Conversation téléphonique Sun & Eve

(#)Lun 9 Sep 2024 - 12:05

08/09/24

La dernière fois que Sung-jin a appelé l'association Manzili il était en Corée, il avait trouvé le lien via ses recherches sur internet. Même s'il n'a jamais vraiment parlé du but réel de ses appels, trop douloureux d'ouvrir cette horrible parenthèse. C'est sous le pseudo de Sun qu'il a choisi de se présenter, ne voulant nullement que l'on découvre sa véritable identité, il a été un homme public, souhaite le redevenir alors pas question de voir mis au grand jour ce qui c'est passé le 24 décembre 2023. Il y a toujours en suspends la vidéo prise par Jinho ce soir là, il ne veut pas prendre de risque supplémentaire, ce qui pourrait mettre sa carrière encore plus en péril, elle l'est déjà assez avec son corps qui refuse de danser.
Cela fait une semaine à peine qu'il est à Brisbane, il a trainé sa silhouette devant la porte sans osé la pousser.. Il a fait plusieurs fois le numéro, toujours en appel caché pour éviter qu'on le contacte, sans jamais osé parler. Peut être aujourd'hui.
" Allo ..."
Il pose un silence, sa respiration est agité c'est toujours compliqué de se lancer.
" Désolé de vous déranger .. j'ai déjà appelé, je suis ... Sun .. je ne sais pas si c'est vous que j'ai eu les fois d'avant. "
Des prénoms avaient été donnés en retour de ses appels, mais son cerveau n'avait rien enregistré car il se concentrait plus sur ses réponses toujours flous et vagues et sur les questions posées. Le peur lui sciant le ventre et le dégout de sa personne venant le caresser quand le sujet venait à être effleuré, il finissait par raccrocher laissant son interlocuteur dans le néant.
" Je ne sais pas trop comment aborder tout ça ... à vrai dire je me demande toujours si c'est une bonne idée de vous contacter .."
On peut sentir dans sa voix ses doutes, ses peurs, la fragilité qui pourrait le faire raccrocher une nouvelle fois. Sauf si la personne au bout du fil lui jette la bonne bouée de sauvetage et lui donne envie de prolonger la discussion. Parce qu'entre les lignes tout crie aidez moi.

@Eve Daxson

« Lorsque je danse je ne peux pas juger, je ne peux pas haïr, je ne peux me séparer de la vie. Je peux seulement être heureux et complet. »

(#)Lun 9 Sep 2024 - 23:58

08/09/2024, @Jeong Sung-jin
Aujourd'hui, c'est Eve qui se tient à côté du téléphone dont le numéro est inscrit sur tous les flyers de Manzili. Ce n'est pas la première fois qu'elle tient ce rôle en quatre ans, pourtant à chaque fois que sa sonnerie retentit son cœur s'agite de la même façon. Il y a toujours une appréhension certaine, lorsqu'elle décroche, mais jamais dépourvue de cet espoir de pouvoir aider. Éternelle optimiste, la brune aime à croire que même le plus insignifiant des coups de fil peut avoir un grand impact sur la vie de quelqu'un. Cela n'enlève pas l'appréhension, mais ça la rend plus supportable car Eve sait qu'elle ne fait pas cela en vain.

Portant le téléphone à son oreille, Eve fait naître un sourire sur son visage – un sourire s'entend presqu'autant qu'il se voit, elle en est persuadée. « Association Manzili, bonjour. » « Allo ... » La voix est plus timide que la sienne, moins assurée, lui faisant pressentir que cet appel vient d'une personne ayant besoin d'aide plutôt que proposant la sienne. « Désolé de vous déranger .. j'ai déjà appelé, je suis ... Sun .. je ne sais pas si c'est vous que j'ai eu les fois d'avant. » Le prénom ni la voix de la personne qu'elle a au téléphone ne lui disant rien, la Daxson préfère être honnête. « Ce n'est pas moi que vous avez eue les dernières fois, mais vous ne me dérangez absolument pas Sun, » assure-t-elle d'une voix plus douce. C'est fréquent, cette impression de déranger, de ne pas avoir sa place, de ne pas être légitime à appeler. Car s'il est difficile de demander de l'aide, s'en estimer digne l'est parfois tout autant. « Je ne sais pas trop comment aborder tout ça ... à vrai dire je me demande toujours si c'est une bonne idée de vous contacter .. » Dans sa voix, Eve peut percevoir que Sun ne va pas bien. Mais plus que cela, elle perçoit le risque qu'il raccroche, qu'il abandonne l'idée d'appeler car il semble déjà la regretter, et c'est ce qu'elle veut éviter en premier lieu. « Si vous avez appelé c'est que vous en ressentiez le besoin, alors c'est une très bonne idée. » Elle essaie de se montrer aussi rassurante qu'elle le peut, parlant de façon calme et posée, espérant lui faire comprendre qu'il n'est pas seul et que cet appel pourrait lui apporter l'aide dont il a besoin, au moins en partie. « Quoi qu'il se passe, vous n'êtes pas seul et ce numéro est là pour vous aider. Moi je m'appelle Eve, et je suis là pour ça. » Attrapant un stylo du pot à crayon posé à côté d'elle, la brune écrit sans bruit sur le cahier à côté d'elle : Sun, plusieurs appels. « Vous m'avez dit que vous nous avez déjà appelé·es, vous savez donc ce que fait l'association, pas vrai ? » Supposant que les bénévoles qu'il a eu·es précédemment au téléphone lui ont déjà expliqué ce que fait l'association, elle espère lui faire formaliser ce qu'il sait de Manzili pour évoquer ce qui a pu le pousser à appeler. A-t-il besoin d'être simplement écouté ou même d'un toit pour cette nuit ?

Proud

I'm on the right track, baby, I was born this way

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♥ :

(#)Mer 11 Sep 2024 - 8:29

08/09/24

A peine les premiers mots posés, presque soufflés, le malaise s'installe glissant comme un serpent venimeux. Sous la peau de Sung-jin le monstre distille toute son poison, laboure l'âme effritée et tord les tripes nouées. Comme à chaque fois qu'il pense à parler, qu'il fait ce numéro. C'est pire que s'il se jetait du haut d'une falaise. Pire que s'il n'arrivait plus à respirer. Pire que le tout réuni. Lui qui a affronté le sunlight des projecteurs se sent comme un gosse démuni perdu dans l'ombre d'un abjecte moment, son portable serré dans sa main tremblante.
La sensation de déranger vient se loger comme une lourde pierre à porter au creux de ses entrailles. Pourtant la voix féminine au bout du fil est douce et apaisante. Elle rassure. Elle le rassure. Il le sait mais son cerveau marche à l'envers même sans que le réel sujet qui le pousse à appeler n'ait une seule fois dévoilé. Pudeur, honte et peur se liant à la seconde ou l'idée même d'aborder ce moment caresse ses pensées. Pourra t-il un jour vraiment parler de ce traumatisme qui est en train de le bouffer, de le grignoter lentement mais surement ?
Il essaie de calmer les battements de son cœur, les vertiges de sa tête. Il essaie de faire reculer cette étreinte brulante qui lui broie la poitrine comme un étau de fer. Mais tout est si compliqué.
Ses doigts tapotent contre le mur pour contrôler tout ce qui semble ingérable. Il écoute la voix, la suit comme un phare dans la nuit noire, en saisit au travers des phrases les tonalités nuancées et inconnues. La dernière qu'il a entendu était moins chaleureuse, caressée par un sourire, enfin il lui semble. Mais il n'en est pas sur. Chaque appel troublant et bousculant son fragile équilibre, il en oublie les noms des personnes qui lui ont répondu. Il devrait les noter, se le dit souvent mais ne le fait jamais. Comme si écrire pouvait être une porte ouverte vers une maigre avancée.
" Vous avez une jolie voix, elle est comme une musique réconfortante. "
Un fin sourire se dessine sur ses lèvres serrées. Un silence passe étouffant mais reconstruisant, faisant résonner le bruit des doigts tapotant le mur.
" On me le dit à chaque fois que je ne dérange pas. "
Et pourtant cette sensation demeure. Sung-jin essaie de rester stable émotionnellement, de ne rien divulguer de la faiblesse qu'il cache. Sa voix oscillant sur des tonalités basses, il n'est même pas certain qu'on lui donne son âge. C'est juste un gosse paumé, un ado souillé, un homme blessé, il est les trois à la fois. Et quand il est troublé la musicalité coréenne de sa voix se mêle à son anglais. Difficile de rester sur une ligne qu'il voudrait droite et sans bavure quand les émotions percutent son être de plein fouet.
" Bonjour Eve .... c'est gentil de me répondre et de me réconforter ... de me redire que c'est une main que l'on me tend à chaque fois que je reviens vers l'association ... mais ... "
Pas qu'il doute de ce fait Sung-jin, juste qu'il doute de sa légitimité dans sa démarche. Il n'est pas un ado abandonné par ses parents, jeté à la porte de sa maison. Ses parents ne sont même pas au courant de ce qu'il a vécu. Il est juste un homme dérivant dans la tempête qu'un acte ignoble a déclenché.
" Oui quelques fois .. j'ai souvent finir par raccrocher sans aller au delà de quelques mots .. pas la faute à ce qui m'ont répondu n'allez pas croire ça Eve .. tout vient de moi et de ... enfin je ne suis pas sur d'être réellement à ma place vu ce que fait l'association .. c'est compliqué à expliquer .. douloureux d'aborder le sujet qui me fait faire votre numéro. "
Il soupire, épuisé mentalement par ses réflexions qui s'accumulent et le font reculer au lieu d'avancer. De quoi a t-il peur ? De faire les gros titres des magazines peoples et de voir sa carrière de danseur étoile complétement foutue. Mais ne rien dire n'est pas la solution. Parler aiderait certainement son corps à passer le cap de cet outrage. Parler serait sa délivrance. Mais les mots ne veulent pas sortir.
" Et puis peut être que je ne rentre pas dans la tranche d'âge ou bien dans le schéma des personnes dont vous vous occupez. "
Une piste est offerte, fébrilement, fragilement. Une bouée jetée Sung-jin laissera t-il Eve approfondir les indices donnés ou bien fera t-il comme à chaque fois raccrochera t-il dés qu'il sentira qu'on le cerne d'avantage.

@Eve Daxson

« Lorsque je danse je ne peux pas juger, je ne peux pas haïr, je ne peux me séparer de la vie. Je peux seulement être heureux et complet. »

(#)Jeu 19 Sep 2024 - 22:08

08/09/2024, @Jeong Sung-jin
Les premiers mots de son interlocuteur sont timides, presque soufflés, et Eve en vient à craindre qu'il raccroche avant même qu'elle ait pu se rendre réellement utile. Alors elle fait tout pour se montrer rassurante, lui assurant qu'il ne la dérange pas qu'importe que ce soit la première fois qu'elle l'ait au téléphone. « Vous avez une jolie voix, elle est comme une musique réconfortante.. » Il a l'air moins anxieux en prononçant cette phrase, comme si la voix de la Daxson l'apaisait vraiment, et d'une certaine façon ça lui fait presque plaisir. « On me le dit à chaque fois que je ne dérange pas. » « Parce que c'est la vérité, ce numéro est là pour ça. » Elle est là pour ça, au bout du fil, lui donnant son prénom et lui assurant encore une fois qu'elle ne bougera pas d'ici. Il a bien fait d'appeler s'il en ressentait le besoin, elle en est convaincue et ne manque pas de le lui assurer à voix haute. « Bonjour Eve .... c'est gentil de me répondre et de me réconforter ... de me redire que c'est une main que l'on me tend à chaque fois que je reviens vers l'association ... mais ... » Elle sent sa voix fléchir et se mord la lèvre en silence, espérant qu'il y ait une suite à cette phrase autre qu'une sonnerie qui signifierait qu'elle a échoué. Pourtant elle le sait : accepter une main tendue ce n'est pas toujours facile, elle le constate régulièrement au sein de Manzili. Les personnes ayant besoin d'aide ne manquent pas, mais celles qui l'acceptent sans difficulté sont plus rares. Parce qu'être aidé·e c'est reconnaître qu'on ne peut pas tout faire seul·e, et c'est bien plus compliqué qu'on se l'imagine. « Je sais que ce n'est pas facile, mais le premier pas que vous faites est très important. » Elle l'encourage dans cette voie, plus ou moins subtilement. Elle s'accroche au peu qu'elle sait de Sun, au fait qu'il ait déjà appelé l'association, qu'il se soit déjà entretenu avec d'autres bénévoles. Iels ont déjà dû lui expliquer ce que fait Manzili, et peut-être que si elle l'amène à parler de ça alors elle en saura un peu plus sur les raisons qui le pousse à composer une nouvelle fois ce numéro. « Oui quelques fois .. j'ai souvent finir par raccrocher sans aller au delà de quelques mots .. pas la faute à ce qui m'ont répondu n'allez pas croire ça Eve .. tout vient de moi et de ... enfin je ne suis pas sur d'être réellement à ma place vu ce que fait l'association .. c'est compliqué à expliquer .. douloureux d'aborder le sujet qui me fait faire votre numéro. » Elle l'entend soupirer tandis qu'elle griffonne à nouveau : raccroche toujours, "compliqué à expliquer". « Si c'est trop douloureux, on peut peut-être parler de ce qui pourrait vous aider plutôt que de ce sujet ? » Elle sait que ce n'est pas la meilleur méthode et que pour traiter un problème il faut le connaître, mais elle se dit que ce compromis vaudra forcément mieux que l'inaction ou l'attente sans certitude. « Et puis peut être que je ne rentre pas dans la tranche d'âge ou bien dans le schéma des personnes dont vous vous occupez. » « Il n'y a pas d'âge pour demander de l'aide, vous savez ? C'est vrai que Manzili s'occupe principalement des jeunes, mais même une personne de cinquante ans appelant ce numéro sera elle aussi écoutée et aidée du mieux qu'on le peut. » Elle se doute qu'il est loin de la cinquantaine, même si sa voix tremble et rend son âge difficile à estimer.

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♥ :

(#)Ven 4 Oct 2024 - 14:20

08/09/24

La voix de la jeune femme accroche Sung-jin, comme la lumière d’un phare accroche l’espoir des marins en pleine perdition durant une tempête. Le danseur est conscient que sa lutte est une pure perte. Que sans aide il finira mal. Car il va mal. Parler au téléphone, ou du moins dévoiler des bribes sans que réellement il creuse dans l’horreur de son malaise, ne le fait pas avancer vers une potentielle guérison. Il se sent juste mieux en surface, mais en profondeur c’est un bordel sans nom. Et tout ce qu’il cumule depuis des mois l’attire juste vers le fond.
Changer d’air lui apporte une certaine paix, même si c'est encore tôt pour dire si ce changement d'air sera réellement bénéfique. Mais au moins il n’affronte plus le regard de ses parents qui auraient fini par mettre le vrai problème à nu. Mais il faut plus, beaucoup plus et lui doit trouver le courage de ce plus. Et quand il s’y engouffre sa voix lâche et sa poitrine se serre sous le rappel de ce qui lui est arrivé. Ce qui a fait chanceler son être vers ce vide vorace.
Sung-jin écoute, essaie de maintenir sa respiration lente et calme. Il essaie de ne pas se faire envahir par les images, par les mots, par les actions. Pourtant l'acte semblait surmontable au départ. Mais son corps crie le contraire dans son refus de danser. S’il pouvait danser ..... peut être qu’il passerait au dessus de cette agression.
“ Le souci c’est qu’aller au delà semble .... mission impossible. “
Sung-jin en revient même à remettre en doute la légitimité de ses appels. N’est-il pas en train de priver une autre personne du soutien d'Eve ? Sous les mots de la jeune femme il sent les larmes s’inviter dans ses yeux. Parler de ce qui pourrait l’aider. La danse apparait comme le sujet évident. C’est certainement le meilleur remède, le seul qui pourrait le remettre sur pied et le faire à nouveau sourire. Mais voilà, danser est devenu aussi douloureux que ce qu’il a subi. Sa seule sauvegarde est à présent obsolète.
“ J’ai changé de pays me disant que je pourrais y voir plus clair. Que je pourrais peut être retrouver ce que j’ai perdu ..”
Sung-jin est à Brisbane depuis trop peu de temps pour savoir si la voyage en valait la peine. Pour savoir si c’était la bonne idée. Il sait qu’il peut compter sur son cousin. Mais lui aussi à sa dose de difficulté, il ne va pas lui rajouter les siennes.
“J ’ai encore un peu de la marge avant la cinquantaine. Enfin si j’arrive à cet âge ..”
Les mots sortent tout seul, lourd d’un sens dont Sung-jin n’a pas encore pris toute l’ampleur. Lourd de tout ce qui l’enfonce vers l’obscurité. Il se rend compte une fois les mots dits que sa phrase peut porter à confusion.
" Et n'allez pas croire que j'ai envie de faire une connerie .."
Pas pour le moment, pour l'instant il se bat pour ne pas sombrer plus bas. Jusqu'à quand ? Il se râcle la gorge pour rendre sa voix plus stable et ne pas inquiéter Eve.
" Il fut un temps ou j'arrivais à tout résoudre grâce à la ... danse ...
Le dernier mot s'étrangle dans sa gorge. Il aimerait parler de cette passion, de sa passion, celle qui le fait vibrer, respirer, exister. Et qui le réduit à néant en ne pouvant l'exercer.
" Je me demande ce qui est le plus dur .. le plus douloureux ...
Sung-jin laisse planer un silence, il se met à marcher dans l'appartement de son cousin, se sent d'un coup comme un lion en cage.
" Parler du sujet qui me fait vous téléphoner .."
Et dont il n'a rien dévoiler. Nouveau silence, sa respiration s'accélère.
" Ou parler de ce que je n'arrive plus à faire à cause de ce qui me fait vous téléphoner ..."
Ses poings se serrent, il se retient de frapper le mur, en crève d'envie, s'en mord les lèvres pour se retenir. Combat qu'il livre contre lui même, lutte acharnée entre les émotions qui le transpercent comme des lames acérées. Son cerveau lui gueule de raccrocher. Mais il ne le fait pas.

@Eve Daxson

« Lorsque je danse je ne peux pas juger, je ne peux pas haïr, je ne peux me séparer de la vie. Je peux seulement être heureux et complet. »

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