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@Helen Stenfield & @Asher Thornhill • septembre 2024

« oh si tu m’avais vu conduire jusqu’ici, tu comprendrais que ce soir, je m’en fous complètement du code de la route. » Asher n’a pas menti en l’affirmant, mais le trajet — aussi écourté soit-il, a permis au pianiste de nourrir toutes sortes d’angoisses quant à sa blessure, sur laquelle il zieute parfois avec une inquiétude sans nom, s’épouvantant de plus en plus de l’aspect gonflé et noirci de son poignet. Des pianistes blessés dont la carrière n’a jamais pu reprendre, il pourrait en citer tout un tas ; rares sont ceux qui ont réussi à retrouver la dextérité d’antan, même avec toutes les rééducations possibles et inimaginables, et il ne se sent pas assez chanceux pour croire que ce sera différent pour lui. ’’Tu crois que c’est foutu ?’’ sous-entendu « est-ce que tu penses que c’est cassé » mais sa question semble englober sa carrière toute entière, et s’il penche son menton sur le côté pour river son regard sur le visage de son fiancé, c’est pour sonder son expression à la recherche d’une étincelle de réconfort : en cet instant précis, pendant que le paysage nocturne défile derrière la vitre, il a juste besoin d’être rassuré, d’entendre que tout ira bien et qu’il n’est pas en train de vivre le dernier acte de sa carrière. Reportant son attention sur sa main, il essaye de toucher son pouce avec son petit doigt mais se heurte rapidement à la douleur engendrée par cette tentative échouée, comme si, sous la peau, on frappait ses os avec un marteau. ’’Arg, putain…’’ son premier réflexe est de souffler un petit air par la bouche en usant de sa main libre pour abaisser la vitre de sa portière, puisque la douleur ravivée lui donne des sueurs froides, dans un mélange d’effroi et de fatalité : s’il est incapable de faire toucher ses doigts opposés, c’est sûrement que le nerf médian est touché. À quel point est-il affecté ? Un court instant, il regarde sa main comme si ses ongles coupés courts détenaient la réponse puis, il ferme les yeux en se tassant un peu plus dans son siège. ’’Tu restes avec moi, pas vrai ?’’ la nuque appuyée contre le dossier de son fauteuil, il fronce les sourcils en même temps que ses paupières lorsqu’il oriente différemment son bras alourdi, juste avant de se rendre compte qu’ils sont enfin devant l’hôpital. Considérant que c’est ici qu’on va alléger sa souffrance en même temps qu’on va réparer le mal qui lui a été causé, il décroche sa ceinture avant d’ouvrir la portière, non sans lancer un regard lourd de reproches sur l’homme assis à l’arrière de la voiture ; ses méfaits semblent l’avoir dégrisé, Sam, mais c’est désormais la culpabilité et la honte qui lui donnent un air totalement égaré. Izan n’a cependant pas la possibilité d’être moralisateur envers lui pour l’instant, puisque la seule chose à laquelle il pense est son poignet estropié. « ça va aller mon coeur, je suis avec toi. » à voir la manière dont il empoigne sa main de la sienne, Izan ne compte pas le laisser partir de toute façon. ’’Merci d’être venu…’’ il le souffle en mélangeant leurs doigts pour les entrelacer, ayant besoin de ce contact physique avec son anglais pour se rassurer ’’Helen arrive ?’’ qu’il demande d’une voix quelque peu tremblante en rentrant dans le hall des urgences, priant pour que sa meilleure amie puisse se libérer de ses obligations dans l’immédiat afin de s’occuper de lui ; de toute façon, il n’acceptera aucun autre médecin.

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@Helen Stenfield & @Izan Da Silva    • septembre 2024

L’anglais essayait tant bien que mal de contrôler ses inquiétudes. Il se demandait bien ce qu’il s’était passé pour que son fiancé soit dans cet état. Qu’est-ce que Sam avait bien pu lui faire? Il avait du mal à croire à un simple accident. Malheureusement, il était totalement impossible de revenir en arrière. Ash ne possédait pas de machine pour revenir dans le temps sinon il l’aurait utilisé dans ce moment précis. Il n’avait pas non plus le pouvoir de soulager la douleur  de son compagnon. La seule chose qu’il pouvait faire, c’était d’être présent pour lui et de l’amener vers les ressources qui allaient parvenir à le remettre sur pieds. Du moins, il espérait que le dommage n’était pas trop extensif. À voir les ecchymoses et l’enflure, ce n’était pas bon signe. Il n’était pas médecin, il n’était pas non plus chirurgien et ses connaissances médicales restaient faibles. Ash devait se montrer toutefois optimiste pour le moral de son compagnon. Cela ne donnait absolument rien de paniquer pour le moment. ’’Tu crois que c’est foutu ?’’ En guise de réponse, il mit sa main libre sur la cuisse de son compagnon pour essayer de le rassurer. Quelques secondes de silence suivirent tandis qu’il se concentrait sur un virage. Il ne pouvait pas tourner sa tête vers Izan, mais il lui glissa un « tout va bien aller, mon coeur. » qui se voulait rassurant. Son fiancé ouvrit la fenêtre pour s’éclaircir sûrement les idées. Ash ne s’était jamais  rien brisé, alors il ne pouvait pas s’imaginer la douleur qu’il pouvait ressentir.  ’’Tu restes avec moi, pas vrai ?’’ Ce n’était même pas une question. « je suis avec toi… toujours. Je ne disparais pas. je vais rester avec toi. » Il trouvait important de lui mentionner que peu importe ce qui suivrait, il serait à ses côtés. Ash serait toujours là pour lui. Lorsqu’ils arrivèrent finalement à l’hôpital après avoir sillonné les routes à vitesse grand v, Ash se tourna vers Izan et lui fit un sourire qui se voulait rassurant. Il l’aida ensuite à sortir, puis son fiancé prit sa main libre dans la sienne et ils enlacèrent leurs doigts. L’anglais pris quelques secondes pour caresser sa paume de son pouce.  ’’Merci d’être venu…’’ Ash était soulagé d’avoir répondu à son appel. Il s’en aurait voulu pour toujours de ne pas avoir pu lui venir en aide dans ce moment critique. Il regarda autour de lui pour remarquer que Sam avait finalement disparu. Il l’avait oublié durant plusieurs minutes et c’était pas plus mal. Ash n’aurait pas aimé devoir l’affronter à nouveau. « peux-tu me dire ce qui s’est passé? » Il avait besoin de comprendre comment Izan s’en était retrouvé là, mais était-ce réellement si important? ’’Helen arrive ?’’ - « ils m’ont dit qu’ils avaient réussi à la rejoindre. tu devrais t'asseoir en attendant… » Il le guida vers une chaise pour qu’ils ne soient pas dans le chemin de qui que ce soit. Se faire renverser par un médecin trop pressé  n’allait aucunement aider à leur situation. Ash espérait simplement qu’Helen allait en effet arriver très vite pour qu’ils aient une meilleure idée de ce qui allait se passer par la suite.

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@Asher Thornhill & @Izan Da Silva st vincent - septembre 2024
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« Monsieur Da Silva est aux urgences, il ne veut que vous comme médecin. » Personne n'avait envie d'entendre ce genre de paroles dans un hôpital, encore moins lorsqu'on représentait la figure médicale. Ces mots ne firent qu'un tour dans sa tête, ce qui l'incita à délaisser la tablette sur laquelle elle consultait ses dossiers sur l'un des comptoirs des infirmières pour se précipiter en direction des urgences. Rien au monde n'était plus important qu'Izan, aucun autre patient ne compterait à ses yeux, si bien qu'elle indiqua à l'un de ses collègues en passant qu'elle se rendait immédiatement trois étages en-dessous, sans discussion possible. La peur la tiraillait, même si Helen tentait de se rassurer en se répétant que si son meilleur ami était capable d'exiger sa seule et unique présence, l'état dans lequel il se trouvait n'était probablement pas aussi grave que ce que sa tête tentait de lui faire imaginer. Son téléphone vibra deux fois dans sa poche, l'incitant à s'en emparer en passant qu'il s'agissait justement du pianiste. Mais non, c'était Sam. La jeune femme verrouilla son smartphone, puisqu'elle n'avait pas le temps pour le moment de dire ce que son ex futur mari avait à lui dire. Le trajet qu'elle connaissait pourtant par-coeur lui parut interminable, et lorsqu'elle arriva enfin dans le service des urgences, son regard foncé balaya les couloirs et trouva le couple un peu plus avancé dans le hall, le pianiste assis sur une chaise. Les derniers mètres à parcourir se firent d'un pas rapide, les sourcils froncés et la mine visiblement très inquiète. « Hey... qu'est-ce qu'il se passe ? » Très vite, la jeune chirurgienne comprit que quelque chose semblait clocher au niveau de sa main, puisque le pianiste la maintenait contre son torse, comme s'il s'empêchait d'exercer un quelconque mouvement avec celle-ci. En regardant de plus près, un air grave remplaça son inquiétude lorsqu'elle remarqua le gonflement au niveau de son poignet, ainsi que l'hématome qui faisait virer sa peau presque au noir. « Izan, ton poignet ! » Si la jeune femme était rassurée sur le fait que son meilleur ami n'était pas entre la vie et la mort, elle était profondément choquée de l'état de son poignet qui, de son regard d'experte orthopédique, était cassé. Elle était capable, à vu d'œil, d'établir le diagnostic d'une fracture du radius. Vu la déformation de l'endroit où se trouvait plusieurs os entre les carpiens et le cubitus, Helen était presque sûre et certaine de son analyse médicale. « Excuse-moi de t'annoncer ça de but en blanc Izan, mais ton poignet m'a tout l'air fracturé. On va devoir confirmer ça avec une radio, suivez-moi. » Le pianiste était la priorité numéro 1 à ses yeux et dans son cœur, alors c'était sans aucune culpabilité qu'elle le ferait passer en priorité dans le service de radiologie. En passant dans le couloir, la jeune femme s'empara d'un dossier puis guida le couple jusqu'à une porte qui menait directement vers le service souhaité. Izan était blanc comme un cachet, et ça se comprenait. C'était son talent, son travail, sa passion, qui allaient être remis en cause à cause de cette fracture. « Asher, je peux te demander de remplir les informations pour Izan le temps que je le consulte avant la radio ? » Le guitariste était aussi peu assuré que le pianiste, à juste titre. Elle indiqua à Izan de s'installer sur le lit d'auscultation, tandis qu'elle montrait le petit bureau de la tête à Asher pour qu'il soit plus confortable pour remplir le dit document. « Comment tu t'es fais ça ? » Lui demanda-t-elle, avant de faire quoique ce soit. De sa part, c'était étonnant. Izan savait que ses doigts et ses mains étaient beaucoup trop précieuses pour prendre le risque de se blesser. Alors, elle était toute ouïe...

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@Helen Stenfield & @Asher Thornhill • septembre 2024

« tout va bien aller, mon coeur. » il a demandé à être rassuré, Izan, mais les paroles de Ash lui sonnent cruellement fausses, comme forcées par la seule volonté d’être réconfortantes mais sans aucune conviction appuyée derrière. Mais avoir l’impression qu’on lui dit ce qu’il veut entendre ne l’empêche pas de s’accrocher à cet espoir de toutes ses forces, même si ses yeux reviennent immanquablement sur l’état désastreux de son poignet gonflé et noirci, qu’il tient contre son torse en s’aidant de sa main libre pour le stabiliser malgré les soubresauts de la voiture. ’’Oui, tu as raison, ça va aller.’’ le déni est pour l’instant sa meilleure défense face aux angoisses qu’il accumule dans un coin de sa tête, mais qu’il s’efforce de tenir à bonne distance de sa conscience : dans l’instant présent, il réagit avec un état presque mécanique, pris dans le tourbillon des évènements qui le laissent tout bonnement sidéré, sans grande place pour les réflexions ou les certitudes. « je suis avec toi… toujours. Je ne disparais pas. je vais rester avec toi. » il n’en doutait pas, dans le fond, mais l’entendre le réconforte suffisamment pour qu’il l’observe quelques secondes en souriant avec une douceur qui s’élime lorsque la douleur de sa fracture le pousse à froisser les traits de son visage, même s’il garde ses complaintes pour lui, ne voulant pas que son homme s’inquiète davantage à son sujet.

Une fois à l’hôpital, il ressent un mélange de soulagement et d’appréhension ; le premier parce qu’on va enfin amoindrir ses souffrances et le deuxième parce qu’il redoute les conclusions de sa meilleure amie. Et si elle lui disait que son poignet est complètement foutu ? Qu’est-ce qu’il pourra faire ? « peux-tu me dire ce qui s’est passé? » rentrer dans les détails serait peut-être un peut trop long mais, en prenant place sur la chaise à côté de Ash, il se tourne complètement vers lui pour se pencher en sa direction, appuyant son front contre l’épaule de son anglais en résumant, d’une voix blanche : ’’Il était bourré, j’ai voulu l’empêcher de boire comme Helen m’avait demandé et il m’a cassé le poignet. Ce connard.’’ il le rajoute en dernier parce que ça ne coûte rien mais que ça le soulage grandement ’’Elle est longue à venir…’’ ou peut-être que la douleur rend l’attente encore plus pénible que son impatience naturelle, difficile de trancher. Tenant toujours son coude de son autre main, il grapille encore un peu de place sur son épaule jusqu’à ce que son front s’accole contre la peau fine de sa gorge, respirant l’odeur de sa peau qui l’apaise, lui permettant de rester tranquille jusqu’à l’arrivée d’Helen. « Hey... qu'est-ce qu'il se passe ? » se redressant lentement, il presse ses lèvres l’une contre l’autre en éloignant lentement son poignet heurté de son torse, afin de le rendre un peu plus visible pour la chirurgienne qui ne tarde pas à réagir « Izan, ton poignet ! » il cligne des paupières en penchant son menton à gauche et à droite, n’ayant pas besoin de confirmer qu’il y a un gros problème avec son avant-bras, considérant qu’elle doit même en être davantage consciente que lui. ’’Je sais.’’ - « Excuse-moi de t'annoncer ça de but en blanc Izan, mais ton poignet m'a tout l'air fracturé. On va devoir confirmer ça avec une radio, suivez-moi. » il aurait dû le voir venir, il s’était même préparé à l’entendre mais, qu’elle le formule ainsi, aussi brutalement, lui fait l’effet d’une douche froide et il bloque sa respiration en baissant légèrement le menton comme pour encaisser le choc d’une réalité à laquelle il ne peut plus se soustraire ; il ne peut pas se conforter dans l’idée que tout ira bien comme Ash l’a dit un peu plus tôt. Il est impossible tout aille bien, désormais.

« Asher, je peux te demander de remplir les informations pour Izan le temps que je le consulte avant la radio ? » il entend la voix de sa meilleure amie mais elle est tant recouverte par ses propres pensées qu’il ne discerne que rien d’autre que l’entremêlement d’idées qui se succèdent ; comment va-t-il l’annoncer à son label ? Est-ce qu’ils accepteront de mettre tous ses projets en attente, le temps qu’il récupère ? Est-ce qu’il va, un jour, récupérer toute sa motricité justement ? Prenant place sur le lit désigné par Helen, il ravale difficilement sa salive en serrant les mâchoires, ayant toute la peine du monde à ne pas se laisser déborder par les émotions qui s’entrechoquent derrière ses lèvres closes ; douleur, colère, tristesse. C’est un flot incessant qui le ferait sans doute pleurer s’il était davantage apte de verser plus facilement quelques larmes. Il a l’impression d’être otage à l’intérieur de son corps, incapable de sortir le moindre mot ; dans la géographie de la peur, sa peau est devenu une prison silencieuse de laquelle il ne parvient pas à s’échapper. « Comment tu t'es fais ça ? » jetant une oeillade en direction de son fiancé, il passe la pointe de sa langue sur ses lèvres en n’ayant pas vraiment le loisir de réfléchir outre mesure sur la marche à suivre ; dire la vérité reviendrait à rendre Helen coupable d’un crime qu’elle n’a pas commis, puisque si elle n’est pas responsable de ce qu’il vient de se passer, Izan très bien qu’elle en portera la faute, étant celle qui lui a demandé d’empêcher Sam de sombrer dans l’alcoolisme. ’’Je suis tombé.’’ il n’est pas fier de lui mentir, et il n’apprécie pas non plus de le faire pour couvrir l’enflure qui lui a causé cette blessure mais, pour Helen, pour la protéger et lui éviter une lourde culpabilité, il prend sur lui en plus de tout le reste. ’’Est-ce que tu peux me donner un truc pour la douleur ?’’ il est presque sûr qu’il parviendra plus facilement à réfléchir — et accepter la situation, quand il n’aura plus l’impression que son poignet est broyé par des marteaux qui le frappent sans cesse, sans savoir qu’il met le pied sur un sentier dangereux…

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@Helen Stenfield & @Izan Da Silva    • septembre 2024

En réalisant que Sam avait disparu, le calme avait repris sa place dans l’esprit d’Asher, mais l’inquiétude était toujours bien présente. Il essayait tant bien que mal de ne pas la laisser transparaître dans le ton de sa voix ni dans les gestes qu’il avait envers son fiancé. Il savait que pour Izan, cette situation était angoissante. Il aurait aimé avoir les bons mots, il aurait vraiment voulu agir comme un baume sur son âme. Il lui avait toujours promis d’être son bouclier et il avait failli à la tâche. Il aurait pris volontier le coup à la place de son fiancé. Cela aurait définitivement eu moins de conséquence. Ash ne savait pas à quel point cela aurait un impact sur l’homme qui allait partager le restant de ses jours avec lui. Mais ce qu’il savait, c’était qu’il allait être là à toutes les étapes et qu’il ne le laisserait pas tomber. Ash s’efforça donc de continuer de le rassurer, mais visiblement ses mots n’avaient pas l’impact escompté et une sensation de tristesse s’empara de son cœur. Ce sentiment d’impuissance n’allait sûrement pas le quitter de si tôt. ’’Il était bourré, j’ai voulu l’empêcher de boire comme Helen m’avait demandé et il m’a cassé le poignet. Ce connard.’’ Ash poussa un profond soupir. L’homme fautif n’était plus là malheureusement pour s’expliquer davantage et l’anglais essaya tant bien que mal de se répéter que le mal était fait et qu’on ne pouvait plus revenir en arrière. Être en colère ne servait à rien, mais la petite bête était tout de même là dans un coin de sa tête. Elle le narguait et se moquait de lui de ne pas avoir su défendre l’homme de sa vie contre la bêtise humaine. « je salue ta persévérance à essayer de l’aider, mais je vais être honnête avec toi. j’espère que c’était la dernière fois. je veux dire… s’il ne veut pas s’aider lui-même et qu’il laisse un tel bazar derrière lui, je pense que ça ne vaut plus la peine de faire des efforts pour lui. ». Ash pencha sa tête contre celle de son homme qui était contre son épaule. Il avait envie de le serrer contre lui, mais il ne voulait pas accidentellement toucher à son poignet. ’’Elle est longue à venir…’’ - « je suis certain qu’elle fait au plus vite. » Du mieux qu’il pouvait, il essayait de se coller davantage à son homme pour lui transmettre de l’énergie positive. Il aurait tellement aimé le soulager un peu de sa douleur et en absorber une partie.

Finalement, le cours de ses pensées chaotiques fut interrompu par l’arrivée d’Helen. Son fiancé se redressa et Ash observa ce dernier présenter son poignet à la chirurgienne qui s’exclama à sa vue. Ash n’eut que le réflexe de serrer les dents, puisque sa réaction n’avait absolument rien de rassurant. « Excuse-moi de t'annoncer ça de but en blanc Izan, mais ton poignet m'a tout l'air fracturé. On va devoir confirmer ça avec une radio, suivez-moi. » Il admirait la franchise d’Helen, mais évidemment, il aurait apprécié qu’elle soit un peu plus délicate dans la manière de l’annoncer à son meilleur ami. Ash posa sa main sur la cuisse de son compagnon et essaya de la serrer doucement dans un geste de réconfort avant qu’ils ne se lèvent tous les deux et ne la suivent dans le couloir qui les mena vers une autre salle. « Asher, je peux te demander de remplir les informations pour Izan le temps que je le consulte avant la radio ? » Ash acquiesça et commença à remplir les documents tout en les observant du coin de l'œil. L’anglais avait entièrement confiance en Helen, mais il était vraiment inquiet pour Izan. Oui, il n’aimait évidemment pas le voir souffrir physiquement. Cela lui brisait le cœur d’assister à sa douleur, mais il savait que ce n’était rien en comparaison de ce qui se tramait dans son esprit. L’homme de sa vie croyait encore et toujours qu’il n’était que son piano et rien d’autre. Le fait qu’on lui enlève, ne serait-ce que temporairement, une de ses seules raison d’être allait le mettre dans un état que Ash n’était même pas en mesure de s’imaginer. C’était ce qui lui faisait le plus peur. « Comment tu t'es fais ça ? » demanda Helen et Ash ne put que froncer les sourcils en entendant la réponse de son fiancé. Il ouvrit la bouche, mais se retint de répondre. Cela ne l’empêcha pas de serrer les dents, puisqu’il se rendait coupable de complicité en ne disant rien. Mais il ne voulait pas contrarier Izan. ’’Je suis tombé.’’ Ash poussa un soupir, mais il comprenait ce que son fiancé essayait de faire. Il ne protégeait pas Sam, bien au contraire, il cherchait simplement à protéger Helen. ’’Est-ce que tu peux me donner un truc pour la douleur ?’’ demanda-t-il. Ash, entre temps, avait fini de remplir les documents. Il alla plus près de son fiancé et déposa un tendre baiser sur son front. Il vint ensuite tenir sa main libre dans la sienne pour tenter une nouvelle fois de le rassurer. Ce n’était vraiment pas facile d’assister impuissant à la situation.

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Même si son meilleur ami avait souvent des difficultés à gérer ses émotions, et surtout son stress, Helen ne pouvait pas lui mentir et lui dire que tout allait bien se passer. Vu l'état de son poignet, son ami n'allait pas pouvoir mener sa vie tranquillement, comme il l'entendait d'habitude, puisqu'il semblait vraisemblablement cassé. Pour un pianiste, c'était une situation grave, et délicate... elle n'imaginait pas les difficultés qu'il allait rencontrer à travailler ces prochaines semaines. Même si une radio était nécessaire pour confirmer ce qu'elle pensait, Helen se trompait très peu dans ce type de constat. Le trio s'avançait donc en direction du service de radiologie et s'engouffra dans l'une des salles. Asher s'attela à remplir le dossier d'Izan, à la demande de la chirurgienne, tandis qu'elle questionnait Izan sur la raison de cette blessure. « Je suis tombé » L'explication était simple, peut-être même trop courte. La chirurgienne resta silencieuse quelques secondes, s'attendant à davantage de précisions, sur sa chute notamment. Mais rien. Ce manque d'informations l'incita à tourner la tête vers Asher, qui semblait confirmer les dires du pianiste, puisqu'il ne réagit pas non plus. « C'est tout ? Tu es tombé comment ? Où ? » Elle voulait en savoir plus, surtout pour le côté médical, en fait. Non pas parce qu'elle doutait de la véracité de ses propos. La manière dont il était tombé sur son poignet pouvait confirmer ou non si tel ou tel os était fracturé. « Est-ce que tu peux me donner un truc pour la douleur ? » La chirurgienne acquiesça positivement, consciente que la douleur devait être très vive, en plus du fait qu'Izan n'était pas toujours un très bon malade. « Je te donnerai quelque chose après la radio, ça va être notre tour. » Répondit-elle, tandis qu'Asher se rapprochait d'Izan pour lui tenir sa main valide et tenter de le rassurer. Un voyant lumineux au-dessus de la porte annonça que la place venait de se libérer, ce qui l'incita à se lever : « On peut y aller, ce n'est pas long du temps. » S'adressa-t-elle à Asher, qui ne pouvait malheureusement pas se rendre dans l'autre pièce. La radio ne durait que quelques secondes, le plus long serait l'installation pour veiller à ne pas lui faire mal en posant son bras. La chirurgienne et le pianiste se rendit donc en tête à tête, Helen prenant le relais pour rassurer son meilleur ami qui semblait vraiment six pieds sous terre. « Je vais tout faire pour que tu te sentes mieux, tu le sais ? » Elle n'allait pas le laisser souffrir, sa douleur allait bientôt s'estomper grâce aux calmants qu'elle lui prescrirait. Très rapidement, la brune indiqua à Izan l'endroit où il lui fallait poser son bras puis elle s'affaira à réaliser sa radio. Comme dit à Asher, cela ne dura que quelques minutes. Lorsqu'ils retournèrent dans la pièce avec Asher, Helen avait déjà les résultats entre les mains, et elle déposa la radio contre le tableau lumineux pour l'analyser. Comme ce qu'elle craignait, le radius était cassé, la fêlure se voyait très nettement sur l'image. « C'est fracturé, juste là. » Leur indiqua-t-elle, en désignant la partie de son petit doigt pour éviter qu'elle ne masque l'endroit. La fracture lui était visible à son œil nu par habitude mais, heureusement, elle n'était pas si grave que ce que cela pouvait paraître. « Tu ne vas pas avoir besoin de chirurgie, mais il va falloir t'immobiliser le bras. » Il n'y avait pas d'autres choix. « Je peux te proposer le plâtre, sinon je peux te mettre une attelle thermoformable. Elle te permettra plus de liberté au niveau des doigts. Je ne te conseille pas du tout de jouer de piano durant les 2 prochaines semaines, mais si vraiment tu n'as pas le choix, tu pourras accéder aux touches. Avec les calmants, ça devrait le faire, mais n'en n'abuse pas de trop. » Tout en parlant, la jeune femme s'emparait du matériel pour lui présenter la nouvelle forme d'attelle qui existait, et qui lui conviendrait certainement mieux que le plâtre jusqu'au coude. « Tu devras la garder au moins 4 semaines. On refera un check-up pour voir si plus de temps sera nécessaire. Et il est fort possible que tu aies besoin de quelques séances de rééducation lorsqu'on la retirera. » Izan sembla convaincu par sa proposition, ce qui l'invita à lui poser l'attelle, sous les yeux observateurs d'Asher. L'installation fut très rapide, l'avantage avec ce choix-là était qu'il serait parfaitement immobilisé, sans pour autant se sentir gêné par un plâtre qui généralement grattait énormément leurs malheureux possesseurs, sans parler du poids. Après cela, la chirurgienne s'empara de son calpin d'ordonnance pour lui prescrire les calmants qu'elle lui avait promis contre la douleur : « Surtout ne dépasse pas la dose prescrite, ce sont déjà des calmants très forts contre la douleur. » Puis elle se tourna vers Asher : « Tu surveilles bien notre mauvais malade qui serait bien capable d'avaler le tube entier, on le connait, hein ? » C'était une boutade, destinée à alléger un peu l'atmosphère dans la salle. « Tu devrais t'en sortir sans séquelles durables, tu as eu de la chance. Malgré la chute, tu as su tomber sans trop de dégâts importants. » Puisqu'il lui disait qu'il s'agissait d'une chute, bien évidemment qu'elle le croyait. Helen avait bien trop confiance en Izan pour savoir qu'il lui mentait. « Je vous raccompagne jusqu'à la sortie des urgences. ça va aller ? » Était-il moins paniqué, maintenant ? Il pouvait l'être, en tout cas.

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@Helen Stenfield & @Asher Thornhill • septembre 2024

« je salue ta persévérance à essayer de l’aider, mais je vais être honnête avec toi. j’espère que c’était la dernière fois. je veux dire… s’il ne veut pas s’aider lui-même et qu’il laisse un tel bazar derrière lui, je pense que ça ne vaut plus la peine de faire des efforts pour lui. » il ne peut pas le contredire, Izan, quand même bien échappe-t-il un soupir en réalisant que s’il n’est plus impliqué dans le sauvetage de Sam, ce dernier va probablement sombrer si profondément dans l’alcool qu’il faudra un régiment de ravitaillement pour le ramener à la surface. Le professeur ne semble pas avoir une armée d’amis prêts à bondir autour de lui pour l’aider, personne pour traverser la ville aux petites heures de la nuit pour s’assurer qu’il n’est pas (encore) en train de se bousiller avec une bouteille mais, avec la blessure dont il vient d’hériter, Izan n’a plus vraiment envie d’être cette personne-là. ’’Je sais.’’ fixant un point invisible à travers les deux portes automatiques de l’hôpital, il attend quelques secondes avant de conclure d’une voix neutre, sans réjouissance aucune ’’Je vais le laisser se débrouiller seul, tant pis.’’ Helen ne pourra pas lui en vouloir d’abandonner le navire, pas après ce qu’il vient de se passer, pas vrai ? Mais il ne compte pas lui dire de façon aussi nette, si bien que lorsqu’elle lui demande comment son poignet s’est retrouvé estropié de la sorte, il trouve une parade, une excuse vieille comme le monde qui ne suffit visiblement pas à satisfaire la curiosité de la chirurgienne puisqu’elle creuse davantage le sujet « C'est tout ? Tu es tombé comment ? Où ? » il n’a aucune envie de lui mentir, il le fait seulement parce qu’il a l’impression d’y être contraint, parce qu’il redoute l’instant où elle fera le lien entre la demande qu’elle a formulé il y a quelques secondes, et la finalité de l’aide apportée à son ancien conjoint : ce n’est pas de la faute d’Helen s’il a le poignet cassé, si sa carrière est compromise et s’il ne pourra peut-être plus jamais jouer du piano comme avant, mais il connaît suffisamment sa meilleure pour savoir que ce sera la première chose à laquelle elle pensera. ’’Chez nous, à l’appart… Tu sais, je ne range jamais mes affaires. J’ai glissé sur un truc et voilà, je suis tombé.’’ pour tourner en dérision et ôter la gravité de cette situation pour le moins risible, il hausse ses sourcils en secouant légèrement son menton à gauche et à droite dans de petites oscillations, en donnant l’impression de se moquer de sa propre condition. « Je te donnerai quelque chose après la radio, ça va être notre tour. » il ne comprend pas tellement pourquoi il ne peut pas avoir un anti-douleur avant la radio, ne pensant pas que le médicament pourrait modifier le résultat des images mais, bien trop assommé par toutes les idées désastreuses qui se bousculent dans sa tête, il ne relève pas vraiment. Pour une fois qu’il ne râle pas…

Et s’il ne râle pas non plus pendant la radio, c’est uniquement parce qu’il espère que les résultats soient moins catastrophiques que prévus mais… « C'est fracturé, juste là.  » il ne regarde même pas l’image désignée par Helen mais baisse les cils en sentant une boule douloureuse se former dans sa gorge, dans une sensation terrible qui redescend jusque dans son ventre noué, et il serre les dents en même temps qu’il ferme les yeux durant quelques secondes, avant de lever un regard emplit d’incertitudes vers Asher, donnant l’impression de lui demander « et maintenant, qu’est-ce qui va se passer pour moi ? » « Tu ne vas pas avoir besoin de chirurgie, mais il va falloir t'immobiliser le bras. » c’est peut-être la seule bonne nouvelle de cette soirée foireuse, qu’il va éviter de passer sur le billard « Je peux te proposer le plâtre, sinon je peux te mettre une attelle thermoformable. Elle te permettra plus de liberté au niveau des doigts. Je ne te conseille pas du tout de jouer de piano durant les 2 prochaines semaines, mais si vraiment tu n'as pas le choix, tu pourras accéder aux touches. Avec les calmants, ça devrait le faire, mais n'en n'abuse pas de trop. » il essayera c’est clair, et il n’a pas besoin de croiser son regard pour qu’elle le sache mais il le fait quand même, ne prenant même pas la peine de lui mentir avec de fausses promesses ; bien sûr qu’il va essayer de jouer, peut-être pas ce soir en rentrant car il anticipe le refus de son fiancé mais dès qu’il sera seul. Pour l’instant, il observe sa meilleure amie qui recouvre son poignet avec une attelle donc il a déjà oublié le nom, en lançant des regards quelque peu anxieux vers son fiancé, dont la présence le rassure grandement. « Surtout ne dépasse pas la dose prescrite, ce sont déjà des calmants très forts contre la douleur. Tu surveilles bien notre mauvais malade qui serait bien capable d'avaler le tube entier, on le connait, hein ? » la plaisanterie — qui sera d’une cruelle ironie d’ici quelques semaines, ne le fait même pas réagir, et il regarde son poignet en cherchant la main de son fiancé de celle qu’il a encore libre. « Tu devrais t'en sortir sans séquelles durables, tu as eu de la chance. Malgré la chute, tu as su tomber sans trop de dégâts importants. » il n’a pas l’impression, lui, d’avoir eu de la chance, mais il accepte l’idée d’un simple haussement de sourcils, n’ayant pas le coeur à faire entendre la façon dont il perçoit les choses. Il ne se sent pas chanceux, ni même veinard et encore moins favorisé, et il ravale sa salive en se levant pour se remettre sur ses jambes, même s’il a l’impression qu’elle le menace de plier sans son accord. « Je vous raccompagne jusqu'à la sortie des urgences. ça va aller ? » non, bien sûr que non ’’Ça va aller, oui.’’ il la remercie d’un bref sourire et d’un regard appuyé avant de se tourner vers son anglais, avec lequel il compte bien rentrer chez lui. Les murs de leur appartement ne vont pas faire disparaître sa blessure mais, au moins, il pourra prendre le temps de réfléchir à la façon dont il va annoncer la nouvelle à son label. Assurément, ils seront beaucoup moins conciliants et doucereux que son fiancé.