’’J’ai toujours peur qu’elle prenne un mauvais coup, tu sais…’’ dans les gradins, derrière ses lunettes de soleil, Yasmin ne quitte pas le terrain des yeux. L’échauffement des joueuses est bien rythmé, elles semblent soudées malgré les luttes et les collisions, les bras qui se serrent, les crânes qui foncent et le ballon qui voltige, convoité par toutes les mains qui passent à sa portée. ’’Si jamais, j’embarquerais la fautive pour coups et blessures.’’ la plaisanterie roule sur ses lèvres pour dessiner les contours d’un sourire amusé, tandis qu’elle balance très légèrement sa nuque en arrière, joue inclinée vers son épaule, afin de lancer un regard complice en direction de Wells, installé à côté d’elle. Oh, bien sûr, Yasmin n’en pense pas un mot, mais difficile pour cette maman-ours d’assimiler la possibilité que (leur) sa fille soit blessée pendant l’exercice de son sport de prédilection. ’’T’as des notions de secourisme, toi ?’’ maintenant sa position, elle apporte la paille de son gobelet à ses lèvres pour en aspirer une petite gorgée, le coude appuyé sur le gradin au-dessus du sien. Pendant qu’elle observe le visage de Wells, les joueuses forment une mêlée pour prendre le ballon puis courent à travers le terrain pour marquer un essai, sous les ferventes exclamations des parents passionnés qui font trembler les bancs en fer. ’’Elle va être contente que tu aies pu te libérer… Ce matin encore, elle m’a demandé si tu venais.’’ son sourire ne diminue pas mais prend une forme davantage suave, qui est rapidement entaché par ses propres pensées baignées de honte et de culpabilité, qui forment un malaise assommant. Elle redresse alors son buste féminin en détournant le regard, cherchant la silhouette de sa fille parmi les dossards qui courent sur le terrain, et elle n’a aucun mal à retrouver Derya parmi ses semblables. Il y a quelque chose, dans son coeur, comme un poison de vérité dissimulée, comme une liane douloureuse qui serpente à l’intérieur pour la piquer quand elle se rend compte qu’elle est loin d’être la mère et l’amie qu’elle prétend être. Il paraît que mentir est plus facile que dire la vérité, qu’il faut du courage pour avouer ses fautes, mais il en faut tout autant pour s’enfoncer dans la fausseté, pour supporter d’être l’odieuse faussaire qui mène tout le monde en bateau, qui omet une réalité délicate, inavouable, difficile. Mentir n’est pas simple. Mentir use, abîme, terni. Elle s’en veut de lui cacher sa paternité, mais elle ne sait pas comment détruire le mur maintenant qu’elle a érigé chaque brique. Est-ce que leur amitié s’effondrera en même temps ? Est-ce qu’il lui en voudra au point de ne plus pouvoir la regarder sans éprouver du dégoût ? Elle peut supporter sa colère, mais pas son rejet. Elle peut endurer ses cris, mais pas son absence.  ’’Et toi, ça va ? En ce moment, je veux dire. Tout va bien pour toi ?’’ raclant discrètement sa gorge, elle aspire une nouvelle gorgée de son soda avant de faire rouler ses lèvres l’une contre l’autre, tâchant de faire disparaître la sensation de lourdeur qui pèse dans sa cage thoracique. ’’Tout va bien avec Anna ?’’ en reportant ses iris sombres sur son visage, Yasmin le demande sans aigreur et sans douleur, puisqu’il y a bien longtemps qu’elle n’éprouve plus le moindre sentiment amoureux envers lui ; elle a fini par comprendre qu’elle n’était pas de taille. Elle est raisonnable, Yasmin, elle s'est fait une raison, elle s'est résignée, elle a accepté. Encore un aveu qu’elle n’a jamais formulé. Décidément.

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there's a rumbling in the skies
@Yasmin Hikmet + Samuel Wellington
lieu: terrain de rugby, logan city

Les cris d’enfants sont nombreux et si ton allure donne l’impression que tu n’as pas la patience pour les sports de gamins un samedi matin, bien trop tôt pour être déjà parmi les vivants surtout quand l’on sait que tu vis de nuit, mais tu ne pourrais être plus heureux d’être là. Quand Derya demande, tu acquiesces. C’est un fait que plus personne ne peut contester désormais, et tu n’en as pas honte. Tu fais partie de la vie de la jeune fille depuis sa naissance, présent pour sa mère depuis bien des années avant et tu n’imagines pas le moment où cela changera alors si Derya demande ta présence pour un match de soccer alors que le soleil se lève encore dans le ciel, alors c’est avec un café et ta plus grosse voix que tu scanderas des encouragements pour la petite tête brune. « J’ai toujours peur qu’elle prenne un mauvais coup, tu sais… » Tu hoches légèrement la tête, le café aux lèvres. C’est souvent la même chose. Yasmin stresse de voir les petites filles, certaines bien plus petites et d’autres plus grandes se chamailler pour le ballon, souvent inconscientes de leur force. « Si jamais, j’embarquerais la fautive pour coups et blessures. » « Tu sais, je plains les garçons qui voudront un jour s’approcher de ta fille. » que tu commentes avec un rire, connaissant déjà le caractère fort et les tendances parfois over protectrices de la jeune femme avec sa fille. Tu étais loin de pouvoir la juger toutefois, tu étais toi-même assez féroce avec les garçons qui s’approchaient de Delilah, à son plus grand dam. « T’as des notions de secourisme, toi? » Un autre rire franchit tes lèvres, alors que tu viens passer un bras autour de ses épaules et la serre légèrement contre toi. « Tous les entraîneurs ici ont des notions de secourisme et tu le sais très bien. Relax un peu. Elle s’amuse, regarde. » Ta main libre pointe vers sa fille qui est complètement concentrée sur ce qu’elle fait, son attention entièrement portée sur le ballon. « Elle va être contente que tu aies pu te libérer… Ce matin encore, elle m’a demandé si tu venais. » « Tu sais que je manquerais ça pour rien au monde. » Tu en avais manqué beaucoup des parties pendant les mois où tu étais en tournée, et tu comptais bien rattraper le temps perdu, autant avec la mère que la fille.

Ton attention est complètement sur Derya, tentant de laisser loin derrière toute trace d’Hadley et de son retour dans ta vie. « Et toi, ça va? En ce moment, je veux dire. Tout va bien pour toi? » La voix moins assurée qu’à l’ordinaire de ton amie te sort de ta transe et le match derrière ne devient soudainement que bruit de fond. « Tu sais quelque chose que je sais pas? » que tu demandes, ton rire pratiquement aussi incertain que la voix de ton amie. « Tout va bien avec Anna? » À cette question, tu hoches légèrement la tête. Tout va bien, oui. Il y a trois semaines, à ton retour, tout allait merveilleusement bien. Le bonheur de la retrouver était pur et simple, rien n’aurait pu entacher cela. Et puis fin septembre est arrivé, un anniversaire de mariage qui n’a pas été célébré, mais qui a amené le retour de ta femme, légalement parlant, à un moment où tu ne l’attendais plus. « Anna va bien, tout va bien entre nous… » Ton hésitation est trop grande pour ne pas être remarqué par la policière et ton regard se fait fuyant, s’accrochant à la bouille angélique de la petite Hikmet avant d’ajouter. « La mère de Delilah est revenue dans le portrait. Peux-tu croire? Après plus de vingt ans, elle revient et j’apprends que ça fait des années qu’elle est ici, à Brisbane. » Des années qu’elle est si proche, et pourtant si loin. Des années qui ont été perdu, de souvenirs qui auraient pu être créées, des années où ta mère aurait pu avoir sa mère dans sa vie. Maintenant, tu n’es pas certain de vouloir lui faire la moindre place que ce soit. « Elle dit qu’elle veut faire partie de la vie de Del. Elle dit qu’elle nous a jamais oublié. Je sais pas… » Tu te râcles la gorge bruyamment, faisant au mieux pour ne pas te laisser être secoué par une énième vague d’émotions trop foudroyantes, colère et déception un mix jamais bien loin lorsqu’il s’agit d’Hadley Wellington. « Je sais pas quoi faire avec ça. Et Anna… Elle est parfaite dans tout ça, et je m’en veux tellement de la mêler à mes histoires qui ont pas d’allure. » Et ce serait mentir de dire que tu n’es pas complètement effrayé de voir votre relation s’effriter à cause de tout ce qui se passe, à cause de certaines choses que tu as omises de lui dire, comme le fait que tu étais encore légalement marié à la mère de ta fille. « J’suis désolé, j’avais pas prévu de te déballer tout ça ici. » Et soudainement, tu as besoin de quelque chose de bien plus fort que ton simple café.

« Tu sais, je plains les garçons qui voudront un jour s’approcher de ta fille. » paille entre ses dents, elle pince davantage le plastique du tube rouge en fronçant lentement ses sourcils, comme si les paroles qu’elle venait d’entendre avaient ravagé sa faculté à réagir correctement. Au bout de quelques secondes, Yasmin éloigne sa boisson de ses lèvres pour tourner son menton vers Wells, qu’elle toise avec un air soudainement méfiant ’’Parce que des garçons vont vouloir approcher ma fille ?’’ haussant ses sourcils en plissant son front, elle abaisse légèrement le menton pour le regarder par-dessus ses lunettes, visiblement peu encline à accepter cette perspective ’’Il va falloir me passer sur le corps.’’ et autant le dire tout de suite, son flingue n’est pas d’humeur à coopérer et ne le sera jamais, surtout pas quand il s’agit de son enfant. Leur enfant. C’est pas le sujet, mais il lui rappelle un peu cette vérité avec son accolade amicale, qui fait germer les bribes d’un sourire adoucit sur ses lèvres légèrement maquillées « Tous les entraîneurs ici ont des notions de secourisme et tu le sais très bien. Relax un peu. Elle s’amuse, regarde. » - ’’Et moi je fais de la tachycardie.’’  elle le dit d’une voix morose en aspirant une nouvelle gorgée de sa boisson, reportant son attention sur le terrain même si le plaquage vif subit par sa fille lui donne des sueurs froides, qui lui font regretter de s’être levée ce matin. « Tu sais que je manquerais ça pour rien au monde. » oui, elle le sait, mais Derya est peut-être moins consciente de l’affection portée par Wells, même s’il est souvent celui qu’elle cite quand elle a besoin d’une figure paternelle ; un rôle qu’il a toujours endossé, sans que personne ne lui demande. En cet instant, au moment précis où il prononce ces quelques mots, elle est prise d’une culpabilité étourdissante, comme si elle était tout à coup projetée dans le mur de ses trop nombreuses omissions, et si elle pourrait franchir le rideau de cette mascarade en partie involontaire, les gradins d’un entraînement de rugby ne lui semble pas être l’endroit idéal pour annoncer une paternité révélée sur le tard, alors changer de sujet lui paraît être bien plus judicieux. « Tu sais quelque chose que je sais pas? » remontant l’une de ses épaules, elle se fend d’un ’’Bien sûr que non’’ bien sûr que si pendant qu’elle entoure son gobelet de ses deux mains, comme s’il lui fallait soudainement se rattacher à quelque chose de tangible plutôt que la boule nerveuse qui s’est développée dans son ventre en un temps record « Anna va bien, tout va bien entre nous… » ce n’est pas tant qu’il hésite mais plutôt qu’il répète : le lieutenant de police flaire le mensonge. ’’Tu le dis deux fois parce que le premier vise à me convaincre moi, et le second vise à te convaincre toi.’’ elle n’étale pas sa science psychologique pour le simple plaisir de parader, mais pour qu’il économise sa salive à lui mentir. Coudes appuyés derrière elle, épaules légèrement remontées vers ses lobes d’oreilles, elle tourne son menton vers lui en l’encourageant d’un regard silencieux, se demandant bien ce qui cloche dans le décor de leur couple ; tout allait pour le mieux avant sa tournée, non ? « La mère de Delilah est revenue dans le portrait. Peux-tu croire? Après plus de vingt ans, elle revient et j’apprends que ça fait des années qu’elle est ici, à Brisbane. » plissant légèrement ses paupières sous la réflexion imposée par cet aveu, qui semble sortir de nulle part ’’Des années ? Pourquoi elle ne s’est pas manifestée avant ?’’ c’est la question la plus légitime, pas vrai ? Même si elle l’a pose en se sentant elle-même illégitime, mais elle est très douée pour le masquer « Elle dit qu’elle veut faire partie de la vie de Del. Elle dit qu’elle nous a jamais oublié. Je sais pas… Je sais pas quoi faire avec ça. Et Anna… Elle est parfaite dans tout ça, et je m’en veux tellement de la mêler à mes histoires qui ont pas d’allure. » - ’’Ce n’est pas de ta faute, Wells.’’ cela lui semble être la chose la plus importante à faire : le dédouaner de toute culpabilité, et elle le fait en posant une main sur son bras pour attirer son attention « J’suis désolé, j’avais pas prévu de te déballer tout ça ici. »  remontant ses lunettes de soleil sur le haut de son crâne de sa main libre, elle presse ses lèvres l’une contre l’autre en sachant très bien à quel point elle n’est pas douée pour ces choses-là ’’Je sais que tu veux toujours bien faire, et c’est ce que tu fais la plupart du temps, mais tu ne peux pas contrôler ce que les autres font. En l’occurence, tu ne peux pas t’en vouloir pour ce que la mère de Del a fait et continue de faire, et Anna le comprendra. Elle est formidable.’’ qu’on s’entende, c’est Anna qui est formidable et pas la mère de Del, mais elle ne pense pas avoir besoin de le préciser ’’Elle t’a dit quoi ?’’ basculant sa joue contre l’épaule de Wells sous quelques coups de sifflet de l’arbitre, elle attend sa réponse en jouant distraitement avec une petite bouloche formée par son haut, espérant sincèrement que les choses s’arrangent pour son ami.

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« Parce que des garçons vont vouloir approcher ma fille? » Un ricanement s’échappe d’entre tes lèvres alors que Yasmin garde un air foncièrement sérieux sur son visage, et c’est une raison de plus pour laquelle tu redoutes déjà le moment où Derya deviendra une adolescente et une jeune adulte qui a envie de se découvrir, de connaître les plaisirs des premiers amours, que ce soit avec fille ou garçon, franchement dans les deux, tu restes persuadé que Yasmin n’hésitera pas à tout faire pour protéger sa fille. « Il va falloir me passer sur le corps. » « Va falloir que tu ranges les griffes à un moment ou un autre, maman ours. » C’était sûrement un conseil légèrement hypocrite de ta part quand on savait les mauvais quarts d’heure que tu avais fait vivre aux différents prétendants de Delilah, mais tu ne souhaitais qu’une seule et unique chose : que Yasmin cesse de s’en faire trop pour sa fille, parce qu’elle aura beau vouloir la protéger de tous les maux du monde, elle ne pourra pas empêcher les expériences de la vie, la douleur et les peines de se faire une place dans celle de Derya. « Et moi je fais de la tachycardie. » « Tu veux que j’appelle le mec là-bas? Celui qui a l’air de même pas avoir 20 ans? Je suis sûr qu’il sait comment faire du bouche-à-bouche. » Pratique pour la tachycardie? Sûrement pas non, mais ça ne t’empêche pas de déconner, surtout quand c’est pour te moquer gentiment de Yasmin. Tu la taquines, la jeune femme qui semble avoir fait vœu complet de célibat depuis plusieurs années maintenant. Il fut un temps, tu as presque cru qu’il aurait pu y avoir quelque chose entre vous deux. Mais elle était en couple, et la confiance que tu accordais à autrui, même à elle, avec ton cœur était encore trop fragile. La perdre elle au risque d’une histoire qui aurait pu finir de manière aussi désastreuse que celle avec Hadley, c’était quelque chose que tu n’avais pas osé. Et aujourd’hui, tu étais heureux avec Anna, et si jamais tu ne voudrais voir Yasmin avec un petit coach de rugby à peine prépubère, tu ne pouvais t’empêcher de souhaiter la voir heureuse avec quelqu’un, quelque chose qu’elle ne semblait pas chercher activement.

Elle agit étrangement, et ça te met tout de suite en alerte, comme si vous vous nourrissiez mutuellement de l’anxiété de l’autre. « Bien sûr que non. » Tu fronces les sourcils, mais choisis de la croire alors qu’elle te questionne sur comment les choses se passent avec Anna et de toute évidence, ta réponse ne se veut pas aussi convaincante qu’elle ne devrait l’être, bien que tes problèmes actuels n’ont rien à voir avec la Constantine. « Tu le dis deux fois parce que le premier vise à me convaincre moi, et le second vise à te convaincre toi. » « On ne peut rien vous cacher enquêteure. » que tu marmonnes avant de finalement vider ton sac. Tu étais naïf de croire que tu pouvais venir ici et laisser derrière le fantôme d’Hadley. Elle était constamment dans ta tête et c’était déjà un miracle que tu n’aies rien dit à Delilah alors que ton humeur témoigne totalement que quelque chose te tracasse en permanence. « Des années? Pourquoi elle ne s’est pas manifestée avant? » Tu hausses les épaules, il y a tellement de choses que tu n’arrives toujours pas à comprendre dans toute cette histoire. « Je sais pas Yas. Apparemment qu’elle est à Brisbane depuis huit ans. Qu’elle a voulu venir me voir il y a deux ans, mais qu’elle a vu Anna sortir de la maison et qu’elle a fait demi-tour. » Tu lâches un soupir qui témoigne de cette colère qui continue éternellement de monter en toi chaque fois que tu penses à elle, que tu parles de la blonde, de ses décisions qui ont chamboulé ta vie à un tel point que tu ne sais pas de quoi elle pourrait avoir l’air justement, ta vie, si elle était restée. Si elle était revenue avant. Il y a deux ans, huit ans, vingt ans. Ça te rend complètement fou. « Elle pensait quoi? Que j’allais l’attendre toute ma vie? » Un rire moqueur t’échappe, avant que ton regard ne trouve celui de la Hikmet, et tu réalises que dans un sens, oui, tu avais attendu bien trop longtemps après Hadley, que tu t’étais privé d’opportunités d’ouvrir ton cœur à cause d’elle et que la preuve même de ce fait était sous tes yeux.

Sa main sur ton bras te force dans le présent, et tu viens naturellement poser une main contre la sienne. Tu penses à Hadley, tu penses à Yasmin, et tu penses à Anna aussi, dernière arrivante dans ta vie, celle qui a volé ton cœur, et qui se doit de gérer avec tous les morceaux cassés. « Ce n’est pas de ta faute, Wells. » « J’lui avait pas dit que j’étais encore légalement marié avec Hadley. » que tu admets, te trouvant terriblement con d’avoir cru pouvoir garder ce morceau d’information comme si cela n’allait jamais avoir un impact sur elle, sur vous. « Je sais que tu veux toujours bien faire, et c’est ce que tu fais la plupart du temps, mais tu ne peux pas contrôler ce que les autres font. En l’occurrence, tu ne peux pas t’en vouloir pour ce que la mère de Del a fait et continue de faire, et Anna le comprendra. Elle est formidable. » « Elle mérite pas ça. » Et c’est ce que tu ne cesses de te répéter depuis le jour où Hadley s’est retrouvée devant ta porte. « Elle t’a dit quoi? » Yasmin pose sa joue contre ton épaule, son corps se crispant inévitablement aux sons de quelques coups de sifflet, et tu laisses ta joue s’accoter contre le haut de son crâne, dans une proximité dont tu as drôlement besoin en ce moment. « Elle a dit qu’elle nous avait jamais oublié. Qu’elle veut faire partie de ma vie, de celle de Delilah. Qu’elle est partie parce qu’elle pensait qu’elle gâcherait nos vies. » C’est cette dernière partie qui te fait le plus mal, celle avec laquelle tu as du mal à composer parce que tu n’avais rien vu, rien compris de sa détresse. « Elle m’a dit qu’elle avait fait une dépression post-partum sévère. Qu’elle était persuadée que Delilah n’était pas en sécurité avec elle, que c’était pour le mieux qu’elle ne soit plus dans nos vies. Elle avait tellement l’air de se croire… » Et toi, tu nageais dans un tourbillon de colère, de déception, d’incompréhension et pire encore duquel tu n’étais pas certain de pouvoir te sortir un jour. « J’suis censé faire quoi moi, avec tout ça? » C’est idiot sans doute, de croire que Yasmin puisse avoir une solution toute parfaite à t’offrir, mais au point où tu en es, le simple fait de pouvoir te vider le cœur ainsi sans aucune retenue te fait un bien fou.

« Va falloir que tu ranges les griffes à un moment ou un autre, maman ours. » le talon appuyé sur le sol, elle fait rouler l’avant de sa botte en joignant ses deux mains l’une à l’autre entre ses jambes faiblement espacées, la pointe de sa langue glissant sur ses dents du haut avant qu’elle ne réponde, sur le ton de l’humour mais avec un fond sérieux ’’Faudra me passer sur le corps.’’ elle ne rajoute pas « et mon flingue » mais c’est tout de même l’idée derrière, puisque Derya a beau avoir presque dix ans, dans son coeur de maman, elle est toujours le petit bébé aux doigts potelés, aux joues rondes et à la peau si délicieuse. ’’Tu vas me dire que tu as accueilli les petits-copains de Del en déroulant le tapis rouge ?’’ elle sait bien que non, et c’est la raison pour laquelle elle l’évoque avec ce ton railleur, comme si elle savait par avance qu’elle brandissait la carte ultime pour gagner l’argumentation : ils sont tous deux des parents surprotecteurs, et Wells a été autant présent pour sa propre fille que pour celle de la brune, qui s’angoisse toute seule en regardant les mêlés et autres efforts sportifs. C’est tout de même un sport brutal, en dépit de la ferveur qu’il propage dans ce pays et dans le coeur de Derya, mais le lieutenant de police ne partage pas cette inclinaison pour les essais transformés et les ballons ovales. En revanche, elle adore savoir que sa fille est entière et sans blessure apparente, si bien qu’elle ne manque pas de préciser à quel point tout ceci la rend inconfortable « Tu veux que j’appelle le mec là-bas? Celui qui a l’air de même pas avoir 20 ans? Je suis sûr qu’il sait comment faire du bouche-à-bouche. » une oeillade rapide jetée en direction du bellâtre, elle lève légèrement le menton pour le jauger du regard en poussant ses lèvres en avant, ne se privant pas de le détailler derrière ses lunettes de soleil à peine descendue sur son nez ’’S’il est majeur, je ne dis pas non.’’ tournant le menton vers Wells, elle fait glisser son index et son pouce sur la branche de sa lunette afin de lui jeter un regard par-dessus les verres, faisant danser ses sourcils sur son front avant d’éclater de rire. Mais la légèreté de leurs échanges dévergondés ne s’étirent pas et, bien vite, le ton grave charge l’électricité d’une variante maussade, puisque le sujet abordé par Wells n’a plus rien d’insouciant. Dire qu’elle ne tombe pas de haut serait mentir — difficile de réagir autrement avec la bombe qu’il vient de lancer, mais c’est surtout pour lui-même qu’elle est inquiète ; comment parvient-il à jouer au jeu de la normalité avec la mère de sa fille qui déambule en ville, juste sous son nez, depuis des lustres ? Et surtout, pourquoi a-t-elle réagi comme ça ? « Je sais pas Yas. Apparemment qu’elle est à Brisbane depuis huit ans. Qu’elle a voulu venir me voir il y a deux ans, mais qu’elle a vu Anna sortir de la maison et qu’elle a fait demi-tour. » elle pince ses lèvres dans un élan qui semble à la fois compréhensif et désolé, mais en même temps, difficile d’en tenir rigueur à Wells ; il a attendu de longues années avant d’ouvrir le coffre scellé de son coeur blessé. « Elle pensait quoi? Que j’allais l’attendre toute ma vie? » elle détourne le regard pour reporter ses yeux sur le terrain de rugby, sans véritablement suivre le match tant elle est confuse suite à la révélation qu’elle vient d’entendre ’’Tu as attendu longtemps, avant de t’autoriser à retrouver l’amour.’’ c’est important de le dire, cette vérité honorable, puisque Wells n’a pas sauté sur la première venue pour combler le manque de sa femme mystérieusement disparue, non. Il a été un mari patient, un père qui faisait de son mieux — elle en a été le témoin privilégié, et personne ne pourra lui reprocher sa belle histoire d’amour avec Anna. « Elle mérite pas ça. » - ’’Toi non plus.’’ il ne mérite pas que Hadley refasse surface dans pareilles conditions, mais la vie n’est pas un juge impartial qui distribue les désastres à ceux qui le méritent le plus. « Elle a dit qu’elle nous avait jamais oublié. Qu’elle veut faire partie de ma vie, de celle de Delilah. Qu’elle est partie parce qu’elle pensait qu’elle gâcherait nos vies. » une fine inspiration qu’elle prend pour se taire, Yasmin, parce que si elle n’est pas totalement étrangère à la dépression post-natale, elle n’en est pas au point d’excuser une aussi longue absence, mais ce n’est sûrement pas ce que Wells a besoin d’entendre là tout-de-suite. « Elle m’a dit qu’elle avait fait une dépression post-partum sévère. Qu’elle était persuadée que Delilah n’était pas en sécurité avec elle, que c’était pour le mieux qu’elle ne soit plus dans nos vies. Elle avait tellement l’air de se croire… J’suis censé faire quoi moi, avec tout ça? » les sifflets et le brouhaha sportif se mêlent aux confidences douloureuses, mais Yasmin n’a pas de réponse parfaite pré-établie à sortir de son chapeau alors elle se contente d’hausser les épaules, prise au dépourvue par la question qu’on lui pose. ‘’Tu ne peux pas décider pour Del. Elle est grande, maintenant… C’est à elle de choisir si oui ou non elle pardonne à Hadley,’’ impossible de l’appeler « sa mère » pour l’instant ’’Tu dois être le plus transparent possible avec Del, ne pas te laisser gagner par la rancoeur, ne pas parler mal de sa mère. C’est leur relation, et c’est à elle de décider ce qu’elle en fait.’’ cela étant dit, elle poursuit en glissant une main sur celle de Wells, son pouce caressant la surface de celle-ci tandis que ses phalanges recouvrent la jointure de sa main, plus large que la sienne, en reprenant la parole ’’Quant à vous deux… Qu’est-ce que tu en penses, toi ? Est-ce que tu as envie de lui pardonner ? J’te parle pas de te remettre avec, je sais que tu aimes Anna, mais, est-ce que tu te sens capable de renouer avec elle, pour le bien de Del ? Vous n’êtes plus un couple amoureux mais vous êtes un couple parental, et si Del décide de faire une place à Hadley dans sa vie, tu n’auras pas d’autre choix que de composer avec. C’est le bien de Del qui compte.’’ elle l’aime, cette gamine, elle l’aime depuis le premier jour et elle ne cessera jamais de vouloir la protéger. Jamais.

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« Faudra me passer sur le corps. »
« Des menaces, des menaces. » que tu chantonnes pour toute réponse avant de ricaner.

Elle se répète, la jeune mère, mais ça t’amuse plus qu’autre chose de la voir s’en faire ainsi pour sa fille, que ce soit à cause de son sport de prédilection ou du fait que viendra inévitablement le jour où elle attirera l’attention des garçons – ou des filles, si c’est sa préférence – et qu’il n’y a rien que Yasmin puisse faire pour empêcher le tout. « Tu vas me dire que tu as accueilli les petits-copains de Del en déroulant le tapis rouge? » « Jamais de la vie. » que tu avoues sans la moindre honte ni la moindre hésitation. Si tu pouvais encore la protéger des garçons et de leurs intentions, tu le ferais, mais il paraît que ce n’est pas bien vu pour un père d’empêcher sa fille adulte de fréquenter qui elle veut. « Y’a même certaines de ses amies que je ferais disparaître du décor si j’pouvais. » Ce n’est pas le genre de choses que tu pouvais te permettre de dire devant Delilah, mais c’était bien le genre de choses que tu pouvais partager avec Yasmin. La policière avait été là pour la grande majorité des premières fois de ta vie, elle l’avait vu grandir, avait connu ses amis du primaire, ceux du secondaire aussi, t’avait aidé à gérer avec les devoirs et avait même pris part à des discussions qui auraient dû se passer entre une mère et sa fille, remplissant un rôle alors qu’Hadley n’avait pas été là pour le faire. Alors évidemment que tout commentaire, aussi déplacé pouvait-il semblé dans un autre contexte, pouvait être partagé avec la Hikmet sans que tu ne redoutes la moindre trace de jugement de sa part. « S’il est majeur, je ne dis pas non. » Tu grimaces légèrement, préférant encore ne pas t’imaginer la scène. C’est plus simple et ton inconfort – pour lequel tu es le seul responsable étant celui qui a proposé l’idée stupide à la base – est seulement parce qu’elle mérite mieux qu’un homme qui n’en est qu’un que depuis deux minutes et qui ne saurait pas comment s’occuper d’une femme du calibre de la Hikmet, rien de plus, rien de moins.

Même après quelques jours, parler d’Hadley et de son retour fait toujours aussi mal et tu commences à croire que cette douleur ne subsistera jamais. Qu’elle a rouvert une blessure que tu as mis une éternité à guérir et qui ne cessera plus jamais de saigner. « Tu as attendu longtemps, avant de t’autoriser à retrouver l’amour. » Ton regard s’accroche plus longuement sur celui de la jeune femme, et tu te demandes si elle sait, que tu as pensé à elle comme ça, à un moment où tu ne pouvais pas te le permettre, mais tu chasses l’idée aussi vite qu’elle s’immisce, déjà trop préoccupé par la mère de ta fille pour te perdre à d’autres vieux fantômes. « Toi non plus. » qu’elle te rappelle la policière, quand évidemment, tu t’en fais pour Anna, craignant que le retour d’Hadley ne soit pas difficile que pour toi, mais pour tout ceux qui sont près de toi, Anna et Delilah les premières. Si tu n’avais rien pu cacher à la première, tu n’avais toujours rien dit à la deuxième et tu savais que tu ne pouvais pas continuer ainsi encore bien longtemps. Que le moment viendrait, plus tôt que tard, où tu devrais tout lui dire et surtout lui donner le choix quant à ce qu’elle voulait faire vis-à-vis d’Hadley et du genre de relation – si elle en désirait une – qu’elle voulait avoir avec sa mère. « Tu ne peux pas décider pour Del. Elle est grande, maintenant… C’est à elle de choisir si oui ou non elle pardonne à Hadley. » Tu grognes légèrement, bien trop conscient de la véracité des dires de ton amie. « Tu penses que c’est pour ça qu’elle a attendu si longtemps? Que Del soit majeure, qu’elle puisse prendre la décision pour elle-même sans que je puisse m’en mêler? » Tu te rassurais sur le fait qu’au moins, Hadley avait eu la décence de venir te voir toi avant de te retrouver face à face avec ta fille, quoiqu’un autre jour, un autre moment et ça aurait pu être Delilah qui ouvre la porte à sa mère. Tu préfères chasser l’idée de ta tête, craignant que celle-ci ne fasse naître un renouveau de colère pour celle qui ose encore t’appeler son mari.

« Tu dois être le plus transparent possible avec Del, ne pas te laisser gagner par la rancœur, ne pas parler mal de sa mère. C’est leur relation, et c’est à elle de décider ce qu’elle en fait. » Tu sais tout ça, mais ça n’efface pas la peur qui subsiste dans le fond de ton être, cette petite voix dans ta tête qui répète constamment qu’Hadley est partie une fois, que rien ne garanti qu’elle ne partira pas encore. « Et si elle choisit de lui laisser une chance, d’apprendre à la connaître et qu’Hadley disparaît encore? J’m’en remettrais pas Yas. » que tu avoues, ta voix tremblotante sur tes mots dits dans un murmure tel que seule la femme à tes côtés puissent t’entendre. Tu détestes être si vulnérable, détestes encore plus l’être en public, mais Yasmin est ton roc et tu peux t’accrocher à elle, tu as toujours pu le faire dès le premier jour. « J’ai besoin de la protéger. J’sais que j’peux pas tout empêcher, mais elle la connaissait pas quand sa mère est partie la première fois. Cette fois-ci… » Tout serait différent. Pire encore. Tu sais que la décision ne te revient pas, mais la mettre entre les mains de ta fille est un risque que tu ne te sens pas encore prêt à prendre, égoïstement. « Quant à vous deux… Qu’est-ce que tu en penses, toi? Est-ce que tu as envie de lui pardonner? J’te parle pas de te remettre avec, je sais que tu aimes Anna, mais, est-ce que tu te sens capable de renouer avec elle, pour le bien de Del? Vous n’êtes plus un couple amoureux mais vous êtes un couple parental, et si Del décide de faire une place à Hadley dans sa vie, tu n’auras pas d’autre choix que de composer avec. C’est le bien de Del qui compte. » « Je ne fais que ça, penser à son bien-être. » À t’en rendre malade pratiquement. Yasmin te connaît, elle sait bien qu’il n’y a rien que tu ne serais pas prêt à faire pour rendre ta fille heureuse. Mais pardonner à Hadley, t’imaginer l’avoir de nouveau dans ta vie au quotidien, tu n’es pas certain de pouvoir le faire, pas si vite, pas comme ça. « J’sais pas si j’vais arriver à lui pardonner un jour. Si elle était revenue y’a deux ans, y’a huit ans quand elle s’est réinstallée à Brisbane je sais pas… Mais huit ans, à vivre dans la même ville, alors qu’elle savait exactement où on était pendant tout ce temps… ça me rentre pas dans la tête comment elle peut avoir fait ça. »

Elle ne s’attendait sûrement pas à cette révélation, Yasmin. C’est brutal, inattendu, désarçonnant, et elle boit ce cocktail implacable alors qu’elle n’est même pas réellement concernée par l’affaire — elle dirait probablement que oui, puisqu’elle est l’une des figures ayant élevée Del, mais osant à peine imaginer comment Wells se sent au milieu de ce champ de ruines. L’on croyait le dossier Hadley enterré, si bien que même son existence n’était qu’un lointain souvenir faisant figure de légende, et voilà qu’elle réapparait, n’ayant jamais vraiment quitté le décor, en exigeant une place dans la vie de ceux qu’elle a abandonné. Lâchement ? Yasmin ne le dirait pas ainsi, même si elle n’en est pas à excuser la mère démissionnaire non plus. Le mal-être de la mère propulsée dans ce rôle est quelque chose de concret et de réel, la souffrance et l’angoisse de ne pas être la meilleure parfaite, celle que tout le monde attend, celle qui ne commet aucune erreur, est tout aussi tangible et avéré, mais revenir comme une fleur après tant d’années d’absence lui paraît être une injustice sans égale pour la souffrance qu’elle a imposé.

Elle pourrait cracher sa colère comme un venin, Yasmin, enfoncer Hadley sous un chapelet de fautes et de manquements mais, est-ce ce dont Wells a besoin en cet instant ? Il semble avoir davantage envie d’un oeil neutre et objectif pour l’aider à avoir plus clair et, désireuse d’être son soutien immuable dans la tempête, elle s’efforce de garder une posture impartiale.  « Tu penses que c’est pour ça qu’elle a attendu si longtemps? Que Del soit majeure, qu’elle puisse prendre la décision pour elle-même sans que je puisse m’en mêler? » haussant ses épaules en pressant ses paumes l’une contre l’autre, Yasmin répond : ’’Difficile à dire… Mais c’est une possibilité, oui. Si elle était revenue quand Del était plus jeune, tu aurais pu l’empêcher de la voir mais, aujourd’hui, tu ne peux pas décider à sa place.’’ qu’importe les crimes dont Hadley s’est rendue coupable, la condamnation ne peut pas être rendue d’une voix unanime entre les Wellington : Del doit faire son propre choix. « Et si elle choisit de lui laisser une chance, d’apprendre à la connaître et qu’Hadley disparaît encore? J’m’en remettrais pas Yas. J’ai besoin de la protéger. J’sais que j’peux pas tout empêcher, mais elle la connaissait pas quand sa mère est partie la première fois. Cette fois-ci… » la vox qu’il emploie pour formuler cet aveu lui brise le coeur, et elle réprime l’envie de l’entourer de ses bras pour le serrer contre elle, jusqu’à ce que toute sa peine, toute sa colère et sa rancoeur aient été absorbés par son propre coeur. ’’C’est une possibilité, oui…’’ pas avérée, mais difficile de la croire sur parole si elle prétend rester ’’…Mais personne ne peut savoir à l’avance, et Del a besoin de faire ce chemin avec sa mère. Du moins, si c’est ce qu’elle décide de faire, de la rencontrer, de la connaître, il ne faut pas lui dire ça. La mettre en garde, oui, mais ne pas lui rabâcher sans cesse que sa mère est partie parce qu’elle le sait. Mais je crois que ce serait naturel qu’elle la rencontre, qu’elle lui parle… Elle doit avoir des questions à lui poser et les réponses doivent venir d’Hadley, pas de nous.’’ elle entoure son bras des siens, l’une de ses mains se déposant au-dessus de son coude tandis que l’autre cherche sa jumelle, bien plus large et robuste, ses petits doigts glissant entre ceux de Wells tandis qu’elle se blottit contre ses flancs pour lui témoigner sa présence et son affection, deux trésors qu’il ne perdra jamais, assurément. « Je ne fais que ça, penser à son bien-être. » elle le sait, et resserre son étreinte autour de son bras en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, ayant définitivement perdu le fil du match qui se joue devant leurs yeux indifférents. « J’sais pas si j’vais arriver à lui pardonner un jour. Si elle était revenue y’a deux ans, y’a huit ans quand elle s’est réinstallée à Brisbane je sais pas… Mais huit ans, à vivre dans la même ville, alors qu’elle savait exactement où on était pendant tout ce temps… ça me rentre pas dans la tête comment elle peut avoir fait ça. » les yeux figés sur un point invisible sur le terrain, elle ravale difficilement sa salive en se mettant inconsciemment à caresser la peau fine de sa main avec son pouce, le noeud de la culpabilité se ravivant dans son coeur piqué de quelques aiguilles moralisatrices ’’Quand tu mens depuis longtemps, dire la vérité devient de plus en plus difficile.’’ elle en sait quelque chose, et pince le coin de sa lèvre inférieure avec ses dents, se disant qu’elle ne vaut peut-être pas mieux que Hadley, finalement ’’Tu n’es pas obligé de lui pardonner, de toute façon. Tu seras toujours le père de sa fille, mais tu n’es plus son mari depuis longtemps.’’ faisant coulisser sa tempe sur le tissu de sa veste, elle lève un regard doucereux vers son visage, lui offrant un sourire de réconfort qui est, certes, peu de choses par rapport aux bouleversement qu’il subit. ’’Je suis là si t’as besoin, tu sais ? N’importe où, n’importe quand.’’ toujours.

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there's a rumbling in the skies
@Yasmin Hikmet + Samuel Wellington
lieu: terrain de rugby, logan city

Tu ne pensais pas que ce matin serait utilisé pour déverser les derniers chamboulements de ta vie sur Yasmin qui voulait simplement avoir quelqu’un pour retenir la maman ours en elle lors de la pratique de rugby de sa fille, mais c’est bien ce qui était en train de se produire. Tu tentais de contenir la colère et la douleur qui te consommaient continuellement lorsqu’il était question de la mère de ta fille, c’était loin d’être le temps ou la place pour que tu t’énerves et peut-être bien que ce fût ce qui en faisait le meilleur moment pour te vider le cœur tout en évitant les débordements. « Difficile à dire… Mais c’est une possibilité, oui. Si elle était revenue quand Del était plus jeune, tu aurais pu l’empêcher de la voir mais, aujourd’hui, tu ne peux pas décider à sa place. » Tu ne savais pas si tu aurais décidé à sa place il y a dix ans, mais une chose était certaine : tu aurais eu l’impression d’avoir plus de contrôle que tu n’en avais présentement. Tu détestais cacher une si grande nouvelle à ta fille, mais tu craignais sa réaction, peut-être autant que tu craignais de la voir s’attacher à sa mère après tout ce temps. Tu avais si peur que ta fille ne se retrouve blessée comme tu avais pu l’être aux mains d’Hadley, tu voulais lui éviter toute déception supplémentaire lorsqu’il était question de sa mère, mais Yasmin avait raison : la décision ne t’appartenait plus aujourd’hui. « C’est une possibilité, oui… Mais personne ne peut savoir à l’avance, et Del a besoin de faire ce chemin avec sa mère. Du moins, si c’est ce qu’elle décide de faire, de la rencontrer, de la connaître, il ne faut pas lui dire ça. La mettre en garde, oui, mais ne pas lui rabâcher sans cesse que sa mère est partie parce qu’elle le sait. Mais je crois que ce serait naturel qu’elle la rencontre, qu’elle lui parle… Elle doit avoir des questions à lui poser et les réponses doivent venir d’Hadley, pas de nous. » Tu hoches la tête, comprenant d’où venait Yasmin, même si tu avais du mal à accepter cette nouvelle réalité. « Ça m’enrage tellement qu’elle puisse revenir comme ça après tout ce temps et que je puisse rien faire de plus pour protéger ma fille. » Parce qu’elle était là, la vérité à tes yeux : Delilah était ta fille, à toi et à toi seul. Oui, Hadley l’avait porté et l’avait mise au monde, mais elle avait été absente pour tous les moments formatifs de sa vie, n’avait pas eu à gérer les nuits sans sommeil au-delà de quelques mois, avait manqué les dents, l’introduction aux aliments, les premiers pas, les premiers mots, toutes ces putains de premières fois que tu chérissais et qui ne t’appartenait qu’à toi, égoïstement parlant. Elle avait choisi de ne pas être là pendant tout ce temps, et pourtant, elle conservait ses droits comme si de rien était et ça te rendait complètement fou, bien qu’il n'y eût rien que tu ne puisses y faire désormais.

« Quand tu mens depuis longtemps, dire la vérité devient de plus en plus difficile. » « J’peux pas mentir à ma fille plus longtemps, ça va me rendre malade. » Déjà que tu avais passé les derniers jours à l’éviter constamment pour ne pas qu’elle voit l’état dans lequel tu étais depuis une semaine, tu en étais à accumulé les maux de ventre et les maux de tête constamment tant le stress de la situation était en train de te ronger. « Tu n’es pas obligé de lui pardonner, de toute façon. Tu seras toujours le père de sa fille, mais tu n’es plus son mari depuis longtemps. » « Elle a pas eu le mémo. » que tu marmonnes, portant ton attention sur Derya, un point sur lequel te focaliser pour ne pas laisser ton tempérament exploser comme tu en avais envie chaque fois que tu repensais au fait qu’elle utilisait le nom Wellington depuis vingt ans. « Elle a gardé mon nom. Elle est devenue avocate et elle pratique sous le nom de Maître Wellington depuis le début. » Tu secoues la tête, serrant la mâchoire à un tel point que ça en devient douloureux. « J’ai pas envie de lui pardonner, Yas. » que tu admets finalement, avouant à voix haute pour la première fois ce qui se répète en boucle dans ta tête : tu n’as pas envie de jouer au bon gars et accepter son retour, prétendre à une relation avec elle après le mal qu’elle t’a fait. Mais pour Delilah, tu sais qu’éventuellement, tu n’auras pas le choix de mettre tes rancœurs de côté. « Je suis là si t’as besoin, tu sais? N’importe où, n’importe quand. » Ton regard s’accroche rapidement à celui de la jeune femme, un sourire en coin se formant en réponse au sien et tu viens finalement déposer un léger baiser contre le dessus de sa tête, une marque d’affection dont tu n’as jamais su te défaire à son égard. « Merci. » que tu murmures, gardant un bras autour d’elle, t’accrochant à elle d’une manière nécessaire, voire vitale. « Est-ce que tu pourrais être là, quand j’vais parler à Del? » Tu ne savais pas si tu avais le droit de lui demander une telle chose, mais tu ne te sentais pas assez puissant seul, et surtout, tu voulais offrir à ta fille l’opportunité à ta fille de parler et de se confier à quelqu’un qui était un tant soit peu en dehors du conflit, avec un recul que tu ne possédais pas lorsqu’il était question d’Hadley.

Évidemment que cela soulève quelques voiles qu’elle aurait préféré maintenir immobiles. Si elle est mise devant la fuite et les omissions de Hadley, Yasmin ne se sent pas l’âme d’une moralisatrice pour autant, pas quand elle sait qu’elle n’est guère plus louable que l’ex-femme de Wells, alors elle tâche d’avoir le recul nécessaire dont elle aimerait être affublée lorsque ses propres secrets seront révélés, consciente qu’elle n’est pas franchement la mieux placer pour juger Hadley. Mais par souci de conscience, elle maintient l’idée que son cas est bien moins condamnable que l’ex-femme démissionnaire mais, dans le fond, n’essaie-t-elle pas de sauver les meubles pour se rassurer ? Ne va-t-elle pas faire souffrir Wells, elle aussi ? Ne l’a-t-elle pas trahi, au même titre que celle qui est le fantôme du présent ? « Ça m’enrage tellement qu’elle puisse revenir comme ça après tout ce temps et que je puisse rien faire de plus pour protéger ma fille. » Yasmin entend ces quelques mots sans les rattacher à l’égoïsme, trouvant même plutôt légitime le ressenti du musicien ; elle sait combien il aime Del, combien il voudrait la protéger de tout, alors être face à un océan d’incertitudes qui le rend terriblement impuissant doit être une irrémédiable injustice supplémentaire. Il est le parent qui n’est jamais parti, celui qui est resté malgré les difficultés à endurer seul, et il est également celui qui ne peut pas empêcher l’autre de revenir. ’’Je sais… Mais c’est un chemin que Del doit faire. Nous, on peut seulement être là pour l’aider à se relever si elle tombe, mais elle doit marcher toute seule.’’ elle se souvient encore, avec une image franchement nette, des premiers pas de Del, de la façon dont ils s’étaient accroupis au milieu du salon en lui tendant les bras pour l’encourager à venir vers eux, de leurs rires couplés, de la joie immense, mêlée à une fierté particulière, d’assister à ce grand évènement dans la vie de la petite fille. Hadley avait manqué beaucoup  de choses, trop peut-être pour pouvoir les rattraper mais, qui peut l’empêcher ou lui en vouloir d’essayer ?

« J’peux pas mentir à ma fille plus longtemps, ça va me rendre malade. » elle pince le coin de sa lèvre inférieure en essayant de ne pas se prendre ces syllabes comme un boomerang venu la frapper en pleine figure mais, il est bien difficile de ne pas répondre « je sais » dans un écho qui renvoie à ses propres secrets, qu’elle garde enfouis depuis deux ans maintenant. ’’Tu vas lui parler, faut juste trouver un moment propice à une telle discussion,’’ ne pas lui balancer à la gueule le matin devant son bol de céréales, par exemple ’’Peut-être dans un endroit neutre, qu’est-ce que tu en penses ?’’ elle attend la réponse en observant son visage tiraillé, dont l’expression fatiguée et acculée la peine grandement. Wells ne mérite pas ça, et malgré tous les bons soins qu’elle distille pour le rassurer sur la situation, elle reste un peu perplexe quand il lui renvoie un « Elle a pas eu le mémo. » qui lui fait lentement froncer les sourcils. Un instant silencieuse, elle attend visiblement qu’il lui donne plus d’explications pour mieux comprendre ce qu’il sous-entend et, c’est ce qu’il finit par faire. « Elle a gardé mon nom. Elle est devenue avocate et elle pratique sous le nom de Maître Wellington depuis le début. » espaçant ses lèvres de quelques degrés, elle fait coulisser son regard sur le côté en fouillant dans son dépotoir mental pour en extraire une conversation qu’ils avaient eu quelques mois auparavant, quand la lieutenant avait collaboré avec une procureure portant le même nom que lui ; à l’époque, Wells avait assuré qu’aucun membre de sa famille ne travaillait dans le monde de la justice, alors ils avaient cru à une simple coïncidence mais ’’Oh non…’’ tapotant machinalement sur son bras, elle se rapproche un peu plus de lui en braquant son regard dans le sien, parlant à un rythme un peu plus rapide ’’Tu te rappelles quand je t’ai demandé si quelqu’un dans ta famille travaillait au tribunal ? Tu m’avais répondu que non mais, en fait… C’était elle ? Je travaille avec ton ex-femme ?!’’ fronçant lentement ses sourcils, elle ondule légèrement son menton de gauche à droite en se reculant finalement tant tout cela lui semble être une plaisanterie de très mauvais goût. ’’Merde alors.’’ qu’elle marmonne pendant que tous les autres parents se lèvent d’un bond puisque l’une des deux équipes vient de transformer un essai — mais elle n’a pas la présence d’esprit de vérifier laquelle tant elle est sous le coup de cette prise de conscience. ’’On s’entend bien, c’est ça le pire… Elle est très compétente, professionnelle, et elle ne nous prend pas de haut comme c’est souvent le cas. Dire que j’apprécie ton ex-femme et que je la défends bec et ongles quand des tocards du commissariat disent que c’est un job d’homme…’’ est-ce qu’elle compte arrêter de le faire ? Absolument pas. Elle défend la femme de loi, pas celle de Wells.

« Est-ce que tu pourrais être là, quand j’vais parler à Del? » de nouveaux blottie contre le musicien, elle s’attendrit de cette demande qui calme les effusions de son coeur en la ramenant au plus important : Del. ’’Bien sûr…’’ elle bascule de nouveau sa joue contre son épaule musclée en entrelaçant leurs doigts comme pour lui réaffirmer sa présence, qui sera toujours un acquis dans sa vie.  Elle a besoin de lui, presque autant que de respirer, et rien ni personne ne pourra jamais changer cela. ’’Je serai là, promis.’’

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@Yasmin Hikmet + Samuel Wellington
lieu: terrain de rugby, logan city

« Je sais… Mais c’est un chemin que Del doit faire. Nous, on peut seulement être là pour l’aider à se relever si elle tombe, mais elle doit marcher seule. » Tu hoches la tête, n’ayant pas le choix de prendre chaque parole sage de ton amie pour ce qu’elle vaut : un rappel que ta fille n’est plus un bébé, et ce, depuis bien longtemps. Que tu ne peux pas contrôler ce qu’elle fait, que tu ne peux pas la protéger de mal qu’elle pourrait subir, qu’importe la situation. Tu ne pensais tout simplement pas que tu devrais la protéger une nouvelle fois de sa mère. Tu pensais que le mal était fait et fini quand elle était seulement un bébé, que le fantôme d’Hadley persisterait jusqu’à la fin, mais qu’il valait mieux une absence continue que le risque de la voir apparaître et disparaître à nouveau. Mais voilà que la donne avait changé, que tu devais te faire à cette possibilité et que pour l’instant, tu étais celui avec toutes les cartes en main. Si normalement tu étais rassuré d’être celui avec tout le contrôle, cette sorte de contrôle était en train de te rendre fou. La vérité te faisait mal, et tu savais qu’elle ferait mal à ta fille aussi, mais tu ne pouvais pas lui mentir plus longuement. « Tu vas lui parler, faut juste trouver un moment propice à une telle discussion. » Tu hoches la tête. Existait-il un réellement un tel moment? Au mieux, tu n’aurais pas le choix de le créer. « Peut-être dans un endroit neutre, qu’est-ce que tu en penses? » Tu hoches de la tête légèrement. Cette discussion, tu l’as eue une centaine de fois avec toi-même. « Je ne veux pas la mettre devant le fait accompli quelque part où elle ne serait pas confortable de réagir comme elle veut. Je sais pas ce que ça va lui faire, on parle jamais de sa mère et je veux pas présumer. » que tu lui avoues avec un soupir. « J’veux pas faire ça en public, mais t’as raison, j’veux pas faire ça chez moi non plus. » Tu prends une légère pause, ton regard s’attardant légèrement sur celui de ton amie. « Est-ce qu’on pourrait faire ça chez toi, tu penses? » Tu sais que c’est sûrement beaucoup lui demander, mais Delilah est confortable chez Yasmin, mais surtout, elle est confortable avec Yasmin. De toutes les personnes dans sa vie, Yasmin est sans aucun doute celle qui s’apparente le plus à une mère, celle qui a été présente pour toutes les premières fois, pour toutes les peines et les victoires et peut-être bien que de le faire chez elle, dans cette maison que Delilah connaît par cœur, avec une femme qui ne lui inspire que confort et confiance, ça lui permettra de mieux encaisser ce que tu as à lui dire.

Pardonner ou non Hadley est une question sur laquelle tu ne te sens pas prêt à statuer. Pas quelque chose à quoi tu peux penser tout de suite. Tu es encore trop sous le choc de son retour, du fait qu’elle utilise encore ton nom comme si votre mariage valait quelque chose. Tu partages ce fait à ton amie qui fronce légèrement les sourcils et puis un éclat de surprise semble s’installer sur son visage, quelque chose que tu ne t’expliques pas au départ. « Oh non… » Cette fois-ci, c’est toi qui fronces les sourcils, alors que tu l’invites silencieusement à compléter sa pensée. « Tu te rappelles quand je t’ai demandé si quelqu’un dans ta famille travaillait au tribunal? Tu m’avais répondu que non mais, en fait… C’était elle? Je travaille avec ton ex-femme? » La réalisation est une nouvelle douche froide qui te glace le sang. Non seulement Hadley est en ville depuis des années, mais en plus elle travaille avec Yasmin? Est-ce qu’elle sait pour ton lien avec la lieutenante de police? Tu veux croire que non, mais en ce moment, il t’est simplement impossible de donner le bénéfice du doute à la blonde. Tu sais que tu es en train de devenir fou, à voir des complots partout, mais c’est bien là la preuve de la souffrance qu’elle a laissée derrière elle pendant tout ce temps. « Merde alors. » « Tout ce temps… Tout ce temps, j’aurais pu savoir… » Si tu avais posé des questions quand Yasmin t’en a parlé. Si tu avais été plus intéressé, plus curieux. Mais comment est-ce que tu aurais pu même te douter que c’était elle? Avant qu’elle ne tombe enceinte, Hadley étudiait en médecine, pas en droit. Comment étais-tu censé deviner qu’elle finirait par reprendre ses études, qu’elle deviendrait avocate, qu’elle travaillerait bien trop proche de chez toi, avec l’une des personnes les plus précieuses dans ton univers? Tu avas l’impression que la vie était en train de te jouer un bien mauvais tour. « On s’entend bien, c’est ça le pire… Elle est très compétente, professionnelle, et elle ne nous prend pas de haut comme c’est souvent le cas. Dire que j’apprécie ton ex-femme et que je la défends bec et ongles quand des tocards du commissariat disent que c’est un job d’homme… » Tu n’es pas certain de vouloir entendre tout ça. Dans les mots de la Hikmet, tu ne peux pas t’empêcher de retrouver la jeune femme que tu as connu, celle avec une grande gueule et ne craignant pas de déranger, toujours prête à tout pour aller au bout des choses. « Fuck Yas. Comment est-ce que c’est possible? » que tu murmures, te sentant soudainement faible sur tes jambes. « Tu connais mieux mon ex-femme que moi. » que tu ajoutes avec un rire, parce que si tu n’en ris pas, tu risques de te mettre à pleurer, et tu refuses de t’affaiblir à cause d’Hadley, surtout pas en public. « Elle a… Elle a l’air bien du coup? Heureuse? » Tu ne sais pas pourquoi tu poses la question, pourquoi tu as besoin de cette confirmation, et pourtant, malgré la peine, malgré la colère, il y aura éternellement une partie de toi qui a besoin de savoir qu’elle va bien.

« Je ne veux pas la mettre devant le fait accompli quelque part où elle ne serait pas confortable de réagir comme elle veut. Je sais pas ce que ça va lui faire, on parle jamais de sa mère et je veux pas présumer. J’veux pas faire ça en public, mais t’as raison, j’veux pas faire ça chez moi non plus. » Yasmin presse ses lèvres l’une contre l’autre en hochant lentement son menton de haut en bas, ses paupières s’abaissant sous la réflexion qu’elle s’impose puisque, désireuse de trouver une solution salutaire à ce problème, elle reste silencieuse durant quelques secondes, n’ayant pas réellement le temps de formuler la moindre proposition que « Est-ce qu’on pourrait faire ça chez toi, tu penses? » elle remonte ses billes sombres sur le visage de Wells en faisant bondir ses sourcils sur son front, ne sachant pas tellement pourquoi et comment elle a fait pour ne pas y penser avant. ’’Bien sûr !’’ il n’y a aucune hésitation dans sa voix, aucune fausse note dans le regard doucereux qu’elle pose sur le visage de son ami, et encore moins d’hypocrisie quand elle glisse sa main jusqu’à la sienne pour lui intimer de nouveau son soutien sans faille, auquel il aura toujours droit, peu importe où il se trouve, peu importe ce qu’il fait, peu importe ce qu’il dit. ’’On va faire ça ensemble. Je serais là.’’ comme elle l’a toujours été, et comme elle le sera toujours.

Mais si le sujet des révélations qui doivent être faits à Del est déjà sensible, soulevant quelques vives appréhensions chez les deux personnes qui l’ont élevée, comprendre que Hadley était dans le périmètre depuis tout ce temps rajoute quelque chose de particulièrement dérangeant. Yasmin n’irait pas jusqu’à dire que ça change radicalement la façon dont elle considère la procureure mais, il est clair qu’elle apprécie bien moins la femme - et la mère - qu’elle peut être. C’est ridicule parce que Hadley ne doit certainement pas savoir qu’elle est amie avec Wells mais, dans le fond, elle a l’impression d’avoir été prise pour une conne aussi. « Fuck Yas. Comment est-ce que c’est possible? » de nouveaux cris se font entendre dans les gradins et, tournant brièvement son menton vers les spectateurs sans comprendre quelle équipe vient de marquer, Yasmin se met à lentement caresser la tranche de ses doigts avec les siens, comme si elle essayait de l’apaiser. « Tu connais mieux mon ex-femme que moi. » elle ne sait pas bien si c’est un vrai reproche mais elle se sent obligée de rectifier : ’’Pas tant que ça. Je connais surtout la procureure.’’ et elle est bien placée pour savoir que les femmes de lois sont obligées d’aborder un tout autre visage dans le cadre de leur métier ’’Elle est fiable, dans son rôle. Je ne l’aurais jamais pensée capable d’une telle chose.’’ détournant brièvement le regard pour chercher Derya sur le terrain, elle s’assure que sa fille est toujours en un seul morceau avant de répondre à la dernière question de Wells. ’’Heureuse, je ne saurais dire… Mais je ne l’ai jamais vu mal en point, si c’est ça que tu me demandes.’’ basculant sa joue contre l’épaule du musicien, elle le soutient du regard en murmurant, d’une voix plus douce et plus basse : ’’Je suis là. Ça va aller.’’ elle lui promet, et elle fera tout ce qu’elle peut pour que ce serment devienne vérité.

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