Il ne sait pas trop comment il a réussi à convaincre Wells de le rejoindre dans ce parc bondé mais, une chose est sûre : Izan a franchement galéré pour concocter le panier qu’il a apporté avec lui, si bien qu’il a presque regretté d’avoir été l’investigateur de cette idée saugrenue. Mais il lui fallait un endroit neutre pour formuler à Samuel l’annonce qu’il doit lui faire, puisqu’il ne peut pas repousser indéfiniment le moment tant redouté ; dans son esprit, il est tout bonnement hors-de-question qu’il épouse l’homme de sa vie sans la présence du musicien à ses côtés mais, il n’est pas certain que son ami acceptera de se joindre à eux pour l’heureuse cérémonie. Wells n’a rien caché de sa réticence à l’idée qu’ils se remettent ensemble, et le pianiste ne peut pas réellement lui en tenir rigueur ; s’il aime affirmer que son choix est murement réfléchi et légitime, il n’est pas assez hypocrite pour nier le fait qu’il réagirait de la même façon — peut-être même avec plus de virulence — s’il était à sa place. Il le reconnait, d’un point de vue extérieur, son histoire d’amour paraît comme largement alambiquée de traits toxiques et de points problématiques mais, comme il est tout de même le premier concerné par cette relation, il estime que son entourage doit lui faire confiance et ne pas l’infantiliser ; c’est tout le point à aborder avec Samuel, même s’il craint que l’issue ne soit guère favorable entre eux. Pourtant, il n’est pas prêt à renoncer à l’avenir qui se profile aux côtés d’Asher, et le projet de son mariage n’est pas sujet à débat ou reconsidération : qu’importe ce que les autres en disent, il ne changera pas d’avis.

Peut-être est-ce le stress qui l’a motivé à accomplir cet exploit mais, pour l’une des rares fois de sa vie, Izan a pris soin d’arriver un peu en avance sur les lieux du rendez-vous afin d’installer la nappe de leur pique-nique sur l’herbe encore humide, sous l’ombre d’un grand arbre qui étend ses branches quelque peu dégarnies au-dessus de leurs têtes. Il a envie de faire les choses bien, le pianiste, que tout soit parfait pour que Samuel puisse accueillir la nouvelle dans les meilleures conditions possibles mais, il ne se fait pas tellement d’illusions ; il est prêt à accepter le fait que son ami va le traiter d’idiot — ce ne sera pas le premier et sûrement pas le dernier, de ce fait, il ne s’en formalise pas trop. Prenant place sur la nappe en attendant l’arrivée de Wels, il entreprend de disposer toutes les choses à grignoter qu’il a ramené, ayant honoré la couleur désignée pour ses victuailles : des pommes d’amour, des fraises tagada et autres bonbons de la même couleur, des paquets (rouges !) de chips et toute une panoplie d’apéritifs salés, des kit-kat, des skittles et tout un tas de choses ayant la bonne couleur, dont des canettes de soda. Pour ainsi dire, il n’a pas vraiment réfléchi et il a simplement pioché dans les rayons du magasin pour acheter tous les emballages vermeils qu’il a pu croiser, puisque la nourriture n’est pas réellement sa première motivation, et l’appréhension l’envahit d’un seul coup lorsque Sam fait enfin son apparition. ’’Salut…’’ qu’il souffle d’un ton qu’il s’efforce de garder serein, même s’il apparaît déjà comme sous le joug d’une certaine anxiété qui corrompt jusqu’aux traits de son visage ’’T’as pas trop galéré pour ta couleur ?’’ il le demande en souriant volontiers, pensant avoir le temps d’instaurer un climat propice à son annonce, en ayant totalement oublié l’anneau de promesse qui ceint son annulaire gauche… Il a pensé à tout, Izan, sauf à ce minuscule détail qui le trahit déjà.

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Izan et ses idées de merde. C’est à ça que tu penses lorsque tu tentes de faire quelque chose de potable pour le pique-nique auquel il t’a convoqué cet après-midi. Si tu es derrière le concept, que tu apprécies les efforts de la ville pour souligner la fierté gay en ce mois de septembre, tu es plutôt agacé par le travail que tu dois mettre dans ce panier où toutes les choses doivent être de couleurs mauves. Mauve, comme s’il y avait la moindre nourriture qui venait naturellement de cette teinte.  Heureusement, tu as eu l’aide de Delilah et d’Anna pour faire quelque chose de moindrement correct, des cupcakes au crémage violacé jusqu’à une salade de pâtes dans laquelle tu as versé quelques gouttes de colorants alimentaire mauve dans le dressing pour y donner la teinte recherchée. Ce n’est pas du grand luxe, mais tu te dis que c’est l’effort et l’intention qui comptent par-dessus tout. Tu n’es pas certain de comprendre pourquoi Izan a tenu à ce que tu le rencontres là-bas plutôt que chez lui ou chez toi, comme vous en aviez l’habitude. Tu te demandes si ça a un lien avec Asher. Ce ne serait pas surprenant après tout. Tu n’es pas assez naïf pour croire que le Thornhill n’a pas raconté à son amoureux la discussion que vous avez eu lorsque vous vous êtes retrouvés nez à nez, et puis tu as dit tout ce que tu avais à dire à Izan sur le sujet lorsque vous avez échangé quelques messages textes quelques heures plus tard. Tu sais que tu ne pourras pas éternellement éviter de croiser le chemin d’Asher, qu’Izan ne parviendra pas à garder sa vie séparée nettement en deux parties pour accommoder ton désaccord face à sa décision de reprendre avec l’anglais, et honnêtement, ce n’est pas ce que tu veux pour lui non plus. Tu veux simplement protéger ton ami, l’empêcher de se retrouver dans une situation où il pourrait se retrouver blessé davantage.

Tu ne mets pas longtemps avant de retrouver Izan malgré la foule populaire qui s’étend dans tous les recoins du parc. Si tu n’es pas un fan des foules, tu dois admettre que ça te fait plaisir de voir la ville se réunir pour une si belle occasion. « T’es là avant moi, qu’est-ce qui se passe? » que tu commentes en lieu de salutations, un sourire moqueur qui se place sur tes lèvres alors que tu viens t’installer en face du pianiste. Il paraît nerveux, légèrement énervé, chose qui ne serait pas si étonnante puisqu’il n’a jamais de bouton off et il est tout le temps un peu hyperactif, mais tu as l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche. Tes sourcils se froncent légèrement, et puis tu te concentres sur le spread de choses aux couleurs rougeâtres que ton ami a apporté, s’étant donné bien plus pour la cause que toi. « T’as pas trop galéré avec ta couleur? » C’est d’un grognement que tu réponds, sortant à ton tour la salle de macaroni et les cupcakes que tu as apporté. « Mauve c’est vraiment une couleur stupide. » que tu déclares, avant d’échapper un rire, attrapant une des cannette de soda qu’Izan tend dans ta direction. « T’as vraiment tout donné. » Ton regard passe des différentes collations emportées par le musicien et s’arrête sur quelque chose de nouveau qui orne la main du pianiste, l’anneau qui se trouve là où existe une promesse que tu as toi-même fait il y a bien longtemps à la mauvaise personne. « C’est nouveau ça. » que tu commentes, tentant de garder un air aussi neutre que possible. Sauf que tu devines trop facilement pourquoi cet anneau habite sur son annulaire, pourquoi soudainement il voulait te voir ici, et tu crains le pire. « Me dis pas que tu t’es marié toujours?! » Tu te pinces les lèvres, regrettant déjà les mots t’ayant échappé, le ton sur lesquels ils ont été dit surtout, mais tu ne peux plus faire marche arrière et le mieux que tu puisses faire maintenant, c’est d’écouter ce que le jeune homme a à te dire.

« T’es là avant moi, qu’est-ce qui se passe? » évidemment il aurait pu anticiper que sa soudaine ponctualité serait une récréation sur les lèvres de son ami mais, n’ayant pas assez d’hypocrisie pour nier qu’il est invariablement en retard, Izan fronce le milieu de son nez en grimaçant comme un enfant contrarié, se gardant bien de répondre un « tu ne vas pas tarder à le savoir » puisqu’il n’a que moyennement envie d’entamer son annonce maritale de la sorte. Plutôt que de lancer tout de suite les hostilités, le pianiste le questionne au sujet du thème coloré de leur pique-nique, même si ce dernier semble avoir donné quelques difficultés à celui qui grogne comme un ours rembruni bien avant de parler, forçant le plus jeune à faire fuser un petit rire amusé qui dévoile le coeur de ses lèvres blanches « Mauve c’est vraiment une couleur stupide. » - ’’Pour ça que tu l’as eu.’’ qu’il laisse filer à la suite en remettant ses lunettes de soleil sur son nez, laissant son sourire mutin prendre de la hauteur en creusant davantage ses joues, juste avant qu’il ne dévie son regard pour observer son propre panier garni, ayant scrupuleusement respecté la consigne du rouge. « T’as vraiment tout donné. » il hausse ses épaules en observant les éléments apportés avec lui, nuançant l’éloge reçue par un ’’J’ai juste acheté des trucs, toi…’’ il se redresse pour tendre sa nuque afin de regarder dans le panier de son interlocuteur, lorgnant déjà sur les gâteaux mauvais ’’C’est Anna qui a fait les cupcakes ?’’ il le soupçonne de triche mais l’instant de légèreté ne dure pas bien longtemps puisque, ayant omis le détail de la bague qui enserre son annulaire gauche, et dont la présence n’échappe nullement à l’oeil attentif de Wells, Izan se retrouve rapidement mis aux pieds du mur de la vérité qu’il ne sait même pas comment formuler — il aurait dû préparer un monologue, ouais. « C’est nouveau ça. » apportant machinalement les phalanges de sa main droite sur son alliance pour en effleurer l’alliage, il espace ses lèvres de quelques degrés en étant pris de court, trop d’ailleurs, puisqu’il ne voit pas tellement quoi répondre sans rendre palpable la raison de leur entrevue, et il n’a finalement même pas besoin de s’aventurer sur le terrain miné de la révélation puisque Samuel aborde le sujet de lui-même, et pas de gaieté de coeur. « Me dis pas que tu t’es marié toujours?! » le ton employé par le violoncelliste fait soupirer le pianiste, qui est quelque peu lassé des réactions négatives qui s’opposent à la joie qu’il éprouve, mais qu’il ne peut guère exploiter ; difficile de se réjouir quand le monde entier lui fait comprendre qu’il fait une connerie. ’’Non.’’ qu’il appuie avec fermeté avant de prendre une fine inspiration, puisque sa réponse ne peut décemment pas s’arrêter sur cette simple note, même si ce n’est point un mensonge ; dans les faits, il n’est pas marié à Asher. ’’Pas encore.’’ qui dessine déjà un peu mieux la situation et, en plantant ses billes mordorées dans le regard de Wells, il rajoute, d’une voix curieusement calme et mesurée : ’’Il a fait sa demande, et j’ai dit oui.’’ sa voix ne souffre d’aucune hésitation ni tremblement, mais il devine que son grand-frère ne va pas franchement apprécié cette nouvelle, ni même simplement se réjouir pour lui. ’’Je voudrais que tu sois présent, ce jour-là… C’est pour ça que je t’ai fait venir, mais bon, je ne veux pas que tu te forces non plus.’’ se marier sans Wells dans les parages lui apparaît comme étant un manquement énorme, mais savoir qu’il désapprouve tout en étant présent est bien pire.

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« Pour ça que tu l’as eu. » Tu grognes pour toute réponse, une habitude à laquelle Izan est habitué depuis le temps. Tu ne sais même pas pourquoi vous êtes venus ici plutôt que d’aller dans un restaurant ou chez toi, mais tu tentes de te convaincre que c’est pour la bonne cause, que c’est une manière comme une autre de lui montrer ton support et que tu es un allié, même si l’orientation sexuelle du Da Silva est sans doute la chose la moins intéressante chez lui tant qui il aime, homme ou femme, ne change absolument en rien l’affection que tu lui voues et ce depuis presque deux ans maintenant. « J’ai juste acheté des trucs, toi… » Assez de trucs pour nourrir une petite armée, ouais mais bon, c’est Izan ça. Il n’a jamais été trop doué pour tempérer les choses. Tu te demandes presque s’il y a quelqu’un d’autre qui est censé vous rejoindre, et tu t’en veux d’espérer que ce ne soit pas le cas, surtout que tu ne veux pas voir Asher se joindre à vous. C’est injuste, et surtout tu t’es promis de laisser une chance à l’anglais et tes réactions primaires ne le prouvent pas trop jusqu’à présent. C’est la voix du jeune homme qui te ramène au moment présent. « C’est Anna qui a fait les cupcakes? » « Avec Delilah. » que tu admets sans aucune gêne parce que la cuisine, ça n’a jamais été ton fort et tu ne t’en caches pas. Fort heureusement, Delilah et toi avez su compté sur les plats de Yasmin pendant longtemps et maintenant Anna s’occupe de te nourrir avec beaucoup d’amour et d’attention.

Vos repas du jour et qui a fait quoi devient toutefois élémentaire lorsque tu remarques le jonc qui gît sur la main gauche du jeune homme. Et le choc qui habite son visage lorsque tu le mentionnes ne fait qu’augmenter la panique qui grimpe en toi à un rythme fulgurant. Tout de suite, tu t’imagines que Asher et Izan se sont mariés, possiblement en cachette, sans leurs proches présents. Ou du moins, sans les proches qui peuvent avoir été vocaux au sujet de leurs inquiétudes face à ce couple, comme ça été ton cas. « Non. » La réponse est directe, à la limite de l’agacement et tu regrettes ta réaction, mais pas assez pour t’excuser. Pas assez pour laisser tomber l’inquiétude qui t’envahit quand tu penses en la confiance aveugle qu’Izan semble prêt à donner à Asher après si peu de temps. « Pas encore. Il a fait sa demande, et j’ai dit oui. » Tu échappes un soupir et secoues la tête vivement, incapable d’y croire. Tu te mords les lèvres pour retenir tout commentaire qui t’échapperait trop vite, involontairement parce que la dernière chose que tu veux présentement, c’est risqué de blesser Izan qui devait se douter que tu ne réagirais pas positivement à son annonce. Tu te demandes même si bien de ces proches ont répondu positivement, à ces fiançailles. « Je voudrais que tu sois présent, ce jour-là… C’est pour ça que je t’ai fait venir, mais bon, je ne veux pas que tu te forces non plus. » « C’est pas une question de me forcer, Izan. » Il n’y a pas à dire, jamais tu ne voudrais manquer une occasion aussi spéciale que le mariage du jeune homme, mais tu ne peux pas faire semblant que tu n’as pas de doutes, de réticences face à la vitesse à laquelle les choses semblent évoluer à nouveau entre Asher et Izan. « C’est dur à suivre Izan; un jour tu me dis que vous vous êtes séparés, pas longtemps après je tombe sur lui chez toi et là soudainement vous êtes fiancés? Tu m’excuseras de penser que vous êtes un peu vite en affaire. » Tu t’efforces de prendre une grande inspiration avant de venir poser une main sur le genou de ton ami, comme une preuve que tu n’es pas là pour le juger ou que tu n’essayes pas de le dissuader, mais plutôt que tout cela part d’une crainte qu’il ne se fasse mal en cours de route. « Il t’a fait mal une fois, il n’y a pas si longtemps, et je comprends que tu l’aimes, mais c’est quoi qui presse? » Tu tentes de relativiser. Il n’y a pas d’urgence après tout, pas vrai?

Il aurait très bien pu se moquer du manque de talent culinaire de Wells s’il en avait eu le temps ; le fait de n’avoir guère plus de compétences dans ce domaine ne l’aurait nullement empêché de tourner en dérision l’assistanat mis en place pour que le violoncelliste participe à ce pique-nique coloré mais, la bague qu’il porte à son doigt est devenue tellement naturelle dans le décor de son corps qu’il l’avait totalement oubliée. Mais s’il n’a même pas songer à la retirer pour ne pas exposer son aveu avant que sa bouche le révèle, sa présence n’a pas échappé à l’oeil du plus âgé, dont l’expression trahit le mécontentement. Évidemment, Izan n’attendait pas franchement autre chose de la part de Wells, et c’est bien pourquoi il avait déployé autant d’efforts pour préparer le secteur de sa révélation, préparant un terrain neutre  et serein pour que leur entrevue trouve une issue favorable mais, de toute évidence, il a échoué. Maintenant, il lui faut arrondir les angles et ce n’est pas la chose la plus facile à faire pour lui, principalement parce qu’il a l’impression de devoir se répéter inlassablement depuis quelques jours « C’est pas une question de me forcer, Izan. » mais la réponse n’est pas suffisamment positive pour lui donner de l’espoir, si bien qu’il prend une fine inspiration qui reste bloquée au fond de sa gorge pendant qu’il hausse les sourcils en baissant légèrement le menton, pas par honte ou par dépit mais parce qu’il ne sait pas vraiment quoi en penser. Il a affronté la méfiance de Jayden — bien que ce dernier ait finalement décrété qu’il participerait à la préparation du mariage, mais celle de Samuel lui apparaît comme bien moins trempée dans la retenue « C’est dur à suivre Izan; un jour tu me dis que vous vous êtes séparés, pas longtemps après je tombe sur lui chez toi et là soudainement vous êtes fiancés? Tu m’excuseras de penser que vous êtes un peu vite en affaire. » il soutient son regard sans se formaliser de la main amicale qu’il pose sur son genou, sans nul doute là pour adoucir les mots qui soulèvent, incontestablement, un vent de vérité qu’il réduit pour ne garder que ce qu’il veut bien tolérer. Bien sûr que ce mariage est précipité, il a bien conscience et il ne cherche pas à nier l’évidence, mais il s’accroche viscéralement à l’idée qu’aussi hâtive cette décision soit-elle, elle est également légitime et justifiée par l’amour qu’ils se portent, et non pas parce qu’il est totalement paniqué à l’idée de le perdre une nouvelle fois. ’’Je sais.’’ il l’admet c’est déjà bien, faut pas trop lui en demander d’un coup n’est-ce pas « Il t’a fait mal une fois, il n’y a pas si longtemps, et je comprends que tu l’aimes, mais c’est quoi qui presse? » il le regarde en semblant hésiter à formuler quelque chose, comme si lui-même savait très bien que m’assurer qu’il ne parte pas n’est pas la réponse à donner pour légitimer un mariage déjà largement décrié, mais l’autre point a déjà été abordé par Wells lui-même : il l’aime, il essaye de lui pardonner et il n’a pas envie de le perdre de nouveau. ’’Eh ben, déjà…’’ il entame son axe de justification en arrachant compulsivement des brindilles d’herbe à côté de lui, pour soulager un peu la nervosité qui importune ses organes — c’est une image mais ça expliquerait pourquoi il a tant de mal à réfléchir ’’Comme tu l’as dit, je l’aime. C’est un point important. Je suis sûr de vouloir passer ma vie avec lui même s’il est réellement maniaque, tu sais ?’’ si, pour un grand bordélique comme lui, c’est un point important à soulever ’’Il est maniaque, il aime le rock,’’ il grimace avec un air de « non mais tu peux le croire, ça ? » presque ahuri, parce que le snob de la musique classique n’en revient toujours pas ’’Et pour finir, au moins, on sera liés. Il sera à moi, tu comprends ?’’ d’accord, il aurait pu le formuler autrement mais, dans les faits, c’est tout à fait ce qu’il pense alors il esquisse un petit sourire qui se veut rassurant, prouvant définitivement que Wells n’a aucune inquiétude à avoir, pas vrai ?

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« Je sais. » Il sait, mais ça ne l’a pas empêché de dire oui à la demande de l’anglais. Il sait, mais il ne semble trouvé aucun argument pour t’expliquer le pourquoi du comment ça presse tant que ça. Pourquoi il pense que c’est une bonne idée alors que de toute évidence, tu n’es certainement pas le premier à lui faire part de tes réticences et ne devrait-ce pas être là un signe que ce n’est peut-être pas la meilleure idée du siècle? Tu détestes être cet ami défaitiste, qui n’arrive pas à se réjouir pour le Da Silva, mais tu t’en voudrais encore plus à long terme si tu ne disais rien, si tu ne tentais pas de le raisonner un peu et de lui faire voir les choses de ta façon. Tu ne penses pas pouvoir le faire changer d’idée, et tu ne pourrais pas dire que ce soit véritablement ton intention non plus. Tu ne sais pas vraiment de quoi elle est fait, ton intention véritable. De le prévenir? De tenter de limiter les dégâts, ceux que tu penses inévitables? Jouer la voix de la raison, qu’importe s’il t’écoute vraiment? « Eh ben, déjà… » Tu attends alors qu’il arrache l’herbe autour de lui, se concentre sur le gazon plutôt que sur toi ce qui a légèrement tendance à t’agacer, toi qui n’es déjà pas à ton plus calme alors que tu es arrivé il y a quelques minutes à peine. « Comme tu l’as dit, je l’aime. C’est un point important. Je suis sûr de vouloir passer ma vie avec lui même s’il est réellement maniaque, tu sais? » Tu hausses les épaules parce qu’en vérité? Non, tu ne sais pas. Oui, tu sais ce que c’est que d’être amoureux. Oui, toi aussi tu as pensé une fois être certain de toi, certain d’avoir trouvé la bonne, celle qui serait toujours là, pour le meilleur et pour le pire et dieu sait que tu t’étais royalement trompé. « Il est maniaque, il aime le rock. » La grimace d’Izan est partagé sur ton portrait, mais tu lui fais rapidement les gros yeux, l’air de dire que les goûts musicaux de l’anglais sont loin d’être la problématique dans toute cette affaire. « Et pour finir, au moins, on sera liés. Il sera à moi, tu comprends? » Cette fois-ci, tu n’hésites pas et tu fais signe que non de la tête. « Non, Izan, je comprends pas. Parce que tu vois, j’en ai donné une bague et j’en ai signé un contrat de mariage et crois-moi, au final, ça ne prouve rien. Ce n’est qu’un bout de papier, des promesses faites en l’air. » Et tu as conscient d’être franchement pessimiste sur le coup, mais il a besoin de comprendre que ce n’est pas un mariage qui sauve un couple qui est déjà à la dérive, bien au contraire. Parfois, c’est le dernier clou dans le cercueil, sans même s’en rendre compte. « T’as pas besoin d’un mariage pour lui faire comprendre que tu veux être dans sa vie, pas plus qu’il a besoin de ça pour te prouver qu’il t’aime vraiment et qu’il te choisit toi. » C’était bien ça à la base le problème non? Ce meilleur ami qu’il voulait oublier avec Izan? Non, ils n’ont pas besoin de cette bague ou d’un événement sur lesquels mettre des milliers de dollars. Même que tu trouves que ce lancer dans ce projet si peu de temps après une rupture, c’est toute sorte de red flags que tu n’as pas envie d’ignorer. « Je pense que t’as besoin de réapprendre à lui faire confiance pleinement, et c’est pas en te précipitant dans un mariage que tu vas y arriver. » que tu ajoutes finalement sur un ton que tu espères neutre, dans lequel tu évites de laisser tes propres émotions contrôler la conversation. « J’te dis pas ça pour te faire chier, parce que j’apprécie pas Asher ou parce que je suis pas heureux pour toi. Au contraire, je veux vraiment être heureux pour toi. Tu mérites du bon, j’te l’ai déjà dit plein de fois. Mais ça.. » que tu conclues en pointant l’anneau sur son doigt. « J’ai juste peur que ce soit too much, too fast. »

« Non, Izan, je comprends pas. Parce que tu vois, j’en ai donné une bague et j’en ai signé un contrat de mariage et crois-moi, au final, ça ne prouve rien. Ce n’est qu’un bout de papier, des promesses faites en l’air. » devant le morne portrait dressé de cet engagement qu’il considère bien autrement, Izan hésite entre lever les yeux au ciel ou soupirer, et c’est finalement son souffle qui s’extirpe de ses lèvres espacées avant qu’il ne torde sa mâchoire dans une expression défaitiste, puisque même si l’argument de Wells ne fait pas bouger ses positions, il comprend que toutes ses argumentations auront le même effet sur son ami. Avec son passif désastreux en matière de mariage, il est clair que Samuel ne peut pas se réjouir de son projet d’union avec son anglais, mais il ne pense pas qu’une quelconque comparaison soit possible entre Hadley et Asher. ’’Pas pour tout le monde.’’ il ne le brandit pas comme une réponse bancale mais comme un argument de vérité, car il y a bien des couples mariés qui contredisent ce que Wells vient d’affirmer ; ses propres parents, aussi mauvais et hargneux soient-ils, le sont depuis des années et leurs alliances n’ont jamais été considéré comme quelque chose de léger (du moins, à sa connaissance). L’expérience de Wells est regrettable et tragique à bien des niveaux — surtout pour Del, en réalité, mais elle n’est pas représentative d’une quelconque réalité immuable qui condamnerait tous les mariages au même sort. « T’as pas besoin d’un mariage pour lui faire comprendre que tu veux être dans sa vie, pas plus qu’il a besoin de ça pour te prouver qu’il t’aime vraiment et qu’il te choisit toi. » non, c’est vrai, ils n’ont pas besoin de marquer au fer rouge la reconnaissance de leur relation et de leur amour, et dans le fond Izan ne doute même plus réellement de la promesse de Asher au sujet de leur couple, mais ce n’est pas pourtant qu’il envisage de renoncer à leur mariage pour autant. Cette idée le rassure et le réconforte, aussi incompréhensible et tordue soit cette vérité qu’il n’a pas peur d’énoncer. « Je pense que t’as besoin de réapprendre à lui faire confiance pleinement, et c’est pas en te précipitant dans un mariage que tu vas y arriver. » il mordille l’intérieur de sa joue en baissant les yeux vers ses mains qui arrachent toujours compulsivement les brins d’herbes sur le côté, principalement parce qu’il ne sait plus tellement quoi dire pour rendre légitime ce qui devrait être une bonne nouvelle pour tous ’’Je lui fais confiance,’’ du moins, la plupart du temps ; il ne doute pas de sa sincérité et de sa bonne volonté à réparer les choses, et il parvient à occulter la blessure la plupart du temps mais, prétendre qu’elle ne se rappelle pas à lui de temps en temps seraient mentir. Bien sûr qu’il y pense, et bien sûr qu’il se demande encore, parfois, s’il ne lui cache pas autre chose et s’il a vraiment arrêté de le côtoyer mais, n’est-ce pas normal après tout ce qu’il s’est passé ? ’’Je veux dire… Je lui fais confiance, ce n’est pas le problème.’’ si, c’est bien tout le problème, mais il ne va pas l’avouer aussi facilement, et il attrape plutôt une canette pour l’ouvrir et en boire une gorgée salvatrice. « J’te dis pas ça pour te faire chier, parce que j’apprécie pas Asher ou parce que je suis pas heureux pour toi. Au contraire, je veux vraiment être heureux pour toi. Tu mérites du bon, j’te l’ai déjà dit plein de fois. Mais ça..  J’ai juste peur que ce soit too much, too fast. » il passe machinalement ses doigts libres sur son alliance, en hochant lentement son menton de haut en bas pour prouver qu’il entend et comprend les inquiétudes de son ami, sans que ces derniers ne parviennent à le convaincre du bien-fondé d’attendre avant de sauter le pas ’’Je sais de quoi ça a l’air, d’un point de vue extérieur. Mais ce n’est pas ce que tu crois.’’ c’est clairement ce qu’il croit, mais c’est toujours mieux de prétendre le contraire pas vrai ’’On s’aime vraiment, et on finira bien par se marier un jour ou l’autre alors… Pourquoi attendre ?’’ relevant ses yeux vers Wells, il hausse mollement ses épaules avant de poursuivre, tenant toujours sa canette d’une main ’’Ce n’est pas parce que ton mariage a été un échec que ce sera le cas pour lui et moi. Si tu te mariais avec Anna, tu crois que ça finirait de la même façon ?’’ il impose quelques secondes de silence pour laisser la réflexion faire son cheminement, mais il est certain que la réponse est « non » parce que la musicienne est son âme-soeur, et c’est très précisément ce que Asher est pour lui ; et pourtant dieu seul sait à quel point il n’a jamais cru à toutes ces conneries mielleuses ’’Je te remercie de t’inquiéter mais, fais-moi confiance.’’ de toute façon, il n’a pas vraiment le choix ’’Tu viens du coup, ou pas ?’’ il espère, bien sûr, que la réponse sera positive.

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lieu: rainbow picnic, brisbane pride festival (event)

« Pas pour tout le monde. » Le commentaire ne se veut pas blessant, pas plus que le soupir qui s’échappe des lèvres du musicien, mais c’est un vieux réflexe d’impulsif, que de prendre tout un peu personnellement, surtout sur ce sujet qui est plus que sensible pour toi. Tu sais que le mariage n’est pas synonyme de malchance, de cœur brisé et de douleur qui s’étire sur des décennies. Tu en es parfaitement conscient et pourtant, tu ne peux t’empêcher de vouloir protéger ton ami, de le prévenir des potentiels risques que le monde ne lui tombe sur la tête, comme ça avait été ton cas lorsque Hadley est partie, quelques mois seulement après la naissance de Delilah. Tu sais que les circonstances sont différentes, complètement à l’opposé si telle chose est possible même, que ton passé et ton histoire avec Hadley n’ont rien à voir avec ce que Izan et Asher vivent ensemble, mais ce n’est pas pour autant que tu te sens complètement à l’aise avec l’idée de voir ton ami s’engager si sérieusement. Prendre une chance si grande avec ce qui vient de se passer si récemment. Et c’est bien ce que tu essayes de lui faire comprendre, mais tu n’es pas certain qu’il y ait quoique ce soit que tu puisses dire qui changerait l’avis du pianiste. « Je lui fais confiance. » À ça, tu ne peux pas t’empêcher pas de lui offrir un regard dubitatif, ayant du mal à croire que sa confiance envers l’anglais n’ait pas été ne serait-ce qu’un peu ébranlé par leur rupture. « Je veux dire… Je lui fais confiance, ce n’est pas le problème. » « C’est moi que t’essaye de convaincre, ou si c’est toi? » Parce que t’es pas con, Izan ne veut peut-être pas te l’admettre, ou même se l’admettre à lui-même, mais c’est impossible qu’il n’y ait pas des doutes qui subsistent, qui prennent de la place là où il voudrait qu’il n’y ait qu’amour. Du moins, c’est ainsi que tu lis la chose, mais tu n’es pas infaillible, peut-être que tu te trompes, que tu projettes trop.

« Je sais de quoi ça a l’air, d’un point de vue extérieur. Mais ce n’est pas ce que tu crois. » Tu ne demandes que ça : qu’il t’explique ce qu’il comprend, comment il voit les choses, qu’il te partage son point de vue pour que tu puisses comprendre et éventuellement accepté ce qui se passe dans sa vie, et pouvoir être présent comme c’est ce qu’il semble te demander. Ce dernier point toutefois ne dépend pas de quoique ce soit, rien ne pourrait t’empêcher d’être là pour le Da Silva, même si tu demeures incertain et inquiet face à certaines de ses décisions. « On s’aime vraiment, et on finira bien par se marier un jour ou l’autre alors… Pourquoi attendre? » « La question se pose à l’inverse aussi, mais comme t’as l’air décidé à pas y répondre. » que tu grommelles, parce qu’il t’apparaît de plus en plus évident que cette conversation ne mènera pas à une conclusion qui sera satisfaisante à tes yeux. Mais ce n’est pas ta place d’être satisfait ou non des décisions prises par le musicien, au fond de tout, tout ce que tu lui souhaites, c’est son bonheur et s’il est persuadé de le trouver auprès du Thornhill, alors évidemment que tu sauras te faire à l’idée, éventuellement. « Ce n’est pas parce que ton mariage a été un échec que ce sera le cas pour lui et moi. Si tu te mariais avec Anna, tu crois que ça finirait de la même façon? » « Tu réalises qu’Anna aussi, elle est encore mariée avec quelqu’un qui lui a brisé le cœur? » Tu comprends sa question, mais c’est plus fort que toi, tu ne peux te retenir de jouer du contre-argument avant de t’adoucir légèrement. « Je sais pas si ça finirait mieux, mais j’aimerais croire que ça finirait pas si dramatiquement si ça devait finir... » Parce qu’Anna, c’est la première femme que tu te donnes le droit d’aimer depuis Hadley. La première à qui tu donnes accès à ta vie, à ton cœur, avec qui tu prends une vraie chance, mais même avec tout l’amour que tu lui portes, tu ne restes pas persuadé que tout se passera éternellement bien, que vous êtes voués à un happy ending. « Pas que je veux que ça finisse hein, juste… Tu vois bien, mon opinion sur tout ça est pas particulièrement doré. » Et tu le sais au fond, que ça teinte toute ton opinion, tout le discours que tu lui portes. « Je te remercie de t’inquiéter mais, fais-moi confiance. » Ce n’est pas là le problème, et il le sait, mais tu te contentes de lui offrir un léger sourire. « Tu viens du coup, ou pas? » « Vous avez déjà choisi une date? » Tu tentes de camoufler la surprise dans ta voix, n’y parviens pas très bien malgré tous tes efforts. « Même si je comprends pas, c’est sûr que je vais être là. » Jamais tu ne pourrais t’imaginer manquer cette journée si spéciale pour lui. « J’vais jamais faire semblant quand quelque chose me paraît précipité Izan, tu sais que j’fais pas dans la bullshit, mais si c’est ce que tu veux, qu’Asher te rend vraiment heureux et que t’es sûr de toi, alors je suis qui pour te juger et t’en empêcher? » Peut-être que c’était contradictoire à tout ce que tu avais dit jusqu’à maintenant, mais ça n’en était pas moins sincère.

« C’est moi que t’essaye de convaincre, ou si c’est toi? » possiblement les deux qu’il retient de justesse en baissant le menton pour lancer un regard presque réprobateur en direction de son interlocuteur, qui le connaît trop bien pour ne pas déceler le penchant tout à fait bancal de ses arguments. Il le sait, que c’est un combat perdu d’avance, une putain de bataille qu’il ne peut pas remporter puisque Wells ne se laisse pas embobiner par les belles paroles qu’il lui distille afin de le convaincre du bien-fondé de ce mariage, mais il n’a pas vraiment d’autres choix que d’y croire pour deux. Il n’a pas grandi avec des parents qui faisaient l’éloge de l’amour, lui, et s’il n’a jamais subi la moindre maltraitance, il n’a pas vraiment la possibilité de se figurer autre chose que l’aspect poétique d’une union précipitée parce que l’amour ne peut attendre — c’est sans doute à ce moment-là, sur cette pensée franchement niaise, qu’il se gifle mentalement. ’’Je n’ai pas besoin de me convaincre, je le suis déjà.’’ ou presque, en tous cas. Il ne doute pas de son envie de se marier avec Asher — quoique, il y a toujours une ombre au tableau puisque toute la cérémonie lui paraît être une incommensurable horreur érigée par Helen et Jayden, mais il consentirait à reconnaître que l’urgence de ce mariage n’est peut-être pas fondée par quelque chose de sain et de raisonnable, mais ce n’est pas comme si ces deux mots pouvaient le qualifier de toute façon « La question se pose à l’inverse aussi, mais comme t’as l’air décidé à pas y répondre. » il soupire face à cette accusation qui fait tourbillonner quelque chose de grave et d’alarmant dans son ventre, et il redresse ses épaules pour appuyer ses deux mains à plat dans son dos, étendant ses bras en levant légèrement le menton pour offrir sa figure au soleil timide qui pointe derrière quelques nuages. ’’Ou alors tu ne veux pas l’entendre, ma réponse.’’ peut-être parce que celle-ci n’est pas suffisamment élaborée pour convaincre qui que ce soit, certes, mais il tente quand même de le faire parce qu’il ne peut décemment pas admettre autre chose, le pianiste « Tu réalises qu’Anna aussi, elle est encore mariée avec quelqu’un qui lui a brisé le cœur? » sa nuque effectuant une demi-rotation pour se remettre dans l’axe, il pousse ses lèvres en avant dans une sorte de petite moue hésitante, qui se défait seulement quand il peste entre ses dents ’’Est-ce qu’il y a un mariage qui finit bien ou pas…’’ visiblement pas, mais il a envie de croire que le sien sera celui-là « Je sais pas si ça finirait mieux, mais j’aimerais croire que ça finirait pas si dramatiquement si ça devait finir... » - ’’Ou peut-être que ça ne finirait pas.’’ pour le coup, Izan est davantage optimiste pour Wells et Anna que pour son propre mariage, peut-être parce qu’aucun des deux n’a utilisé l’autre pour oublier une tiers personne — c’est une supposition qui se tient mais il préfère la chasser de l’écran de ses pensées, parce qu’elle est aussi douloureuse que gênante ’’Vous êtes faits pour être ensemble, ça crève les yeux.’’ et qu’il n’y a aucun problème entre eux, pas vrai ?

Il ravale alors sa salive devenue soudainement amère, que même le soda entamé ne parvient pas à effacer, en préférant se concentrer sur l’événement à venir plutôt que sur ceux du passé, même s’il n’est pas vraiment sûr que Wells veuille contribuer à cette journée… Du moins, pas jusqu’à ce que son grand-frère le confirme « Vous avez déjà choisi une date? » qu’il témoigne de cette volonté le soulage d’un poids qu’il avait senti pesé sur son être, et il expulse un petit air de réconfort par le nez avant de sourire en étirant les coins de ses lèvres, véritablement touché de le voir accomplir cet effort alors que, de toute évidence, il ne croit que trop peu en ce mariage. ’’Non, je n’ai aucune date pour l’instant. C’est Helen et Jayden qui organisent le mariage, moi…’’ il ne fait pas grand-chose sauf donner des directives, qui ne sont même pas suivies d’ailleurs (il en est sûr) « Même si je comprends pas, c’est sûr que je vais être là. J’vais jamais faire semblant quand quelque chose me paraît précipité Izan, tu sais que j’fais pas dans la bullshit, mais si c’est ce que tu veux, qu’Asher te rend vraiment heureux et que t’es sûr de toi, alors je suis qui pour te juger et t’en empêcher? » - ’’Ton avis compte pour moi,’’ pas au moins qu’il envisage de rompre l’engagement qu’il a pris auprès de son anglais, mais dire qu’il se moque totalement de ce que Wells dire serait mentir. ’’Ta présence aussi. Je veux vraiment que tu sois là.’’ attendant quelques secondes, il rajoute, sur le ton de l’humour et en apportant finalement sa canette à ses lèvres pour en boire une gorgée après sa prise de parole ’’Parce que j’aurais besoin de quelqu’un pour m’aider à fuir si je panique avant la cérémonie.’’ ce n’est rien d’autre qu’une plaisanterie… ou pas.

you're always strong when i'm tired and weak
@Izan Da Silva + Samuel Wellington
lieu: rainbow picnic, brisbane pride festival (event)

« Je n’ai pas besoin de me convaincre, je le suis déjà. » Tu te contentes de le regarder avec un sourcil arqué, parce que tu ne le crois pas et honnêtement, tu ne penses pas qu’il se croit lui-même et cela ne fait qu’augmenter davantage l’inquiétude que tu ressens par rapport à sa nouvelle. Une chose est certaine toutefois : tu n’as pas l’intention de le lâcher, pas l’intention de le laisser gérer avec ces questionnements et ces doutes seul, qu’il soit prêt à les admettre ou non. Si après aujourd’hui il te fait comprendre qu’il ne veut plus en parler, alors tu ne forceras rien, mais pour l’instant, tu es complètement décidé à lui faire connaître le fond de tes pensées, sans jamais chercher à le heurter ou le blesser. Tu le lui as déjà dit, tu lui diras encore, mais son bonheur est la seule chose qui t’importe et s’il est convaincu que c’est auprès d’Asher que ce dernier se trouve, alors tu te feras au plan, éventuellement. « Ou alors tu ne veux pas l’entendre, ma réponse. » Dur de dire qui est le plus têtu entre vous deux, mais cela n’a pas d’importance, pas quand le sujet est si important et qu’il changera inévitablement le courant de la vie du musicien. Alors tu abdiques, ne serait-ce qu’un peu, d’un grognement et d’un hochement de la tête qui témoigne que oui, tu l’entends, et que oui, tu respectes sa décision, même si tu ne la comprends pas. Quand il mentionne Anna toutefois, qu’il te demande si ce serait différent pour vous deux, tu réalises que pour elle non plus, le mariage n’a pas été une expérience avec une fin heureuse, chose que tu n’hésites pas à lui rappeler. « Est-ce qu’il y a un mariage qui finit bien ou pas… » « Tu poses pas la question à la bonne personne. » Celui de tes parents, le tien, celui d’Anna… que des échecs, même si tu te consoles en te rappelant que sans les deux derniers échecs, tu n’aurais pas connu Anna, tu n’aurais pas retrouvé une parcelle de bonheur avec elle. « Ou peut-être que ça ne finirait pas. » Peut-être. Ce serait mentir de dire que tu n’y as jamais pensé, mais elle porte encore le nom Constantine, et toi, tu es encore lié légalement à une femme que tu n'as pas vu depuis plus de vingt ans. C’est loin d’être une bonne base pour un mariage qui dure. « Vous êtes faits pour être ensemble, ça crève les yeux. » « Y’a longtemps que j’ai arrêté de prendre quoique ce soit pour acquis. » Et peut-être que tu es trop pessimiste, peut-être que tes blessures sont encore plus grandes, plus fragiles que tu ne le pensais, une réalisation qui fait mal et que tu repousses, incapable de t’attarder plus longuement sur le pourquoi du comment. L’insistance d’Izan à son grand jour te ramène au problème du présent. « Non, je n’ai aucune date pour l’instant. C’est Helen et Jayden qui organisent le mariage, moi… » « Tu fais faire le sale boulot par les autres, classique. » que tu commentes, presque étonné d’être capable de faire dans l’humour dans un tel moment. Mais tu espères que cela prouvera au musicien que tu n’es pas complètement fermé à ce qui se passe. « Ton avis compte pour moi. » Et ça te touche, vraiment, et c’est bien pour ça que tu ne t’es jamais privé de lui dire exactement ce que tu penses, peu importe le sujet. « Ta présence aussi. Je veux vraiment que tu sois là. » « Alors je serai là. » C’est un acquis. Un indispensable. Tu détestes le fait qu’il puisse en douter, même si tu ne peux pas vraiment lui en vouloir pour ça vu tes commentaires et tes réactions depuis que tu as appris la nouvelle. « Parce que j’aurais besoin de quelqu’un pour m’aider à fuir si je panique avant la cérémonie. » « Runaway groom, tu réinventes les classiques Da Silva. » Tu fais de l’humour, mais les sonneries d’alarmes continuent avec chaque commentaire, chaque doute qui traverse les lèvres du jeune homme. « Peu importe ce dont t’as besoin. Avant, pendant, après. Doute jamais que j’serai là, ok? »