Ce serait sans doute déplacé de dire que Leslie était découragée d’apprendre que sa fille s’était encore inscrite à cette fichu comédie musicale annuelle. Pire, qu’elle avait encore été choisie. Oui, c’est complètement déplacé, mais ça n'en reste pas moins la vérité. C’est pas comme si elle était si douée que ça - difficile de l’être à un si jeune âge - mais aucun doute que sa fille était plus que motivée à faire partie du spectacle. La mère de famille n’a aucun problème à ce que sa fille fasse des activités. Elle n’a aucun problème à aller la reconduire (ou à trouver quelqu’un pour le faire) à ses dites activités. Elle veut que sa fille soit heureuse et épanouie, comme n’importe quelle autre parent. Là où ça lui pose problème, c’est lorsque l’implication des parents devient nécessaire. C’est carrément une obligation et non une proposition. C’est Abby qui en payera les frais si jamais sa mère ne se pointe pas à ses charmantes réunions où les mères parfaites apportent leur petits plats maisons délicieux et où elles font des propositions extravagantes pour offrir au grand public un spectacle incroyable. C’est à croire qu’elles sont en train d’organiser le cirque du soleil et non un spectacle composé d’enfant pas si doué - on va pas se mentir hen. Leslie déteste se retrouver dans ce genre d'endroits. Elle a l’impression d’être une imposteur. Elle n’a rien d’une mère parfaite. Elle n’a même pas envie de le faire croire comme le font toutes les autres. Elle s’en moque de leur jugement. Elle a toujours été présente au courant de la dernière année et ça lui semble plus que suffisant comme effort. Leslie regrette souvent que ce ne soit pas plutôt Ella qui veuille participer à ce fameux événement. Nul doute que son ex serait plus que ravi de s’impliquer là dedans et qu’elle pourrait donc s’en sauver par le fait même. Eve collerait bien mieux ici que Leslie. Ça aussi, personne n’en doute.

L’australienne n’est presque pas en retard lorsque le premier rassemblement annuel à lieu. Elle perçoit quelques nouveaux visages dans la salle, mais ce sont surtout les mêmes visages familiers qui s’y trouvent. Elle a oublié la plupart des prénoms des autres parents. Elle n’a même pas jugé utile une seule seconde que ça puisse lui être utile. Dans sa tête à elle, elle n’aurait pas à subir ce calvaire deux années consécutives. À croire que la vie veut lui faire payer ses absences. Son regard s’accroche à la seule silhouette familière dont elle se souvient plus que parfaitement du prénom. Sergio est bien le seul autre parent avec qui Leslie s’est rapidement senti lié ? accepté ? Tout ce qu’elle peut dire à l’instant, c’est qu’elle se sent rapidement soulagée d’avoir son complice pour affronter cette ordre de mère folle à liée. Elle arrivait presque à apprécier ce bénévolat avec Sergio à ses côtés. « Je remercierais jamais assez ton gamin de s’être inscrit encore cette année. » qu’elle lui dit alors qu’elle prend place sur la chaise à ses côtés. « On s’met dans la même équipe ? C’est une question de survie. » Ce l’est autant pour elle que pour lui. Elle n’en doute pas une seule seconde. Elle veut quand même une confirmation de sa part dans le cas où elle soit arrivée trop tard et que la répartition des tâches soit déjà faite. Même si c’est le cas, Leslie est prête à soudoyer à peu près n’importe qui pour tourner la situation à son avantage. La salle entière s’il le faut.

@sergio gutiérrez

Elle préférait être ailleurs autant que Sergio, Leslie, pourtant, elle ne partage pas sa mine de déterré. Il a ça de bien avec le mexicain, aucune mauvaise surprise. Il ne cache absolument pas son mécontentement d'être là. Tout ici n'est que pour le rendre encore plus grincheux. Heureusement que Leslie est là pour ensoleiller sa journée (rien que ça oui). Elle est toujours de bonne humeur la brune, même quand elle se fait chier dans une salle de théâtre. « Vraiment ? Parce que personnellement, je le maudis un peu. » Elle ne peut pas s’empêcher de laisser échapper un rire qu’elle veut discret, mais qui ne l'est pas. Quelques têtes se retournent offusquées d'enterrer le beau discours qui se déroule à l'avant. Bon, vaut mieux pas trop les déranger, sans quoi ils risquent de devoir participer. « J’crois que j’vais le payer pour être certaine que tu m’abandonnes jamais. » qu’elle lui répond en baissant légèrement le ton de sa voix. Bon, jamais, c'est un peu excessif. Elle ne se souvient plus exactement de l'âge du fils de Sergio (c'est déjà compliqué de ne pas louper les anniversaires de ses propres filles, faut pas lui demander de retenir des informations sur les autres), mais les chances pour que ce soit sa dernière année dans cette école sont très élevées. L’an prochain, elle devra subir ce calvaire toute seule. D’ailleurs, Leslie met les choses immédiatement au clair : ils se mettent ensemble sur peu importe la tâche qui leur sera attribuée. Ils pourront prendre exagérément leur temps jusqu'à ce que quelqu'un d'autre s'en charge à leur place parce qu'ils n’avancent pas assez vite. Toutes les astuces sont bonnes. « Tout pour ne pas me retrouver à nouveau dans l’équipe de Holly. » Elle lève les yeux au ciel avec un sourire en coin. Oh Holly, la dictatrice Holly. Leslie ne tient pas non plus à se retrouver avec elle. Elle ne tient pas à se retrouver avec personne d'autre que Sergio en fait, mais bon, ce ne sera sûrement pas aussi simple. Par chance qu'ils soient aussi rusés l'un que l'autre pour trouver des échappatoires. « Je suis à un rien de revenir sur mes bonnes résolutions. Si je dois encore être en charge du décor, je… » Il ne termine pas sa phrase, mais ce n'est pas compliqué de deviner la suite : Sergio 1, les buissons en carton 0. « Tu préfères peut-être sortir tes talents de couturier ? » Les costumes seront aussi chiants que les décors. En fait, peu importe la tâche qui leur sera offert, ils ne vont pas l'apprécier. Leslie ne comprends toujours pas pourquoi ce sont les parents qui se tapent le sale boulot à la place des enfants. Elle veut bien s’impliquer… comme donner de l’argent. Signer un chèque à distance, elle est douée là-dedans. Faire quelque chose qui lui demande d'investir du temps ? Beaucoup moins fiable et encore moins intéréssée. « Alejandro veut un premier rôle cette année. J’ai essayé de lui faire abandonner l’idée, d’essayer une autre activité, n’importe quoi. Il n’a rien voulu entendre. » L’australienne n’arrive pas à contenir son rire. Elle pose même sa main devant sa bouche presque honteuse de l’avoir laissé sortir. Il y a une sorte de règle non-écrite où un parent ne peut pas dire à un autre parent que son enfant n'est pas doué. Leslie n'en aurait rien à faire qu'on lui dise. Elle n'est pas idiote. Elle a des yeux pour voir ou des oreilles pour entendre dans ce cas-ci. « Tu crois qu'il a une chance ? » qu’elle lui demande sans cacher qu’elle soit septique. Après tout, c'est lui le dénicheur de talent, pas elle. Ton petit doigt te dit qu'il n'a pas déniché grand chose l’an passé et que ce ne sera pas différent cette année. « Ça va te mérité une belle place au premier rang. La chance. » qu’elle lui ajoute sarcastiquement. Elle imagine parfaitement Sergio au premier rang à immortalisé les exploits de son gamin. Un magnifique scénario qu'elle ne lui envie pas du tout.

« Est-ce que ce ne serait pas plus productif de convaincre nos deux gosses d’abandonner ? » Même si elle détestait être ici, elle n’irait pas jusqu’à priver son enfant de faire quelque chose qu’il aime. De toute façon, elle est presque certaine que ce serait peine perdu. Lorsqu’ils ont quelque chose en tête, c’est bien difficile de leur enlever. « Elle est aussi têtu que moi. C’est perdu d’avance. » qu’elle lui confirme en haussant légèrement les épaules. Même si elle n’a pas particulièrement envie d’investir du temps ici, elle en a encore moins envie de perdre du temps à s’obstiner avec une gamine de six ans. « Je peux payer quelqu’un pour faire de la couture. » Voilà une information très intéressante à laquelle Leslie se trouve complètement idiote de ne pas y avoir réfléchi elle-même. Après tout, peu importe comment ou par qui le boulot est fait, l’important c’est qu’il soit fait, non ? « Okay, tu m’as convaincu. On prend les costumes. » Et elle est prête à se battre pour l’avoir. C’est pas comme si elle était vraiment difficile à convaincre hen.  Soudainement, elle est déjà plus attentive à ce qui se passe à l’avant. Pas question que quelqu’un se propose avant eux pour les costumes. « Ces enfants sont des désastres ambulants. Alors oui, il a malheureusement une chance. Et ce n’est une bonne nouvelle pour personne. » - « C’en est une pour moi. » À moins qu’il y ait un rôle principal masculin et un féminin. Oui, sans doute. Leslie n’a de toute manière aucune idée de quel rôle sa propre fille doit avoir. Elle lui a sûrement dit. Ça fait partie des nombreuses informations qu’elle a choisi de ne pas retenir. « Je te garderai évidemment une place. Tu pourras faire la rencontre de sa mère. » Elle ne connait pas vraiment la mère de ses enfants, mais de la manière qu’il lui dit, ça sonne comme si ce serait une torture. Elle est chiante ? Leslie a du mal à imaginer Sergio avoir épouser une femme chiante. Mais bon, on fait tous des erreurs stupides parfois. « La différence étant que tu seras obligée de prétendre que Alejandro est un prodige, sans quoi, tu risques de découvrir les clichés de la mère hispaniques super protectrice. » - « Elle a l’air terrifiante. » Sexy et terrifiante, c’est comme à qu’elle l’imagine. Peut-être bien qu’elle a envie de la rencontrer finalement.

« Est-ce que tu penses qu’on devrait culpabiliser ? » Culpa-quoi ? Elle ne se sent pas du tout coupable. Elle ne comprend même pas pourquoi elle devrait. Elle est là alors qu’elle n’en a pas envie simplement pour le bonheur de sa fille. Pourquoi elle devrait se sentir coupable ? Abby devrait plutôt la remercier. « Parce que je dois admettre que même si j’essaye d’être un bon père pour ce môme… je me demande parfois si le jeu en vaut la chandelle. » Oui, elle le vaut s’il n’a pas envie d’avoir un enfant (de plus?) qui le déteste. C’est pour ça qu’elle fait aussi des efforts Leslie. Elle aime ses filles, mais elle sait aussi que le temps viendra où elles lui reprocheront une tonne d’affaires. Peut-être même qu’un jour elle brisera complètement leurs relations. Elle en est consciente. Est-ce qu’elle compte faire quelque chose pour y remédier ? Non… Pas encore, elle va attendre à la dernière minute. « Qu’est-ce que tu racontes ? On est là. Ils n'en ont rien à foutre de ce qu’on fait ici. Tant qu’ils peuvent participer à leur spectacle et qu’on leur achète des fleurs pour souligner leur performance incroyable. » Ils sont pas là leurs enfants. Alors ils peuvent bien leur raconter n’importe quoi. Tant que tout le monde est heureux, c’est tout ce qui importe. Leslie et Sergio, c’est en faisant le strict minimum qu’ils sont heureux voilà.

« On prend les costumes !! » qu’elle s’écrit soudainement en se levant de sa place lorsqu’elle croit entendre d’une oreille que la section costume est mentionnée à l’avant. Devant ce qui leur semble de l'enthousiasme, personne n’ose la contredire, ou vouloir lui retirer son plaisir. Tant mieux. « Voilà une bonne chose à régler. On va prendre un verre ? » qu’elle lui propose presque immédiatement. Ils n’ont plus rien à faire ici. Du moins, elle n’en voit pas l’intérêt. Elle ne ressent toujours aucune culpabilité. Elle irait même jusqu’à dire qu’elle se sent heureuse… de partir d’ici évidemment.