tw: mention de meurtre

Elle a passé une mauvaise journée. Non pas qu’elle soit foncièrement habituée aux bonnes journées, Yasmin, mais celle-ci lui a été particulièrement éprouvante, et elle aurait peut-être dû s’y attendre lorsque, de bon matin, juste après avoir déposé sa fille à l’école, elle a été forcée de traverser la ville en compagnie de Josh pour annoncer à des parents inquiets que leur enfant, qui n’était pas rentré de la nuit, a été tué devant un bar sordide aux petites heures de l’aube. Elle est habituée aux larmes qui coulent, aux sourcils qui se froncent, aux fronts qui se plissent, aux lèvres qui tremblent et aux mentons qui se baissent, mais son coeur ne parvient pas à ignorer les soubresauts d’une compassion qu’elle s’efforce de camoufler, mais qui est sans nul doute malvenue en ces lieux. La figure d’autorité qu’elle représente doit être insensible, indolore, impassible, il n’y a pas de place pour les sentiments dans son métier. Anesthésiée, elle les regarde encaisser avec un gémissement déchirant, courber le dos sous la douleur, s’enlacer et se serrer pour construire un mur de bras et d’épaules pour faire face à la nouvelle qu’elle vient de leur annoncer, en finissant par détourner le regard tant le moment lui apparaît comme intime, privé, pas de ceux qu’on expose au monde entier.
Pendant que Josh monte à l’étage pour voir la chambre de l’adolescent assassiné, elle reste avec eux dans l’étroite cuisine qui est rapidement envahie par l’odeur du café. C’était un bon gamin, dit le père d’une voix tremblante, derrière ses lunettes rectangulaires qui ne cachent rien des larmes qui ont rougi ses yeux. Il y a un mot pour désigner l’enfant qui n’a pas de parents et il y a un mot pour qualifier la femme qui perd son mari, mais il n’existe aucun terme pour parler des parents qui n’ont plus leur enfant. L’enquête va devoir déterminer pourquoi le bon gamin a été tué d’une balle dans la tête lors d’une soirée avec ses amis, la police va devoir donner du sens à cette disparition qui, pour l’instant, n’en a aucun.

Elle a passé une mauvaise journée. En rentrant le soir, dans sa maison vide — puisque Derya dort chez une amie, elle n’a pas envie d’être seule, Yasmin. D’ordinaire, le silence des murs ne l’effraye pas vraiment, elle le trouve même confortable, ce mutisme du corps et de l’esprit, mais à cet instant précis, il lui est insupportable. Alors elle appelle Atlas sans réellement savoir pourquoi c’est vers lui qu’elle se tourne, sans nul doute parce qu’elle a l’impression qu’il répondra toujours présent pour elle, et que sa présence est encore plus confortable et rassurante que le silence quiet de sa demeure. Elle le presse de venir sans préciser la nature de l’urgence puis, délestée de ses chaussures et de sa veste, elle l’attend en étant assise sur la table de la salle-à-manger, qui fait face à la baie vitrée. Ses pieds nus se balançant dans le vide, ses deux mains accrochées au bois de la table, elle observe les maisons face à la sienne, les rangées de voiture sagement garées devant les clôtures, les étendues d’herbes vertes soigneusement entretenues par les propriétaires, les vélos que les enfants ont abandonné, jusqu’à ce que ses sourcils se haussent quand elle reconnait la silhouette du capitaine qui grimpe les marches du perron. Réanimée, elle se dirige vers la porte et l’ouvre avant même qu’il ait le temps de toquer, n’attendant qu’un bref instant de plus avant de passer ses bras autour de sa nuque pour l’enlacer, obligée d’être sur la point des pieds pour compenser leur écart de tailles. Il est là, lui. Il n’a pas disparu cette nuit, il n’est pas mort devant un bar sordide avant l’aube, elle n’aura pas à chercher qui l’a tué, elle n’aura pas à prévenir son entourage qu’il a disparu. Il est là. ’’Tu as fait vite.’’ qui sonne comme un merci d’être venu qu’elle ne prononcera pas ainsi, mais qui est plus franchement retranscrit sur les lèvres qu’elle courbe afin de lui offrir un sourire complice, avant de se détacher de lui. ’’J’ai commandé des pizzas.’’ retournant à l’intérieur, elle se dirige dans la cuisine pour passer derrière le comptoir, demandant un ’’Tu veux une bière ?’’ qui est prononcé d’un ton léger, désinvolte, comme si elle ne l’avait pas appelé au secours quelques instants plus tôt.

Elle a passé une mauvaise journée. Mais ça va un peu mieux, maintenant.

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Habituellement, Atlas ne sait jamais où il a posé son téléphone. Il est de ceux qui ne sont jamais accrochés à leur portable, qui le laissent constamment en silencieux et qui ne répondent aux messages qu’avec un délai minimum de trois jours. Mais ce soir, il l’avait à la main, pour répondre à un message de Lewis, quand ce dernier se mit sonner, affichant le prénom de Yasmin. S’il a pris la fâcheuse manie de filtrer ses appels dernièrement, il n’hésite pas une seconde à répondre à la jeune femme. Ce n’est pas normal qu’elle l’appelle sans raison, encore moins à cette heure, alors qu’elle devrait être avec sa fille. À croire que son instinct vise toujours juste. « J’arrive. » Il est déjà debout, en train de chercher ses chaussures, avant de réaliser qu’il serait mieux d’enfiler un tee-shirt avant de quitter son appartement.

Bien sûr, à cette heure, il se retrouve coincé dans la circulation qui sillonne au travers de la ville. Il marmonne dans sa barbe, cherche à comprendre ce qui a bien pu se passer pour que Yasmin lui demande de venir en urgence. Il s’angoisse, tapotant frénétiquement sur son volant alors que la grand-mère, devant lui, ralentit avant même que le feu soit rouge. Il garde son sang-froid, mais ne supporte pas les minutes qui s’écoulent sans qu’il ne gagne du terrain. Tous les scénarios se jouent dans un coin de son esprit, alors que la partie la plus rationnelle, cherche à lui rappeler que Yasmin est de la police et que si l’urgence concernait un moment de vie ou de mort, elle ne l’aurait jamais appelé en premier. C’est ce qui le pousse à prendre son mal en patience, tout en finissant, malgré tout, par griller un feu rouge.

Ce n’est pas dans les habitudes de la brune que de venir le cueillir sur le palier alors qu’il n’a même pas encore sonné. Il n’a pas le temps d’analyser les traits de son visage, que déjà, elle se jette à son coup. Sans réfléchir plus loin, Atlas enroule ses bras autour de la silhouette de son amie, la serrant contre lui. « Tu as fait vite. » - « J’ai peut-être grillé un feu ou deux. » Et désormais, il aimerait savoir pourquoi elle avait si urgemment besoin de le voir. Ils avaient déjà donné dans les urgences, la dernière fois, il a dû témoigner au tribunal. Il n’a pas forcément à cœur de renouveler l’expérience. Mais Yasmin se recule, comme si de rien était, lui offrant un maigre sourire avant de s’effacer à l’intérieur de la maison. « J’ai commandé des pizzas. » Il n’est pas certain de comprendre. Laissant son regard scanner la silhouette de la brune, il prétend également attention aux bruits de la maison. « Tu veux une bière ? » Tout est un peu trop calme à son goût. « Elle est où, Derya ? » Fermant la porte derrière lui, il se met à suivre Yasmin jusqu’à la cuisine. « Eh Yas tu m’as appelé comme si le monde allait s’écrouler, il se passe quoi là ?! » Elle est trop calme, il n’aime pas cela. Plus encore quand elle fait glisser une bière sous son nez sans avoir pris le temps de lui répondre. « À quoi tu joues ? » Il sent déjà qu’il va regretter de s’être angoissé pour elle, la traître.

« J’ai peut-être grillé un feu ou deux. » se reculant de quelques degrés, elle fait coulisser ses deux mains sur les épaules carrées de son ami, le toisant d’un oeil interdit en haussant ses sourcils de quelques degrés, ne résistant pas à l’envie de fureter un ’’Est-ce vraiment malin de dire ça à un lieutenant de police ?’’ faisant mine de réfléchir, elle presse ses lèvres charnues dans une petite moue faussement hésitante avant de s’éclipser pour rejoindre l’intérieur de sa maison, guidant ses pieds nus jusqu’à la cuisine pour y continuer son séquelle, bien consciente de l’avoir fait rappliquer avec l’appât de l’urgence sans en avoir l’ombre à lui brandir sous le nez ; difficile de lui faire constater que les dégâts sont dans sa tête, et qu’elle compte sur lui pour l’aider à remettre le puzzle en place. Elle n’a pas envie de lui dire, non, plutôt, elle aimerait ne pas avoir à lui dire, elle aimerait qu’il comprenne, comme ça, d’un simple coup d’oeil, la vérité. Mais il ne comprend pas, Atlas, et il suit le mouvement en ayant l’impression qu’elle le mène en bateau — d’ailleurs c’est peut-être le cas, mais cela n’empêche pas son capitaine de navire de lui tendre une bière comme si la situation ne relevait rien d’anormal. « Elle est où, Derya ? » - ’’Chez une copine.’’ elle est loin, bien loin de cette maison, sinon Yasmin n’aurait pas appelé Atlas pour qu’il débarque de cette façon, non, elle aurait joué son rôle à la perfection (ou presque), comme elle le fait toujours quand elle passe une mauvaise journée. Derya ne doit rien savoir des afflictions de sa mère, des corps morts et des enfants disparus. « Eh Yas tu m’as appelé comme si le monde allait s’écrouler, il se passe quoi là ?! » elle soupire en décapsulant sa propre bière, grimpant sur le plan de travail pour s’y assoir en posant un regard presque lassé sur son ami, bien consciente qu’elle lui doit une explication après qu’il ait traversé la ville pour la rejoindre en écopant de quelques amendes pour excès de vitesse « À quoi tu joues ? » trouve quelque chose dépêche toi ’’En fait.. J’avais besoin de toi pour…’’ après un regard circulaire dans sa cuisine, elle se contorsionne pour attraper un pot de configure parfaitement neuf, qu’elle lui remet entre les mains en disant, avec l’ébauche d’un sourire ’’…Pour ouvrir ça. Je n’y arrive pas avec mes petits bras.’’ courbant le dos, elle apporte sa bière à ses lèvres pour en boire une gorgée, gorgée qui doit lui conférer un peu trop de courage et de spontanéité puisqu’elle s’entend dire, sans pouvoir s’empêcher de parler ’’Derek n’est pas le père de Derya.’’ elle vient vraiment de le dire ? elle vient vraiment de le dire. Elle devrait être mortifiée de honte, revenir immédiatement sur l’aveu qui vient de lui échapper mais, au contraire, elle est incroyablement soulagée. Après l’avoir dit à Andy, voilà qu’elle fait entrer quelqu’un d’autre dans le cercle très sélecte de ce mensonge dissimulé depuis bien trop longtemps. ’’Oh, je me sens beaucoup mieux !’’ elle retombe sur ses pieds en tenant toujours sa bière dans une main, usant de l’autre pour se désigner de l’autre ’’Je l’ai dit et je me sens plus légère.’’ le projet est de vider son sac pour alourdir celui d’Atlas, visiblement, l’amitié selon Yasmin donc. Elle hausse ses sourcils sur son front plissé en hochant son menton de haut en bas, étant porteuse d’un sourire tout à fait incontrôlable, qu’elle n’est pas en mesure de réprimer. ’’Vas-y, insulte-moi comme ça on passe à autre chose.’’

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Elle a l’air relativement calme pour une personne qui avait besoin de sa présence en toute urgence. Ce n’est pour autant pas ce qui apaisera aussi aisément ses inquiétudes. « Est-ce vraiment malin de dire ça à un lieutenant de police ? » Il lève les yeux au ciel, bien trop habitué à ce qu’elle lui balance son grade en guise d’excuse, oubliant toujours un certain point qu’il se fait un malin plaisir de lui rappeler, à chaque fois. « Joue pas à ce jeu, Hikmet, je serais toujours plus haut gradé que toi. » Il lui adresse un sourire amusé, toujours aussi fier de leur connerie quand ils agissent ainsi. Ils ont beau évoluer dans deux univers parfaitement différents, il lui rappellera constamment que le grade de lieutenant est un lointain souvenir à ses yeux. Elle s’amuse clairement de leur échange tandis qu’il observe le moindre recoin de la maison, à la recherche d’une raison à sa propre venue. « Chez une copine. » Donc il ne s’agit pas d’un conflit idiot avec sa fille. Suivant les pas de la brune, il la retrouve dans la cuisine, acceptant la bière qu’elle lui tend sans jamais se défaire de son air inquisiteur. Il veut comprendre et Yasmin semble jouer la montre. Il déteste cela. Ça n’augure rien de bon, pas vrai ? Prenant appui contre le plan de travail, il l’observe s’installer telle une adolescente qui cherche à défier l’autorité de ses parents en déposant ses pieds nus sur l’îlot de la cuisine. Elle soupire et il s’agace légèrement. « Joue pas les offusqués quand c’est toi qui m’as appelé. » Il ne lui reprochera jamais de l’avoir fait. Il préfère qu’elle se confie, qu’elle trouve cela normal de pouvoir l’appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. En revanche, Atlas souhaiterait également comprendre ce qui paraissait la troubler il y a quelques minutes encore. « En fait... J’avais besoin de toi pour… » Il n’a pas besoin de la regarder jouer les contorsionnistes pour savoir qu’elle va lui sortir une connerie de son chapeau. « Pour ouvrir ça. Je n’y arrive pas avec mes petits bras. » - « Prends moi pour un con. » Il hausse un sourcil sans jamais détourner le regard.

Il s’attendait probablement à tout, sauf à ce qui allait suivre. Imitant la brune qui lui fait face, Atlas s’accorde une gorgée de bière en même temps qu’elle semble déterminée à lui parler plus sincèrement. « Derek n’est pas le père de Derya. » Pris de court, absolument surpris par les mots qui s’échappent des lèvres de Yasmin, il n’a pas le temps de contrôler quoi que ce soit et recrache la moitié de sa gorgée avant de se tourner précipitamment vers l’évier pour cracher. « Putain. » Il a tâché son pull, il tousse pour ne pas s’étouffer encore plus et puis merde la bière qui passe par le nez ça n’a absolument rien d’agréable. Derrière lui, il a l’impression que Yasmin s’amuse. « Oh, je me sens beaucoup mieux ! » Il ouvre le robinet pour se rincer la bouche avant de se tourner vers la jeune femme qu’il assassine d’un regard noir. « Je l’ai dit et je me sens plus légère. » Elle est devenue folle ? Ou cherche-t-elle à se convaincre de cela pour ne pas avoir à imposer à Derya le décès de son père pour le reste de sa vie. « Tu te moques de moi là, hein ? » Il se souvient de toutes les fois où Derek s’était vanté de tromper sa femme. C’est précisément à cause de tout cela qu’il s’était rapproché de Yasmin. Pour la prévenir, pour la protéger, pour qu’elle fasse attention à elle. Et durant tout ce temps, elle faisait de même ? « Vas-y, insulte-moi comme ça, on passe à autre chose. » Offusqué qu’elle le pense aussi violent, il prend un instant pour mieux l’observer. Elle ne bouge pas, consciente d’avoir lâché un pavé dans la mare, et il ne sait comment réagir désormais. « Faut que je m’assoie. » Il va en avoir besoin, il le sent, et puis ça lui évitera de devoir admettre qu’il ne peut plus rester debout aussi longtemps qu’auparavant. « Et tu vas gentiment rembobiner pour que je comprenne. » Il n’a pas l’intention de lui hurler dessus, mais trop de choses lui échappent et il déteste avoir l’impression de manquer d’informations. Rien de tout cela ne colle avec la Yasmin qu’il a rencontrée il y’a dix ans de cela. « T’avais un amant ? » Il se retient d’y ajouter un ‘toi aussi’, mais il le pense probablement assez fort pour qu’elle comprenne le sous-entendu.

Elle devrait être touchée qu’il ait fait le déplacement en se croyant au beau milieu d’une course automobile, en mettant sa vie et celles des autres conducteurs en danger — le genre de truc mièvre qui paraît un peu calamiteux aux premiers abords, et qui l’est probablement d’ailleurs, mais puisque l’urgence en question est encore plus désastreuse que le reste, elle préfère brandir la carte de l’humour pour détourner l’attention du militaire afin de noyer le poisson à défaut d’en faire de même avec la vérité (ce serait bien pratique) « Joue pas à ce jeu, Hikmet, je serais toujours plus haut gradé que toi. » elle fait la moue en redressant l’une de ses épaules, feignant à peine la nonchalance quand elle marmonne, faussement menaçante : ’’Ça m’empêchera pas de te coller des amendes.’’ laissant planer un petit moment de silence, Yasmin grimpe sur le plan de travail en haussant ses sourcils avec un air provocant, ses mains agrippant le bord de l’îlot de cuisine pendant qu’elle lui joue une comédie infructueuse, que le capitaine n’a aucun mal à défaire le noeud de sa mascarade, qui ne dure pas bien longtemps. Parce qu’elle les dit, ces mots honteux qui débordent de sa bouche, qui pleuvent comme une averse incontrôlée qu’elle ne peut interrompre tant elle l’a longtemps contenue dans le nuage de ses pensées. Elle l’a dit à quelqu’un, enfin, après deux ans à le garder pour elle — elle et Andy, mais sa meilleure amie ne compte pas puisque c’est presque un dédoublement de sa propre personne — et cela lui fait un bien fou. Oui c’est honteux, oui elle devrait être mortifiée et vouloir se cacher dans un trou de souris mais, elle est tant obnubilée par le renvoie d’Atlas qu’elle oublie de changer de position. ’’Ça va ?’’ - « Putain. » ça doit vouloir dire que non alors elle grimace en tordant le coin de sa lèvre inférieure sur le côté, joignant ses deux mains sur le devant de son corps, un peu penaude même si elle se sent toujours aussi soulagée d’avoir partagé ce fardeau avec lui « Tu te moques de moi là, hein ? » elle aimerait bien, surtout qu’elle voit poindre quelque chose de similaire à la déception mais, elle est prête à l’affronter, Yasmin, consciente qu’il ne peut en être autrement pour l’instant. Mais qu’est-ce qu’elle peut faire d’autre ? « Faut que je m’assoie. » elle le considère d’un regard un peu surpris avant d’hocher son menton de haut en bas pour accompagner le ’’Fais comme chez toi…’’ puisque c’est un peu le cas, dans le fond, et qu’elle n’a pas besoin de l’autoriser à prendre ses aises pour qu’il le fasse, depuis le temps qu’il vient ici. « Et tu vas gentiment rembobiner pour que je comprenne. T’avais un amant ? » ce serait vraiment le moment parfait pour que le livreur de pizza arrive ou pour qu’un avion s’écrase malencontreusement sur le toit de la maison mais, tandis qu’elle le fixe avec une retenue hésitante, il ne se passe rien de tout cela ; la porte d’entré reste désespérément silencieuse et le plafond de s’effondre pas sur leurs têtes. Dommage. ’’Bon…’’ elle descend de son perchoir en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, lui lançant un regard craintif avant de contourner le comptoir pour attraper un couteau et le premier truc qui lui tombe sous la main — une pomme — afin de la découper en petits morceaux sur une planche à découper. ’’Pas vraiment. Enfin, oui, bien sûr, tu t’en doutes je ne suis pas la vierge marie’’ elle le dit en faisant tourner la pointe de son couteau vers le plafond, sans quitter la pomme estropiée des yeux ’’C’était juste une fois. Une erreur… Il n’était pas toujours tendre avec moi, tu sais. Je n’étais pas battue, je ne vais pas mentir, il n’a jamais levé la main sur moi. Mais tu sais, les mots…’’ elle laisse sa phrase suspendue parce que la suite refuse à s’exprimer, en ralentissant les mouvements hargneux de sa main qui tient le couteau tandis que les cubes de pomme s’agglutinent sur le côté de la planche ’’…Je n’en suis pas fière. Ce n’est pas une excuse, je le sais. Je t’explique juste que… C’était agréable, que ce soit aussi simple.’’ ravalant difficilement sa salive en serrant les dents, elle redresse son menton pour le regarder dans les yeux, même si elle craint ardemment d’y lire tout un cocktail négatif. Va-t-il la considérer autrement, maintenant ? Est-ce que leur amitié va en pâtir ? ’’Je ne suis pas une mauvaise personne. J’ai fait une erreur. C’est tout.’’ c’est peut-être trop facilement résumer mais, que peut-elle dire d’autre ?

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Véritablement, il s’attendait à tout. Mais tout de même, plus particulièrement, à ce qu’elle est passée une journée difficile dans l’exercice de ses fonctions. Cela arrive régulièrement que Yasmin ait besoin de vider son sac ou de se changer les idées après une affaire un peu trop sensible. Il s’est toujours rendu disponible pour l’écouter, lui ramener sa pizza préférée ou même s’efforcer d’écouter son film préféré. Leur dynamique a toujours fonctionné ainsi et c’est bien pour cela qu’il n’a même pas hésité après son appel. Une mauvaise journée, il aurait su gérer en un claquement de doigt. L’aveu sur la véritable identité du paternel de Derya, il l’avale de travers. Littéralement. Ce n’était même pas censé être un quelconque sujet. Il ne pouvait pas le voir venir quand, pour lui, il n’était même pas question d’avoir le moindre doute. Soudainement, il n’est plus certain de comprendre quoi que ce soit et il lui paraît évident que Yasmin a sauté quelques étapes dans son explication. Ce qui paraît le plus évident, néanmoins, c’est un véritable soulagement qu’il sait reconnaître sur ses traits. Et tout cela lui fait dire qu’elle ne se moque pas de lui, qu’elle est sérieuse et qu’ils vont devoir en parler. 

« Bon… » Ce qu’il ne comprend pas, c’est le regard craintif qu’elle lance dans sa direction. Il fronce les sourcils, mais déjà elle détourne les yeux pour mieux s’occuper les mains. Certes, il s’était étouffé de manière dramatique, mais tout de même… Il connaît ce genre de technique, elle préfère détourner l’attention et il ne souhaite pas la forcer au moindre aveu, mais après tout… C’est elle qui a commencé en lâchant une bombe. « Pas vraiment. Enfin, oui, bien sûr, tu t’en doutes je ne suis pas la vierge marie. » Il préfère ne pas imaginer, mais effectivement, il se doute bien que Derya n’est pas le résultat d’un tour de magie. « C’était juste une fois. Une erreur… Il n’était pas toujours tendre avec moi, tu sais. Je n’étais pas battue, je ne vais pas mentir, il n’a jamais levé la main sur moi. Mais tu sais, les mots… » Il a envie de se lever, pour poser une main sur son bras, pour qu’elle arrête de balancer son couteau dans un sens puis dans l’autre, mais il veut également lui laisser l’occasion de tout dire. Elle retient cela depuis huit ans, il serait temps. « Je n’en suis pas fière. Ce n’est pas une excuse, je le sais. Je t’explique juste que… C’était agréable, que ce soit aussi simple. » Sa confusion grandit à mesure où il reconnaît tous les signes de méfiance qui se dégagent de son amie. Est-ce qu’elle avait peur de lui parler de tout cela ? Parce qu’à l’origine, il était un ami de Derek. « Yas… » Il n’a pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre, qu’elle s’empresse d’ajouter. « Je ne suis pas une mauvaise personne. J’ai fait une erreur. C’est tout. » Et c’est trop, il ne peut pas laisser la conversation se poursuivre alors qu’elle se replie de plus en plus sur elle-même ou qu’elle semble déterminée à massacrer cette pauvre pomme. « Okay, stop, pause, temps mort ! » Il se lève en même temps que ses deux mains forment un T pour mettre en pause l’action. Se rapprochant de Yasmin, il ne détourne jamais le regard. « Derek était un enculé qui passait son temps à te tromper, tu penses sincèrement que je vais te juger pour être allé voir ailleurs ? » N’avait-il pas été celui qui était venu la voir pour sonner la sonnette d’alarme ? Pour l’aider à ouvrir les yeux ? Il ne cautionne pas vraiment l’adultère, certes, mais dans ces circonstances, Yasmin avait obtenu un passe-droit depuis bien longtemps. « Tu m’as juste pris par surprise. » Il ne pouvait pas être plus précis que cela, la surprise l’avait eue, il n’avait pas franchement trouvé ça très drôle, mais de voir Yasmin se replier sur elle-même de la sorte le force à rapidement corriger sa façon d’être. Atlas ne veut rien lui reprocher, il voulait simplement comprendre. Et comme un idiot, il est obligé de demander. « T’es sûre de toi ? » Derya est le portrait craché de sa mère, mais quand même, elle ressemble un peu à Derek non ? Ou alors, c’est ce que son inconscience le force à croire, parce qu’il pensait que ce dernier était son père ? Et surtout, il se demande… « Pourquoi tu me dis ça maintenant ? » Après huit longues années et les galères qu’elle a pu traverser ? Est-ce que ça n’aurait pas pu lui éviter des heures de procès et d’humiliation ?

Elle l’a dit. Ou plutôt, l’aveu lui a échappé comme les premières goutes d’une vague déferlante après qu’un barrage ait cédé, de la même façon que si elle avait maintenu l’étau de ses lèvres scellées durant bien trop de temps pour ne pas le voir rompre sous le poids de ses émotions actuelles. Elle aurait pu l’annoncer autrement, Yasmin, l’avouer d’une façon un peu plus diplomatique, si tenté est qu’il existe réellement une meilleure façon de formuler une telle chose mais, elle se rend bien compte qu’elle le placarde dans l’air en espérant naïvement qu’il ne se le prenne pas dans la figure, et qu’elle est foncièrement égoïste de lui partager ce secret alors qu’il côtoie régulièrement sa gamine. Maintenant, comme elle, il va devoir se taire, il va devoir mentir à la fillette de huit ans qui le considère comme son tonton et qui le colle chaque fois qu’ils sont dans la même pièce. La même qui lui faisait mille dessins quand elle était petite, qui réclamait sa présence en criant son nom dans le téléphone, qui courait vers lui lorsqu’ils se voyaient, et qui parle de lui comme un véritable héros. Assurément, oui, Yasmin est égoïste de l’embarquer dans cette tempête de  vérité.

Elle assumerait de l’être, égoïste, principalement parc que le poids du secret s’alourdit de jour en jour depuis deux ans et qu’il lui paraît de plus en plus difficile de le maintenir sous cloche, mais elle craint tant de voir le regard d’Atlas s’assombrir qu’elle tente de se secourir, de jouer les mauvaises avocates qui n’ont que trop peu d’arguments pour défendre leur client accablé par les preuves, mais elle s’obstine à déblatérer un discours décousu et sans réel fondement, jusqu’à ce qu’il sonne le « Okay, stop, pause, temps mort ! » qui l’oblige à se figer derrière son comptoir, la lame de son couteau de cuisine planté dans le coeur d’une pomme qui n’a rien demandé. Si elle n’a pas peur de lui à proprement parler — parce qu’elle sait très bien qu’il ne sera jamais violent à son égard, elle hausse néanmoins un sourcil penaud en le voyant s’approcher, comme si elle craignait que cette proximité physique soit la manifestation du dégoût qu’elle lui inspire « Derek était un enculé qui passait son temps à te tromper, tu penses sincèrement que je vais te juger pour être allé voir ailleurs ? » oh elle est surpris — positivement surprise, et ses épaules chutent de quelques degrés quand elle marmonne, encore une fois : ’’C’était juste une nuit.’’ contrairement à Derek qui enchaînait les parties de jambes en l’air aussi rapidement qu’elle enfourne les cookies dans son four, ouais « Tu m’as juste pris par surprise. » elle s’en excuse d’une grimace perpétrée par ses lèvres, en relâchant enfin le manche de son couteau pour attraper un torchon propre afin de s’essuyer les doigts. « T’es sûre de toi ?  » elle aimerait pouvoir nourrir le doute à ce sujet mais, en soupirant, elle appuie ses deux mains sur le comptoir avant de dire, d’une voix calme : ’’Il y a deux ans, j’ai croisé son ex-compagne. On s’était déjà croisées mais là, on a pris le temps de parler puisqu’elle avait été entendue dans le cadre de l’enquête… Enfin, tu dois te souvenir de tout ça.’’ et inutile d’aborder le sujet, n’est-ce pas ’’Elle m’a dit que j’avais eu raison de le quitter et de faire ma vie avec quelqu’un d’autre… Je lui ai dit que j’étais restée avec Derek jusqu’à sa mort, que j’avais même eu un enfant avec lui et là, tu aurais vu son regard…’’ se souvenir de la fameuse oeillade, emplit de sous-entendus et d’amusement dégueulasse, lui confère un sentiment de honte qu’elle assouplit en frottant sa nuque de sa paume ’’Elle m’a dit que c’était impossible, Derek était stérile. Ils avaient essayé d’avoir un enfant quand ils étaient ensemble, mais c’était impossible. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils avaient rompu. Cela explique quand même pourquoi il ne s’est pas investi dans cette grossesse, pourquoi il n’est pas venu à la maternité, pourquoi j’ai dû le tanner pour qu’il reconnaisse Derya…’’ elle a soudainement mal-au-coeur, un renvoi puissant qui l’oblige à s’asseoir à même le sol de la cuisine, le dos appuyé contre l’ilot central derrière elle. Yasmin se sent misérable, la pire mère au monde — elle sait pourtant qu’il y a plus mauvais parent qu’elle mais, là, tout de suite, quand elle plie ses jambes et appuie ses poignets sur ses genoux, elle se sent comme la plus effroyable des personnes vivant sur cette planète.

« Pourquoi tu me dis ça maintenant ? » les yeux brillants, elle lève le menton vers Atlas en vivant cette simple question, pourtant légitime, comme un reproche. ’’Je suis désolée…’’ elle le souffle d’une voix sincère mais dont les dernières sonorités chevrotent sous l’émotion vivace qui étrangle son coeur, même si elle s’efforce de poursuivre, en essuyant les larmes qui glissent sur ses joues. ’’Je ne sais pas… J’ai besoin que quelqu’un m’aide, j’ai besoin que tu me donnes ton avis sur ce que je devrais faire… Est-ce que je dois le dire à Derya ? Est-ce que je dois l’annoncer au père ?’’ si elle craint la réaction de Wells, sa plus grande peur concerne sa fille, et c’est sûrement la raison pour laquelle elle vient chercher du soutien auprès d’Atlas aujourd’hui. ’’Je ne veux pas que ma fille me déteste, tu comprends ?’’

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En silence, d’abord, il l’observe s’agiter dans la cuisine, alors qu’elle s’évertue à user de grands mouvements comme d’une diversion, martyrisant une pomme qui n’avait rien demandé, mais qui était venue rouler jusqu’entre ses doigts. La supercherie pourrait fonctionner auprès d’un inconnu, mais Atlas peut au moins se vanter de connaître la policière. Les années aidant, il avait lentement appris à lire les signes silencieux, ceux qui dénotent une anxiété inhabituelle chez la brune. Il analyse alors qu’elle bégaye dans une tentative de justification qui ne fait soudainement plus grandement sens à ses yeux. Il ne se vexe pas de l’hésitation de son amie, mais lève un sourcil interrogateur lorsqu’elle semble marquer un pas en arrière alors qu’il s’approche d’elle. Rien de tout cela ne se veut normal et s’il a pour habitude de rester calme en toutes circonstances, le comportement de Yasmin commence à l’inquiéter. Certes, elle venait de lui jeter une bombe à la figure, peut-être avait-il réagi un peu trop vivement, mais à quoi pouvait-elle bien s’attendre ? Ce n’est pas comme s’il avait été prévenu de ce qui venait, et ce n’est clairement pas quelque chose qu’il aurait pu un jour envisager tout seul. Il se doutait qu’elle n’était pas heureuse dans son couple, mais jamais il n’avait pensé que Yasmin puisse être allée voir ailleurs, et encore moins que cela ne remette en cause la paternité de Derek. Sa compréhension se veut limiter, mais le fait qu’elle cherche autant à se justifier le chagrine malgré tout. « C’était juste une nuit. » - « Yas, t’as pas à te justifier. » Pas auprès de lui en tout cas. Certes, il ne glorifie pas l’adultère, mais il faut admettre que Derek l’avait amplement mérité. Ce qu’il n’arrive pas à comprendre, pour le moment, c’est la façon dont elle affirme sans le moindre doute qu’il n’est pas le père de Derya. « Il y a deux ans, j’ai croisé son ex-compagne. On s’était déjà croisées, mais là, on a pris le temps de parler puisqu’elle avait été entendue dans le cadre de l’enquête… Enfin, tu dois te souvenir de tout ça. » Il hoche la tête en simple signe d’approbation, se souvenant également d’avoir croisé cette femme qui avait bien des choses à dire sur son ex-conjoint. « Elle m’a dit que j’avais eu raison de le quitter et de faire ma vie avec quelqu’un d’autre… Je lui ai dit que j’étais restée avec Derek jusqu’à sa mort, que j’avais même eu un enfant avec lui, et là, tu aurais vu son regard… » Il devine aisément à quoi a bien pu ressembler le reste  de la conversation, mais offre à Yasmin le plaisir de pouvoir complètement vider son sac. « Elle m’a dit que c’était impossible, Derek était stérile. Ils avaient essayé d’avoir un enfant quand ils étaient ensemble, mais c’était impossible. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils avaient rompu. Cela explique quand même pourquoi il ne s’est pas investi dans cette grossesse, pourquoi il n’est pas venu à la maternité, pourquoi j’ai dû le tanner pour qu’il reconnaisse Derya… » S’il est surpris, il s’inquiète surtout de la soudaine pâleur de Yasmin et se précipite vers elle alors qu’elle se laisse glisser sur le sol. Un simple regard lui assure qu’elle paraît simplement déroutée par son propre aveu. Il aurait à cœur d’insulter l’ancien policier, mais cela serait bien vain. « Je suis désolé. » Il ne sait vraiment de quoi il s’excuse, mais sur l’instant, cela lui paraît être la formule la plus adaptée. Il avait réagi bien trop vivement et désormais, il comprend mieux les hésitations de son amie. Même si… « T’aurais pu m’en parler. » Une façon de lui rappeler qu’il sera toujours présent pour elle, qu’importe le sujet ou à quel point cela semble difficile pour elle. Un peu hypocrite de sa part quand il ne lui dit pas tout également, mais c’est bien le paradoxe qui compose la personnalité d’Atlas ces derniers temps.

« Je suis désolée… » C’est donc le florilège des excuses qui n’ont pas lieu d’être et, pour la rassurer, Atlas lui offre un tendre sourire. « C’est rien, je comprends. » C’est un sujet complexe qui amène une réalité bien différente et surtout qui pourrait changer la vie de Derya. « Je ne sais pas… J’ai besoin que quelqu’un m’aide, j’ai besoin que tu me donnes ton avis sur ce que je devrais faire… Est-ce que je dois le dire à Derya ? Est-ce que je dois l’annoncer au père ? » Cela fait beaucoup de questions d’un coup et surtout beaucoup de larmes qu’il ne peut aller essuyer lui-même. Ce serait idiot de jouer au héros alors qu’il serait bien incapable de se relever seul s’il venait à s’asseoir à même le sol. « Je ne veux pas que ma fille me déteste, tu comprends ? » Il ne peut la laisser se torturer l’esprit plus longtemps et à défaut de pouvoir s’abaisser à son niveau, il décide de lui tendre la main pour l’aider à se relever. Il devine l’interrogation dans le regard de la brune et choisit d’user d’un peu d’humour. « Papy peut plus s’asseoir par terre, aie pitié au moins. » Il déteste en rire habituellement, mais si cela pouvait lui arracher un maigre sourire au travers de ses larmes, ce serait déjà un combat de gagné. Lorsqu’elle se trouve à nouveau à sa hauteur, il n’hésite pas une seule seconde à venir enrouler ses bras autour de ses épaules pour l’attraper dans une étreinte réconfortante. « Quoiqu’il arrive, je serais toujours là. » C’est une promesse gravée dans le marbre, qu’elle en soit assurée.

Il lui laisse une minute pour reprendre le contrôle de ses émotions et l’entraîner vers la table de la cuisine où ils pourront s’asseoir tous les deux. « Avant d’en parler à Derya. » Parce qu’elle devra lui dire, un jour, mais ce n’est pas ce qui l’inquiète le plus pour le moment. « T’es encore en contact avec ce mec ? » Atlas n’a pas d’enfant, il a cru, a un moment, qu’il avait dérapé avec Alma au point que sa fille soit la sienne, mais ce n’était que son cerveau malade qui parlait, embrouillé par sa perte de mémoire et la perte de ses repères. Il n’a pas d’enfants donc, mais il possède un instinct qui se réveille dès qu’il s’agit de Derya ou de ses neveux et nièces. « L’annoncer à ta fille si le gars s’en moque éperdument d’elle, c’est… Ce serait lui faire perdre un père pour la deuxième fois. » Et ce ne serait pas juste pour cette petite fille qui n’a rien demandé. « Est-ce que tu voudrais qu’il s’implique au moins ? Ou tu préfère pas ? » Il ne sait rien de ce gars-là, il n’ose pas vraiment poser plus de questions au risque de provoquer à nouveau les larmes de Yasmin. Alors, il attend, jouant avec ses mains, tandis qu’elle semble réunir ses pensées.

« Yas, t’as pas à te justifier. » elle n’a pas à se justifier mais elle ressent le besoin de le faire, la nécessité, même, de laver son honneur, de rendre justice à la conjointe patiente et endurante qu’elle a été avec Derek, celle qui n’est jamais partie les mots blessants, les absences répétées et les trop nombreuses tromperies ; elle aurait dû, oui, c’est facile de refaire le film une fois que celui-ci est terminé, facile de se formuler des reproches quand, sur le moment, on a géré la situation comme on pouvait. Vivre aux côtés d’un monstre d’égoïsme, de cruauté et de narcissisme ne l’exempt pas du devoir de fidélité, certes, mais peut-être que cela donne un début d’explication, de raison au fait qu’elle ait cédé aux bras d’un homme qui n’était que douceur avec elle, qui ne lui rappelait pas qu’elle n’était qu’une bonne à rien et qu’elle devait s’estimer chanceuse qu’il veuille encore de sa personne. Le détail qui cloche - en plus de l’infidélité, est que Samuel n’est pas un inconnu qu’elle a rencontré dans un bar après une soirée arrosée, et encore moins quelqu’un dont elle a perdu la trace. Il est un homme qu’elle voit encore au quotidien, qu’elle considère comme un ami aujourd’hui, après avoir été amoureuse de lui en secret, après l’avoir aidé à élever sa fille, après qu’il ait fait la même chose pour Derya… Elle est une piètre amie, et une bien mauvaise mère, oui. Elle le sait.

Atlas s’excuse — il n’en a pas besoin mais il le fait quand même, et cela lui arrache un sourire de douceur tout à fait inattendu, un sourire teinté de tristesse et de regrets. Elle aurait pu lui en parler ne sonne pas comme un reproche, mais elle l’accueille comme un énième manquement ; une faute commise, la mauvaise décision prise. Encore. ’’Je sais.’’ elle le prononce à demi-mots, d’une voix blanche, en appuyant l’arrière de son crâne contre le placard derrière elle, ses longs cils noirs braqués en direction du capitaine, dont elle craignait que le regard change sitôt que la vérité aurait éclaté. Il n’a pas vraiment changé, le regard qu’il pose sur elle et qu’elle observe pour se rassurer, pour ne pas avoir l’impression qu’elle est devenue une monstre de fausseté dans son esprit. Elle est toujours son amie, pas vrai ? « Papy peut plus s’asseoir par terre, aie pitié au moins. » l’autodérision dont il fait preuve l’oblige à rejoindre la parabole apaisée, comme si c’était la preuve ultime que leur complicité était intacte, et elle saisit sa main en nouant ses doigts aux siens pour s’aider à se relever en soupirant. Une fois remise sur ses jambes, la lieutenant remonte ses deux mains à son visage pour essuyer le contours de ses yeux, en portant tout de même l’ébauche d’un sourire flanqué aux lèvres. Il est maigre, son sourire, mais il tend à s’élargir quand elle sent ses deux bras se refermer autour de son corps, et elle passe ses petites mains sous ses aisselles pour déposer ses paumes dans son dos, le menton niché sur son épaule — les pieds relevés, de ce fait, puisqu’il est un peu plus grand qu’elle « Quoiqu’il arrive, je serais toujours là. » cette promesse vient effleurer son coeur avec douceur, et elle ferme les yeux en pleurant de plus belle mais, cette fois, c’est de soulagement. Elle ne pensait pas autre chose de sa loyauté, mais elle craignait d’être dépeinte avec aigreur avec cette faute avouée ; savoir qu’il ne la considère pas autrement que comme l’amie qu’elle a toujours été à ses yeux renforce l’idée qu’elle a bien fait de lui en parler. ’’Merci…’’ merci d’être toi, merci d’être là.

Cette démonstration doucereuse ayant calmé les effusions de ses émotions éparpillés, elle se laisse tomber sur une chaise en s’accoudant à la table, la tranche de ses mains venant encadrer son visage blême. « Avant d’en parler à Derya. » cette simple perspective énoncée à voix haute l’effraye grandement, et elle inspire en fermant les yeux par réflexe « T’es encore en contact avec ce mec ? » comment dire qu’elle est plus que en contact parce qu’il agit avec Derya comme un père de substitution ? Il va vraiment la prendre pour une demeurée, c’est clair. « L’annoncer à ta fille si le gars s’en moque éperdument d’elle, c’est… Ce serait lui faire perdre un père pour la deuxième fois. Est-ce que tu voudrais qu’il s’implique au moins ? Ou tu préfère pas ? » elle éloigne ses mains de son visage en passant la pointe de sa langue sur ses lèvres, aplatissant ses mains sur le bois de la table pendant qu’elle rassemble son courage pour répondre, après un moment de silence : ’’C’est Samuel.’’ si Atlas ne l’a jamais rencontré, il a entendu parler de lui à plusieurs reprises : c’est lui qui s’occupe de Derya comme il s’occupe de sa propre fille, lui qui vient assister à ses matchs de rugby avec une constance inébranlable, lui qui allait la chercher à l’école quand Yasmin ne pouvait pas… Il est omniprésent dans le paysage de sa fille, sans savoir qu’il assure un rôle qui devrait lui revenir de droit. ’’J’ai voulu lui dire, quand je l’ai su.’’ qu’elle prévient parce qu’elle ne veut pas qu’il pense qu’elle est vile au point de garder une information aussi importante pour elle ’’J’ai demandé à le voir, le lendemain. Je voulais tout lui dire. Et il a débarqué avec un grand sourire, me disant qu’il avait rencontré quelqu’un, que c’était sérieux, qu’il l’aimait… Ça m’a coupé l’herbe sous le pied.’’ elle glisse ses mains sous la table en s’appuyant davantage contre le dossier de sa chaise, les épaules basses et la mine abattue ’’Sérieux, qu’est-ce que j’étais sensée faire ? Il se projetait enfin avec quelqu’un et j’ai eu peur de tout bousiller… Ou j’ai manqué de courage, je sais pas trop. Mais j’ai merdé, voilà. Et maintenant je ne sais pas ce que je dois faire.’’ là, elle lève un regard déconfit vers Atlas, se rapprochant ensuite de son bord de table pour lui demander, aux abois : ’’Tu ferais quoi, toi ? Tu me conseilles de faire quoi ?’’

(1114 mots)

i need to know your words are true
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Ces mots sont maladroits, à la hauteur de la surprise qu’il vient de recevoir, et à la manière dont Atlas se laissait aller au point de ne plus savoir réagir à un changement de situation soudain. Il improvise, autant que Yasmin semble le faire. Une part de lui imagine qu’elle n’avait rien prévu de tout cela. Face à lui se tient quelqu’un qui a fini par craquer sous le poids du secret et il peut voir, le soulagement qui s’installe sur ses traits, malgré les larmes. Yasmin avait besoin de lui dire tout cela, de se jeter dans le vide. Il n’a pas su la rattraper en plein vol et s’en excusera pendant plusieurs minutes encore. Ce qui compte réellement, en cet instant, c’est de lui faire comprendre que rien ne changera. Certes, elle lui avait caché une information importante, mais il n’allait pas la renier pour si peu. Il n’est pas le principal concerné, elle ne lui devait rien. Et ça, elle doit l’entendre, qu’importe combien de fois il devra le répéter. Même si cela veut dire blaguer sur sa condition physique. Il lui arrache un sourire, maigre, presque blême, mais un tiraillement des lèvres malgré tout. Un début de victoire ou quelque chose comme ça. Et lorsqu’elle rejoint le creux de ses bras, il lui promet l’essentiel. Ce qui a toujours existé entre eux, mais qu’il ne vocalise pas assez régulièrement, à en croire la manière dont elle paraît relâcher un énième poids contre lui. « N’en doute jamais. » Qu’il murmure avant que ses lèvres en se pose sur sa tempe, comme pour sceller la promesse qu’ils se sont faite il y a bien longtemps. « Merci… » Il sourit légèrement, sachant parfaitement tout ce qui se cache derrière ce simple mot. 

Il lui accorde quelques minutes pour se remettre de ses émotions. Elle cache ses larmes derrière ses mains et il cherche à ne pas la presser. Elle a dit le plus gros, il a simplement besoin de démêler le reste désormais, surtout en ce qui concerne la suite. Il n’a aucune idée de l’identité du père et si elle ne souhaite pas lui dire, il ne posera aucune question à ce sujet. En réalité, Atlas n’a désormais plus qu’un seul intérêt en tête, celui de Derya. Elle est la seule qui compte, celle qu’il va désormais chercher à protéger, que cela plaise à sa mère ou non. Il allait lui proposer un verre, après avoir posé toutes ses questions, parce qu’il a la sensation que Yasmin n’est pas prête à parler. Ils peuvent bien s’accorder un verre, pour souffler. Mais elle saura toujours le surprendre, il faut croire. « C’est Samuel. » - « Oh. » Pas besoin de s’ennuyer avec les noms de famille, il voit parfaitement de qui elle parle. « Oh… Bon… Ça règle certaines choses. » Après tout, il est constamment dans les parages ? Il est attentionné envers Derya et toujours prêt à répondre présent pour elle ou pour sa mère. Alors pourquoi est-ce qu’elle s’inquiète ? Atlas a le sentiment qu’il lui manque quelques pièces du puzzle. « J’ai voulu lui dire, quand je l’ai su. » Sachant parfaitement qu’il y a plus à l’histoire, Atlas se contente de rapprocher sa chaise de celle de la brune. Comme si sa présence allait lui offrir un peu de courage. « J’ai demandé à le voir, le lendemain. Je voulais tout lui dire. Et il a débarqué avec un grand sourire, me disant qu’il avait rencontré quelqu’un, que c’était sérieux, qu’il l’aimait… Ça m’a coupé l’herbe sous le pied. » Une fois, encore, il se retrouve assez surpris ? Elle avait couché avec, certes. Mais est-ce qu’elle avait des sentiments pour Samuel ? Ses souvenirs ne sont pas tous intacts, certes, mais il aurait dû relever ce genre de choses, pas vrai ? Si elle s’était entichée d’un autre gars, il l’aurait remarqué ? Elle lui parlait beaucoup à l’époque, il passait son temps à s’assurer que sa grossesse se déroulait bien, et puis il y’a eu après… La naissance de Derya, les emmerdes suite au décès de Derek. Et il avait loupé un détail aussi important ? « Tu… Tu voulais un truc avec lui ? » Un truc. Il lève les yeux au ciel, comme s’il avait besoin de parler tel un adolescent à ses côtés. Tout ce qu’il aimerait comprendre, c’est si Yasmin s’était vu vivre une histoire avec ce gars. 

Sa mine abattue lui serre le cœur. Quelque chose ne va pas, quelque chose qu’elle a gardé pour elle bien trop longtemps et dont elle ne sait pas réellement comment se dépêtrer. Et pour une fois, il se jure d’écouter, avant d’agir. Il a des choses à dire, mais il ne veut pas la voir se recroqueviller dans un coin et ne plus rien dire. « Sérieux, qu’est-ce que j’étais sensée faire ? Il se projetait enfin avec quelqu’un et j’ai eu peur de tout bousiller… Ou j’ai manqué de courage, je sais pas trop. Mais j’ai merdé, voilà. Et maintenant, je ne sais pas ce que je dois faire. » Il voit qu’elle a déjà retourné la situation dans tous les sens, qu’elle se torture l’esprit depuis bien trop longtemps. Lentement, il vient poser sa main sur son avant-bras, pour qu’elle cesse de s’agiter et probablement pour qu’elle l’écoute attentivement. « Tu ferais quoi, toi ? Tu me conseilles de faire quoi ? » Il redoutait qu’elle lui pose cette question. Atlas a eu l’impression, à un moment donné, de devoir faire face à ce genre de situation. Il s’était montré la tête, très clairement, mais il avait pensé, il s’était demandé, si la fille d’Alma pouvait être la sienne. S’il avait oublié ce détail, si elle s’était arrangée avec sa perte de mémoire. Il s’en était rendu fou sur plusieurs jours, sans jamais avoir vu la gamine, sans rien connaître d’elle. Il s’est persuadé d’avoir halluciné, que rien de tout cela n’était possible, qu’ils n’avaient plus jamais eu l’occasion de se retrouver ainsi depuis le mariage de la brune. Il ne lui en a jamais parlé, il n’en a jamais parlé à qui que ce soit, mais cette conversation vient remuer les vieux souvenirs. « À sa place ? Je voudrais savoir Yas. » Ce n’est pas juste envers elle, ce n’est probablement pas ce qu’elle voulait entendre, mais l’espace d’un instant, il sait se mettre à la place de cet homme qui n’a rien demandé et pourtant qui se retrouve père. « Surtout qu’il est vachement présent pour elle. » Atlas ne connait pas les moindres détails, mais il en sait assez pour juger cela important. « Je le connais pas assez pour te dire que je saurais anticiper sa réaction. » Ils se sont croisés de temps à autre, ils ont vaguement échangé des conversations banales et mondaines, mais rien qui ne ferait d’eux des amis et rien qui n’aiderait Atlas à la rassurer. « Il… Peut-être qu’il le prendra mal que tu lui es caché ce, léger détail, depuis tout ce temps. » Est-ce qu’il en voudrait à Lola ? Probablement… « Peut-être pas, j’en sais rien… » Il hausse les épaules, conscient de ne pas réellement lui venir en aide avec toutes ses divagations. « Mais il mérite de savoir, non ? » Elle l’apprécie, ce n’est pas un étranger et ce n’est pas quelqu’un qui leur veut du mal. Il s’en assurera en tout cas, parce qu’Atlas ne compte pas la laisser seule avec son secret et ses doutes. « Dis-lui les choses comme tu viens de le faire avec moi, il aura peut-être besoin de temps, mais s’il est intelligent, il comprendra et puis… Même s’il ne veut rien avoir à faire avec toi, Derya, c’est une autre histoire. » Si cet homme est assez intelligent, il ne fera pas payer le silence de la mère sur sa fille. Les adultes peuvent avoir leurs problèmes, leurs différents, mais la petite fille ne doit pas payer pour cela, alors qu’elle n’a jamais rien demandé à personne. Et surtout, elle mérite d’avoir un père qui l’aime et qui prend soin d’elle. « Parle en avec lui d’abord, avant d’impliquer ta fille. »

« Oh. » elle grimace, identifiant cette interjection n’étant pas de bonne augure d’après ses primes impressions, mais elle ne peut pas vraiment lui en tenir rigueur vu la bombe qu’elle vient de lui balancer. Elle ne dit cependant rien de plus, Yasmin, le laisse digérer la révélation concernant la paternité autour de Derya, et se contente plutôt de remonter ses pieds sur sa chaise en pliant ses genoux, entourant ses jambes avec ses deux bas. « Oh… Bon… Ça règle certaines choses. » - ’’Ah bon ?’’ elle ne voit pas réellement ce que ça règle, dans les faits, puisqu’elle a plutôt la sensation que ça complique gravement les choses : si le père de Derya avait été un sombre inconnu rencontré une fois dans un bar, elle aurait eu bien moins de difficulté à lui avouer la vérité. « Tu… Tu voulais un truc avec lui ? » - ’’Quoi ? Mais non !’’ elle l’a prononcé avec beaucoup trop d’aplomb et de férocité pour ne pas cacher autre chose derrière cette réponse précipitée, et elle doit s’en rendre compte puisqu’elle appuie ses coudes sur ses genoux en venant appliquer ses paumes contre son visage, piégée entre ce qu’elle sait ressentir et ce qu’elle se sent capable d’avouer ; Atlas va vraiment finir par la prendre pour un odieux personnage, non ? ’’J’en sais rien À un moment peut-être, oui… Avant tout ça. Il y a eu une période où s’était un peu ambiguë entre nous.’’ une période qu’elle ne comprend pas réellement aujourd’hui, puisque rien ne s’est réellement concrétisée. Elle a été une mère pour Del, il a été un père pour Derya. Dans un autre univers, ils auraient pu être une heureuse famille recomposée mais, la vérité est qu’aucun des deux n’a jamais franchi cette ligne. ’’C’est le bordel.’’ ça résume plutôt bien la situation, n’est-ce pas ?

Elle est complètement perdue, Yasmin. Épuisée d’avoir portée seule ce lourd fardeau pendant aussi longtemps, elle a l’impression d’être tout autant une mauvaise mère qu’une mauvaise amie, le genre qui cache à l’un qu’il est le père et qui se déverse sur l’autre en le mettant dans la confidence de ce secret inavouable, qui la paralyse sitôt qu’elle s’imagine devoir en faire l’aveu au principal concerné. Parce qu’elle va bien être obligée, elle le sait. Alors c’est auprès d’Atlas qu’elle vient chercher un écho rassurant, déliant ses longues jambes pour les glisser sous la table pendant qu’elle se rapproche d’Atlas, comme s’il était le seul, sur cette planète, à détenir la solution à ce problème. « À sa place ? Je voudrais savoir Yas. » elle l’a senti venir mais elle accueille la réponse avec un soupir de désolation, qui l’oblige à reculer sur sa chaise pendant que ses épaules s’abaissent de quelques degrés « Surtout qu’il est vachement présent pour elle. Je le connais pas assez pour te dire que je saurais anticiper sa réaction. » elle non plus, et pourtant elle peut se vanter de le connaître depuis de longues années, bien avant sa rencontre avec Derek et Atlas, même. « Il… Peut-être qu’il le prendra mal que tu lui es caché ce, léger détail, depuis tout ce temps. Peut-être pas, j’en sais rien… » poussant ses lèvres en avant, elle laisse son regard s’éparpiller sur le côté, tellement abattue sous les débris de ses mensonges qu’elle ne remarque même pas les réflexions internes de son ami, qui semble effectuer quelques parallèles avec son propre vécu « Mais il mérite de savoir, non ? Dis-lui les choses comme tu viens de le faire avec moi, il aura peut-être besoin de temps, mais s’il est intelligent, il comprendra et puis… Même s’il ne veut rien avoir à faire avec toi, Derya, c’est une autre histoire. » les mots de sagesse résonnent dans l’esprit de Yasmin, qui hoche son menton de haut en bas en prenant une petite inspiration nasale, retrouvant un peu de calme et d’apaisement, grâce à lui. ’’Tu as raison.’’ mais elle a encore besoin de temps pour préparer son annonce, voulant être parfaitement lucide sur la question avant de lui partager la vérité. « Parle en avec lui d’abord, avant d’impliquer ta fille. » glissant sa main sur celle d’Atlas, soutenant son regard emplit de gratitude quand elle lui intime, d’une voix douce : ’’Je te remercie d’avoir été là. Merci de m’avoir écoutée, merci pour tes mots.’’ pressant légèrement ses doigts autour des siens, elle poursuit : ’’Et je suis désolée de t’inclure dans ce putain de secret… Je pense que t’aurais préféré ne pas le savoir de cette façon. Ça t’oblige aussi à le cacher à Derya, j’en ai conscience...’’ et elle s’en veut terriblement, c’est pourquoi elle retire sa main en décrétant, déterminée à honorer sa promesse : ’’Je vais lui dire. Il a le droit de savoir, tu as raison.’’

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