n’en disait pas plus au destinataire de ce message. Elle qui adorait les surprises mais surtout en faire aux autres, sa cible de choix n’était autre qu’Akira. Plus qu’un ami, leurs âmes résonnaient à l’unisson, même un battement de cils jugé anodin par la plupart n’échappait pas à l’autre. Une connexion quasi nécessaire pour la Sawyer tellement elle était précieuse, elle devait être très discrète et habile pour surprendre celui qui pouvait certainement la lire comme un livre ouvert. Alors elle manigançait, elle jouait la montre et misait même sur son état de fatigue pour empêcher qu’il découvre ce qu’elle lui préparait. Mais cette fois-ci, Norah pouvait le dissimuler autant qu’elle le voulait, Akira finirait par comprendre dès qu’il la verrait ce soir-là. Devant la vitrine du restaurant, elle vérifia une dernière fois sa coiffure avant d’entrer. Directement, elle salua les parents du garçon, le géniteur s’éclipsant dans l’arrière-boutique pour prévenir l’intéressé de son arrivée. A peine une minute après, elle se trouvait dans les bras d’Akira, une étreinte habituelle et réconfortante, quasi naturelle. Une parenthèse Norah s’éloigna quelques instants pour se mettre de côté et lui dévoiler le contenu de son tote bag, ou du moins ce qui en dépassait. Une longue nappe enroulée ainsi que son ordinateur, il pouvait néanmoins estimer qu’il y avait d’autres objets à l’intérieur vu son épaisseur. « Devine ce qu’on va faire ! » Il devrait rapidement comprendre de quoi il s’agissait ou elle finirait par lui dire qu’elle l’emmènerait pique-niquer, tout simplement. Sortant alors deux gobelets assortis à leur paille, elle vint en tendre un à Akira, gardant le second dans sa main. Elle était passée juste avant à leur bubble tea préféré – car oui, ils partageaient les mêmes goûts en matière de boisson – histoire d’entamer leur soirée de la meilleure des façons. Suivant un regard complice et saluant ses parents, elle attrapa la main du garçon pour le mener vers la porte du restaurant puis, leur destination.

Norah avait déjà une idée d’où ils allaient se rendre et ainsi, ils prirent la direction de Logan City. Petit à petit, les immeubles laissaient la place à des quartiers pavillonnaires puis à des espaces verts. Sur le trajet, elle échangeait les classiques familiarités, leur complicité s'exprimant d'elle-même. Une bouffée d'air frais pour la Sawyer qui se laissait porter, sans effort. Malgré les mètres qu'ils parcouraient, elle garda son sourire et les regards qu'ils partagèrent traduisaient sa joie de le voir. Puis, ils empruntaient  un sentier et instantanément, elle se tourna vers le garçon comme si elle attendait un commentaire de sa part. « Promis on arrive bientôt bientôt. » Elle connaissait trop bien leur forme physique – quasi inexistante – donc forcément elle avait choisi une destination suffisamment accessible pour eux. « Ou pas. » Langue tirée, ses prunelles chargées d'espièglerie, elle fit quelques pas avant de s'arrêter. Car elle n’avait pas oublié que cet instant devait être une surprise. « Tu me fais confiance ? Ferme les yeux. » Une question rhétorique, elle se doutait qu’il se laisserait faire, comme elle l’aurait fait aveuglément si les rôles étaient inversés. Norah glissa sa main dans celle de son interlocuteur et le guida avec attention, lui indiquant les cailloux sur leur passage ainsi que la manière dont ils pouvaient les contourner. De nouveau quelques pas et le sol gravillonné se changeait en un coin de verdure. Il s'agissait de l'entrée d'un sous bois qu'elle avait repérée quelques semaines auparavant, dont elle découvrait le panorama juste maintenant. Son silence indiquait sa satisfaction. D'un côté, il était possible d'apercevoir les ruelles du quartier et de l'autre, les ondulations de l'océan. Ils n’étaient ni trop près, ni trop loin, parfaitement localisés pour ne croiser personne tout en profitant de la vue. « C'est bon ! » Elle se plaça devant Akira juste au moment où il rouvrit les yeux, ouvrant ses bras tel un magicien satisfait de son tour. Et elle espérait qu'il ne tomberait pas à l'eau, qu'il ne serait pas déçu.

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@Akira Satō & Norah Sawyer

Norah fit face à la perspicacité d’Akira au moment où elle lui montra son sac, il avait deviné juste à la première tentative. Forcément, vu la nappe qui occupait en occupait la quasi-totalité, il y avait de quoi comprendre ce que la Sawyer avait préparé. « Essaie de bloquer tous tes a priori jusqu’à ce qu’on soit arrivé, d’accord ? » Elle usait du fameux sourire auquel il pouvait rarement répondre non, sachant pertinemment que ce type d’activité était loin de celles qu’il affectionnait. Après tout, elle savait ce qu’ils aimaient, ce qu’ils détestaient, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Si les rôles avaient été inversés, tout comme lui elle aurait eu une moue interrogative : pourquoi faire un pique-nique alors que l’on peut profiter du coucher de soleil depuis le restaurant ou même son appartement. Les réponses devraient attendre qu’ils soient là-bas, malheureusement. Alors, elle comptait sur la confiance du garçon pour la suivre, sinon elle aurait l’air d’une idiote. « Promis, je vous ramène votre fils en un seul morceau. » Elle glissa quelques mots aux parents d’Akira, lui donnant par la même occasion une légère indication sur leur destination : cela ne risquait pas d’être dangereux. Elle qui adorait les challenges, elle n’était pour autant pas inconsciente et jamais elle ne se plaçait dans des situations périlleuses. Étant donné sa maladresse, un accident pourrait vite arriver dans ce type de scénarios, ce qu’elle cherchait à éviter à tout prix. Cela s’appliquait encore plus lorsqu’elle était accompagnée et encore plus lorsqu’il s’agissait d’Akira. Elle tenait beaucoup trop à lui pour lui faire prendre des risques, sachant à l’avance qu’elle ne pourrait se le pardonner s’il lui arrivait quelque chose. Alors, elle glissa sa main dans celle du garçon et ouvrit la marche vers cet endroit qu’elle considérait comme magique.

Sur la route, elle profitait de l’effet de surprise pour inspecter les réactions d’Akira. Car si elle chérissait déjà les moments où ils étaient ensemble, Norah appréciait davantage ceux où ils parvenaient à s’étonner. Cela était relativement rare puisqu’en temps normal, ils arrivaient à deviner les pensées, les intentions de l’autre naturellement. Une connexion qui pouvait faire peur mais pas pour Norah, bien au contraire. Son lien avec le garçon était précieux et la motivait même à explorer des nouveautés en sa compagnie. « Un bientôt de deux minutes, je dirais. Mais vu que j’ai aucune notion de distance… » Se trompant 9 fois sur 10 lorsqu’il s’agissait de représenter un centimètre entre ses doigts, il ne fallait pas compter sur elle pour estimer la distance qui les séparait de leur destination. Toutefois, elle était plus ou moins proche de la réalité puisque depuis le début du sentier, le duo arriva sur les lieux du panorama très rapidement. Le tandem fonctionnait à la perfection, elle faisait attention lorsqu’il était question de le guider alors que sa confiance la touchait profondément. Quelque part, leur complicité s’exprimait d’elle-même, sans même que des mots soient apposés. « Même les yeux fermés, t’es trop beau. » Cherchait-elle à le déstabiliser lors de leur ascension ou voulait-elle simplement le complimenter, elle pouffa un rire avant de retrouver sa concentration sur leurs derniers pas. Elle lui indiqua l’arrivée, impatiente de connaître sa réaction.

Le sourire d’Akira suffit pour qu’elle comprenne, étirant ses propres lippes dans une joie communicative. Les commentaires de son interlocuteur la rassuraient encore plus puisqu’à un moment elle avait eu peur d’être complètement à côté de la plaque. Si bien qu’elle se préparait un scénario de secours au cas où il n’appréciait pas la vue : fausser une entorse de la cheville, de quoi attirer l’attention sur autre chose. « Je me baladais dans la rue là l’autre jour quand j’ai vu au loin des personnes se poser ici-même. Par curiosité, je me suis demandé ce qui avait bien pu pousser ces gens à se reposer à cet endroit spécifiquement donc j’y suis allée. Et je me tenais exactement où tu es quand je me suis dit ‘J’aimerais tellement amener Akira ici’. » Un grand sourire, Norah était de ceux qui préféraient partager les coins de paradis avec ses proches plutôt que les garder pour elle. Elle partait toujours du principe que les souvenirs étaient d’autant plus forts en bonne compagnie, ce qu’elle retrouvait sans aucun doute avec Akira. « J’ai téléchargé pas mal de films et séries, mais aussi des jeux ! Il est pleinement chargé et j’ai même pris ma power bank – à 100% elle aussi – au cas où. » La Sawyer jeta un coup d’œil dans son sac et attrapa la nappe qui, au vu de sa taille, occupait l’espace entre ses bras. Les questions d’Akira, bien que très pertinentes, la prirent au dépourvu. Elle s’arrêta quelques secondes, se retourna avec une moue confuse. « Euh… Les bestioles ? » Voilà un paramètre qu’elle n’avait pas pris en compte. Forcément qu’il y aurait des insectes, ils seraient en pleine nature à un moment de la journée où la moindre lumière attirerait les nuisibles. « Putain mais quelle conne. » Si elle n’avait pas les mains occupées, elle se porterait sûrement une paume sur le front. Au lieu de ça, la panique se lisait sur son visage. Telle la manique qu’elle était, le moindre imprévu arrivait à balayer toutes ses certitudes et à lui faire perdre tous ses moyens. Elle tourna sur elle-même, à la recherche d’une solution avant d’en proposer une, sans grande conviction. « On pourrait se mettre au plus proche du point de vue, comme ça on s’éloigne du sous-bois et des bêtes ? » Elle cherchait l’avis de son interlocuteur ou une meilleure proposition de sa part. Car à cet instant, elle paraissait totalement perdue.

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@Akira Satō & Norah Sawyer

Lorsqu’il était question d’Akira, les marques d’affection et les éloges étaient récurrentes de la part de la Sawyer. Le fait même qu’elle se comporte ainsi avec lui et spécifiquement lui témoignait de l’importance qu’avait le garçon dans sa vie. Même sa famille, même le cadet de la fratrie qu’elle considérait parfois plus comme un doudou qu’un petit frère, ne recevait pas autant. Norah le faisait sans réfléchir, sans même attendre quelque chose en retour. Parce qu’Akira n’avait pas à répondre à chacune des avances de l’étudiante – même si c’est ce qui se produisait et que cela lui faisait grandement plaisir –, c’était plus fort qu’elle, tout simplement. Il y avait ce besoin viscéral de le sentir près d’elle, une pulsion inexplicable qui la menait toujours dans les bras du Satō. Ce genre de besoin qui, s’il n’était pas assouvi, l’attristait plus qu’elle ne pouvait l’imaginer, qui compressait son poitrail d’une manière inhabituelle. Toutes ces réactions étaient déjà présentes lorsqu’ils se découvraient leurs innombrables points communs derrière l’écran de leur ordinateur, et s’étaient accentuées dès leur rencontre physique à Brisbane. Depuis, la peur du manque l’empêchait de rester éloignée de lui trop longtemps, manque qu’elle avait ressenti avant de le rejoindre et qu’elle ressentirait très probablement quand ils se quitteraient ce soir.

« Ne me tente pas. » Un rire qui répondait à celui d’Akira alors qu’il fermait les yeux, elle ne faisait qu’exprimer la vérité. D’une part elle serait capable de le faire mais de l’autre elle risquerait d’apprécier un peu trop le moment. Ce n’était pas comme si elle ne connaissait pas déjà les traits de son visage par cœur, mais plutôt l’idée de l’admirer une nuit entière qui la captiverait plus que de raison. « Surtout que tu es toujours le bienvenu à la maison. » Norah lui proposait et lui proposerait à chaque fois de rester dormir lorsqu’il venait lui rendre visite, un réflexe au cas où cela était plus confortable pour lui. Car leurs soirées devant la télé, que ce soit pour regarder des séries, des films ou jouer aux jeux-vidéo, pouvaient durer jusqu’à très tard. « Sauf si mon modeste appartement n’est pas aux goûts de monsieur. » Il ne pouvait pas la voir mais il pouvait clairement entendre l’ironie dans sa voix. Un fin sourire aux lèvres, elle s’amusait de leurs goûts communs en matière de décoration – comme si cela ne se limitait qu’à la décoration. Au vu de sa passion pour les meubles et les ornements de maison, l’étudiante demandait très souvent l’avis du garçon sur les objets qu’elle trouvait dans les catalogues spécialisées ou en magasin, et s’amusait de voir qu’il pensait comme elle, parfois même au mot près.

L’éclat dans le regard d’Akira à l’instant où il découvrit le point de vue était la plus belle des récompenses. A vrai dire, elle avait la même réaction que ce dernier alors que ce n’était pas la première fois qu’elle avait ce panorama devant les yeux. Elle avait lu quelque part que certains paysages évoluaient avec les saisons, si bien qu’ils ne se ressemblaient pas d’un jour à l’autre. Peut-être que cet endroit en faisait partie ? Voilà une hypothèse qui risquait d’attiser la curiosité que son interlocuteur évoquait. « Pareil. Il faut juste pas que la curiosité aille trop loin – ou trop haut en l’occurrence. » Référence à l’effort physique qu’ils venaient d’accomplir, le léger dénivelé ayant eu l’effet d’une véritable ascension. Un rire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle se glissa à ses côtés, son bras autour de la taille du garçon alors qu’ils regardaient tous les deux en direction de l’océan. « Et je suis ravie que ça te plaise, surtout. Je me voyais y aller avec personne d’autre que toi. » Elle reposa sa tempe sur l’épaule d’Akira, profitant pleinement de cet instant de contemplation pour se créer un souvenir. Car elle chérissait tous ces moments en sa compagnie, chacun d’entre eux étant profondément ancré dans sa mémoire. Elle finit par lui montrer le contenu complet du sac qu’elle transportait et le commentaire de son interlocuteur vint étirer davantage le sourire sur son visage. « Non c’est toi. » A ses yeux, Akira l’était en toute circonstance, parfait. Elle se détacha quelques instants pour visualiser où est-ce qu’ils pourraient bien s’installer et la questionnement du Satō vis-à-vis des potentielles bêtes occupant les lieux vint parasiter ses pensées. Elle aurait pu y penser, elle aurait dû y penser. Son visage se décomposa, troquant son rictus pour des marques d’inquiétude, de quoi la faire entrer dans un état d’agitation qu’elle peinait à gérer au quotidien. Mais il était là. Il s’approcha d’elle et comme à chaque fois, il trouvait les bons mots pour l’extirper de cette spirale de doute et la ramener à lui, au moment présent. Elle n’avait qu’à plonger ses iris dans les prunelles ébène du garçon et elle était rassurée. Son regard pétillant de reconnaissance, Norah retrouva aussitôt son sourire, ferma ses yeux lorsqu’elle sentit les lèvres du Satō sur son front et l’enlaça délicatement en retour. Une parenthèse où leur complicité s’exprimait vivement, elle n’avait besoin de rien de plus. Elle pouffa un rire à l’exagération de son interlocuteur. « Qu’est-ce qu’on aurait vu comme bêtes si on était entrés dans le bois ? Des araignées géantes ? Des loups-garous ? » Elle participa elle-même à la plaisanterie, traduisant surtout qu’ils regardaient peut-être un peu trop de science-fiction. « Je serai ton bouclier humain si on nous attaque. » Il se détacha à son tour et attrapa la nappe, avant de s’avancer vers le point de vue. Elle le regardait prendre les choses en main, amusée de voir à quel point il était appliqué à sa tâche. Elle s’approcha à son tour, la parole puis le rire d’Akira venant l’attendrir. « T’es le meilleur. » Norah acquiesça à la proposition d’Akira avant de s’asseoir en face de lui sur la nappe, elle qui avait entendu son propre ventre gargouiller sur la route. Le garçon déballa les restes parfaitement conditionnés de ce que le restaurant familial avait préparé aujourd’hui, chaque boite qu’il posa au centre de la nappe lui donnait un peu plus l’eau à la bouche. « Quand on me demande mon repas idéal, c’est à ça que je pense. » Un ricanement, elle affectionnait particulièrement la culture japonaise et sa cuisine ne faisait pas exception. Sushis, nouilles, tempuras, yakitoris et autres préparations savaient ravir ses papilles à chaque fois. Elle attendrait que le garçon se serve en premier, il devait certainement en avoir bien besoin après sa journée de travail. « Ça n’a pas été trop dur au restaurant aujourd’hui ? » La Sawyer ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui, de faire attention à ce qu’il ne soit pas trop surmené. Elle savait à quel point le milieu de la restauration était éprouvant, après tout.