You swallow your heart and you swallow your pride

Nina & Oscar

La maison est silencieuse, Elisa est allée se coucher depuis plus de deux heures maintenant. Sans l’annoncer, elle a juste disparu dans la chambre. Deux heures qu’Oscar a rejoint son bureau, la tête penchée sur son cours du lendemain qu’il peaufine jusqu’à la perfection. C’est finalement des bruits de pas canin qui le sortent de sa torpeur et du couinement de Chaly son berger australien qui lui fait relever la tête. Chien calme et affectueux, Charly a rejoint leur foyer depuis 3 ans maintenant. Quand Oscar a eut fini son doctorat, retrouvé un peu de temps libre et réalisé par la même occasion le déclin dramatique de son couple. À cette époque, ils se parlaient encore, la frontière commençant à se tracer entre eux. Il y avait encore quelques gestes qui trahissaient leur amour. Alors quand Oscar lui avait parlé d’adopter un chien, Elisa n’avait pas dit non, se figurant sans doute que cette adoption pourrait combler le vide dans leur vie. Charly n’en avait rien fait, il avait beau être docile et câlin, il n’avait rien pu empêcher. Peut-être même avait-il entraîné une péjoration, Oscar l’emmenant dans toutes ces activités sportives avec lui, il en avait involontairement exclu Eli. Et progressivement, toute son attention s’était portée sur le bien-être de son chien, devenu son plus grand allié dans cette maison trop vide et trop silencieuse. 
 
Il jette un coup d’œil à sa montre, il est déjà 1 h du matin, mais le sommeil ne semble pas venir pointer son nez. Petit dormeur, il en a l’habitude et prend la décision de chausser une paire de basket pour aller faire un footing avec son chien. Une drôle d’activité qui est au fil des mois devenue de plus en plus fréquente. C’était plus évident de braver la nuit et le noir que le lit conjugal où la ligne invisible est tracée. Chacun son côté. Par souci de bon voisinage, il attache son chien jusqu’à ce que ce pas l’amène à un sentier, enfin, il peut libérer Charly qui le suit toujours d’un bon pas. Les deux sont habituées à courir ensemble, sentant que la fatigue ne vient toujours pas. Oscar pousse un peu plus qu’à son habitude. Quand il franchit la porte de sa maison, il est déjà 2 h du matin passé. Avant de se doucher, il se posa sur le canapé pour consulter quelques e-mails. 
 
C’est là que le sommeil vient le chercher, il s’assoupit quelques minutes. Ce n’est pas si inhabituel pour lui de finir par fermer les yeux sur le canapé, exténué, ayant poussé son organisme au bout en tentant de repousser l’instant de rejoindre le lit qu’il partage avec sa femme. Ce qui l’est moins, c’est de se faire réveiller en sursaut par la porte d’entrée. Pris d’une seconde de panique, il se lève très rapidement, le temps que son cerveau reconnecte les informations. C’est sa sœur, bien sûr. Bien qu’elle habite chez lui depuis plusieurs semaines, il ne s’est pas encore fait à sa présence. Peut-être parce qu’elle semble se faire la plus discrète possible, ne passant qu’en coup de vent pour dormir. Parfois à pas d’heure, comme ce soir. « Bonsoir Nina. » Il lui fait un faible sourire, la gueule encore un peu enfarinée. « Tu as fini tard… » Il ne comprend pas grand-chose aux horaires de sa sœur. « Tu as passé une bonne journée ? » Il se demande si un imprévu au travail l’a retenu, il sait quelle place elle accorde à sa vie professionnelle et l’énergie qu’elle y met, mais s’inquiète tout de même pour elle. Si elle ne lui a parlé que très brièvement de ces problèmes de mariage, il a bien vu la peine dans son regard. Et s’il déteste la savoir abattue, une part de lui se rassure de ne pas être la seule à voir son mariage sombre. Le vestige d’une compétition qui n’a jamais vraiment cessé entre eux. Mais aujourd’hui, il lui semble qu’elle va mieux, qu’elle reprend du poil de la bête. « Tu as mangé quelque chose ? J’ai fait du risotto, si tu en veux. » Il semble un peu incertain, ce qui n’est pas habituel entre eux. Mais voir Nina dans son spectre privé lui est plus compliqué que prévu, même si elle est bien la seule qu’il pourrait y tolérer.

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Take me as I am

all this time i waited on a future that you never did. and despite all the love i gave, you wanted something i can't give.  ▬ @bat'phanie

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@oscar sterling & nina

Autrefois paralysée par le silence qu’amène l’obscurité, Nina a fini par comprendre ceux qui ont toujours préféré la nuit. Le calme qu’elle identifiait comme un mauvais présage, elle l’accueille désormais à bras ouverts, même lorsqu’il s’agit de traverser le parking de l’hôpital dans la nuit noire. Sa garde aurait dû prendre fin il y a des heures de cela déjà, et à mesure que ses pas l’amène vers sa voiture, elle sent l’adrénaline quitter son corps pour laisser place à une fatigue qu’elle commence à ressentir dans chacun de ses muscles. Pour beaucoup, la sensation serait désagréable, pour Nina, ce n’est que la promesse d’une bonne nuit de sommeil, laissant à la porte de sa chambre tout ce qui envahit habituellement son esprit ces derniers temps. Auparavant, quitter l’hôpital lui offrait la perspective de rentrer dans son cocon, de retrouver des bras qu’elle voulait enrouler autour de son corps et la promesse de quelques instants en tête à tête avant que l’un ou l’autre ne s’en aille à nouveau. Depuis son retour à Brisbane, Nina ne trouve plus aucun plaisir à quitter l’établissement. À quoi bon ? Retrouver une chambre qui n’est pas la sienne, des draps qui ne sentent rien comme Ruben et une ambiance presque plus glaciale que son propre mariage. Ce n’est pas ce qu’elle veut, mais c’est la seule solution qu’elle a trouvée, pour un peu de répit, quelques heures de repos avant de fuir vers le travail, une fois encore. 

Elle allonge le chemin du retour, profite du calme de la ville à cette heure-ci, regrette de ne pas trouver une supérette ouverte pour satisfaire son envie de chocolat et finit néanmoins par regagner la demeure de son frère. Cet endroit qu’elle trouve figé dans le temps, dont elle déteste les éléments et encore plus le silence qui y règne parfois. C’est mieux que la possibilité de croiser Ruben, mais cela s’apparente un peu à retourner vivre chez ses parents. Une régression qui n’était pas à son programme, quelque chose dont elle a encore du mal à trouver une date de fin. En attendant, elle s’efforce de se rappeler à ne pas faire de bruit en poussant la porte d’entrée. Effort qui s’avère vint dès l’instant où Charly arrive en courant. Elle flatte l’animal de quelques gratouilles sur la tête et manque de sursauter lorsqu’une voix l’interpelle. « Bonsoir Nina. » Du coin de l’œil, alors qu’elle ôte ses chaussures pour les glisser dans le placard de l’entrée, elle aperçoit la silhouette de son aîné planté dans le canapé. « Tu as fini tard… » Elle ne se cache pas pour rouler des yeux. Il peut bien garder pour lui ses commentaires paternalistes. Qu’est-ce qu’il fait, lui, encore tout habiller dans son salon alors que la maison semble endormie depuis des heures déjà ? « Une opération en urgence. » Qu’elle marmonne, préférant ne pas directement lui envoyer la balle qui viendrait souligner son envie de fuir cet endroit coûte que coûte.

« Tu as passé une bonne journée ? » Sûrement meilleur que la sienne aux vues de sa dégaine. Alors qu’elle s’avance dans le salon à peine éclairé, Nina remarque les fringues sur le dos d’Oscar et son air épuisé. « Hmm. » Elle retient un bâillement et hausse les épaules. « Une journée comme une autre. » Elle se demande ce qui se trame dans le coin quand elle s’absente, parce que le reste du temps Elisa joue la carte des sourires et de l’air innocent. Sans un bruit, elle se laisse tomber aux côtés de son aîné, pas certaine de ce qu’elle pourrait dire alors qu’il semble clairement s’être assoupi après avoir été courir. « Tu as mangé quelque chose ? J’ai fait du risotto, si tu en veux. » Tel un traitre, son ventre se manifeste à la simple évocation du plat, mais Nina n’amorce aucun mouvement. Cela ne fait que quelque temps qu’elle est venue trouver refuge ici et, pour la plupart, elle était en réalité à l’autre bout du monde, mais ce n’est pas comme si elle n’avait pas remarqué certaines choses. « Oscar ? Qu’est-ce que tu fous dans ton canapé à trois heures du matin et en tenue complète de course ? » Elle s’est laissé enfoncer dans le canapé, sentant simplement le bras de son frère effleurer le sien, alors qu’elle le devine s’agiter afin de gagner du temps sur la réponse qu’il va s’efforcer de composer.

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@Nina Sterling & Oscar

La vie d’Oscar est un mensonge, un mensonge qu’il pense bien ficelle, mais qui semble sur le point de rompre avec la présence de sa sœur dans son intimité. S’il ne regrette pas de lui avoir proposé la chambre d’ami, il regrette toutefois de ne même plus se sentir autorisé à agir librement chez lui, sous peine que son simulacre de couple soit dévoilé au grand jour. De ce fait, il n’est pas tout à fait à l’aise de se faire surprendre par sa sœur sur le canapé à une heure aussi avancée de la nuit, préférant de suite dévier la conversation. Parler n’a jamais été un problème pour lui, une facilité sociale qui lui permet bien souvent d’éviter les sujets fâcheux en les orientant vers l’autre. « Une opération en urgence. » Il n’a pas manqué l’air un peu exaspérer de sa sœur, mais ne le relève pas. Il connaît l’implication de Nina auprès de son travail et son besoin d’être toujours la meilleure. Il partage avec elle cette envie et n’est pas mécontent de se trouver toujours tout en haut du podium pour ses parents. Premier fils et enfant parfait, c’est un statut qu’il ne compte pas céder à sa sœur, malgré tous ces efforts. 
 
« Hmm.  Une journée comme une autre. » Il comprend rapidement que sa sœur n’est pas encline à lui faire de la petite conversation ce soir, sans doute parce qu’il est tard et qu’elle est fatiguée. Pour sa part, cette petite sieste l'a requinqué, et la perspective de retourner faire une balade dehors ou de se pencher sur un de ces projets n’est pas exclue, bien évidemment une fois que sa cadette aura retrouvé son lit. Et bien qu’elle ne lui ait pas retourné la question, il enchaîne pour combler le vide. « J’ai mangé avec les parents à midi, maman s’est foulée à la cheville à force de faire des allers-retours dans le grenier. Si tu as un peu de temps demain pour passer la voir et lui donner quelques conseils, tu la connais, elle n’ira pas voir un médecin et elle n’est pas décidée à se ménager non plus. » Les notions de médecine d’Oscar étant limitées, il s’était contenté d’appliquer un peu de glace et de lui descendre 5 cartons afin qu’elle puisse continuer son tri. 
 
En entendant le ventre de sa cadette se manifester, il pense avoir visé juste avec sa proposition de risotto et pourtant, Nina ne décolle pas du canapé. « Oscar ?  Qu’est-ce que tu fous dans ton canapé à trois heures du matin et en tenue complète de course ? » La question tombe comme un couperet. Il avait espéré pouvoir y échapper. Et s’il tente de rester naturel, son corps semble transpirer une sorte de gêne et de honte. « Je me suis assoupi, c’est tout. » Ce n’est pas totalement faux, et pourtant, lui-même sent bien que sa voix trahit le mensonge. Il se lève rapidement, pour ne pas rester dans cette situation embarrassante pour lui. « Allez, viens manger un truc, tes grognements d’estomac vont finir par réveiller Élisa. » Une grimace se forme sur son visage une fois détourné de sa sœur. Il est très rare qu’Oscar n’appelle pas sa femme par son surnom, et l’appeler Elisa semble être déjà une forme d’aveux. Il se flagelle mentalement, maudissant l’heure avancée de la nuit qui semble diminuer ces capacités de dissimulation. « Il y a même une bouteille de vin blanc d’ouverte. » Il serait probablement plutôt l’heure d’aller dormir, mais Nina a passé une longue journée, et s’ils sont partis pour discuter sérieusement, autant le faire avec un bon vin en bouche. Arrivé à la cuisine, il sert 2 verres et fait réchauffer l’assiette qu’il avait mise de côté pour sa sœur. Quand il se pose près d’elle autour de l’îlot central, il sent son regard pressant. La réponse ne l’a pas satisfaite, c’est une évidence. « Ne me regarde pas comme ça Nina, je suis allé courir et je me suis endormi parce que j'étais fatigué, il n’y vraiment pas de quoi en faire une histoire. » Il attrape son verre de vin comme pour se donner un peu de contenance. « Mais si tu veux parler de sujet qui fâche, tu pourras peut-être me dire ce que tu prévois pour lui suite ? » C’est un revers un peu facile, il le sait bien. « Non pas que ta présence nous dérange ici, tu es la bienvenue, mais tu me donnes l’impression de laisser volontairement traîner les choses pour ne pas prendre une décision. » Pas habitué à voir Nina ne pas être dans l’action directe, il redoute qu’elle retourne vers son bon à rien de mari, un signe de faiblesse pour lui, qu’il préférait ne pas voir chez sa sœur. 

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