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Hadley Wellington + @Leslie Cohen
lieu: résidences, bayside

Les retrouvailles avec Samuel avaient été catastrophiques. Tu t’attendais à ce qu’il ne soit pas ravi de te voir débarquer, qu’il ne veule pas que tu entres dans sa maison, mais tu ne t’attendais pas à tant de colère. Lui avouer les raisons de ton départ t’avait également replonger dans un état que tu n’avais pas prévu. Tu étais convaincue que tu étais guérie, que rien ne pouvait t’atteindre à nouveau. Toutefois, tu devais t’avouer que ce n’était pas tout à fait le cas. Même si tu n’étais plus la femme suicidaire et déprimé que tu étais en quittant cette famille qui te donnait l’impression de te noyer, replonger dans tous ces souvenirs te tordaient le coeur. La douleur refaisait surface et tu ne savais pas comment faire pour la faire partir. Tu te devais de remettre les barrières de pierre en place autour de ton coeur et de ta tête pour ne pas replonger. La femme du refuge de Melbourne t’avait mise en garde lorsque tu avais quitter la sécurité de leur mur : la dépression était insidieuse. Elle n’était jamais bien loin même lorsqu’on se pensait guéri depuis bien des années. C’est les yeux pleins de larmes que tu quittas le porche de ton mari. Un coup assise dans ta voiture, tu laissas tomber toutes les barrières et la tristesse ainsi que la douleur qui déchirait ton être se mit à dévaler sur tes joues sans que tu ne puisses rien retenir. Tu ne savais pas si Samuel te regardait par ta fenêtre, mais tu n’avais plus la force de jouer à la femme forte que tu étais. C’est de peine et de misère que tu réussis à prendre le volant, à conduire à peine quelques rues plus loin, toujours dans le quartier de Bayside pour te garer dans l’allée de la maison de Leslie. Tu n’avais pas avertit ton amie que tu avais décidé de revenir dans la vie de ton mari et de ta fille. De toute manière, tu n’avais pas pris la décision d’avance. Tu avais agit sur un coup de tête la journée même de ton anniversaire de mariage, en étant convaincue que ça ne pourrait que te porter chance. Plusieurs minutes passèrent alors que tu étais là, assise dans ta voiture devant la maison de Leslie. Tu sortis difficilement, te dirigeas vers la porte d’entrée, toqua et n’attendit pas que cette dernière te réponde avant d’ouvrir et d’entrer à l’intérieur de la demeure. « Lilie ? T’es où ? » Tu haussas le ton pour qu’elle puisse t’entendre peu importe où elle était dans sa maison. Tu te dirigeas vers sa salle de bain, attrapa sa boîte de mouchoir et se dirigea vers sa cuisine. Tu ouvris le congélateur et attrapa un pot de crème glacée. C’était cliché, mais cette douceur avait toujours apaisé ton coeur meurtri. Tu attrapas une cuillère, la planta directement dans le pot, la mit dans ta bouche avant de te laisser glisser le long des armoires pour t’asseoir par terre. Tu déposa le pot au sol avant de porter tes mains à ton visage, laissant les sanglots envahir ton corps.

Le retour à la routine n’est jamais facile. Leslie l’a déjà vécu à plus d’une reprise, mais c’est la première fois qu’elle doit le vivre avec un (deux) enfant à charge. Il y a longtemps que les siestes se sont terminées pour Abby, pourtant aujourd’hui, elle est épuisée. Elle fait des crises pour un oui ou pour un non. Elle réclame sa tante, et on peut dire que ce n’est pas l’envie qui manque d’aller la retourner la-bas. Elle est sûrement plus douée que Leslie pour la gérer de toute manière. Anna a toujours eu la fibre bien plus maternelle qu’elle ne l’aura jamais. C’est pas pour rien que c’est entre ses mains qu’elle a laissé la chair de sa chair. Qu’importe, Leslie est une grande personne et elle a encore assez d’égo pour n’appeler personne d’autre pour gérer la crise de sa gamine. De toute manière, il n’a suffit que de la laisser se calmer un peu dans sa chambre pour qu’elle tombe dans les bras de morphée. Comme quoi cette semaine à sans doute été remplie de trop d'émotions pour son tout petit corps. Ça redeviendra rapidement comme avant. Leslie n’en doute pas vraiment. Après tout, ça l’a toujours été elle et Abby contre le reste du monde. Pourquoi ce serait différent aujourd’hui ?

À aucun moment, elle n’a entendu frapper à la porte, mais elle a toutefois entendu la porte s’ouvrir et se refermer. Le nombre de personnes avec une telle aise est tout de même assez élevé pour que la brune n'ait absolument aucune idée de qui se trouve au premier étage - ça lui apprendra de dire à pratiquement tout le monde de faire comme chez eux. Elle espère simplement qu’il ou elle sera assez discrète pour ne pas réveiller Abby. « Lilie ? T’es où ? » La voix qui résonne dans la maison lui fait plisser les yeux. Leslie n’ose pas bouger pendant quelques secondes, comme si elle avait peur que le craquement du plancher suffit à réveiller son enfant. Mais non, rien. Aucun son, aucune image ne sort de la petite terreur dans son lit. Elle recule en direction de la porte très très discrètement jusqu’à ce qu’elle referme la porte devant elle. Elle souffle tout d’un coup bruyamment. À croire qu’elle avait même cessé de respirer. L’australienne descend rapidement les escaliers. Au moins, la présence d’ Hadley rattrapera bien facilement l’avant-midi pourris qu’elle a eu. Elle suit le bruit qui la conduit jusqu’à sa cuisine où elle voit quelque chose à laquelle elle ne s’attendait pas du tout : son amie en pleure, enfin non, en crise de larme, pot de glace à la main. Finalement, elle a peut-être eu une avant-midi pire que la sienne. « Hey ma belle… » qu’elle débute doucement en s’agenouillant face à elle, puis elle vient poser délicatement une main sur son genou. « Tu as envie de me dire ce qui s’est passé ? » qu’elle lui demande par la suite. Après tout, ce n’est pas parce qu’elle est là qu’elle veut forcément en parler. Hadley et Leslie se connaissent assez pour savoir qu’elles peuvent être présentes l’une pour l’autre sans forcément dire les choses. Si elle est venue pour se confier, Leslie sera présente pour elle. Tout comme elle le saura si elle à simplement besoin de vider son réservoir de larme ou se faire changer les idées.

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Suite à la rencontre avec son mari, tu n’avais qu’une envie et c’était de te retrouver avec ta meilleure amie. Leslie avait toujours été présente pour toi, même si elle n’avait pas toujours été d’accord avec tes décisions. Elle était la seule qui avait su où te trouver même pendant ta fuite, qui avait été capable de te tempérer à distance alors que tu avais eu envie plus d’une fois de te foutre en l’air. Elle était cette ancrage dans le monde lorsque tu avais l’impression que tu ne réussissais pas à reprendre cette bouffée d’air qui t’était primordiale pour ta survie. Alors c’était sûr que l’arrêt que tu ferais en quittant la maison de Samuel était chez elle. Vous n’aviez pas eu beaucoup de temps pour vous revoir depuis son retour de la mission au Costa Rica, mais si votre amitié avait survécu à ta fuite à Sydney, elle avait su encore une fois survivre à son absence.
Assise sur le plancher de sa cuisine, tu avais de la difficulté à reprendre ton souffle. Tu n’avais pas su te préparer adéquatement à vos retrouvailles, à solidifier ton coeur suffisamment pour faire face à sa douleur à lui, à sa colère. Tu avais vu dans ses yeux les ravages que ton absence avait causés dans sa vie et même si tu savais que ça n’avait pas été facile, tu n’avais aucune idée de l’ampleur que ça avait pris. Tu ne l’avais pas entendu descendre les escaliers et arrivé près de toi. C’est le contact de sa main sur ton genou qui te fit relever les yeux. « Hey ma belle… » Tu tentais de reprendre ta respiration, de faire diminuer les sanglots, mais les larmes roulaient encore sur tes joues. « Tu as envie de me dire ce qui s’est passé ? » Tu portas tes mains à ton visage, laissant échapper encore quelques sanglots avant de reprendre à peu près contrôle de toi. « J’arrive de chez… de chez Sam… » Tu relevas les yeux vers Leslie. Elle savait que tu n’avais pas revu ta famille depuis ton retour à Brisbane. Tu avais tenté de te convaincre plusieurs fois, mais la peur de ne pas être assez forte émotionnellement avait toujours pris le dessus. Aujourd’hui, à l'occasion de votre anniversaire de mariage, suite à la fierté d’avoir mis ce tueur derrière les barreaux, tu avais vu l’opportunité de montrer à ton mari à quel point tu étais une femme forte maintenant, que tu avais réussis à te reconstruire, à avoir une grande carrière, mais il n’avait suffit que de vingt minutes au travers d’un cadre de porte pour détruire cette estime de toi, pour démolir cette prison de pierre surmontée de barbelée qui entourait ton coeur depuis bien des années. « Il m’en veut tellement Leslie après toutes ces années… Je savais qu’il ne me sauterait pas dans les bras, mais là… » Tu portas ta main autour de ton poignet, là où il avait mis sa main pour briser ce contact qui tu avais osé lui voler. Cet endroit où tu avais l’impression d’avoir été brûlé. Tu sentais encore la chaleur de sa peau contre la tienne, ses doigts un peu très serrés autour de ton articulation. « La colère dans ses yeux… Il ne me pardonnera jamais… » Et tu te remis à pleurer de plus belle. La détresse se lisait dans le bleu de ton regard. Tu avais l’impression de crouler encore une fois, de redevenir cette Hadley qui ne supportait plus la vie, qui ne voyait plus de but devant elle. Tu avais peur. De miser sur le pardon de ton mari était un pari risqué et tu avais l’impression que tu avais beaucoup plus à perdre qu’à gagner. Tu ne t’imaginais toutefois pas sans lui, sans ce grognement qui lui était tellement caractéristique et qui t’avait si souvent apaisé. Le revoir avait ravivé autant les bons que les mauvais souvenirs. Tu étais si heureuse la journée de votre mariage, seule avec lui dans ta robe blanche et le ventre trop rond d’une femme enceinte de six mois… Tu n’arrivais plus à comprendre comment toute ce que vous avez réussis à surmonter avant même de déménager à Brisbane avait fini par tout se briser, par emporter ces mots que vous vous étiez dit en ce 30 septembre 2002 : pour le meilleur et pour le pire…

Retrouver son amie en pleure, c'est bien la dernière chose à laquelle Leslie s’attendait aujourd'hui. Et, en pleure, ce n'est pas tout à fait le bon mot. En crise plutôt. Hadley est toujours tellement en contrôle de ses émotions, alors, oui, la scène est plutôt surprenante. « J’arrive de chez… de chez Sam… » Elle grimace à cette révélation. La blonde n'a pas vraiment besoin de lui en dire plus. Même si elle ne serait pas dans tous ses états, elle saurait que les retrouvailles se sont mal passées. Parce qu’elle a été au première loge pour voir Samuel démolis par la fuite de sa femme. Elle a vu le chagrin lui pourrir la vie. Elle l'a vu complètement détruit et dépassé par ce coeur qui avait été malmené par son amie - sans que ce ne soit volontaire de sa part. Il lui aurait pardonné, elle aurait facilement panser ses plaies… si elle n’avait pas mis autant d’années avant de revenir. Il était fou d’elle. Ils étaient tous les deux fou amoureux l'un de l'autre en fait. Aujourd'hui ? Oui, sûrement que c'est trop tard. Sûrement que la rancune ne pourra jamais être totalement oubliée. « Il m’en veut tellement Leslie après toutes ces années… Je savais qu’il ne me sauterait pas dans les bras, mais là… » Leslie ne sait pas trop quoi lui dire, alors qu’elle assiste à la crise de larmes qui se poursuit de la part de son amie. C'est sûrement le temps de lui dire : bah tu t'attendais à quoi ? Si les rôles étaient inversés, Hadley aurait sûrement réagi de la même manière. Ce n'est évidemment pas quelque chose à laquelle elle pense à l'instant. « La colère dans ses yeux… Il ne me pardonnera jamais… » C'est suite à ses paroles que Leslie se déplace pour venir s’asseoir aux côtes d’Hadley. Elle passe doucement son bras autour de ses épaules, puis glisse doucement sa main de haut en bas. « Jamais, c'est peut-être un peu exagéré. » qu’elle débute doucement. Oui, Hadley devra travailler très fort pour regagner la confiance de Samuel. Oui, le processus sera long et pénible, mais il finira par aboutir à quelque chose de beau, ou de tolérable du moins. Est-ce qu’elle retrouvera la place qu’elle a laissé vacante des années durant ? Peut-être pas. Samuel semble heureux avec Anna. Elle a toutefois une chance de reprendre son rôle de mère avec Delilah. Ça devrait être suffisant. Ça devra l'être. « Tu sais comment il est. » Impulsif, donc. « C’est pire en vieillissant, j’te jure, c'est pas toujours un cadeau. » Elle lui sourit doucement. Elle tente du mieux qu’elle le peut de détendre un peu l’atmosphère tout en sachant que c'était probablement perdu d’avance. « Je sais que tu n'as pas envie d'entendre ça, mais tu lui a brisé le coeur, Had. Faut que tu lui laisse le temps d’encaisser tout ça. » Il a besoin de digérer la nouvelle. Après, ils pourront tous les deux avoir une véritable conversation. Samuel n'a sans doute rien écouté de ce qu’elle lui a dit, trop submergé par les émotions que lui ont procuré son retour. Il regrette sûrement la plupart de ses paroles. « Qu’est-ce qui t'a décidé à aller le voir ? » qu’elle lui demande plus par curiosité qu’autre chose. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Ou après ? Il s'est passé quoi dans la tête de Hadley pour qu’elle aille cogner à la porte de son ex aujourd'hui ? Sait-elle seulement qu'il a refait sa vie avec une autre ?

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Leslie avait été ton support pendant toutes ces années. C’est donc sans réfléchir que tu pris le chemin de sa maison en sortant de chez Samuel. Tu savais qu’elle ne serait peut-être pas tendre, qu’elle te remettrait probablement sur le nez qu’il avait raison de t’en vouloir, mais tu avais besoin de lui raconter ce qui venait de se passer, tu avais besoin de la sentir à côté de toi. Ce mouvement de haut en bas de sa main dans ton dos t’aidait à reprendre le contrôle doucement de ta respiration. Tu explosais rarement, ne laissant pas souvent tes émotions prendre le dessus, mais là, en ce moment, tu avais l’impression que ce que tu avais essayé de bâtir en étant loin de ton mari et de ta fille était en train de foutre le camp. « Jamais, c'est peut-être un peu exagéré. » Ces quelques petits mots furent suffisants pour planter une graine d’espoir dans son petit coeur meurtri. Leslie connaissait bien Samuel. Elle l’avait côtoyé depuis toutes ces années où tu étais restée loin, avait pu constater comment il s’en sortait sans toi. Si elle croyait qu’il y avait la moindre petite chance pour que tu puisses finir par te faire pardonner de ton départ si soudain et inexpliqué, tu te raccrocherais à cette éventualité. « Tu sais comment il est. C’est pire en vieillissant, j’te jure, c'est pas toujours un cadeau. » Un petit sourire se dessina sur tes lèvres au travers de tes larmes. Tu aurais aimé pouvoir être celle qui décrit à Leslie comment était maintenant Samuel et non le contraire. Toutes ces années à hésiter à retourner le voir, à reprendre ta place à ses côtés te coûtaient maintenant chères. « Il a dit que Delilah c'était SA fille… Je sais que je n'ai pas été là, mais je suis quand même sa mère… Il ne comprend pas que c’était justement pour la protéger que je suis partie…» Le revoir avait fait remonter tellement de souvenirs… Ces match de football australien où tu étais folle d’inquiétude à chaque fois qu’il te faisait plaquer par un adversaire, ce moment où vous vous étiez embrassé pour la première fois alors que vous étiez encore que des adolescents, ce déménagement pour Brisbane alors que vous n’aviez pas un sous dans vos poches… Mais ça avait aussi fait remonter toutes ces fois où il rentrait aux petites heures du matin le visage en sang, les fois où il te parlait bête et qu’il te disait de te mêler de tes affaires quand il était fortement intoxiqué, la peur de le voir partir avec une autre femme alors qu’il était soûl et qu’une autre tentait de le séduire, toutes les semaines à calculer leur budget pour réussir à manger et à payer leur loyer… La vie ne les avait pas épargné et l’amour n’avait pas été suffisant pour ne pas faire éclater leur mariage. Les sanglots avaient diminué, les larmes s’étaient apaisées doucement. Tu tentais de te concentrer sur le mouvement de la main de Leslie dans ton dos pour reprendre le contrôle sur ta respiration. « Je sais que tu n'as pas envie d'entendre ça, mais tu lui a brisé le coeur, Had. Faut que tu lui laisse le temps d’encaisser tout ça. » Tu hochas de la tête. Tu savais que tu lui avais fait mal, mais d’avoir la confirmation de la part de celle qui était restée présente pour lui pendant toutes ces années t’anéantissait. Tu refermas les yeux, les larmes avaient recommencé à couler de plus belles. « Il m’a dit d’oublier leur existence… J’peux pas faire ça Leslie… Après toutes ces années, je ne les ai pas oublié. C’est pas maintenant que j’essaie de reprendre contact que je vais les oublier tout soudainement… » Oui tu t’étais bâtie une carrière impressionnante dans le monde de la justice, mais tu n’avais jamais refais ta vie du côté de la famille et de l’amour. Bien sûr que tu avais eu des aventures, mais elles étaient toujours pour assouvir ce besoin physique. Samuel était celui qui faisait battre ton coeur encore après toutes ces années. « Qu’est-ce qui t'a décidé à aller le voir ? » Tu essuyas tes larmes avec tes mains pour une énième fois. Tu étais tellement occupée à planifier de revoir Samuel que tu avais oublié de mentionner à Leslie que tu avais envoyé un tueur derrière les barreaux. « J’ai gagné mon procès. Le tueur de la jeune Leïla Martinez est derrière les barreaux pour longtemps. J’me suis dis que c’était Della qui m’envoyait un signe, celui de retourner voir son frère… Et puis… » Tu portas une main à ton cou pour jouer avec cette alliance que tu portais toujours. Ta respiration s’accéléra légèrement, mais tu réussis à la ralentir, à retenir les larmes qui menaçaient de recommencer à couler. « C’est notre anniversaire de mariage aujourd’hui… » Ta voix se brisa sur le dernier mot. Cette journée qui aurait dût être synonyme de bonheur était en fait beaucoup trop douloureuse.

« Il a dit que Delilah c'était SA fille… Je sais que je n'ai pas été là, mais je suis quand même sa mère… Il ne comprend pas que c’était justement pour la protéger que je suis partie…» Probablement que personne ne comprendra jamais la décision de Hadley, sauf Hadley elle-même. C'est une situation complexe à comprendre lorsqu'on ne l'a vit pas. Est-ce qu’elle a vraiment pris la bonne décision ? On ne le saura jamais. Leslie peut comprendre que, lorsque la dépression guide nos sens, on ne réfléchit pas convenablement. On ne pense qu’au négatif. On ne voit de lueur d'espoir nulle part. Elle a déjà vu à plus d'une reprise à quel point cette maladie peut détruire des vies. « Delilah est grande maintenant. Il peut pas choisir pour elle. » qu’elle lui précise par la suite. Samuel ne peut plus choisir à la place de Del si sa mère peut avoir une place ou non dans sa vie. Elle ne lui pardonnerait jamais s'il oserait le faire. Leslie a du mal à croire que la jeune adulte fera une croix sur sa mère. Non, elle sera bien trop curieuse de la découvrir en vrai. Elle a besoin de connaître ses racines ailleurs que dans les récits des autres. « Il m’a dit d’oublier leur existence… J’peux pas faire ça Leslie… Après toutes ces années, je ne les ai pas oublié. C’est pas maintenant que j’essaie de reprendre contact que je vais les oublier tout soudainement… » - « Je sais. » qu’elle murmure en laissant sa tête tomber sur l'épaule de Hadley tout en resserrant un peu l’étreinte. Aucun mot ne saura apaiser la tristesse de son amie. Elle le sait très bien. Elle n'a aucun mal à imaginer les paroles et le ton dur que Samuel a dû avoir à son égard. Elle sait tout aussi qu'il doit s'en vouloir autant qu'elle souffre en ce moment. Le temps finira par apaiser leurs douleurs à tous les deux. La patience, ce n'est toutefois jamais si évident que ça. D'ailleurs, Leslie demande à la blonde ce qui a bien pu la pousser à aller le voir aujourd'hui. Depuis le temps qu’elle est à Brisbane, elle en était venu à se demander si elle aurait le courage de les retrouver un de ces jours. « J’ai gagné mon procès. Le tueur de la jeune Leïla Martinez est derrière les barreaux pour longtemps. J’me suis dis que c’était Della qui m’envoyait un signe, celui de retourner voir son frère… Et puis… » Ah. Le destin, l’univers qui lui envoie un signe. Ce n'est pas qu'elle veuille la juger… mais Leslie est bien trop terre à terre pour croire à ce genre de connerie. Et puis, vu la manière catastrophique que ça s'est passé, peut-être que Had n’y croira plus également. « C’est notre anniversaire de mariage aujourd’hui… » Leslie laisse une moue triste apparaître sur son visage. Elle sait à quel point cette date est difficile chaque année pour son amie. « Je suis désolée que ça ne se soit pas passé comme tu l'espérais. » C’était prévisible que ça se passerait mal, mais elle ne souhaite tout de même pas une si grande détresse à son amie. Jamais. Leslie hésite un instant, elle sait que ce qu'elle va dire à son amie risque de la chagriner encore plus, mais les deux femmes se sont toujours dit la vérité. Même quand celle-ci fait terriblement mal. « Tu sais que… qu’il a quelqu'un dans sa vie ? » qu’elle lui demande. Sans doute que Samuel lui a clairement dit tout à l'heure. C'est peut-être une autre raison de son chagrin. « Il a l'air heureux avec elle…j’voudrais juste pas que… que tu te fasses trop d'attente. » À espérer retrouver la place qu'elle a quitté. Quelqu'un la remplace. Anna est super. Il l'aime beaucoup, ça se voit. Est-ce qu'il l'aime autant qu'il a aimé Hadley ? Ça, Leslie ne peut pas le dire.

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« Delilah est grande maintenant. Il peut pas choisir pour elle. » Tu hochas la tête. Ça c’était la réponse qui était rationnelle. Il ne pouvait pas choisir si Delilah allait vouloir rencontrer sa mère, si elle allait vouloir tenter d’avoir un lien avec toi, mais il pouvait quand même repousser le moment où il lui annoncerait que tu étais là le plus possible. Et maintenant que tu avais décidé de revenir dans la vie de Delilah et de Samuel, tu avais l’impression que tu n’avais plus de temps à perdre. Tu aurais voulu qu’elle apparaisse derrière lui, qu’elle voit à quel point tu étais décidé de te battre pour réparer tes erreurs, pour pouvoir avoir un lien avec eux peu importe la place qu’ils décideraient de te laisser. Parce que la moindre ouverture serait l’espoir de pouvoir un jour tisser quelque chose de solide avec ton mari et ta fille. Tu te mis donc à exposer à Leslie à quel point tu avais pensé à eux à tous les jours de ta vie, que tu ne pouvais pas les oublier maintenant que tu avais décidé que tu étais prête à faire les efforts nécessaires pour qu’ils voient à quel point tu les aimais si fort. « Je sais. » Et Leslie savait vraiment. Même si tu n’avais pas été la plus expressive sur la manière dont ta famille te manquait, tu lui avais fait part à plusieures reprises à quel point ça te pesait sur le coeur de ne pas avoir de contact avec eux, de ne pas être capable d’être la mère et la femme que tu avais espéré être. Ta meilleure amie avait été témoin de votre relation à toi et Samuel, à quel point tu avais besoin de lui, que vous étiez fusionnel, que si l’un de vous changeait de position dans une pièce, l’autre faisait pareil sans s’en rendre compte. Mais elle avait aussi été la seule à ne pas te juger sur ton départ. Bien qu’elle ait tenté au début de te faire entendre raison, elle était restée présente pour toi alors que tes parents avaient préféré te laisser tomber, n’étant pas capable de comprendre ton comportement. Et c’était pour ça que tu étais dans sa cuisine, en train de chercher réconfort dans ses bras alors que tu savais qu’elle risquait de te dire qu’il avait raison de t’en vouloir. Tu étais blottie contre elle et tu reprenais le contrôle de ta respiration qui était devenue trop rapide suite à ta crise de larmes. « Je suis désolée que ça ne se soit pas passé comme tu l'espérais. » Tu haussas les épaules. Qu’est-ce que tu espérais vraiment ? Le plus simple aurait été de ne rien ressentir lorsqu’il t’avait ouvert la porte, de te contenter de lui dire que tu voulais rencontrer Delilah, sachant très bien que votre mariage était brisé depuis longtemps. Ça n’avait toutefois pas été le cas. Tu avais eu un frisson lorsque tu avais vu son visage, ton corps se souvenant de toutes ces années où vous ne faisiez qu’un, ton coeur se mettant à battre comme si c’était la première fois que tu l’apercevais. Après toutes ces années, tu avais encore Samuel dans la peau et ça te faisait mal. « J’pensais pas que ça me ferait si mal de le voir… J’pas sûre que j’y aurais été sinon… Mais je ne peux plus reculer. J’veux pas le reperdre… »

« Tu sais que… qu’il a quelqu'un dans sa vie ? Il a l'air heureux avec elle…j’voudrais juste pas que… que tu te fasses trop d'attente. » Tu fermas les yeux et appuyas tes paupières trop fort l’une contre l’autre. Tu ne voulais pas reperdre le contrôle de tes émotions. Tu en avais assez de pleurer et tu savais très bien que c’était une éventualité à laquelle tu devais penser. Cette femme que tu avais vu sortir de chez lui il y avait deux ans, elle était donc encore dans sa vie ? Ou bien c’était une nouvelle fréquentation ? « Il m’a rien dit… Elle… Elle est gentille ? » Tu prenais de grande inspiration, sachant très bien que si Leslie s’entendait bien avec elle, il y avait de bonnes chances que ce soit quelqu’un que tu pourrais apprécier également. Sauf que tu ne pouvais pas t'imaginer en bon terme avec celle qui partageait la vie de Samuel. Tu étais beaucoup trop jalouse et possessive… Cette image dans ta tête de cette brune dans les bras de ton mari te tordait le coeur, te donnais la nausée. « Et Delilah..? Elle est heureuse ? » C’était la première fois que tu posais des questions à Leslie sur ta fille. Tu lui avais demandé de ne jamais faire allusion à elle, sachant que ça te briserais le coeur et que ça t’empêcherais de guérir, mais maintenant, tu étais prête. Tu avais besoin de savoir quel genre de femme elle était devenue, si elle avait réussit à faire sa place dans ce monde souvent trop dur.