(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

lieu: logements, bayside

Elle déteste le silence qui règne dans cette maison. Elle déteste tout ce que représente cette maison, quelque part entre l’échec de son mariage et les goûts de chiotte qu’Oscar a pour la décoration d’intérieur. À défaut de se trouver la moindre occupation en ce jour de repos, Nina se retrouve poster devant l’un des tableaux curieusement sélectionnés par son aîné, se demandant s’il ne serait pas temps de brûler la vieille croûte à laquelle il semble tant tenir. Dans sa main, son téléphone reste silencieux. Tout le monde semble préoccupé ailleurs, mais Nina ne se voit pas passer le reste de la journée seule, en tête à tête avec ses pensées. Depuis son retour d’Ethiopie, elle ne fait que courir. Reprendre le travail à un rythme effréné, voir ses amis, pour ne jamais être seule avec ses pensées. Pour ne jamais être dans cette grande maison vide qui l’horripile. Sans jamais décrocher son regard du tableau, elle attrape son sac à main, bien décidée à ne pas rester là. Elle n’a aucun programme en tête, n’a aucunement le désir d’aller se perdre dans des magasins pour se frôler à la foule, mais si elle continue à rester sans bouger, elle allait finir par appeler Ruben. La pire idée possible, il est temps qu’elle aille se chercher un matcha et qu’importe ce qui adviendra pour le reste de la journée. 

Sa voiture s’arrête devant l’immense portail et déjà elle lève les yeux au ciel. Elle ne sait même pas ce qui l’a amené à rouler jusqu’ici. Le maigre espoir de voir Midas, celui encore plus vain que Posy soit dans les parages. Elle ne sait pas. Ce n’est pas son genre de se pointer sans prévenir, mais depuis leur dernière conversation, elle a presque la sensation de s’être trouvé un nouveau lien avec son petit frère. Rien d’exceptionnel, aucunement quelque chose qui réparera des années de distances, mais assez pour oser une visite à l’improviste. Dans son sac à main trône le cadeau qu’elle a ramené à Posy, l’excuse parfaite si Midas s’interroge de trop. Encore faut-il que ce fichu portail s’ouvre. « Vous êtes ? » Un soupir. « La sœur du propriétaire. » Un silence trop long s’ensuit, bien trop long. Est-ce que l’autre est en train de vérifier sur une liste ? Il semblerait, elle entend le bruit distinct d’un clavier et d’une souris. « Prenez tout votre temps, surtout. » Elle s’impatiente avant que le pingouin qui sert de garde du corps ne lui pose quelques questions, comme si elle se présentait à l’entrée d’une prison. Elle s’apprête à faire demi-tour lorsque le portail s’ouvre enfin. Elle n’est pas souvent venue ici. Elle a oublié l’immense allée, le million de fenêtres, la porte qui paraît faire six fois la taille normale et tout ce bling-bling ostentatoire.

Un autre pingouin l’attend près de la porte d’entrée et Nina commence sérieusement à perdre son calme. « Je peux encore sonner seule ou bien ? » L’homme ne bronche pas d’un poil, lui adresse un sourire poli avant de parler d’un ton monocorde. « Mademoiselle Carter a été prévenue d’une visite. » Elle fronce les sourcils, il lui faut une seconde pour se rappeler de la familiarité de ce nom. La copine de Midas. Celle du moment ? Non, cela dure depuis quelque temps désormais. Et alors que Nina réfléchit encore, la porte s’ouvre sur une petite brunette qui fronce des sourcils. « Je dois donner un mot de passe ? » Elle s’amuse de la situation, mais visiblement la jeune femme ne s’attendait pas à la voir elle. Tout du moins, son visage n’inspire aucunement la bienvenue. « Midas n’est pas là ? » Elle aurait sûrement mieux fait de lui envoyer un message, quelle idée de vouloir passer à l’improviste, de sortir des sentiers battus, tout simplement parce qu’elle ne supporte pas l’idée même de passer le reste de son après-midi seule. 

laughin' at the other girls who think they're so cool
@Nina Sterling (crédit gif/harley)

Jo se tend quand elle reçoit une alerte sur son téléphone au sujet d’une intrusion sur la propriété. Elle a encore un tout petit peu de mal à se dire qu’elle vit ici et que, maintenant, c’est sa norme de devoir accuser réception d’un truc aussi banal qu’une visite de quelqu’un de l’entourage de Midas ou du sien. Seulement, depuis le mariage de sa grand-mère, ça semble être encore plus utile de savoir qui se pointe à l’improviste dans l’enceinte de la maison. Son installation a été amenée par ce qui s’y est passé, quand son père s’est invité avec la ferme intention de tout gâcher, et si elle a préféré ne pas en faire une histoire de plus au cours des jours qui ont précédé, elle n’a pas hésité bien longtemps avant d’enclencher la deuxième et de faire ses cartons — ils sont tous là, une bonne partie déjà déballée, leur contenu rangé soigneusement sur les étagères que Midas a libéré pour elle. Sa grand-mère est plus que jamais entre de bonnes mains, et c’est la suite logique des choses, non ? Ça semble l’être en tout cas, et puis elle ne peut pas nier que ça lui plaît d’être là, de laisser sa trace à droite et à gauche dans cette immense baraque qu’elle connait comme sa poche, qu’elle apprend depuis quelques jours à voir et à appréhender sous un oeil nouveau. Ce n’est pas sa maison à proprement parler, elle s’y sent comme si ça l'était, et la sensation est plutôt agréable… du moins, quand elle met de côté la squatteuse du numéro d’à côté, et évidemment qu’elle ne parle pas de Posy.

Elle ne vérifie pas le message de la sécurité du domaine pour une simple et bonne raison, c’est parce qu’elle est persuadée que c’est l’autre qui se pointe avec la ferme intention de s’incruster pour préparer elle ne sait quelle chasse au trésor pour sa gamine. C’est tout à son honneur, elle ne juge pas la manière dont elle s’occupe d’elle puisqu’elle semble bien le faire, elle juge le fait qu’elle se sente assez à l’aise pour considérer que ça se fait de se comporter ici comme si c’était sa résidence secondaire. Franchement, elle y a pensé, de proposer à Midas que pour faire plus simple, il devrait lui faire installer un putain de lit dans la chambre pour qu’elle les regarde baiser quand ça lui chante, simplement elle sait, ouais, qu’elle va se faire juger silencieusement d’être une gamine, alors elle la boucle, rongeant admirablement son frein de s’être vue attribuée des conseils à la con après son retour d’Ibiza pour qu’il se sente mieux dans leur couple — elle l’a en travers de la gorge, tachant de l’avaler petit morceau par petit morceau jour après jour, de s’être rendue compte que quand elle avait le dos tourné, elle était le sujet de complaintes d’un Midas dont elle pouvait anticiper à peu près tous les arguments si elle lui demandait de s’expliquer. Elle préfère encore encaisser, c’est sa faute après tout, non ? Espèce de grosse conne, voilà ce que Jo pense quand elle déboule de la cuisine pour se barrer vite fait de là histoire de ne pas la croiser, cette godiche, sentant déjà son patchouli équitable ou elle ne sait quelle merde faite maison au travers de la porte blindée à laquelle elle tourne le dos. Elle préférait encore affronter son psychopathe de père que devoir affronter le sourire éthéré de Harleen, c’est pour dire.

Elle fait quelques mètres, se rend compte que la porte ne s’ouvre pas comme c’est habituellement le cas quand c’est elle qui s’invite. Plus étonnant encore, la sonnette retentit. Jo cligne des yeux comme un robot mis hors tension, fait mécaniquement demi-tour et  réfléchit un instant avant de se remettre en mouvement, intriguée. Marchant vers la porte, elle se trouve assez loin pour qu’au bout d’un moment, elle finisse par presser le pas en craignant que le visiteur ne tourne les talons, et sent la brûlure de son dérapage sur la plante de ses pieds nus qui crissent lorsqu’elle s’arrête devant la porte. Elle l’ouvre à la volée, les sourcils froncés "C’est bon, je suis là." La blondeur de Nina est caractéristique des Sterling — la couleur de ses yeux l’est moins, ça la surprend même un peu, coutumière du bleu translucide de ceux de Midas. Il lui semble qu’Olive est peut-être la seule à avoir les cheveux plus foncés, mais elle n’a pas rencontré toute la famille, alors qui sait ? Elle n’a même pas rencontré Nina à vrai dire ; elle a vu des photos d’elle, elle sait très bien qui elle est. Elle secoue la tête, revenant de son observation rapide, et lui offre un sourire bref "Non, je suis toute seule pour quelques heures encore. Il rentre tard dans la soirée." Et après, ce sera elle qui partira pour une semaine. Jamais au même endroit au même moment, c’était leur malédiction "Je pensais pas que c’était toi, c’est pour ça que j’ai mis du temps à ouvrir." Elle lui explique en se retenant de dénoncer celle qu’elle s’apprêtait déjà à fuir, et se décale juste d’un pas pour lui laisser la place d’entrer pendant qu’elle l’invite à le faire en lui faisant signe avec la main "Jo. Entre." Elle lui donne son prénom sans douter un seul instant qu’elle ne sache pas qui elle est en vérité, pas habituée à ce qu’on lui demande de se présenter, surtout depuis quelques mois. Aussi, les circonstances sont différentes, et elle ne veut pas se retrouver dans une situation gênante où elle le lui demande, c’est pour ça qu’elle anticipe "C’était prévu que tu le retrouves ici ?" Peut-être que Midas lui en a touché deux mots à un moment donné, ou peut-être qu'ils se sont gourés dans leurs projets, et qu'elle se retrouve là, à devoir rattraper leur connerie en jouant à l’hôte parfaite.

(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

Face à l’immense porte d’entrée, Nina a le premier réflexe de poser son doigt sur la sonnette. Dans un autre monde, là où rien ne pourrait échapper à la logique, sa relation avec Midas serait si intime et forte, qu’elle aurait simplement ouvert la porte, faisant comme chez elle. Elle se permet ce genre de familiarité chez Diego qu’elle ne connait que depuis quelques années, mais n’ose pas le faire chez celui qu’elle a vu naître. C’est dans cet instant que les paroles de Midas résonnent un peu plus fort en elle. Ils sont de la même famille et il n’a pas hésité une seule seconde à la soutenir dans l’épreuve qu’elle traverse. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle pourra lui raconter, en dehors de son voyage, mais l’idée de venir trouver un peu de refuge dans sa grande demeure l’apaise quelque peu. Enfin. Encore faudrait-il que quelqu’un vienne lui ouvrir. On lui a mentionné le nom de la petite amie de Midas, mais allait-elle la laisser entrer ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu raconter sur elle auprès de la chanteuse ? Nina n’eut pas le temps de s’interroger plus longtemps qu’une petite brune apparue sur le seuil de la porte, les sourcils froncés et visiblement prête à aboyer. « C’est bon, je suis là. » - « Quel accueil. » Désormais, elle s’interroge sérieusement sur les termes employés par Midas pour la décrire. Haussant un sourcil, elle s’attarde un instant sur les réactions en chaîne de la jeune femme. De la colère, elle semble passer à la véritable surprise et quelque chose lui laisse penser qu’elle s’attendait à trouver quelqu’un d’autre sur le palier. « Non, je suis toute seule pour quelques heures encore. Il rentre tard dans la soirée. » Donc Midas est absent. Elle devrait probablement s’en aller après tout. « Je pensais pas que c’était toi, c’est pour ça que j’ai mis du temps à ouvrir. » Elle ne peut s’empêcher d’être amusée par la précision. « J’ai cru comprendre. » Mais qui pouvait éveiller de tel sentiment chez Jo ? « Je suppose que les paparazzis n’arrivent jamais aussi loin. » L’entrée était gardée, il fallait montrer patte blanche pour s’engager dans l’allée. Cela ne laissait plus qu’une seule option, celle qui aurait provoqué la même réaction chez Nina. « Jo. Entre. » Elle lui adresse un léger sourire. « Nina, mais tu dois déjà le savoir. » Elles ne se sont jamais rencontrées, mais il faut croire que c’est désormais le moment. « C’est Harleen que tu pensais trouver ? » Elle a juste besoin de savoir, curiosité mal placée ou simplement l’opportunité de juger la jeune femme par ses fréquentations ?

« C’était prévu que tu le retrouves ici ? » Elle était en train d’observer l’entrée, plus vraiment certaine d’avoir déjà dépassé le seuil de cette maison. « Oh. Non, je… Je suis en congé et j’étais dans le coin ? » Elle-même n’est pas réellement sûre de l’excuse qu’elle offre à la brunette. « Je peux repasser si tu es occupée. » Après tout, elle lui a fait savoir que Midas ne sera pas de retour avant plusieurs heures et peut-être avait-elle autre chose à faire que recevoir la sœur de ce dernier. Nina n’a jamais été du genre à marcher sur des œufs, mais elle ne sait vraiment sur quel pied danser face à la copine de son frère. « Il était temps que l’on se croise quand même. » Qu’elle ajoute toujours un brin amusé. Depuis le temps, c’est à se demander ce que Midas attendait pour faire les présentations. Est-ce qu’il assumait que Nina n’était pas intéressée par la femme qui partage sa vie ? Elle a bien du mal à le savoir, et peut-être que Jo n’a jamais émis le souhait de la rencontrer, après tout.

laughin' at the other girls who think they're so cool
@Nina Sterling (crédit gif/harley)

"Sauf s’ils ne tiennent pas à leur vie." Elle plaisante — personne ne s’est jamais fait tirer dessus, ici… du moins, pas à sa connaissance — Nina mentionnant les paparazzis. Elle ne cherche pas à comprendre si c’est du mépris qu’elle perçoit dans le son de sa voix, n’étant pas la mieux placée pour reprocher à qui que ce soit de verser dans le sarcasme, et la laisse entrer sans plus de cérémonie. Elle sait, pour avoir demandé à Midas combien son frère et ses soeurs étaient différents de lui, que Nina n’est pas Olive et qu’elle ne risque pas d’être agacée par sa douceur et son hésitation constante, alors c’est un peu curieux, mais ça la détend radicalement. D’habitude, elle déteste l’impression que ça lui laisse quand elle se trouve en compagnie d’un membre de la famille de Midas — du peu qu’elle a rencontré en tout cas — d’être passée au crible pour estimer si oui ou non, elle mérite d’être avec lui. C’est le jeu, sans aucun doute, mais c’est un jeu qui, à défaut de la mettre mal à l’aise, ne ressentant le sentiment de honte qu’à une fréquence différente du commun des mortels — pas très souvent, donc —, la rend tout de même prompte à penser qu’on la juge et la force à rester sur ses gardes. Est-ce que ce sera le cas avec Nina ? Elle n’a pas envie de le savoir tout de suite, hochant la tête pour lui faire comprendre qu’elle connaît déjà son prénom "J’ai pas retenu ceux de tous les membres de ta famille, mais le tien est pas si compliqué." Façon bien polie de lui dire qu’elle peut se sentir honorée parce qu’une fois sur deux, Jo s’en cogne du prénom de ses interlocuteurs. Quand celui que celle qu’elle pensait trouver devant la porte s’invite dans leur échange, elle laisse un très léger grognement lui échapper et le haut de son nez se fronce en même temps qu’elle offre à Nina une tête inclinée sur le côté pour chercher son regard avec une malice non dissimulée "C’est aussi évident que ça ?" Vu la tronche qu’elle tire, certainement que oui. Elle confirme toutefois "J’aurais dû savoir que c’était pas elle. D’habitude, elle s’encombre pas de sonner. C’est chez elle, ici." Plus que ça n’est chez Jo, maintenant qu’elle y pense. Bah oui, Harleen, c’est la famille.

La réalisation est un peu douloureuse à prendre en compte alors qu’elle, elle vient à peine de s’installer. Mais d’un haussement d’épaules mental, elle laisse ça de côté et guide la jeune femme en l’invitant, d'un signe de tête, à la suivre. Elle la voit regarder à droite à gauche, alors pour apaiser le sentiment qui frappe quiconque entre ici, elle lui fait avec un léger sourire "À moi aussi, ça m’arrive de me perdre." Au début, en tout cas. Elle n’ignore pas que Nina n’a peut-être jamais vraiment foutue les pieds ici et elle ne veut pas savoir pourquoi, Jo. Elle sait que la famille, c’est parfois compliqué, et que même si Midas s’applique à lui répéter que la sienne ne l’est pas, il y a des nuances à soulever. C’est comme ça dans tous les familles, à des degrés plus ou moins différent. Elle n’a rien à dire à ce sujet, ça la regarde à peine ; elle peut juste l’accueillir sans faire de vague, qui plus est parce qu’elle est venue à l’improviste pour voir son frère, et qu’il n’est pas là "T’étais pas en voyage en…" Elle attend qu’elle lui donne le nom du patelin où elle s’est barrée pour échapper aux histoires d’adultère de son mari dont la terre entière est désormais au courant, Jo incluse. Elle ne fera aucun commentaire, pas sûre que lui demander comment elle gère d’être la plus grande cocue de l’histoire de la ville soit une idée de génie. Elle préfère l’emmener jusqu’à la cuisine — ce qui leur prend un temps infini, de ce fait elle meuble en rejetant l’idée qu’elle est trop occupée pour la recevoir "Non, tu peux rester." Comme Nina elle-même le dit si bien après, il était temps qu’elles se rencontrent de toute façon "C’est pas simple, on voyage beaucoup." Elle ne veut pas que Nina s’imagine que c’est l’évitement qui justifie le fait qu’elles ne soient jamais rencontrées auparavant. De son côté en tout cas, ça ne l’est pas, et même si le doute est toujours permis, une grosse part d’elle que ce n’est pas non plus le cas du côté de Midas. Ils parlent souvent des Sterling-Taylor, tous les deux, elle se prépare même à passer les fêtes de fin d’année au ranch famillial — putain, ce qu’elle est devenue. En ce sens, elle lui dit "J’ai rencontré ton oncle et ta tante y a quelques semaines, c’est qu’une question de temps avant que je rencontre tes parents, on aurait bien fini par se retrouver dans la même pièce à un moment donné." Elle hoche la tête, se place derrière le comptoir du petit-déjeuner en posant ses yeux sur elle pour la toiser sans intention de la juger, juste par curiosité ; pour lui trouver une ressemblance avec son frère qui la mettrait quasi-immédiatement dans sa poche, pour comprendre aussi pourquoi l’autre abruti de Ruben a couché avec la terre entière, incapable de se contenter d’elle alors qu’elle est quand même sacrément mignonne, Nina. Elle arque un sourcil, ajoute après que ses yeux se soient brièvement reposés sur son visage "Mais c’est bien qu'on se rencontre comme ça, sans pression. J’ai moins l'impression de passer un test dans ces conditions." Pas que Jo en ressente une particulière à l’idée de rencontrer maman et papa Sterling. Mais quand même. En sachant qu’elle a tout de la mauvaise graine, elle n’est pas à l’abri d’être traitée comme telle, et puis comme Olive la traite déjà comme un succube qui veut la bouffer, peut-être qu’elle a craindre d’être jugée, finalement. Elle ne s’enferme pas dans ses réflexions, elle demande plutôt à la jeune femme dont elle se détourne pour aller fourrager dans les réserves indécentes de café de toutes sortes qu’il y a disposition "T’as envie de quoi ? Crains pas d’être exigeante, y a tout ce qu’il faut ici."

(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

« J’ai pas retenu ceux de tous les membres de ta famille, mais le tien est pas si compliqué. » Un sourire étire ses lèvres face à la répartie de la brune. Il n’est pas question de prétention et son honnêteté laisse supposer une entente possible. Elle n’a aucune idée de ce que Midas a bien pu raconter à celle qui partage sa vie, elle s’en cogne un peu, ce n’est pas comme si Midas était de ceux qui se répandent en atrocité sur les autres de toute manière. Au mieux, il n’a fait qu’évoquer son prénom, au pire, elle connaît les moindres échecs de sa vie, autrement dit l’unique en date. Cela n’a pas son importance dans l’instant, surtout quand il paraît évident que personne ne viendra interrompre cette première rencontre. Et si Nina avait des appréhensions, ces dernières sont reléguées au dernier rang dès l’instant où la brune grogne, littéralement, à l’évocation d’un autre prénom féminin devenu un peu trop familier. « C’est aussi évident que ça ? » Elle devrait peut-être observer ses réactions dans un miroir. « C’est épidermique avec elle. » Un dégoût que l’on ne peut garder pour soi, un rejet qui transpire par tous les pores. « J’aurais dû savoir que c’était pas elle. D’habitude, elle s’encombre pas de sonner. C’est chez elle, ici. » Un sentiment visiblement réciproque. « Laisse-moi deviner, Midas laisse faire ? » Elle lève les yeux au ciel avant de recevoir la moindre réponse positive. Il est comme ça, toujours incapable de dire non, prêt à tout céder pour que jamais l’autre ne la menace avec la garde de la gamine, comme si elle était en moindre capacité de gagner.

Il n’est pas vraiment l’heure de discuter d’Harleen. À trop invoquer son prénom, cela pourrait la faire apparaître dans un coin, et c’est bien la dernière chose qu’elle souhaiterait voir arrivée. En particulier dans cette maison immense, elle pourrait vraiment se cacher n’importe où et cette simple idée lui colle un frisson. « À moi aussi, ça m’arrive de me perdre. » Elle ne questionne pas, ne juge pas, mais constate. Nina ne s’est pas réellement perdue en chemin, mais elle n’a pas non plus une raison valable d’être là. Pas de quoi en faire un débat, c’est certain. Midas serait probablement surpris, mais il n’en montrera rien, l’accueillant probablement avec un sourire et une accolade. Elle préfère tout de même se contenter de la conversation que lui offre sa copine sans entrer dans des effluves de familiarité. « T’étais pas en voyage en… » - « Ethiopie. » Ce n’avait rien du voyage de plaisance, mais elle n’allait pas l’ennuyer avec les détails médicaux de son aventure. Cela n’a que peu d’importance pour une personne de son milieu, Nina n’aurait rien à gagner en se vantant de son aventure humanitaire. Elle réservait cela pour la petite poignée de curieux qui viendront lui coller aux basques dès son retour à l’hôpital.

« Non, tu peux rester. » Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle se retrouve presque soulagée de ne pas être immédiatement mise à la parole. Le temps passera plus vite en cherchant à faire connaissance, pas vrai ? Elle sait encore démontrer un peu d’intérêt aux autres tout de même. « C’est pas simple, on voyage beaucoup. » - « Et quand vous êtes dans le coin, c’est moi qui pars. » Son frère lui avait allègrement fait remarquer qu’elle n’avait pas trouvé le meilleur des timings. Lui qui avait pris une certaine tendance à vouloir l’avoir dans les parages depuis une certaine annonce. « J’ai rencontré ton oncle et ta tante y a quelques semaines, c’est qu’une question de temps avant que je rencontre tes parents, on aurait bien fini par se retrouver dans la même pièce à un moment donné. » C’est que tout est absolument sérieux désormais si la chanteuse à le droit à la tournée familiale en bonne et due forme. « Bon courage ? » Nina n’a jamais été de celle qui côtoie régulièrement sa belle-famille, parce que Rhett est antipathique au possible, qu’Ethel est une sensible qui lui rappelle bien trop sa propre sœur et puis bon… Tout le reste n’avait pas tant d’importance. Elle respecte la mère de Ruben, mais elle n’en a jamais fait son amie, et Dieu soit loué désormais. « Mais c’est bien qu'on se rencontre comme ça, sans pression. J’ai moins l'impression de passer un test dans ces conditions. » Elle est bien mal placée pour comprendre néanmoins. Elle a grandi avec les parents Hartfield dans les paysages, ce n’est pas comme si elle avait dû les rencontrer de manière formelle à un moment donné. « Tu ne pourras jamais faire pire que la dernière en date. » Non pas que Midas est présenté comme la mère de sa fille à qui que ce soit, mais bon. Il se retrouve lié à elle pour le reste de sa vie, c’est que ça compte un peu quand même. « Je vais t’épargner les discours absolument clichés, j’ai comme l’impression que l’on n’a pas besoin de cela. » Jo paraît brute de décoffrage, du genre à ne pas se cacher derrière la bienséance et les attentes bidons autour de la cordialité. Elle garde un œil sur leur relation, pourrait s’en mêler si la brune s’amuse à mal traiter Midas, mais en dehors de cela ? Elle est la bienvenue dans la famille à ses yeux. « Je demande pas à ce qu’on soit les meilleures copines du monde et Midas est bien assez grand pour faire ses propres choix, même s’ils sont parfois douteux. » Ce n’est pas comme s’il allait soudainement demander des conseils à sa sœur non plus. Ils ne sont pas spécialement proches, mais si les derniers évènements ont pu apprendre quelque chose à Nina, c’est que la famille a son importance. Et même si sa visite soudaine était venue pour combler son ennui, elle avait l’intention d’essayer un peu plus auprès de Midas. « T’as envie de quoi ? Crains pas d’être exigeante, y a tout ce qu’il faut ici. » Effectivement, elle entre tout entière dans le placard et même à deux, il y aurait sûrement encore un peu de place. Cela l’amuse. Midas qui prétend ne pas se soucier des belles choses, comme le ferait Oscar. Il serait temps de revoir sa copie et de comprendre que c’est finalement un trait de famille. « Je dis pas non à un café. Et si t’as du caramel qui traîne quelque part. » Nina a toujours eu la dent sucrée et même si elle apprécie son breuvage matinal noir et sans sucre, le reste de la journée, elle se laisse bien trop souvent aller à des fantaisies. Sans réellement attendre l’invitation de Jo, elle dépose son sac sur une chaise avant d’en tirer une autre pour s’installer. « Tu vas suivre Midas sur sa tournée ? » Il lui avait dit partir bientôt, non ? Ou avait-elle mal compris ? « Ou c’est la tienne, je sais jamais ? » Elle s’intéresse un peu, elle veut la faire parler, surtout, pour découvrir un peu plus que la simple façade de la petite brune.

laughin' at the other girls who think they're so cool
@Nina Sterling (crédit gif/harley)

Juré, elle ne compte pas dire du mal de Harleen. Simplement, Nina réagit d’une façon qui la rend curieuse en plus de lui faire profondément plaisir, sentant une forme d’aversion franche émaner de la bribe de phrase qu’elle lui donne. Ça n’est jamais arrivé avant, aucun membre de l’entourage de Midas n’a jamais été aussi tranché dans sa manière de considérer la présence d’Harleen, si ce n’est elle, et elle seule. Ça fait qu’elle a toujours eu l’impression d’être la salope qui ne supporte pas l’ex de son copain juste parce qu’elle a le malheur d’être son ex… et la mère de sa fille, et la pute qui lui donne des conseils à la con sous couvert de bienveillance enrubannée dans du coton récolté au lever du soleil, après le dernier jour de pleine lune, le corps badigeonné d’onguent fait à partir d’huiles essentielles de trucs qui puent et qui collent, alors qu’elle n’a été foutue que d’une chose, c’est de se laisser engrosser. OK, respire. C’est ce qu’elle se répète Jo, c’est ce qu’elle fait aussi, un léger rire lui échappant par les narines avant de répondre à Nina "C’est la famille, j’ai pas grand-chose à rétorquer à ça." En fait, si, elle a des tas de choses à rétorquer à ça. Seulement, ça la mettrait définitivement dans la case de la gamine immature que Midas croit qu’elle est déjà, donc elle ajoute tout juste "Elle était là avant. Je m’adapte pour lui." Et c’est putain de dur, elle déteste ça du plus profond de son âme. Mais elle fait des efforts, et c’est pour ça qu’elle la boucle après ça. Pendant un instant, elle se dit peut-être que Nina est bien placée pour comprendre à quel point ça fait mal, d’avoir l’impression d’avoir été trompée. Elle exagère Jo, c’est dans sa nature. Mais c’est surtout ce qu’elle ressent, et parce que ça la blesse, c’est que quelque part, c’est au moins un peu valide, non ? Elle n’en dit pas plus. Elle est expansive sans avoir besoin de se forcer, la jeune femme, surtout quand il s’agit de dégueuler ses préjugés à propos des autres à ceux qu’elle sent de son côté, sauf qu’elle respecte aussi le point de vue Midas malgré le fait qu’elle ne l’accepte pas. Vraiment, elle comprend qu’il doive rester en bons termes avec la mère de sa fille… beaucoup moins qu’il l’entretienne, l’autorise à un accès à sa vie entière sans compromis, au point de lui faire des confidences qui nuisent à Jo et qui la mettent en port-à-faux.

Ce n’est pas avec Nina qu’elle doit en parler, ainsi elle ne le fait pas. Elle détourne le sujet sur ce voyage qu’elle a fait et sur lequel elle ne sait pas rebondir. Elle n’est pas assez humaniste pour s’intéresser à ce genre de choses. Chacun voit midi à sa porte, chacun vit la misère de son petit coin de verdure, et si elle n’a jamais manqué de rien, elle n’a pas toujours été heureuse, alors merde pour les autres, elle a autre chose à foutre que de s’en inquiéter. Des gens comme Nina sont là pour ça. Au moins, elle aura sa place de réservée au paradis pendant que Jo fera le spectacle en enfer. Elles seront bien à leur place, comme elles le sont là, chacune d’un côté du comptoir de la cuisine qu’elles rejoignent sur le même pas.

"C’est une impulsion ?" Elle précise juste après, consciente que sa question peut paraître étrange "D’être venue ? T’avais envie de le voir, ou t’avais besoin de parler de quelque chose avec lui en particulier ?" Jo n’a pas de bons rapports avec ses frères. Elle sait pourtant que, parfois, elle pense à Leroy et regrette qu’il soit trop loin pour lui parler de choses qu’il sera probablement le seul à comprendre puisqu’elles concernent leurs parents, ce qu’ils leur ont fait à des niveaux variables, ce que ça leur a laissé comme marques et comme névroses "Je suis certaine que si je le préviens maintenant que t’es là, il fera en sorte de rentrer plus tôt." Elle soulève ça comme d’autres soulèvent des pierres pour y dénicher des trésors ; délicatement par crainte de réveiller un nid de bestioles grouillantes. Elle ne veut pas imposer quoi que ce soit, elle propose juste de façon détournée de faire quelque chose pour elle parce que là, elle craint ne pas trop pouvoir l’aider si elle compte sur elle pour faire la causette indéfiniment. Jo se disperse vite, son intérêt déclinant tout aussi vite, tout le monde le sait. Ce n’est pas encore le cas, elle reste bien concentrée et échappe de nouveau un léger rire quand elle lui souhaite bon courage "Ouais, je suppose que je vais en avoir besoin." Elle a passé le test Margaret lorsque Midas l’a emmenée au ranch de sa famille en juin, elle est presque assurée de passer la suite des tests, d’après lui. Mais qui sait ? L’imprévu s’invite toujours à la table, elle est bien placée pour le savoir, celle qu’elle considère comme l’imprévu le plus désagréable ever s’invitant de nouveau dans la conversation.

Cette fois, elle ne tourne pas autour du pot et demande à Nina "C’est moi, ou tu l’aimes pas ?" Elle a un léger sourire en biais en lui posant la question, espère qu’elle ne prendra pas sa question comme une attaque puisqu’elles sont dans le même camp, lui semble-t-il, même si de son côté, elle lui avoue finalement "Hm, j'ai déjà eu droit à la discussion qui commence par c’est quoi tes intentions à l’égard de mon frère, tu comptes lui faire du mal ? avec Olive. Je crois que j’ai pas besoin d’en supporter une autre." D’autant que celle qu’elle avait eu avec Olive, elle s’était terminée par des interrogations sur le mariage, les bébés, et tout ce qui s’en suit. Aujourd’hui, ça lui valait d’être crainte par la cadette de la fratrie, et ce juste parce qu’elle lui avait rappelé que c’était déplacé, comme genre de speech. En y pensant, elle ajoute à l’adresse de Nina "Prends le pas mal, je suis pas tellement du type à vouloir devenir meilleure copine avec qui que ce soit de toute façon." Elle hausse les épaules, continue "Et ton frère, je crois qu’il s’en fout un peu de si oui ou non, vous m’appréciez ou pas." C’est ce qu’il dit en tout cas, et une part d’elle le croit ; l’autre pense que ça lui faciliterait la vie que ses proches voient en elle celle qu’il lui faut, et qu’elle, ça la rendrait heureuse, au fond, qu’on lui accorde sincèrement du crédit. Elle n’est pas agressive, elle est relativement douce et sereine quand elle le dit à Nina dont elle se détourne après un ultime sourire en coin et ce en lui proposant de quoi boire "Doit y avoir ça quelque part, ouais. T’attends pas à ce que je te fasse un dessin sur le dessus de ta tasse avec de la mousse de lait, c’est pas dans mes skills." Elle pourrait lui dire d’attendre le chef que Midas emploie certain jour de la semaine pour ça, mais elle se tait pour mettre la machine en route et se penche pour plisser les yeux devant une rangée de sirops et de coulis qu’elle fait tinter du bout des doigts en cherchant celui au caramel. Nina la questionne, elle lui répond en même temps qu’elle continue ses recherches "Non, je pars en tournée, moi aussi." Elle trouve enfin, se redresse en lui expliquant "Pour moins longtemps que lui, je le rejoindrai surement à un moment donné." C’était dans ses projets depuis le premier jour, c’était Midas lui-même qui le lui avait proposé chaque fois qu’ils avaient parlé de tournée, et comme rien ne tombait dans l’oreille d’une sourde, elle comptait dessus désormais. Elle s’approche du comptoir, verse un peu de caramel dans l’énorme tasse qu’elle a choisi pour Nina, complétant en même temps "Mais pour ses premières dates et les miennes, on sera chacun à des endroits différents." Non sans que ça l’angoisse, et ça aussi, depuis le premier jour. Elle ne dit rien cependant, lève les yeux vers Nina pendant que la machine à café dernier cri émet de petits bruits feutrés derrière elle, et lui fait "Tu comptes venir le voir sur une date, ou t’as d’autres projets de voyage à l’autre bout du monde ?"

(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

« C’est la famille, j’ai pas grand-chose à rétorquer à ça. » Elle rit lentement entre ses lèvres, amusée de voir que Midas use et abuse de sa loyauté à tout ce qu’il considère être la famille. Il avait fut un temps considéré Ruben comme un membre de leur fratrie, mais dernièrement, il a su rappeler à Nina que les liens du sang se voulaient plus forts. Elle ne jure pas autant que lui à une loyauté sans faille, encore moins lorsqu’il s’agit d’une certaine personne qui s’est incrustée dans leur dynamique sans qu’elle n’y soit particulièrement invitée. « Elle était là avant. Je m’adapte pour lui. » Si elle la connaissait un peu mieux, elle se serait permise de rappeler à Jo a quel point ce genre d’argument ne pouvait tenir éternellement. Harleen n’a jamais été là, elle a su tirer son coup et Midas a été assez idiot pour le faire sans se protéger. Fin de l’histoire. Elle adore sa nièce, mais les raisons de sa venue au monde lui feront à jamais lever les yeux au ciel. Elle se retient néanmoins, n’ayant qu’une maigre idée de l’opinion de la brune sur la question.

L’absence de Midas semble fonctionner en leur faveur, leur permettant d’échanger sans qu’il ne leur lance des regards inquiets. Malgré leur manque de complicité, elle imagine sans mal son frère s’inquiéter de leur rencontre et préfère largement s’entretenir avec sa petite amie sans qu’il ne soit sur leur dos. Étrangement, la conversation paraît bien plus naturelle et absolument pas forcée. Elle ne sait combien de temps elle restera, mais le temps d’un café semble être une longueur acceptable pour se faire une idée de la jeune femme. « C’est une impulsion ? » Relevant un sourcil interrogateur vers Jo, elle dépose son sac sur le comptoir de la cuisine. « D’être venue ? T’avais envie de le voir, ou t’avais besoin de parler de quelque chose avec lui en particulier ? » Est-ce le moment d’avouer que Midas était probablement le dernier sur sa liste ? Qu’elle n’avait pensé à personne d’autre après avoir réalisé que ces quelques amis étaient en réalité tous de garde lorsqu’elle se trouve à être en repos. Elle n’allait clairement jamais admettre ressentir le besoin de ne surtout pas se retrouver seule. Répéter qu’elle était simplement dans le coin n’arrangera rien, mais le silence s’allonge sans qu’elle n’amène la moindre réponse et Jo la devance encore une fois. « Je suis certaine que si je le préviens maintenant que t’es là, il fera en sorte de rentrer plus tôt. » - « Surtout pas! » Sa réaction se veut bien plus directe alors qu’elle relève son regard vers la jeune femme. « Si tu lui dis que je suis là, il va paniquer. » Voilà à quel point ses visites se voulaient rares. Midas pensera immédiatement qu’il s’est passé quelque chose et, au vu des dernières révélations qu’elle lui a faites, il serait capable de tout abandonner pour rappliquer. Alors que ça n’a jamais fait partie de leur dynamique. « J’ai ramené un petit truc pour Posy, mais je peux te le laisser. » Elle ne s’attardera pas, c’est ce qu’elle cherche à lui faire comprendre. Elle n’imposera pas sa présence, juste un café et elle pourra filer. Mais il n’était pas nécessaire de prévenir Midas. 

Et à mentionner sa nièce, la famille et tout ce qui implique les rencontres qui attendent Jo, forcément que le prénom d’Harleen retombe dans la conversation. Comme si elle ne pouvait s’empêcher de s’immiscer partout, même lorsqu’elle n’était pas présente. « C’est moi, ou tu l’aimes pas ? » Elles échangent un léger sourire. Midas n’est pas présent, Nina n’a aucunement besoin de prétendre quoi que ce soit. « J’ai toujours détesté les opportunistes. » C’est sous cet œil qu’elle a toujours vu la mère de sa nièce. « Et je pourrais m’arracher les yeux à l’entendre ricaner comme la bécasse qu’elle est. » Elle déteste tout ce que dégage Harleen, cette illuminée aux idées loufoques et incapable de tenir l’abruti qui lui sert de mec la plupart du temps. Cette simple pensée lui fait lever les yeux au ciel alors que Jo enchaîne sur ses autres rencontres liées aux Sterling. « Hm, j'ai déjà eu droit à la discussion qui commence par c’est quoi tes intentions à l’égard de mon frère, tu comptes lui faire du mal ? avec Olive. Je crois que j’ai pas besoin d’en supporter une autre. » Elle n’est pas étonnée par les questions de la benjamine de la fratrie. « Tu sais qu’elle ferait pas de mal à une mouche, hein ? » En revanche, Nina ne serait pas aussi agréable si Jo jouait un peu trop avec le cœur de son frère. Le sous-entendu est assez clair pour qu’elle n’y ajoute qu’un léger hochement de tête. « Prends le pas mal, je suis pas tellement du type à vouloir devenir meilleure copine avec qui que ce soit de toute façon. » Surprise par son honnêteté sans faille, Nina se met à rire légèrement. Elle va bien l’aimer, elle est en certaine désormais. « On est deux alors. » Jamais elle n’a tenu à connaître les fréquentations de Midas ou d’Olive et si Oscar n’avait pas épousé une de ses amies d’enfance, elle en aurait eu strictement rien à faire également. « Et ton frère, je crois qu’il s’en fout un peu de si oui ou non, vous m’appréciez ou pas. » Une fois encore, elle hoche la tête en signe d’approbation. C’est bien uniquement comme cela que devrait se dérouler les choses. Elle n’émettra aucun jugement, si chacun garde son opinion sur sa propre union. 

« Doit y avoir ça quelque part, ouais. T’attends pas à ce que je te fasse un dessin sur le dessus de ta tasse avec de la mousse de lait, c’est pas dans mes skills. » - « J’étais à deux doigts de te demander, pourtant. » Qu’elle souligne pour alléger l’atmosphère. Un café, c’est tout ce qu’elle demande, pas que Jo se plie en quatre pour lui faire plaisir. Ce n’est clairement pas le but de sa visite. Elle n’en a aucun, en réalité, de but pour sa visite, mais elle prend au moins le temps de s’intéresser à la jeune femme qui lui fait face et qui s’avère être intéressante au-delà de son look parfait. « Non, je pars en tournée, moi aussi. » Elle avait plus ou moins bien écouté ce que Midas lui avait raconté la dernière fois qu’ils s’étaient vu. « Pour moins longtemps que lui, je le rejoindrai surement à un moment donné. » Pour être honnête, elle n’a aucune idée du genre de musique que Jo produit, mais elle imagine que la perspective d’une tournée se veut être un challenge pour elle. « Mais pour ses premières dates et les miennes, on sera chacun à des endroits différents. » Et elle imagine que la logistique n’est jamais simple pour eux. Avant, elle aurait trouvé cela génial, l’idée même que Midas et Jo puissent s’épanouir chacun de leur côté. Depuis peu, Ruben avait distillé tant de doutes en elle, qu’elle ne trouvait plus l’idée d’être indépendant aussi attirante qu’elle pouvait lui être par le passé. Mais ses problèmes de couple, ne peuvent réellement se transposer chez les autres. Pas vrai ? « Tu comptes venir le voir sur une date, ou t’as d’autres projets de voyage à l’autre bout du monde ? » - « Je pensais venir à l’une de ses dates dans le coin. » Elle n’a jamais réellement vu Midas sur scène, mais ces derniers temps, il a su lui rappeler que la famille avait son importance dans les instants de faiblesses. Et même si elle ne sait réellement comment s’y prendre, Nina a dans l’intention de se rattraper un peu auprès des siens. « Posy m’a déjà demandé cinq fois si je comptais venir et me maquiller avec des paillettes, je vais plus avoir le choix à un moment. » Qu’elle annonce un brin amusée. Dans une autre dimension, elle se serait fait un plaisir à traîner Ruben avec elle, l’obligeant à porter une traînée de paillettes sur ses pommettes. La perspective de se rendre seule au concert l’amuse tout de même moins. « Et pour répondre à ta question, je pense pas voyager dans un avenir proche, c’était un peu une exception. » Elle déguisait cela sous la forme d’une opportunité professionnelle, mais quelque chose la poussait à croire que Midas s’était confié auprès de sa petite amie et qu’elle en savait bien plus sur sa situation. La brune dépose la tasse brûlante devant elle et Nina lui adresse un sourire. « Merci. » Elle devrait probablement alimenter la conversation, mais dès qu’il s’agit de ne pas parler médecine, Nina est souvent à court de sujet. « Si j’arrive à traîner Oscar avec moi, tu aurais officiellement rencontré toute la famille. » Est-ce qu’elle aura la moindre réaction à l’évocation de l’aîné de la famille ? À quel point Midas a su se confier sur leur étrange dynamique ? Nina est désormais un brin curieuse.

laughin' at the other girls who think they're so cool
@Nina Sterling (crédit gif/harley)

Elle n’essaye pas d’interpréter le petit rire que Nina laisse échapper à la mention de la place que la mère de Posy occupe dans la famille Sterling. Seulement, une partie d’elle se sent un peu mal à l’aise parce qu’elle, elle ne prend pas ça pour une blague de son côté. L’obstination de Midas à lui enfoncer dans la tête que Harleen sera toujours traitée au même titre que ses soeurs, par exemple, ça la blesse d’une façon un peu irrationnelle, encore plus depuis qu’ils ont eu cette conversation à coeur ouvert à son retour d’Ibiza. Elle se demande de plus en plus où est sa place dans tout ça, rechigne un peu à forcer quoi que ce soit étant donné que quand elle le fait, elle a la sensation d’être une garce doublée d’une gamine qu’on méjuge et qu’on raille à cause de ce qui lui fait du mal. Elle ne remet pas en doute ce qu’il ressent pour elle, elle y croit, mais quand elle y pense, elle se dit que ça ne cadre pas avec sa manière de laisser de la place à la mère de sa fille, que c’est même un peu irrespectueux au fond, de lui déclarer des choses tout en lui rappelant plus souvent qu’à son tour qu’elle doit se faire à l’idée que quelqu’un est passée avant elle. Elle n’en doutait pas, et ce n’est pas ça le problème, Midas n’est pas l’ange que tout le monde aimerait tant qu’il soit, lui inclus, et jamais elle n’a espéré qu’il se tienne à carreaux lorsqu’ils ne se parlaient plus. C’est simplement qu’elle n’a pas besoin de vivre à l’évocation constante d’un fait indiscutable : sur certains plans, sur celui-ci en tout cas, elle n’est que la seconde, et ça la bouffe. Quand on connait son rapport à l’échec, c’est dur, très dur à encaisser, et elle le fait parce qu’elle n’a pas d’autres choix. Que c’est ça, ou partir. L’ultimatum n’a jamais été mis sur la table, elle n’est pas complètement conne, cependant — ça lui pend au nez.

Elle préfère ne pas y penser, se recentre sur Nina qui s’agite à la possibilité que Jo fasse rentrer son frère plus tôt. Elle lève les mains devant elle, repousse sa rebuffade d’un léger rire qui résonne doucement dans la cuisine "OK, il aura la surprise." Elles ont un problème avec la détente, les filles Sterling, non ? Elle se fait la réflexion que, que ce soit Olive ou Nina, elles prennent leur frère pour un gros bébé épouvanté par la perspective de faire son devoir de grand-frère, et c’est un peu curieux, parce que ça ne colle pas à l’image qu’elle a de lui, Jo. Elle n’a jamais vu Midas paniquer, pas même une fois, c’est bien pour ça que, quand elle-même à des accès d’angoisse, c’est vers lui qu’elle se tourne, espérant jouir du calme qu’il exhale et qui agit bien plus efficacement sur ses nerfs que le plus puissants des anxiolytique "Tu préférerais pas lui donner toi-même ton cadeau, à la petite ?" Posy est chez sa mère, et comme Midas enchaîne les allers-retours ces derniers temps, celui que la gamine passera ici ces prochains temps sera limité, alors le cadeau de sa tante, elle ne l’aura pas tout de suite. Il lui suffirait juste de sortir d’ici et d’aller sonner à la maison du dessus pour passer un peu de temps avec elle si elle en a envie, mais elle comprend, la discussion dérivant totalement, qu’elle ressent peut-être bien le même genre de sentiments pour Harleen que Jo qui la questionne finalement. Elle hausse les sourcils à sa réponse, prend un léger temps pour s’aligner avec ce qu’elle ressent d’entendre quelqu’un partager son avis et lui fait enfin "Bienvenue au club." Elles détestent toutes les deux les opportunistes. Dommage pour Harleen dont le rire semble avoir le même effet sur Nina que des ongles sur un tableau noir. Cette conne et sa fausse naïveté, elle jurerait que le tout combiné lui colle de l’urticaire, à Jo, et pas que sur les bras, on s’entend "Ouais, elle joue bien le rôle de la fleur des champs." C’est presque trop poétique pour la décrire, mais c’est tout ce qu’elle s’autorise parce qu’elle sait que ça jouerait en sa défaveur d’enchaîner les insultes que lui inspirent cette grognasse devant la soeur de Midas. Elles viennent de se rencontrer, elle ne sait pas dans quelle mesure elle pourrait lui nuire en ayant cafter ce genre de trucs à son frère qui sait très bien que Jo n’est pas tendre avec la mère de sa fille. Rarement en public cependant — elle ne l’insulte même pas devant Midas : tout se passe dans sa tête, c’est peut-être bien pour ça qu’elle va finir par exploser.

Elle opine au reste "Je suis au courant." Qu’Olive ne ferait pas de mal à une mouche. Qu’en est-il de Nina ? Elle la regarde, essaye de jauger si elle est du même genre que sa soeur. Elle n’en sait rien ; elle a cet air stoïque des femmes qui en veulent, mais elle n’est pas froide pour autant. Elle lui demande quand même, penchant doucement la tête sur le côté, ses paupières se rétrécissant légèrement tandis qu’elle continue de la regarder "C’est ta façon de me dire que de toi par contre, faut que je méfie si je m’en prends à son coeur ?" Elle craint que ce ne soit déjà fait ; elle y est bien installé, Jo. Néanmoins, Nina comprendra sans doute ce qu’elle veut lui dire, c’est une certitude qui lui fait ajouter, sûre d’elle "Si ça plaide ma cause, je peux te promettre que c’est pas dans mon agenda." Elle peut cracher par terre si ça scelle sa promesse "Je tiens à lui." Et c’est pudique comme façon de le dire. Elle ne se voit pas déclamer ça autrement pour l’heure, elle ne veut pas lui faire peur en lui disant qu’elle serait prête à se foutre le feu pour lui — sûre que ses cendres ont le même aspect que la poussière d’étoile qu’elle est, qui en doute ? Un rire enroué lui échappe, heureuse du point commun qu’elles se trouvent : elles ne deviendront pas copines, c’est un bulletin d’info paraphé à la date du jour et sur lequel elle ne revient pas, désormais occupée à préparer un café à la jeune femme.

Elle aime bien l’humour de Nina. Elle a l’impression qu’elles ont le même amour du sarcasme, ainsi ça la détend lorsqu’elle continue à s’affairer en discutant de sa tournée et de celle de Midas "Tu devrais, ça lui ferait plaisir." Elle n’aime pas parler pour Midas, mais ça, elle peut le déclarer sans craindre d’être taxée de salope contrôlante. Elle continue son petit bazar, répond au signal sonore de la machine à café derrière qui signal qu’elle en a terminé, et verse une énorme quantité de liquide dans la tasse qu’elle a préparé en amont "Je lui ai appris deux-trois trucs sur l’eye-liner, si tu la laisses faire, c’est certain que tu feras sensation. Je te parle même pas des paillettes, c’est une pro maintenant, elle en fout partout." Elle imagine que la question qu’elle pose après, elle va la regretter, mais elle la lui pose tout de même tout en déposant sa tasse devant elle "Tu comptes emmener ton mari avec toi ?" Est-ce qu’elle doit lui dire, qu’elle est au courant de ce qui se passe sous son toit ? Est-ce qu’elle doit lui dire qu’elle a même eu une conversation avec son queutard de mari ? Elle n’a pas envie de le faire, non. Sauf qu’elle n’a pas non plus envie de faire semblant de ne pas le savoir, alors d’un commun accord avec elle et sa conscience, elle décide de se taire, mais pas pour atrophier sa parole, juste pour lui laisser le choix de décider si elle veut le mentionner ou pas. Finalement, elle se hisse sur un tabouret haut et hoche la tête à ce que Nina ajoute "Hm, je suppose que ça laisse des traces ce genre de voyage." Elle n’est pas le couteau la plus aiguisé du tiroir, Jo ; elle n’a pas terminé le lycée, elle n’a pas beaucoup de bagages académiques, alors dans une certaine mesure, ce que Nina représente, ça l’impressionne un peu. Pas au point de la faire se sentir petite, même si elle l’est plus que la jeune femme, mais c’est une instance répétitive : elle est toujours plus petite que les autres, c’est son charisme qui lui permet de se sentir plus haute que trois pommes. Elle finit par reprendre la parole "C’est important dans ce que tu fais ce genre d’expédition ? Genre, ça te rapporte des points en plus si tu vas sauver les petits africains, ou tu fais vraiment ça par pure bonté d’âme ?" La question est un peu cynique, elle mérite d’être posée cependant, non ? Jo s’incline doucement sur le bord du comptoir, y dépose ses coudes et lâche un très léger souffle par le nez au reste des mots de la blonde qui mentionne l’autre de ses frères "J’ai entendu dire que c’est pas trop son truc de se faire traîner aux concerts de votre frère." Elle juge un peu puisqu’elle, elle ne raterait un concert de Midas Sterling pour rien au monde — you do you Oscar, qu’elle pense, ajoutant finalement "En plus c’est faux, j’aurais encore vos parents à rencontrer." Et d’après Midas, ce sera facile. Ce qu’il oublie toutefois, c’est qu’elle est douée pour chanter, pour divertir, pour intriguer, pour faire naître le désir… mais qu’elle l’est tout autant pour se faire détester et qu’elle aime plutôt ça, en vérité. Elle laisse son sourire perdurer un instant, le silence s’étendant juste assez pour qu’elle se sente obligée de le rompre en faisant à Nina "T’as des conseils ?" C’est pour une amie, se retient-elle de dire, se redressant sur son tabouret en feignant la nonchalance.

(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

« OK, il aura la surprise. » Elle voit la pointe d’agacement qui s’invite sur les traits de Jo. Comme si elle avait quelque chose à dire, un argument à sortir pour faire remarquer quelque chose à Nina. Peut-être qu’elle pense tout savoir, parfaitement connaître la dynamique qui anime les relations des enfants Sterling, mais quoi qu’elle puisse penser, elle se trompe. Elle n’a probablement pas la sensation de connaître un Midas angoissé, mais Nina sait que si Jo appelle son frère pour signaler sa présence, il va se demander si le monde ne s’est pas arrêté de tourner. Le constat est probablement triste, mais il est on ne peut plus réel. C’est à cela que se résume le lien qui unie Nina à son petit frère. Une rareté qui pourrait déclencher des angoisses. « Tu préférerais pas lui donner toi-même ton cadeau, à la petite ? » Si Midas est entre deux voyages, comme elle vient de lui raconter, cela veut dire que Posy réside actuellement chez sa mère. Et s’il y a bien une chose dont Nina est sûre, c’est que personne ne pourra la forcer à se rendre chez l’autre folle de son plein gré. « Ça attendra un moment alors. » Elle préfère encore traiter avec la brute qui sert de petit-ami de passage plutôt que de devoir se coltiner un moment avec l’illuminée du village qui cherche à être son amie depuis bien trop d’années désormais. « Ouais, elle joue bien le rôle de la fleur des champs. » C’est comme si elle lisait dans ses pensées et cela l’amuse. « Tu n’es pas obligée d’être polie, Midas n’est pas là. » Qu’elle se lâche si cela lui chante, ce n’est pas Nina qui ira répéter quoi que ce soit après tout. Mais elle comprend sa retenue, après tout, elles ne se connaissent pas. 

S’il s’agit d’une première rencontre, Nina comprend rapidement que son interlocutrice a parfaitement révisé sa copie. Il paraît évident que Jo maîtrise l’arbre généalogique des Sterling et qu’elle semble s’être fait une idée sur chacun d’entre eux. Si elle se base sur l’unique vision de Midas, tout ne doit pas être à l’exactitude, mais ce n’est qu’un tir qu’elle saura corriger. « C’est ta façon de me dire que de toi, par contre, faut que je méfie si je m’en prends à son coeur ? » Un léger sourire étira ses lèvres rosées. Au moins, il n’est pas nécessaire de tourner autour du pot, c’est quelque chose qu’elle apprécie grandement. « Je ne suis peut-être pas celle qui a la meilleure relation avec Midas, mais je peux être sans pitié lorsqu’on s’en prend aux miens. » N’est-ce pas le chanteur lui-même qui avait évoqué le privilège de la famille lors de leur dernière rencontre ? Leur relation sera à jamais étranger aux yeux des autres, mais Nina sait d’avance qu’elle ne pourrait supporter de savoir son frère malheureux. « Si ça plaide ma cause, je peux te promettre que c’est pas dans mon agenda. » Posant son téléphone sur le comptoir, elle relève son regard vers la brune. « Je tiens à lui. » Elle n’avait pas besoin de l’évoquer pour que Nina le comprenne. « C’est ce que je crois comprendre. » Et surtout, il y a un point qu’elle semble avoir relevé au sujet de la chanteuse. « Et je crois que je vais apprécier ta franchise. » Elle a la sensation que Jo ne s’enfermera jamais dans un rôle pour satisfaire les autres.  

Et si elles ont déterminé que le copinage n’était pas de mise, Nina apprécie malgré toute la conversation qui se déroule. Il n’est pas question de silence qui instaure un malaise, mais juste de deux adultes qui échangent pour la première fois. Il est évident que Jo s’intéresse, même si parfois maladroitement. Elle ne sait réellement depuis combien de temps dure leur histoire, mais ce n’est pas simplement pour s’afficher au bras d’une belle brune, et inversement. Jo semble réellement se soucier de ce que pense Midas et de son bien-être également, et Nina apprécie tout cela. « Tu devrais, ça lui ferait plaisir. » - « Je vais vraiment essayer. » Elle a manqué la tournée la précédente et, en réalité, elle ne s’est jamais réellement intéressée à tout cela, mais Midas est demandeur et peut-être qu’elle lui doit bien cela après tout. Il ne s’agit que d’une soirée, pour voir son frère sur scène. Certains seraient prêts à commettre des folies pour se retrouver à sa place. « Je lui ai appris deux-trois trucs sur l’eye-liner, si tu la laisses faire, c’est certain que tu feras sensation. Je te parle même pas des paillettes, c’est une pro maintenant, elle en fout partout. » Un léger rire lui échappe à l’image de sa nièce couverte de paillettes de la tête aux pieds. Jo semble vouloir s’investir auprès de la petite et c’est quelque chose que Nina n’avait pas vu venir. « Ça se passe bien avec elle ? » Posy n’est qu’une enfant, mais la chanteuse est une adulte qui se retrouve en couple avec un père de famille. Il est légitime de lui poser la question. Et puisqu’il est visiblement l’heure de poser des questions, Jo semble ne pas savoir se retenir non plus. « Tu comptes emmener ton mari avec toi ? » Elle s’apprêtait à porter la tasse à ses lèvres, mais préfère la reposer sur le comptoir pour mieux observer la jeune femme qui lui fait face. La question est loin d’être innocente, ce n’est pas une invitation à la connaître et à connaître son époux, c’est une curiosité qui ne peut être née que d’une seule manière. Elle devrait être surprise, mais elle ne l’est pas réellement, il a toujours été comme ça Midas, incapable de tenir sa langue. Un soupir lui échappe alors qu’elle lève les yeux au ciel. « Je vois que Midas te raconte donc tout. » Elle n’a même pas besoin de poser la question ou d’émettre un doute. Jo est au courant de sa situation et c’est quelque chose qui lui déplaît énormément. « C’est marrant qu’il continue à cacher l’existence de sa fille au monde entier. » Comme si cela n’allait pas créer des dégâts un jour ou l’autre. « Par contre, parler de la vie privée des autres, ce n’est plus un problème. » Elle s’agace sans pour autant en vouloir à la jeune femme. Elle pourrait presque saluer sa tentative, mais elle se contente d’un second soupir. « Non, je ne pense pas que je serais accompagné de mon mari. » Il manquerait plus qu’elle mette son frère et Ruben dans la même pièce. Ce serait un charmant spectacle juste avant un concert. Elle en touchera deux mots à son frère, mais pour l’instant, elle essaye de se concentrer sur la jeune femme qui tente de meubler la conversation par tous les moyens. Il faut croire que des heures d’interviews lui ont permis d’exceller dans l’art de la diversion et du savoir-faire. Pour se redonner une contenance, Nina se donne une minute pour finalement boire une gorgée de son café alors que Jo verse dans un sarcasme qui lui est bien plus familier. « C’est important dans ce que tu fais ce genre d’expédition ? Genre, ça te rapporte des points en plus si tu vas sauver les petits Africains, ou tu fais vraiment ça par pure bonté d’âme ? » Elle va réellement l’apprécier si elle continue ainsi. « Tu ne fais vraiment pas dans la dentelle, toi, hein ? » Et c’est quelque chose qui lui plaît dans le fond, cela change d’Olive qui marche constamment sur des œufs et de Midas qui est parfois désolé d’exister quand il s’agit d’aborder un sujet. « J’espère être titularisé en début d’année prochaine. » C’est la véritable raison, celle de la Nina carriériste qui écrasera tout le monde sur son chemin pour obtenir ce qu’elle souhaite. « Mais j’avoue qu’une fois là-bas… J’ai compris qu’on pouvait les aider autrement qu’en faisant juste la BA de l’année en signant un chèque insignifiant. » Ce voyage a clairement changé sa vision sur l’humanitaire et, si elle n’a aucune idée de ce que pourra être la suite d’ici à janvier, une part d’elle espère pouvoir renouveler l’expérience.

En attendant, elle devra se contenter des présentations de famille, des réunions qu’elle évite pourtant habituellement comme la peste, mais pour lesquelles elle serait prête à trainer tout le monde dans le même bateau. « J’ai entendu dire que c’est pas trop son truc de se faire traîner aux concerts de votre frère. » C’est quoi son truc à Oscar exactement à part jouer les aînés et donner des leçons de morale ? « À moi, il dira pas non. » Elle ne va même pas lui laisser le choix en réalité. Même si c’est pour l’entendre râler tout du long, maintenant qu’elle a eu la vision, elle veut voir Oscar au milieu d’une nuée de midinettes hurlant le prénom de Midas. Cette simple pensée lui arrache un rire satisfait. Ce sera parfait ! Et ainsi, Jo pourra rajouter un pokémon Sterling à sa collection. « En plus, c’est faux, j’aurais encore vos parents à rencontrer. » - « La rencontre ultime. » Elle ricane, mais elle se souvient encore de la première fois où Ruben l’avait ramené chez lui. Elle connaissait déjà tous les Hartfield, mais cette fois, elle allait être présentée comme la petite amie de Ben. Elle s’était sentie un peu stressée, mais cela n’avait pas duré, il avait suffi que Rhett fasse une remarque, qu’Ethel rougisse et puis la nouvelle était passée comme si de rien était. Personne n’était surpris de les savoir ensemble en réalité. « T’as des conseils ? » Du coup, pas vraiment. « J’ai jamais eu à vivre ça. » Elle hausse des épaules avant de donner un peu plus de contexte à Jo qui doit déjà imaginer Ben comme un orphelin. « Je connaissais déjà les parents de Ruben depuis des années quand on s’est mis ensemble. » Elle n’a jamais eu à impressionner qui que ce soit, sa belle-mère l’adorait déjà et les autres, elle se fichait clairement de leur opinion pour être honnête. « Bouteille de Bourgogne rouge et bouquet de pivoines roses. » Qu’elle lui annonce avant de relever les yeux vers la jeune femme. « Vieux le Bourgogne, si tu veux marquer des points. » Ce n’est pas comme si la chanteuse n’avait pas les moyens après tout. « Pour le reste… Maman va probablement t’adorer dès la première minute, de toute façon. » Midas est le petit chéri et qu’il ramène quelqu’un à la maison sera un évènement. « Oscar est marié à une de mes amies d’enfance, j’ai épousé le fils des voisins. Ils n’ont pas eu à réellement rencontrer quelqu’un de complètement extérieur depuis des lustres. » Est-ce qu’elle est en train de lui mettre la pression ? Ce n’est pas le but recherché, juste un constat qu’elle semble seulement réaliser pour l’instant. « Un simple conseil, si mon père commence à parler de politique, changer de sujet. » Et cette fois, elle rit de bon cœur. « Il peut être insupportable quand il commence là-dessus, sinon… C’est juste des gens normaux. » Des parents exigeants, mais aimants.

laughin' at the other girls who think they're so cool
@Nina Sterling (crédit gif/harley)

Jo n’est pas connue pour sa retenue, c’est même tout le contraire. Il y a tout de même des circonstances où elle réussit plus ou moins à se contraindre à fermer sa grande gueule. L’envie d’insulter Harleen de tous les noms est plus que tentante, d’autant que Nina l’invite à la détente à ce sujet, sauf qu’elle n’est pas naïve, et qu’elle n’ignore pas que ce genre de choses, ça se retourne vite contre vous. Son cas est déjà en haut de la pile, et bien que provoquer, ça fait partie de ses nombreux talents, se soustraire au piège qui lui est tendu sur l’instant, ça lui paraît être la meilleure chose à faire. Plus tard, dans un avenir plus ou moins proche, peut-être qu’elle consentira à partager avec Nina ses meilleures insultes pour décrire la mère de Posy. Pour l’heure, c’est un peu trop juste à son goût, une trentaine de minutes, pour décider si oui ou non, elle peut lui faire confiance. Elle est bonne juge, elle le voit qu’elle n’a pas l’air méchante. Simplement, elle reste la soeur de Midas, c’est-à-dire qu’à priori, elle choisira toujours son camp si quelque chose arrive à leur couple. Curieusement, Jo n’a pas envie de donner du grain à moudre à qui que ce soit, déjà bien au fait que, dans tous les cas, ce sera elle l’ennemie de toutes les conjonctures, et que chaque chose susceptible d’être sortie de sa bouche pourra être retourné contre elle à un moment où un autre.

Elle contourne donc, s’intéresse davantage à ce qu’elle risque si jamais, ô grand jamais, elle fait du mal à Midas, et réagit par un léger rire à ce que Nina lui demande. Ses deux mains se posent sur le comptoir derrière lequel elle est assise et elle se redresse, mimant un frisson qui la parcourt, et qui n’est que ça, du mime. Elle en a connu des pires, des menaces, et ça ne se voit peut-être pas, pas bien grande ni épaisse qu’elle est, mais c’est une réalité qui l’a rendue hermétique. Elle ne craint les menaces que d’une seule personne, son père, et il n’est pas ici aujourd’hui "On en est déjà au stade où tu me menaces ?" Ça la fait rire un tout petit peu plus sans que ce ne soit alimenté par une quelconque moquerie, ça la fait juste vraiment rire, c’est tout, puis récupérer ses mains dont elle se sert pour coincer ses cheveux derrière ses oreilles "Tu perds pas de temps toi." Elle ne le prend pas mal. Elle ne lui dit pas non plus qu’elles sont dans le même camp, ne lui avoue pas qu’elle, elle n’a pas pris le temps de faire des menaces : elle a agi, et qu’elle s’est cassée deux doigts dans la foulée. Chacun sa façon de défendre les siens, elles n’ont certainement pas eu la même vie, et ça, c’est une évidence que Jo puise dans le temps qu’elle a passé avec Midas, évidemment, mais avec Olive, aussi. Peu importe, elle promet que ce n’est pas dans ses intentions, de malmener Midas, et reçoit une bénédiction à propos de sa franchise en retour "Tu dis ça parce qu’on vient à peine de se rencontrer. Mais ta soeur, à cause de ma franchise, elle me craint comme on craint le croque-mitaine." L’autre jour, Jo lui a même dit que, si elle n’était pas calibrée pour s’en taper le coquillart, ça la vexerait grave, la façon dont elle se comporte avec elle "Dès que j’ouvre la bouche, j’ai l’impression qu’elle va se mettre à chialer alors que juré, je suis plutôt sympa avec elle." Et elle ne se berce pas d’illusions à ce sujet : elle l’est, elle devrait s’en estimer heureuse au lieu de réagir comme une gamine harcelée par la brute de la cour de récré. Cela dit, Nina a l’air plus armée pour faire la part des choses, et sans qu’elle n’ose le dire, elle réalise quand même que ça la soulage.

Elle n’insiste pas pour la faire accepter de venir voir son frère en tournée, se contente de hocher la tête en pensant sincèrement que si elle le fait, Midas en sera heureux. Jo pense qu'il est temps que sa famille accepte le fait qu’il réussit des exploits, même s’il ne sauve pas des vies, et qu’elle consente à le traiter à sa juste valeur, et pas comme un ado qui fait un caprice en devenant chanteur. Elle n’a pas grand-chose à dire sur ça, ce ne sont pas ses combats, même si elle n’hésitera pas un seul instant à le défendre si on le met face à ça en sa présence. Ce n’est pas le cas sur l’instant. Elle ne s’attend pas à la question que Nina lui pose au sujet de Posy, et se retrouve à la regarder sans savoir quoi répondre. Elle se rend compte que c’est bien l’une des seules fois qu’on lui demande son ressenti à propos de tout ça, et ce n’est certainement pas grand-chose au final, mais ça la touche suffisamment pour qu’elle se sente à l’aise de lui dire avec un léger sourire "Plutôt, ouais. Enfin, je crois." Elle tâtonne toujours avec Posy, et le fait qu’elle ne puisse pas apprécier sa mère ne l’aide pas, c’est évident. Elle s’obstine à ne pas vouloir s’impliquer parce que ce n’est pas son rôle, mais d’un autre côté, elle sait qu’on lui reprochera de ne pas le faire, alors elle tente de trouver un juste milieu, et ce n’est pas simple. Elle ne sait pas toujours ce qu’elle peut ou doit faire, alors la plupart du temps, elle agit en copine auprès d’une gamine qui la regarde avec de grands yeux comme des soucoupes quand elle se rend compte qu’elle a une poupée grandeur nature pour elle toute seule. C’est flatteur, Jo joue bien ce rôle, mais elle n’est pas idiote : ça ne durera pas, elle grandit vite, Posy "J’avoue que je sais pas toujours très bien m’y prendre, mais j’essaye." Vraiment, et là non plus, elle ne se berce pas d’illusions "Elle me facilite la tache, en fait. Elle est vraiment parfaite, et elle est douce, ça m’oblige à le rester, même si c’est pas mon point fort non plus." C’est le moins que l’on puisse dire. Elle se mord l’intérieur de la joue, fait doucement dériver sa bouche en le faisant "Midas me dit que c’est pas si grave si je commets des erreurs. Mais je sais pas, je préférerais éviter d’en faire. J’ai pas envie que ça se retourne contre moi." Elle comprendra ce qu’elle veut à ce sujet-là. Jo évolue avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête à ce propos, et plus le temps passe, plus elle le ressent.

Tout comme elle ressent que Nina se tend lorsqu’elle lui parle de son mari. Jo réagit dans la foulée "C’était juste une question." Elle l’appuie en hochant la tête "Si t’as un truc à dire à ton frère, c’est à lui que tu dois le dire, je lui ferais pas passer de message." C’est le moment où elle la remet à sa place, et ça ne va pas être particulièrement agréable, mais autant établir des limites tout de suite. Elle a peut-être des griefs, elle aussi, sur la manière dont Midas traite la vie privée des autres, la sienne en l’occurence, mais ce n’est avec personne d’autre que lui qu’elle doit en discuter. Nina devrait penser à le faire, elle aussi, si ça soulage son âme. En attendant, elle se retient de lui faire remarquer que, entre elle et Midas, c’est sérieux, et qu’un couple, c’est supposé agir de cette façon : parler de tout. Elle, elle a encore des choses à apprendre de ce côté-là, et là encore, elle essaye. Mais elle sait que Midas tient au partage, ainsi quand il lui a parlé de ce qui se passait entre Nina et Ruben, c’est sur cette ligne qu’il était : parce qu’elle vit avec lui, parce qu’elle est sa partenaire, il lui en a instinctivement parlé, point final. Elle ne tient pas à créer de conflit avec Nina, juste à lui faire entendre que ce qu’elle fait là, ça ne lui plaît pas, et qu’elle ne jouera pas les médiatrices à ce sujet-là. Elle est calme, presque douce, mais elle reste résolue "Je préfère que tu saches tout de suite que je maintiens qu’une seule position, et c’est celle d’être de son côté." Elle est loyale Jo, c’est probablement sa principale qualité "Tort ou raison, j’en ai rien à foutre : c’est avec lui que je suis, dans tous les sens du terme, donc je ferai pas ça, écouter sans broncher les reproches que t’as à lui faire. Je te le répète, si t’as un truc à lui dire, il refusera pas de t’écouter." Surtout que, quand on s’applique à critiquer Midas, Jo pète un plomb : elle veut l’éviter aujourd’hui, alors elle temporise, reprend sur la lancée de Nina qui enfin, lui répond que non, elle ne viendra pas avec son mari "Tant pis pour lui." Et c’est tout ce qu’elle dit de plus à ce sujet, enchainant sur un autre.

Ça amène Nina à une constatation qui fait rire Jo. Elle hausse les épaules, surjoue une mine désolée tandis que ça paraît évident qu’elle ne s’excusera pas de, comme le dit la blonde, ne pas faire dans la dentelle. Elle s’en cogne un peu de choquer son auditoire, et ça restera le cas jusqu’à la fin de sa vie, c’est plutôt sûr. Ce n’est pas le cas avec Nina qui finit par lui répondre sans que Jo n’ajoute quoi que ce soit parce qu’il faut dire qu’elle n’y comprend rien, au monde de Nina. Elle a traîné dans les hôpitaux avec sa grand-mère, sauf que ça ne la rend spécialiste de rien pour autant, et surtout, ça la fait bader bien plus qu’elle ne voudrait l’admettre, de penser aux petites miséreux. Du coup, elle écourte, plisse les yeux quand le sujet de l’aîné des Sterling tombe entre elle et qu’elle rebondit en lui demandant "C’est toi sa petite préférée, c’est ça ?" Elle roule des yeux un air de dire me la fait pas à moi "J’ai cinq frères, j’en préfère un plus que les autres, c’est pas si grave." Pas plus que d’envisager de rencontrer les parents Sterling dont elle entend parler depuis bien trop longtemps désormais. Dire qu’elle est nerveuse à l’idée de les rencontrer ce serait tirer sur la corde, mais la notion de famille qu’ont les Sterling ne ressemble pas à la sienne, et elle sait qu’elle va se sentir bizarre au milieu du tableau parfait qu’ils doivent représenter. La sienne est bien différente, de famille, et si elle ne l’avoue pas, préférant le refouler, prendre conscience qu’il y a autour d’elle des gens qui ont une vie de famille saine, normale, ça la heurte profondément. Quelque part, elle a peur que ça lui brise le coeur, c’est peut-être pour ça au fond que Midas n’a pas encore initié les présentations et qu’elle, elle saute sur toutes les occasions pour gratter des conseils à ceux qui gravitent dans le cercle des Sterling. Ceux de Nina sont précieux, elle les écoute attentivement, n’est pas certaine de les retenir, mauvaise élève comme elle est, mais hoche la tête avec sérieux pour finalement se permettre un rire à la fin de sa tirade "J’ai pas l’habitude de fréquenter des gens normaux, ce sera pas aussi facile que tu le penses." Elle le dit sans aucune ironie, bien qu’elle en rit. Sa tête s’incline sur le côté, se secoue doucement dans un signe de reconnaissance "Mais merci, je me souviendrai de tout ça quand le moment se présentera — et si ta mère me déteste, je te tiendrais responsable de la malédiction que t’as fait peser sur mes épaules en prétendant le contraire avec autant d’assurance."

(c) harley

laughin' at the other girls who think they're so cool

@jo carter & nina

« On en est déjà au stade où tu me menaces ? » Son rire accompagne celui de la brune dans ce qui n’est absolument pas une moquerie, mais bien une manière de donner bien moins de sérieux à cette conversation. « Disons que je te mets en garde. » Il n’est pas question de menacer, ce serait presque déplacé de sa part quand elle se soucie si rarement du quotidien de Midas. Elle ne sera jamais la première vers qui il viendra se confier, elle s’en est assurée lorsqu’elle lui a rappelé avec force qu’elle n’avait jamais eu l’intention de lui parler de ses problèmes de couple. Leur dynamique n’a jamais été celle de deux confidents et, même si les récents malheurs de sa vie lui ont rappelé que l’on n’a qu’une seule famille, Nina est loin d’être celle qui sera toujours après Midas. « Tu perds pas de temps toi. » Elle rit à nouveau. « Je déteste perdre mon temps. » Elle est bien trop occupée, bien trop souvent absente pour se permettre de prendre des pincettes. Il est plus simple d’aller droit au but, comme Jo semble le faire en retour. C’est une relation qui pourra fonctionner si elles sont toutes les deux brutalement honnêtes l’une envers l’autre. « Tu dis ça parce qu’on vient à peine de se rencontrer. Mais ta soeur, à cause de ma franchise, elle me craint comme on craint le croque-mitaine. » Dans d’autres circonstances, auprès de Midas ou de quelqu’un qu’elle connaît bien mieux, Nina se serait directement offusquée d’être comparée à sa jeune sœur. Face à Jo elle se contente d’hausser les épaules, tentant vainement de marquer son mécontentement. « Dès que j’ouvre la bouche, j’ai l’impression qu’elle va se mettre à chialer, alors que juré, je suis plutôt sympa avec elle. » Et cette fois, Nina ne peut que rire à nouveau. « Pas de doute, t’as bien rencontré Olive. » La petite dernière qui pleure pour un rien, l’hypersensible qui met les nerfs de Nina à rude épreuve. « Mais je suppose que Midas t’a déjà prévenu. » Qu’elle avance en se penchant légèrement vers la brune. « Je n’ai absolument rien à voir avec ma sœur. » Leur caractère sont deux stricts opposés et il n’est pas question de les comparer pour leur style de vie : quand Olive avait si lâchement abandonné ses études pour des excuses, elle en reste persuadée, qui se veulent bien futiles. 


Nina s’étonne de voir la conversation aussi fluide avec une femme qu’elle vient tout juste de rencontrer, mais elle apprécie la franchise de Jo et cherche simplement à en savoir un peu plus sur la femme qui partage la vie de son frère. Elle n’est personne pour émettre un avis, mais elle peut bien se forger sa propre opinion de celle qu’elle qualifiait uniquement de pop star jusqu’à présent. « Plutôt, ouais. Enfin, je crois. J’avoue que je sais pas toujours très bien m’y prendre, mais j’essaye. » C’est bien tout ce qu’on lui demande après tout. « Elle me facilite la tâche, en fait. Elle est vraiment parfaite, et elle est douce, ça m’oblige à le rester, même si c’est pas mon point fort non plus. » Elle hoche la tête approuvant les propos de la brune. Ce serait déplacé de sa part de donner des conseils quand elle n’a jamais eu besoin de se retrouver dans ce genre de rôle. « Elle ressemble beaucoup à Midas. » Posy est une petite fille calme, posée et pratiquement à l’opposé de l’électron libre qui lui sert de mère. Elle ose imaginer qu’il n'est pas bien difficile pour Jo de se trouver une place. Elle a déjà passé des journées seule avec sa nièce et cela a toujours été un plaisir, tant la gamine se ravie d’un rien et est toujours incroyablement polie et à l’écoute de ce que lui disent les adultes. Posy elle adore Ruben et à une époque, il lui rendait bien, assez pour que Nina l’imagine avec leur propre enfant. « Midas me dit que c’est pas si grave si je commets des erreurs. Mais je sais pas, je préférerais éviter d’en faire. J’ai pas envie que ça se retourne contre moi. » Nina fronce les sourcils, pas certaine de comprendre pourquoi Jo serait inquiète que quoi que ce soit lui retombe dessus. « Tant que tu l’acceptes, personne ne te reprochera jamais rien. » Elle n’a pas l’impression qu’elle pourrait entrer dans la définition de la belle-mère atroce, celle que l’on retrouve dans les contes pour enfant. « Pas Midas en tout cas. » Qu’elle ajoute comme si ce n’était que la seule crainte de la jeune femme. Elle n’a jamais réellement parlé de tout cela avec son frère, mais elle sait qu’il est un père attentif pour Posy et que tout ce qu’il souhaite, c’est que sa gamine soit heureuse.

Et visiblement, il est assez à l’aise pour se confier sans limite à la femme qui partage sa vie. Ce qui a le don d’agacer Nina qui s’agite sur son siège, entrecoupant ses paroles vindicatives par quelques gorgées de son café encore brûlant. « C’était juste une question. Si t’as un truc à dire à ton frère, c’est à lui que tu dois le dire, je lui ferais pas passer de message. » Elle n’entend que d’une oreille, s’entêtant à reprocher à Midas ce qu’elle avait tant l’habitude de faire avec Ruben. Elle lui racontait tout, sans la moindre exception, quand lui passait son temps à retenir des informations de son côté. Mais ce n’est pas à Jo de payer pour les écarts de son mari. « Je préfère que tu saches tout de suite que je maintiens qu’une seule position, et c’est celle d’être de son côté. » Elle aurait dû s’en douter, mais Nina a toujours le sang chaud lorsqu’il s’agit de reprocher quelque chose à l’un des membres de sa fratrie. « Tort ou raison, j’en ai rien à foutre : c’est avec lui que je suis, dans tous les sens du terme, donc je ferai pas ça, écoute sans broncher les reproches que t’as à lui faire. Je te le répète, si t’as un truc à lui dire, il refusera pas de t’écouter. » Et peut-être qu’au final, elle l’apprécie plus encore, pour oser taper du point sur la table. « Je lui parlerai. » Parce que, malgré tout, Nina refuse que Midas étale ses soucis auprès de n’importe qui, même s’il couche avec la demoiselle. Elle préfère que son prénom ne soit jamais prononcé dans les confessions qu’ils se font sur l’oreiller. Question de principe. Ou parce que cela l’emmerde profondément qu’une stricte inconnue connaisse les problèmes de son couple quand elle s’efforce encore et toujours de maintenir les apparences. Qu’est-ce que Jo peut bien penser d’elle ? Qu’elle est une petite chose fragile qui porte encore son alliance et n’a toujours pas jeté le mot divorce au visage de son infidèle de mari ? Nina déteste cette sensation, celle de ne pas avoir une longueur d’avance sur son interlocuteur. Merci Midas, vraiment… 

Et comme il semble particulièrement bavard, cela semble avoir laissé assez d’images à Jo pour se faire une idée de l’ensemble des dynamiques de la famille. « C’est toi sa petite préférée, c’est ça ? » Elle aurait préféré ne pas entrer dans ce genre de catégorisation, mais Jo semble aussi têtue qu’elle sur certains points. « J’ai cinq frères, j’en préfère un plus que les autres, c’est pas si grave. » Elle rit légèrement. « Tu l’as sûrement déjà compris que chez les Sterling les aînés forment le même duo à l’opposé des plus jeunes. » Elle n’a pas honte de l’admettre, Oscar est son modèle, celui qu’elle suivrait jusqu’au bout du monde, quand elle n’a jamais su entretenir la même relation avec les deux autres. Elle n’a pas l’intention d’en confier plus, préférant enchaîner sur le sujet de la présentation aux parents. Jo ne sera pas accueillie à bras ouverts, elle en a parfaitement conscience. Le rôle de la belle-fille adorée est déjà campé par Elisa et Ruben rivalise avec le monde entier tant il a su se mettre ses beaux-parents dans la poche dès les premiers jours. Elle est une inconnue que l’on amène dans le cercle familial et Nina sait que si leur mère sera bienveillante, leur père aura tendance à juger la brunette, notamment sur ses choix de carrière. Pour Midas, ils feront un effort, elle le sait néanmoins. « J’ai pas l’habitude de fréquenter des gens normaux, ce sera pas aussi facile que tu le penses. » - « Ne sort pas le grand jeu, ce sera inutile et plutôt à ton désavantage. » Ils ne voudront jamais voir la fille parfaite, polie et avec des couettes dans les cheveux. Il faut qu’elle soit elle-même qu’importe ce que cela veut bien pouvoir dire pour elle. « Mais merci, je me souviendrai de tout ça quand le moment se présentera — et si ta mère me déteste, je te tiendrais responsable de la malédiction que t’as fait peser sur mes épaules en prétendant le contraire avec autant d’assurance. » Elle lève les yeux au ciel. « C’est pas de notre mère que j’aurais peur à ta place. » Est-ce que le message est un peu plus clair ainsi ? Elle l’espère. « Mais je suppose que Midas saura faire les choses correctement. » qu’elle ajoute en haussant les épaules.

Et alors qu’elle termine lentement son café, Nina réalise qu’elle n’a plus grand-chose à dire à cette femme. Elle a sûrement déjà abusé de son hospitalité, son ennui s’est fait la malle, mais elle n’a aucune envie d’attendre le retour de Midas après ce qu’elle avait appris. Ce n’est pas le moment de s’embrouiller devant la petite amie. « Je devrais filer, j’ai déjà assez abusé de ton temps. » Qu’elle débute en vidant sa tasse. « Merci pour le café Jo. » Et alors qu’elle relève les yeux vers la jeune femme, elle ajoute sans se détourner. « Ça a été un plaisir de te rencontrer. » Malgré tout, après tout ce temps, elle remplira bien les blancs comme elle le souhaite. « On se verra au concert de Midas, je suppose. »