then twist the knife

@diego gutiérrez

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): (gif), luleaby (codage).

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L’Afrique était déjà géographiquement loin - un océan entier entre elle et l’Australie, il y avait même besoin de faire tourner un minimum le globe sur lui-même depuis Brisbane pour apercevoir le continent -, mais alors lorsque c’était votre chère et tendre qui s’y rendait pendant plusieurs semaines là-bas en vous laissant en arrière, ça vous paraissait être l’autre bout du monde. C’était en tous cas ce qu’avait ressenti Ruben pendant tout le temps où Nina s’était trouvée sur place, en Ethiopie, et il ne s’était pas gêné pour s’en plaindre à toute personne qui lui demandait où elle était passée. Surtout lorsque ces personnes là ne pouvaient pas se douter de la véritable raison qui avait poussé la jeune femme à s’y rendre, là il en rajoutait une couche et une autre pour passer pour le mari abandonné. C’était vilain, mais il ne s’aurait s’en empêcher.

Celui qui en revanche ne pouvait pas se plaindre de ne pas avoir croisé le chemin de Nina ces dernières semaines ne s’appelait pas Hartfield, et passait de nouveau pour la première fois depuis trop longtemps à son gout le pas de la porte des vestiaires de l’hôpital. Oh, Ben ne dit rien à ce moment là, tant les regards et oreilles qui trainaient autour d’eux étaient nombreux à ce moment là; en revanche, il n’attendit pas que la journée soit bien avancée pour débarquer dans le bureau des consultations dans le service où travaillait Diego. Fermant la porte d’un coup bien sur trop sec dans son dos, croisant les bras sur son torse alors que son pied tapait le sol de manière frénétique - on aurait pu croire un mauvais personnage de dessin animé, il ne manquait plus que la fumée s’échappant des oreilles pour parfaire le stéréotype. Oh, il savait que là était encore une réaction exagérée de sa part; mais au moins il le faisait à l’abri des regards alors qu’il avait eu envie de faire la même chose une poignée d’heures plus tôt devant témoins. « T’as pris des couleurs. Je croyais que vous étiez partis en Afrique pour travailler, pas pour bronzer. » Diego n’avait absolument pas demandé à reprendre le travail au St Vincent sur les chapeaux de roues de cette sorte, et pourtant c’était ce que lui offrait Ruben aujourd’hui: l’envie de repartir par le premier vol, surtout pour ne pas voir son visage tiré par le faux sourire qu’il affichait, ce dernier empli d’une méprise qu’il ne savait contenir. « Comment va ta femme ? Non pardon: comment va ma femme, qui vient de passer des semaines loin de moi avec toi ? » C’était petit, et surtout c’était déplacé; à sa place n’importe qui aurait su qu’il vaudrait mieux faire profil bas plutôt que de parader de la sorte alors qu’il était celui en tort dans cette affaire. Oh, il se doutait que l’autre le remettrait rapidement les pendules à l'heure - mais peut-être que l’agacement détenu par le regarde de Ben le dissuaderait d’y aller trop fort sur les commentaires de son côté.

Il y avait des problèmes qu’il était facile d’effacer lorsque l’on prenait assez de recul pour constater qu’ils n’en étaient pas vraiment. D’autres, en revanche, étaient coriaces car totalement hors de son propre contrôle et Diego avait tenté au mieux de distinguer ces deux catégories de nuages planant au-dessus de lui. S’il s’était réconcilié avec le travail, un problème de grande envergure se présentait encore à lui, et ce même s’il avait fait de son mieux pour s’en accommoder avant que la vérité n’éclate. Ruben. C’était un secret qu’il aurait préféré ne pas connaître, non pas qu’il n’était pas satisfait que Nina lui ait fait assez confiance pour le lui confier, mais il avait maintenant l’impression d’avancer avec un fardeau. La vérité lui faisait du mal à lui aussi car son amie ne méritait pas ça et il savait qu’il devait être vigilant et trouver la répartie suffisante pour éloigner les curieux. Ils seraient nombreux au sein de l’hôpital, Nina consciente du caractère notoire de leur couple sur son lieu de travail. Son regard le mitraillait, mais il prétendait ne rien voir, alors qu’il revêtait sa blouse dans un vestiaire bondé qui lui évitait une confrontation trop rapide. Pourquoi se sentait-il aussi mal, alors qu’il n’était pas le coupable dans cette histoire ? Probablement parce que s’il avait évité le vrai caractère de Ruben jusqu’alors - malgré quelques accrochages qui étaient restés professionnels - il savait que ses foudres n’allaient pas tarder à s’abattre sur lui. Ruben fulminait et était loin d’être l’exemple de sérieux et de charisme qu’il avait toujours montré. Et c’était tant mieux, de penser qu’il regrettait peut-être amèrement ses agissements.

La journée s’était déroulée sans que jamais Ruben ne réussisse à se retrouver seul avec lui, et Diego en était satisfait. Il n’avait rien à lui dire, même s’il était persuadé que ce dernier lui demanderait en revanche tout un tas d’explications sur un sujet qui ne le concernait plus. Et c’était sans grande surprise que le mexicain l’avait vu entrer en fracas dans un bureau où il aurait pensé pouvoir trouver refuge jusqu’à la fin de sa journée. C’était mal connaître Ruben qui ne s’empêcherait plus de dépasser les limites s’il s’agissait d’obtenir des réponses sur Nina. « T’as pris des couleurs. Je croyais que vous étiez partis en Afrique pour travailler, pas pour bronzer. » « A croire que j’avais oublié mes lunettes de soleil et qu’on me laissait même pas le temps de me tartiner de crème solaire avant de m’appeler à l’aide pour un patient mourant. » Il avait secoué la tête continuant de regarder le dossier qu’il était en train d’étudier - l’Afrique les avait gratifiés d’une température supérieure aux moyennes d’un mois de Juillet mais il n’aurait jamais pensé avoir à se justifier sur la couleur de sa peau. « Et puis c’est mon petit truc à moi ça, ma peau bronze super vite. » Il avait enfin levé la tête pour lui adresser un sourire triomphant, lui pouvant jouer quand Ruben avait déjà perdu. « Comment va ta femme ? Non pardon: comment va ma femme, qui vient de passer des semaines loin de moi avec toi ? » Si on lui demandait, il dirait à quel point il était pathétique. « Et c’était moi que tu osais traîter de jaloux ? » L’utilisation de ce temps-là servait à appuyer sur le nouveau statut de Ruben, qui n’aurait plus dû n’être qu’un lointain souvenir pour Nina. C’était différent pour elle, il en était conscient, mais remettre le neurochirurgien à une place où il n’était plus en mesure de donner son avis, encore moins de l’appeler sa femme, semblait être la meilleure chose à faire. « J’aurais pensé que tu te ferais un peu plus petit compte tenu de la situation. » Cette fois-ci, c’était Diego qui avait croisé les bras pour planter son regard dans celui de son collègue. Il serait mentir de dire qu’il ne craignait pas cette discussion mais il refusait de donner cette satisfaction à l’homme infidèle qui se tenait devant lui. « J’ai pas le temps, Hartfield, qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Il le savait très bien, mais même si Ruben l'avait pris au piège entre les quatre murs de ce bureau, Diego n’avait pas le temps de jouer, alors mieux valait que celui-ci pose les vraies questions. Ce respect qu’il avait appris à développer envers le neurochirurgien s’était probablement étendu un jour à l’être humain, mais à ce moment précis, il n’existait plus que pour son métier et ce avec énormément de difficulté.

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« A croire que j’avais oublié mes lunettes de soleil et qu’on me laissait même pas le temps de me tartiner de crème solaire avant de m’appeler à l’aide pour un patient mourant. » Il étira encore un brin davantage son faux-sourire dont il ne savait présentement se défaire. « Très drôle, hilarant même. » Comme s’il était d’humeur à réellement plaisanter - il n’était pas d’humeur à grand chose ces derniers temps, surtout. « Et puis c’est mon petit truc à moi ça, ma peau bronze super vite. » Oh, la carte de la mixité en plus de celle de j’ai pas eu le temps de penser à moi tant je pensais aux personnes dans le besoin ? Il pouvait faire mieux, voyons. « C’est toujours plus simple aussi quand on est invité à aller au soleil. » Sous-entendu que lui n’aurait pu profiter de ce soleil là tant il n’avait même pas été convié à se joindre à la petite troupe; alors que clairement, si Nina lui avait demandé, il aurait tout laissé en plan pour venir avec elle mais elle avait mis un point d’honneur à faire en sorte que ce ne soit pas le cas.

Du coup, sa femme était partie avec un autre à l’autre bout du monde. Avait-il le droit de la blâmer elle ? Absolument pas. Allait-il potentiellement passer ses nerfs, au moins pour aujourd’hui, sur Diego qui n’avait absolument rien demandé et se retrouvait à être un dommage collatéral ? La probabilité était assez élevée. « Et c’était moi que tu osais traîter de jaloux ? » Il eut un petit rire sifflé entre les dents. « On peut très bien accuser les autres de torts qu’on a soi-même, y’a pas d’exclusivité sur la question. » Pas sur celle là, en tous cas; sur d’autres, en revanche…

« J’aurais pensé que tu te ferais un peu plus petit compte tenu de la situation. » Comme celle là, par exemple. Ruben fit claquer sa langue contre son palais, croisant ses bras sur sa poitrine: donc il était effectivement au courant. Ce n’était qu’une supposition jusque maintenant qui se confirmait donc sous ses yeux: Diego lui aurait demandé de la jouer profil bas dans beaucoup de cas, mais n’aurait pas précisé compte tenu de la situation s’il n’avait pas davantage d’informations sur la dite-situation. « J’ai pas le temps, Hartfield, qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Ils arrivaient en fin de journée, bien sur qu’il avait le temps et que ce n’était là qu’une manière de le presser pour plus rapidement le mettre à la porte; dans une autre situation, il lui aurait fait une remarque - aujourd’hui, Ruben se retrouvant étrangement silencieux face à lui. Ses deux mains agrippant le haut du dossier de la chaise qui avait eu le malheur de se trouver sur son chemin, ses mâchoires si serrées qu’il allait avoir rapidement besoin d’un rendez-vous chez le dentiste, son regard ne saurait lâcher le visage du jeune homme. Mille et une répliques lui venaient en tête, plusieurs pistes de commentaires se frayaient un chemin dans son esprit, mais la seule question qui s’imposait réellement et à laquelle il désirait avoir une vraie réponse était cette dernière: « Comment va t-elle ? » Oh, il savait que l’autre se moquerait de lui, soulignerait qu’il était culotté de lui poser ce genre de question là maintenant après avoir agi comme il l’avait fait durant tout ce temps - s’il avait eu tous les détails du léger désaccord avec sa femme et lui -, mais Ben n’en avait que peu à faire de ce qu’il aurait envie de commenter ici. Lui désirait vraiment savoir comment allait Nina, comme de toute manière elle ne faisait soit en sorte de ne pas lui parler, soit de lui faire entrapercevoir la manière quelque peu rude dont elle allait désormais se comporter avec lui pour le faire ramer dans une direction qu’il ne connaissait même pas encore. Diego n’avait aucune obligation de réponse, mais il savait qu’il réagirait un minimum à la question puisqu’au pire il s’indignerait de l’entendre être posée; peut-être glisserait-il quelques informations à travers ces mots là qui sauraient répondre, eux, au questionnement du neurochirurgien.

« C’est toujours plus simple aussi quand on est invité à aller au soleil. » Le choix de mot l’avait amusé, parce qu’il ne s’agissait là que d'un prénom et un nom griffonés sur le papier des inscriptions. Il n’y avait pas d’invitations, simplement la volonté de s’engager, et il s’était simplement avéré que Nina et Diego l’avaient ressentie au même moment. Et bien sûr, la confiance ébranlée du neurochirurgien avait vu cela comme une provocation. « Invité ? C’est une façon de voir les choses. » avait-il confirmé en plissant les lèvres. S’il souhaitait entrer dans une sorte de conflit, il ne gagnerait pas cette partie. Il pouvait voir dans son attitude et son regard à quel point l’idée qu’il soit parti avec elle le tuait, le fait qu’il pose des mots sur ce sentiment était complètement inutile. Cela traduisait son état actuel, un homme qui s’était bâti une carapace presque indestructible se retrouvait à exposer l’intégralité de ses failles au monde entier. Si Diego n’était pas un homme de valeurs, il se serait presque délecté du spectacle. A la place, il se contentait de répondre à chaque phrase du médecin par un rictus moqueur, un peu plus appuyé lorsque celui-ci avait eu le réflexe enfantin de parler de Nina comme sa femme. « On peut très bien accuser les autres de torts qu’on a soi-même, y’a pas d’exclusivité sur la question. » « Je comprends mieux ta jalousie, ceci dit, quand on se rend soi-même coupable de ce que l’on craint… » Oh qu’il prenait des libertés qu’il n’aurait normalement jamais prise, il avait retrouvé un certain équilibre et sa confiance en lui, les sentiments étaient décuplés devant quelqu’un qui avait commis l’irréparable. Il n’était pas dupe, il savait qu’il avait lui même fauté par le passé, mais cette information était privée et lui avait géré les choses bien différemment d’Hartfield.

Diego avait la position de force, et il en profitait, tentant de se débarrasser de son collègue au plus vite, ne prenant même pas la peine de l’interroger sur d’éventuels dossiers communs ou sur ce patient. Il avait une idée derrière la tête, et elle n’avait rien à voir avec l’oncologie. « Comment va t-elle ? » Il avait retiré ses lunettes pour se frotter le visage, jouant avec elles du bout des doigts. Il était fatigué avant même que la discussion n’ait commencé et ce même s'il s’y était attendu, s’y était même préparé. « Tu veux entendre quoi ? » Il avait haussé les épaules, comme s’il laissait une possibilité à Ruben de réellement lui dire ce qu’il souhaitait. Ce n’était pas le cas, et l’idée même qu’il n’ait pas saisi de quel côté Diego se trouvait était parfaitement ridicule. Mais bien sûr qu’il le savait, il était simplement désespéré, et quelque part, la position que cela octroyait à Nina plaisait énormément au mexicain : elle était plus forte que lui. « Dis-moi Ruben, est-ce que tu préférerais savoir qu’elle va mal pour rassurer ton égo ou qu’elle va bien ? Je suis pas sûr que tu apprécierais ce que sous-entendrait la seconde option moi. » La vraie réponse se situait là, dissimulée entre les propres sous-entendus que Diego utilisait en guise de réponse. « Ce que je sais c’est que je te dirais rien, si tu connais pas déjà la réponse c’est qu’elle a refusé de te la donner elle-même et tu ferais bien de t’en tenir à ça. » Il n’avait même pas envie de lui donner des conseils qu’il serait bien trop borné pour écouter, parce qu’il était Ruben et que Diego était la dernière personne à qui il demanderait normalement son avis. « Je pensais que t’étais le mieux placé pour comprendre qu’on ne laissait pas le privé interférer dans notre travail. » Et il y avait deux choses à comprendre dans cette dernière phrase : il souhaitait le voir tourner les talons et il soulignait à quel point les principes qu’il prônait si fièrement avaient volé en éclat. Après tout, mêler sa vie privée et son travail ne lui avait pas du tout réussi.

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« Invité ? C’est une façon de voir les choses. » - « Et surtout une façon dont elles m’ont été présentées. » Parce-que ce n’était pas Ruben qui avait décidé qu’il n’était pas invité à ce voyage, c’était les autres participants - dont Diego faisait partie - qui avaient décrété que sa présence ne serait pas nécessaire. Alors oui, pour lui, il n’avait pas été invité à participer à aller se dorer la pilule au soleil, comme l’indiquait le teint halé du mexicain devant lui. Et ce qui le tuait aussi et dont il ne s’en cachait même plus, c’était que sa propre femme ait préféré partir avec lui plutôt qu’avec celui qu’elle avait épousé plus tôt dans l’année; certes, ils n’étaient pas forcément en bons termes lorsque l’heure du départ avait sonné, mais cela aurait justement pu être une bonne occasion pour eux de se retrouver loin de leur quotidien et de leur maison - non, il avait fallu que ce soit Diego qui soit à ses côtés en Afrique. Oui il était jaloux, non il ne s’en cachait pas, oui c’était exactement de quoi il accusait Gutiérrez la margoté du temps, non il ne revenait pas sur ses paroles. « Je comprends mieux ta jalousie, ceci dit, quand on se rend soi-même coupable de ce que l’on craint… » Apposant ses poings sur ses hanches, Ruben serrait les mâchoires: s’il avait encore un doute sur ce dont il était ou non au courant, ce dernier n’était désormais plus permis. Ce qui était d’autant plus frustrant pour le neurochirurgien, c’était qu’il n’avait aucune répartie qui lui venait naturellement ici et qu’il n’en avait aucune à disposition même en prenant le temps de réfléchir à la question: il avait raison, et c’était enrageant. Lui qui avait pour habitude d’avoir le dernier mot, ou de faire en sorte de l’obtenir…

La question qu’il posa ensuite était bien plus douce, moins parsemée d’impulsions nocives volontaires, parce-que la réponse l’intéressait vraiment. « Tu veux entendre quoi ? » Il fronça quelque peu les sourcils: où voulait-il en venir ? Il n’aimait pas le regard qu’il lui accordait en tous cas désormais. « Dis-moi Ruben, est-ce que tu préférerais savoir qu’elle va mal pour rassurer ton égo ou qu’elle va bien ? Je suis pas sûr que tu apprécierais ce que sous-entendrait la seconde option moi. » La langue du neurochirurgien claqua contre son palais, parce-qu’il n’avait pas vu les choses de cette manière là pour une fois: sa question était aussi simple que la manière dont il l’avait prononcé, puisqu’il souhaitait simplement prendre de ses nouvelles. Il ne s’était pas, un seul instant, dit qu’effectivement qu’importait la réponse il pourrait retomber lui de son côté sur ses pieds - tant parce-que pour une fois peut-être il préférerait que cette dernière soit positive. Certes, maintenant qu’il avait la possibilité devant lui, se dire qu’elle pourrait aller mal parce-qu’il lui manquait, par exemple… Il papillonna des yeux pour revenir à l’instant présent et reprendre contenance: la question n'était pas cette dernière. « Je veux juste savoir comment elle va. » Même s’il se doutait des mots que l’autre allait prononcer ensuite. « Ce que je sais c’est que je te dirais rien, si tu connais pas déjà la réponse c’est qu’elle a refusé de te la donner elle-même et tu ferais bien de t’en tenir à ça. » - « Foutaises. » Qu’il souffla dans un expiration exaspérée, alors qu’il tournait sur lui-même et faisait quelques pas en rond comme pour contenir sa frustration.

« Je pensais que t’étais le mieux placé pour comprendre qu’on ne laissait pas le privé interférer dans notre travail. » Un mince rire amer se fit entendre. « C’est gonflé de ta part de me dire ça. » Ses talons tournant pour s’arrêter dans la direction de Diego, maintenant qu'il était à quelques pas du bureau derrière lequel il se tenait, Ruben secoua quelque peu de gauche à droite son visage. « T’as pas été capable de le faire une seule fois ces derniers mois, ton départ pour l’Afrique est même pas motivé par le boulot mais par l’idée d’y aller avec elle. » Il haussa un sourcil. « Ose me dire de façon convaincante que t’es pas allé au bout de l’idée et du projet parce-qu’elle le faisait avec toi. Parce-que c’est faire intervenir le privé dans le professionnel aussi, ça. » Bien sur que c’était surtout uniquement sa mauvaise foi qui répondait ici, alors qu’il n’irait jamais critiquer le choix de Nina de faire exactement ce qu'il potinait du doigt là pour Diego. Ou pas pour les mêmes raisons. Ou même si les rôles étaient inversés et que c’était lui qui utilisait le professionnel pour ne plus penser au personnel et donc faire interagir les deux… c’était déjà ce qu’il faisait, la question n’était pas cette là, il se concentra de nouveau. « T’as réussi à résoudre tes problèmes personnels toi au moins, là bas ? » Quitte à ce que le voyage ait été bénéfique…

« Et surtout une façon dont elles m’ont été présentées. » Il avait pincé les lèvres, témoignant du désintérêt qu’il portait à son point de vue. Il n’avait jamais été légitime à s'intéresser à sa vie et ne l’était plus non plus pour celle de Nina, Diego lui avait rappelé avec tout le tact dont il était encore capable de faire preuve avec lui. Il était sur un territoire où il ne pouvait laisser place à tout débordement, mais se trouver face à celui qui avait brisé son amie le lui faisait presque oublier. « Je veux juste savoir comment elle va. » Il y avait un tas de réponses toutes plus passive-agressives les unes que les autres qui lui venaient en tête, mais il avait le sentiment qu’il n’avait pas besoin d’en rajouter. « S’il y avait quelque chose de grave, on te préviendrait quand même. » avait-il tout de même lancé avec un sourire narquois, incapable de ne pas jouer avec Ruben comme il avait pu le faire avec lui par le passé. Son conseil était unique, il devait la laisser tranquille, et ce même s’il se mentait à lui-même. « Foutaises. » Il pouvait voir que l’aisance qu’il avait soudainement pour contrer ses demandes le rendait fou, mais c’était à peu près similaire à ce que ressentait Diego en le voyant insister. Si elle avait réellement compté pour lui comme il le prétendait aujourd’hui, alors il ne l’aurait pas trompé, ou pas plusieurs fois, avec plusieurs partenaires, du moins. Et le lieu était mal choisi pour continuer la discussion, Ruben le savait tout aussi bien que lui. « C’est gonflé de ta part de me dire ça. » Il l’avait regardé, cherchant à comprendre où il voulait en venir. « T’as pas été capable de le faire une seule fois ces derniers mois, ton départ pour l’Afrique est même pas motivé par le boulot mais par l’idée d’y aller avec elle. » Sa bouche s’était ouverte sans pour autant qu’un son n’en sorte, il était simplement abassourdi par la mauvaise foi de son interlocuteur. « Ose me dire de façon convaincante que t’es pas allé au bout de l’idée et du projet parce-qu’elle le faisait avec toi. Parce-que c’est faire intervenir le privé dans le professionnel aussi, ça. » « Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Il était sincèrement dérouté par la tournure que prenait la conversation et les suppositions bancales de Ruben. « Déjà, je préférerais que tu parles pas à ma place parce qu’on se connait pas toi et moi. » Il était important de le lui rappeler à lui qui s’accordait probablement une place de choix dans sa vie maintenant qu’il l’avait trouvé effondré - et Diego s’en voudrait chaque jour d’avoir baissé la garde à ce point parce que cela donnait à Ruben une arme de choix pour la suite de cette discussion. « J’ai pas à t’exposer les raisons de mon départ, surtout que l’une d’entre elle est l’altruisme et que c’est vraiment pas une qualité que tu possèdes. » C’était d’ailleurs le comble pour un médecin qui avait la vie de ses patients entre ses mains. « Je sais vivre seul, moi, je serai parti avec ou sans elle. » La pique était gratuite mais prononcée alors que l’agacement laissait peu à peu place à la colère de l’entendre enchaîner les suppositions maladroites, cherchant à avoir raison sur tout et même ce qui ne le concernait pas, comme à son habitude. « J’étais amie avec Nina avant tout ça et ça changera pas, peu importe ce qu’il se serait passé ça aurait jamais changé parce que je me fiche de tes états d’âme et tes suppositions puériles. » N’importe quel mari digne de ce nom laisserait sa femme partager des moments avec ses amis de faculté, et c’était à peu près là que les doutes de Diego avait commencé à s’immiscer en lui jusqu’à devenir bien trop justifiés. « Elle a voulu se joindre à moi et je n’avais aucune raison valable de l’en dissuader, bien au contraire. » Il avait laissé un élément de réponse qui concernait Nina fuiter dans des explications qu’il n’aurait même pas dû avoir besoin de lui donner, et il s’en voulait assez pour se râcler la gorge, laissant le temps à Ruben d’abattre sa dernière carte. « T’as réussi à résoudre tes problèmes personnels toi au moins, là bas ? » C’était à son tour de laisser place à un rictus mauvais, alors qu’il était maintenant définitivement proche du point de rupture. « Là-dessus non plus j’ai rien à te dire. Mais je suis capable de me remettre en question, moi, oui. » Lui en était incapable, et cela se voyait dans la façon où il l’accablait de reproches alors qu’il n’y était plus autorisé, ne l’avait jamais vraiment été. « Tu veux en venir où Hartfield ? Parce que t’énerver sur moi la fera pas venir, si jamais tu en doutais. » Qu’il lui dise honnêtement, il était prêt à à peu près tout entendre si cela le déviait du chemin qu’il voulait emprunter pour se rapprocher rien qu’un peu d’elle.

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@diego gutiérrez

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« S’il y avait quelque chose de grave, on te préviendrait quand même. » Sa mâchoire du haut se décala légèrement de celle du bas alors qu’il retenait les remarques qui lui venait à l’esprit: ce n’était pas le moment normalement d’envenimer davantage - il avait déjà assez mis d’huile sur le feu, s’il désirait que cette conversation lui soit d’une quelconque utilité il se devait de ralentir la cadence. « C’est pas seulement pour les choses graves que je voudrais être mis au courant. » Il avait envie que ce soit pour tous ses états d’âme - même s’il savait qu’il ne pouvait l’exiger, il aurait espéré avoir malgré tout un brin davantage que le peu qu’il avait pu avoir. Il n’avait pas trop de doute quant au fait que si ça avait été vraiment grave, il aurait été mis au courant. Parce-que l’autre option dans toute cette affaire c’était de laisser Nina tranquille, et s’il savait pertinemment que ce n’était pas une tant mauvaise idée que ça, ce n’était pas celle qu’il choisirait bien sur.

Et l’argument de Diego ne prendrait pas, pas aussi facilement en tous cas. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Il haussa les épaules, les sourcils aussi dans la foulée. « Déjà, je préférerais que tu parles pas à ma place parce qu’on se connait pas toi et moi. » Blablabla. « J’ai pas à t’exposer les raisons de mon départ, surtout que l’une d’entre elle est l’altruisme et que c’est vraiment pas une qualité que tu possèdes. Je sais vivre seul, moi, je serai parti avec ou sans elle. » - « Je te retourne l’idée de pas faire de suppositions. » Même si malheureusement il appuyait sur un point qui faisait mal et qui était on ne pouvait plus vrai. « J’étais amie avec Nina avant tout ça et ça changera pas, peu importe ce qu’il se serait passé ça aurait jamais changé parce que je me fiche de tes états d’âme et tes suppositions puériles. Elle a voulu se joindre à moi et je n’avais aucune raison valable de l’en dissuader, bien au contraire. » Il ne voyait pas les choses de cette manière là, clairement, puisque principal concerné dans sa version des faits mais il voyait bien que montrer un autre point de vue à Diego ne serait pas chose faisable ici. Surtout: il était empli de mauvaise foi et elle était tellement présente qu’elle pourrait presque lui couper la chique. « Je goberai pas que ça t’arrangeait pas de ton côté non plus. »

« Là-dessus non plus j’ai rien à te dire. Mais je suis capable de me remettre en question, moi, oui. » Il eut un rire mauvais - peut-être avait-il oublié qu’il se devait de calmer ses ardeurs en cours de route. « Tu veux en venir où Hartfield ? Parce que t’énerver sur moi la fera pas venir, si jamais tu en doutais. » Mordant l’intérieur de sa joue, ses jointures blanchissant à force de tenir fermement dans ses mains la chaise sur laquelle il s’appuyait, il resta un instant silencieux avant de reprendre la parole. « Non, mais ça fait du bien. » Il ne nierait pas qu’il se sentait un brin moins tendu depuis que cette conversation avait commencé, paradoxalement. « Je veux juste te faire comprendre que j’aime pas que t’aies obtenu un passe-droit comme ça, et le fait que tu te pavanes avec autour du cou avec fierté. » Il manquait cruellement de fierté de son côté, et il n’était pas habitué à ce que les rôles soient dans ce sens là. « Et que c’est bien beau de t’amuser de moi maintenant alors qu’avant de partir t’en menais pas plus large. » Il inspira longuement, fit de même avec l’expiration - tentait de ne pas s’énerver pour rien, gardait certains commentaires pour lui. « Est-ce qu’il y a une partie de toi qu’est partie avec elle parce-que tu savais que ça me plairait pas ? »