Son corps la démange. Elle baisse les yeux pour découvrir des centaines de petites punaises de lit qui court sur ses jambes, et elle s’agite, essaie de les ôter, mais elles semblent provenir de ses propres pores. Elle connait ses créatures, l’appartement en est constamment infesté, le conseil municipale qui gère l’immeuble n’a pas assez d’argent - ou d’envie - pour envoyer des professionnels régulièrement. Ils viennent parfois, une fois par an, peut-être. Mais les punaises reviennent toujours. Scarlett secoue ses jambes, se met à courir dans la rue pour s’en libérer - elle remarque alors qu’elle est dehors, dans son quartier, que tout est gris, comme en noir et blanc. Une impression de solitude la brûle, parce que les visages autour d’elle ne sont pas familier, et elle ouvre la bouche pour parler à quelqu’un, mais aucun son ne sort. Elle emprunte des escaliers inconnus, qui descendent trop longtemps, dans un sous-sol infini. Il fait froid, et Scarlett se sent minuscule - elle ne sait plus quel âge elle a, ses mains semblent être celles d’une adolescente. Une porte ramène à l’appartement, elle reconnaît le canapé tâché, la table basse sale où traînent détritus et cachets. Elle reconnaît une petite créature, au milieu, Ten, son hamster. Elle l’a appelé comme ça, à cause de Doctor Who - elle l’a eu d’une portée de sa voisine, et elle garde toujours des bouts de son maigre repas pour le nourrir. Elle prend l’animal dans sa main, le caresse. Il est tiède, couine doucement, arrache un sourire à Scarlett. Sourire qui s’éteint, quand elle entend du bruit dans la petite cuisine. Une figure émerge : Clayton, son sourire un peu édenté, l’anneau à son oreille, ses cheveux mal coiffés.

Immédiatement, Scarlett lui dit de partir. Ou plutôt, elle essaie : elle se retrouve à nouveau muette sans savoir pourquoi. Alors elle essaie de se réfugier dans sa chambre, mais la porte ferme mal, elle pousse une chaise devant - c’est drôle, c’est une chaise de chez elle, à Brisbane, elle la reconnait, une chaise de designer qui coûte cher, qu’est-ce qu’elle fait là ? - Ten, toujours dans ses mains, ses mains toujours plus petites, Scarlett n’est plus une adulte ou une adolescente, elle est une gamine, minuscule, son coeur qui bat, et elle murmure à Ten de l’aider à sortir de là, mais Ten est rigide, tout à coup, rigide comme une brique, rigide comme quand elle l’avait retrouvé, mort, parce qu’il avait mangé accidentellement un comprimé d’ectasy qui trainait sur la table basse, pourtant il était vivant la seconde d’avant, elle l’a sauvé, elle y a cru, elle le secoue en pleurant, paniquée, parce qu’il est le seul qui restait avec elle, et elle entend les coups contre la porte, Clayton qui arrive, et elle sait ce qu’il va faire, elle sait ce qu’il a fait, pourquoi est-ce qu’elle n’est plus adulte, pourquoi est-ce qu’elle à nouveau sans défense, alors elle crie, elle crie le plus fort possible pour qu’on vienne la chercher, mais aucun son ne sort, aucun, rien, elle hurle, encore et encore, elle -

Son corps est pris d’une décharge éléctrique, elle sursaute, se redresse, entend sa respiration paniquée, elle est dans un lit, le sien (?), une présence est à côté d’elle, elle a un mouvement, parce qu’elle ne sait pas qui c’est, qu’elle ne reconnait pas immédiatement le visage, qu’elle entend encore les coups contre la porte - ou est-ce son coeur qui bat fort ? « Où est-ce que je suis ? » Elle demande, paniquée.


@Ruben Hartfield  

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@scarlett bridgers

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(c): zendayas (gif), luleaby (codage).

***
Initialement, il était descendu pour se servir un verre d’eau dans la cuisine. Ce dernier était supposé au moins l’occuper un instant et lui donner envie de dormir par la suite - là où le sommeil semblait aux abonnés absents pour ce soir. Il avait beau tourner, encore et encore, dans son lit - qui n’était pas vraiment le sien dans une chambre qu’il avait pourtant renommée comme telle -, fermer les yeux aussi fort qu’il lui était permis, s’inventer mille et une histoires pour se bercer, rien n’y faisait. Il avait fini par se déloger du confort du matelas puisqu’apparemment ce n’était pas ce dernier qui l’aiderait ici pour se réfugier une poignée de minutes dans la cuisine. Le regard rivé au delà de la fenêtre de la pièce, imaginant l’océan qui se trouvait à quelques pas d’ici, bien plus loin que son regard n’était capable de voir dans l’obscurité de la nuit cependant, Ruben évitait de trop laisser ses pensées divaguer comme bon leur semblait: ce n’était jamais une bonne idée, et surtout ce n’était jamais productif quand il était question de retrouver un semblant de sommeil. Il s’était concentré sur les bruits alentours, sur les variations de la lumière de la lune, sur tout un tas de choses qui n’auraient pas mérité tant d’attention de sa part d’ordinaire mais qui pour une fois, pouvait se montrer utile. Ce ne fut que lorsqu’il comprit que cela le mènerait nulle part, voyant le cadran de la cuisine afficher une heure déjà bien trop avancée de la nuit pour tout ce qui l’attendait au petit matin, qu’il vida dans une des plantes à portée de main le reste de son verre d’eau à peine entamé pour reprendre l’escaliers.

Il ne saurait dire si c’était le fait qu’il fut tant concentré sur les bruits autour qui le fit percevoir avec aisance un dans ce silence relatif que la nuit offrait, ou un quelconque instinct qui avait décidé de se montrer efficace, mais au lieu de directement bifurquer vers sa porte de chambre entre-ouverte son visage se haussa pour regarder en direction du second étage de la maison. Il connaissait le chemin et les pièces qui se trouvaient là-bas, savait qu’il n’était pas tant autorisé que cela s’y pavaner comme il le faisait partout ailleurs ici, mais pour une fois ce n’était pas pour cette raison là qu’il poursuivit son chemin vers cet endroit: il avait l’impression d’entendre des gémissements. Pas de ceux qui lui auraient fait tirer un petit sourire en coin amusé, mais de ceux qui ressemblaient à une personne en souffrance, à des pleurs étouffés, à une restriction étrange sur laquelle il n’arrivait pas à mettre le doigt alors que sa main se posait à plat sur le bois de la porte de la chambre de Scarlett.

Il aurait pu rester là un instant, un autre et redescendre ne s’apercevant qu’il n’était en rien à sa place, mais il avait toujours cette sensation d’être comme attiré à cet endroit, qu’il se devait d’attendre encore un instant avant de changer d’avis et de rebrousser chemin. De l’autre côté de la porte, il avait de plus en plus l’impression que c’était effectivement des pleurs qu’il était possible de percevoir - et si son hésitation manquait d’une motivation pour ne plus être de la partie, il n’y avait qu’à attendre une seconde supplémentaires pour que ce soit désormais un cri terrifié et terrifiant qui se fit percevoir, traversant autant la porte que le coeur de Ruben lorsqu’il l’entendit. Sans réfléchir un instant de plus, il l’ouvrit pour entrer dans la chambre de la jeune femme, parcourant le peu d’espace entre lui et le lit de quelques enjambées pressées, alors qu’il s’asseyait à ses côtés sans attendre d’y être invité. « Scar… Scarlett. » Ses mains agrippèrent les épaules de la jeune femme alors qu’elle se mit à se redresser dans son lit. Les yeux de Ben se posèrent sur les traits clairement paniqués de son amie, sur ses joues recouvertes de larmes; ses mains pouvaient percevoir la tension dans son corps alors qu’elle semblait chercher un point de repère pour comprendre ce qu’il se passait. Un cauchemar, à ne pas en douter - mais il n’avait jamais été témoin d’une telle chose chez elle, bien qu’il ait eu plus d’une occasion se profiter de son hospitalité pour adopter la seconde place qu’offrait son lit. « Scar, c’est moi. C’est Ben. » Sa voix était douce, il tentait de cacher la frayeur que lui avait eu à l’entendre crier de cette manière, alors qu’il cherchait à la raccorder à l’instant présent. « Où est-ce que je suis ? » L’une de ses mains se détacha de son épaule pour se poser contre sa joue, son pouce balayant les larmes, sa chaleur tentant d’être rassurante en cet instant. « Dans ton lit, t’es dans ton lit. C’était un cauchemar, respire. » Ou il ne voyait pas d’autre explication, puisque la chambre était vide d’une tiers présence et à la réaction qu’elle avait, il était on ne pouvait davantage évident que son esprit tentait de lui jouer des tours. « T’es en sécurité, t’en fais pas, respire. »

Un prénom est prononcé, le sien, et un autre, Ben. Ben. Son cerveau encore englué n’arrive pas à raccrocher le lien, ses yeux arrivent à peine à déchiffrer son visage dans l’obscurité, c’est une présence qu’elle connait, des traits doux, qu’elle n’associe pas à quelque chose qui l’effraie, mais elle ne se sent pas pour autant en sécurité. Elle voudrait être seule, en cet instant, c’est la seule chose à laquelle elle se raccroche, et pourtant, l’idée qu’on l’abandonne dans le noir lui donne envie de fondre en larmes. Elle réalise que ses joues sont déjà humides à l’instant où Ruben - Ben ! elle se souvient, maintenant - lui touche la joue, et elle a un petit sursaut, parce qu’elle n’aime pas qu’on la touche, qu’elle avait oublié être réelle un instant. Les pièces s’emboitent, elle reconnait l’odeur de sa chambre, sa vraie chambre, pas celle de l’appartement à Londres. Elle ne comprend pas comment elle était là-bas, puis à présent ici, et pendant une demi-seconde, elle a l’idée stupide qu’elle a voyagé dans le temps, parce qu’elle est si désorientée qu’elle n’arrive pas à comprendre qu’elle a simplement fait un cauchemar. Cela a paru si vrai.Elle ne rêve pas souvent, Scarlett, comme si elle avait réussi à entraîner son inconscient à ne rien ressentir aussi. Mais la fracture entamée, ces derniers temps, laisse tout déborder. « Dans ton lit, t’es dans ton lit. C’était un cauchemar, respire. » Respirer, ah, oui, tiens. Elle a l’impression d’être assise à côté d’elle, que son corps n’existe pas, ou n’est pas le sien. Elle ne sait pas comment faire marcher ses poumons. Elle a le regard vrillé vers la porte de sa chambre, se demandant si quelqu’un se cache derrière, si Clayton est là, mais ça n’a aucun sens, elle est dans son lit, pas vrai ? Chez elle, en 2024. Loin du reste. Alors pourquoi cela semble-t-il si réel ?

« T’es en sécurité, t’en fais pas, respire. » En sécurité. La respiration de Scarlett se bloque à nouveau dans sa gorge, et elle entend un bruit étrange, réalise que c’est elle, son demi-sanglot étranglé, et elle essaie de se reprendre, parce qu’il y a quelqu’un avec elle, Ruben, ah, oui, mais elle a du mal à se reconcentrer. Elle a un noeud dans l’estomac, voudrait demander à Ruben de partir, d’arrêter de la regarder, et pourtant, elle tend sa main sans réfléchir, et agrippe celle de Ruben, comme s’il était une ancre. Elle ferme très fort ses yeux, essaie de se reprendre, de se calmer, de ne pas se mettre à vraiment pleurer. Mais une digue a lâché en elle. « Désolée », elle bredouille, d’une voix si appeurée et enfantine qu’elle est surprise elle-même de la profondeur de sa propre terreur.


@Ruben Hartfield  

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Il ne l’avait jamais vu comme ça - comme elle pouvait être là: paniquée, désorientée, à ne pas reconnaitre qui était la présence à ses côtés. Elle aurait beau prétendre le contraire à un moment donné et surement que ce moment arriverait tant elle était bornée et fière, Ruben pourrait prétendre le contraire: il voyait bien présentement et sans équivoque qu’entre ses mains, les épaules de Scarlett s’étaient crispées de peur, que son regard était hagard de ne pas reconnaître ce sur quoi il se posait, que les battements de son coeur étaient effrénés de palier à l’adrénaline que son corps produisait. Il connaissait tous ces signes là, il les connaissait par coeur et personne ne serait capable de lui dire qu’il s’était trompé à y regarder de trop près. Il pouvait à côté de ça certifier qu’il n’avait jamais vu Scarlett dans cet état là, parce-que c’était bien l’un de ceux qu’elle ne présenterait pas d’elle-même au public: elle se présentait sous le jour qui l’arrangeait, qui lui ferait de la bonne publicité, pas de manière si vulnérable. Ben n’était pas n’importe quel public, qu’importait ce qu’elle en dirait, mais il était tout de même une autre personne qu’elle-même donc elle n’irait pas jusqu’à présenter de cette sorte devant lui. Maintenant, restait à lui remettre les pieds sur terre et son environnement dans le champ de vision pour qu’elle puisse comprendre qu’elle n’était pas en danger, que c’était là qu’un mauvais rêve et qu’elle pouvait se relâcher.

Ce qu’elle finit; après avoir reposé son regard sur lui - il ne saurait jamais si c’était par hasard ou parce-qu’il faisait en sorte d’y attirer son attention -, après avoir étouffé machinalement un sanglot qui se logeait dans le fond de sa gorge. Elle agrippa sa main, serra fort cette-ci; il lui rendit son contact. « Désolée » Que ses lèvres lui autorisèrent enfin à prononcer, et rien que ce mot là finit de briser le coeur de Ruben. Fronçant les sourcils, il secoua quelque peu sa tête. « T’as pas à être désolée. » Là où il s’était juste assis sur le bord du lit à ses côtés, Ruben grimpa sans lâcher la main de Scarlett pour se poster à ses côtés, passant son deuxième bras autour d’elle, l’attirer dans ses bras. « T’as pas à être désolée Scar, t’as rien fait de mal. » Quand elle aurait retrouvé ses esprits, elle le repousserait parce-qu’elle ne supportait pas ce genre de contact; mais son corps avait besoin de cette pression pour le moment pour ralentir son système nerveux et elle recherchait - en témoignait sa main dans la sienne - à ce qu’il reste proche d’elle pour le moment. Quand elle manifesterait le contraire, il s’éloignerait sans broncher un instant et le plus vite possible pour le moment il agissait en sachant que c’était là une manière efficace de la rassurer. Sa joue se posa sur le haut du crâne de son amie. « C’est qu’un mauvais rêve, ça arrive à tout le monde, t’as pas à être désolée d’être perturbée parce-que ça t’a semblé trop réel. » Il ne savait pas de quoi ce dernier était composé, mais avec les éléments qu’il avait réussi à réunir ces derniers temps il savait que ce n’était pas là une balade de santé que son esprit lui avait proposé à travers ses rêves un peu trop vivaces. « Tu veux en parler pour essayer de t’en débarrasser pour de bon ? » Quitte ou double: elle choisirait ce qui lui semblait être le plus adapté pour sa situation, en fonction de ce qu’elle ressentait. En attendant, Ruben mettait en sourdine son coeur se brisant à l’intérieur de sa poitrine tant ça lui faisait du mal de la voir dans cet état: ce n’était pas le moment pour laisser ses états d’âmes à lui intervenir, il savait nuancer et faire la différence entre les situations.

Malgré son cerveau embrumé par la peur, déboussolé par le mauvais rêve, Scarlett se souvient que Ruben lui inspire des sentiments contradictoires. Elle est heureuse qu’il soit là, et à la fois, elle voudrait qu’il disparaisse, elle ne supporte pas qu’on la voit comme ça, mais elle préfère que ça soit Ruben qui assiste à ça que d’autres personnes. Est-ce que cela signifie qu’elle lui fait confiance ? Non, son corps se contracte, elle ne fait pas confiance aux gens, elle, c’est trop risqué. C’est sûrement pour ça qu’elle est inquiète qu’il soit là, près d’elle, alors qu’elle semble lâcher la rampe. « T’as pas à être désolée. » Il s’installe sur le lit à côté d’elle, passe son bras autour d’elle, et elle est à nouveau partagée entre être dérangée qu’il la touche, et presque soulagée, surprise par la tendresse du geste. Elle ne se souvient pas d’un geste comme ça, pas depuis Swann - son coeur se contracte, parce qu’elle se sovuient de Swann, oui, qu’elle est encore un peu perdue sur l’espace-temps, qu’elle a l’impression d’être en Angleterre, à 15 ans, Swann comme seule boussole. Et elle se rappelle qu’elle est en fait dans le présent, et qu’elle a traité horriblement Swann, et elle a un sorte de vertige. « T’as pas à être désolée Scar, t’as rien fait de mal. » Si, elle voudrait murmurer. Je n’ai pas su me protéger, je ne sais toujours pas, ça doit être derrière moi et ça ne l’est pas et j’ai peur et je ne sais pas ce qui m’arrive et je déteste cette sensation, Ruben, ça me fait peur, et je veux que ça s’arrête. « C’est qu’un mauvais rêve, ça arrive à tout le monde, t’as pas à être désolée d’être perturbée parce-que ça t’a semblé trop réel. » Si elle arrivait à être elle-même, à retrouver sa verve, sa superbe, Scarlett pourrait lui dire que non, ça n’arrive pas à tout le monde, ces choses-là, parce que ça n’arrive pas à elle, normalement. Cela fait des années qu’elle a réussi à ce que ça n’arrive plus, que les terreurs nocturnes de son adolescence ont disparu. Après l’histoire avec Clayton, elle a eu des phases de cauchemar, d’insomnie, elle se souvient se réveiller couverte de sueur, et une fois - non, plusieurs fois - de sa propre urine, et ce n’est que des années plus tard qu’au détour d’une conversation sur une affaire sordide qu’elle a appris que ça arrivait souvent aux “victimes”, un terme qu’elle continue pourtant de rejeter en bloc. Non, elle est venue en Australie, elle a dépassé tout ça…

Et pourtant, elle est dans son lit, les joues humides de larmes de petite fille, et elle a soudain l’impression de n’avoir rien, absolument rien dépassé. « Tu veux en parler pour essayer de t’en débarrasser pour de bon ? » Elle serre la mâchoire. Elle ne sait pas comment expliquer à Ruben que ce n’est pas si facile que ça. Elle inspire, murmure d’une petite voix, « ça fait encore plus peur d’en parler », oui, plus peur que même le rêve, parce que ça rend tout ça réel, ça fracture son armure. Et son armure, c’est la chose la plus précieuse qui lui reste. « J’étais muette. Je ne pouvais rien faire », elle essaie d’expliquer sans savoir comment aposer les mots. « J’étais coincée, comme quand c’est arrivé. » Et qu’elle n’a rien pu faire, que son corps l’a trahi, s’est rigifié, et qu’elle n’a pas réussi à crier, à bouger. Qui l’aurait aidé, de toute façon ?  « J’étais derrière une porte et je savais qu’il arrivait et je ne pouvais rien faire, j’essayais de crier mais aucun son ne sortait… »


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Si elle n’acceptait pas la main tendue, si elle refusait de parler des images qu’elle avait vu dans ce cauchemar qui n’avait été que trop saisissant, il n’insisterait pas; sur bien des sujets il l’aurait fait mais ici ce n’était pas nécessaire, et ce n’était pas attendu: cela ne lui ferait pas de bien. Mais de savoir qu’elle pouvait s’exprimer sur la question librement, en revanche, pouvait changer les choses - si bien que s’il sentait cela nécessaire, il répèterait encore et encore qu’elle n’avait pas besoin d’hésiter ou de se cacher, qu’elle était la bienvenue pour s’exprimer.

Dans ses bras, Ruben pouvait sentir que le corps de Scarlett était toujours tendu, sur ses gardes, avait du mal à relâcher la pression; il ne fut pas davantage surpris lorsqu’elle ne prit pas la parole de suite, semblant rassembler un quelque-chose proche du courage - et que lorsqu’elle prit parti de lui répondre, qu’elle le fasse d’une fois faible ne lui ressemblant d’ordinaire en rien. « ça fait encore plus peur d’en parler » Lentement et avec précaution, il resserra sa main dans la sienne pour comme appuyer l’idée qu’il ne bougeait pas et ne l’abandonnait pas. « J’étais muette. Je ne pouvais rien faire. J’étais coincée, comme quand c’est arrivé. » Elle ne pouvait le voir, mais Ben ferma les yeux quelque peu, retint un soupir: il n’avait aucune idée de quoi elle parlait, mais il avait appris et comprit avec les brides qu’elle lui avait accordé et à force de lire entre les lignes que des événements avaient traumatisé profondément la jeune femme durant son enfance, et que ces derniers ne sauraient la laisser en paix arrivée à l’âge adulte. Elle n’avait pas envie de lui expliciter ces faits - c’était d’ailleurs l’une des conditions qui lui permettait de ne pas se retrouver plus que de raison à la porte -, si bien qu’il n’avait pas notion de ce à quoi elle référait en disant quand c’est arrivé: c’était juste assez important pour la laisser dans cet état là même des années plus tard. Ne pouvait relever les fait, il se contenta sur le moment de rouvrir les yeux et d’apposer davantage sa joue contre le dessus du crâne de Scarlett, comme pour compléter cet espace protégé qu’il avait construit autour d’elle.

« J’étais derrière une porte et je savais qu’il arrivait et je ne pouvais rien faire, j’essayais de crier mais aucun son ne sortait… » - « Je t'ai entendu moi. »

Sa réponse était surement un brin précipitée et de trop spontanée là où elle peinait à formuler la moindre phrase, se devait de prendre son temps, mais pourtant cela lui semblait tellement important à souligner rapidement: il l’avait entendu, de son côté. « T’as eu l’impression que tu pouvais pas parler mais je t’ai entendu moi. T’as crié. » Ce n’était pas pour la pointer du doigt, c’était pour essayer de la rassurer comme il le pouvait. « Je sais pas qu’est-ce qui te retenait comme ça dans ton rêve - » Ou qui, d’ailleurs. « - mais je t’ai entendu moi, t’as appelé assez fort, t’en fais pas. Je te laisse pas maintenant, tu peux respirer. » Il répétait en boucle les mêmes phrases depuis qu’il avait passé le pas de la porte de sa chambre, mais c’était un processus nécessaire ici pour qu’au moins une partie des mots qu’il lui adressait réussissant à se faire entendre - tant ils étaient nombreux à être filtrés par les ressentis de Scarlett en cet instant. « Même si t’en parles et que ça fait peur, t’es pas toute seule. » Et il resterait là aussi longtemps qu’elle le jugerait nécessaire, qu’elle ne le mettait pas à la porte.

"And he cries and cries, cries for everything he has been, for everything he might have been, for every old hurt, for every old happiness, cries for the shame and joy of finally getting to be a child, with all of a child's whims and wants and insecurities, for the privilege of behaving badly and being forgiven, for the luxury of tenderness, of fondness, of being served a meal and being made to eat it, for the ability, at last, at last, of believing a parent's reassurances, of believing that to someone he is special despite all his mistakes and hatefulness, because of all his mistakes and hatefulness."
(A Little Life - H. Yanagihara)

C’est la théorie de l’engagement, la fameuse. On construit sa rationalité autour de ses actes, plus on les fait et plus on s’y engage et plus on veut les justifier. Ce sont ces actes, ensuite, qui modifient les croyances, les attitudes, tout se construit pour justifier sa vie, son quotidien. Et plus on s’engage, plus il est difficile de faire demi-tour, de ne pas risquer la dissonance cognitive. Scarlett n’est pas quelqu’un de pudique par nature - du moins pas plus que n’importe quel anglais - mais la vie l’a poussée à se renfermer, à ne pas parler, pas partager. Parce que sa mère était absence, dans tous les sens du terme, qu’il n’y avait aucune place pour les émotions de Scarlett. Une fois, l’une de ses voisines lui a dit qu’elle était un bébé qui avait beaucoup pleuré, les premiers mois, qu’on l’entendait dans la cage d’escalier de l’immeuble, et puis un jour, ça s’était arrêtée. Tu devais avoir quoi, trois, quatre mois, tout au plus, apparemment. La leçon a été apprise vite. Et Scarlett n’a pas oublié ce jour-là, le commissariat, les commentaires qu’on lui a fait, comment elle est devenue la coupable alors qu’elle venait en victime. Tout dans sa vie l’a poussé à comprendre qu’il fallait construire une muraille, ne jamais être faible, et elle a fait tout pour s’y atteler. Et de fil en aiguille, elle a commencé à croire à tout ça dur comme fer ; qu’il fallait être forte en toute circonstance, ne jamais être vulnérable ou faible. Ces règles draconiennes ont un prix, mais Scarlett ne peut pas se réveiller maintenant et se dire qu’elle pourrait faire différemment, non, cela aura un effet domino, remettant en question toute sa vie. Elle a souffert pour être comme ça, Scarlett. Elle ne peut pas se dire que cela aurait pu être différent. Qu’on aurait pu l’écouter. L’entendre.

Alors lorsque Ruben lui répond, elle sent quelque chose qui se fracture en elle, une ligne qui court le long de sa colonne vertébrale. « Je t'ai entendu moi. » Scarlett ferme les yeux très fort, et un son étrange sort de sa gorge, un sanglot étouffé qu’elle ravale, un petit bruit d’animal blessé. « T’as eu l’impression que tu pouvais pas parler mais je t’ai entendu moi. T’as crié. » Elle a l’impression que les digues sautent une à une et que le courant l’emporte, l’émotion si grande et si forte qu’elle la terrorise, elle essaie de retenir, de contenir, elle a l’impression que ça déborde de partout et qu’elle voudrait disparaître. Elle n’a pas réalisé à quel point elle a peur, en réalité, peur de ce qui lui ai arrivé, de ne jamais vraiment s’en détacher, peur de ne jamais réussir à en parler non plus, peur de vouloir en parler. Elle ne sait plus ce qu’elle veut, ce qui lui arrive. Et cette perte de contrôle est à l’opposé de qui elle est, qui elle veut être. « Je sais pas qu’est-ce qui te retenait comme ça dans ton rêve mais je t’ai entendu moi, t’as appelé assez fort, t’en fais pas. Je te laisse pas maintenant, tu peux respirer. » Elle a envie de s’énerver, de répliquer que non, apparemment, elle ne peut pas respirer, quelque chose est bloqué dans ses poumons, et Ruben la serre contre lui et elle a l’impression que sa peau fond ou colle, que son corps ne fonctionne plus vraiment. « Même si t’en parles et que ça fait peur, t’es pas toute seule. » Elle secoue la tête. « J’étais toute seule », elle répond d’une voix rouillée. « Cette Scarlett-là était toute seule. »

Et c’est cette réalisation, comme une vague trop haute, qui prend son coeur et achève de le crever. Elle se met à pleurer, des larmes étranges, à la fois incontrôlable mais minuscules, comme si les années à les retenir les ont appauvri, que Scarlett ne sait plus exactement comment on fait pour produire ses miraculeuses petites gouttes au bord des paupières. Cela lui demande un tel effort qu’elle n’arrive plus à savoir exactement l’heure, le temps, elle sent la présence de Ruben mais ne sait pas vraiment si elle veut qu’il soit là, qu’il parte, elle se rappelle ce qu’il a dit je t’ai entendu moi et se demande s’il l’entend encore. Plus Scarlett pleure, et plus ses yeux se dérouillent, plus les larmes abondent. Elle a l’impression de sangloter pour une éternité.

Quand elle ouvre les yeux, plus tard, elle a quelques secondes de flottement avant de comprendre à nouveau où elle est, ce qui est arrivé. Elle réalise qu’elle s’est endormie d’épuisement. A moitié dans les bras de Ruben. Elle a un mouvement de sursaut et s’écarte, comme si elle avait pris un choc éléctrique. La pièce est toujours plongée dans la pénombre, mais la lumière du jour qui éclos filtre à travers les volets fermés. Ruben la regarde - elle ne sait pas si elle l’a reveillé, s’il a dormi. La honte est brûlante sur ses joues, la muraille se reforme, brique par brique. « Tu vas être en retard à l’hôpital », elle murmure. Sa voix est rauque, un peu pâteuse. Elle détourne le regard, incapable d’affronter celui de Ruben. Elle observe la main du jeune homme, se souvient l’avoir prise. Elle ne sait plus faire le geste, à présent. « Merci », elle articule. Elle tient à le dire, mais le mot s’arrache d’elle douloureusement.


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Les sanglots étaient étouffés, comme si elle ne s’autorisait pas à les laisser sortir; comme s’ils étaient trop nombreux et trop importants aussi pour réussir à se frayer un chemin correctement jusqu’à sa bouche, jusque ses cordes vocales, jusqu’à ses yeux. Comme si la vague d’émotions n’était pas là pour la libérer de ce poids qui se devait de la priver d’oxygène mais davantage pour l’ensevelir sous ces dernières - de ne pas la laisser reprendre son souffle la moindre fois, ne pas lui donner l’opportunité de sortir à un moment la tête de l’eau. Alors peut-être que Ruben resserra encore davantage ses bras autour d’elle, peut-être qu’il rajouta encore une fois des paroles qui se voulaient rassurantes, peut-être qu’il tentait sans que cela lui ait été demandé d’être une bouée de secours dans un moment où elle ne saurait s’en sortir seule. Elle lui disait: elle avait tenté d’appeler à l’aide mais avait eu l’impression d’appeler dans le vide, d’être coincée dans cette scène qui était en réalité là juste une manoeuvre de son imagination. « J’étais toute seule » Son cerveau lui faisait croire qu’elle était toute seule. « Cette Scarlett-là était toute seule. » - « Tu l’es plus là, tu l’es plus. » Qu’il murmura une nouvelle fois, les mêmes mots tournés dans un sens et dans un autre pour être sur qu’elle puisse les intégrer correctement. Si elle avait eu l’impression d’être seule dans ce cauchemar qui avait envahi son esprit, c’était terminé désormais, elle ne l’était plus.

Le reste de la nuit se passa en silence, ou tout du moins sans paroles, alors les sanglots de Scarlett furent toujours de mise pendant un long moment - avant de se dissiper pour disparaitre totalement. La fatigue avait fini par l’emporter, et cette dernière tant présente n’avait su cette fois-ci laisser place à de mauvais rêves mais à une certaine forme de repos, au moins. Ruben de son côté n’avait pas fermé l’oeil à partir du moment où il était arrivé dans la chambre. Il savait qu’il ne pouvait rien lui arriver, il savait aussi qu’elle se battait contre des souvenirs et qu’il ne pourrait rien changer à cela, mais il n’arrivait pas à se résoudre à s’endormir. Ses bras étaient restés accrochés  avec fermeté au corps de la jeune femme jusqu’à temps que sa respiration devienne plus paisible, moment à partir duquel il avait desserré quelque peu sa prise sans pour autant la déloger de là où elle était nichée. Oh, il savait qu’il lui manquait bien des informations pour comprendre, et il savait aussi qu’il ne les aurait pas en un claquement de doigts; elle lui avait dit, elle les lui mettrait en lumière uniquement quand cela lui semblerait être un moment opportun. Alors pour aujourd’hui, il se devrait de rester avec ses questions de côté sans obtenir la moindre réponse à ces dernières - et pour une fois, il acceptait l’idée sans broncher, sans faire le moindre commentaire, sans montrer à quel point il savait être normalement curieux.

Le soleil commençait tout juste à pointer le bout de son nez à travers les rideaux lorsqu’elle se réveilla. Ce ne fut pas franc, mais ce fut de façon définitive cette fois-ci - il y avait eu un moment ou deux où Ben avait cru qu’elle sortait des songes de nouveau, mais cela n’avait été que de fausses alertes; là, elle ouvrait réellement les yeux et après une seconde ou deux de latence, sembla revenir à la réalité. Bien: au moins, cela voulait dire que les mauvais rêves ne l’avaient pas tout à fait avalée pour aujourd’hui - et s’il fallait là une preuve supplémentaire à Ruben pour comprendre qu’elle était revenue à elle, le fait qu’elle s’extirpe dans un sursaut de ses bras fut un bon indice. Il évita le commentaire - non seulement ce n’était pas le moment, mais il était de toute manière trop fatigué pour ça. La chose qu’il se permit en revanche ce fut de poser un regard autant bienveillant qu’inquiet, un brin tendre et majoritairement désolé sur la jeune femme. Et patiemment, il attendit qu’elle rompe le silence les entourant, omniprésent depuis des heures. « Tu vas être en retard à l’hôpital » - « Scar… » Mais elle détournait déjà son regard, se concentrait ailleurs pour ne pas avoir à affronter le sien. Lui se mordait l’intérieur des joues. « Merci » Fermant les yeux un instant, pour intégrer l’immensité de ce simple mot prononcé par son amie, il reposa son regard rapidement sur elle pour ne pas perdre l’attache dans cette conversation qu’elle tentait de fuir avant même qu’elle n’ait réellement commencé. « J’ai pas besoin de partir si tu veux que je reste. » Qu’il murmura du bout des lèvres à son tour. « Je peux rester. Je peux annuler ma journée, dire que je suis malade. » Ce n’était pas lui des deux qui aurait besoin d’une journée de repos - même s’il n’avait pas dormi, il saurait s’en remettre, ce ne serait pas la première fois. Penchant quelque peu sa tête sur le côté pour tenter d’attraper le regard de Scarlett, il retint un soupir. « T’as pas besoin de me mettre à la porte. » Ce n’était, pour une fois, pas parce-qu'il ne voulait pas se retourner seul mais parce-qu’il n’avait pas envie de la laisser seule - et parce-qu’il savait d’avance que ce genre de réaction n’était pas habituelle chez elle, avec ses proches tant elle repoussait avec aisance ces derniers, il reprit rapidement la parole dans la foulée. « Je peux rester là pour toi. Pour pas te laisser seul. » Il inspira. « J’ai pas envie de te laisser seule. » Parce-qu’elle était bien trop chamboulée et sous le choc de toutes les émotions qui avaient pris part de son être durant les dernières heures pour qu’il ait envie de la laisser seule face à tout ça.

En cet instant, Scarlett espère que Ruben ne va pas s’accrocher. Elle retient sa respiration, lui implore silencieusement qu’il comprenne l’accord tacite dont elle a besoin. Mais très vite, elle comprend que ça ne sera pas si simple, alors qu’il murmure un triste « Scar… » Si la jeune femme n’avait pas accumulé des années d’évitement et d’armure, elle pourrait entendre de la tendresse dans le ton de la voix de Ruben. A la place, elle y perçoit une forme de pitié qui lui donne la nausée, comme si elle avait perdu la place sur son piédéstal avec ses larmes ridicules, ses peurs de petite fille qui cauchemardent. « J’ai pas besoin de partir si tu veux que je reste. » Mais elle ne veut pas qu’il reste. Elle a l’impression d’être encore pleine de l’émotion à vif de cette nuit, elle entend dans un coin de sa tête la voix de Ruben, ce je t’ai entendu et a l’impression d’avoir trop de choses dans les poumons, et qu’elle ne sait plus respirer correctement.

« Je peux rester. Je peux annuler ma journée, dire que je suis malade. » Ruben penche légèrement la tête vers elle, pour chercher son regard. Pour toute réponse, elle se tourne, pose les deux pieds sur le sol, prête à quitter le lit. « Ne dis pas de bêtises. » Dos à lui, elle secoue la tête, d’un air de chasser la proposition. Elle veut juste qu’il se taise, qu’il parte, lui souhaite bonne journée, disparaisse pendant quelques jours. C’est gênant pour eux deux, cette espèce de douceur mielleuse, elle sait bien qu’il fait ça par politesse, et cela ne fait que brûler un peu plus la honte sur l’épiderme de Scarlett.

« T’as pas besoin de me mettre à la porte. » « Je te mets pas à la porte », dit-elle, alors qu’elle le met clairement à la porte. Pourquoi est-ce qu’il s’accroche ainsi ? Elle lui offre une porte de sortie, elle le fait autant pour lui que pour elle. « Je peux rester là pour toi. Pour pas te laisser seul. » Elle serre la machoire, ferme les yeux quelques secondes, comme pour reprendre contenance. « J’ai pas envie de te laisser seule. » Elle lève une main pour arrêter ses mots. « Ruben », elle commence, à la fois ferme et suppliante. Elle le respecte assez pour tourner son visage vers le sien, une demi-seconde, mais la vision qu’il lui offre lui donne envie de disparaître à nouveau : son visage est creusé par la fatigue, et elle se demande s’il a mal dormi, ou dormi tout court, et elle déteste cette réalisation, elle secoue la tête, la détourne à nouveau. « S’il-te-plaît », elle murmure. Elle inspire, se reprend. « C’était juste un mauvais rêve », elle conclut, factuelle, et se lève, lissant le tissu de son pyjama.

Elle pourrait lui dire qu’elle a besoin d’espace, ou le remercier à nouveau, exprimer ce qu’elle ressent, la gêne, la honte, la gratitude, le dégoût, elle pourrait être honnête, lui demande de la laisser tranquille le temps qu’elle reprenne ses esprits. Mais elle ne sait pas communiquer, définitivement pas, et elle pince les lèvres, se dirigent vers sa salle de bain, pour prendre une longue douche, se nettoyer du cauchemar, et du regard plein d’affection de Ruben qui lui donne l’impression d’être trop faible, en espérant qu’il disparaîtra quand elle sera sortie - ou qu’elle aura réussi à se noyer, au choix.


@Ruben Hartfield