supercherie
@Leslie Cohen + Samuel Wellington
lieu: logements, bayside.

« Leslie est revenue du Costa Rica, elle vient souper ce soir! » Tu aimerais pouvoir prétendre que tu avais eu ton mot à dire sur cette décision, mais comme c’était souvent le cas avec ta fille, elle faisait les plans et se contentait de t’en avertir une fois qu’il était trop tard pour les annuler. Pas que tu aurais empêcher ta fille de voir sa marraine, jamais tu n’avais joué les entremetteurs dans la relation qui liait Leslie et Delilah, même si tu étais loin d’être le plus grand fan de la première. Si tu avais eu ton mot à dire toutefois, tu aurais évité que Delilah soit là, la première fois que tu te retrouves face à Leslie. Parce que tu as des questions à lui poser, il y a beaucoup de choses que tu dois clarifier avec elle au sujet d’Hadley. Son retour à Brisbane demeurait une onde de choc à tes yeux, une que tu n’avais pas encore su partager avec ta fille. Tu étais toi-même surpris d’avoir été en mesure de garder le secret depuis plusieurs jours, surtout avec la colère qui semblait sortir de chaque pore de ton corps depuis que tu t’étais retrouvée en face à face avec ta femme. Ces mots te semblaient complètement risibles, toi qui avais longtemps cessé de considérer Hadley comme telle, qu’importe ce que les papiers pouvaient bien en dire. D’apprendre qu’elle était à Brisbane depuis plus de huit ans, à utiliser ton nom de famille en plus, ça avait passé proche de t’achever. Tu ne comprenais pas. Tu ne comprenais pas comment elle avait pu être si près de toi, de Delilah depuis si longtemps sans tenter moindrement d’être dans vos vies. Tu avais entendu sa détresse chez toi, lorsqu’elle t’avait relaté ce qu’elle avait vécu après la naissance de votre fille, mais tu n’arrivais pas à excuser une absence si longue sur quelque chose qui ne l’avait clairement pas empêché de se rebâtir, de se reconstruire alors que tu avais été forcé de vivre sur des dommages qu’elle avait elle-même causés.

Le souper s’était déroulé sans accroche, tu avais fait de ton mieux pour minimiser le nombre de grognements et de regards noirs que tu avais envoyé dans la direction de Leslie, simplement content de voir ta fille si heureuse de mettre sa marraine aux nouvelles du jour, tout en l’écoutant lui relater ses souvenirs de voyage. Tu n’écoutais qu’à moitié, ton esprit éternellement accaparé par la présence d’Hadley. Tu lui en voulais tellement de prendre tellement de place dans ta tête, d’envahir tout ton monde quand elle en avait été retirée depuis si longtemps. C’est ta fille qui disparaît la première, vous avisant qu’elle doit aller rejoindre une amie pour une soirée. Alors que les deux jeunes femmes se font une embrassade, tu restes légèrement en retrait, les bras croisés sur ton torse. Delilah quitte la maison, et alors que tu vois Leslie se préparer pour en faire de même, tu l’interromps dans son mouvement. « Peux-tu rester un peu? Faudrait que je te parle. » Si ton intuition est bonne, tu es certain qu’elle sait exactement de quoi tu veux lui parler. Elles étaient si proches à l’époque, Hadley et Leslie. Tu refuses de croire qu’elle ne savait rien quant à sa présence à Brisbane depuis huit ans. Peut-être bien même qu’elle avait toujours su où se trouvait ta femme, qu’elle avait même donné de tes nouvelles ou celles de Delilah à Hadley et tu détestais cette idée plus que tout le reste. Une fois que tu es sûr que Delilah n’est plus là, qu’elle ne peut pas t’entendre, tu lances un regard dur dans la direction de Leslie. « Dis-moi que tu savais pas où elle était pendant tout ce temps. » Pas besoin de spécifier de qui elle s’agit, que Leslie ne fasse pas l’hypocrite surtout.

Leslie ne savait pas trop quoi penser de l’invitation à dîner de Delilah. Oh bien sûr, ça lui faisait extrêmement plaisir d’avoir des nouvelles de sa filleule. Elles s’étaient échangées quelques messages pendant son absence, mais Leslie savait tout de même qu’elle ne savait pas tout ce qui se passait dans sa vie. Il y a certaines choses banales qu’on ne prend pas la peine de partager à distance. Il y en a d'autres aussi qu’on préfère parler face à face… ces discussions attendront aussi à plus tard, puisque la présence de son père ne laisse pas place aux confidences. Pas que Delilah veuille cacher des choses cruciales à son père, c'est juste qu'il existe un type de conversation qui se passe entre filles, voilà tout. Là où Leslie redoutait ce repas, c'est à cause de la visite de Hadley chez elle. Celle où elle lui déballait le contenu catastrophique de ses retrouvailles avec son (ex) époux. L’australienne est déjà surprise en soi que Samuel n'ait pas tenté de la contacter avant ce fameux repas histoire de savoir ce qu’elle savait et ce qu’elle ignorait. Elle déteste les conflits, Leslie. Elle déteste encore plus se retrouver prisonnière d'un conflit qui n'est pas le sien. Elle aime Hadley, mais elle aime tout autant Delilah. Elle sait même apprécier Samuel quand il ne fait pas sa tête de tueur à gage comme il l'a fait toute la soirée. Elle les aime tous les trois et elle a juste essayé de naviguer à travers tout ça sans perdre personne. Son intuition lui dit que c'est maintenant quelque chose qui touche à sa fin.

Elle est en train de remettre sa veste sur ses épaules après que Delilah leur ait dit qu'elle allait rejoindre des copains. Leslie ne compte pas éterniser sa présence ici plus que nécessaire. « Peux-tu rester un peu? Faudrait que je te parle. » - « Tu sais encore parler ? » qu’elle lui balance sans trop réfléchir. Il n'a pas dit un seul mot de la soirée. Et encore moins à elle, alors, ouais, c'est presque surprenant. Leslie envoie la main à Delilah qui passe la porte d'entrée avant de reporter son regard sur Samuel, toujours aussi agacé. « C’est que j’suis un peu pressée… » Elle pose l’une de ses mains sur le dossier de la chaise de cuisine et l’autre contre sa hanche. Ça veut autant dire de faire ça rapidement que de faire ça à un autre moment. La brune préfèrerait la deuxième option, mais n'y met aucun espoir. Elle est réaliste. « Dis-moi que tu savais pas où elle était pendant tout ce temps. » - « C’est sûr qu’avec tes dards à la place des yeux, ça m’donne envie de me confier à toi. » Elle n'est pas friande des mensonges, Leslie - dure à croire avec tout ce qu’elle lui à caché. Elle préfère se dire qu’elle a omis la vérité et non qu’elle leur a menti. De toute manière, elle sait parfaitement que ça leur aurait rapporté plus de bien que de mal. Hadley ne serait jamais revenue tant qu’elle n’était pas prête. Leslie fixe son regard quelques instants. Parfois le silence veut tout dire. Bien sûr qu’elle savait à chaque seconde de sa vie (ou presque) où se trouvait sa meilleure amie. « Tu peux pas m’en vouloir pour ses choix à elle. » Hadley est partie. Leslie est restée. Elle a pris soin d'eux du mieux qu’elle a pu. Elle a tenté d'alléger Samuel de son rôle de père monoparentale du mieux qu’elle a pu. C'était sans doute pas suffisant, mais c'était mieux que rien. « Me mêle pas à vos problèmes, Samuel. » Parce qu'elle n’en a pas envie. Parce que même si son affection pour Hadley est bien plus que supérieur à celui qu'elle porte à Samuel, elle n'a pas envie de prendre parti entre eux.

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Tu n’avais pas été un hôte particulièrement chaleureux pendant ce souper qui se voulait être une célébration improvisée pour le retour de Leslie. Fort heureusement, Delilah s’occupait d’être chaleureuse pour deux et Leslie ne semblait pas ennuyée avec ta fille. Tu n’écoutais que d’une oreille distraite jusqu’à ce que le repas ne tire à sa fin. Tu savais que tu ne pouvais rien dire devant ta fille, mais ce n’était pas pour autant que tu comptais laisser la jeune médecin s’éclipser avant que tu n’aies le temps de lui poser les questions qui hantaient ton esprit depuis le moment où Hadley s’était présentée chez toi sans prévenir, le moment où elle t’avait avoué par message texte qu’elle était en ville depuis des années, une information qui t’avait achevé tel un coup de poignard en plein cœur. Delilah venait à peine de sortir que Leslie semblait pressée de la rejoindre, enfilant sa veste avant même que tu n’aies le temps de lui demander de rester encore un peu. « Tu sais encore parler? » C’est un simple roulement des yeux que tu lui offres pour toute réponse. Leslie n’est pas idiote. Elle sait faire 1+1, tu n’as pas le moindre doute qu’elle connaît parfaitement la raison derrière ton humeur et que si elle a tenté de fuir si rapidement, c’est aussi parce qu’elle souhaite éviter encore une fois d’avoir à te dire toute la vérité au sujet d’une certaine blonde que tu croyais disparue depuis vingt ans. « C’est que j’suis un peu pressée… » « J’insiste. Ce sera pas long. » Ce dernier point, tu ne pouvais pas exactement le lui promettre, mais c’était un argument comme un autre pour l’empêcher de passer le cadre de la porte sans t’avoir dit ce que tu cherchais tant à savoir.

Tu aurais pu faire plus dans la délicatesse. Ne pas aller droit au but, avec tes grognements et tes poings serrés contre tes hanches et cet air sévère qui ne te quittait jamais vraiment, mais tu n’avais pas la force de faire semblant, ni celle de passer par quatre chemins, ce qui ne semblait pas particulièrement faire plaisir à la médecin. « C’est sûr qu’abec tes dards à la place des yeux, ça m’donne envie de me confier à toi. » Un soupir t’échappe. Tu sais que tu dois te radoucir, que la personne à qui tu en veux réellement dans tout ça n’est pas la brune devant toi, même si tu ne peux t’empêcher de croire que toute cette histoire aurait pu être grandement différente si Leslie t’avait donné ne serait-ce que le moindre indice sur comment allait Hadley, où elle était, ce qu’elle devenait. Est-ce que ça aurait vraiment changé les choses au final? Tant de questions auxquelles tu n’aurais jamais les réponses, mais ça ne changeait rien au fait que tu avais beaucoup de nouvelles informations à digérer, d’émotions trop fortes avec lesquelles tu ne savais pas quoi faire. « Tu peux pas m’en vouloir pour des choix à elle. » « T’as pas répondu à la question. » que tu marmonnes parce que tu sais qu’elle évite, qu’elle détourne, qu’elle cherche à s’en sauver et à se déculpabiliser alors que toi, tu ne veux pas la laisser s’en tirer si rapidement et si facilement. « Me mêle pas à vos problèmes, Samuel. » « T’es mêlée à nos problèmes quand tu joues sur les deux camps depuis vingt ans, Leslie. » Tu sais que ce n’est pas une guerre, qu’il n’y a pas de putain de camp, mais c’est une impression dont tu ne peux pas te défaire. « C’est quoi, pendant tout ce temps tu lui donnais des informations sur Delilah, sur moi? C’est à cause de toi qu’elle a toujours su où m’envoyer ses putain de lettres? » Hadley avait dit qu’elle avait trouvé ton adresse dans le bottin, mais pourquoi chercher si loin quand elle avait accès à une mine d’informations en Leslie. Tu étais conscient que ta colère ne faisait pas de sens, qu’elle était dirigée sur la mauvaise personne, que tu finirais certainement par regretter cette impulsivité mais tu étais une bombe constamment sur le point d’exploser depuis quelques jours et Leslie était malheureusement la victime qui se trouvait sur ton chemin. « Tu consolais ma fille sur l’absence de sa mère alors que pendant tout ce temps-là, tu savais exactement où elle était? T’as une idée à quel point c’est complètement débile ce qui se passe? » Elle n’a rien confirmé, mais tu le sais, tu le sens et oui pour ça, tu lui en veux, à la Cohen.

« J’insiste. Ce sera pas long. » - « Très bien. » Ça risque d'être marrant. Remarque sarcastique qu’elle a l’intelligence de garder pour elle. Alors, elle reste plantée là, Leslie, à attendre la suite, à éponger le mieux qu’elle peut la bombe qui est sur le point d’exploser. Elle déteste les conflits. Encore plus lorsqu’elle n’en fait qu’à moitié partie. Oui, elle a sûrement ses torts dans l’histoire. Peut-être qu’elle aurait dû faire autrement. Peut-être aussi que les choses seraient encore pire aujourd'hui si c'était le cas. On ne le saura jamais. Parfois, il faut juste tourner la page. Plus facile à dire qu’à faire hm. Les accusations ne perdent pas de temps à tomber. Leslie choisit le silence comme seule réponse. « T’as pas répondu à la question. » Ou au contraire, elle y a répondu en n'y répondant pas - oui, c'est très clair. C'est tout simplement humain de se défendre lorsqu'on est innocent. Donc, lorsqu’on ne le fait pas… bref, Samuel est bien capable de faire son raisonnement tout seul. D’ailleurs, elle lui dit clairement qu’elle n'a nullement envie de se retrouver dans le centre de cette histoire. Quelque chose qui ne semble pas plus plaire à son interlocuteur. « T’es mêlée à nos problèmes quand tu joues sur les deux camps depuis vingt ans, Leslie. » Donc, c'est deux camps, deux ennemies qui s’affrontent sur le champ de bataille. Donc, il faut prendre parti. En choisir un pour l'aider à démolir l'autre. Leslie refuse de le faire. « Je joue dans les deux camps ?? Sérieusement ? Tu crois que ça m'a fait plaisir tout ça ? » Parce qu’au fond, Leslie n'a jamais eu son mot à dire là-dessus. Hadley est partie en premier et elle a repris contact avec elle par la suite. Oui, la brune a bien essayé de raisonner son amie. Est-ce qu’elle aurait pu essayer plus fort ? Oui, sans doute. Leslie n'a jamais été particulièrement dans le jugement des décisions des autres. Elle est pour la liberté de choix de tous et chacun. Oui, elle lui a mis les cartes sur table pour qu’elle prenne conscience des conséquences de son geste. Hadley était décidé et Leslie lui a confirmé qu'elle sera présente pour elle peu importe sa décision. « C’est quoi, pendant tout ce temps tu lui donnais des informations sur Delilah, sur moi? C’est à cause de toi qu’elle a toujours su où m’envoyer ses putain de lettres? » - « T’aimeras sûrement pas la suite, mais elle n’a jamais demandé de vos nouvelles. » qu’elle rétorque. Sans doute que ça l’aurait trop fait souffrir son amie d'en demander. C'est pour les mêmes raisons que Leslie ne lui en aurait pas donné non plus. De toute façon, ça n'aurait pas été très équitable qu’un camp ait des informations que l'autre n'a pas. Parce qu'on est en guerre, rappelez-vous. « Tu consolais ma fille sur l’absence de sa mère alors que pendant tout ce temps-là, tu savais exactement où elle était? T’as une idée à quel point c’est complètement débile ce qui se passe? » La gamine de dix ans en elle à juste envie de lui répondre que c'est lui le débile. Parfois, c'est bien de réfléchir avant de parler. Ça n'a jamais été la force de Leslie. Encore heureux qu’elle arrive à marcher sur des oeufs depuis le début de la conversation. « C’est sûr que ça aurait été mieux de lui dire que j’savais où sa mère était, mais qu’elle voulait pas la voir. » Bon, la situation est bien plus complexe que ça, mais c'est exactement comme ça que l'aurait interprété une enfant. Est-ce qu'aujourd'hui Delilah sera plus en mesure de comprendre la situation ? C'est peu probable. Mais le temps finira par arranger les choses. Autant pour Delilah que pour Samuel. « Tu m’aurais rejeté si je t'avais dis la vérité. J’voulais pas ça. J’voulais être là pour Delilah. » Samuel ne comprendra sûrement pas. Leslie n'est pas certaine de se comprendre elle-même. « J’m’excuserais pas pour ça même si t'es pas d'accord. » qu’elle conclut.

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« Très bien. » Il n’y a rien de ce moment qui ne soit très bien à tes yeux, et ça te prend une quantité de self-control que tu ne possèdes plus vraiment pour t’empêcher de répondre d’un énième grognement, s’ajoutant à la liste de choses que tu tentes de retenir face à la médecin. Le but de l’exercice n’est pas de t’en prendre à elle directement, parce que tu le sais que ta colère est dirigée vers Hadley, depuis si longtemps que tu ne sais pas faire autrement. Ce n’est pas une guerre, tu le sais au fond de toi, mais tu ne peux pas t’empêcher de voir le tout comme une trahison, ne pas comprendre comment elle a pu continuer d’être en contact avec Hadley et connaître sa fille en même temps, sans jamais que les deux mondes ne se croisent jusqu’à aujourd’hui. « Je joue dans les deux camps?? Sérieusement? Tu crois que ça me fait plaisir tout ça? » T’en as pas la moindre idée parce que tu ne parviens tout simplement pas à t’imaginer un monde où tu serais en mesure de garder un tel secret pendant vingt ans, comment elle a pu être la marraine de ta fille tout en continuant d’être l’amie de sa mère. « T’aimeras sûrement pas la suite, mais elle n’a jamais demandé de vos nouvelles. » Ça, tu  ne t’y attendais pas. Ça, ça t’arrête dans ta colère et ça fait renaître une douleur que tu te refuses de nommer. C’est un coup de poignard dans le cœur. C’est un rappel de la situation pour ce qu’elle était vraiment pendant les vingt dernières années : Hadley est partie, a refait sa vie, et n’avait pas l’intention que vous en soyez jusqu’à tout récemment. « Ja… Jamais? » Tu décides l’hésitation dont tu fais soudainement preuve, ta voix qui se casse sur le simple et unique mot que tu arrives à prononcer. Tout ce temps, Hadley savait que Leslie connaissait Delilah, qu’elle avait de tes nouvelles assez souvent, et jamais elle n’avait tenu à savoir comment tu allais? Jamais elle n’avait voulu apprendre des détails sur la personnalité de sa fille? Sur les évènements qui remplissaient sa vie? Tu ne pensais pas qu’Hadley pouvait encore te faire mal dans son absence, mas une fois de plus, elle te prouvait l’ascension qu’elle continuait d’avoir sur ta personne malgré tant d’années d’absence et de silence. « C’est sûr que ça aurait été mieux de lui dire que j’savais où sa mère était, mais qu’elle voulait pas la voir. » « Au moins elle aurait jamais eu à se demander si elle allait bien, où elle était, si elle pensait à elle. » Non, ça n’aurait pas été mieux, ça lui aurait sûrement fait plus de mal que de bien, mais en ce moment, tu n’arrives pas à décider de ce qui est bien ou mal, toute cette situation te donnant envie de hurler et de tout détruire sur ton passage. Une chose est certaine, dès que Leslie sera partie, tu auras besoin de te défouler sur le sac de riz qui cri ton nom au sous-sol. « Fuck Leslie, je sais pas. J’arrive pas à comprendre ce qui se passe. » C’est bien la seule chose dont tu es certain depuis quelques jours : tu ne comprends rien à ce qui se passe. Le retour d’Hadley n’était pas quelque chose que tu avais vu venir, pas quelque chose avec lequel tu savais comment gérer, comme le prouvait cette conversation qui semblait partir dans tous les sens sans que tu ne sois certain de ce que tu penses, ni même de ce que tu veux ou essayes de dire. « Tu m’aurais rejeté si je t’avais dit la vérité. J’voulais pas ça. J’voulais être là pour Delilah. » Et pour ça, tu ne pouvais même pas lui en vouloir. Tu échappes un long soupir et tu finis par te laisser tomber contre l’une des chaises, soudainement épuisé et incapable de tenir sur tes jambes plus longuement. « J’m’excuserais pas pour ça même si t’es pas d’accord. » « J’te demande pas ça. » Tu te surprends toi-même, la colère ayant laissé place à une fatigue si profonde, si viscérale que t’étais persuadée qu’elle finirait par avoir raison de ta personne. « Elle t’avait dit qu’elle reviendrait? Enfin, qu’elle me dirait enfin qu’elle est à Brisbane? » Ça ne change rien, Leslie ne t’aurait rien dit, mais peut-être qu’elle pourrait t’aider à comprendre tout ce qui avait bien pu se passer dans la tête de son amie. « J’sais pas comment l’annoncer à Del. On parle presque jamais de sa mère. » Et tu avais besoin de savoir ce que Delilah pensait de sa mère, si le sujet était emmené plus souvent entre elles, mais tu n’osais pas poser la question. Mais ton regard plaidait sans aucun doute : dis-moi ce que je dois faire, Leslie.

« Ja… Jamais? » Leslie regrette immédiatement ses paroles devant la mine déconfite de Samuel. Elle y est peut-être allée un peu trop fort, mais c'est tout de même lui qui a lancé les hostilités le premier. La brune n'a fait que suivre le mouvement. Le seul point positif de tout ça, c'est qu’il semble s'être adouci un peu. Sa mâchoire s'est décrisper pour laisser place au voile de tristesse sur son visage. « Non, jamais. » qu’elle lui confirme tout de même, tournant sans doute un peu plus le couteau dans la plaie. « Mais elle n'a jamais refait sa vie non plus. » qu’elle précise par la suite. Alors, non, elle n'a jamais demandé aucune information sur le père et la fille qu’elle laissait derrière elle, mais Leslie est persuadée qu’elle pensait à eux tous les jours, qu’elle n'a jamais cessé de les aimer. Sans quoi, elle aurait eu de nouveau quelqu'un dans sa vie - ce n'est pas les opportunités qui lui ont manqué. Elle est restée seule et probablement malheureuse même si elle n'en a jamais parlé. « Au moins elle aurait jamais eu à se demander si elle allait bien, où elle était, si elle pensait à elle. » - « Les vérités ne sont pas toute bonne à savoir. » Oui, cette information aurait répondu à bien des questions venant de la jeune femme. Est-ce que ses informations lui auraient rapporté quelque chose de bon ? Non, absolument pas. Leslie en est convaincu, ou alors, ce n'est qu’une manière de voir les choses pour soulager sa conscience. « Fuck Leslie, je sais pas. J’arrive pas à comprendre ce qui se passe. » Elle voudrait bien pouvoir lui expliquer, mais elle n'est pas certaine d’y arriver ni même de pouvoir le faire. La dépression, c'est une saloperie qui gâche bien des vies. C'est également bien difficile à expliquer et encore plus à comprendre. Samuel était heureux de la vie qu'il partageait, alors, oui, c'est sûrement difficile à assimiler que ce n'était pas réciproque pour la femme qu'il aime(ait?). « J’te demande pas ça. » Voilà au moins qu'ils sont d'accord sur un point. Samuel se laisse tomber sur la chaise de la cuisine en poussant un profond soupir. Leslie reste silencieuse. Elle voit bien que les informations tournent à toute allure dans sa tête. Elle attend que tout y prenne place. « Elle t’avait dit qu’elle reviendrait? Enfin, qu’elle me dirait enfin qu’elle est à Brisbane? » Elle hoche la tête de droite à gauche. Au moins quelque chose sur laquelle elle n'a pas menti. « Non, elle m'a dit après. Elle était dans tous ses états. » Elle se retient d'ajouter que c'est par sa faute à lui. Après tout, Leslie n'a aucune difficulté à se mettre dans la peau de Samuel et à se dire qu'elle aurait sûrement réagi pareil. Elle ne peut pas non plus s'empêcher d’avoir envie de protéger sa meilleure amie de la tristesse qu'il lui a causé cette journée-là. « J’sais pas comment l’annoncer à Del. On parle presque jamais de sa mère. » Leslie s'avance vers Samuel. Elle s’accroupit devant lui pour venir prendre l’une de ses mains dans les siennes. Voilà sans doute la partie la plus difficile : annoncer le retour de sa mère à Delilah. Même si la réaction de la jeune fille risque d'être bien moins excessive que celle du père, Leslie ne s’attend pas particulièrement à ce qu’elle encaisse mieux la nouvelle. Hadley n'est pas sa mère pour elle. Elle n’a pas été celle qui a pansé ses blessures ni qui l’a consolé durant ses grandes peines. Elle n'est qu’une inconnue. Une inconnue qui peut lui causer beaucoup de tristesse. Mais, elle voudra quand même lui parler. Elle voudra sans doute entendre les raisons dans sa bouche à elle. Ensuite ? Seul l’avenir dira si arrive à lui pardonner son absence ou pas. « Tu veux que je lui parle ? » qu’elle lui propose par la suite. Difficile de savoir ce qui serait mieux pour Delilah, qu’elle l'apprenne par sa marraine ou par son père. La seule chose certaine c'est, qu’au moins, Leslie ne se laissera pas déborder par les émotions en lui annonçant. Le retour de Hadley n'est pas quelque chose qui l'affecte personnellement. Du moins, pas au même niveau qu’eux. « J’suis là pour vous deux, okay ? On va surmonter ça. » Comme ils l'avaient fait la première fois quand Hadley est parti. C'est sans doute un peu hypocrite de sa part, mais, oui, Leslie sera présente pour eux… mais aussi pour Had.

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« Non, jamais. » Leslie n’avait pas besoin de t’offrir la confirmation, et pourtant, tu en avais besoin. Pour réellement comprendre ce qu’elle était en train de te dire. Pour pouvoir assimiler que si oui, pendant tout ce temps, Leslie avait eu des contacts avec Hadley, les deux mondes ne s’étaient jamais réellement croisés. Il y avait Delilah et toi d’un côté, Hadley de l’autre et Leslie, qu’elle soit d’accord ou non, c’était efforcée de respecter les limites entre ses deux univers. Limites qui avaient sans aucun doute été imposé par Hadley à un moment ou un autre, puisque de tout cela, elle demeurait la seule coupable à tes yeux. Jamais tu n’avais souhaité qu’elle parte. Jamais tu n’aurais pu vouloir que votre vie de famille n’implose que quelques mois après la naissance de votre fille. C’est un choix qui appartenait à la blonde, qu’elle ait envie de vivre avec ou non. Tu comprenais les excuses, ou plutôt les raisons qu’elle t’avait données il y a quelques jours, les explications sur son état, tout ce que tu n’avais pas remarqué dans la tornade qui avait accompagné la naissance de Delilah, mais tu étais incapable d’accepter que cela justifie toutes les décisions de la Chapman, ou plutôt de la Wellington, comme elle avait décidé de s’appeler en utilisant ton nom, comme si votre mariage valait encore quelque chose après tout ce temps. « Mais elle n’a jamais refait sa vie non plus. » « Elle aurait pu. » que tu commentes, même si tu sais que ce n’est pas à Leslie que tu dois dire ça, mais bien à la principale concernée. « Les vérités ne sont pas toutes bonnes à savoir. » « Au moins avec la vérité, tu sais à quoi t’en tenir. » Tu avais toujours eu du mal avec les mensonges, avec le silence, et pourtant, tu savais que tu n’étais pas complètement innocent, toi qui n’avais jamais dit à Anna que tu étais encore légalement marié, lié à une femme que tu ne pensais jamais revoir un jour. La vie s’était bien moquée de toi sur ce coup-là.

Tu finis par te calmer, soudainement dépassé par tout ce qui se passe, par les révélations involontaires de Leslie. Tu ne t’attendais pas à ce que Hadley ne demande jamais de vos nouvelles, au contraire, tu t’étais convaincu qu’elle avait utilisé sa meilleure amie pour s’accrocher à votre passé et tu te sens étrangement désemparé que ce ne soit pas le cas. « Non, elle m’a dit après. Elle était dans tous ses états. » Ce serait mentir de dire que tu ne ressens pas un pincement au cœur à l’idée d’avoir blesser Hadley lors de votre dernière conversation, mais tu ne peux pas te sentir mal, ni coupable de ce que tu as dit, de la manière dont tu as réagi. « J’ai pas voulu lui faire du mal. » Mais tu ne doutes pas que ce soit le cas. Et pour ça, tu ne t’excuserais pas, et tu espérais que Leslie pourrait le comprendre et que malgré la situation actuelle, elle continue de rester aussi neutre et impartiale qu’elle ait pu l’être dans les vingt dernières années. « C’était si pire que ça? » que tu finis par lui demander, dans un murmure parce que tu n’assumes pas vraiment, d’avoir besoin de savoir comment elle va. D’avoir besoin de t’assurer qu’elle ne va pas trop mal, surtout avec ce que tu sais maintenant, quant à son départ. Leslie s’approche de toi, se penche et ses mains se joignent aux tiennes et tu t’accroches à elle, d’une manière que tu n’aurais pas pu prédire au début de la soirée. « Tu veux que je lui parle? » Tu secoues la tête. La nouvelle doit venir de toi. Tu le sais, même si tu ne te sens pas capable de le faire tout de suite. « Est-ce que t’as la moindre idée de comment elle pourrait réagir? Elle te parle de sa mère, parfois? » Tu avais besoin qu’elle t’aide à te faire une idée sur le positionnement que pourrait prendre Delilah face à tout ça, puisque ce n’est pas avec toi qu’elle parlait d’Hadley. Elle devait bien en parler à quelqu’un, non? « J’suis là pour vous deux, okay? On va surmonter ça. » Tu hoches la tête, finit par offrir un petit sourire à la jeune femme. « Merci. » Tu prends une grande inspiration, avant de lâcher un soupir qui témoigne du poids qui pèse lourdement sur tes épaules. « Alors dis-moi, comment tu vas toi? » que tu finis par lui demander, ayant besoin de tasser le sujet loin d’Hadley pour un moment. « J’ai rien écouté de ce que tu as dit à Del pendant le souper. » que tu avoues avec un rire, avant de l’aider à se relever, l’invitant à se rassoir encore un peu. « Prends une dernière bière avec moi? » que tu finis par lui proposer, souhaitant finir ce moment sur une meilleure note sur celle sur laquelle il a commencé.

« Elle aurait pu. » Oui, elle aurait pu. Si Leslie n'est sûrement pas au courant de tous les hommes qui ont passé sous la couette de Hadley - les pas importants, personne n'en parle jamais hen - elle sait tout de même que Hadley aurait pu refaire sa vie très facilement. Elle est canon et intelligente, tout pour faire rêver (oui, les critères de Leslie sont très élevés). Mais non, elle ne l'a jamais fait. Parce qu'elle est toujours amoureuse de son ex ? Peut-être. Parce que la culpabilité de sa fuite la ronge de l'intérieur ? Peut-être aussi. Parce que sa dépression n'est jamais endormie à cent pourcent ? Possible. Il possible des milliers de possibilités dont personne d'autre qu’elle ne connaît la réponse. Samuel s’imaginera la raison qui panse le mieux ses blessures. « Oui, elle aurait pu, mais elle l'a pas fait. Interprète ça comme tu veux. » que tu lui réponds en haussant légèrement les épaules. Elle n'est pas trop certaine que cette information rattrape le coup de sa dernière révélation, mais bon, ça reste la stricte vérité. Pour une fois. « Au moins avec la vérité, tu sais à quoi t’en tenir. » Sûrement, oui. Leslie ne peut qu’être d'accord avec ce qu'il avance. Elle n'est pas non plus friande des mensonges. Elle aime quand les choses sont claires que ce soit plaisant ou blessant. Sauf que Leslie est une adulte et que Delilah n’était qu’une enfant. La brune continue de croire que la vérité n'était pas forcément bonne à dire dans cette situation. Le sujet tourne doucement vers cette fameuse journée où Hadley a débarqué sans prévenir. Ça vaut autant pour Samuel que pour elle. Non, Leslie ignorait le projet de retrouvailles de son amie. « J’ai pas voulu lui faire du mal. » - « Je sais, Sam. » Elle lui a même dit à son amie que Samuel avait surtout parler sous le coup de l’impulsivité. Il était sous le choc - et avec raison. Leur prochaine conversation se passera sûrement mieux que la première. Il sera plus en mesure d’écouter. Leslie est persuadée que les mots de Hadley ne se sont pas vraiment rendus à son cerveau. « C’était si pire que ça? » Elle a envie de dire que non pour pas qu’il s'en veuille encore plus. Après les accusations de mensonges, ce n'est pas vraiment le temps de mentir encore une fois. « Venant d'elle et bien… je la vois pas souvent comme ça, tu vois ? » Bien sûr qu'il sait exactement ce qu’elle veut dire. Ils sont sans doute les personnes qui la connaissent le mieux au monde. Leslie a prit une longueur d'avance ces vingt dernières années, mais bon, ce n'est sûrement pas une bonne idée de le préciser maintenant.

Accroupi devant lui, ses mains dans les siennes, Samuel lui précise d'un signe de tête qu'il préfère lâcher la bombe lui-même à Delilah. C'est sans doute mieux ainsi, mais Leslie sait tout de même que les répercussions viendront sans aucun doute jusqu'à elle dans les jours (peut-être même les heures) qui suivront. « Est-ce que t’as la moindre idée de comment elle pourrait réagir? Elle te parle de sa mère, parfois? » - « Je sais pas trop. On en parle souvent, oui. Mais j'ai parfois l'impression qu’elle m'en parle comme si elle était morte. Je sais pas trop comment te décrire ça. » Delilah lui demande souvent de lui parler de sa mère, de comment elle était, des anecdotes qu’elles ont vécues ensemble. Elle écoute souvent les récits avec le sourire aux lèvres. Comme une enfant qui veut savoir comment était sa mère de son vivant. Elles ne parlent jamais de l'abandon qu’elle doit ressentir. « Merci. » Elle lui sourit doucement avant de se relever et de prendre place sur la chaise libre à ses côtés. Leslie est presque surprise que la conversation se termine aussi calmement. Elle est la première surprise d'avoir réussi à bien gérer. « Alors dis-moi, comment tu vas toi? » - « Moi ? J’vais toujours bien tu sais bien. » Même quand sa vie est merdique, Leslie va bien. Parce qu’elle se soucie de pas grand chose finalement. Ouais, ça sonne connasse dit comme ça. « J’ai rien écouté de ce que tu as dit à Del pendant le souper. Prends une dernière bière avec moi? » Elle devrait rentrer. Elle a déjà prolongé son temps ici, alors qu’elle ne devait pas le faire. Pourtant, elle répond quand même : « Si tu me prends par les sentiments. » avec un sourire en coin. Bah oui, elle ne peut jamais résister à un verre de plus. « Une seule alors, ma soeur va me tuer si je vais chercher les filles trop tard. » Et aussi parce qu’elle ne pourra plus conduire après les verres de vin qu’elle a déjà pris au souper.

La conversation qui suit est bien plus légère alors qu’elle lui défile des photos qu’il fait semblant d'avoir envie de regarder, qu’elle lui raconte quelques anecdotes cocasses de son voyage.