Depuis qu'il avait quitté Brisbane il y a 15 ans de cela, Chris n'avait alors plus vécu que pour le travail. A traquer toutes les formes d'injustices, comme s'il cherchait désespérément à combler l'injustice qu'il avait lui-même vécu en étant plus jeune avec le décès de ses parents dans une tragique accident de voiture. Depuis ce jour, et sa séparation rapide avec Cecilia quelques mois plus tard, il n'avait plus été que l'ombre de lui-même à vivre constamment dans le présent pour se venger du passé, mais sans jamais vraiment penser à l'avenir. Quelques rencontres qu'il avait effectué depuis son retour sur Brisbane, et notamment celui avec Penny, lui avait fait prendre conscience qu'il y avait des choses bien plus importantes que cela et qu'il n'était pas voué à vivre seul jusqu'à la fin de ces jours. S'il n'avait jamais pu retomber amoureux ou même s'approcher d'une autre femme que Cecilia, il n'en avait néanmoins perçu que cela pourrait lui retomber dessus suite à sa rencontre avec Helen. Certes, il s'était rendu compte qu'il s'était emballé trop vite du fait de son inexpérience, ou immaturité sentimentale, mais cela lui avait au moins montré que c'était possible. Et au-delà même de l'amour, Penny lui avait parlé avec tellement de passion de sa vie de famille qu'il l'avait envié quelque part. Lui qui n'avait plus ses parents, qui n'avait plus de nouvelles de sa soeur depuis qu'elle était partie aux Etats-Unis, il n'avait plus sa famille proche. Cependant, il se rappela que la sœur de sa mère était revenue vivre en Australie quelques années avant le drame. S'il avait appris à les connaître seulement qu'à cette période et que les préoccupations post-ados de Chris pendant cette période ne l'avait pas forcément incité à créer davantage de liens avec sa tante et son oncle, cela restait malgré tout de la famille. Le tout dernier rempart familial qu'il subsistait à sa connaissance et cela serait vraiment trop bête de passer à côté...

Cet après-midi là, il avait donc effectué des recherches afin de vérifier s'ils habitaient toujours à la même adresse. Il découvrit facilement que ceux-ci vivaient dans une petite maison tranquille du quartier de Toowong. Chris avait donc pris une petite pause dans son activité professionnelle, comme il avait la possibilité de le faire à n'importe quel moment vu qu'il travaillait aussi bien de journée que les nuits suivant les dossiers qu'il suivait, cela ne lui posait absolument aucun problème. Il avait fait le choix de s'y rendre en bus et, après une dizaine de minutes de marche à suivre, il était enfin revenu devant la maison de sa tante. N'étant pas très à l'aise socialement, il prenait sur lui malgré tout pour faire les quelques pas le séparant de la maison jusqu'à s'arrêter sur le devant de la porte d'entrée. Il frappa tout d'abord deux coups à la porte pour annoncer son arrivée. Pour sûr, il y avait de l'activité à l'intérieur car il entendait des bruits dont il n'arrivait pas vraiment à en identifier la source, cependant cela provenait de l'intérieur. Peut-être que les coups qu'il avait donné à la porte n'avait pas été entendu. Du coup il sonna à la porte en espérant avoir plus de réussite. Quelques instants après, les bruits à l'intérieur de la maison s'arrêtèrent et des bruits de pas semblaient venir dans sa direction. Sa tante ou son oncle ne tarderaient alors plus à lui ouvrir la porte. Est-ce qu'ils le reconnaîtrait ? Est-ce qu'ils le laisserait entrer ? Qu'allait-il bien pouvoir leur dire ? Chris souffla alors un grand coup comme pour vider toute la pression de sa poitrine afin d'être le plus apaisé possible mais malgré tout, son palpitant était sur un rythme élevé. Ce qu'il craignait le plus, c'est de revoir potentiellement le visage de sa défunte mère à travers les traits de sa tante, était-il prêt à vivre cela ? C'est maintenant que tout allait se jouer alors que la porte d'entrée était en train de s'ouvrir...

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S’occuper les mains et l’esprit. C’est comme ça que Wesley tente d’oublier tout à fait l’appel de l’alcool. Il est pourtant fort celui-là. C’est comme un son répétitif et lancinant qui ne s’arrête jamais tout à fait. Parfois, il fait plus de bruits qu’à d’autres moments. Fut un temps où il buvait des bières comme d’autres boivent de l’eau. Aujourd’hui, il doit se rabattre sur des boissons énergisantes quand vraiment la musique est trop assourdissante pour qu’il prête attention à ce qui l’entoure. Aujourd’hui, Wes n’a bossé que dans la matinée. Il s’est réservé toute l’après-midi pour aller faire quelques travaux dans la maison de sa mère. Elle refuse toujours autant son aide et souhaite constamment appeler des artisans pour toutes ces choses-là. Parce qu’elle pense que son fils a mieux à faire que de s’occuper de son intérieur et de s’inquiéter pour sa mère. C’est faux. Parce qu’il est incapable de ne pas penser à elle et à son bien-être. À elle et à sa grande solitude. Il s’est parfois même demandé s’il ne devait pas revenir vivre avec elle. Dans la maison familiale qui paraît bien déserte, depuis dix ans que le père de famille n’est plus. Mais il sait que ce n’est pas une solution durable. Qu’il doit penser à sa propre vie. À ses propres démons, surtout. À sa lutte constante contre l’alcool, qui n’est jamais très loin pour se faire entendre. Douleur lancinante au creux du ventre et dans un coin de la tête. Rappel constant de la solution de facilité que les boissons ont toujours été. Pourtant, il tient bon. Quatre mois, ça peut sembler peu. Mais pour quelqu’un qui se noie depuis dix ans là-dedans sans s’être jamais arrêté, c’est énorme. Il arrive parfois même à se faire croire que c’est définitif et que jamais il ne replongera. Tout le monde le prévient pourtant du risque que ça arrive une fois ou deux. Ceci dit, il se refuse toujours autant à y penser. Alors qu’il est en train de faire différents petits travaux dans la maison de sa mère. 

Après avoir changé une poignée de porte qui ne fonctionnait plus tout à fait, il a remis en place des plinthes qui ont sauté depuis longtemps dans le couloir. Il est maintenant en train de retaper un vieux meuble auquel sa mère tient trop pour s’en débarrasser. Il a pourtant tenté de lui faire entendre raison. D’insister sur le fait que, quitte à faire des travaux, autant refaire l’intégralité des pièces et de voir s’il ne serait pas mieux de changer certains meubles pour qu’ils aillent mieux les uns avec les autres et, surtout, pour qu’ils soient en meilleur état que la majorité qu’elle possède. Elle n’a pas entendu raison. Il se retrouve donc à remettre vaguement en état des choses qui devraient plutôt se trouver dans une décheterie. Concentré sur sa tâche, il sursaute quand il entend sonner à la porte. À cette heure-ci, il n’a aucune idée de qui ça peut être. Mais certainement d’une personne qui s’attend à voir sa mère ouvrir. Il abandonne le meuble encore bancal contre le mur et se lève. Durant le court trajet qui le mène jusqu’à l’entrée, il s’essuie les mains sur son pantalon spécial "travaux". Un vieux jean à la coupe droite, taché et troué à l’un des genoux. Qui tient sur ses hanches grâce à une ceinture. Avec tout le poids qu’il a perdu ces derniers mois, son ancienne garde-robe peine à tenir encore sur son corps. Et lui, il peine à remplir suffisamment vide son dressing pour remplacer tout ce qui doit l’être. Alors il recycle en fringues qu’il peut esquinter plus encore. Enfin, il atteint la porte qu’il ouvre à la volée et pose les yeux sur un type qu’il ne reconnaît pas tout de suite. Quand la lumière se fait dans son esprit, il hausse les sourcils. Contrairement à lui qui avait quinze ans quand il est parti, il n’a évidemment pas grandi. Le fait de le dépasser en taille aujourd’hui rend difficile le fait de le reconnaître au premier abord. Sans parler de la barbe mieux dessinée qu’à l’époque et des traits creusés par le temps qui est passé. « Chris ? » Il n’est même pas certain de ne pas être en train de se planter sur l’identité de ce visiteur.

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Chris se trouvait devant la porte d'entrée de la maison de sa tante qui était en train de s'ouvrir beaucoup plus vivement qu'il ne l'avait imaginé. Et, au lieu de se retrouver face à une petite femme qui ressemblait à sa mère, comme il s'y était attendu, il se retrouvait nez à nez avec un grand gaillard qui le dépassait et plutôt baraqué. Il eut un effet de surprise qui le fit tout d'abord reculer d'un pas car il ne s'était vraiment pas attendu à cela. Lui qui pensait revoir le visage de sa mère lorsque sa tante lui ouvrirait la porte, autant dire que l'homme qui lui faisait face à l'heure actuelle était à peu près l'exact opposé de sa défunte mère. La surprise devait se lire facilement sur son visage mais l'homme qui venait de lui ouvrir paraissait tout aussi perplexe à première vue. Chris ne put s'empêcher de penser un instant qu'il était tombé sur un cambrioleur mais il rejeta aussitôt l'idée en voyant la tenue de l'homme, qui ressemblait davantage à une tenue de bricoleur, tâchée et trouée au niveau du genou. Puis quel cambrioleur viendrait ouvrir à quelqu'un qui sonnait à la porte pendant qu'il s'affairait à l'intérieur ? Absolument aucun... Non cela devait être alors un employé de maison ? Un homme que sa tante avait employé pour faire des petits travaux de rénovation ? A aucun moment, il avait imaginer à ce que l'homme qui lui faisait face puisse être son petit cousin qu'il n'avait plus revu depuis que ce dernier n'était encore qu'un adolescent.

« Chris ? » C'est le fait qu'il tente de l'appeler par son prénom qui immisça alors cette éventualité dans son esprit. Il pencha tout d'abord la tête d'un air dubitatif tout en plissant les yeux puis il le regarda de plus près tout en essayant de sonder les souvenirs qu'il avait gardé de lui, pour sûr il avait le même regard. "Wesley ? C'est toi ?" Incapable de dire s'il s'agissait bien de lui mais rien qu'une étincelle dans le regard et le début d'un sourire suffit à lui confirmer qu'il avait bien son cousin juste devant lui. "Mon dieu ! C'est pas croyable !" Il se rapprocha de lui, plus confiant que tout à l'heure tout en lui tendant une main pour le saluer. Puis, une fois qu'il eut la main de son cousin, Chris fut pris d'un élan d'émotion et ne put s'empêcher de le prendre dans ses bras tout en lui donnant de petites tapes dans le dos pour exprimer sa joie. Ils restèrent un court instant comme cela avant que le journaliste ne se recule de nouveau afin de pouvoir le toiser plus précisément "Tu as encore grandi ! T'es même plus grand que moi désormais" constata-t-il tout en rigolant. "Tu vis ici avec ta mère alors ? ça fais longtemps que tu es sur Brisbane ?" en disant cela, Chris fut pris d'un sentiment de culpabilité lui rappelant que jamais il n'avait pris la peine de prendre de nouvelles de sa famille depuis qu'il avait subitement quitté la ville de Brisbane suite au décès de ses parents, de sa soeur, puis de sa séparation avec Cecilia. Ce jour-là, il avait voulu tourner une page entière de sa vie sans se retourner en arrière car cela était bien trop douloureux pour lui. Mais il n'avait pensé qu'à lui et à ce qu'il avait pu ressentir, sans réfléchir à ce que les autres avaient pu ressentir également suite à l'explosion de sa propre famille... Oui il avait été égoïste, ressentant une forte vergogne, et il s'en rendit compte à cet instant précis.

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Il lui faut quelques longues secondes à Wes pour reconnaître l’homme qui se tient en face de lui. Quinze ans, c’est long. Ils étaient ados ou tout juste sortis de l’adolescence, la dernière fois qu’ils se sont vus. Si c’est bien Chris qui se tient devant lui, mais il pense pouvoir affirmer que c’est lui. Lui qui, en retour, n’arrive pas tout de suite à le reconnaître. Wesley ne peut pas lui en vouloir. Ses cheveux sont plus courts, sa barbe bien garnie, sa carrure a pas mal changé et pour couronner le tout, il est recouvert de tatouages. Il n’a plus grand chose à voir avec l’adolescent qu’il était autrefois. Qu’il était quand son cousin s’est tiré du jour au lendemain. Ce que ni sa mère ni lui ne lui ont vraiment reproché par la suite. Pas même quand le père de famille est mort à son tour, les laissant seuls dans leur désarroi tous les deux. Seuls face à leurs peines. Ils ont au moins pu compter l’un sur l’autre pour se maintenir debout et tenter d’avancer malgré tout. Dix ans plus tard, ils sont encore là pour se soutenir et ce n’est pas prêt de changer. Finalement, l’éclairage semble se faire dans l’esprit de l’homme qui souffle son prénom. Ça fait sourire le tatoué. De toutes ses dents. Il n’a sans doute pas besoin de répondre quoi que ce soit pour qu’il ait sa réponse. C’est bien lui. Wesley. Et en face, Chris. Les cousins qui ne se sont pas vus depuis une éternité, mais qui avaient pourtant un joli lien. Tout du moins, c’est le cas dans l’esprit et les souvenirs de Wes, qui s’accrochait à lui comme s’il était son frère disparu trop tôt. Il était devenu un modèle pour lui. Jusqu’au jour de son départ. Il a fallu quelques années pour qu’il réalise qu’il pouvait être son propre modèle.

Le plus âgé s’approche en tendant une main. L’autre répond en pressant sa paume contre la sienne. Poigne solide. Qui se transforme en brève étreinte purement masculine. Expression de la joie sincère qu’ils ressentent à se revoir après toutes ces années. À se retrouver pas tout à fait comme au premier jour, mais quand même. Ce sont des retrouvailles auxquelles Wesley ne s’attendait certainement pas. Il n’ira pas jusqu’à dire que pour lui, c’était du passé. Mais il ne pensait pas voir Chris traîner à nouveau dans le coin. Pas après tout ce temps. Dans son esprit, il était plutôt clair que son aîné avait fait ou refait sa vie quelque part. Les corps se détachent à nouveau l’un de l’autre et, de nouveau, ils se toisent du regard. En effet, Wes a pas mal grandi. L’a tout à fait dépassé. « Bah oui. Tu pensais quand même pas que j’allais m’arrêter de grandir à quinze ans ? » Une idée qui l’amuse assez pour lui arracher un rire léger. En effet, il a pris encore quelques centimètres par la suite, pour dépasser le mètre quatre-vingt. Aux questions de Chris, il ne peut s’empêcher de lever haut les sourcils, témoignant ainsi de sa surprise. C’est dire à quel point ils se sont perdus de vue, pour qu’il ait aujourd’hui ce genre d’interrogation. « Je suis plus en âge de vivre avec ma mère, non. » Il hoche négativement la tête pour confirmer la chose. Finalement, il se déplace pour lui libérer le passage et l’inviter à entrer. « Reste pas sur le pas de la porte, entre. Ma mère rentrera d’ici une petite heure. » Il lui fait signe pour qu’il sache qu’il est le bienvenu. Même s’il aura certainement un tas de questions à lui poser à son tour. Curieux de savoir ce qu’il est devenu et ce qu’il a fait ces dernières -nombreuses- années. « Je te sers un truc à boire ? »

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L'étreinte entre les deux hommes fut brève mais chaleureuse, chacun devant ressentir une émotion toute particulière à se retrouver après toutes ces années. Certes ils avaient changés et le changement physique avait été tout particulièrement notable sur son cousin, Chris ne se gênant d'ailleurs pas de lui faire une remarque sur sa taille. « Bah oui. Tu pensais quand même pas que j’allais m’arrêter de grandir à quinze ans ? » Une remarque qui avait d'ailleurs fait rigoler les deux hommes. Effectivement il avait raison, mais dans son esprit Chris avait gardé l'image de l'adolescent et il n'avait pas pu s'en empêcher. Cela avait été instinctif. Tout comme le fait de lui demander s'il vivait ici avec sa mère, ce que Wesley lui infirma aussitôt d'un hochement de tête. « Je suis plus en âge de vivre avec ma mère, non.  » "En effet, je ne peux pas dire le contraire." lui répondit Chris se rendant compte petit à petit que les années avaient défilés depuis son départ de Brisbane. Et qu'elles avaient défilées bien plus vite que ce qu'il s'était imaginé. C'était désormais deux trentenaires qui se faisaient face et non plus deux adolescents, il ne pouvait pas le nier. Oui ils avaient bien évolués et si Chris était lui restait bloqué sur ses déboires passés, Wesley avait tellement changé qu'il avait très certainement énormément de choses à lui raconter.  Quel métier faisait-il ? Avait-il trouvé quelqu'un avec qui partager sa vie ? Vivait-il même à Brisbane ou bien était-il seulement de passage chez sa mère ?

« Reste pas sur le pas de la porte, entre. Ma mère rentrera d’ici une petite heure. » lui dit Wesley tout en lui laissant un passage, l'invitant ainsi à entrer dans la maison de sa tante avant de le suivre jusque dans la pièce de vie. « Je te sers un truc à boire ? » lui proposa-t-il ensuite. "Oui, pourquoi pas. Avec plaisir même. Une bière bien fraîche par exemple si tu as ?" Chris lui ayant répondu cela sans se douter un seul instant que son cousin pouvait avoir un passé et un problème avec l'alcool. En attendant, il regarde un meuble installé au milieu de salon sur un drap avec des outils et un pot de peinture à côté. Il releva alors les yeux vers son cousin "Tu restaures les meubles de ta mère ?" Ceci étant davantage une affirmation qu'une question en elle-même. "C'est peut-être ton métier ou alors c'est juste un passe-temps ?" Chris ignorait encore tout de son cousin et de ce qu'il pouvait bien faire dans la vie. Quelle branche avait-il pu choisir ? "En ce qui me concerne, tu ne seras peut-être pas surpris, car j'ai choisi la même voie que mon père." Chris marqua une légère pause en repensant à son défunt paternel "Journaliste d'investigation. A essayer de tout décrypter afin de trouver la faille des gens malhonnêtes. Du coup j'ai souvent tendance à poser trop de questions... donc n'hésites pas à m'envoyer bouler si jamais je me montre trop indiscret" Il termina son laïus en rigolant une nouvelle fois. "C'est juste que j'ai envi de savoir ce que tu es devenu depuis..." Chris repensa alors à son départ et ne voulait surtout pas que la conversation dérive là-dessus, se sentant encore coupable de sa décision de partir sans penser aux autres et notamment à Wes et à sa tante. "... enfin depuis tout ce temps tu vois ! Au fait, tu ne m'as pas dis, tu vis sur Brisbane comme ta mère ou bien tu n'es que de passage ?" Effectivement Chris posait sans doute trop de questions mais il avait du mal à contenir le flux de son intérêt pour l'un des tout derniers membres de sa famille qui devait rester sur les Terres Australes, ne mentionnant même pas sa sœur partit vivre aux Etats-Unis et dont il n'avait plus jamais eu de nouvelles depuis son départ.

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Parce qu’il était le plus jeune la dernière fois qu’ils se sont vus, il semble relativement normal que Wesley soit celui qui a le plus changé. Ce qui a l’air de laisser perplexe son cousain qui a eu bien du mal à le reconnaître au premier abord. Non seulement il a été surpris de le trouver si changé, mais il semble aussi avoir oublié que les années sont passées et ont fait de lui un homme. Suffisamment pour qu’il ne vive plus sous le même toit que sa mère. Il en a du temps à rattraper le Chris. Et ça ne le vexe pas plus que ça, le tatoué, de réaliser qu’ils sont finalement devenus des étrangers l’un pour l’autre. Trop d’eau a coulé sous les ponts pour qu’il lui en tienne rigueur. Surtout, il a appris la douleur du deuil et les difficultés de gérer la chose. Sa façon de faire face n’a pas été la meilleure non plus, puisqu’il a sombré dans l’alcool. Il n’est personne pour juger l’autre. À vrai dire, le sentiment qui prédomine est la curiosité. Il se demande ce qu’il est devenu et espère bien qu’il est là pour rattraper un peu de tout ce temps qui a été perdu. De savoir s’il va bien. S’il va mieux. S’il a finalement pu avancer et se réparer un peu. Parce qu’un deuil, ça brise même les carapaces les plus solides. Wesley fait entrer son cousin et referme derrière lui, avant de rejoindre la pièce de vie. Grimace sur les lèvres quand il est question de bière. « Y’a pas d’alcool chez ma mère. » Il s’abstient de préciser qu’il n’y en n’a pas parce qu’elle s’est débarrassée de tout ce qu’elle avait chez elle, quand elle a appris qu’il voulait arrêter. Par solidarité et sans doute par crainte qu’il ne retombe trop facilement dedans s’il sait qu’elle a de l’alcool chez elle.

« Y’a du soda sans sucre, du thé glacé ou des boissons chaudes. » Qu’il liste en pivotant pour faire de nouveau face à Chris. Il est en train de constater un peu le bordel laissé par Wesley. Le meuble qui tient à peine debout et tous les outils autour qu’il était en train d’utiliser quand il est arrivé. « Juste un peu de bricolage parce qu’elle n’aime pas racheter. » Il en lève les yeux au ciel pour lui signifier ce qu’il en pense de cette manie de vouloir réparer et retaper indéfiniment, plutôt que de racheter. Certains meubles finiront en pièces à force et il ne pourra plus rien faire pour les réparer. « C’est juste un passe-temps. » Encore une fois, il garde pour lui les raisons de la chose. À savoir le fait qu’il cumule les passe-temps pour ne pas avoir à trop penser. Pour s’éviter l’ennui et les tentations qui peuvent venir avec. C’est un rire qui échappe au tatoué quand son cousin lui apprend son métier et appuie bien dessus. « J’hésiterai pas ... » Parce qu’il n’a pas sa langue dans sa poche. Quand bien même, il n’aime pas les conflits et préfère tout faire pour les éviter. Mais il n’y a pas de raison pour qu’ils entrent en conflit tous les deux. Ils vont gentiment prendre le temps de se réapprendre. « Je vis à Brisbane. Je ne suis jamais vraiment reparti. » Il s’est même installé un peu plus encore en ouvrant son propre shop. « Et après la mort de mon père, je n’ai pas envisagé de laisser ma mère seule. » Il n’est même pas certain que Chris soit au courant de la disparition de son oncle par alliance. C’est que la vie a été violente pour l’ensemble de la famille.

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« Y'a pas d'alcool chez ma mère » Chris entendit la réponse au ton légèrement amer de son cousin mais n'eut pas le temps de voir la grimace qu'il avait effectué au même instant. « Y'a du soda sans sucre, du thé glacé ou des boissons chaudes. » compléta-t-il ensuite pour orienter le journaliste sur un choix qui était possible. "Va pour un thé glacé alors !" lui répondit le journaliste d'un ton enjoué avant de lui demander si la restauration des meubles de sa mère était une vocation ou simplement un passe-temps. « Juste un peu de bricolage parce qu'elle n'aime pas racheter. » Il vit alors son cousin lever les yeux au ciel et cela le fit légèrement sourire. « C'est juste un passe-temps. » Son cousin lui avait simplement répondu de manière factuelle sans détailler éventuellement la voie qu'il avait choisi dans la vie. Mais Chris ne s'en offusqua pas, sachant qu'il avait tout à faire pour s'apprivoiser de nouveau. Ils avaient beau avoir du sang commun qui coulait dans leurs veines, il n'empêche que les années les avaient éloignés et il devait de nouveau apprendre à se connaître pour regagner une certaine complicité qu'ils avaient à peine eu le temps de développer à l'époque même si le contact entre eux avait toujours été agréable. Le journaliste décida alors de faire le premier pas en parlant lui-même de sa vocation et de sa fâcheuse tendance à toujours poser trop de questions avant de réussir à faire rire son cousin. Ce qui suffit à Chris pour le moment car il avait bien remarqué que Wesley semblait avoir un poids sur lui même s'il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, le journaliste avait une capacité d'analyse et d'empathie bien supérieure à la moyenne. Le rire étant le meilleur moyen de faire baisser des barrières. C'est pourquoi il se montra sincère envers lui en lui disant qu'il avait envi de savoir ce qu'il devenait depuis que lui était lâchement parti de Brisbane. « Je vis à Brisbane. Je ne suis jamais vraiment reparti. » Chris était ravi de l'apprendre, les personnes qui vivait sur Brisbane et qu'il connaissait se compter à peine sur les doigts d'une main et son cousin venait donc de se rajouter à cette short-list même si ce dernier n'avait précisé ni le quartier où il vivait ni le métier qu'il avait choisi. « Et après la mort de mon père, je n'ai pas envisagé de laisser ma mère seule. »

Chris se pinça les lèvres à cette phrase de son cousin. Certes à l'époque il n'avait pas eu vent de ce décès, mais cela n'était pas surprenant étant donné qu'il était déjà parti sans laisser de coordonnées où le joindre ni même d'informations sur l'endroit où il était parti vivre afin d'essayer de se reconstruire. Non il avait seulement pris en compte cette possibilité après avoir eu plusieurs indices. Il avait tout d'abord uniquement trouvé le nom de sa tante dans l'annuaire sur Brisbane. Le fait aussi que son cousin ne parle que de sa mère et non de son père a son arrivée. Ou que c'était le choix de sa tante de garder les meubles. Tout cela indiquait que son oncle ne vivait plus avec sa tante mais ils auraient tout aussi bien pu être divorcés. Non là, le journaliste assimilait donc l'information de la confirmation du décès de son oncle par alliance. "Désolé Wes..." Et désolé il l'était vraiment. Il savait ce que c'était que de perdre un parent, lui-même avait perdu brutalement les deux siens. Tout comme il était désolé de ne pas avoir été là au moment où cela aurait sans doute été nécessaire pour sa tante ainsi que pour son cousin, alors que tous les deux avaient dû faire part à un autre décès précoce dans leur famille également. Cependant, le journaliste ne voulait pas rester sur cette note négative et n'osa pas demander les circonstances du décès ni même quand celui-ci avait eu lieu. Non pas qu'il ne s'y intéressait pas mais il ne voulait pas raviver des souvenirs douloureux dans l'esprit de son cousin. Ils avaient certainement d'autres choses à évoquer plutôt que la malédiction sui semblait s'abattre sur leur famille depuis des décennies. Il fallait penser au présent pour construire le futur et arrêter de vivre dans le passé. Il n'était pas le mieux placé pour tenir de tels propos mais il se rendit compte qu'il devait lui aussi appliquer cette philosophie de vie après s'être transposé à la place de son cousin. "Parles moi un peu de toi Wes. Je ne sais pas, quel métier tu fais ? Quels sont tes passe-temps ?" Chris voulait vraiment en découvrir davantage sur lui, convaincu qu'ils auraient forcément des points communs "En dehors du bricolage bien sûr !" ajouta-t-il en rigolant pour essayer de radoucir l'atmosphère qui était devenu légèrement pesante lorsque les deux hommes pouvaient repenser à leurs aïeuls.

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Il n’a pas très envie de s’exprimer tout de suite sur sa sobriété, Wesley. Parce que ça reste un sujet relativement compliqué et épineux pour lui. Ça ne fait que quelques mois qu’il n’a pas bu une seule goutte d’alcool et la réalité, c’est qu’il n’y a pas encore eu un seul jour au cours duquel il n’y a pas pensé. Et ce n’est sans doute pas prêt de changer ni de devenir plus simple. Il veut croire qu’il n’aura à supporter ça que pendant quelques mois avant que ça ne devienne facile. Mais les personnes sobres qu’il a eu l’occasion de rencontrer n’ont pas manqué une occasion de lui avouer que ça ne devenait jamais tout à fait "facile". Il ne sait pas s’il avait réellement envie ou besoin de savoir ça. Au moins, il ne se berce pas d’illusions et il sait à quoi s’en tenir. Lui qui doit au moins admettre qu’il se sent en meilleure santé et en plus grande forme depuis quelques semaines. Son corps n’est pas mécontent de ne plus avoir à encaisser autant d’alcool et tout le sucre qui vient tout naturellement avec. Même s’il compense avec pas mal de boissons énergisantes. Ça reste relativement meilleur pour sa santé générale. Mais chez sa mère, il n’y a pas de ça non plus. C’est donc du thé glacé fait maison qu’il fait couler dans deux verres. Dont un qu’il tend à son cousin qu’il retrouve et à qui il fait signe de prendre place à la table de la salle à manger. La pièce est ouverte sur le salon. Grande et lumineuse, bien qu’un peu sans dessus-dessous en raison du travail en cours sur quelques meubles.  « T’inquiète. Ça fait un bout de temps maintenant. » Il tente d’alléger l’annonce de la disparition de son père par ses quelques mots et un vague mouvement de la main. Comme pour chasser l’invisible peine.

Mentionner les morts apporte forcément une petite touche de nostalgie et de douleur dans une conversation. Ce n’est pourtant pas la tournure que devraient prendre ces retrouvailles entre les deux cousins. Ceux qui ne se sont pas vus depuis une éternité, en raison de la fuite soudaine de l’un des deux. Fut une époque où Wesley en a voulu à son cousin d’être parti du jour au lendemain, sans prévenir personne et sans plus jamais donner la moindre nouvelle. Il lui en a voulu après son départ. Et il lui en a voulu après la disparition de son père, quand son soutien n’aurait pas été de trop. Mais le temps a continué de passer et aujourd’hui, il n’est pas certain de savoir ce qu’il ressent. Au fond de lui, il songe peut-être qu’il ferait mieux de profiter de sa présence parce qu’il ne sait pas combien de temps elle sera d’actualité. Il a peut-être l’intention de s’éclipser une fois de plus. Pour une dizaine d’années supplémentaires. Pour l’instant, Chris semble curieux de savoir ce qu’est devenu son cousin. Il revient à la question de son métier, ce qui fait réaliser à Wesley qu’il n’a pas vraiment répondu la première fois qu’il en a été question.  « En dehors du bricolage, hein ... » Il fait mine de réfléchir, mais, dans le fond, il n’a pas besoin d’en faire tant pour pouvoir lister ses passions premières. La principale est même visible sur sa peau. « J’ai fait de ma passion mon métier. Je suis tatoueur. » Qu’il répond déjà à sa plus grande question. « J’ai même ouvert mon propre shop y a quelques années. Depuis, je me suis également lancé dans le percing. Et parce que j’en n’ai jamais assez, maintenant je vends aussi des illustrations et autres petits trucs sur lesquels je peux vendre mes graphismes et dessins. » Et plus il doit s’occuper les mains et l’esprit pour ne pas penser à l’alcool, plus il est créatif. « J’ai toujours aimé l’art. Mais c’est carrément devenu un exutoire. » 

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« T'inquiète. Ça fait un bout de temps maintenant. » lui répondit Wes qui ne semblait pas en tenir rigueur à Chris vis-à-vis de son absence dans ces moments de peine. Cela faisait donc longtemps que son père les avaient quittés mais le journaliste ne voulait pas connaître davantage de détails sur ce décès de peur que cela souligne encore plus son absence à ce moment-là. Chris se contentant de goûter au verre de thé glacé que lui avait gentiment servi son cousin avant de reprendre la conversation en main en parlant du présent et de ce que faisait Wes actuellement. « J’ai fait de ma passion mon métier. Je suis tatoueur. » En effet, il avait forcément remarquer les tatouages que portaient fièrement son cousin et trouva que cela était plutôt logique dans le fond, le laissant continuer à s'exprimer. « J’ai même ouvert mon propre shop y a quelques années. Depuis, je me suis également lancé dans le piercing. Et parce que j’en n’ai jamais assez, maintenant je vends aussi des illustrations et autres petits trucs sur lesquels je peux vendre mes graphismes et dessins. » Le fait d'entendre son cousin parlait de dessins, lui rappela une nouvelle fois la passion et le métier que faisait sa défunte mère. Ainsi, il y avait incontestablement une âme artistique au sein de sa famille et, si lui en n'avait pas récupéré les compétences, Wesley semblait visiblement en avoir hérité, ce qui permettait que cela perdure encore dans le temps... Cette pensée suffit à faire sourire Chris, enthousiaste vis-à-vis de ce qu'il venait d'entendre

"C'est génial ! Et ta boutique se trouve où en ville ? Faudra que je vienne voir ça alors" ajouta-t-il avec un clin d'oeil, non pas avec l'envie de se faire tatouer ou même se faire faire un piercing, non il était avant tout curieux de voir tout ce que son cousin pouvait créer et imaginer. « J’ai toujours aimé l’art. Mais c’est carrément devenu un exutoire. » "Un exutoire ?" la dernière réplique de Wes fit tiquer aussitôt le journaliste. "Tu veux dire que tu as besoin d'évacuer quelque chose ? Tu as des problèmes Wes ? Je sais qu'on ne s'est pas vus depuis des années mais si je peux t'aider de quelque manière que ce soit, tu peux compter sur moi..." Chris s'inquiétait tout à coup pour son cousin. Ressentait-il toujours une immense peine pour la perte de son paternel et il avait besoin d'exprimer sa tristesse de cette manière ? Pourtant il avait l'air de dire que cela remontait à longtemps et que visiblement il a fini d'en faire le deuil. Donc cela devait potentiellement être autre chose. Des soucis financiers ? Ou alors des problèmes de santé. Est-ce que sa tante allait bien ? A moins que ce soit encore autre chose "Me dit pas que c'est une peine de coeur si ?" En effet, il n'avait pas fait attention mais il ne lui avait pas semblé voir d'alliance à la main de son cousin donc il ignorait tout de sa vie sentimentale également, était-il marié ou au moins en couple ? Voir peut-être qu'il avait des enfants ? Tellement de questions restaient encore en suspens à l'heure actuelle montrant bien que les deux cousins avaient énormément de temps à rattraper pour reprendre une relation normale telle qu'ils avaient pu commencer à la construire il y a 15 ans.

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Il n'ira certainement pas prétendre que la perte de son père et son absence, encore aujourd'hui, ne lui font plus le moindre mal. Parce que la réalité est évidemment tout autre. Il pense encore à lui très souvent, tout comme à son frère aîné d'ailleurs, quand bien même il l'a perdu quand il était encore très jeune. Ça ne change pas grand-chose à la peine ressentie. Elle est légèrement plus supportable avec le temps, mais rien de mieux que ça. C'est devenue une douleur lancinante à laquelle il tente de ne plus trop penser, voilà tout. C'est finalement un sujet beaucoup plus léger qui s'ensuit. Puisqu'il est question du métier qu'exerce Wesley. Il prend forcément plus de plaisir à parler de ça et n'hésite pas à lister les choses qu'il fait dans son salon. « Bien sûr, ce sera avec plaisir que je t'y accueillerai. » Sans doute pas pour le tatoueur ou pour le percer, parce qu'il n'est pas certain que ce soit vraiment le truc de son cousin. En tout cas, au premier abord, ça n'a pas l'air. Même s'il faut admettre qu'il pourrait décider à tout moment de s'y mettre. Parce que toutes les personnes tatouées ont vécu sans encre dans la peau, pendant un certain temps, avant de s'y mettre. « C'est dans le centre-ville, je te donnerai l'adresse exacte si tu veux. » Ce sera ensuite à lui de voir s'il a réellement envie de passer une tête et de lui rendre visite ou non. Wesley ne forcera à rien si, contre toute attente, son cousin décide de disparaître à nouveau ou de ne pas renouer aussi fort que leur lien a pu être par le passé. Wes est désormais un adulte qui comprend mieux les choses de la vie et qui peut donc mieux accepter les décisions des uns et des autres. Et ce, sans apporter le moindre jugement.

Il se confit un peu plus, le tatoué. Peut-être trop. Sans pour autant en dire assez. Il le comprend à la réaction de l'homme en face de lui. Ça fait apparaître une petite moue sur ses lèvres. Il n'est pas certain que ce soit vraiment l'occasion de se confier à ce point. Pas alors qu'ils sont tout juste en train de se retrouver après des années sans se voir et qu'ils ne se connaissent plus vraiment. Il n'a pas envie de prendre le risque que son cousin le juge pour le chemin qu'il a emprunté ces dernières années. Mais maintenant qu'il a lancé un pavé dans la mare, il a l'impression de ne plus pouvoir faire marche arrière. Il ne faudrait pas non plus qu'il s'imagine bien pire que la réalité. L'alcoolisme qui lui a rongé le cœur et le corps ces dernières années n'est certainement pas une chose de laquelle il est très fier et de laquelle il arrive à parler si facilement. Ce n'est donc pas si surprenant que ça qu'il ne sache comment aborder la question avec Chris qui semble sincèrement s'inquiéter pour lui. Si c'est bien là la raison de la flopée de questions qu'il laisse échapper. Finalement, Wesley échappe un rire léger. Qu'il tente d'étouffer dans le verre qu'il porte à ses lèvres pour en avaler quelques gorgées. De quoi se redonner un peu de courage. C'aurait été bien plus efficace s'il y avait eu un peu d'alcool là-dedans. Mais c'est justement là tout le problème. L'alcool. « Disons ... Que je n’ai pas vraiment affronté les deuils de cette famille, de la meilleure façon qui soit ... » Il tourne un peu autour du pot, le temps de trouver la meilleure réponse à fournir.   « Je n’en suis pas vraiment fier, mais j’ai ... Pas mal consommé ces dix dernières années. De l’alcool. » Il aurait pu se mettre au sport pour se défouler. Voilà qui aurait été bien meilleur pour la santé. Mais non.  « Je suis sobre depuis quatre mois. Et ce n’est vraiment pas l’truc le plus facile que j’ai eu à vivre et à faire ... »

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« Bien sûr, ce sera avec plaisir que je t'y accueillerai. C'est dans le centre-ville, je te donnerai l'adresse exacte si tu veux » lui répondit Wes quand à l'emplacement de sa boutique dans Brisbane. "Of course" répondit le journaliste tout en lui faisant un signe de la main pour lui demander un instant. Il sortit alors une carte de visite de sa poche, mentionnant donc le fait qu'il était journaliste d'investigation auprès du célèbre journal australien "The Sydney Morning Herald" mais aussi son numéro de téléphone. "Envoi moi l'adresse de ta boutique par SMS, et profite en pour me donner ton adresse perso aussi, comme ça je pourrais passer à l'occasion. Et en plus tu sauras où me joindre en cas de besoin. En ce qui me concerne, je me suis installé dans la maison familiale à Logan City, tu te souviens de l'adresse ?" Ce geste montrant également qu'il n'avait visiblement pas l'intention de disparaître à nouveau dans les prochains jours ou semaines. Et les rencontres qu'il avait effectuées depuis son retour lui faisait même germer l'idée de s'installer encore plus longtemps en ville, voir de s'y installer définitivement car il se sentait enfin "vivre" depuis qu'il avait refoulé les terres de son enfance. Puis vient le moment où son cousin commence à parler de l'art et qu'il s'en servait comme un exutoire, inquiétant naturellement le journaliste sur la raison de celui-ci. « Disons ... Que je n'ai pas vraiment affronté les deuils de cette famille, de la meilleure façon qui soit ... » Chris le laissa se confier à son rythme sans réussir à s'empêcher de penser au pire, que veut-il lui dire pour prendre autant de pincettes ? « Je n’en suis pas vraiment fier, mais j’ai ... Pas mal consommé ces dix dernières années. » continua son cousin. Consommé ? Chris imagina immédiatement qu'il était tombé dans les vices d'une consommation de drogue, qu'il s'était mis dans une sale affaire avec un gang de la ville, voir qu'il était endetté à la suite de tout ça et peut-être même que sa boutique n'était qu'une couverture... Le journaliste n'y pouvait pas grand chose, habitué à côtoyer les plus grands vices de l'homme de par son travail, il n'avait pu transposer ses pires craintes sur la situation de son cousin qui mettait du temps à formuler la raison de son exutoire.

« De l'alcool. » Chris en ferma les yeux un instant de soulagement. Même s'il ne minimisait aucunement l'addiction de son cousin et les conséquences que cela devait avoir sur son organisme, la situation n'était pas aussi catastrophique qu'il ne se l'était imaginée. « Je suis sobre depuis quatre mois. Et ce n'est pas vraiment l'truc le plus facile que j'ai eu à vivre et à faire... » "Mince... et moi qui te parles de bière en arrivant... je suis vraiment désolé Wes" Chris s'en voulait d'avoir involontairement appuyé là où ça faisait même à peine arrivé, au tout début de leurs retrouvailles. "Tu sais, affronter le deuil est une étape très difficile..." Et il savait de quoi il parlait par rapport à la perte de ses parents. "Et chacun essaye de la surmonter du mieux qu'il peut. Tu n'as pas à t'en vouloir Wes. Et le fait que tu essayes de surmonter ça depuis quatre mois montre que tu es sur le bon chemin." Chris étant sérieux et pensait réellement que son cousin pouvait au moins être fier d'avoir su se reprendre en main. Et pour te soutenir, je te promet de ne plus boire d'alcool en ta présence. D'ailleurs ce thé glacé est excellent !" Dit-il en rigolant après avoir rebu quelques gorgées de son verre. Il voulait avant tout que l'ambiance reste bon enfant et joyeuse pour ces retrouvailles malgré toutes les péripéties dont ils avaient à partager. "Et côté coeur alors, as-tu quelqu'un dans ta vie en ce moment ?" Après tout, Chris continuait de vouloir découvrir la vie de son cousin et il l'avait prévenu au début de leurs retrouvailles qu'il posait sans doute trop de questions à cause de sa profession, espérant ne pas être trop indiscret malgré tout.

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Wesley sourit à la vision de la carte de visite que lui tend son cousin. « Bah dis donc, ça fait sacrément sérieux ça. » Qu’il fait le constat, un brin taquin. Ça fait surtout très adulte et Wesley se dit qu’il devrait peut-être en faire autant. Ça ne lui ferait pas de mal de créer quelques cartes de visite et quelques Flyers pour faire la pub de son shop. Quand bien même, il ne manque vraiment pas de clients, grâce au bouche-à-oreille et à ses nombreuses publications sur les réseaux. Il sait comment gérer ces derniers et ne s’en prive, pour ainsi dire, jamais. Il aime faire la pub de ses tatouages et de son travail en général et apprécie vraiment d’échanger avec de potentiels clients, d’autres tatoueurs qui font connaître leur art de la même façon que lui et avec tout simplement des gens fans de son travail. Même ceux qui n’envisagent pas particulièrement de se faire encrer la peau. En soit, parler avec tout le monde, tout le temps, c’est juste du Wesley pur et dur. Wesley qui est en train d’envoyer l’adresse de son salon et son adresse personnelle à son cousin, par sms. « Voilà qui est fait. Et oui, je me souviens de l’adresse. » Il en profite, évidemment, pour enregistrer le numéro dans son portable. Ce serait quand même dommage qu’ils perdent bêtement contact de nouveau. Ce serait d’autant plus dommage que Wesley est en train de se confier à son cousin. Il garde le silence quand il commence. Il doit être doué comme journaliste, s’il écoute toujours avec autant d’attention qu’il est en train de le faire là. Ca pousse le tatoueur à poursuivre sur sa lancée, mine de rien. C’est encore très récent pour Wesley, d’admettre qu’il est alcoolique. Alors aller au bout de sa confession lui prend du temps et lui demande un peu de courage. Quand il lâche finalement le nom de son addiction, il voit Chris fermer les yeux. De soulagement parce que ça aurait pu être bien pire, ou de déception ? Il n’en sait rien, le tatoué. Il hausse les épaules quand il fait remarquer qu’il a parlé de bière dès qu’il est arrivé dans la maison.

« Bah t’inquiète pas, va bien falloir que j’apprenne à vivre avec ça. Le reste du monde ne va pas s’arrêter d’boire pour me faciliter l’truc hein. » Il affiche un sourire qui se veut amusé à ses propres mots. Il essaie de plaisanter et de prendre le sujet un peu plus à la légère pour que son cousin ne s’inquiète pas plus que ça pour lui. Finalement, son cousin tente de le rassurer. À sa façon, il lui fait entendre que la gestion d’un deuil n’est simple pour personne et que ce n’est donc pas si terrible qu’il ait agit et réagit ainsi lui-même. Wesley est au moins soulagé de constater que son cousin ne le juge pas pour cette addiction contre laquelle il lutte depuis quatre mois. Même s’il n’attendait pas moins de sa part. « En effet, j’essaye. » Et si tout le monde le prévient du fait qu’il a de fortes chances de ressombrer quand même de temps en temps, lui, il n’a pas envie de penser ça. Alors il reste aussi concentré que possible. « Ça te surprend si je te dis que ma mère s’est lancée dans la création et l’invention d’autant de boissons faites maison et saines que possible, pour moi ? » Parce qu’elle craint qu’il ne retombe dans l’alcool ou qu’il ne fonce trop fort dans les boissons hyper sucrées pour compenser. Ce qu’il a bel et bien tendance à faire, même s’il ne l’admettra pas devant elle. Un nouveau rire échappe au tatoué. Son cousin va réellement faire le tour de toutes les questions possibles. « Non. Rien depuis l’amour de jeunesse que j’ai connu, comme beaucoup de gens. C’est terminé depuis dix ans. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir envie de connaître ça de nouveau. Mais les choses ne tombent pas du ciel. « Et toi, t’as quelqu’un ? » Par réflexe, il lance un coup d’oeil en direction de la main de son cousin, pour vérifier s’il porte ou non une alliance.

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