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@ambrose constantine

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Lorsqu’il reçut le message qui lui signalait qu’il était devant la porte, Ruben laissa son regard s’accrocher un instant et encore un autre à son écran avant de répondre qu’il descendait. C’était une mauvaise idée, mais il savait qu’une de plus ou une de moins sur la liste des derniers mois ne changerait pas grand chose le jour où le karma le rattraperait; surtout qu’aujourd’hui c’était une mauvaise idée par rapport à Scarlett située en haut de l’escalier auquel il jeta un coup d’oeil rapide avant de descendre ce dernier. Elle allait le tuer, peut-être au sens premier du terme, mais il serait toujours plus simple de se faire pardonner par elle que par n’importe qui d’autre. Et au moins, ici, Ben se sentait en sécurité - ce qui n’était pas le cas partout ces derniers temps, l’insécurité qui prenait part lentement mais surement de son être rendait cette facette là chez lui, qu’il pensait pourtant acquise et ancrée dans sa peau, de moins en moins reluisante.

La première chose qu’il fit lorsqu’il ouvrit la porte pour découvrir Ambrose de l’autre côté, fut de poser à plat son index contre ses propres lèvres pour lui indiquer de ne pas faire de bruit: il était sérieux quelques jours plus tôt lorsqu’il lui avait annoncé qu’il le ferait entrer en douce. D’un mouvement de la tête, il lui indiqua l’escalier dans un coin du salon, ferma la porte aussi discrètement que possible avant de mener le chemin jusque sa chambre - sa étant relatif, mais ce n’était pas tant le moment de chipoter sur ce type de détails -; non sans glisser ses doigts entre deux de Rose pour l’attirer avec lui dans le processus.

Ce ne fut que lorsque la porte de la chambre fut fermée à leur suite, qu’il ait fait une prière silencieuse à l’intention de n’importe qui qui serait en mesure de lui accorder le moindre voeu pour que Scarlett ait décidé de rejoindre Morphée rapidement pour une fois, qu’il se posa doucement contre cette dernière en relevant son regard vers le brun. Gardant le silence otage encore un instant, il esquissa un petit sourire assez rapidement par la suite. « J’ai l’impression d’être de nouveau adolescent. » Comme si la jeune version de Ruben aurait agi de cette manière là, lui qui à l’époque était le fils parfait et avait le comportement exemplaire pour beaucoup. Il ne dirait pas pour autant qu’il n’avait pas déjà fait entrer du monde en douce dans sa cambre d’internat à l’époque du lycée, mais il était presque déjà grand quand cette période là était arrivée. « J’aurais pas imaginé te voir ici un jour. » Autant parce-qu’il ne s’attendait pas lui-même à se retrouver là que parce-que Scarlett lui avait - presque ? - explicitement demandé de pas ramener ses amants chez elle. Dommage pour elle: il n’y avait que lorsque cela touchait à son boulot que Ruben obéissait au doigt et à l’oeil, le reste du temps il n’était pas si obéissant que ça il fallait croire.

Une fois de plus, il sait être en train de jouer au feu sans qu’il n’y ait un quelconque gain en valant la peine de l’autre côté, et pourtant il n’a pas hésité à accepter la proposition de Ruben. Pas un seul instant. Il voulait un moment avec lui et était prêt à lui proposer l’hôtel géré par sa famille comme une énième issue de secours, et Ruben a plutôt préféré un lieu un brin plus intimiste. Il n’y a rien d’incroyable dans ce fait, rien qui ne devrait valoir de chanter les louanges du Hartfield, et pourtant c’est bien ce qu’il est en train de faire en son for intérieur, bien malgré lui. Bien qu’il lui ait demandé de ne plus se qualifier ainsi, le changement de lieu ne fait pas moins penser à Ambrose qu’il n’est qu’un vulgaire gigolo. Un gigolo à qui on a proposé un déjeuner, ce qui ne le libère pas du terme pour autant. Ce n’est pas parce que Ruben l’estime un minimum qu’il devrait changer d’étiquette ; preuve en est, il ne change pas d’étiquette, justement.

Il est son vilain petit secret et agit comme tel, à lui envoyer un message une fois près de l’entrée, à ne pas murmurer le moindre mot lorsque la porte lui est ouverte. A nouer naturellement ses doigts autour de ceux de Ruben lorsqu’il est assez proche de lui pour qu’Ambrose puisse le suivre à l’intérieur d’une maison qu’il connaît déjà. Son cœur s’accélère un brin, à l’image d’un enfant défiant l’autorité parentale. « J’ai l’impression d’être de nouveau adolescent. » - « Si tu me dis que t’as jamais ramené personne en secret chez toi, je te crois pas. » Il murmure doucement contre son épaule, ses lèvres prêtent à embrasser le tissu à chaque seconde. « J’aurais pas imaginé te voir ici un jour. » Il n’aurait pas non plus cherché à imaginer une telle situation à son tour, parce qu’elle lui aurait semblé impenssable hier encore. Il profite de sa main toujours nouée à celle du brun pour l’attirer un peu plus près de lui, son front venant se poser contre le sien avec délicatesse et simplicité. « J’imagine qu’elle pense que tu es un vrai bon colocataire donc. » Il murmure toujours aussi bas, cette question n’en étant pas réellement une tant il est déjà conscient que leur entrevue est secrète et devrait le rester. Cela ne le retient pas pour autant d’embrasser tendrement le chirurgien, dont il reconnaît plus que jamais la valeur de sa présence à ses côtés tant elle se fait rare. « Pourquoi pas l'Emerald ? » Utiliser son nom sert presque à lui faire oublier qu’il ne s’agit que d’un hôtel. Malgré sa splendeur, son haut standing ; il ne s’agit que d’un hôtel. S’il est déjà à peu près certain de connaître la réponse, il veut l’entendre de la bouche de Ruben et il veut connaître son cheminement mental, quel qu’il soit. Ses lèvres vont et viennent près des siennes, s’y déposant quelques secondes avant de se reprendre, comme s’il était un enfant ne sachant pas s’y prendre. « J’espère que tu n’as pas oublié la promesse du repas. » Il reprend avec un sourire plus affirmé, déjà certain que sa présence ici doit bien trop rester secrète pour que le déjeuner promis se passe entre ces murs. En ce qu’il s’agit d’un simple repas, cependant, ils ont encore le droit de le faire en public, et sans doute même qu’Ambrose préfère largement cette option face à n’importe quelle autre.

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Il se rappelait du temps où il pouvait ramener Ambrose chez lui sans que cela soit une question à se poser, sans que les précautions soient nécessaire pour le faire; ils pouvaient trainer au lit ou sur le canapé pendant des heures, à écouter de la musique et à inventer un avenir tout en couleurs. Ce soir, à la lumière de la lampe de chevet d’une chambre qui n’était même pas la sienne, les souvenirs perdaient en couleurs et en saveur malheureusement, devenaient un peu plus amers. « Si tu me dis que t’as jamais ramené personne en secret chez toi, je te crois pas. » Il esquissa un petit sourire amusé. « Chez moi, non. » Par chez moi, il insinuait chez ses parents en réalité et ils parlaient tous les deux le même langage ici. « Dans ma chambre d’internat, par contre… » Un quelque-chose que Rose aurait connu, s’ils avaient évolué sur les mêmes années de lycée.

Sentant la main du brun tirer légèrement sur la sienne pour se rapprocher de lui, Ben se laissa faire, fermant les yeux doucement lorsque leurs fronts se retrouvèrent l’un contre l’autre. Le moindre geste tendre de cette manière là avait déjà tendance à faire fondre assez rapidement son coeur, mais alors qu’il n’en recevait plus depuis trop longtemps, cela le touchait particulièrement présentement. Rien qu’une attention de la sorte et il se sentait de nouveau un minimum important, pendant un instant, pour quelqu’un. « J’imagine qu’elle pense que tu es un vrai bon colocataire donc. » Il souffla un petit rire. « Le meilleur de tous. » Elle allait le détester - ça en valait la chandelle; surtout alors qu’Ambrose venait à l’embrasser avec une tendresse qui lui avait manqué et qu’il avait tant désiré recevoir, de n’importe qui, ces dernières semaines. C’était simple, c’était doux, c’était exactement ce qu’il ne devrait pas faire mais face à quoi il était on ne pouvait plus faible. « Pourquoi pas l'Emerald ? » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, le gout de celles d’Ambrose s’imprimant de nouveau dans son esprit, il laissa ses yeux parcourir les traits de son visage un instant, s’accordant aux siens; un soupir échappant à sa vigilance malgré lui. « Je suis fatigué de faire semblant tout le temps. » Ses mots étaient murmurés, presque comme s’ils n’étaient pas assumés - et pour une partie, c’était ça; parce-que c’était un point sur lequel il aurait du réfléchir il y avait bien longtemps, avant de s’engager sur le chemin de la tromperie et du mensonge. « Je voulais pas me retrouver quelque-part où j’ai besoin de prétendre plus que je le fais déjà en temps normal. » Ses épaules s’affaissèrent quelque peu avec l’expiration qu’il lâcha. « J’ai pas besoin de tout ça ici. Et personne viendra me chercher non plus. » Alors que partout ailleurs, il pouvait être en proie au regard de n’importe qui. « T’es le seul à savoir que c’est ici que je me planque depuis tout ce temps. » Et aussi, parce-que c’était non-négligeable. « Et la dernière fois que je suis allé dans un hôtel, l’histoire s’est pas bien terminée. » Pour le moment, où il était vacciné.

Pas assez pour ne pas repousser Ambrose lorsqu’il le couvrait de baisers, comme si c’était là quelque-chose qu’il avait mérité et gagné - il n’en était rien, si ce n’était de l’amertume et de l’indifférence rien ne lui revenait de cette manière là normalement. « J’espère que tu n’as pas oublié la promesse du repas. » Laissant ses mains remonter pour attraper doucement le visage de Rose entre ces dernières, il laissa ses pouces caresser avec douceur ses joues; un vague sourire accroché au coin des lèvres. « Si la question est de savoir si je vais te mettre à la porte d’ici au déjeuner demain, la réponse est non. » Il pencha pour l’embrasser, pour initier cette fois-ci le baiser, pour laisser une tendresse l’envahir autant à l’intérieur de lui que dans les gestes qu’il octroyait à Rose. « Scarlett devrait être au travail d’ici là en plus. On pourra partir sans le faire comme des voleurs. » Si seulement il savait. « Pourquoi tu voulais aller à l'Emerald toi et pas m’inviter chez toi ? » Parce-qu’après tout, la question pouvait être posée dans les deux sens; d’ordinaire, il lui aurait dit de passer sans aucune gêne et cela aurait même pu être arrangeant pour tout le monde. Il ne l’avait pas fait, alors lui n’avait pas insisté sur la question - il se devait de lâcher du lest en ce qui concernait la possessivité qu’il avait naturellement tendance à laisser ressortir lorsqu’il s’agissait de trop de personnes - dont Ambrose.

« Chez moi, non. » Le visage d’Ambrose se recule légèrement du sien, l’air de lui demander s’il est bien certain du mensonge ainsi avancé. « Dans ma chambre d’internat, par contre… » Et le sourire d’Ambrose s’étire déjà, aussi simplement que naturellement tant cette idée lui paraît effectivement bien plus probable. Il ne se montrera pas jaloux d’une époque qu’il n’a pas connue, même si justement, il aurait aimé en faire partie. « J’aurais bien aimé voir ça, tiens. » Il murmure avec amusement, imaginant la tête d’ange de Ruben lui permettre de passer sous tous les radars possibles. Il n’y a pas que lui pour faire ça, mais il n’y a que lui pour le faire aussi bien, et sur ce point le politicien refuse toute négociation. Au fond, la situation actuelle n’en est qu’une variation minime: il n’a pas le droit d’être là, pas le moins du monde, et Ruben a fait de son mieux pour noyer la curiosité d’adultes supposés le surveiller - parce que oui, c’est au moins une partie du travail de Scarlett et ce même sous son propre toit. Rien de plus, rien de moins.

Et même si s’amuser de Ruben représente un de ses passe-temps préférés, Ambrose profite surtout de l’instant présent pour avoir cette douceur et cette présence qui lui manque tant lorsqu’il s’agit du chirurgien. Il a l’impression qu’hier encore tout était plus facile, sans doute parce qu’il n’était pas lui-même engagé dans une véritable relation de couple. Malgré cette dernière, et parce que Mavis sait que ce genre d’instant peut exister (et existe), il embrasse tendrement Ruben entre deux questions et autres commentaires. L’un d’eux se porte justement sur le choix qui a été le sien qu’ils se retrouvent ici plutôt que de profiter de l’impersonnalité maximale de l’Emerald ; ainsi que du simple fait qu’il est géré par la famille d’Ambrose. « Je suis fatigué de faire semblant tout le temps. » Des mots qu’il trouve étranges de la part de Ruben. Il est celui qui a provoqué cette situation, et si Ambrose avait été son seul amant alors ce dernier aurait pu chercher à partage la faute mais puisqu’il n’a pas su se contenter d’un seul, il est plutôt évident que cela relève d’un véritable besoin de la part de Ruben. Il est celui qui mime d’être le parfait gendre à longueur de temps, et celui qui fait aussi de son mieux pour ne jamais se rapprocher de cette idée, pas même un minimum. Il est fatigué mais il ne rentre pas dans le droit chemin pour autant, et si Ambrose ne lui fait pas remarquer, c’est uniquement parce qu’il n’aurait rien à y gagner à ce que Ruben devienne un mari exemplaire. « Je voulais pas me retrouver quelque-part où j’ai besoin de prétendre plus que je le fais déjà en temps normal. » - « T’aurais pas eu à prétendre longtemps. » Une fois la porte de la chambre passée, il n’aurait plus été question d’une telle idée. Ambrose n’insiste pas davantage, n’ayant pas à y gagner non plus à passer une nuit à l’hôtel. Il laisse son visage lentement retomber contre le cou de Ruben, son menton posé à la jonction entre ce dernier et son épaule. Il y reste une seconde, avant d’abaisser son visage pour que seul le bout de son nez se place à cet endroit ; et pour prendre une longue inspiration ravivant le parfum de Ruben dans son esprit. « J’ai pas besoin de tout ça ici. Et personne viendra me chercher non plus. » C’est son refuge, et cette idée il la comprend sans mal, sans envie de la lui enlever non plus. « T’es le seul à savoir que c’est ici que je me planque depuis tout ce temps. » - « Alors je suis un privilégié ? » Il demande avec amusement, pas certain que le terme soit adapté - alors qu’en réalité, il sait simplement qu’il ne l’est pas. Il n’est pas privilégié, il est son amant qui doit se cacher parce que Ruben le premier se cache déjà de sa femme. De toute évidence, les faits sont trop prosaïques pour être évoqués de la sorte. « Et la dernière fois que je suis allé dans un hôtel, l’histoire s’est pas bien terminée. » - « C’est comme ça qu’elle l’a appris ? » Puisqu’il ne peut s’agir que de ça, il ne prend même pas la peine de préciser le prénom du féminin en question. Il n’y aurait pas grand chose pour ébranler Ruben, ni grand monde, et il est encore temps pour lui de choisir entre qui de Mavis ou Nina a brisé son coeur dans un hôtel.

Les mains de Ruben s’enroulent autour de son visage comme un serpent autour de sa proie et il n’a pas le réflexe de survie de chercher à s’en déloger. Au contraire, il profite de la douceur du geste et de l’instant. « Si la question est de savoir si je vais te mettre à la porte d’ici au déjeuner demain, la réponse est non. » Il répond naturellement au baiser initié par le chirurgien, ses lèvres répondant à l’appel des siennes sans se poser davantage de questions - ni aucune, tout simplement. « Scarlett devrait être au travail d’ici là en plus. On pourra partir sans le faire comme des voleurs. » - « J’aime bien l’idée. » Avoir un moment simple et qualitatif, avoir le droit de dévorer Ruben du regard sans devoir se contenir pour une quelconque raison. Avoir le droit de ne pas se cacher, tout simplement. « Tu ne sauves personne demain matin, donc ? » De toute évidence, l’emploi du temps d’Ambrose a déjà été adapté selon l'événement et rien ni personne ne l’attend pour un quelconque rendez-vous. « Pourquoi tu voulais aller à l'Emerald toi et pas m’inviter chez toi ? » Les baisers cessent naturellement alors qu’il repose son regard plus simplement dans le sien, rompant le moment pour enfin retirer ses chaussures et s’asseoir sur le bord du lit. « Je suis pas le seul à avoir les clés de cet appartement. » La première personne à qui il pense est évidemment Mavis, à qui il ne souhaite pas imposer la présence de Ruben dans cet endroit, notamment parce qu’il anticipe déjà toute la colère qui serait sienne. « Et tu te doutes que j’ai pas envie qu’on nous découvre tous les deux. » Ni par Mavis, ni par qui que ce soit d’autre. Il préfère la jouer aussi sécuritaire qu’il le peut, même si cela ne lui paraît déjà pas être grand chose. « Je t’aurais invité si on avait pas d’autres options. » Il n’aurait pas tiré un trait sur lui pour si peu, cependant il n’en a jamais été question dans la configuration actuelle, si bien que cette idée finit par tirer un sourire amusé au plus jeune. « Je t’aurais pas fait rentrer en douce, ça aurait été beaucoup moins amusant. » Et au fond, il n’en pense pas un traître mot. Il tuerait pour passer des soirées normales avec Ruben comme n’importe quel couple, sans avoir à besoin de se poser aucune autre question que le prénom de leurs futurs enfants - dans le cas présent, il le sait, une telle recherche serait une véritable perte de temps. Finalement, son visage retrouve un brin plus de sérieux. « Comment tu vas ? Vraiment ? » Il ne souhaite pas foncièrement le bonheur et l’épanouissement de Nina, mais il souhaite au moins celui de Ruben.

Elle entend d’abord les bruits de pas, un peu étouffés. La chambre de Scarlett est sous les combles, au deuxième étage, ce qui lui donne l’impression d’être dans une petite tour, une sorte de bulle. Mais la maison n’est pas si grande (comparée aux villas de certaines de ses connaissances) et la rue est calme, à peine dérangée par le bruit de l’océan qu’on peut entendre, les fenêtres ouvertes. Ce n’est pas difficile d’entendre Ruben, donc, qui descend les escaliers jusqu’au rez-de-chaussé - sa chambre est au premier étage, pas immédiatement sous celle de Scarlett, heureusement. Elle n’en pense rien, au début, à part relever qu’il est couche-tard, ce soir. Comme elle, d’ailleurs : aspiré par son épisode de Succession, qu’elle regarde sur son ipad, elle a laissé l’horloge défiler, et vient tout juste d’éteindre sa lampe de chevet.

Elle la rallume, un instant plus tard, quand elle entend un bruit étrange. La porte d’entrée ? Elle secoue la tête, frotte ses yeux légèrement endormis. Elle s’apprête à se réécrouler dans son oreiller, quand elle entend à nouveau des bruits qui l’intriguent. Des pas, discrets, certes, mais qui ne sont pas que ceux de Ben. Des éclats de voix, très distants, tout bas. Ils essaient, elle ne peut pas leur ôter. Mais elle n’est pas stupide, et a très bien compris ce qui se passe.

Ambrose est dans la chambre de Ben.

C’est la seule règle qu’elle a donné, pourtant. Immédiatement, elle prend son téléphone, ouvre ses messages. Je vais le tuer, dit-elle. Elle pense même à débarquer dans la chambre, mais l’idée de trouver Ruben nu la stoppe - Ambrose à la limite. Elle pousse un soupir, plonge son visage dans ses mains. Je vais le tuer, se répète-t-elle. Elle hésite, finit par se lever, mais elle ne quitte pas la chambre. Non, à la place, elle choisit de marcher, sans aucune discrétion, de bouger sa table basse, d'ouvrir le robinet de sa petite salle de bain, le fermer. Elle fait assez de bruit pour que Ruben sache qu’elle ne dorme pas, qu’il se sent débile, qu’il sache que demain, elle l’engueulera, et qu’il sera condamné à faire le ménage pendant une semaine - oui, même si Scarlett a une femme de ménage qui vient deux fois par semaine. Tiens, elle pourrait lui donner des congés surprises ?

Elle retombe dans le lit, regarde le plafond, et se surprend à avoir un sourire en coin. Quel imbécile. Et elle met des boule quies, son masque pour les yeux, et s’enfonce dans son oreiller, partagé, comme toujours quand il s’agit de Ben, entre l’envie de rire et de foutre le feu à quelque chose.


@Ambrose Constantine @Ruben Hartfield jsuis venue je repars

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« J’aurais bien aimé voir ça, tiens. » L’amusement était de mise autant dans les paroles de Rose que dans le sourire que Ruben lui adressa à la suite.

Ce dernier finit cependant par disparaitre, pas parce-qu’échanger quelques baisers ne permettait pas de sourire en même temps mais bien parce-que la manière dont tourna la conversation lui donna bien moins envie de le faire. Ils auraient pu aller à l’hôtel, oui; mais les raisons qui poussaient Ruben à ne pas le désirer étaient conjuguées au pluriel là où il aurait préféré n’en avoir aucune. « T’aurais pas eu à prétendre longtemps. » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté alors que le brun nichait son visage contre son cou, appréciant que de trop le contact et la chaleur de sa peau contre la sienne, du souffle qu’il pouvait faire rebondir sur son épiderme. « Ca aurait pas été pareil. » Parce-qu’effectivement, une fois les portes fermées ils auraient été mis à l’abri - mais ce n’était pas pour autant que ce sentiment de fatigue qui accablait le chirurgien ces dernières semaines n’auraient pas été perçu, même derrière les portes fermées. Ils ne se seraient pas retrouvés dans un environnement rassurant, sécurisant, et même s’il était parfaitement au courant que toutes les retombées dont il était victime dans ce même laps de temps étaient entièrement sa faute, un peu de répit ne faisait pas de mal et lui permettrait peut-être d’y voir plus clair. Ou de moins prendre de décisions idiotes. « Alors je suis un privilégié ? » Comme si ce n’était pas déjà évident. « Tu l’as toujours été. » C’était déjà le cas avant, il ne comprenait pas comment c’était possible que ce soit encore le cas aujourd’hui alors qu’il avait passé bien du temps à tenter de l’oublier et de ne pas faire en sorte que ce qu’il avait pu ressentir un jour pour lui refasse surface; un échec cuisant, comme possible de constater.

« C’est comme ça qu’elle l’a appris ? » Ses lèvres se pinçant, il les fit quelque peu claquer entre elles; il avait tendance à oublier que ce n’était pas parce-qu’il était au courant qu’il avait toutes les données et les nuances de ces dernières - et la manière dont Nina avait appris le pot aux roses était encore de celles qu’il gardait pour lui, ne donnant pas cette information au premier passant tant cela n’était pas une fierté pour lui. « Parce-que la réceptionniste les a confondu, oui. » Les n’avait pas besoin d’être précisé, tant il était évident de qui il parlait et surtout tant il était facile de comprendre qui avait été confondu avec qui - surtout quand, comme Ambrose, les deux en question étaient connues. Si le jeune homme lui posait davantage de questions, il y répondrait, mais il ne s’avancerait pas sur le sujet seul tant il préférait pousser sous le tapis cette partie là de l’histoire - il n’était pas fier d’avoir trompé sa femme, mais la véritable honte résidait dans le fait de s’être fait prendre la main dans le sac.

« J’aime bien l’idée. » Et ça leur permettait de survivre un instant de plus avant qu’elle ne leur tombe dessus. « Tu ne sauves personne demain matin, donc ? » Avec un petit sourire un brin amusé, il secoua quelque peu sa tête de droite à gauche. « Ils se débrouilleront sans moi pour être sauvés. » Il aimait bien la manière dont Rose avait de lui demander s’il travaillait: il se sentait davantage utile et important dans son rôle - même si ce n’était pas utile, tant il le répétait à qui voulait ou non l’entendre que c’était le cas.

S’il n’avait pas besoin d’aller à l’hôpital demain matin, il peinait davantage à comprendre pourquoi ils ne pouvaient pas tous deux se réveiller chez Ambrose; il savait que ce dernier avait déménagé il y avait peu de temps, et qu’il était donc de nouveau libre de ses mouvantes et d’inviter qui il voulait chez lui. Non ? « Je suis pas le seul à avoir les clés de cet appartement. » Il n’essaya pas de mettre trop d’interprétation dans le fait qu’il ait décédé de se détacher de lui au moment où il disait ça, accordant simplement à cette idée qu’il se devrait de le faire à un moment et que maintenant ou plus tard revenait au même. Etant donné que c’était un apparemment qu’il avait hérité de Norman, Ruben essaya de se dire que d’autres personnes en avaient peut-être aussi hérité et laissaient simplement profiter du logement - mais pourraient  tout moment débarquer. Là, il se força une fois de plus à penser que c’était cette raison là et aucune autre qui pourrait servir d’excuse - il se refusa de penser que d’autres personnes qui n’étaient pas de la famille du brun pourraient avoir accès à son appartement. « Et tu te doutes que j’ai pas envie qu’on nous découvre tous les deux. » Il esquissa un petit sourire qu’il aurait voulu davantage amusé, se forçant quelque peu, alors que de son regard il suivait les mouvements d’Ambrose. « Je me doute oui. » Il n’en avait aucunement envie non plus. « Je t’aurais invité si on avait pas d’autres options. Je t’aurais pas fait rentrer en douce, ça aurait été beaucoup moins amusant. » Il eut un petit rire - qu’il stoppa aussi tôt, ne cherchant pas non plus à se faire de trop entendre; secouant la tête comme s’il n’approuvait pas le brun alors qu’une partie - infime, presque inexistante - de lui était d’accord avec cette affirmation. Il y avait malgré tout un coté excitant à agir de la sorte, même s’ils auraient tous deux préférés qu’il en soit autrement et que tout soit plus facile, ils n’avaient pas besoin de revenir sur cette partie là.

« Comment tu vas ? Vraiment ? »

Et son visage aurait pris les mêmes traits sérieux que celui d’Ambrose sans plus de délais si seulement ça n’avait pas été pour les bruits provenants de l’étage - oh, ce n’était pas simplement Scarlett continuant sa vie une volée de marches plus haut comme si de rien n’était: c’était elle faisant en sorte de leur faire comprendre qu’elle était présente. Ce n’était pas une surprise, Ruben savait qu’elle était là puisqu’il l’avait vu monter se coucher, et il avait prévenu Rose que c’était le cas. Ce qui était davantage surprenant c’était qu’elle cherche à rappeler cette partie là; parce-que cela ne voulait dire qu’une seule chose: elle avait entendu les allées, venues et voix des deux jeunes hommes et c’était sa manière - la table basse, le robinet - de souligner qu’elle n’était ni sourde, ni dupe. Dommage: il aurait préféré que les deux soient vrai tant il savait d’avance qu’elle allait lui passer un savon. Une règle et il n’avait pas été fichu de la respecter.

Et donc là où il aurait du prendre un air sérieux aussi, il dut se mordre l’intérieur de la joue alors qu’il s’approchait du lit et s’allongeait à plat ventre sur ce dernier, son ventre ayant quelques spasmes des réflexes musculaires du rire qu’il contenait tentant de s’échapper. Ruben décida donc de continuer sur cette lancée plus légère, moins dramatique dans un premier temps, en tournant son visage et son regard vers Ambrose assis à côté de lui. Il reprit à voix basse, presque en murmures: « Je suis en train de me faire remonter les bretelles par Scarlett, plancher et robinet interposés, parce-que j’ai fait rentrer en douce mon amoureux chez elle. Tu penses que je vais comment, sérieusement, hein ? » Même si la finalité de cette histoire n’était pas du tout aussi radieuse que le sourire qui brillait autant en demi-teinte sur ses lèvres et dans ses yeux, il pouvait donner une réponse ajustée à sa réalité sans pour autant y apposer une certaine gravité dans son ton. Relevant sa tête pour la poser dans sa main, coude sur le matelas, ses yeux naviguèrent sur les traits du visage du brun. « Pourquoi tu t’inquiètes ? » Ce n’était pas un reproche, mais une véritable question: ce n’était pas son rôle à lui que de le faire, là où il était supposé être un dommage collatéral comme les autres et que c’était plutôt le rôle de Ben de s’inquiéter pour lui que l’inverse. « J’ai joué, j’ai perdu. Je peux pas dire que j’étais pas prévenu. » Et en disant ceci, c’était son coeur qu’il sentait se serrer dans sa poitrine, se retrouver enseveli sous les émotions que sa position actuelle d’ennemi numéro un lui procurait.

« Tu l’as toujours été. » Il aurait bien des choses à redire face à cette affirmation ferme et définitive qu’il a toujours été privilégié mais Ambrose rend les armes sans même avoir essayé, parce que créer une dispute avec Ruben ce soir représente bien la dernière chose dont il voudrait. Le changement de sujet est plutôt naturel, surtout alors qu’il a la langue bien pendue en compagnie de Ruben, sans doute un peu plus encore alors qu’il est animé par cette idée d’interdit qu’ils vivent ensemble. « Parce-que la réceptionniste les a confondu, oui. » Le sujet de son mariage qui prend l’eau et son amant qui préfère le voir mort plutôt que vivant, par exemple, semble représenter un champ d’action bien plus intéressant à évoquer. En réalité, Ambrose se retient même de rire là où Ruben, de son côté, ne trouve évidemment rien d’amusant à toute cette histoire. « C’est vrai que t’as un type. » Il reprend avec une certaine ironie, n’ayant aucun mal à comprendre comment la réceptionniste a finalement pu échanger une blonde contre une autre, sans chercher plus loin tant il semble évident que Ruben n’aurait eu aucune raison de se retrouver à l’hôtel autrement qu’avec son amante - et qu’il n’aurait jamais été assez con pour y emmener sa femme, dans le même putain d’endroit.

Le point sur lequel il se montre bien moins apte à en rire reste celui de son propre statut marital, qui fait de lui une personne en couple et qui ne s’en cache pas, sauf peut-être face à Ruben. Disons simplement que tant qu’il peut éviter le sujet, il continue d’agir de cette façon, et c’est sur ce point bien précis que l’intervention de Scarlett marque la parfaite transition. Lui non plus n’a pas besoin de grandes explications pour comprendre que son déménagement est sa façon à elle de leur dire qu’ils sont loin d’être aussi discrets qu’ils pouvaient le croire. « Je suis en train de me faire remonter les bretelles par Scarlett, plancher et robinet interposés, parce-que j’ai fait rentrer en douce mon amoureux chez elle. Tu penses que je vais comment, sérieusement, hein ? » Son amoureux. Il est touché par le terme, évidemment, et sûrement parce qu’il n’avait pas eu le droit à la moindre étiquette de la part de Ruben depuis bien longtemps - faisant de “gigolo” la seule qu’il obtient, par nulle autre personne que lui-même. Il est touché, mais il sait aussi qu’il est en train de se faire avoir et que cela ne signifie rien ; trop peu pour qu’il lui demande de répéter le terme, ou même qu’il le souligne pour lui faire comprendre qu’il a eu son impact. « Pourquoi tu t’inquiètes ? » Il adopte la même posture que Ruben, sa tête à son tour posée contre son poing, son coude enfoncé dans le matelas. « C’est ce que font les adultes. » Il ne s’inquiète pas, il se contente de lui demander comment il va vraiment. « J’ai joué, j’ai perdu. Je peux pas dire que j’étais pas prévenu. » Il a été con, personne ne le niera et personne ne le sauvera de cette évidence, mais ce n’est pas pour autant qu’il doit vivre dans des tourments éternels. L’attention d’Ambrose s’égare un instant lorsqu’il replace une mèche de Ruben qui n’était pas même en désordre. « Tu savais que tu jouais avec le feu. » Et qu’il risquait par ailleurs de se brûler, ce qui a été le cas. « Mais c’est pas pour autant que tu mérites d’être malheureux. » Il a le droit au bonheur, lui aussi, et Ambrose le pense peu importe la configuration amoureuse avec laquelle cela pourrait aller de paire dans sa vie. Il est honnête avec lui-même quant à l’idée qu’il y a plus de chances qu’il en soit exclu plus qu’autre chose, et cela vaut mieux pour sa propre vie et ses aspirations aussi.

Ambrose se rapproche doucement, assez pour l’embrasser avec tendresse, avant de reposer sa tête contre l’oreiller à quelques centimètres de Ruben. « Tu m’as pas dit comment t’allais. » Il a répondu par de longues phrases, mais il ne lui a pas dit comment il allait, et tout laisse à penser qu’il ne le laissera pas tranquille avant d’avoir obtenu sa réponse, ce qui n’empêche en rien ses jambes de chercher à créer des noeuds avec les siennes.

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@ambrose constantine (+ @scarlett bridgers)

lieu: logements, bayside.
(c): indicresources (gif), luleaby (codage).

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« C’est vrai que t’as un type. » Le rire qui s’échappa des narines de Ruben n’était en rien amusé - il n’y avait aucune conjonction où cette discussion le faisait rire. « Je peux pas le nier. » Ils aimaient les blondes et les bruns, ce n’était pas quelque-chose de nouveau mais c’était quelque-chose qui jusque récemment n’avait jamais posé problème - il faillait croire que désormais, c’était le cas. A la place des personnes en réception à l’hôtel, peut-être aurait-il fait la même erreur; peut-être aurait-il surtout décidé de ne rien dire puisque la vie personnelle des autres personnes, et surtout des clients, n’était pas quelque-chose à discuter et débattre avec eux au vu et su de tous. Ce qui semblait être de bonne volonté initialement était en train de lui couter son mariage alors bien sur qu’il ne pouvait nier mais qu’il ne pouvait tout de même pas en rire.

Ce dont il pouvait rire en revanche, ce qui permit aussi d’alléger un instant la conversation et l’humeur de Ben fut l’intervention de Scarlett; il la pensait sincèrement déjà rendue aux pays des rêves, à cette heure là, et ne pensait pas qu’elle aurait vent de l’arrivée d’Ambrose sous son toit. Le plan initial était quelque peu compris - celui d’être discrets -, mais ce n’était pas pour autant qu’ils auraient besoin de changer quoi que ce soit. Si elle avait voulu déloger le squatter supplémentaire, le non-officiel en plus de l’officiel, elle serait directement descendue pour toquer à la porte; elle ne le faisait pas, il n’y avait donc pas pression à agir sur cette information. Il revint assez rapidement, peut-être de manière différemment qu’imaginé par Rose, sur la question qu’il lui avait posé. Oh, il devait se douter de comment il allait - comment pouvait-il bien aller, dans les circonstances dans lesquelles il évoluait ces derniers temps ? Et bien sur il était le seul à continuer cette conversation en commençant d’abord par un geste affectif - il aurait voulu garder la chaleur de sa main proche de son visage plus longtemps. « Tu savais que tu jouais avec le feu. » Oui. « Mais c’est pas pour autant que tu mérites d’être malheureux. » Il fit une petite moue. « Ca dépend qui se trouve face à moi. C’est pas ce que la majorité pense. » La majorité contenant Nina et les personnes se rangeant de son côté - et Mavis toute seule du sien, pour des raisons différentes - pensait qu’il se devait d’être malheureux. Il avait joué avec le feu, il s’était brûlé certes mais il avait surtout mis usr le bûcher une innocente qui avait été brûlée avec lui.

Ambrose se rapprocha pour l’embrasser tendrement, il ferma les yeux un instant pour profiter de son attention avant de laisser son regard s’ancrer de nouveau dans le sien. « Tu m’as pas dit comment t’allais. » Il soupira quelque peu. « Tu connais déjà la réponse à cette question. » Ou du moins, il pouvait l’imaginer. « De quoi j’ai le droit de me plaindre, hein ? » Qu’il murmura - pas pour ne pas e faire entendre de la propriétaire des lieux un étage plus haut, mais plus comme s’ils discutaient d’un sujet tabou et ne pouvant être crié sur tous les toits. « Ma vie personnelle, mon mariage, tout tombe à l’eau. Dès que j’essaie de rattraper tout ça d’un côté, ça tombe en ruines de l’autre. Je me réfugie dans le travail pour pas trop y penser mais je m’épuise à la tache et j’ai de plus en plus de mal à pas laisser tout le reste envahir mon esprit. » Après tout, il travaillait là où exerçaient également autant sa femme que sa maitresse - idem, il aurait du y penser plus tôt - et tout sur place lui rappeler tout ce qui avait pu être à lui ces deux dernières années et qui ne l’étaient désormais plus. Sur un ton encore plus bas, retirant son regard de celui d’Ambrose alors que sa main se délogeait pour glisser le long de la jambe du brun et s’apposer sur sa cuisse, la ramenant contre lui, il reprit la parole. « Je sais que je vais devoir faire des choix si je veux pas qu’ils soient faits pour moi, mais ça me brise le coeur d’avance parce-que je sais que je vais encore blesser des personnes que j’aime en chemin. » Et s’il ne le faisait pas, ils seraient blessés quand même mais il ne pourrait pas se vanter d’avoir tenter de faire les choses bien. Sa tête glissa quelque peu sur le matelas pour que son front puisse se coller contre le sien. « Je suis triste, et j’ai peur de ce à quoi vont ressembler les prochains mois, les prochaines années. » Il ferma les yeux, soufflant un rire amer par les narines. « Ose me dire que j’ai pas l’air pathétique, et que je mérite pas le retour de bâton que je me prends. » Rose en serait surement bien incapable, et essayerait peut-être de le dissuader même; mais pour une fois ce n’était même pas ce que Ben cherchait. Il laissa là simplement se faire entendre une réponse on ne pouvait davantage honnête à la question qu’il continuerait de lui poser encore et encore s’il ne répondait pas de manière aussi sincère.

« Tu m’as pas dit pourquoi tu t’inquiétais. » Ou du moins, ce n’était pas tout à fait exact, alors il reprit: « Parce-que les adultes s’inquiètent pas toujours, surtout pas quand ils sont à ta place. Et que je suis à la mienne. » Il devrait le détester. Il devrait avoir au moins de moitié autant envie de le voir disparaitre de sa vie comme c’était le cas pour l’autre blonde - et pourtant, à la première occasion, il avait accepté de le rejoindre ici et de se glisser dans ses bras.

« Ca dépend qui se trouve face à moi. C’est pas ce que la majorité pense. »
« C’est ce que je pense, moi. »

Et à la façon dont il l’annonce à Ruben, il lui fait comprendre que son avis est parfaitement immuable, peu importe ce qu’autrui pourrait venir à en penser. Il sait que Ruben n’est pas parfait, tout comme il sait que bon nombre de ses défauts ne sauraient être excusés, mais il n’a fondamentalement rien de différent de l’homme qu’il a connu il y a des années. Il a terminé ses études, il s’est trouvé une femme, mais il reste toujours le même homme. Les défauts et qualités sont identiques, quasiment trait pour trait. « Tu connais déjà la réponse à cette question. » Mal, donc. Il va mal. Evidemment. Il n’y a rien de surprenant à cela, mais peut-être qu’Ambrose espérait l’entendre de vive voix, sans pour autant savoir ce que cela aurait changé à l’instant présent. Il n’aurait pas davantage trouvé de solutions pour Ruben. « De quoi j’ai le droit de me plaindre, hein ? » La litanie s’étend avec davantage d’explications ; explications dont Ambrose n’avait nullement besoin tant il connaît bien les tenants et aboutissants de tout ce qui pèse sur le cœur du Hartfield. « Tu regrettes ? » Ca, c’est une question à laquelle il n’a pas la réponse. Sa vie tombe en ruines sur l’instant mais il en a profité durant de longues années, alors est-ce que cela suffit pour regretter un seul instant tout ce dont il a profité durant tout ce temps ? Ambrose en doute sincèrement, tout comme il doute qu’une machine à remonter le temps forcerait Ruben à agir différemment. La vérité, c’est qu’il aime aussi se faire plaindre et que le scenario actuel est particulièrement à même d’y parvenir. Ambrose, lui aussi, joue parfaitement son rôle à ses côtés, surtout quand la main de Ruben se pose contre sa cuisse et qu’il ne demande que davantage de proximité encore.

« Je sais que je vais devoir faire des choix si je veux pas qu’ils soient faits pour moi, mais ça me brise le coeur d’avance parce-que je sais que je vais encore blesser des personnes que j’aime en chemin. » Le regard d’Ambrose devient plus insistant dans son observation de Ruben, ces paroles-ci résonnant d’une façon particulièrement différente pour lui. Ruben l’a fait mal à de multiples reprises, c’est un fait, mais puisqu’il peut encore se permettre de quémander des nuits et des étreintes à ses côtés, il continue de penser que tout en valait la peine. S’il en vient à lui avouer que les choix qu’il doit faire ne peuvent le laisser en faire partie, ce serait pourtant bien différent. « Qu’est-ce que tu vas faire ? » Leur regard s’interrompt au moment où Ruben pose son front contre le sien, ce même moment où Ambrose se force à souffler doucement. « Je suis triste, et j’ai peur de ce à quoi vont ressembler les prochains mois, les prochaines années. » Il ne sait pas s’il a un jour entendu Ruben avouer être triste ni même avoir peur, et à vrai dire il préfère encore espérer que tel n’a jamais été le cas, parce qu’il ne mérite pas de subir de telles émotions. Peu importe s’il en a semé les graines, ce n’est pas ce à quoi s’intéresse Ambrose sur l’instant. « Ose me dire que j’ai pas l’air pathétique, et que je mérite pas le retour de bâton que je me prends. » - « T’es pas invincible. C’est ce dont t’as l’air, Ben. Juste une personne normale. » Il avance son menton pour que le baiser qu’il dépose arrive jusqu’à son visage, sans pour autant chercher ses lèvres en particulier. Tout ce qu’il souhaite, c’est qu’il comprenne qu’il a son soutien, son amitié, son amour. « Tu vas te relever. Tout ira bien. » Peu importe les choix qu’il compte faire, Ambrose a confiance en lui. Au moins pour ce point.

« Tu m’as pas dit pourquoi tu t’inquiétais. » Il ne voyait pas de raison particulière à expliquer tant cela lui semble être normal, logique. « Parce-que les adultes s’inquiètent pas toujours, surtout pas quand ils sont à ta place. Et que je suis à la mienne. » Sans savoir pourquoi, cette idée le fait sourire bien plus que de raison. Son esprit rationnel prend sans doute le dessus. « Très honnêtement, je pense que y’a pas beaucoup d’autres personnes qui vivent exactement la même chose. » L’adultère est une chose mais ce qu’ils font eux ne peut se résumer à un tel mot barbare. Ce qu’ils sont ne saurait se résumer à ça. « Laisse-moi ne plus m’inquiéter. » Pour ce soir au moins, cette nuit tout au plus. Il s’écarte de Ruben uniquement pour en venir à nouer ses bras autour de lui, s’assurant ainsi de pouvoir dormir en l’ayant tout près de lui. « Je m’inquiète parce que je tiens à toi. » Parce qu’il sait de ce fait que les derniers jours et semaines sont loin d’avoir été simples à vivre pour lui. Voilà pourquoi il s’inquiète et continuera de le faire, même alors qu’il peut sentir la chaleur de la peau de Ruben contre la sienne et restera dans cette même position pour la nuit entière.

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@ambrose constantine (+ @scarlett bridgers)

lieu: logements, bayside.
(c): indicresources (gif), luleaby (codage).

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« C’est ce que je pense, moi. » Bien sur qu’Ambrose, toujours doux avec lui, ne souhaitait pas le voir souffrir: quelle question.

« Tu regrettes ? » Il n’avait pas l’impression, ni le souvenir, que cette question lui ait déjà été posée; pas de cette manière là, pas en étant réellement intéressée par la réponse qui pouvait être donnée. Et en étant tout à fait honnête, Ruben n’était pas sur de cette posé la question de manière si simple. Laissant un instant de plus le silence les entourer, il soupira un brin par la suite - pas de lassitude, pas d’agacement, plutôt de manière à souligner à quelle point la question lui tombait dessus de manière imprévue. Il ne s’était pas demandé même en étant seul s’il regrettait, parce-qu’il avait eu peur que la réponse soit tellement positive qu’elle lui fasse remettre en question réellement tous ses actes et le fasse entrer dans une spirale sans fin - mais alors qu’il raccrochait son regard à celui de Rose, ce n’était malheureusement pas ce sentiment là qui dominait en son sein en cet instant. « Seulement de plus contrôler comment les choses se passent en ce moment. » Qu’il souffla du bout des lèvres, pas totalement prêt non plus à assumer à haute voix et de manière directe qu’il avait raison - parce-qu’il voyait dans son regard qu’il connaissait, au fond de lui, déjà la réponse à cette question. Il regrettait de voir la manière dont les choses tournaient, parce-qu'il faisait du mal aux personnes qui lui étaient chères - il ne regrettait pas tous les moments qu'il avait pu voler à la normalité au cours des deux dernières années. Ce n’était pas ce qu’il était supposé dire, il savait, mais c’était pourtant ce qu’il ressentait et face à Ambrose, c’était un peu plus simple de le dire.

Il savait qu’il se devait de prendre des décisions qui ne seraient pas forcément réjouissantes pour tout le monde. « Qu’est-ce que tu vas faire ? » Ce n’était pas pour autant qu’il était prêt à les prendre et à envisager comment sa vie pourrait tourner en fonction de celle qui serait l’élue, de décision. « Je sais pas. » Ce n’était pas tout à fait vrai, plutôt: « J’ai pas envie de savoir. » Parce-que Nina prenait déjà des décisions plus ou moins pour lui d’un côté, que Mavis en faisait de même - il était étonné qu’elles ne s’entendent pas avantage, d’ailleurs, à agir tant de la même manière. Il n’avait pas envie de savoir ce qu’il allait faire - garder le déni pour lui encore un instant ne serait que temporaire, mais c’était là encore ce dont il avait besoin.

« T’es pas invincible. C’est ce dont t’as l’air, Ben. Juste une personne normale. » Il accueillit son baiser comme une caresse. « Tu vas te relever. Tout ira bien. » - « J’ai l’air pathétique alors pour que tu me dises ça. » Il n’était pas celui des deux ayant besoin de réassurance normalement; et il n’était pas une personne normale, il se refusait à cette idée parce-qu’il ne souhaitait pas donner raison à Mavis.

Son regard se raccrocha à celui de Rose. « Très honnêtement, je pense que y’a pas beaucoup d’autres personnes qui vivent exactement la même chose. » Et même si un petit sourire réussit à percer sur ses lèvres, il portait une teinte triste sur ces dernières. « Laisse-moi ne plus m’inquiéter. » Quand ils n’étaient que tous les deux comme ça, c’était si faille de l’imaginer. « Je m’inquiète parce que je tiens à toi. » - « Je mérite pas. » Et ce n’était pas pour se faire plaindre pour une fois qu’il donnait cette réplique là, mais parce-qu’il pensait réellement ce qu’il disait: il ne méritait pas que l’on s’inquiète pour lui là où il s’inquiétait déjà assez pour lui sans penser aux autres de son côté; il ne méritait pas que l’on tienne à lui de la sorte alors qu’il partageait sa propre attention en trop de morceaux pour que ce soit raisonnable. Mais il laissa Rose entourer son corps de ses bras, il laissa son propre visage glisser dans le creux de son cou parce-que cela faisait du bien, à travers tout le reste, de se sentir aimé comme c’était présentement le cas. « Merci. » Qu’il lui glissa, dans un murmure, dans un soupir, parce-que c’était le minimum qu’il pouvait lui accorder en cet instant. « De toujours être là. » De pas lui tourner le dos, de ne pas fuir à l’autre bout du monde, de ne pas le pointer du doigt. Il resserra doucement son étreinte autour de lui pour mémoriser sa présence à ses côtés comme si cette dernière lui était due et durerait toute la vie là où ses choix ne portaient pas forcément leurs fruits pour naviguer dans cette direction. « De m’aimer malgré tout. » Qu’il ajouta dans un murmure moins assumé.